Fusion ASN/IRSN: "Une méconnaissance grave de l’organisation de la sûreté nucléaire" dit C.Birraux)

  • l’année dernière
Annoncée par communiqué, la fusion de l’Autorité de sûreté nucléaire et de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire interroge les spécialistes du secteur comme les parlementaires, qui se sont penchés sur le sujet lors d’une audition. Claude Birraux, député UMP jusqu’en 2012 et ancien président de l’Opecst, a mis les pieds dans le plat.

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Transcript
00:00 L'organisation qui est prévue me paraît receler une méconnaissance grave de l'organisation
00:09 de la sûreté nucléaire.
00:10 La sûreté nucléaire, ce n'est pas un nirvana que l'on atteint un jour en disant
00:17 ça y est, j'ai atteint la sûreté nucléaire.
00:20 La sûreté nucléaire, c'est un combat de tous les jours.
00:23 Et lorsque je rencontrais les organisations syndicales, elles me disaient nous sommes
00:31 nous les travailleurs du nucléaire.
00:34 D'ailleurs, monsieur le président, vous auriez peut-être pu aussi inviter les organisations
00:39 syndicales à s'exprimer.
00:40 Et les travailleurs du nucléaire, ce ne sont pas des travailleurs comme les autres.
00:44 Et la sûreté nucléaire, elle se nourrit de quoi ? Elle se nourrit de la confrontation
00:51 entre l'expertise, la recherche, l'autorité de sûreté nucléaire.
00:56 Et c'est de cette confrontation-là que va naître tous les jours la sûreté nucléaire.
01:02 On ne l'atteint pas une fois pour toutes.
01:05 Elle se fonde sur la recherche.
01:08 Elle se nourrit de la recherche.
01:12 Et aujourd'hui, si la recherche devait partir au CEA, ça me paraîtrait quelque chose d'extrêmement
01:17 grave.
01:18 Pourquoi ?
01:19 Parce qu'on serait dans une sorte de confusion des genres.
01:24 Confusion des genres, parce que l'autorité de sûreté, elle a aussi autorité sur les
01:33 installations du CEA.
01:35 Or, comment juger de la sûreté d'une nouvelle installation si la recherche sur laquelle
01:42 s'appuiera son expertise est faite au CEA ?
01:45 Ça me paraît être une confusion des genres qui est fortement préjudiciable à l'organisation
01:51 même de la sûreté.
01:52 Et l'autre chose qui me paraît importante, le nucléaire aujourd'hui a un certain regain
02:04 d'intérêt compte tenu de la crise énergétique.
02:07 Il y a une confiance du public qui a été difficile à obtenir parce qu'il y a 40 ans,
02:17 on disait c'est tous les mêmes.
02:19 Le gouvernement, le ministère de l'Industrie, ce qu'on appelait le Zinzin, l'IPSN, le CEA,
02:29 c'est les mêmes.
02:30 EDF, on ne peut pas avoir confiance.
02:33 Tout le travail de toutes ces années, sous l'impulsion de l'office parlementaire et
02:39 d'autres, a été de séparer les fonctions d'expertise, de recherche et de régulation
02:48 administrative.
02:49 Aujourd'hui, imaginez une installation de recherche du CEA sur laquelle la SN doit se
02:56 proposer, prononcer.
02:58 Elle va faire appel à ses experts.
03:01 Où est-ce qu'elle a le service de recherche qui pourra la conseiller puisqu'elle n'aura
03:06 plus de recherche ? Elle va la prendre au CEA et va être jugée partie.
03:10 Et ça, c'est un recul que vous ne mesurez pas, mais c'est un recul de 40 ans.
03:16 Et je crois qu'il ne faut pas rompre brutalement, casser cette confiance qui, au fil du temps,
03:25 s'est nouée sur l'organisation actuelle.
03:28 L'IRSN a aussi un rôle important vis-à-vis de la société civile, avec le Conseil d'orientation
03:37 de la recherche qui regroupe, avec l'interface société-scientifique, pour co-construire
03:44 un certain nombre de choses.
03:46 Si tout cela disparaît, c'est la confiance qui va disparaître et la suspicion qui va
03:53 nourrir à nouveau le doute chez nos concitoyens.
03:58 Donc, il ne faudrait pas qu'en voulant aller vite, on se heurte ensuite à une opposition
04:05 de plus en plus véhémente et de plus en plus forte parce que cela serait contre-productif.
04:11 Chacun sait ici ce que cela veut dire, mais au véritable sens, c'est-à-dire contre
04:17 l'intérêt et contre la marche normale d'un système de recherche.
04:22 J'ai bien connu la NRC.
04:26 La NRC était un être extrêmement lourd.
04:32 On ne pouvait pas rencontrer les commissaires ensemble.
04:37 On ne pouvait pas les rencontrer deux par deux.
04:40 Il fallait les rencontrer individuellement.
04:44 Et la seule fois où j'ai pu les voir quatre sur cinq, c'est dans un déjeuner où le
04:51 président Richard Mazur m'avait invité.
04:53 Donc, on est toujours dans ce système administratif.
04:57 Il y a quelque chose qui marche bien.
04:59 Je pense que la fluidité marche.
05:01 Il n'est peut-être pas nécessaire de tout casser.
05:05 Bien, merci, chers collègues, pour cette expression qui mérite d'être claire.
05:18 Merci.
05:19 [Musique]

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