Prévention et santé des femmes au travail : table-ronde d’expertes

  • l’année dernière
Le 16 février 2023, dans le cadre de la rédaction d’un rapport d’information sur la santé des femmes au travail, une table ronde a été organisée par la délégation aux droits des femmes du Sénat sur le thème « Prévention et santé des femmes au travail : l’expertise des professionnels de santé ».


Des expertes du sujet de plusieurs disciplines ont été entendues par les sénateurs, dont Anne-Michèle Chartier présidente du Syndicat général des médecins et des professionnels des services de santé au travail, Magalie Chevassu, psychologue du travail à l’AISMT 13 Réseau Présance, Carole Donnay, secrétaire générale de l’association des médecins responsable de services nationaux de médecine du travail d’entreprise (Acomede) et Alice de Maximy, fondatrice du collectif Femmes de Santé.


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Transcript
00:00:00 Les entreprises à caractérisation et l'évaluation des risques professionnels des postes occupés par les femmes sont probablement connues de tous au même titre que ceux des hommes.
00:00:09 Ils sont évalués de la même façon en fait. Il n'y a pas de spécificité de genre.
00:00:13 Certaines expositions sont même connues pour être spécifiquement un risque pour les femmes.
00:00:19 Donc c'est le cas du travail de nuit, vous l'avez souligné, où le risque de cancer du sein chez la femme est un risque identifié,
00:00:24 pour lequel la surveillance du risque a fait l'objet d'une recommandation de bonne pratique qui a été labellisée en 2012 par l'HAS.
00:00:31 C'est à peu près la seule chose qui est un peu spécifique.
00:00:36 Il semble en revanche que les risques professionnels dans les secteurs professionnels plutôt féminins ne soient pas suffisamment maîtrisés au regard de certains secteurs plutôt masculins.
00:00:47 Vous avez cité le nettoyage, c'est plutôt un secteur très féminin.
00:00:52 De même, les spécificités liées au fait que le poste soit occupé par une femme ne sont pas suffisamment perçues.
00:01:00 Sauf dans le cas précis de l'état de grossesse ou de l'allaitement, où le lien entre santé et exposition professionnelle chez la femme alerte presque systématiquement les employeurs.
00:01:10 Et donc les visites chez les médecins du travail sont souvent déclenchées soit par l'employeur, soit par la salariée elle-même qui, dans cet état-là, on va dire, va se signaler.
00:01:19 Et dans ces cas-là, des aménagements de postes sont généralement préconisés et sont généralement non plus pas contestés, ce qui est un peu important.
00:01:29 Par contre, il n'y a pas suffisamment, c'est vrai, de prise de conscience de spécificités telles que les spécificités anthropométriques ou physiologiques des femmes dans la conception, par exemple, des postes de travail.
00:01:40 Aujourd'hui, les postes de travail peuvent être occupés aussi bien par des hommes et par des femmes.
00:01:45 Cependant, les conditions dans lesquelles on crée aujourd'hui les postes sont souvent normées sur des mesures masculines.
00:01:56 Et donc ça, ça peut générer par contre des maladies professionnelles.
00:02:00 Par exemple, en milieu de production, la conception de lignes de montage ou de production prennent, pour référence anthropométrique, des mesures masculines.
00:02:08 Ainsi, les postes de travail sont souvent, en plus, non réglables, donc elles sont peu adaptées aux gabarits des femmes.
00:02:14 Et ça, c'est un risque d'apparition de TMS, par exemple.
00:02:17 Autre exemple, dans la logistique, exposant aux ports de charge et où le travail se féminise de plus en plus,
00:02:23 l'organisation du travail et la conception des postes ne prévoient pas de rendre tous les postes accessibles aux femmes,
00:02:29 en s'adaptant à la différence du corps des femmes par rapport à celle des hommes,
00:02:33 donc une taille plus petite, une force musculaire plus faible, un centre de gravité plus bas, un poids moindre, un débit cardiaque inférieur.
00:02:42 Ainsi, les femmes en logistique sont souvent reliées à des postes, on va dire, de premier échelon, à forte manipulation manuelle,
00:02:49 donc du picking, du co-packing, de l'emballage.
00:02:51 Elles sont souvent moins productives ou en limite physique lorsqu'elles occupent des postes dits masculins.
00:02:57 Et donc, ça perturbe aussi leurs évolutions de carrière qui sont limitées et moins rapides que les hommes.
00:03:03 Et ça les expose, on va dire, d'autant plus au risque de TMS, notamment,
00:03:07 puisque moins on peut évoluer dans le milieu de la logistique et plus on est exposé au risque.
00:03:12 Alors, on constate aussi qu'au fil des années, l'organisation de la prévention des risques professionnels
00:03:22 dans un secteur professionnel plutôt féminin ne soit pas à la hauteur des actions qui ont pu être engagées
00:03:28 dans des secteurs d'activité plutôt masculins, perçus comme plus pénibles, comme le BTP, par exemple.
00:03:34 En effet, le risque accidentogène et de maladies professionnelles graves engageant le pronostic vital,
00:03:39 comme l'exposition à l'amiante, à la silice, dans des activités très masculines,
00:03:44 ont plutôt attiré le regard de toutes les autorités de contrôle et ont poussé, du coup, les entreprises
00:03:49 à s'engager dans de la prévention et dans la maîtrise de ces risques professionnels.
00:03:53 En comparaison, les risques professionnels du secteur du care ou du nettoyage ont pu être banalisés
00:03:58 dans leur appréciation par les employeurs et par les salariés eux-mêmes au regard de ce qui a été fait
00:04:03 plutôt chez ces secteurs-là.
00:04:07 Particulièrement aussi, on peut souligner que, dans ces secteurs, l'organisation préventive,
00:04:12 donc le repérage, l'analyse de risque et la prévention, a eu du mal à se mettre en place,
00:04:17 faute de moyens, notamment dans la fonction publique hospitalière, au regard de ce qui peut être fait dans le privé.
00:04:22 Et dans le secteur du nettoyage, même si des actions ont été menées par la branche depuis ces dernières années
00:04:28 pour améliorer la prévention, il reste encore bien des choses à faire du point de vue de la formation du personnel
00:04:34 qui, souvent, ne maîtrise pas très bien le français, ont des recours de soins qui sont plutôt parsemés d'embûches
00:04:41 et qui ne connaissent pas leurs droits en matière de déclaration de maladie professionnelle,
00:04:46 ce qui peut expliquer aussi des formes de sous-déclaration.
00:04:50 Au final, la connaissance et la maîtrise des risques professionnels ne fait pas toujours l'objet d'une différence d'évaluation selon le genre,
00:04:58 mais c'est peut-être à tort, et on peut légitimement s'interroger de l'intérêt de le faire,
00:05:04 notamment au regard des statistiques de maladies professionnelles chez les femmes que vous avez soulignées,
00:05:08 et notamment dans certains secteurs.
00:05:10 Et pour mieux documenter, pour mieux prendre en compte les risques professionnels chez les femmes au regard de leurs spécificités,
00:05:16 il me semble qu'une étude statistique de cohorte nationale permettrait des analyses plus poussées, statistiques, par secteur d'activité, par exposition au risque,
00:05:29 et ce serait certainement une bonne proposition à vous faire pour sensibiliser, pour mettre aussi en place des actions
00:05:35 qui pourraient faire l'objet d'une priorité d'action, ensuite dans le cadre de politiques plus globales,
00:05:41 telles que les plans santé-travail en termes de politique santé, en termes de politique de santé au travail,
00:05:46 ou alors au niveau de politique de santé publique.
00:05:50 Malheureusement, aujourd'hui, en santé au travail, on va dire l'espacement des visites médicales faites par les médecins,
00:05:56 et le fait que certaines de ces visites médicales ne soient plus réalisées par les médecins,
00:06:03 mais aussi par des médecins traitants dans des secteurs très féminisés,
00:06:06 comme le service à la personne ou le mannequinat,
00:06:09 ça ne permet plus tellement d'avoir, on va dire, une vision exhaustive, une vision globale de la situation des femmes au travail.
00:06:16 Donc d'où le recours, du coup, à une étude de statistiques nationales et plus globales,
00:06:23 qui serait faite peut-être par Santé publique France ou autre,
00:06:29 de façon à pouvoir, du coup, analyser un petit peu mieux ce qui se passe, ou par un laboratoire de recherche type INSERM.
00:06:35 Ce qu'on peut aussi préconomiser pour mieux connaître l'étude du travail des femmes,
00:06:42 ce serait des études ergonomiques, qui seraient centrées sur l'analyse d'activité du travail des femmes,
00:06:47 et qui permettraient également de mettre en évidence la nécessité de réviser certains référentiels de conception de postes,
00:06:52 par exemple de travail, afin qu'ils soient bien adaptés, autant aux hommes qu'aux femmes.
00:06:59 L'évaluation des risques professionnels n'est pas genrée à l'exception du travail de nuit et du risque de cancer du sein,
00:07:10 comme je vous les ai dit, mais sur la base de données scientifiques, qui pourraient venir dans certaines activités,
00:07:16 ce serait certainement pertinent d'inclure la dimension du genre au sein du document unique d'évaluation des risques,
00:07:23 qui est le document de référence, du coup, de l'évaluation des risques professionnels en entreprise.
00:07:28 Enfin, les campagnes de sensibilisation ciblées auprès des femmes permettraient aussi de mieux les informer
00:07:36 des risques spécifiques encourus au travail, mais aussi de les inviter à mieux repérer et à mieux consulter
00:07:45 lors des premiers symptômes évoquant des pathologies professionnelles,
00:07:51 et aussi ça pourrait limiter le risque de sous-déclaration que l'on peut légitimement suspecter.
00:07:57 Donc la façon dont le médecin du travail aborde la question de la santé des travailleuses sous le prisme du genre
00:08:06 est tout d'abord en visite médicale lors de l'évaluation de l'équilibre du lien entre la santé et le travail.
00:08:11 Et dans la dimension santé, on retrouve les aspects de santé physique, mentale et sociale.
00:08:17 Il prie alors en compte notamment des spécificités anthropométriques de la personne et l'adaptation de son poste,
00:08:23 mais aussi la charge mentale en lien avec le travail, mais aussi avec la vie sociale, la vie familiale,
00:08:29 la situation familiale, les salariés aidants et la capacité de la salariée à préserver du coup des temps de répit ou de déconnexion
00:08:39 et des temps d'activité loisir, notamment extra-professionnel comme de l'activité physique par exemple.
00:08:45 En cas de déséquilibre du coup du lien santé-travail, des aménagements de postes seront donc proposés.
00:08:56 Plus récemment, les médecins du travail s'investissent aussi de plus en plus dans des actions de prévention de santé publique
00:09:02 et peuvent être en relais de campagnes de santé publique nationale consacrées notamment au dépistage des cancers,
00:09:09 notamment cancer du sein chez la femme lors des manifestations d'octobre/aurose qui sont très largement maintenant relayées en entreprise.
00:09:17 Les aménagements de postes permettant l'équilibre du lien santé-travail chez la femme et le maintien en emploi sont diverses
00:09:25 et vont aussi dépendre du type de poste de la personne et de sa problématique.
00:09:29 On peut envisager des réductions du temps de travail sous la forme du mi-temps thérapeutique ou alors du télétravail dans le secteur tertiaire.
00:09:35 Pour les secteurs non tertiaires, le télétravail n'est pas possible, donc on peut envisager des réductions de temps de travail,
00:09:43 des pauses plus fréquentes, des réductions de certaines tâches physiques ou des postes avec moins de contraintes productives et moins de pression temporelle
00:09:53 et aussi penser à des évictions de postes dans le cadre d'un risque d'exposition à des cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques,
00:10:01 notamment sur les femmes en âge de procréer.
00:10:05 Les aménagements sur le long terme, notamment lorsqu'il faut gérer beaucoup d'événements d'absentéisme,
00:10:14 peuvent poser parfois des problèmes de maintien en emploi et on le constate effectivement pour des formes assez importantes d'endométriose
00:10:23 ou de syndrome des ovaires polycystiques ou alors dans des longs parcours de PMA.
00:10:29 Pour les cancers du sein, nous n'avons pas d'accompagnement différencié.
00:10:34 En fait, nous accompagnons nos salariés au retour à l'emploi comme on le ferait pour n'importe quel cancer.
00:10:39 Mais il est vrai que dans le cancer du sein plus spécifiquement, nous avons plus accès et recours à des structures associatives externes
00:10:47 qui sont spécialisées dans ce type de cancer et qui nous aident bien du coup à réintégrer les personnes en entreprise
00:10:54 et à reprendre la confiance en soi au sein de l'entreprise.
00:10:59 Et dans l'emploi.
00:11:01 Alors vous posiez la question des transformations des organisations de travail post-pandémie de Covid.
00:11:07 On constate aussi effectivement une généralisation des activités de télétravail qui sont en général de l'ordre de 1 à 2 jours par semaine en entreprise.
00:11:15 Elles se régulent autour de ce versant-là.
00:11:19 Ces nouvelles organisations du travail en mode hybride sont plutôt plébiscitées par les femmes dans nos expériences
00:11:26 car ça permet une meilleure conciliation de la vie professionnelle et de la vie personnelle.
00:11:30 Et ça permet aussi des économies de fatigue liées aux transports dans certaines régions.
00:11:35 Il est vrai qu'en pratique, nous constatons que les femmes ont des responsabilités familiales plus importantes que les hommes,
00:11:43 notamment en cas de séparation, elles ont souvent la garde des enfants toutes les semaines de travail.
00:11:48 Ces responsabilités viennent parfois rendre le vécu du travail plus complexe avec des ressources personnelles qui sont affaiblies par la fatigue,
00:11:58 le manque de temps de répit, le manque d'activités sportives et d'activités loisires.
00:12:03 Ceci peut expliquer des augmentations de troubles musculosquelétiques, notamment dans le milieu industriel,
00:12:10 ou des risques de burn-out chez les femmes car se mélangent dans la genèse de ces pathologies ou de ce syndrome
00:12:18 des composantes de risques professionnels qui viennent se surajouter à des facteurs de vie personnelle
00:12:24 qui engendrent déjà du stress et de la charge mentale et ceci prédispose à la maladie.
00:12:29 Ce sont des facteurs que nous prenons en compte dans nos consultations de santé au travail
00:12:35 et qui nous amènent à prendre des mesures sur le travail et à orienter les personnes aussi vers des personnes ressources
00:12:40 telles que les psychologues et les assistantes sociales qui nous accompagnent dans nos services.
00:12:44 Les femmes accèdent aussi de plus en plus dans le cadre des politiques d'égalité hommes-femmes à des postes à de fortes responsabilités
00:12:53 sans toujours une égalité de moyens mis à disposition où elles doivent toujours faire leur preuve
00:13:00 et elles n'ont pas non plus des évolutions de carrière similaires.
00:13:04 Se pose aussi la question du risque de burn-out dans ces situations parce qu'il est difficile d'équilibrer sa présence
00:13:09 entre le travail et la vie personnelle.
00:13:12 Le choix et la renonciation sont souvent admis au quotidien dans l'esprit des femmes.
00:13:18 Quand tout va bien dans les deux sphères personnelles et professionnelles, ça va bien
00:13:26 mais il suffit qu'une de ces sphères se dégrade pour engendrer très rapidement des phénomènes de décompensation
00:13:33 avec de la frustration, d'anxiété et glisser très rapidement dans des syndromes de burn-out ou d'anxiété-dépression.
00:13:40 Merci pour votre invitation.
00:13:42 Il se trouve que je suis aussi médecin du travail, que j'exerce dans un service inter-entreprise
00:13:50 et au contact avec certaines populations que vous avez citées.
00:13:54 Et mon invitation m'a amenée à me poser des questions sur ma pratique en tant que médecin du travail,
00:14:01 ma pratique, comment je prenais moi-même le genre dans les conditions de travail.
00:14:08 Eh bien, ce n'est pas évident.
00:14:10 Effectivement, il existe un document unique d'évaluation des risques dans les entreprises
00:14:17 que toutes les entreprises doivent remplir et ce document, depuis plusieurs années,
00:14:22 doit prendre en compte le caractère genré des risques au travail.
00:14:27 Sauf que c'est très, très difficile à faire, à discuter du genre dans les conditions de travail des entreprises
00:14:35 parce qu'on tombe tout de suite dans un caractère discriminant
00:14:38 et que notre travail est justement de maintenir au travail des femmes
00:14:43 sans forcément, sans justement parler d'une spécificité de femmes qui pourrait les discriminer.
00:14:50 Beaucoup ont parlé, les deux personnes auparavant ont parlé du travail de nuit.
00:14:56 Il est emblématique qu'en 1987, il y a un article du Code du travail
00:15:01 qui interdisait le travail de nuit aux femmes dans l'industrie.
00:15:04 Et en 2009, pour l'égalité, le travail de nuit a été réintroduit pour les femmes.
00:15:10 Un autre petit exemple historique du point de vue du travail des cancers des femmes,
00:15:18 les femmes qui les épousent, les travailleurs de la miante, ont été exposées
00:15:24 du fait des nettoyages des tenues de travail.
00:15:27 Donc elles n'étaient pas directement exposées, mais il a fallu reconnaître
00:15:32 comme un collatéral accident de travail, accident maladie professionnelle pour ce sujet.
00:15:39 Alors sur ce, je continuerai avec la connaissance des pathologies au travail des femmes.
00:15:44 Alors il se trouve que dans mes activités, je fais partie du COCT et du CNPST
00:15:48 où sont présentées des statistiques sur les maladies, sur la branche ATMP.
00:15:54 Il y a un moment où on parle des statistiques.
00:15:57 Donc il a été montré en 2019 que les femmes, le taux d'accident des femmes
00:16:03 diminuait moins que le taux d'accident des hommes qui diminue particulièrement bien.
00:16:08 Et l'assurance maladie, donc la branche AT nous a montré ce résultat.
00:16:13 Et on a dit oui, d'accord, et comment cela se fait-il ?
00:16:17 Et il se trouve que les statistiques genrées par branche, par métier, par exposition n'existent pas.
00:16:23 Donc on n'a pas eu la réponse.
00:16:25 Et il paraît que c'est compliqué, parce que c'est des statistiques très importantes
00:16:30 sur toutes les branches, sur tous les risques, mais pas genrées.
00:16:33 Donc le problème du genre se pose et voilà, on n'a pas eu la réponse
00:16:38 et c'était difficile de l'explorer.
00:16:41 De même, il a été cité le plan santé-travail.
00:16:45 Le plan santé-travail 3 comportait un volet sur les femmes
00:16:49 et le CROC de Bretagne a réalisé une enquête sur le travail des femmes.
00:16:53 Le CROC, c'est le comité d'orientation régionale des conditions de travail,
00:16:58 a réalisé une enquête sur le travail des femmes.
00:17:00 Alors le travail des femmes, tout à fait descriptif.
00:17:02 Les femmes, comment elles sont arrêtées ? Qu'est-ce qui est touché ?
00:17:05 Qu'est-ce qui est... Bon. Mais maintenant, on espère qu'en 2023,
00:17:10 on va passer à la santé, parce que pour l'instant, c'était descriptif
00:17:13 comment les femmes étaient plus, étaient moins.
00:17:15 Donc les femmes, bon, elles sont plus exposées aux maladies.
00:17:18 Les hommes, aux accidents, mais les hommes, ils sont plus exposés
00:17:21 aux facteurs de pénibilité. Ils ont des métiers plus à risque.
00:17:24 Tout ça, finalement, est assez compréhensible, assez connu,
00:17:29 mais on espère, ils ont l'intention, paraît-il, de continuer leur travail.
00:17:33 On espère que ça débouchera sur la santé des femmes.
00:17:36 De même, il y a eu une enquête en 2018 de l'assurance maladie
00:17:41 sur les affections psychiques liées au travail.
00:17:44 Et c'est une enquête qui portait de 2001 à 2016,
00:17:48 et il a été noté que les dépressions chez les femmes étaient plus importantes,
00:17:55 de l'ordre de 66 %, avec un pic à 44 ans.
00:17:58 De même, 60 % des femmes sont touchées par le burn-out.
00:18:02 Évidemment, les secteurs sont ceux que vous avez cités,
00:18:05 médicaux, sociaux, transports, commerce.
00:18:07 Les situations déclenchantes étaient soit un événement brutal,
00:18:11 soit un événement révélateur de conditions de travail.
00:18:14 Donc il y a un facteur environnement-travail
00:18:18 qui est, à mon sens, spécifique dans les femmes, comment analyser.
00:18:24 Alors, j'introduirais le sujet par une profession particulière
00:18:29 que vous avez citée, les mannequins.
00:18:31 Donc c'est représentant de la féminité,
00:18:34 c'est leur physique et leur âge qui a une importance dans cette profession.
00:18:42 Et je vous cite deux points.
00:18:44 Ce qui est bien documenté, c'est les troubles de l'alimentation chez les mannequins.
00:18:49 Et il y a eu un article du Code du travail qui a dit que les mannequins,
00:18:56 pour pouvoir exercer, devaient passer une visite médicale tous les ans, justement,
00:19:02 et avoir un certificat médical qui interdisait aux mannequins anorexiques de professer.
00:19:09 Donc les mannequins anorexiques, oui, mais pourquoi l'anorexie ?
00:19:14 C'est bien de dire, vous ne travaillerez pas,
00:19:16 ça serait quand même plus sympathique de dire pourquoi vous êtes anorexique.
00:19:21 De même, les mannequins, qui sont des professions que l'on perçoit comme privilégiées,
00:19:28 et c'est une profession qui est violente,
00:19:32 parce que cette violence de l'apparence physique
00:19:35 fait que les mannequins travaillent entre 16 ans et 35 ans
00:19:39 et ensuite sont renvoyés à leur âge et sont précarisés, fragilisés,
00:19:43 parce qu'elles ne trouvent plus de travail.
00:19:45 Les mannequins sont des intérimaires.
00:19:47 Elles sont prêtées par des sociétés pour faire des photographies, pour faire des défilés.
00:19:52 D'où encore on travaille ou on ne travaille pas, c'est la société utilisatrice qui choisit.
00:19:58 Donc il y a des pressions et des agressions sexistes, des violences sexistes,
00:20:04 qui sont appréhendées dans un contexte, mais un contexte qui n'est pas
00:20:08 « j'ai affaire à un pervers narcissique ou à un psychopathe »,
00:20:13 mais pourquoi le système a toujours accepté ces violences ?
00:20:18 Pourquoi le système ne les dénonce pas ?
00:20:21 Pourquoi le système ne les prend pas en compte ?
00:20:24 Donc, ces violences faites aux femmes, vous savez,
00:20:31 puisque vous avez travaillé sur les RPS et les troubles musculoskeletiques,
00:20:35 vous savez très bien, vous avez appris,
00:20:37 que les risques psychosociaux entraînaient ces troubles musculoskeletiques.
00:20:44 Et quand j'entends que les femmes décrivent plus de troubles musculoskeletiques plus tôt,
00:20:51 il convient de s'interroger sur ces violences subies dans ces professions.
00:20:55 Donc j'ai cité cette profession des mannequins
00:20:59 parce que les mannequins sont suivis dans un centre exclusif
00:21:02 qui surveille tous les mannequins de France.
00:21:05 Et ils ont décidé justement de cibler sur une enquête sur cette profession
00:21:10 en trouvant que c'était une profession justement qui était maltraitée avec des violences.
00:21:18 Donc une enquête est en cours dans ce centre.
00:21:21 À partir de cet exemple emblématique, je pourrais élargir au métier du car,
00:21:26 au métier de la personne, au métier du ménage,
00:21:28 où on retrouve ces mêmes violences.
00:21:31 Ce sont des femmes qui sont précaires, avec des métiers peu rémunérés, à temps partiel,
00:21:36 avec des violences qui peuvent survenir du client,
00:21:39 puisque c'est cité dans les violences,
00:21:41 tout ce qui est en rapport avec la clientèle peut provoquer des violences,
00:21:45 des exigences de l'employeur parce qu'il a des pertes de contrat.
00:21:49 Quand on travaille dans le métier de l'aide à la personne à domicile,
00:21:53 la personne peut décéder ou être hospitalisée.
00:21:56 Il n'y a plus de travail.
00:21:59 Donc c'est au bon vouloir de l'employeur qui va donner ou non,
00:22:02 qui va redonner un contrat ou pas à la personne qui travaille bien,
00:22:06 qui a accepté de faire des heures supplémentaires,
00:22:08 qui a accepté de se déplacer, de travailler le dimanche.
00:22:11 Et elle sera assurée d'avoir plus de travail que celle qui,
00:22:14 pour d'autres raisons, va peut-être le refuser.
00:22:17 L'environnement peut être violent aussi,
00:22:19 parce que ces femmes habitent des zones qui sont assez éloignées de leur lieu de travail
00:22:25 et qui sont peu sécurisées.
00:22:27 Et comme les horaires sont décalés dans toutes ces professions du car,
00:22:30 des hôtesses de caisse,
00:22:33 cela les amène à retourner chez elles alors que l'environnement n'est pas sûr
00:22:39 et elles peuvent aussi être agressées.
00:22:42 Donc toute cette violence systémique des femmes est à analyser
00:22:50 parce qu'elle est le lit de troubles musculosquelétiques.
00:22:54 Et je dirais même plus, elle est le lit de l'usure.
00:22:57 C'est de ce sentiment d'usure.
00:22:59 C'est-à-dire qu'après avoir été arrêtée,
00:23:01 après avoir eu un arrêt de travail et ça a été noté,
00:23:04 pourquoi on a du mal à revenir au travail ?
00:23:06 Parce qu'il y a ce sentiment d'usure, de difficulté au quotidien,
00:23:09 de violence, d'entrave.
00:23:12 Je continuerai en faisant un petit focus,
00:23:17 parce que je suis donc présidente,
00:23:19 mais pour une confédération qui est la CFECGC,
00:23:22 qui s'intéresse aux femmes et qui s'intéresse au cadre.
00:23:27 Et vous avez cité la pandémie.
00:23:31 Et pendant la pandémie, la CFECGC avait fait une enquête
00:23:36 auprès des cadres sur les conditions de management
00:23:39 pendant la pandémie et avec un petit focus sur la parité, sur le genre.
00:23:47 Et les femmes s'étaient plaintes que les enfants étaient à leur charge,
00:23:52 c'est elles qui devaient s'occuper des enfants
00:23:54 et que le télétravail à domicile n'avait pas du tout été pensé
00:23:58 avec des femmes et des enfants.
00:24:00 Et que ça, ça avait été quelque chose qui était excessivement dur.
00:24:03 En tant que CFECGC, nous avons choisi de continuer à travailler sur le management.
00:24:09 Le management qui a été donc un révélateur pendant la pandémie.
00:24:14 Et nous avons décidé de continuer à travailler
00:24:16 parce que le management intermédiaire est un management qui souffre aussi
00:24:21 au point que les métiers de management ne sont plus choisis,
00:24:24 ne sont pas forcément remplis parce qu'il y a des contraintes
00:24:29 qui sont importantes pour ces métiers qui sont compris
00:24:31 entre le top management et les salariés.
00:24:35 Et que ces contraintes, nous allons les étudier
00:24:39 et nous allons les étudier avec une vision que l'on va genrer
00:24:44 pour voir comment on va trouver pourquoi ces femmes
00:24:49 sont plus exposées au risque de burn-out.
00:24:52 Quel est ce côté systémique de violence
00:24:54 qui fait que les femmes sont plus exposées au burn-out.
00:25:00 Voilà, donc l'objectif c'est d'avoir un guide sur les bonnes pratiques de management.
00:25:05 Bon, donc en résumé, il existe dans le travail des femmes
00:25:10 une maltraitance organisationnelle qu'il convient de travailler plus en profondeur
00:25:16 pour ne pas s'arrêter à des cas individuels,
00:25:19 ne pas s'arrêter à "ben c'est la faute du manager"
00:25:23 puisque nous travaillons sur ce sujet.
00:25:25 Donc pour nous et dans ma pratique, travailler sur les risques,
00:25:31 sur les facteurs de risque, sur les facteurs de risque psychosocial
00:25:35 est absolument déterminant pour pouvoir avancer sur ces sujets
00:25:39 qui quelque part font que toute la santé des femmes est impactée
00:25:46 par cette usure mentale, cette violence et ces sentiments.
00:25:51 Merci de m'avoir écoutée.
00:25:53 Merci beaucoup, Madame Chartier.
00:25:57 Donc je vais céder la parole à Magali Chevassu,
00:26:01 qui est psychologue du travail et membre du réseau Présence.
00:26:04 Merci pour cette présentation complète, Madame.
00:26:07 Madame la Présidente, Mesdames les rapporteurs,
00:26:10 je vous remercie d'avoir souhaité entendre la voix de ma profession
00:26:13 et j'espère l'apporter de la manière la plus juste possible.
00:26:16 Je remercie également chaleureusement le Dr Leteu de Présence Nationale
00:26:20 qui m'a transmis l'invitation et l'ensemble de mes collègues
00:26:23 qui a bien sûr contribué à compiler ces arguments pour vous.
00:26:27 Alors, comment prendre en compte la santé physique et mentale des femmes au travail ?
00:26:32 Alors, tout d'abord, très rapidement, quelques petits propos.
00:26:35 Les chiffres que je vais vous présenter, bien évidemment,
00:26:37 c'est un échantillon infime de la population générale,
00:26:40 donc ils ne sauraient pas être représentatifs de cette population.
00:26:43 Le psychologue en santé au travail n'a pas accès à une immense partie de la population
00:26:48 parce qu'elle va bien, parce qu'elle n'en voit pas l'intérêt,
00:26:51 parce qu'elle est orientée ailleurs, vers d'autres professionnels,
00:26:54 ou parce qu'elle est en désinsertion professionnelle.
00:26:56 Donc on n'a forcément pas accès dans nos locaux aux personnes qui ne travaillent pas.
00:27:01 Les propos que je vais soumettre à votre écoute, donc,
00:27:03 sont à entendre comme des hypothèses de travail,
00:27:05 ou en tout cas des constats empiriques issus d'une pratique,
00:27:08 et non des conclusions vérifiées.
00:27:10 Et ces constats ne présupposent d'ailleurs pas de la part d'Iné ou d'Aki
00:27:13 dans les comportements masculins et féminins.
00:27:16 Alors, sur l'ISMT 13, qui est mon service,
00:27:20 alors c'est un service inter-entreprise qui comprend 13 110 entreprises adhérentes
00:27:27 pour un total de 165 000 salariés.
00:27:30 Et pour ces salariés, 47,5% sont des femmes.
00:27:33 Donc on a une proportion finalement à peu près égale hommes-femmes.
00:27:37 En revanche, l'écart se creuse sur la population des cadres,
00:27:40 puisque 40% des femmes occupent ces fonctions-là,
00:27:43 ce qui dénote quand même un écart important.
00:27:47 En ce qui va concerner les inaptitudes,
00:27:49 sur les cinq dernières années, les chiffres sont assez stables,
00:27:51 même très stables, on est plutôt sur 65% d'inaptitudes prononcées sur des femmes.
00:27:57 Alors, certes, chez nous, il y a un biais de recrutement,
00:28:00 puisque de nombreux adhérents sont dans le secteur de la grande distribution
00:28:05 de l'aide à domicile, du nettoyage ou du soin, ou du médico-social.
00:28:09 Donc on est sur des secteurs qui sont de toute façon très occupés par des femmes.
00:28:13 Ça peut contribuer à expliquer une partie des inaptitudes,
00:28:16 et pas juste de dire que les femmes...
00:28:18 Le seul argument n'est pas que les femmes souffrent plus.
00:28:22 En tout cas, on a un échantillon,
00:28:24 on a aussi parfois des femmes qui sont très représentées
00:28:27 dans les secteurs qui sont difficiles et usants.
00:28:30 Sur ces inaptitudes, globales,
00:28:33 40% sont prononcées pour troubles mentaux et du comportement.
00:28:36 C'est comme ça que la nomenclature le dit.
00:28:38 Réellement, qu'est-ce que ça veut dire ?
00:28:40 Ça veut dire des troubles anxieux,
00:28:42 souvent pour les femmes, des difficultés à gérer la pression managériale,
00:28:45 parce que le travail est dénigré,
00:28:47 parce qu'on leur fait des reproches sur l'organisation personnelle,
00:28:49 parce qu'il y a une remise en question de leur capacité au travail.
00:28:53 Ces chiffres corroborent un petit peu
00:28:55 nos orientations vers la cellule de prévention de la désinsertion professionnelle,
00:28:58 puisqu'elles vont concerner beaucoup de femmes,
00:29:02 en tout cas à partir de 35 ans,
00:29:04 on est sur 61% de femmes orientées vers ces services de maintien en emploi.
00:29:08 Sur les consultations psychologiques, maintenant,
00:29:12 on a une proportion de femmes de salariés
00:29:14 qui sont orientées vers les psychologues,
00:29:16 qui est très équivalente à celle qui se saisit de la démarche,
00:29:19 et ça correspond aussi à ces fameux 65%.
00:29:21 Donc finalement, on a deux tiers de femmes
00:29:24 qu'on oriente vers les psychologues,
00:29:26 et deux tiers de femmes en consultation.
00:29:28 Moi, je note quand même un fait intéressant,
00:29:30 c'est-à-dire que lorsque les personnes ne viennent pas à mon bureau,
00:29:33 mais que c'est moi qui vais dans l'entreprise,
00:29:35 cette fois-ci, c'est des hommes qui viennent me voir.
00:29:37 J'y reviendrai un petit peu plus tard.
00:29:40 En consultation, en tout cas, sur la population des cadres,
00:29:43 je note qu'une femme sur quatre occupe un poste de cadre,
00:29:46 et un homme sur trois occupe un poste de cadre.
00:29:49 Donc on a un peu moins d'encadrantes dans les consultations,
00:29:52 donc encadranteux.
00:29:54 Et là aussi, je vais y revenir un petit peu plus tard.
00:29:57 Ce que je remarque aussi sur nos chiffres,
00:29:59 issus de notre service,
00:30:01 c'est que les femmes viennent beaucoup plus tôt.
00:30:03 Alors, comment interpréter ces chiffres ?
00:30:08 Et c'est comme ça que je vais chapitrer mon intervention.
00:30:10 D'une part, des modalités particulières d'exposition
00:30:13 aux risques psychosociaux.
00:30:14 D'autre part, des modalités particulières
00:30:17 d'expression symptomatique.
00:30:19 Il existe également dans le travail des spécificités
00:30:22 liées aux représentations sociales de la femme,
00:30:24 et des spécificités liées au poste à responsabilité.
00:30:27 Alors, je me permets un petit rappel
00:30:29 sur les risques psychosociaux,
00:30:30 l'idée étant de bien souligner
00:30:33 que dans la prévention des risques psychosociaux,
00:30:35 l'enjeu n'est pas seulement de diminuer les facteurs de risque,
00:30:38 mais aussi d'augmenter les facteurs de ressources.
00:30:41 Puisque c'est finalement un savant équilibre
00:30:44 entre l'existence de facteurs de risque qu'on reconnaît,
00:30:48 mais aussi l'existence de facteurs
00:30:51 dans lesquels on va pouvoir puiser de l'énergie,
00:30:53 de la satisfaction,
00:30:54 qui vont nous permettre de ne pas souffrir
00:30:57 d'une situation de travail.
00:30:58 En revanche, si les facteurs de risque sont trop représentés,
00:31:01 là, bien évidemment, on voit apparaître l'ensemble
00:31:03 de ce qu'on appelle les troubles psychosociaux,
00:31:05 que sont le stress, le burn-out, les conflits,
00:31:08 les troubles addictifs visés d'adaptative,
00:31:12 les TMS, etc.
00:31:15 Alors, les risques psychosociaux
00:31:18 sont définis par Michel Golak
00:31:20 comme des conditions d'emploi,
00:31:21 des facteurs relationnels et organisationnels
00:31:23 susceptibles d'interagir avec le fonctionnement mental.
00:31:26 Dans le détail, on a quelques grandes familles
00:31:29 qui reviennent et qu'on va analyser,
00:31:31 notamment l'intensité et le temps de travail,
00:31:35 soit les exigences de la tâche et de la performance.
00:31:38 Alors, dans cette famille de facteurs de risque,
00:31:40 ce qu'on va remarquer chez les femmes,
00:31:42 ce sont des temps partiels plus fréquents,
00:31:44 mais qui ne sont pas forcément corrélés
00:31:46 à une baisse de la charge de travail.
00:31:48 Il est très habituel de voir une femme
00:31:50 qui travaille sur un poste à 80%, par exemple,
00:31:53 mais qui a une charge de travail à temps plat,
00:31:55 parce que l'employeur n'a pas forcément les moyens
00:31:57 de prendre un 20% pour combler ce temps de travail,
00:31:59 tout simplement.
00:32:01 C'est souvent le cas, d'ailleurs,
00:32:02 au retour des congés maternités,
00:32:04 où on prend un congé parental
00:32:05 avec une diminution du temps de travail,
00:32:07 mais on n'a pas une diminution du travail
00:32:09 qui est associée.
00:32:10 Les rythmes de travail sont, par ailleurs,
00:32:12 très exigeants dans les secteurs dits féminins,
00:32:14 les hôtesses de caisse,
00:32:15 la ligne de caisse doit fonctionner quoi qu'il arrive,
00:32:19 les toilettes, par exemple, dans les milieux médicaux.
00:32:23 Tout ça est bien évidemment couplé
00:32:25 avec une charge mentale,
00:32:26 via l'organisation familiale.
00:32:28 Sur la deuxième famille de facteurs de risque,
00:32:30 qui est l'autonomie et la marge de manœuvre,
00:32:32 alors on a, de toute façon,
00:32:34 une proportion moindre d'encadrante,
00:32:36 ce qui veut dire aussi que sur une...
00:32:38 on a plus de femmes en position subalterne
00:32:41 qui n'ont pas forcément de possibilité
00:32:44 d'être concertées sur son travail,
00:32:46 de participer aux décisions
00:32:47 qui vont impacter son travail,
00:32:48 et donc le sentiment d'être un petit peu plus à l'étroit
00:32:51 dans un cadre de travail
00:32:53 auquel il va falloir s'adapter.
00:32:55 Les secteurs d'activité, par ailleurs, féminins,
00:32:58 comprennent en général des procédures
00:33:00 qui sont lourdes,
00:33:01 des protocoles,
00:33:02 des manières de faire les choses
00:33:04 qui sont très encadrées,
00:33:05 des produits à utiliser
00:33:06 pour le secteur de l'entretien,
00:33:08 avec finalement peu de latitude
00:33:10 pour conseiller peut-être autre chose,
00:33:13 une autre manière de faire.
00:33:15 Ce sont également des secteurs
00:33:16 où on remarque peu de possibilité
00:33:18 de parcours d'évolution ou de reconversion.
00:33:21 Sur la famille des conflits de valeurs,
00:33:23 des conflits éthiques,
00:33:25 alors c'est une famille qui est très...
00:33:27 enfin, qui est très exposée
00:33:28 en fonction du niveau de responsabilité
00:33:30 ou du secteur d'activité,
00:33:32 notamment les secteurs du CARE
00:33:34 qui vont amener les salariés
00:33:37 à faire face à la souffrance
00:33:39 ou en tout cas aux difficultés des personnes.
00:33:43 On est dans une potentialisation
00:33:45 de ce risque-là.
00:33:46 Alors, je ne remarque pas forcément
00:33:48 une différence en termes d'exposition
00:33:50 dans cette famille des facteurs de risque.
00:33:52 Moi, ce que je remarque en cabinet,
00:33:54 c'est une différence au niveau des conséquences
00:33:56 sur la santé.
00:33:57 Je m'explique.
00:33:58 Les conflits de valeurs,
00:34:00 ce sont des conflits, finalement,
00:34:02 à l'intérieur de moi.
00:34:04 Il y a une partie de moi
00:34:05 qui défend mon système de valeurs
00:34:07 entre ce qui est juste,
00:34:08 ce qui est mauvais,
00:34:09 entre ce qui est bien,
00:34:10 ce qui est mal,
00:34:11 et une partie de moi
00:34:12 qui fait un comportement
00:34:14 que je suis souvent obligée de faire
00:34:16 parce que mon travail me le demande.
00:34:18 Ces deux parties de moi,
00:34:19 dans un conflit de valeurs,
00:34:20 ne sont pas d'accord.
00:34:21 On me demande de faire quelque chose
00:34:23 qui va à l'encontre
00:34:24 de ce en quoi je crois.
00:34:26 Il se passe à ce moment-là
00:34:28 un mal-être très particulier
00:34:30 lié à ce qu'on appelle la dissonance cognitive
00:34:32 dont il va falloir sortir.
00:34:34 Le problème, c'est que c'est assez binaire.
00:34:36 La résolution de la dissonance cognitive,
00:34:38 c'est soit je maintiens mon système de valeurs,
00:34:40 mais là, il faut que je trouve un moyen
00:34:42 de sortir de ce milieu qui le maltraite,
00:34:44 soit j'aménage mon système de valeurs
00:34:47 de manière à justifier
00:34:49 le comportement que j'ai.
00:34:51 Eh bien, les femmes,
00:34:53 ça, c'est mon constat,
00:34:54 ça ne regarde que moi.
00:34:55 Attaquez-moi si c'est faux.
00:34:57 Mais en tout cas, moi, ce que je remarque,
00:34:59 c'est que les femmes tiennent plus longtemps
00:35:01 dans cet état de conflit psychique interne.
00:35:03 Elles arrivent plus longtemps
00:35:06 à faire des compromis
00:35:08 sans forcément...
00:35:09 En fait, elles tiennent dans la négociation
00:35:11 avec l'employeur
00:35:12 en essayant de défendre un système de valeurs.
00:35:14 Alors que finalement, un homme
00:35:16 va peut-être plus rapidement claquer la porte
00:35:18 ou plus rapidement se dire,
00:35:19 "Bon, ben, oui, finalement, je pensais ça,
00:35:21 mais finalement, c'est comme ça qu'il faut faire."
00:35:24 Les conflits de valeurs sont...
00:35:27 Alors, soit sont intensifiés
00:35:29 ou intensifient le problème de charge de travail
00:35:31 énormément dans les milieux médicaux sociaux,
00:35:34 avec la question aussi des TMS,
00:35:36 notamment, par exemple,
00:35:37 sur des questions de la toilette.
00:35:39 On a des quotas de personnel,
00:35:40 on a des quotas de toilettes par personne.
00:35:42 En fait, l'idée, c'est pas tellement
00:35:44 la charge de travail qui va poser problème.
00:35:46 C'est la capacité à bien faire son travail,
00:35:49 en particulier quand ça va impliquer
00:35:51 une conséquence sur quelqu'un.
00:35:53 Une personne âgée qui, ce matin-là,
00:35:55 est peut-être plus difficile à lever,
00:35:57 qui est peut-être de mauvaise humeur,
00:35:59 plus difficile à toiletter,
00:36:01 va forcément impacter le rythme des toilettes.
00:36:04 Et...
00:36:06 On remarque, en tout cas,
00:36:07 chez les personnes qui soignent,
00:36:09 que c'est pas tellement d'avoir à faire
00:36:10 10 à 12 toilettes en 2 heures,
00:36:11 c'est de pouvoir les faire bien.
00:36:13 Quatrième famille de facteurs de risque psychosociaux,
00:36:18 les exigences émotionnelles.
00:36:20 Alors, les exigences émotionnelles,
00:36:21 c'est tout ce qui va me demander, en fait,
00:36:22 de travailler sur mes émotions,
00:36:24 de faire en sorte qu'elles n'impactent pas mon travail,
00:36:28 de pouvoir rester neutre, voire même jovial,
00:36:31 parce qu'il y a des exigences,
00:36:33 même dans les professions commerciales,
00:36:35 où il faut pouvoir être aimable et avenant.
00:36:37 Alors, ce qu'on remarque,
00:36:40 c'est que ces exigences-là se cumulent
00:36:42 avec les exigences émotionnelles dans la famille,
00:36:44 avec les soins qu'on va apporter à la famille.
00:36:46 Les femmes, d'ailleurs, sont plus souvent en statut d'aidant.
00:36:48 On parle pas juste aux soins des enfants,
00:36:51 la fièvre accompagnée chez le médecin,
00:36:53 on parle aussi aux soins du parent âgé,
00:36:55 soins parfois aussi de la fratrie handicapée,
00:36:58 avec, j'y reviendrai tout à l'heure,
00:37:01 des différences d'expression émotionnelles
00:37:03 chez la femme et chez l'homme.
00:37:04 Là aussi, je l'articule avec les risques TMS,
00:37:07 notamment dans les secteurs du soin et de la petite enfance,
00:37:09 parce que même si ce sont des secteurs
00:37:12 où il y a des appareils de portage
00:37:14 qui sont tout à fait opérationnels,
00:37:17 sauf que c'est douloureux pour certaines femmes,
00:37:20 pour les éducatrices, pour les aides-soignantes,
00:37:22 finalement, de ne pas pouvoir offrir la chaleur des bras.
00:37:25 Et même dans les crèches, finalement.
00:37:27 Ou parfois, certaines personnes qui sont sous restriction médicale
00:37:30 parce qu'il y a des douleurs dorsales
00:37:31 et d'autres douleurs qui devraient les empêcher de porter,
00:37:34 c'est difficile de ne pas être dans le holding,
00:37:38 pour reprendre un terme sur lequel je reviendrai aussi
00:37:41 un petit peu tout à l'heure.
00:37:42 Cinquième famille de facteurs de risque,
00:37:45 les rapports sociaux et la reconnaissance au travail.
00:37:47 Alors, les métiers dits féminins sont parfois quand même
00:37:50 peu valorisés, il faut le dire, des métiers d'entretien,
00:37:52 de la grande distribution, ce n'est pas folichon.
00:37:55 Ce sont des métiers qui sont reconnus comme usants
00:37:58 et qui sont aussi plus exposés au risque d'agression,
00:38:00 parce que justement, pas forcément très valorisés.
00:38:03 Et puis, les hôtesses d'accueil, les hôtesses de caisse
00:38:06 ne sont pas forcément toujours très bien traitées.
00:38:09 Il y a un manque de reconnaissance de l'investissement dans le travail.
00:38:14 Beaucoup d'entreprises aujourd'hui,
00:38:15 parce que c'est très factuel et c'est peut-être plus facile,
00:38:17 reconnaissent uniquement le résultat du travail.
00:38:20 Sauf qu'en fait, très souvent, ce qui importe,
00:38:23 c'est la reconnaissance existentielle de qui je suis,
00:38:26 bonjour madame, comment allez-vous ?
00:38:28 Mais c'est aussi la reconnaissance du processus de travail.
00:38:31 Qu'est-ce que je mets comme effort pour réussir
00:38:34 à faire ce travail et à produire ce résultat ?
00:38:36 Est-ce que j'y ai mis plus de temps ?
00:38:39 Est-ce que je suis allée approfondir mes connaissances ?
00:38:41 Est-ce que j'y ai mis plus d'implication,
00:38:43 plus de soucis émotionnels ?
00:38:45 Et ça finalement, c'est une partie qui reste très invisible
00:38:48 et qui peut faire souffrir.
00:38:50 J'en viens également aux problématiques d'insertion
00:38:54 des minorités dans les milieux d'hommes,
00:38:56 finalement les femmes qui exercent dans les milieux d'hommes.
00:38:58 Alors soit elles exercent le même métier,
00:39:00 mais avec finalement pas mal de remarques sexistes ou autres.
00:39:04 Soit en fait, elles y sont, mais sur des postes administratifs.
00:39:07 Donc quelque chose de très clivé.
00:39:11 Là, on peut voir apparaître les questions.
00:39:14 Alors j'ai mis les guillemets "harcèlement"
00:39:16 parce que c'est une notion juridique
00:39:18 et qu'au stade où les femmes nous arrivent,
00:39:20 on ne peut pas forcément le qualifier de harcèlement,
00:39:22 en tout cas pas juridiquement.
00:39:24 Par contre, ce qu'on remarque, c'est qu'elles sont très sensibles
00:39:26 au manque de bienveillance.
00:39:28 C'est-à-dire que dans l'environnement de travail,
00:39:31 on ne prête pas forcément attention à l'impact
00:39:35 de la manière dont on va dire les choses,
00:39:37 des propos qu'on va choisir.
00:39:41 Et du coup, elles vont être, elles, pour le coup, très concernées.
00:39:45 Voilà. Pourquoi est-ce qu'on m'a dit ça comme ça ?
00:39:48 De cette manière-là, en choisissant ce mot-là.
00:39:50 Et j'en viens aussi à quelque chose qui est peut-être plus...
00:39:54 Alors, je ne sais pas si c'est plus féminin que masculin.
00:39:59 En tout cas, les femmes se comparent beaucoup entre elles
00:40:01 sur le milieu de travail.
00:40:03 Et on voit des conflits générationnels assez importants
00:40:05 entre les représentations des jeunes femmes
00:40:07 et les représentations des femmes plus mûres dans le travail.
00:40:10 Et j'en viens enfin pour clore sur les facteurs de risque psychosociaux,
00:40:15 sur l'insécurité de la situation de travail,
00:40:17 des choses qui vous ont déjà été rapportées
00:40:19 au sein de cette commission,
00:40:21 les carrières hachées, les interruptions pour grossesse
00:40:23 et congés parentaux qui peuvent porter préjudice
00:40:25 à la progression de carrière.
00:40:27 Alors, pour en venir au deuxième chapitre de ma présentation,
00:40:32 sur les modalités d'expression des symptômes.
00:40:35 Les femmes en consultation clinique ont une particularité.
00:40:38 Elles vont exprimer beaucoup plus souvent de la culpabilité.
00:40:42 Elles pleurent plus souvent aussi.
00:40:44 Elles mettent plus en avant, en termes de positif,
00:40:47 leur capacité d'adaptation et leur esprit collectif.
00:40:50 Le sentiment de faire un travail utile
00:40:52 est pour elles un facteur d'épanouissement.
00:40:54 Par contre, elles se sentent étiquetées plus fragiles.
00:40:57 C'est ce que moi, je mets en lien avec le fait que,
00:41:00 quand je suis en entreprise,
00:41:02 c'est peut-être plus facilement les hommes qui viennent.
00:41:04 Tout simplement parce que les femmes se sentent déjà stigmatisées
00:41:08 et que donc, si en plus, on va rentrer dans la salle
00:41:12 avec le psychologue, on va venir confirmer le fait
00:41:15 qu'effectivement, je suis plus fragile.
00:41:17 Je reviens aussi sur l'analyse des pleurs,
00:41:21 qui pour moi, n'est absolument pas le signe
00:41:26 d'une fragilité plus importante.
00:41:28 C'est au contraire le signe d'une meilleure régulation
00:41:31 des émotions et d'une meilleure capacité
00:41:33 à réguler ces émotions.
00:41:35 Elles sont moins bloquées à l'intérieur
00:41:37 et elles agissent moins sur le long terme.
00:41:39 En tout cas, les femmes montrent des compétences
00:41:43 plus précoces et plus précises
00:41:45 en termes de repérage des symptômes de stress.
00:41:48 Elles savent mieux si elles souffrent
00:41:50 de symptômes physiologiques du stress.
00:41:52 Elles savent mieux repérer les situations
00:41:54 qui vont les stresser
00:41:56 et les techniques qu'il va falloir mettre en œuvre
00:41:59 pour éviter ces situations ou pour y faire face.
00:42:02 En général, elles sont plus à l'écoute
00:42:04 de leur corps et de leurs émotions.
00:42:06 Par contre, ça contraste énormément
00:42:08 avec leur tendance à prioriser les besoins de l'autre.
00:42:11 Elles ne vont pas venir en consultation
00:42:13 pas parce qu'elles ne sentent pas le besoin,
00:42:15 mais parce qu'elles sentiront qu'il y a d'autres priorités
00:42:18 et d'autres personnes à qui s'occuper.
00:42:20 Les hommes en consultation vont exprimer
00:42:22 beaucoup plus facilement des douleurs
00:42:24 ou de la colère ou de la fatigue.
00:42:26 Ils vont venir plus tard, plus abîmés.
00:42:28 En fait, je pense que pour beaucoup d'entre eux,
00:42:31 c'est tout simplement qu'il y a des dépressions masquées
00:42:33 qui n'ont pas été repérées.
00:42:35 Et c'est peut-être pour ça qu'on nous les oriente moins.
00:42:37 Pas forcément parce qu'ils souffrent moins,
00:42:39 mais parce qu'ils le masquent plus.
00:42:42 Eux, en tout cas, ont honte de craquer.
00:42:45 Si vraiment on a un homme qui pleure en consultation,
00:42:48 c'est vraiment quelque chose...
00:42:50 Je le dis avec beaucoup de tendresse,
00:42:52 parce qu'à chaque fois, c'est quelque chose de précieux
00:42:54 qui nous est déposé, mais c'est...
00:42:56 Attention, je vais pleurer.
00:42:58 On nous prévient.
00:43:00 C'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:43:02 On ne peut pas le faire.
00:43:04 C'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:43:06 Et on ne peut pas le faire.
00:43:08 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:43:10 Et on ne peut pas le faire.
00:43:12 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:43:14 Et on ne peut pas le faire.
00:43:16 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:43:18 Et on ne peut pas le faire.
00:43:20 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:43:22 Et on ne peut pas le faire.
00:43:24 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:43:26 Et on ne peut pas le faire.
00:43:28 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:43:30 Et on ne peut pas le faire.
00:43:32 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:43:34 Et on ne peut pas le faire.
00:43:36 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:43:38 Et on ne peut pas le faire.
00:43:40 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:43:42 Et on ne peut pas le faire.
00:43:44 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:43:46 Et on ne peut pas le faire.
00:43:48 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:43:50 Et on ne peut pas le faire.
00:43:52 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:43:54 Et on ne peut pas le faire.
00:43:56 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:43:58 Et on ne peut pas le faire.
00:44:00 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:44:02 Et on ne peut pas le faire.
00:44:04 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:44:06 Et on ne peut pas le faire.
00:44:08 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:44:10 Et on ne peut pas le faire.
00:44:12 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:44:14 Et on ne peut pas le faire.
00:44:16 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:44:18 Et on ne peut pas le faire.
00:44:20 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:44:22 Et on ne peut pas le faire.
00:44:24 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:44:26 Et on ne peut pas le faire.
00:44:28 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:44:30 Et on ne peut pas le faire.
00:44:32 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:44:34 Et on ne peut pas le faire.
00:44:36 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:44:38 Et on ne peut pas le faire.
00:44:40 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:44:42 Et on ne peut pas le faire.
00:44:44 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:44:46 Et on ne peut pas le faire.
00:44:48 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:44:50 Et on ne peut pas le faire.
00:44:52 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:44:54 Et on ne peut pas le faire.
00:44:56 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:44:58 Et on ne peut pas le faire.
00:45:00 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:45:02 Et on ne peut pas le faire.
00:45:04 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:45:06 Et on ne peut pas le faire.
00:45:08 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:45:10 Et on ne peut pas le faire.
00:45:12 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:45:14 Et on ne peut pas le faire.
00:45:16 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:45:18 Et on ne peut pas le faire.
00:45:20 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:45:22 Et on ne peut pas le faire.
00:45:24 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:45:26 Et on ne peut pas le faire.
00:45:28 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:45:30 Et on ne peut pas le faire.
00:45:32 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:45:34 Et on ne peut pas le faire.
00:45:36 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:45:38 Et on ne peut pas le faire.
00:45:40 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:45:42 Et on ne peut pas le faire.
00:45:44 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:45:46 Et on ne peut pas le faire.
00:45:48 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:45:50 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:45:52 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:45:54 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:45:56 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:45:58 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:46:00 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:46:02 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:46:04 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:46:06 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:46:08 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:46:10 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:46:12 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:46:14 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:46:16 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:46:18 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:46:20 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:46:22 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:46:24 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:46:26 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:46:28 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:46:30 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:46:32 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:46:34 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:46:36 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:46:38 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:46:40 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:46:42 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:46:44 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:46:46 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:46:48 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:46:50 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:46:52 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:46:54 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:46:56 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:46:58 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:47:00 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:47:02 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:47:04 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:47:06 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:47:08 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:47:10 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:47:12 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:47:14 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:47:16 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:47:18 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:47:20 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:47:22 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:47:24 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:47:26 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:47:28 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:47:30 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:47:32 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:47:34 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:47:36 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:47:38 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:47:40 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:47:42 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:47:44 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:47:46 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:47:48 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:47:50 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:47:52 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:47:54 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:47:56 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:47:58 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:48:00 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:48:02 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:48:04 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:48:06 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:48:08 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:48:10 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:48:12 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:48:14 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:48:16 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
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00:48:20 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:48:22 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:48:24 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:48:26 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:48:28 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:48:30 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:48:32 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:48:34 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:48:36 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:48:38 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:48:40 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:48:42 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:48:44 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:48:46 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:48:48 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:48:50 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:48:52 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:48:54 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:48:56 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:48:58 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:49:00 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:49:02 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:49:04 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:49:06 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:49:08 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:49:10 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:49:12 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:49:14 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:49:16 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:49:18 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:49:20 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:49:22 Et c'est un peu comme si on avait un petit bébé.
00:49:24 Et puis en fait tout simplement on va dévaloriser la femme
00:49:26 Et puis en fait tout simplement on va dévaloriser la femme
00:49:28 qui est en position d'autorité et qui va l'affirmer.
00:49:30 Parce que du coup très facilement
00:49:32 c'est plus l'autorité légitime du manager
00:49:34 c'est la méchante.
00:49:36 Puisqu'elle est pas censée être ferme
00:49:38 elle est censée être douce et bienveillante.
00:49:40 Donc voilà, quelques paradoxes
00:49:42 auxquels les femmes font face.
00:49:44 Et puis bien évidemment aussi
00:49:46 les attentes autour de la maternité
00:49:48 qui stigmatisent les femmes qui font le choix
00:49:50 de ne pas avoir d'enfant ou qui ne peuvent pas en avoir.
00:49:52 Les hommes à côté
00:49:54 vont s'autoriser très difficilement
00:49:56 une forme de fragilité
00:49:58 en tout cas qu'ils estiment comme une fragilité.
00:50:00 Et puis il va y avoir des stéréotypes aussi
00:50:02 sur l'ambition et la quête de pouvoir
00:50:04 dans le sens où les autoritarismes masculins
00:50:06 vont être plus facilement légitimés par les femmes.
00:50:08 Un patron qui me parle mal
00:50:10 finalement c'est pas forcément un méchant.
00:50:12 C'est juste un patron.
00:50:14 Sauf si, et quand même,
00:50:16 il est dans une position de pouvoir
00:50:18 qui est perçue comme illégitime.
00:50:20 Parce qu'il a peut-être pas montré
00:50:22 ses capacités à manager
00:50:24 correctement.
00:50:26 Ou parce qu'il exerce son pouvoir par la séduction
00:50:28 ou la manipulation. Alors là, les femmes sont
00:50:30 très efficaces
00:50:32 à repérer ce genre d'illégitimité
00:50:34 de pouvoir.
00:50:36 J'en viens au poste
00:50:38 à responsabilité.
00:50:40 Le Code du travail
00:50:42 implique en tout cas des obligations de moyens
00:50:44 et de résultats de l'employeur
00:50:46 vis-à-vis de la santé et de la sécurité des travailleurs.
00:50:48 Ce qui fait que le rôle
00:50:50 prescrit du manager
00:50:52 en termes de disponibilité,
00:50:54 d'écoute, de rôle protecteur,
00:50:56 contenant, c'est une posture de soutien.
00:50:58 Ça c'est sur le papier.
00:51:00 Dans les faits, dans le travail
00:51:02 réel, la posture du manager
00:51:04 c'est une posture tournée vers la performance,
00:51:06 vers la pression, vers le contrôle, la vérification,
00:51:08 la surveillance, la transmission
00:51:10 de consignes avec le fait d'être
00:51:12 garant de leur application.
00:51:14 Et ça, pour le middle management, c'est souvent
00:51:16 un vrai problème. Pourquoi ? Parce que
00:51:18 la responsabilité, sans les moyens
00:51:20 d'agir, parce qu'on est d'accord que le middle management
00:51:22 il n'a pas forcément beaucoup d'attitude,
00:51:24 il applique ce qu'on lui demande d'en haut
00:51:26 et il compose avec les contraintes qui viennent d'en bas.
00:51:28 Qu'est-ce qui se passe ? Je suis responsable
00:51:30 mais je n'ai pas les moyens d'agir, je me culpabilise.
00:51:32 Alors, la responsabilité,
00:51:36 la femme, elle sait faire.
00:51:38 La disponibilité,
00:51:40 la femme, elle sait être.
00:51:42 Ça fait partie du bagage féminin. En revanche,
00:51:44 sur ces postes-là, la femme
00:51:46 anticipe très très bien
00:51:48 la balance gratification
00:51:50 sacrifice, la balance bénéfice
00:51:52 risque pour employer un terme peut-être plus à la mode.
00:51:54 La femme va être
00:51:58 sur ces postes-là en conflit sur les
00:52:00 représentations entre la compatibilité
00:52:02 de la vie de famille et le travail.
00:52:04 Et moi, je me demande pourquoi. Parce que finalement,
00:52:06 oui, certes,
00:52:08 le cadre, on travaille souvent,
00:52:10 on forfait jour, etc. Mais finalement,
00:52:12 les milieux du CAIR, les milieux de la
00:52:14 grande distribution, il y a aussi très très peu
00:52:16 de disponibilité.
00:52:18 On est sur des travails de week-end,
00:52:20 de soirée. Donc finalement,
00:52:22 la compatibilité
00:52:24 vie de famille et poste de
00:52:26 management, elle n'est pas forcément moindre
00:52:28 que dans d'autres secteurs d'activité
00:52:30 ou dans d'autres niveaux de la hiérarchie.
00:52:32 Enfin, les femmes ont un sentiment
00:52:34 d'illégitimité plus prononcé
00:52:36 que celui des hommes
00:52:38 sur, quand on leur
00:52:40 demande leur
00:52:42 opinion sur ces postes-là.
00:52:44 Alors, quelques pistes de réflexion,
00:52:46 puisqu'on parle du comment mieux prendre en compte
00:52:48 la santé des femmes au travail.
00:52:50 Je pense
00:52:52 qu'il est aussi important de changer
00:52:54 le regard social pour pouvoir changer le travail.
00:52:56 Question,
00:52:58 question ouverte. L'encadrant doit-il être
00:53:00 responsable du travail fourni par ses
00:53:02 collaborateurs, comme c'est le cas aujourd'hui,
00:53:04 ou est-ce qu'il doit être responsable
00:53:06 des collaborateurs, eux-mêmes
00:53:08 ou est-ce qu'il doit être responsable de leur travail ?
00:53:10 Dans le milieu du CR, dans les milieux sociaux,
00:53:12 peu de salariés travaillent pour leur direction.
00:53:16 En fait, les salariés
00:53:18 travaillent pour leur public, pour leurs patients,
00:53:20 pour leurs résidents.
00:53:22 Ils ne travaillent pas pour leur direction.
00:53:24 Leur direction, elle est envisagée comme finalement
00:53:26 quelqu'un qui doit les soutenir, qui doit leur fournir
00:53:28 les moyens adéquats
00:53:30 pour bien faire leur travail.
00:53:32 Et ce n'est pas ça qui se passe, finalement,
00:53:34 sur le terrain.
00:53:36 Alors, si on envisage
00:53:38 que le responsable doit être
00:53:40 responsable du collaborateur,
00:53:42 de son bien-être, de sa capacité à travailler,
00:53:44 on présuppose du coup un recrutement qui n'est
00:53:46 plus uniquement sur une compétence juste technique,
00:53:48 mais aussi sur d'autres formes de compétences.
00:53:50 Ça suppose aussi qu'il faut amplifier
00:53:52 les efforts de formation des managers
00:53:54 aux indicateurs de mal-être, à la communication,
00:53:56 excusez-moi, il y a un mot qui est parti,
00:53:58 à l'écoute, et qui ne soit pas axé sur la rentabilité,
00:54:00 avec à la clé
00:54:02 un vrai bénéfice secondaire sur la prévention des risques
00:54:04 psychosociaux, puisqu'on va gagner en latitude
00:54:06 décisionnelle, et puis on va
00:54:08 améliorer les relations collaborateurs
00:54:10 encadrant, dont on sait qu'elles ne sont pas les meilleures.
00:54:12 Enfin, plus on est haut,
00:54:14 plus on est seul.
00:54:16 Évidemment, ça c'est la forme de la pyramide.
00:54:18 En bas, on est des équipiers,
00:54:20 on est un groupe, on est un collectif, et plus on monte,
00:54:22 plus on est isolé.
00:54:24 Alors, est-ce qu'on peut promouvoir
00:54:26 la transversalité des projets partagés ?
00:54:28 Ne serait-ce que pour alléger
00:54:30 la charge cognitive,
00:54:32 décomposer les problèmes complexes,
00:54:34 mais aussi, finalement, améliorer
00:54:36 - il ne s'agit pas tellement de
00:54:38 mettre plus
00:54:40 de femmes dans des postes d'encadrant, mais c'est aussi
00:54:42 sur ces postes-là qu'elles soient peut-être
00:54:44 plus satisfaites, et mieux en phase
00:54:46 avec leurs besoins.
00:54:48 Et pourquoi pas instaurer systématiquement
00:54:50 des partages de bonnes pratiques
00:54:52 entre encadrants, pour
00:54:54 renforcer un sentiment d'appartenance, de légitimité,
00:54:56 puisqu'on sait qu'elles se sentent illégitimes,
00:54:58 de diminuer
00:55:00 la charge cognitive et de renforcer
00:55:02 le sentiment d'efficacité.
00:55:04 Et enfin, je suis tombée sur une conclusion
00:55:06 qui m'a beaucoup étonnée, mais que
00:55:08 finalement, oui, je suis obligée
00:55:10 de la partager. Il y a
00:55:12 moins de chances pour les femmes
00:55:14 de bénéficier de promotions internes.
00:55:16 Ça a été noté dans un rapport
00:55:18 de Ben David et Bamyline de 2022.
00:55:20 Alors, pourquoi, en fait ?
00:55:22 Et c'est vrai qu'en consultation, moi,
00:55:24 ce que les femmes me rapportent, c'est que si elles veulent évoluer,
00:55:26 on va leur demander de changer.
00:55:28 Alors, de changer d'antenne,
00:55:30 d'avoir une mutation,
00:55:32 parce qu'elles connaissent trop.
00:55:34 Et, bon,
00:55:36 et bien, pourquoi ? Finalement,
00:55:38 qu'est-ce que ça implique de trop connaître
00:55:40 ses collègues ? Est-ce qu'on les manage moins bien ?
00:55:42 Est-ce qu'on se fait moins bien obéir ?
00:55:44 Je ne sais pas. Est-ce que c'est pas tout simplement
00:55:46 la peur du lien ? Peut-être la peur
00:55:48 qu'une femme
00:55:50 aurait peut-être plus de chances à favoriser
00:55:52 les unes ou les autres sur des critères émotionnels
00:55:54 plutôt que sur des critères
00:55:56 de travail, en fait.
00:55:58 Pourquoi est-ce qu'on pense qu'une femme
00:56:00 est moins apte qu'un homme
00:56:02 à bénéficier d'une promotion interne ?
00:56:04 C'est une vraie question.
00:56:06 Le regard sociétal et la confiance.
00:56:08 Alors, sur le congé maternité,
00:56:10 en France, finalement,
00:56:12 il y a beaucoup de femmes qui ont peur
00:56:14 de ce congé maternité. Elles ont peur de ne pas retrouver
00:56:16 le même travail une fois qu'elles seront parties.
00:56:18 Et finalement, il est assez court.
00:56:20 Moi, je contraste ça
00:56:22 avec l'Allemagne, finalement.
00:56:24 On est très mal vu de revenir au travail
00:56:26 moins d'un an après l'accouchement.
00:56:28 Pourquoi ? Parce qu'en fait,
00:56:30 on investit la femme d'un rôle
00:56:32 très important
00:56:34 d'éducation, de formation
00:56:36 d'un futur membre de la société
00:56:38 et que finalement, si on privilégie
00:56:40 son travail, on est
00:56:42 un petit peu égoïste, on est un petit peu en marge
00:56:44 des besoins sociétaux.
00:56:46 C'est pas du tout le cas en France où finalement,
00:56:48 il faut vite vite vite revenir au travail parce que
00:56:50 sinon, ça veut dire qu'on ne s'intéresse pas à la société.
00:56:52 Bon.
00:56:54 Pourquoi ne pas réfléchir
00:56:56 au meilleur encadrement des remplacements ?
00:56:58 Il y a beaucoup de femmes qui reviennent de congés maternité
00:57:00 pour se voir attribuer
00:57:02 un poste différent.
00:57:04 Qu'elles vivent comme une vraie
00:57:06 dégradation, comme une vraie dévalorisation.
00:57:08 Parfois même, c'est leur remplaçante pendant
00:57:10 le congé maternité qui va occuper leur poste
00:57:12 une fois qu'elles reviennent.
00:57:14 Donc il y a vraiment une réflexion emmenée, je pense,
00:57:16 là-dessus. Le renforcement
00:57:18 du soutien aux mères allaitantes. Pourquoi pas ?
00:57:20 Systématiser. Alors là, je lance
00:57:22 des pistes comme ça.
00:57:24 Systématiser les conseillères en allaitement.
00:57:26 Pourquoi pas les congés allaitement ? Pourquoi pas
00:57:28 rerémunérer les postes allaitement ?
00:57:30 Alors j'ai trouvé du coup
00:57:32 dans le cadre de ces recherches
00:57:34 une vieille proposition de loi
00:57:36 qui a été adoptée par la Chambre des députés
00:57:38 en 1913
00:57:40 où il est stipulé
00:57:42 qu'il est interdit de décompter
00:57:44 en aucune façon du montant du salaire journalier
00:57:46 leur destiné à l'allaitement.
00:57:48 Qu'est-ce qui a fait que ça a disparu ?
00:57:50 C'est sûrement le progrès,
00:57:52 la modernité,
00:57:54 beaucoup de choses. En tout cas,
00:57:56 certes, si on voit les choses
00:57:58 sous l'angle économique, l'allaitement, c'est absolument pas
00:58:00 un temps productif pour l'entreprise. En même temps,
00:58:02 une femme à qui on permet
00:58:04 de remplir ses objectifs personnels,
00:58:06 je peux vous garantir que c'est une salariée
00:58:08 hyper motivée, qui se sent très considérée
00:58:10 et qui se sent aussi très loyale
00:58:12 vis-à-vis de son entreprise.
00:58:14 Et puis, si on veut parler aussi
00:58:16 du risque du cancer du sein,
00:58:18 on sait que l'allaitement, c'est quand même quelque chose
00:58:20 qui est reconnu comme très préventif.
00:58:22 Sortir du paradoxe
00:58:24 et donner les moyens d'occuper
00:58:26 le rôle d'aidant ou de soignant.
00:58:28 Alors, on peut aussi,
00:58:30 soyons fous, donner aux soignants
00:58:32 les moyens de soigner, mais en tout cas,
00:58:34 d'aider les aidantes
00:58:36 familiales ou les personnes
00:58:38 qui ont ce rôle-là dans la famille
00:58:40 de pouvoir mieux le faire
00:58:42 et de renforcer les politiques de congé enfants malades
00:58:44 et d'aidant familial.
00:58:46 Le maintien de la mutuelle lors du congé parental
00:58:48 intégral. Sur le temps
00:58:50 de travail, il existe des entreprises,
00:58:52 alors les plus grosses sont les mieux lotis,
00:58:54 mais qui proposent des tranches horaires d'arrivée et de départ,
00:58:56 ce qui donne beaucoup plus de souplesse dans l'organisation.
00:58:58 Est-ce qu'on valorise
00:59:00 la réalisation des objectifs ou le nombre
00:59:02 d'heures ? Là aussi, c'est une vraie question.
00:59:04 Comment est-ce qu'on valorise
00:59:06 ce qu'on appelle les temps interstitiels ?
00:59:08 C'est-à-dire, en fait, les fausses pauses. Il y a des milieux
00:59:10 de travail où la communication est dysfonctionnelle,
00:59:12 où on n'a pas le temps de se transmettre des informations.
00:59:14 Et bien, finalement, on va utiliser les pauses
00:59:16 pour faire ça. Alors, certes,
00:59:18 c'est du coup très chouette, parce que
00:59:20 ça va fédérer les équipes, ça va
00:59:22 réguler les émotions,
00:59:24 mais ce ne sont pas des pauses.
00:59:26 Donc, on ne coupe pas avec le travail
00:59:28 et on n'allège pas sa charge cognitive.
00:59:30 Favoriser l'éducation
00:59:32 émotionnelle précoce, pour tout le monde,
00:59:34 mieux repérer et valider ses émotions.
00:59:36 Mieux valoriser
00:59:38 les soins préventifs en général et les soins
00:59:40 psychiques en particulier, de par les efforts
00:59:42 de remboursement.
00:59:44 Renforcer la présence des psychologues dans les structures
00:59:46 de soins, à la fois pour les patients
00:59:48 mais aussi pour les équipes, pour les aider à réguler
00:59:50 leurs tensions.
00:59:52 Quid des contrôles arrêt maladie ?
00:59:54 Moi, en consultation, j'ai un vrai problème
00:59:56 avec ça. Des personnes qui me demandent, en fait,
00:59:58 des attestations pour être sûres de
01:00:00 pouvoir donner
01:00:02 au contrôleur sécu un papier
01:00:04 qui atteste qu'ils n'étaient pas en train de se balader. Et encore,
01:00:06 j'ai envie de dire, même s'ils étaient en train de se balader,
01:00:08 est-ce que ce n'est pas aussi la possibilité
01:00:10 d'avoir des expériences positives
01:00:12 pour sortir d'une dépression ?
01:00:14 C'est une vraie question.
01:00:16 La prise en compte du genre dans l'alliance thérapeutique.
01:00:18 Ça aussi, c'est
01:00:20 une question sans réponse. Est-ce que
01:00:22 un homme se confie plus facilement
01:00:24 à un homme sur un problème psychique ? Ou est-ce qu'il se
01:00:26 confie plus facilement à une femme ?
01:00:28 Et inversement.
01:00:30 Égalité rime avec équité
01:00:32 et pas indifférenciation, on l'a assez dit.
01:00:34 La question des retraites,
01:00:36 est-ce qu'on récompense uniquement le temps
01:00:38 qui est générateur de richesse ?
01:00:40 Ou est-ce qu'on peut aussi imaginer
01:00:42 qu'on pourrait récompenser les efforts de cohésion sociale
01:00:44 tout au long de la vie ?
01:00:46 Les retraites
01:00:48 aujourd'hui, en tout cas dans le débat
01:00:50 qui nous concerne,
01:00:52 vont impacter fortement les espaces
01:00:54 de transmission et d'entraide intergénérationnel,
01:00:56 que ce soit par rapport à la garde
01:00:58 des petits-enfants, mais aussi les soins aux parents.
01:01:00 Une femme de 65 ans a des
01:01:02 parents qui sont parfois
01:01:04 dans une dépendance
01:01:06 très avancée, et c'est souvent
01:01:08 un point crucial que de pouvoir
01:01:10 leur apporter une fin de vie
01:01:12 digne dans un accompagnement
01:01:14 avec le sentiment de rendre
01:01:16 tout ce qu'on a reçu de son parent.
01:01:18 Et ça peut être important.
01:01:20 Et enfin, je me permets de clore
01:01:22 là-dessus, attention aux fausses bonnes idées.
01:01:24 On sait qu'il y a déjà des antécédents, notamment
01:01:26 dans l'automatisation du travail, le voice-picking,
01:01:28 où on pense alléger des choses et
01:01:30 on crée de nouveaux problèmes.
01:01:32 Pareil pour les coupures dans le temps de travail.
01:01:34 Je termine là-dessus un exemple
01:01:36 issu de ma pratique. Un petit supermarché de province
01:01:38 qui a vu ses risques psychosociaux
01:01:40 exploser à un moment donné.
01:01:42 Et suite à mon enquête, en fait, on s'est rendu compte
01:01:44 que c'est parce que
01:01:46 en voulant bien faire,
01:01:48 on a aboli certaines coupures
01:01:50 du midi, qui parfois étaient très longues,
01:01:52 puisque c'était 4 ou 5 heures.
01:01:54 Sauf que, du coup,
01:01:56 sur un métier déjà peu valorisé,
01:01:58 ces 4 ou 5 heures de coupure, ça permettait le mercredi
01:02:00 d'économiser une garde d'enfants,
01:02:02 ça permettait de passer du temps, de les accompagner au sport
01:02:04 et ensuite de revenir au travail. Et une fois qu'on leur a
01:02:06 enlevé ça, cette capacité
01:02:08 à concilier une vie professionnelle et une vie personnelle,
01:02:10 le seuil de tolérance à d'autres difficultés
01:02:12 comme les mauvais rapports
01:02:14 avec la chef-caisse ou la
01:02:16 polyvalence avec le fait de devoir
01:02:18 aussi aller décharger
01:02:20 des palettes, c'était plus
01:02:22 toléré de la même manière. Voilà, je vous remercie
01:02:24 beaucoup. Oui ?
01:02:26 Le voice-picking...
01:02:28 Alors, le voice-picking...
01:02:30 Oui, non, mais...
01:02:32 C'est quelque chose qui...
01:02:34 C'est mon jugement de valeur, ça ne me concerne qu'à moi,
01:02:36 mais qui est très déshumanisant. En fait,
01:02:38 vous avez un casque sur les oreilles et vous avez une voix
01:02:40 robotisée qui vous dit
01:02:42 des numéros toute la journée, en fait.
01:02:44 Qui vous dit d'aller dans l'allée A, prendre
01:02:46 un certain nombre de colis, donc on vous dit "allée A,
01:02:48 2". Et puis, en fait,
01:02:50 vous, vous devez répondre en boucle "OK", pour montrer
01:02:52 que vous avez bien compris la consigne et qu'ensuite
01:02:54 vous avez fait ce qu'on vous demandait de faire.
01:02:56 Donc, toute la journée, vous entendez des chiffres et vous répondez
01:02:58 "OK, OK, OK, OK". Voilà.
01:03:00 Et bon, c'est une façon de
01:03:02 transmettre des consignes qui fait gagner beaucoup de temps,
01:03:04 mais...
01:03:06 Merci beaucoup, Madame Chevassu,
01:03:10 pour cet exposé très complet.
01:03:12 Et donc, je vais me tourner vers la dernière
01:03:14 intervenante, qui est Alice
01:03:16 de Maximi, fondatrice du collectif
01:03:18 Femmes de Santé, premier collectif
01:03:20 pluriprofessionnel de femmes, qui ont
01:03:22 une activité dans le secteur de la santé,
01:03:24 qui a récemment fait des propositions
01:03:26 en matière de santé des femmes
01:03:28 au travail, dans ce secteur.
01:03:30 À vous, Madame. Je vous remercie,
01:03:32 mesdames les signatrices,
01:03:34 et merci de me donner l'opportunité
01:03:36 d'être la voix de ce collectif
01:03:38 qui compte 2700 membres,
01:03:40 qu'on soit du secteur public
01:03:42 ou du secteur privé de la santé, de l'industrie,
01:03:44 ou qu'on soit aide-soignante,
01:03:46 on peut parler avec une directrice
01:03:48 de laboratoire pharmaceutique,
01:03:50 quand on est secrétaire médicale dans ce collectif,
01:03:52 c'est important pour nous. On a 50 hommes
01:03:54 dans le collectif, qui est ouvert aux hommes
01:03:56 parce qu'on ne rétablit pas une inégalité de genre
01:03:58 en en créant une autre. Et la genèse du collectif,
01:04:00 c'est un rapport du CSA qui a épinglé la santé
01:04:02 et qui présente les femmes uniquement comme mères
01:04:04 d'enfants malades
01:04:06 et pas des postes d'expertes.
01:04:08 Et c'est tout à fait la genèse du collectif.
01:04:10 Le collectif,
01:04:12 il a comme mission de construire
01:04:14 un système de santé plus juste, plus
01:04:16 équitable et plus égalitaire, et de faire avancer
01:04:18 la santé par l'intelligence collective
01:04:20 pluridisciplinaire.
01:04:22 Grâce à la sororité,
01:04:24 j'ajoute qu'en tant qu'actrice de santé publique,
01:04:26 à l'origine, pendant plus de 15 ans, voire 20,
01:04:28 et maintenant startupeuse,
01:04:30 un tel collectif n'existe pas.
01:04:32 La santé,
01:04:34 elle est cloisonnée au niveau du secteur public
01:04:36 et du secteur privé, qui se déteste,
01:04:38 il faut être franche, parce que c'est la vérité.
01:04:40 Et de l'autre, elle est cloisonnée
01:04:42 à cause d'une hiérarchie sclérosante
01:04:44 qui pèse aussi sur les conditions de travail
01:04:46 de tous, et notamment des femmes.
01:04:48 Et elle est aussi
01:04:50 cloisonnée par les secteurs d'activité
01:04:52 tant le champ est large.
01:04:54 Et donc c'est le seul collectif qui a
01:04:56 explosé ces cloisons-là.
01:04:58 Du coup, l'approche que je vais avoir ne va pas du tout être celle
01:05:00 que vous avez eue jusqu'à maintenant, puisqu'on décloisonne
01:05:02 systématiquement, et on dézoome systématiquement
01:05:04 dans ce collectif.
01:05:06 Il est porté par la startupe
01:05:08 Hkind, il n'a pas un statut
01:05:10 associatif, mais ses orientations
01:05:12 stratégiques, éthiques, opérationnelles
01:05:14 sont toutes discutées
01:05:16 en comités d'organisation qui regroupent
01:05:18 des femmes de santé de tous les secteurs.
01:05:20 Et un système de sondage en ligne permet
01:05:22 de définir les thématiques de nos travaux.
01:05:24 Donc en fait, ça fonctionne de manière
01:05:26 plutôt démocratique.
01:05:28 Avant d'aborder le point
01:05:30 fort, c'est-à-dire les travaux du collectif,
01:05:32 je souhaite retirer votre attention sur
01:05:34 deux enjeux de santé au travail
01:05:36 que j'ai pu percevoir, ou qui m'ont
01:05:38 été reportés par les membres du collectif.
01:05:40 Donc là, je ne fais pas un écho
01:05:42 de travaux basés sur des faits, mais sur
01:05:44 des témoignages
01:05:46 qui ont pu remonter.
01:05:48 Les femmes victimes de violences intrafamiliales
01:05:50 représenteraient 10% des salariés
01:05:52 EES, et
01:05:54 les repérer et les aider au travail
01:05:56 est en faveur de leur santé
01:05:58 mentale.
01:06:00 Les hôpitaux ont une obligation de faire
01:06:02 des plans d'égalité. Un des hôpitaux
01:06:04 a créé tout un système d'accueil
01:06:06 des femmes victimes de violences salariées,
01:06:08 et a permis de les remettre
01:06:10 dans l'emploi alors qu'elles
01:06:12 étaient toutes en arrêt maladie.
01:06:14 Les remarques sexistes,
01:06:16 toujours dans ce volet-là, les remarques sexistes
01:06:18 dans le secteur de la santé sont légion.
01:06:20 Maintenant, avec la nouvelle loi,
01:06:22 beaucoup d'entre elles sont considérées
01:06:24 comme du harcèlement.
01:06:26 C'est extrêmement fréquent, et c'est
01:06:28 dû aussi à un cloisonnement
01:06:30 au niveau de la hiérarchie de qui commande
01:06:32 dans ce secteur-là. C'est-à-dire que
01:06:34 notamment dans le public, les directeurs d'hôpitaux
01:06:36 ne sont, entre guillemets, pardon de le dire aussi crûment,
01:06:38 pas les chefs des médecins et des pôles soignants.
01:06:40 Du coup, c'est un peu compliqué.
01:06:42 C'est un peu le système de l'éducation nationale pour les collèges.
01:06:44 Les patrons ne sont pas
01:06:46 les directeurs d'hôpitaux.
01:06:48 Du coup, ça crée vraiment des vrais enjeux
01:06:50 où quand ils veulent installer une politique
01:06:52 claire, soit en santé,
01:06:54 soit en RH, ils ne peuvent pas
01:06:56 si la CME
01:06:58 ne passe pas, et s'il n'y a pas
01:07:00 une volonté des soignants dessus.
01:07:02 Ça, c'était pour le premier point, un peu pour faire
01:07:04 un volet sur ce qui se passe.
01:07:06 Et puis le deuxième, c'est pas de chez nous,
01:07:08 mais je me fais écho, et si vous les auditionnez,
01:07:10 je me tais tout de suite.
01:07:12 Je ne peux pas vous donner
01:07:14 le document, puisqu'il m'a été donné
01:07:16 de façon officielle,
01:07:18 mais non diffusable.
01:07:20 La Fondation de la MNH,
01:07:22 la Mutuelle Nationale
01:07:24 des Hospitaliers, a fait une revue de la littérature
01:07:26 internationale
01:07:28 sur, justement, ce qui se passait
01:07:30 de la santé de la femme dans le secteur professionnel
01:07:32 de la santé, donc la santé des professionnels de santé.
01:07:34 Il ressort, effectivement, qu'il y a
01:07:36 d'énormes enjeux de santé reproductif
01:07:38 et sexuelle, des problèmes de la
01:07:40 grossesse. Alors les problèmes de la grossesse, ils sont dus
01:07:42 effectivement à un taux de fausse couche supérieur à la moyenne.
01:07:44 Mais il y a un autre enjeu aussi qui ressort,
01:07:46 c'est qu'en fait, comme on a du
01:07:48 mal à recruter des soignants dans le secteur hospitalier
01:07:50 privé ou public, l'annonce
01:07:52 d'une grossesse est un vrai problème, puisque le poste n'est pas
01:07:54 remplacé. Donc vous imaginez bien que
01:07:56 du coup, les conséquences, et là, je vous parle
01:07:58 de statistiques, pour le coup, pas de choses qui m'ont été
01:08:00 reportées, sont que, par exemple, les femmes internes
01:08:02 ne font pas d'enfants, puisque leur stage est
01:08:04 reporté, donc elles perdent en ancienneté
01:08:06 et elles travaillent vraiment à un poste
01:08:08 plus tard, et même les femmes
01:08:10 reculent leur
01:08:12 moment de maternité, voire
01:08:14 ne font pas d'enfants. Donc c'est un point important
01:08:16 parce que, et c'est
01:08:18 dû aussi, c'est vrai, à une perception de
01:08:20 ce qu'est le fait d'avoir un enfant, mais c'est
01:08:22 surtout dû au fait que, comme les postes ne sont
01:08:24 pas remplacés, une personne qui
01:08:26 part en congé de maternité, ça crée un trouble
01:08:28 dans le service qui est déjà hyper tendu.
01:08:30 Voilà, donc ça,
01:08:32 je vous invite vraiment à
01:08:34 je peux demander à vous
01:08:36 fournir cette étude de la MNH,
01:08:38 je pense que c'est extrêmement intéressant,
01:08:40 parce qu'elle a été faite au niveau international, elle montre
01:08:42 vraiment ce qui se passe. Là où il y a un gap
01:08:44 dans ce genre d'études,
01:08:46 et dans toutes les études qui ont été faites,
01:08:48 c'est qu'on a complètement oublié les aides-soignantes,
01:08:50 et l'autre endroit
01:08:52 où il y a un gap, c'est qu'on oublie
01:08:54 toujours, parce qu'elles ne sont pas des
01:08:56 employées, à proprement dit, de
01:08:58 l'hôpital, mais qu'elles sont payées par des prestataires
01:09:00 de services en contrat. Ce sont les femmes
01:09:02 qui apportent les plateaux et qui font le ménage à l'hôpital.
01:09:04 Et elles, elles ont des conditions de travail
01:09:06 déplorables, mais on n'en parle jamais,
01:09:08 et leur profession est au moins à 95%
01:09:10 féminine. Donc juste,
01:09:12 j'attire votre attention, on a zéro donné là-dessus.
01:09:14 Alors, un petit préambule
01:09:18 avant de parler des travaux, on parle
01:09:20 beaucoup de discrimination,
01:09:22 on parle de discrimination positive,
01:09:24 juste pour rappeler qu'en anglais, on parle
01:09:26 d'affirmative action,
01:09:28 ce n'est pas du tout la même perception.
01:09:30 La discrimination positive,
01:09:32 le terme discrimination serait peut-être à enlever
01:09:34 de ce point-là. En santé,
01:09:36 on parle d'équité,
01:09:38 pour plein de raisons, et ça c'est acté,
01:09:40 en tout cas, par toutes les personnes qui
01:09:42 oeuvrent dans la santé et qui travaillent
01:09:44 sur la santé de la femme.
01:09:46 En décembre dernier, on a organisé
01:09:48 des états généraux des femmes de santé,
01:09:50 où il y avait plusieurs centaines de personnes.
01:09:52 Les états généraux
01:09:54 chez nous ont comme objectif de trouver des solutions
01:09:56 utiles, pratiques et concrètes à de grands enjeux
01:09:58 de santé, et cette année, le thème choisi
01:10:00 était la santé de la femme. L'année
01:10:02 dernière, je ne résiste pas au fait de vous le dire,
01:10:04 c'était la place
01:10:06 de la femme dans le secteur professionnel
01:10:08 de la santé. Vous imaginez qu'on a
01:10:10 trouvé énormément de solutions, qu'on a identifié
01:10:12 énormément d'enjeux. Je vous en parle
01:10:14 quand vous voulez.
01:10:16 Un petit rappel méthodologique sur ces états généraux,
01:10:18 d'abord, on fait une revue de la littérature
01:10:20 grise française, c'est-à-dire les études
01:10:22 qui ont été publiées et qu'on peut trouver en ligne.
01:10:24 On en extrait
01:10:26 les problématiques qui existent,
01:10:28 on les présente aux femmes de santé
01:10:30 et les femmes de santé identifient avec nous
01:10:32 des grands enjeux sur lesquels elles veulent travailler
01:10:34 qui répondent au panorama qu'on leur a
01:10:36 fait à cette synthèse de la revue
01:10:38 de la littérature.
01:10:40 14 ateliers collaboratifs ont été créés,
01:10:42 l'événement a eu lieu le 9 décembre, 30 solutions
01:10:44 ont été proposées et données
01:10:46 au cabinet ministériel de la santé, de l'égalité
01:10:48 et de la fonction publique,
01:10:50 et une lettre ouverte au pouvoir public
01:10:52 signée par 700 personnes
01:10:54 a été écrite pour
01:10:56 créer un
01:10:58 Institut national santé de la femme
01:11:00 qui serait public, privé à but lucratif
01:11:02 et privé à but non lucratif,
01:11:04 on est en train de s'accrocher pour trouver
01:11:06 la structure juridique qu'il porte,
01:11:08 qui aurait comme objectif de porter
01:11:10 une stratégie nationale
01:11:12 santé de la femme qui n'existe pas.
01:11:14 Et ça nous a paru
01:11:16 absolument incroyable que ça n'existe pas.
01:11:20 A noter aussi,
01:11:22 il n'existe pas de parcours de santé
01:11:24 de la femme en dehors de
01:11:26 la maternité, du cancer du col et du cancer
01:11:28 du sein. Il n'y en a pas.
01:11:30 On parle de parcours de santé, le parcours
01:11:32 de santé c'est la prévention,
01:11:34 le soin, le post-soin.
01:11:36 C'est l'ensemble de ce qui concerne la santé
01:11:38 de la femme. Alors on l'a travaillé
01:11:40 le jour des états généraux,
01:11:42 je vous en parlerai une autre fois éventuellement, mais à titre
01:11:44 d'exemple concret, saviez-vous que
01:11:46 les petites filles sont traitées plusieurs années
01:11:48 après les petits garçons quand elles ont un retard
01:11:50 de croissance ?
01:11:52 De croissance.
01:11:54 Et on sait
01:11:56 qu'il est important de donner les hormones de croissance au bon
01:11:58 moment. Ça c'est un exemple
01:12:00 tout à fait concret de ce qui se passe actuellement dans la santé.
01:12:02 On n'avait pas du tout,
01:12:04 du tout, du tout, perçu ça
01:12:06 avant de faire cette étude, cette
01:12:08 revue de la littérature. Pas du tout.
01:12:10 On avait des échos et les femmes de santé nous demandaient
01:12:12 de travailler dessus et on ne s'était pas posé
01:12:14 la question du tout. Et on a découvert qu'il y avait
01:12:16 tellement de trous dans la raquette,
01:12:18 il y avait tellement d'inégalités, il y avait tellement de choses qui n'avaient
01:12:20 pas été faites, qu'on n'a
01:12:22 pas été capable de se dire
01:12:24 mais sur quel sujet on va travailler ?
01:12:26 Et du coup on a organisé un atelier
01:12:28 qui avait comme objectif de réfléchir à quel
01:12:30 sujet on allait travailler dans ces états généraux.
01:12:32 Le thème des états généraux,
01:12:34 précis, et inégalité
01:12:36 de santé chez les femmes, brisait les paradigmes, mais
01:12:38 proposait une approche positive. Vous allez comprendre
01:12:40 pourquoi très vite. Ce qui est ressorti
01:12:42 de cette synthèse que je peux
01:12:44 vous envoyer, c'est que si on n'a
01:12:46 pas compris que tout tourne autour de la charge
01:12:48 mentale des femmes, du sexisme intégré,
01:12:50 des tabous et des biais genrés, alors on n'a
01:12:52 pas du tout compris ce qui se passe dans la santé de la femme.
01:12:54 Et c'est ça qu'on a identifié.
01:12:56 Et on a pu démontrer par
01:12:58 les études que la charge mentale est responsable
01:13:00 1) de l'accès aux
01:13:02 soins et de l'accès à la prévention. Or,
01:13:04 si on parle de prévention,
01:13:06 les préventions, tout ce qu'on
01:13:08 propose, je viens de l'INPES,
01:13:10 juste pour préciser, donc je suis une
01:13:12 fan de prévention. Et pendant des années,
01:13:14 je me suis moi la première fourvoyée,
01:13:16 tout ce que nous proposons en prévention,
01:13:18 notamment pour les femmes, alourdit la charge mentale.
01:13:20 Donc elles ne vont pas dans la
01:13:22 prévention, puisqu'on leur propose une prévention
01:13:24 qui alourdit la charge mentale.
01:13:26 Et donc, on
01:13:28 tourne en rond, en fait, dans ce circuit de prévention.
01:13:30 Et c'est ça qu'on a découvert.
01:13:32 On a découvert ça, pourquoi ? Parce qu'il y a ne serait-ce
01:13:34 que 3 ans, même si à la date de 1985,
01:13:36 on parlait à peine de charge mentale,
01:13:38 encore moins de charge mentale dite médicale
01:13:40 maintenant, qui est en gros que la femme,
01:13:42 si elle a une famille, va penser au rendez-vous
01:13:44 de tout le monde, sauf des siens, et donc elle ne va pas aller
01:13:46 faire ses dépistages et autres.
01:13:48 D'autant plus qu'en plus, derrière,
01:13:50 on parle de, si son dépistage
01:13:52 est positif et qu'elle a un cancer,
01:13:54 on va parler de cancer évitable, car
01:13:56 pour pouvoir dépister tôt, vous imaginez
01:13:58 le poids de l'accubabilité des femmes, d'avoir un cancer
01:14:00 évitable, parce qu'elle n'est pas allée se faire
01:14:02 dépister à temps. Donc voilà. Donc ça, c'est
01:14:04 juste un peu ce qui se passe, un peu,
01:14:06 et c'est ce qu'on a trouvé. Donc je vais avancer
01:14:08 un peu. Les freins, donc, à cette
01:14:10 prise en charge, en fait, d'être bien soignée
01:14:12 ou de prendre soin de sa santé sont
01:14:14 en deuxième position à la charge mentale.
01:14:16 En première, l'argent.
01:14:18 L'argent, et on sait que les femmes sont
01:14:20 plus précaires, etc., etc., donc je ne reviens
01:14:22 pas sur ces démonstrations-là. Donc ce sont
01:14:24 les deux points. On s'est retrouvés face à ça,
01:14:26 avec cette notion de tabou qui revenait toujours
01:14:28 en fond, toujours et encore,
01:14:30 avec cette notion de banalisation des symptômes,
01:14:32 avec cette notion de maladie totalement
01:14:34 inconnue de tous, avec
01:14:36 cette notion de maladies mixtes,
01:14:38 mais qui ont des spécificités féminines.
01:14:40 Et on s'est dit "mais qu'est-ce qu'on fait ?
01:14:42 Qu'est-ce qu'on fait de ça ?" On a décidé
01:14:44 de travailler en amont des états généraux,
01:14:46 sur deux grands ateliers, faire en sorte que les
01:14:48 préventions, les préventions
01:14:50 primaires, secondaires et tertiaires,
01:14:52 ne soient pas perçues comme des contraintes
01:14:54 supplémentaires, mais un moyen de lever la charge mentale
01:14:56 des femmes. Quelque chose
01:14:58 qui n'a jamais été fait dans la santé,
01:15:00 jamais été pensé comme ça. On s'est
01:15:02 dit objectivement, on va le dire,
01:15:04 notre femme, qu'on était un peu folle
01:15:06 de partir là-dessus, qu'on n'y arriverait
01:15:08 jamais, et pourtant on l'a fait.
01:15:10 Et le deuxième point, c'est la littératie en santé,
01:15:12 ou comment donner la bonne info, le bon choix
01:15:14 au bon moment, d'autres termes, comment
01:15:16 lever les tabous autour de la femme,
01:15:18 la charge mentale. Et je vais en venir à l'enjeu
01:15:20 du travail.
01:15:22 30 solutions, donc, et je vais vous en citer
01:15:24 quelques-unes. En préalable, juste la charge
01:15:26 mentale, la grande confusion entre la
01:15:28 charge mentale et la santé mentale, on l'a
01:15:30 eue, on l'a eue, pour plein de raisons,
01:15:32 donc on parlait parfois de santé mentale, parfois
01:15:34 de charge mentale. Les deux sont intimement
01:15:36 liés, en fait, et Covid,
01:15:38 pour ne pas le citer, puisque vous nous posez la question,
01:15:40 a démontré, et on le sait,
01:15:42 et a alourdi, en fait,
01:15:44 a alourdi la charge mentale des femmes,
01:15:46 mais a aussi, indirectement, puisque
01:15:48 on a vu déjà dans les
01:15:50 discours
01:15:52 tout à l'heure, qu'il y avait
01:15:54 une différence
01:15:56 entre les hommes et les femmes, qui a été montrée dans
01:15:58 une étude, notamment
01:16:00 d'une étude suisse, qu'on n'avait pas
01:16:02 du tout la même façon de percevoir
01:16:04 nos risques,
01:16:06 le traitement
01:16:08 et l'interprétation du stress n'est pas la même.
01:16:10 Là, je parle d'études, hein, voilà.
01:16:12 Les convictions de
01:16:14 pouvoir maîtriser son
01:16:16 existence, elle est moins
01:16:18 marquée, cette conviction, chez les
01:16:20 femmes, et en plus,
01:16:22 on ajoute à ça de plus faibles revenus,
01:16:24 donc c'est compliqué, plus pour les
01:16:26 femmes que pour les hommes, c'est comme ça,
01:16:28 et la perte de l'identité du rôle
01:16:30 sexuel, on en parle trop peu,
01:16:32 l'infertilité, la
01:16:34 ménopause, les expériences d'avortement,
01:16:36 tout ça, font que, en fait,
01:16:38 on a plus de vulnérabilité
01:16:40 à ce niveau-là,
01:16:42 et donc, si on ajoute à ça la charge mentale,
01:16:44 et bien là, on passe du côté santé mentale.
01:16:46 Donc, c'est tout cet enjeu,
01:16:48 donc on ne peut pas faire fi
01:16:50 de la charge mentale en santé publique, en fait.
01:16:52 Mais jusqu'à présent,
01:16:54 rien, rien, rien
01:16:56 n'a été pris en compte en santé publique
01:16:58 dans les dispositifs de prévention,
01:17:00 concernant la charge mentale, à part sans doute pour la médecine
01:17:02 du travail, vous vous en tenez compte, mais dans le
01:17:04 quotidien et dans l'ensemble des politiques publiques,
01:17:06 la charge mentale, elle passe à l'as.
01:17:08 Il n'y a pas un seul indicateur de charge mentale
01:17:10 dans tous les dispositifs qu'on propose.
01:17:12 Du coup, on a fait
01:17:14 plusieurs recommandations, je vous
01:17:16 cite au niveau de la charge mentale, une recommandation
01:17:18 qui concerne les employeurs, donc nous allons
01:17:20 dans le milieu du travail, et je vais parler, et pardon,
01:17:22 la médecine du travail, donc je suis très heureuse de vous rencontrer,
01:17:24 Madame, parce qu'on a des choses à discuter.
01:17:26 Nous proposons
01:17:28 que les préventions soient mises en place
01:17:30 sur le temps de travail, voire organisées par
01:17:32 les employeurs.
01:17:34 Et tous les employeurs qui ont été
01:17:36 aux états généraux étaient d'accord, et certains le font
01:17:38 déjà, certains ont une journée de congé dédiée
01:17:40 à la prévention.
01:17:42 Voilà, comme ça, au moins c'est clair, c'est cadré.
01:17:44 En d'autres termes, d'accorder du temps de santé
01:17:46 prévention dans les accords
01:17:48 des salariés, et faire venir
01:17:50 les préventions
01:17:52 aux femmes. Donc soit on accorde
01:17:54 une journée, soit on prend les rendez-vous,
01:17:56 parfois les femmes ne veulent pas, c'est pas toujours si simple,
01:17:58 soit on fait venir des gens sur le milieu du travail
01:18:00 pour faire des campagnes de vaccination, par exemple.
01:18:02 Donc ça, c'est
01:18:04 un des points qu'on a mis en place.
01:18:06 Au même titre qu'il existe des référents
01:18:08 égalité, il faudrait
01:18:10 des référents prévention.
01:18:12 Voilà, dans les
01:18:14 entreprises. Donc on a réussi à le faire
01:18:16 pour l'égalité, on pourrait très bien le faire pour la santé.
01:18:18 Là, on s'est focusé
01:18:20 sur la santé de la femme. Certes, vous vous doutez
01:18:22 bien que ce genre de propositions
01:18:24 sont mixtes, bien sûr,
01:18:26 et bénéficient à tous.
01:18:28 La prévention
01:18:30 des récidives après une
01:18:32 longue maladie, et après
01:18:34 un congé maternité compliqué
01:18:36 est aussi une des demandes que l'on
01:18:38 a faites pour les employeurs.
01:18:40 Qu'il y ait quelque chose, vraiment, de demandé
01:18:42 et de mis en place dans ce cadre-là.
01:18:44 Un retour de maternité compliqué,
01:18:46 c'est compliqué.
01:18:48 Et c'est sur le dos de la femme.
01:18:50 Voilà, c'est dans les
01:18:52 statistiques, et c'est même pas une question d'opinion.
01:18:54 Afin d'inciter les
01:18:56 employeurs à tenir compte de la singularité
01:18:58 féminine dans la santé, là, il y a tout un
01:19:00 levier qui est complexe.
01:19:02 Un employeur qui parle de la santé des
01:19:04 femmes, c'est tellement tabou que les femmes
01:19:06 qui prônent l'égalité ne veulent parfois pas en entendre
01:19:08 parler. Et en même temps,
01:19:10 il le faut, parce qu'il y a une singularité
01:19:12 de la femme dans la santé. Et c'est
01:19:14 toute cette ambiguïté autour de la parole
01:19:16 qu'on met dans les entreprises, avec le rôle
01:19:18 de l'employeur qui doit être
01:19:20 travaillé, discuté,
01:19:22 et pour lequel on a un besoin
01:19:24 vraiment de coopération.
01:19:26 En ce qui concerne
01:19:28 des demandes que nous avions en direction
01:19:30 des pouvoirs publics, en pensant que c'était
01:19:32 plutôt de l'ordre des pouvoirs
01:19:34 publics, il est nécessaire
01:19:36 de mettre en place une macro-étude
01:19:38 économique
01:19:40 qui montre le bénéfice des
01:19:42 préventions au sein de l'entreprise
01:19:44 par rapport au fait de ne pas le faire
01:19:46 avec une entreprise pilote.
01:19:48 Il y a un moment, il faut quand même
01:19:50 regarder les choses en face. On ne va pas
01:19:52 dans la prévention quand on est employeur parce qu'on a peur
01:19:54 que ça coûte de l'argent, sauf qu'en fait
01:19:56 le bénéfice, il est réel. On le sait,
01:19:58 on en entend parler, tout le monde le dit,
01:20:00 sauf qu'il n'y a jamais eu une étude économique qui
01:20:02 l'a prouvé. Il y a les moyens,
01:20:04 on a la méthode, on sait faire
01:20:06 les études macro-économiques, il faut juste les
01:20:08 mettre en place. Une fois qu'on a montré
01:20:10 que c'est efficace et que c'est une économie que pour
01:20:12 l'entreprise, déjà on a un argument
01:20:14 qui contre la performance,
01:20:16 cet argument qui est tant remonté
01:20:18 pour dire "mais vous vous trompez".
01:20:20 Ensuite,
01:20:22 clarifier le rôle et les missions de la médecine
01:20:24 du travail mériterait d'être
01:20:26 mis en place. On sait qu'il y a des guerres
01:20:28 entre les groupes
01:20:30 de médecine, disons-le clairement.
01:20:32 Et il y a notamment,
01:20:34 vous le savez, les trois rendez-vous de prévention
01:20:36 qui ne sont pas des consultations,
01:20:38 qui sont des rendez-vous de prévention qui peuvent donner
01:20:40 lieu à une consultation.
01:20:42 Quel est le rôle de la médecine du travail dans ces
01:20:44 trois rendez-vous de prévention ?
01:20:46 On sait que pour l'instant, les moyens pour les
01:20:48 mettre en œuvre, les médecins sont déjà
01:20:50 noyés, les gens sur le terrain sont
01:20:52 déjà noyés. Quel est le rôle de la médecine de la prévention
01:20:54 là-dessus ? La médecine du travail,
01:20:56 pardon, c'est un lapsus,
01:20:58 mais elles auraient son jeu à jouer.
01:21:00 Et puis, on parle beaucoup de la femme au travail.
01:21:02 On a oublié ici, on y a pensé,
01:21:04 les femmes qui ne travaillent pas.
01:21:06 Les femmes qui ne travaillent pas,
01:21:08 elles ne vont pas non plus dans la santé.
01:21:10 Elles n'y vont pas parce que du coup, elles ne peuvent
01:21:12 pas y aller parce qu'en général, si elles ne travaillent pas,
01:21:14 c'est qu'elles s'occupent de leurs enfants. Et que quand elles ont
01:21:16 des rendez-vous de prévention, elles n'y vont pas non plus.
01:21:18 Et donc, il serait bien que
01:21:20 la CAF organise un système
01:21:22 pour qu'elles puissent aller faire leurs examens quand
01:21:24 elles doivent le faire.
01:21:26 On les oublie souvent.
01:21:28 Enfin, on demande
01:21:30 que dans toutes les politiques publiques,
01:21:32 dans toutes les politiques
01:21:34 de prévention, il y a un indicateur charge mentale.
01:21:36 C'est-à-dire que
01:21:38 quand on pense un système de prévention,
01:21:40 quand on pense une campagne de prévention, quand on pense un dispositif
01:21:42 de prévention, on pense à un indicateur
01:21:44 charge mentale. Qu'est-ce qu'on fait ?
01:21:46 Est-ce que ce que je propose va encore
01:21:48 abondir la charge mentale ou pas ?
01:21:50 Et si oui, ça veut dire que je vais proposer quelque chose
01:21:52 avec énormément de trous dans la raquette et qu'une bonne partie
01:21:54 des femmes n'iront pas dans cette prévention.
01:21:56 Le deuxième atelier,
01:21:58 j'en ai fini avec ces recommandations-là et après,
01:22:00 je vais juste rebondir sur la lettre ouverte
01:22:02 et après, j'en aurai fini.
01:22:04 On demande pour libérer ces tabous.
01:22:06 La bonne information au bon moment,
01:22:08 pour le bon choix. On sait maintenant
01:22:10 que la plupart des femmes qui ont un cancer
01:22:12 comprennent absolument rien à leur maladie
01:22:14 et que celles qui ont un traitement ne comprennent pas leur traitement.
01:22:16 Et on sait aussi qu'aucun médecin,
01:22:18 quasiment, ça c'est les rapports
01:22:20 des femmes de santé. Alors, effectivement,
01:22:22 je suis caricaturale. Ce n'est pas aucune
01:22:24 et ce n'est pas très peu, mais beaucoup.
01:22:26 Et les associations de patientes reçoivent
01:22:28 des patientes qui ne comprennent pas leur maladie.
01:22:30 On va le dire comme ça, c'est plus juste.
01:22:32 On ne leur pose pas la question
01:22:34 dans le cadre du soin,
01:22:36 qu'avez-vous compris de votre maladie ?
01:22:38 On ne leur pose pas la question
01:22:40 dans le cadre du soin, qu'avez-vous pensé
01:22:42 de votre traitement ? Donc la reformulation n'est pas proposée.
01:22:44 J'insiste là-dessus.
01:22:46 C'était juste une parenthèse
01:22:48 sur la santé de la femme.
01:22:50 Ce qu'on propose, nous,
01:22:52 c'est dans ce cadre-là, mais ce n'est pas dans le travail,
01:22:54 c'est qu'il y ait une campagne de communication
01:22:56 pour prendre conscience
01:22:58 à toutes et à tous
01:23:00 de ce que sont les tabous
01:23:02 autour de la santé de la femme pour pouvoir les libérer dans le travail,
01:23:04 pour pouvoir les libérer
01:23:06 dans le cadre des soins
01:23:08 et pour pouvoir les libérer pour les hommes.
01:23:10 Donc dans ce cadre-là,
01:23:12 la libération des tabous, on la souhaite pionnière
01:23:14 chez les femmes et ce serait une campagne
01:23:16 de communication
01:23:18 qui montrerait
01:23:20 des symptômes tabous
01:23:22 chez les femmes, qui en parlent entre elles
01:23:24 et qui dirait "ben non, c'est pas normal".
01:23:26 En d'autres termes,
01:23:28 je viens d'éterniver, je viens de me faire pipi dessus,
01:23:30 c'est normal dans la famille,
01:23:32 tout le monde se pisse dessus, ben non, c'est pas normal.
01:23:34 Voilà, ça c'est un exemple de tabou le moins,
01:23:36 le plus facile à dire
01:23:38 et je n'évoquerai pas les autres.
01:23:40 Pour finir,
01:23:42 cette lettre ouverte qui souhaite une stratégie nationale,
01:23:44 dans cette stratégie nationale,
01:23:46 doivent participer
01:23:48 l'ensemble des acteurs
01:23:50 de la société.
01:23:52 On a tendance, et ça c'est une demande des femmes
01:23:54 de santé, à dire
01:23:56 que quand on travaille de la santé,
01:23:58 on va inviter des associations de patients,
01:24:00 déjà c'est mieux qu'avant,
01:24:02 on va inviter les autorités de santé,
01:24:04 on va inviter des soignants,
01:24:06 mais on va zapper complètement
01:24:08 et définitivement les employeurs,
01:24:10 mais même des employeurs qui ne sont pas du secteur,
01:24:12 des employeurs de l'industrie,
01:24:14 des employeurs
01:24:16 de n'importe quel secteur
01:24:18 de la non-santé.
01:24:20 Ils doivent être partie prenante
01:24:22 dans une stratégie nationale santé de la femme.
01:24:24 Pourquoi ?
01:24:26 Parce que les femmes représentent
01:24:28 50% de la population,
01:24:30 parce que la banalisation
01:24:32 des manifestations cliniques demeure,
01:24:34 parce que les biais genrés
01:24:36 et dans les prises en charge demeurent,
01:24:38 parce que la charge mentale
01:24:40 pèse sur les femmes, parce qu'on sait désormais
01:24:42 que les maladies mixtes ne s'expriment pas
01:24:44 de la même façon chez les deux,
01:24:46 parce que beaucoup de femmes
01:24:48 dont leurs paroles ne sont pas
01:24:50 entendues et leurs paroles
01:24:52 sont complètement minorées,
01:24:54 parce que les errances diagnostiques sont trop nombreuses,
01:24:56 parce que la recherche épidémio, les données récoltées,
01:24:58 les essais cliniques ne sont pas genrés.
01:25:00 On l'a vu sur d'autres secteurs,
01:25:02 on l'a vu dans le cadre de la
01:25:04 santé au travail, mais ce n'est pas que là-dedans.
01:25:06 Les recherches épidémio sont pas
01:25:08 genrées quand même dans la plupart des cas.
01:25:10 On les a, les statistiques. Et de dire que c'est
01:25:12 compliqué de genrer, on a les stats.
01:25:14 Ou alors maintenant on peut juste demander
01:25:16 une croix de genre dans l'ensemble
01:25:18 des questionnaires qu'on fait, c'est pas insurmontable.
01:25:20 Les spécialistes de la santé de la femme sont aussi
01:25:22 trop peu nombreux, les tabous, on l'a vu,
01:25:24 demeurent.
01:25:26 On sait désormais aussi
01:25:28 que l'ensemble de ces
01:25:30 points-là sont essentiels.
01:25:32 Les biais genrés inconscients
01:25:34 dans tous les secteurs professionnels
01:25:36 sont présents.
01:25:38 La caricature des femmes est présente.
01:25:40 La recherche
01:25:42 de la santé de la femme prise dans sa globalité
01:25:44 n'existe pas et n'a jamais été
01:25:46 abordée.
01:25:48 On plane complet, en fait,
01:25:50 et c'est ce dont se sont
01:25:52 aperçus l'ensemble des femmes de santé
01:25:54 et quand je parle des femmes de santé,
01:25:56 je parle de toutes les femmes, qu'elles soient avocates
01:25:58 de la santé, start-upeuses, professeurs
01:26:00 des universités, chercheuses,
01:26:02 médecins de terrain,
01:26:04 infirmières en libéral,
01:26:06 peu importe, on s'est
01:26:08 toutes rendues compte lors de ces états généraux
01:26:10 qu'en fait, on n'avait
01:26:12 pas pensé à une santé de la femme.
01:26:16 Il n'y a pas de programme
01:26:18 national santé de la femme
01:26:20 et si on salue le programme, la stratégie nationale
01:26:22 endométriose, elle est thématisée.
01:26:24 Il y a énormément
01:26:26 d'autres symptômes féminins qui sont
01:26:28 complètement abandonnés, laissés de côté et
01:26:30 ignorés. Il n'y a pas que l'endométriose.
01:26:32 Il n'y a pas que des symptômes
01:26:34 de la sphère gynécologique.
01:26:36 La première cause de mortalité chez les femmes,
01:26:38 c'est les accidents vasculaires cérébraux.
01:26:40 Je vous remercie, j'ai été
01:26:42 un peu longue, mais j'insiste
01:26:44 vraiment sur le fait
01:26:46 que tous doivent être inclus
01:26:48 quand on parle de la santé des femmes, y compilent
01:26:50 les employeurs qui ne viennent pas du secteur de la santé.
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