Un adepte des soirées "Chemsex" brise le silence sur ce tabou

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00:00 – Une définition simple, je dirais que c'est simplement l'usage de drogue en contexte sexuel.
00:05 Donc il y a plusieurs contextes d'usage, ça peut être festif…
00:09 – Et c'est quoi en fait, c'est quoi comme drogue ?
00:11 – Alors c'est vrai qu'il y a des produits un peu spécifiques,
00:15 on va dire, à la culture sexuelle gay dans laquelle est né le chemsex,
00:18 puisque ça fait 10-12 ans qu'on parle d'un phénomène qu'est le chemsex.
00:22 Moi je pense que c'est aussi lié à une culture sexuelle.
00:26 Et effectivement il y a des produits qui sont plutôt liés à cette culture.
00:32 Donc je pense au catinone, je pense au cristal…
00:35 – C'est quoi ça ? On ne sait pas de quoi vous parlez là.
00:37 – On parle de l'A3, en langage plus courant.
00:42 – La de l'autoroute ?
00:43 – Non pas de l'autoroute, non.
00:44 [Rires]
00:46 Mais il y a différents noms pour différents produits,
00:50 on parle beaucoup du GHB aussi par exemple,
00:51 qui peut être aussi utilisé en contexte sexuel.
00:53 Voilà, enfin par exemple…
00:55 – C'est quoi ces soirées ? Parce qu'il paraît que ça peut durer des heures et des heures.
00:57 – C'est le marathon du sexe en fait.
00:59 – Ça peut être ça, mais ça dépend, il y a toutes sortes de situations.
01:02 – Faites quoi pendant ces 100 ans ? On veut savoir, faites quoi ?
01:04 – Qu'est-ce que je fais sexuellement pendant ces 100 ans ?
01:06 – Non mais pour les hommes ça permet d'avoir la gaule plus longtemps.
01:09 – C'est bon, merci.
01:11 – Ça dépend vraiment du produit pour le coup.
01:13 Et je pense que ce n'est pas tant une question d'érection,
01:18 c'est plutôt une question de désinhibition, de…
01:22 – Vous faites des soirées comme ça vous encore ?
01:24 – Oui ça…
01:26 – Et c'est quoi, comment on s'appelle ? On dit "oui on va se droguer" ?
01:28 – Si vous voulez par exemple dans la culture hétéro,
01:30 les gens vont boire un verre de vin, ils vont éventuellement fumer un pétard,
01:34 nous on va se faire une ligne de trois par exemple.
01:36 – Je rappelle que l'abus d'alcool est dangereux pour la santé aussi, l'abus de drogue aussi.
01:40 – Et vous, vous faites ça comme ça tranquille ?
01:42 – Bah écoutez, moi je pense qu'il ne faut pas stigmatiser l'usage de drogue.
01:46 – Ah si, ah bah si.
01:48 – Non parce que…
01:50 – Vous dites ça maintenant, on en reparlera dans quelques années, vous allez voir.
01:52 – Vous avez vu ce qui est arrivé à Pierre Palmade ?
01:54 – Bah justement, justement.
01:56 – Bah je vous dis, bah je vous permets.
01:58 – Justement parce que je pense que c'est à cause de la prohibition et de la stigmatisation
02:00 qu'on arrive à déresponsabiliser ensuite les comportements de l'homme.
02:04 Parce que pour l'alcool, justement il y a des campagnes de prévention,
02:08 il y a des messages de prévention par rapport au fait de ne pas conduire sous état,
02:12 sous emprise un produit.
02:14 Quand il s'agit des autres produits qui sont illégaux,
02:18 il y a tout ce discours sur le bon usage, sur la réduction des risques.
02:22 – On ne peut pas se mettre la tête à l'envers et après prendre la voiture
02:26 et mettre en danger la vie d'autrui.
02:28 – Non mais monsieur, mais que dans un cas de festif vous preniez certains produits,
02:32 mais là, donc Msex, méthamphétamine, kétamine, cocaïne…
02:34 – Mais c'est quoi là ? On dirait que…
02:36 – Mais c'est des produits qu'on prend pour se stimuler.
02:38 Et ces produits-là sont totalement illégaux.
02:40 C'est-à-dire que ce ne sont pas des produits qu'on peut prendre dans un cas de festif.
02:44 – Oui, mais ce n'est pas du cacolac.
02:46 – Pas du tout, c'est illégal.
02:48 Donc monsieur, vous ne pouvez pas faire l'apologie de la prise de drogue.
02:50 – Je ne fais aucune apologie.
02:52 Je dis qu'il faut arrêter de stigmatiser l'usage de drogue.
02:54 Parce qu'on arrive avec des situations et des drames comme celui-là
02:58 où on déresponsabilise les gens en fait.
03:00 C'est-à-dire que moi je pense que si on va avoir une approche
03:02 de réduction des risques qui soit efficace,
03:04 il faut arrêter avec les condamnations morales.
03:06 Parce que là on a des personnes comme…
03:08 Enfin moi je ne suis pas là pour défendre monsieur Palman en particulier,
03:10 mais ça fait des années que les gens savent qu'il a des problèmes de consommation.
03:14 C'est quelqu'un qui est complètement isolé sur ce problème-là.
03:17 Personne ne veut l'aider apparemment.
03:19 Et on arrive à ce genre de situation-là.
03:21 Moi je pense que quand les gens se disent "interdit pour interdit,
03:24 du coup ils font n'importe quoi, effectivement on prend une voiture",
03:26 alors que si on avait un message clair…
03:29 Par exemple sur l'alcool, c'est un produit qui est très dangereux en réalité l'alcool.
03:33 Mais on a une culture d'usage de l'alcool.
03:35 C'est-à-dire qu'on sait par exemple comment doser.
03:37 Il y a des verres différents selon la dose.
03:39 – Non, non, non, le message clair c'est quand on boit on ne conduit pas.
03:41 Quand on boit de la drogue on ne conduit pas.
03:42 – On va mettre en danger la drogue.
03:44 – Aujourd'hui ces messages-là n'existent pas.
03:46 Parce que le seul message qui existe c'est "c'est de la merde",
03:48 "c'est pas bien", "nanana".
03:49 Et donc on est juste dans une condamnation morale.
03:51 On ne cherche pas à comprendre les gens
03:53 et à essayer justement de les responsabiliser par rapport à leur comportement.
03:56 – Alors il paraît que même sur des applications on vous propose des soirées.
03:59 Chemsex, faites très attention, je vous le dis, n'allez pas.
04:02 Vraiment c'est le début des emmerdes.
04:04 Oui Sophie ?
04:05 – Oui, il y a un bouquin que j'ai lu il y a quelques temps de Johan Zarca
04:09 qui en parle très bien, qui s'appelle donc Chemsex.
04:11 Et qui parle de ça, de ses pratiques sexuelles.
04:13 – Alors il se passe quoi dans ces soirées ?
04:15 – Cet auteur justement il raconte un peu les baffons parisiens, etc.
04:17 les nuits parisiennes et entre autres les soirées Chemsex auxquelles il a participé.
04:21 Et en fait il y a quand même beaucoup de soirées,
04:23 je ne sais pas si vous avez assisté à ce genre de choses,
04:26 mais au domicile par exemple de certaines personnes.
04:30 Et en fait elles sont souvent filmées, souvent à plusieurs.
04:34 Et souvent en fait la pièce dans laquelle ça se passe c'est bâchée en fait.
04:38 Donc il se passe des trucs très très trash.
04:40 – Bâchée ?
04:41 – Oui bâchée avec des bâches en plastique pour éviter les…
04:43 – Non c'est trash quoi.
04:44 – Non c'est trash-issime.
04:45 – Il pleut ?
04:46 – Donc en fait c'est que des molécules chimiques qui sont mélangées les unes aux autres.
04:51 Vous m'arrêtez si je dis n'importe quoi,
04:53 mais en tout cas c'est ce qu'il racontait dans le bouquin.
04:55 Moi je ne les ai pas vécues, mais lui il les a vécues et il les relate dans ce livre.
04:59 Et voilà c'est des molécules chimiques sur molécules chimiques,
05:01 c'est que des mélanges, ça peut durer parfois des heures ou des jours entiers.
05:05 Et c'est trash-issime quoi, en fait on ne fait pas ça par hasard.
05:08 Vous ne faites pas ça juste pour faire durer le plaisir plus longtemps,
05:10 parce qu'il explique en plus que non seulement,
05:12 enfin oui on bande pendant des heures etc.
05:14 – C'est bon, c'est bon.
05:15 – Ça se dilate de partout et en plus de ça il n'y a pas d'orgasme.
05:18 Enfin l'orgasme est retardé.
05:20 – On s'en fout ça, on ne va pas rentrer dans les détails.
05:22 – Vous me demandez de décrire les soirées.
05:24 – On dit que les gens qui pratiquent le chemsex sont souvent des gens
05:26 qui ont du mal à assumer leur sexualité,
05:28 donc parfois des hétéros qui se cachent à eux-mêmes qu'ils sont homosexuels
05:30 ou des gens qui aiment certaines pratiques
05:32 mais qui ont besoin d'être dans un état second pour les pratiquer justement.
05:35 Est-ce que c'est vrai ?
05:37 – Je ne pense pas, moi je pense qu'il faut éviter de généraliser là,
05:40 parce que là j'entends plein de choses et en fait je pense qu'il y a tout type
05:43 de situations qui existent.
05:45 En réalité je pense qu'il y a aussi des hétérosexuels
05:47 qui consomment des drogues en contexte sexuel,
05:49 sauf qu'on n'a pas utilisé de terme pour ça.
05:51 Et que moi j'ai l'impression qu'on est en train de fantasmer,
05:55 de faire des projections sur la vie sexuelle des gens.
05:58 Mais en fait c'est quelque chose, enfin l'usage de drogue ça existe
06:00 depuis la nuit des temps en fait.
06:02 – On a la chance d'avoir une nette clopos ici Daniel.
06:05 – Non mais je peux pas, enfin on ne peut pas laisser dire ça.
06:08 Le Washington Post a dit que quand même le chemsex
06:11 c'est le sida numéro 2 et c'est très très dangereux.
06:13 – Moi j'étais déjà très offensant de comparer avec le sida là.
06:16 Le sida c'est quand même une histoire très traumatisante pour notre communauté.
06:19 – C'est pas moi qui dis ça, ça ne vient pas de moi.
06:21 C'est un phénomène qui est de plus en plus inquiétant.
06:23 – Je vous invite à réfléchir quand même en disant ça.
06:25 – C'est très dangereux pour les participants aussi, là malheureusement…
06:27 – Le sida en France a été quand même…
06:29 – Je suis trop pressé, je suis au demi mort.
06:31 – Le mari de Jean-Luc Romero qui est conseiller de Paris
06:34 est mort pendant un chemsex parce qu'en plus évidemment
06:36 quand il y a un gros problème, ces gens-là n'osent pas appeler peut-être la police,
06:40 soit pas, ils n'ont pas peur.
06:41 – La faute à qui ? La faute à quoi ?
06:42 – Donc ils peuvent mourir sur place, c'est ce qui est arrivé au mari de Jean-Luc Romero.
06:45 Donc quand vous nous expliquez qu'il ne faut pas stigmatiser je ne sais quoi,
06:48 c'est des jolis mots mais voilà la réalité c'est ça.
06:50 Les gens sont très inquiets pour ce phénomène qui prend de l'ampleur,
06:53 qui était hétéro, pardon homo au départ, qui est né en Grande-Bretagne
06:57 mais qui était très encadré parce que justement
06:59 on connaît les dangers de ces pratiques.
07:01 Là maintenant c'est vraiment n'importe quand, n'importe où, avec n'importe qui,
07:05 ça gagne sur les hétéros et c'est très très inquiétant.
07:08 – Madame je voudrais répondre à ce que vous venez de dire.
07:10 – Voilà après stigmatiser ou pas stigmatiser c'est autre chose.
07:12 – Je voudrais répondre à ce que vous venez de dire parce que quand vous dites
07:14 les personnes se sont enfuies dans ce contexte-là parce qu'ils ont paniqué,
07:20 moi je pense que c'est le résultat d'un contexte actuel
07:23 qui est le contexte de la prohibition.
07:24 Parce qu'effectivement les gens ils paniquent parce qu'ils ont peur,
07:26 parce qu'ils se disent si j'appelle les SAMU ou quoi que ce soit
07:29 il y a les flics qui vont débarquer, je vais risquer, je suis criminalisé.
07:32 – Non mais il y a direct, dans ce cas-là on fait n'importe quoi alors.
07:35 – Non mais pourquoi les gens font n'importe quoi ?
07:37 Parce qu'on est dans ce contexte-là où on a une bonne anastasie.
07:40 – Mais vous voyez bien que ça crée des drames, on ne voit pas.
07:42 – Mais la faute à qui ? – Mais la faute à vous.
07:46 – Mais la faute à ceux qui ont pris ça en tant que défendant.
07:49 – La faute à ceux qui ont pris ça en tant que défendant.
07:51 – Parce que la drogue est interdite.
07:52 – Mais oui.
07:53 – C'est à cause de la prohibition qu'on défend son fait.
07:56 – Non, j'ai dit que c'est à cause de la prohibition que les gens paniquent
07:58 et au lieu d'appeler les secours ils s'enfuient.
08:00 – Mais vous, monsieur, vous ne pouvez pas dire ça.
08:02 – C'est de l'anonymatisme.
08:04 – Mais oui c'est de l'anonymatisme, je me suis dit "on est d'accord"
08:06 mais pourquoi ? Parce que les gens ne peuvent pas en fait.
08:09 – A cause de la prohibition, non mais vous êtes en même.
08:11 – Bien sûr que c'est à cause de la prohibition.
08:13 – Moi ce que je veux dire et ce qui m'intéresse dans ce que ce garçon a dit,
08:16 c'est que c'est une autre génération, la mienne c'était de l'alcool dans les soirées,
08:19 tout ça, ça n'existait pas tout ça.
08:21 Ce qui est intéressant de ce que vous dites, c'est que, oui on ne connaît pas,
08:24 quand tu dis effectivement "tu bois de l'alcool", tu sais les effets
08:27 et donc tu sais pourquoi tu ne dois pas boire.
08:29 Tu prends une drogue que tu as dit qu'est amine, personne ne sait ce que c'est,
08:33 donc un môme qui prend ça, peut-être qu'il ne sait pas que derrière il ne peut pas conduire.
08:36 Donc je pense qu'il faut au moins informer aujourd'hui les gens sur ces dangers,
08:43 sur ces choses, parce que là on parle de choses, personne ne sait ce que c'est,
08:46 personne ne sait rien, donc les mômes comme vous dites…
08:49 – "Père Palmade" ce n'est pas un môme.
08:51 – Oui c'est ça, exactement.
08:52 – Mais on ne parle pas de Palmade.
08:53 – Si on parle de ça, on parle de qui alors ?
08:54 – Moi je parle des mômes qui font des soirées, Palmade c'est déjà trop grave.
08:56 – Mais n'importe quoi, mais il n'y a pas de bêtise, il y en a plein,
08:58 il n'y a pas que des mômes qui font des soirées.
08:59 – Mais c'est pour ça que vous avez une responsabilité dans ce que vous dites,
09:02 pardonnez-moi, regardez, le problème de toute jeune.
09:04 Et en termes de services après-vente, pardon, mais le chemsex, malgré tout c'est très risqué,
09:08 il faut que vous le disiez en fait, à ceux qui nous regardent,
09:10 puisque vous vous pratiquez, c'est très risqué, il y a une explosion de l'hépatite C,
09:13 à cause des risques, à cause des plaies, à cause des abcès,
09:16 il y a une explosion des cas de VIH, c'est dans toutes les publications aujourd'hui,
09:20 à San Francisco et tout ça, donc il faut dire que c'est très très dangereux,
09:24 ce n'est pas anodin, ce n'est pas banal, ce n'est pas drôle, ce n'est pas facile.
09:27 – Si vous voulez avoir une action de santé efficace, et que les personnes vous écoutent,
09:31 je pense qu'il vaut mieux éviter d'être dans une condamnation morale,
09:34 mais plutôt justement écouter ce que les personnes ont à dire dans leurs pratiques,
09:38 dans leurs usages, plutôt que de… – Mais si on est dans une condamnation morale,
09:41 on peut très bien dire que c'est extrêmement dangereux.
09:43 – On va passer aux choses. – Merci en tout cas.
09:45 – L'alcool c'est extrêmement dangereux, et je ne suis pas en train de vous dire,
09:49 vous les hétéros, vous êtes vraiment des irresponsables à boire de l'alcool,
09:52 et à vous tuer sur la route, ça fait des milliers de morts sur la route chaque année.
09:57 – On l'a toujours dit.
09:58 – Non, la seule différence c'est qu'il y en a un qui est légal et l'autre qui est illégal.
10:01 – Boudère. – C'est tout.
10:02 – J'ai remarqué que tous les gens qui s'assoient là-bas, ils sont énervés.
10:04 [Rires et applaudissements]
10:08 – Il y a peut-être une raison en fait.
10:10 – Merci en tout cas d'avoir été là, d'avoir fait témoigner à Visage le Découvert en tout cas.
10:14 [Musique]

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