L'invité du jour - Frédéric Bouraly

  • l’année dernière
Célèbre pour son rôle de José dans la série Scènes de ménage, Frédéric Bouraly sera l’invité people de Télématin. Passionné de théâtre et de littérature depuis l’adolescence, il viendra nous parler de son nouveau rôle dans la pièce « Avé César » d’Éric Laugérias.
Transcript
00:00 - Bonjour Frédéric. - Bonjour.
00:01 - Merci d'être là en direct. - C'est moi qui vous remercie.
00:04 - La pièce finit vers 22h30, donc...
00:06 - Ouais, j'ai pas beaucoup dormi, mais je suis heureux.
00:08 - Tant mieux.
00:09 Dites-moi, c'est la première fois que vous jouez en pyjama sur une scène de théâtre ?
00:13 - C'est la première fois que je suis en pyjama, ce qui est déjà pas mal.
00:15 J'ai déjà un pyjama, c'est bien.
00:16 - Et puis comme ça, vous êtes plus vite au lit.
00:18 - Ouais, enfin, pas tout à fait quand même, parce que...
00:20 - J'imagine, évidemment.
00:22 On joue Takina V. César, donc c'est le nom de cette pièce.
00:24 Ça se joue au Théâtre Yves-Gauche à Paris, aux côtés de Christelle Reboul. Vous êtes Didier, marié depuis 25 ans.
00:30 Un peu râleur, un peu radin, un peu goujat, parfois, avec sa femme.
00:33 Et votre femme, justement, elle en a marre d'être délaissée,
00:35 donc elle tente une petite nuit dans un hôtel coquin avec vous.
00:39 Voici quelques extraits, regardez.
00:41 - Corinne. - Didier.
00:43 - Comment ça s'appelle déjà ici ? - L'hôtel.
00:47 - Oui, mais non, mais comment ça s'appelle ? - Haute apostrophe L.
00:51 - Donnez un surnom à vos partis intimes. Tu les appellerais comment toi ?
00:55 - César.
00:56 - Ah oui, César ?
00:59 - Ça veut dire que t'es parfaite comme tu es.
01:01 - Bronce ! - Oh, merde !
01:03 - Laisse-moi te dire une chose, Didier l'Agnon.
01:06 T'es taillé comme une bouteille de Perrier.
01:08 Tiens-les ici, pour voir ce qu'il reste de nous.
01:12 - C'est un test ou quoi ?
01:13 D'un côté, 25 ans de mariage, puis de l'autre, ce week-end à la con, là ?
01:16 - OK. - Ouais, OK.
01:17 - Il y a tous les registres dans cette pièce, Frédéric.
01:21 L'émotion, la drôlerie.
01:22 - On est très gâtés, c'est un texte assez merveilleux.
01:26 Le sujet, en fait, est assez banal, puisque l'histoire de couple,
01:28 on a vu ça beaucoup au théâtre. - L'usure.
01:30 - L'usure du couple. - J'ai eu la chance de jouer Pinter,
01:33 par exemple, je pense à l'amant Pinter.
01:35 Il y a beaucoup de choses comme ça.
01:37 Mais là, franchement, ce texte-là,
01:40 c'est un texte qui n'autorise pas autre chose qu'une vérité de l'instant, tout le temps.
01:46 Avec Christelle Reboux, qui est une actrice tellement...
01:50 Mais je souhaite à tous les acteurs de jouer avec cette comédienne.
01:52 C'est un Stradivarius, c'est une merveille d'émotion, de justesse, de vérité.
01:57 J'ai beaucoup de chance.
01:59 - Ce qui est amusant, Frédéric, c'est que vous jouez avec Christelle,
02:01 qui était l'un des visages emblématiques de nos chers voisins,
02:04 chez nos copains de TF1. - Oui, aussi.
02:06 - Elle a acquis sa notoriété grâce à cette série. - Bien sûr.
02:08 - Et vous, c'est drôle, vous êtes en face, chez nos copains d'M6,
02:11 dans "Scène de ménage" avec Valérie Carcenti.
02:14 Vous êtes souvent bien marié, vous, à la télé.
02:16 - J'ai beaucoup de chance. On peut dire entre Valérie Carcenti et Christelle Reboux,
02:19 j'ai du bol, quand même. Je suis très privilégié.
02:21 Oui, oui, j'ai beaucoup de chance.
02:23 - On va jeter un petit oeil sur votre parcours, cher Frédéric.
02:27 Si je vous montre cette photo-là, regardez, c'est un...
02:31 Elle va arriver juste devant vous, cette photo.
02:33 Si je parle d'autostop, en quoi ça vous parle dans votre carrière ?
02:36 Vous n'êtes pas monté à Paris ?
02:38 - Ah, d'accord, vous êtes enseigné. Très bien. - Oui.
02:40 - Il y en a qui bossent, alors. - Merci de me noter, cher Frédéric.
02:44 - Non, c'est... Oui, parce qu'à cette époque-là, j'étais jeune.
02:49 - Pro-matiale, hein ? - Jeune acteur, j'étais à Lyon.
02:51 Et j'étais au Conservatoire de Lyon, je suis sorti...
02:55 À cette époque-là, il y avait des médailles. Je suis sorti médaille d'or de comédie.
02:57 - Monsieur ! - Voilà, c'est déjà pas mal.
03:00 À cette époque-là, il y avait un cours très, très connu en France.
03:03 On savait, il y avait un homme merveilleux, un grand professionnel,
03:06 c'était Jean-Louis Martin Barbaz, qui était à Paris.
03:10 Et moi, j'étais à Lyon. Et je suis parti de Lyon en stop pour aller passer...
03:13 Mais j'en parle maintenant comme si c'était...
03:15 Mais en fait, j'étais tellement passionné, je me suis même pas posé la question.
03:18 En en reparlant plus tard, j'ai dit "Ah oui, j'ai fait ça, quand même".
03:21 Je suis allé les mains dans les poches à Paris pour passer l'audition.
03:24 En plus, c'était très difficile, il prenait que 20 acteurs par an.
03:27 Et toute la France venait chez lui, c'était un truc...
03:29 Et j'ai eu l'audition, voilà. - Et voilà, comme quoi, ça tient à...
03:32 - Ouais. - À un parcours en autostop pour gagner la capitale.
03:36 Je vais vous soumettre une archive, Frédéric. - Allons bon.
03:39 - Je crois, mais c'est même pas "je crois", je suis sûr que cette comédie...
03:41 - Vous parlez de comprométants ? - Ah non, vous inquiétez pas.
03:43 Non, non. On les a mis de côté, vos vidéos comprométants.
03:46 Cette comédienne merveilleuse, et pour beaucoup,
03:48 il met de manière involontaire dans votre carrière de comédien.
03:50 Regardez, c'est un document dans lequel elle parle de sa dualité
03:53 entre les regards qui se posent sur elle, qui se posaient sur elle en tant que comédienne,
03:56 qu'elle acceptait, et puis sa timidité sur sa vie privée.
03:59 Je crois que c'est un déclic dans votre carrière.
04:01 Regardez cette femme merveilleuse.
04:03 - Si je suis en scène ou je suis en bateau, ça, ça fait partie du film,
04:06 ça ne me fait pas peur du tout, je suis très bien.
04:08 Mais dans la vie, on aime bien, quand même, on vous remarque, tout ça.
04:12 Et puis en même temps, ça m'ennuie, j'aime mieux passer inaperçu,
04:15 comme on ne le voit pas.
04:16 C'est-à-dire que vous voulez bien qu'on regarde le personnage que vous jouez,
04:19 mais vous avez peur qu'on regarde Annie Girardo ?
04:21 Non, ça m'intéresse, mais je ne peux pas vous dire pourquoi.
04:24 En public, quand je dois traverser, je vais à un café, n'importe quoi,
04:26 je ne regarde pas ce qu'il y a de bien droite ni de gauche.
04:28 Je ne peux pas être impolie.
04:30 Et si je le dis, ça doit être sûrement par timidité, j'ai peur.
04:34 Vous confirmez, Frédéric, que c'est en ayant vu Annie Girardo sur scène
04:38 qu'un déclic s'est opéré en vous ?
04:40 Oui, j'avais déjà le déclic avant, j'étais déjà passionné.
04:43 Moi, le déclic, en fait, je dois tout à l'éducation nationale.
04:46 J'aime bien le redire parce que c'est important, je dois tout à l'éducation nationale.
04:48 C'est un problème français, je suis dans le milieu, mes parents ouvriers,
04:52 tout ça, pas du tout dans la culture.
04:54 Ils ne pensaient même pas qu'on pouvait…
04:57 En gros, c'était inaccessible.
04:58 Voilà, ils ne pensaient même pas que c'était accessible.
05:00 Et c'est un problème français qui m'a éveillé à la littérature, donc au théâtre.
05:04 Et je prenais des petits cours de théâtre, tout ça, tout de suite, j'étais passionné par ça.
05:08 Et plus tard, je suis arrivé à Mâcon, et un jour, il y a Annie Girardo
05:10 qui vient jouer Madame Marguerite, ce qui est merveilleux.
05:12 Ah, merveilleux. Social en scène.
05:14 Oui. Et les gars du théâtre m'avaient pris un peu sous l'oreille
05:17 parce que je n'avais pas un rond pour payer, je rentrais un peu gratoche.
05:20 Ils m'avaient dit « si tu veux, tu peux aller voir Annie Girardo pendant deux minutes ».
05:23 Je suis resté une heure dans sa loge.
05:25 Elle devait se faire chier à Mâcon, elle avait rien d'autre à foutre.
05:28 On va s'annuler Mâconais qui nous ressemblent.
05:30 C'est pas ça, mais elle n'avait rien à faire.
05:32 Elle a vu ce jeune mec qui était là, passionné de théâtre,
05:34 et alors elle m'a parlé de toute sa carrière.
05:36 Et elle m'a donné plein de numéros de téléphone, tout ça.
05:38 C'est merveilleux.
05:39 Elle a été extraordinaire.
05:40 Et moi qui étais tellement timide, ça a été un des trains qui passent.
05:46 Et là, dans cet archive, Annie disait que les regards qui se portent sur elle
05:49 dans le cadre de son métier, ça allait, mais elle était timide dans la vie.
05:51 Je pense que vous, vous êtes le même en coulisses ou devant une caméra ?
05:54 Maintenant, je me suis guéri d'une certaine timidité.
05:57 Je me suis guéri, mais il a fallu des années et des années et des années pour que…
06:02 En fait, la timidité, vous savez, ça n'a pas vraiment changé.
06:07 Maintenant, j'arrive plus à cacher.
06:09 Mais il faut avoir une grande confiance en soi pour ne pas être timide.
06:12 Ce n'était pas mon cas.
06:13 C'est vrai.
06:14 Et comment on fait, parce qu'il y a quelques scènes très softs,
06:17 mais un peu impudiques quand même, un peu charnelles, avec votre partenaire sur scène.
06:20 Je reviens sur scène, là, avec César.
06:22 Tout est impudique.
06:24 Il y a un court raccord.
06:26 Bien sûr, physiquement, mais aussi impudique dans les sentiments.
06:29 C'est pour ça la chance qu'on a de jouer ce texte-là, qui est extraordinaire,
06:34 parce que tout est… on est à poil tout le temps dans nos sentiments.
06:39 On est à nu, pas à poil, parce que c'est une côté vulgaire, mais on est à nu, en tout cas.
06:44 Oui, vous m'étiez à nu.
06:45 Et en plus, je suis à nu devant Christelle Reboul, qui est une merveilleuse actrice,
06:49 et on se suit comme ça, tous les deux.
06:51 On est très fragiles.
06:52 C'est un pas de deux.
06:53 C'est vraiment un pas de deux.
06:54 De toute façon, on dépend toujours des partenaires.
06:57 Là, en l'occurrence…
06:59 Ça s'appelle "Avec César".
07:01 C'est au Théâtre Yves-Gauche à Paris.
07:03 Allez applaudir cette magnifique pièce mise en scène par Éric Logérias.
07:06 Bon, il y a des questions d'amour, d'amour, d'amour dans cette pièce, on est d'accord.

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