Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités débattent de l'affaire Pierre Palmade, 48 heures après l'accident de voiture lors duquel trois personnes ont été blessées.
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00:00 [Musique]
00:03 Punchline, Laurence Ferrari sur Europe 1.
00:07 [Musique]
00:12 18h36, on est en direct dans Punchline sur CNews et sur Europe 1.
00:15 On va évoquer l'affaire Pierre Palmade, 48 heures après l'accident de voiture
00:20 qui a provoqué les blessures très graves de trois personnes dans la voiture qui arrive en face de lui
00:25 et la mort d'un fœtus dans le ventre de sa maman.
00:28 On est avec Benjamin Lancange, journaliste à Paris Match.
00:31 Bonsoir Benjamin, bienvenue dans cette émission Paris Match qui consacre une longue enquête
00:35 dans le numéro à venir sur cette affaire Pierre Palmade.
00:38 On est avec le docteur Jean Dorido, psychologue. Merci à vous d'être là.
00:41 On va essayer de comprendre ce qui peut se passer dans la tête d'un toxécomane.
00:44 Et Dylan Slama, bonsoir, vous êtes avocat.
00:46 Bonsoir.
00:47 Ce que risque Pierre Palmade parce que l'enquête pour homicide involontaire
00:51 implique des condamnations, en tout cas des peines envisagées assez lourdes.
00:56 Qu'est-ce que l'on sait de plus à l'heure où l'on se parle ?
00:58 On sait qu'il y a eu cet accident tragique, on sait que trois personnes ont été grévant blessées,
01:02 dont un petit garçon de 6 ans qui est toujours dans un état très grave.
01:06 On sera sur place à l'hôpital dans un instant.
01:08 On sait aussi que dans la voiture de Pierre Palmade, ce soir-là, il y avait deux individus,
01:12 deux jeunes qui ont pris la fuite avant que les policiers n'arrivent.
01:16 On est en duplex avec Jeanne Cancart, notre envoyée spéciale, avec Sacha Robin,
01:19 tout près des lieux où l'accident s'est déroulé.
01:21 Bonsoir à vous Jeanne et Sacha.
01:23 Vous avez pu recueillir un témoignage important qui nous éclaire un peu sur ce qui s'est passé ce soir-là.
01:28 Expliquez-nous Jeanne.
01:29 Oui, Laurence, et déjà pour vous donner une idée de l'endroit où l'on se trouve,
01:35 nous sommes ici à Sélianbière, la commune dans laquelle se trouve le domicile de l'humoriste Pierre Palmade.
01:40 Nous sommes ici à environ 30 minutes à pied des lieux de l'accident
01:44 et à environ 800 mètres du domicile de l'humoriste.
01:48 Alors nous, nous avons pu recueillir le témoignage d'un habitant, d'un responsable de station-service
01:53 qui nous assure qu'aux alentours de 19h45, ce vendredi, un petit peu de temps après l'accident,
01:59 eh bien, il a vu, il a aperçu deux jeunes hommes âgés d'une vingtaine d'années.
02:03 L'un d'eux avait du mal à marcher, il boitait, nous a-t-il expliqué.
02:07 C'est les jeunes hommes qui se sont, dans un premier temps, arrêtés devant sa station-service
02:11 avant de poursuivre leur chemin, probablement en direction du domicile de Pierre Palmade.
02:16 Ecoutez son témoignage.
02:18 Il y en a un qui avait l'air perdu en tout cas, il avait l'air un petit peu paumé.
02:22 Il ne savait pas trop, il n'avait pas l'air de savoir trop où il était, enfin désorienté, voilà.
02:27 La personne que j'ai bien vue avait l'air désorienté.
02:30 L'autre personne, je ne l'ai pas bien vue, j'ai juste vu qu'elle boitait un petit peu,
02:33 enfin qu'elle marchait mal, je crois qu'elles sont parties en direction de Selyambert, du centre du village.
02:40 Alors, ces deux jeunes passagers qui ont quitté la voiture juste après l'accident
02:47 se sont-ils rendus dans le domicile de Pierre Palmade,
02:50 puisque là-bas, eh bien, aucun stupéfiant, aucune substance n'a été retrouvée lors de la perquisition.
02:55 C'est ce que cherchent aujourd'hui à déterminer les enquêteurs
02:58 qui appellent ces deux passagers qui ont pris la fuite à se rendre au plus vite au commissariat.
03:02 Merci beaucoup Jeanne Cancard et Sacha Robin sur place.
03:05 Sandra Buisson est notre spécialiste police-justice à CNews.
03:08 Bonsoir Sandra. Peut-être qu'on peut commencer sur ces deux individus
03:11 qui sont en fuite et que la police souhaite évidemment pouvoir interroger.
03:15 Oui, alors dans un premier temps, ils peuvent aussi être poursuivis pour non-assistance à personne en danger
03:20 puisqu'ils ont pris la fuite juste après l'accident.
03:23 Une peine encourue de cinq ans de prison.
03:26 Et surtout, ils pourraient éclairer par leurs témoignages ce qui s'est passé
03:29 avant que Pierre Palmade ne prenne la voiture
03:32 et pourquoi il a déboîté sur cette voie de gauche juste avant l'accident.
03:37 Ce sont des témoins oculaires qui ont parlé de ces deux individus
03:40 qui ont quitté la voiture juste après l'accident.
03:43 Il y a eu cette vidéo aussi donnée par des gens qui ont circulé dans les alentours ce soir-là.
03:49 Elle n'a pas été tournée sur les lieux de l'accident.
03:52 Ces gens ont circulé à proximité des lieux vendredi soir.
03:54 Le lendemain matin, ils ont entendu dans les médias qu'il y avait eu cet accident
03:58 et que deux personnes étaient recherchées.
04:00 Il s'avère qu'ils ont croisé deux personnes ce soir-là dans les environs de l'accident
04:05 mais pas sur les lieux eux-mêmes.
04:07 Ils ont fourni cette vidéo à la police mais rien en l'état n'établit
04:10 que ces deux personnes qu'ils ont filmées sont bien les individus en fuite.
04:14 On rappelle que les enquêteurs ont d'autres éléments à leur disposition
04:17 pour retrouver ces individus et notamment les vidéosurveillances
04:20 des communes traversées de celles où loge Pierre Palmade.
04:23 Encore une petite question Sandra à propos du téléphone de Pierre Palmade.
04:27 On en avait dit dans un premier temps qu'il avait disparu.
04:29 Or, il n'en est rien, c'est cela ?
04:31 Certains médias ont prétendu que ce téléphone avait disparu.
04:34 Pour notre part, nous n'avions pas cette information.
04:36 Il s'avère qu'en fait, ce téléphone n'a jamais disparu.
04:39 Il faut bien comprendre qu'il y a deux enquêtes dans cette affaire.
04:41 Une confiée à la police pour l'accident et donc cette enquête
04:45 pour homicide involontaire et blessure aggravée.
04:48 Puis, il y a une autre enquête qui est ouverte, elle, sur l'usage
04:51 et la détention de la cocaïne par Pierre Palmade.
04:53 Celle-là, elle est confiée à la gendarmerie.
04:56 Et c'est dans le cadre de cette enquête pour remonter la piste de la drogue
05:00 que le portable était nécessaire aux enquêteurs.
05:02 Et ce sont donc les gendarmes qui ont saisi ce téléphone portable
05:05 lors de la perquisition. Il ne l'a jamais disparu.
05:08 Très bien. Et un tout petit mot sur l'incrimination en quête
05:11 pour homicide involontaire. Pourquoi est-ce qu'elle a été requalifiée ?
05:15 Alors, elle pourrait être requalifiée.
05:17 Pour l'instant, c'est homicide involontaire.
05:19 La question se porte sur la situation de ce bébé,
05:22 ce qui était dans le ventre de sa mère.
05:24 Cette grossesse était à 6 mois et demi, presque 7 mois.
05:28 Pour qu'il y ait eu homicide sur ce bébé,
05:31 il faut qu'il soit né vivant et viable.
05:33 Viable, il l'était, selon nos informations.
05:35 La grossesse se passait bien et il était développé normalement.
05:39 Reste à déterminer s'il était vivant, c'est-à-dire s'il a respiré.
05:43 Pour l'instant, ce point n'est pas établi, selon nos informations.
05:46 Il le sera dès que les examens seront possibles sur cet enfant.
05:49 On sait que sa mère n'a toujours pas pu le voir,
05:51 puisqu'elle n'est pas sortie du coma.
05:54 Donc, cette qualification, pour l'instant,
05:56 est ouverte large par le procureur.
05:58 Mais si jamais cet enfant n'était pas vivant,
06:02 il n'y aurait pas d'homicide involontaire.
06:04 La qualification, au final, serait celle de blessure involontaire
06:07 ayant entraîné une incapacité totale de travail supérieure à 3 mois.
06:11 Et si, bien sûr, les autres victimes s'en sortent.
06:13 Merci beaucoup pour toutes ces précisions, Sandra Buisson.
06:16 Cette affaire est absolument terrible.
06:18 Elle recouvre des champs très différents.
06:20 Benjamin Locoge, c'est un drame pour la famille des victimes.
06:23 C'est un drame, évidemment, pour aussi tous ceux
06:26 qui sont sous l'usage de stupéfiants,
06:29 enfin, sous l'emprise des stupéfiants.
06:31 Comment est-ce qu'on peut démêler le vrai du faux dans cette affaire ?
06:34 C'est tout le problème de la célébrité qui tombe là,
06:39 parce qu'il y a des gens qui savent, qui ne veulent pas dire.
06:42 On voit bien que personne ne vient soutenir Pierre Palmade.
06:44 Personne n'essaye d'expliquer.
06:46 Tous ses amis du métier ont tous disparu.
06:48 On n'a vu aucune déclaration pour dire à le pauvre...
06:51 Enfin, voilà, il est totalement condamné,
06:53 il est totalement condamnable, il est totalement irresponsable.
06:56 Et en fait, ce qui va déterminer la suite, c'est effectivement,
06:58 qu'est-ce qui s'est passé avant ?
07:00 Comment il a fait pour en arriver là ?
07:02 C'est quoi ces histoires de personnes dans la voiture ?
07:04 Depuis combien de temps il faisait la fête ?
07:06 Tout ça est flou, tout ça est nébuleux.
07:08 On sait que Pierre Palmade va finir par quitter le service de réanimation
07:11 de l'hôpital du Kremlin de Bicêtre pour une chambre
07:13 où il pourra donc passer sous le régime de la garde à vue
07:16 et être interrogé.
07:17 Et ses premières explications vont être plus qu'attendues.
07:20 Si tout va bien, ce sera d'ici 48 heures.
07:22 En 48 heures, on en saura peut-être plus sur ces activités
07:25 qui ont précédé le jour de l'accident.
07:27 Maître Slama, vous êtes avocat.
07:29 Il risque quoi exactement, là, Pierre Palmade ?
07:32 Alors, si jamais l'homicide involontaire est retenu,
07:34 il peut risquer jusqu'à 10 ans, mais c'est très tôt pour le dire.
07:37 On sait d'ailleurs que, vous l'avez dit, ça va dépendre de la jurisprudence.
07:40 Est-ce que le fœtus était vivant et viable ?
07:42 Tout ça, en plus, est une jurisprudence fragile.
07:44 C'est même pas la loi, pour l'instant, qui s'est chargée de dire ça.
07:46 C'est seulement la jurisprudence qui est revenue dessus en 2003.
07:48 Mais ça peut aller jusqu'à 10 ans, si jamais c'est homicide volontaire,
07:51 avec deux circonstances aggravantes.
07:52 La première étant, bien sûr, le fait d'avoir consommé des produits stupéfiants.
07:56 Et une deuxième circonstance aggravante pourrait être, bien sûr,
07:59 la vitesse trop importante.
08:00 Ça, c'est la peine encourue, maximale.
08:02 Dans les faits, bien sûr qu'il est trop tôt.
08:05 Il est trop tôt même, vous avez dit, je comprends,
08:07 il est condamné, condamnable.
08:09 C'est même un peu trop tôt pour dire ça.
08:11 La présomption d'innocence, c'est pas juste quelque chose de théorique,
08:13 mais on ne sait pas vraiment ce qui s'est passé dans la voiture.
08:15 Il y a deux personnes qui sont en fuite.
08:16 Est-ce qu'il y a pu y avoir des conflits internes dans la voiture ?
08:19 On peut tout imaginer encore.
08:21 Donc l'enquête va durer.
08:22 Et la question qui pourrait se poser dans les heures,
08:25 ou plutôt les jours à venir, à l'issue de sa garde à vue,
08:27 quand il sera en état d'être entendu et d'être placé en garde à vue,
08:30 la question qui pourrait se poser, c'est celle de la détention provisoire.
08:32 Et donc de la prison.
08:34 Est-ce que c'est régulier dans ces cas-là ?
08:36 Pas tant que ça.
08:37 De conducteurs qui provoquent des accidents mortels ?
08:39 Alors, ce n'est pas si régulier que ça.
08:41 Cela peut arriver.
08:42 Là, il y a une circonstance qui fait qu'éventuellement, cela pourrait arriver.
08:45 C'est qu'il y a deux personnes qui seront dans la nature.
08:47 Or, les magistrats, lorsqu'il peut y avoir des concertations,
08:50 on appelle ça des concertations frauduleuses dans le monde de la justice,
08:53 si jamais un individu pourrait aller se concerter avec d'autres individus
08:56 qui sont liés pour s'entendre sur une version des faits,
08:58 c'est quelque chose qui de nature a allé vers un risque de détention provisoire.
09:03 Mais on peut aussi penser que le temps de la garde à vue,
09:05 Pierre Palmat pourrait donner des informations sur ces deux individus
09:07 qui pourraient être appréhendés, interpellés,
09:09 et donc finalement, il n'y aurait pas ce risque-là de concertation frauduleuse.
09:12 Donc c'est un petit peu tôt pour savoir,
09:14 et bien évidemment, on n'a pas accès au dossier,
09:16 mais pour savoir s'il pourrait y avoir de la détention.
09:18 Cela n'arrive pas forcément dans la majorité des cas,
09:20 c'est de nature délictuelle et non criminelle.
09:22 Maintenant, rien ne peut être totalement exclu à ce stade.
09:24 - Bien sûr.
09:25 Docteur Dorido, vous êtes psychologue.
09:27 On sait que Pierre Palmat, il l'avait raconté à plusieurs reprises dans un livre,
09:31 dans les médias, souffrait d'une addiction à la cocaïne.
09:35 Dans ces cas-là, c'est quelque chose d'irrépressible ?
09:37 Les cures de désintoxication ne fonctionnent pas sur certains individus ?
09:42 - Alors, les cures ne fonctionnent pas.
09:44 Déjà, c'est un fait, c'est un échec flagrant, ça ne marche pas.
09:48 - Et sur personne ?
09:49 - Non, sur personne.
09:50 C'est-à-dire que si vous voulez, les mêmes causes produisent les mêmes effets.
09:53 Donc la cure, vous allez retirer une personne de son contexte habituel.
09:58 Si vous prenez l'alcool, qui est une drogue en vente libre,
10:01 qui fait des ravages inouïs,
10:03 vous prenez quelqu'un, vous l'isolez,
10:06 vous le mettez dans un hôpital, dans une clinique.
10:09 C'est sûr que la personne ne consomme plus de produits dans le meilleur des cas,
10:13 parce qu'il y a des dealers aux abords de ces espaces, c'est normal.
10:16 Ils vont chercher les clients là où ils se trouvent.
10:18 Quand même la personne ne consomme pas de produits pendant la cure,
10:21 quand elle retourne à son quotidien,
10:23 la personne croise un bistrot,
10:25 et au premier bistrot, elle retourne dans de l'alcool.
10:27 - Mais il y a des gens qui s'en sortent aussi, docteur ?
10:29 - Oui, pas grâce aux cures.
10:30 - D'accord, OK.
10:31 - Mais attention, là.
10:32 - Parce qu'ils ont la volonté de s'en sortir.
10:33 - Vous me posez une question sur la cure.
10:35 - Vous avez raison.
10:36 - La cure, ça ne marche pas.
10:37 La volonté, ça ne marche pas non plus.
10:39 Ce qui fonctionne, c'est une prise en charge adaptée.
10:42 Et c'est un fait qu'en France, nous sommes très, très loin du compte
10:47 en matière de santé publique sur la prise en charge de la toxicomanie.
10:50 - D'accord.
10:51 Et la cocaïne est une drogue particulière, avec une accoutumance particulière ?
10:54 - Alors, bien sûr que toutes les drogues sont particulières.
10:57 Il y a différents produits addictogènes.
10:59 Là, on est très vraisemblablement dans le cadre d'une polytoxicomanie,
11:04 avec de la cocaïne, vraisemblablement de l'alcool,
11:07 vraisemblablement peut-être des méthamphétamines,
11:10 peut-être sur fond de ce qu'on appelle le chemsex,
11:13 des pratiques sexuelles assez hardes qui s'étalent sur plusieurs jours,
11:18 de par justement la prise de ces produits psychoactifs aux effets très puissants.
11:23 Donc oui, il y a des particularités pour chaque produit.
11:27 Le point commun, vous l'avez dit, c'est que la personne est dans l'incapacité totale,
11:33 qu'en bien même elle aimerait décrocher, qu'en bien même elle aimerait devenir clean,
11:38 le produit la rappelle systématiquement.
11:41 - Benjamin Locote, je vous ai dit, journaliste à Paris Match,
11:44 on sait que Pierre Palmane, il l'a raconté, avait fait plusieurs cures de désintoxication.
11:48 - Il en avait même fait une au mois de septembre.
11:50 - Ah oui, c'est très récent.
11:51 - Voilà, une récente, parce qu'encore une fois, il sentait que ça n'allait pas,
11:54 et son entourage disait "Pierrot, il faut faire quelque chose".
11:57 Et donc il était parti pour une cure de trois semaines, et il n'y est resté qu'une semaine.
12:01 - Parce qu'il n'a pas tenu le coup ?
12:02 - Parce qu'il n'a jamais tenu le coup.
12:03 Sur les trois cures dont il a parlé, parce qu'il n'en a pas fait que trois, il a souvent essayé,
12:08 il n'y en a qu'une où il a vraiment dit qu'il avait été au bout,
12:11 mais la première fois il est resté trois jours, la deuxième trois semaines, et la dernière une semaine.
12:15 Donc il y avait une volonté d'essayer, mais en fait, avait-il vraiment envie de s'en sortir ?
12:19 C'est ça que l'une des grandes questions aussi, parce qu'il a systématiquement replongé.
12:24 - Vous avez signalé le silence assourdissant du monde de show business,
12:27 autour du cas Pierre Palmane.
12:29 Est-ce que l'on sait dans quel état d'esprit il est à l'heure actuelle ou pas ?
12:33 - On ne sait pas trop, justement, puisque personne ne parle.
12:36 On ne sait pas, de ce que j'entends, il est agarre, il est hébété, il ne comprend pas ce qu'il...
12:42 Voilà, il a appris les choses tardivement, il a eu quand même 24 heures bien sonnées,
12:48 mais encore une fois, personne n'a voulu prendre position et aller dire...
12:54 - Et prendre la responsabilité de parler en rassemblement.
12:56 - ...prendre la responsabilité de s'exprimer dans les médias pour parler à sa place.
12:58 - Les effets de ces drogues, Docteur Dorito, s'estompent rapidement
13:01 ou on peut rester 48 heures encore sous l'emprise de ces stupéfiants ?
13:05 - Alors les effets, ils s'estompent de toute manière.
13:08 Maintenant, je crois qu'il faut vraiment faire attention,
13:10 j'entends parler de désir réel ou irréel de s'en sortir.
13:13 Il faut vraiment en finir avec le mythe du "quand on veut, on peut".
13:17 C'est précisément le monde de la dépendance aux drogues et aux substances,
13:22 c'est précisément tout le contraire.
13:24 C'est que même quand on veut, on ne peut pas.
13:26 Et ça, c'est vraiment important que le grand public comprenne la situation
13:30 parce que même le monde de la santé, parfois,
13:33 aurait besoin peut-être de davantage de formation
13:36 pour comprendre que précisément, même la meilleure volonté du monde
13:40 est impuissante face aux produits,
13:42 impuissante face aux personnes qui en font le commerce.
13:45 C'est quand même un problème majeur.
13:48 Il y a toujours des personnes bien intentionnées qui vous rappellent,
13:52 pas le mardi matin quand la personne a tôt de job,
13:54 des personnes vous rappellent quand elles savent que vous êtes fragile,
13:57 que vous n'avez pas le moral, que vous êtes seule,
13:59 et là, elles vous tombent dessus parce que vous êtes leur gagne-pain,
14:01 et c'est un vrai problème là aussi.
14:03 Dans son livre, Pierre Palma a utilisé le mot de maladie incurable
14:07 pour parler de sa dépendance.
14:09 La doxécomanie et la cocaïne.
14:11 Pardon d'être un peu à cheval sur les mots,
14:13 je parlerais plutôt de maladie chronique.
14:15 Ce n'est pas incurable.
14:17 C'est important de le rappeler.
14:18 Tout le monde peut s'en sortir avec une prise en charge adaptée.
14:21 En revanche, oui, ça devient une maladie chronique.
14:23 C'est-à-dire que la personne, les alcooliques anonymes le disent,
14:26 un verre c'est trop, mille verres ce n'est pas assez.
14:28 Elle doit accepter qu'elle a cette maladie chronique,
14:33 mais elle peut vivre normalement et être heureuse,
14:36 même sans produit.
14:38 C'est d'ailleurs, le bonheur ne passe que par une acceptation
14:41 qu'il n'y aura plus de produit.
14:42 D'accord. On parlait de l'état de santé des victimes de cet accident.
14:46 On va rejoindre notre envoyée spéciale,
14:48 Régine Delfour avec Charles Pousseau.
14:50 Vous êtes, bonsoir à tous les deux, devant l'hôpital Bojon à Clichy,
14:52 où se trouvent hospitalisés les deux adultes
14:55 qui étaient dans la voiture en face de celle de Pierre Palmade,
14:58 le conducteur et puis une jeune femme qui était enceinte de six mois et demi.
15:02 Est-ce que l'on a des nouvelles de leur état de santé, Régine ?
15:05 Oui, bonsoir Laurence.
15:09 Écoutez, le conducteur de la Mégane, son état de santé est des plus préoccupants.
15:14 Je vous rappelle qu'il est âgé d'une quarantaine d'années.
15:17 Il est polytraumatisé.
15:19 Il a subi pas moins de cinq opérations depuis le début, depuis l'accident.
15:24 Donc, des opérations au niveau des bras, mais aussi des jambes.
15:28 Un membre de sa famille, son cousin, nous confiait qu'il devait subir une sixième opération.
15:33 Elle devrait être au niveau de la moelle épinière.
15:36 Donc, c'est un état très préoccupant.
15:38 Ensuite, évidemment, sa belle-sœur, cette jeune femme d'une trentaine d'années
15:42 qui était enceinte de six mois et demi et qui a perdu son bébé,
15:46 son bébé est également dans un état très grave.
15:49 Et puis, il y a ce petit garçon de six ans, c'est le fils cadet du conducteur
15:53 et qui, lui, a subi un traumatisme crânien.
15:57 Il est, lui, hospitalisé à l'hôpital Necker.
16:00 Merci beaucoup, Régine Delfour et Charles Pousseau, pour ces précisions.
16:03 Maître Slama, on pense aux victimes aussi.
16:06 Là, on a appris que la voiture de Pierre Palman n'était pas assurée.
16:08 Comment ça se passe dans ces cas-là pour les victimes de l'accident ?
16:11 Alors, de toute façon, même si la voiture n'est pas assurée, il y aura une indemnisation.
16:15 Il y a des caisses qui sont mises en place, on appelle ça la civi.
16:18 L'indemnisation, de toute façon, elle aura lieu.
16:20 Maintenant, la question, ce sera de savoir sur qui ça va tomber.
16:24 Est-ce que ce sera sur Pierre Palman lui-même ? Est-ce que ce sera sur son assurance ?
16:26 Mais effectivement, s'il n'est pas assuré, ça peut être bien plus grave
16:29 et en tout cas, ça peut être bien plus compliqué d'avoir cette indemnisation.
16:32 Mais c'est vrai, et on a raison de souligner que malheureusement, d'un point de vue judiciaire,
16:36 je ne parle même pas de tout ce qui concerne la santé et qui est parfois incurable pour le coup,
16:40 mais d'un point de vue judiciaire seulement, le parcours d'une victime,
16:43 parfois un parcours de combattant, parce que le procès peut être dans extrêmement longtemps,
16:47 il peut y avoir tout un tas d'expertises, de contre-expertises,
16:50 parfois le simple fait de devoir répéter ce qui s'est passé une première fois,
16:54 c'est proche, une deuxième fois, un officier de police judiciaire,
16:56 parfois une troisième fois, un juge d'instruction, éventuellement une quatrième fois lors du procès.
17:01 Le fait de répéter ce qu'on a vécu et qui peut être déjà à vivre extrêmement traumatisant,
17:06 mais le fait de le répéter trois, quatre, cinq fois sur une fourchette de temps
17:09 qui peut aller de un à deux ans et parfois d'avoir, et ça peut être assez difficile
17:13 parce qu'il y a des échelles qui sont mises en place pour la douleur.
17:16 On estime que vous avez un préjudice de douleur que l'on situe à 3 sur 7,
17:20 un préjudice corporel ou un préjudice physique par exemple de 4 sur 7.
17:25 Tout ça peut être extrêmement difficile à vivre, donc c'est long.
17:28 Et encore une fois, il y a le parcours médical qui est déjà très difficile,
17:30 le parcours judiciaire qui s'inscrit en parallèle
17:32 et qui rajoute une forte pénibilité à tout ce qui est effectué actuellement.
17:35 Bien sûr, et on pense évidemment à ces victimes qui sont à l'hôpital,
17:37 ce bébé qui a disparu, Benjamin Locoj.
17:40 Ce qui était frappant dans les réactions ce week-end, c'était la colère
17:43 contre ce qui s'est passé, contre Pierre Palmade,
17:46 contre quelqu'un qu'on estimait privilégié.
17:49 Les gens sont révoltés, ne comprennent pas comment est-ce que...
17:53 À la limite, qu'il se fasse du mal à lui-même, très bien,
17:55 mais qu'il brise la vie d'une famille comme ça par irresponsabilité,
17:58 c'est intolérable, surtout quand on est un personnage public.
18:01 On a quand même un minimum de devoirs, d'exemplarité, même si on ne l'est jamais.
18:05 Mais il y a des choses qui ne se font pas.
18:08 Et là, on est tombés dans le tragique, dans le...
18:11 Rien ne... Je ne vois pas comment il pourra un jour remonter sur scène
18:15 ou jouer la carte "j'ai compris et je reviens".
18:18 Je fais repentance. Un dernier mot, docteur Dorido, encore une fois.
18:22 On ne réalise pas, quand on est dans ces états-là, ce que l'on fait.
18:25 On n'est pas conscient, quand on prend sa voiture, qu'on peut provoquer un accident.
18:28 Ah oui, de toute façon, il y a un rapport à la réalité
18:31 qui devient extrêmement ténu.
18:35 Bien sûr, il y a un sentiment classiquement de toute puissance
18:40 que provoque la prise notamment de cocaïne.
18:43 Et oui, la violence routière, c'est une réalité.
18:47 Et là, pour cette famille, c'est absolument affreux.
18:50 On pense à ces personnes pour qui la vie est bouleversée du jour au lendemain.