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Le New York Times vient d'attaquer la Commission européenne en justice pour obtenir le contenu des sms échangés entre sa présidente, Ursula von der Lyen et le PDG de Pfizer à propos de l'achat des vaccins contre le Covid par l'UE.
Que cachent ces sms ? Décryptage de l'affaire des sms et de ses derniers développements avec la députée européenne Michèle Rivasi (Les Verts), vice-présidente de la Commission spéciale sur le Covid 19.

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Transcription
00:00 Bonjour et bienvenue dans cette rencontre depuis le Parlement européen de Strasbourg.
00:03 Nous allons parler d'un dossier qui devient de plus en plus sensible dans l'Union européenne.
00:08 Les échanges secrets de SMS entre la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen,
00:14 et le PDG de Pfizer, le groupe américain, americano, pardon, allemand,
00:21 à propos de l'achat de vaccins contre le Covid par l'Union européenne.
00:25 Michèle Révesi, bonjour.
00:26 Je rappelle que vous êtes députée européenne du groupe des Verts
00:29 et vous êtes aussi la vice-présidente de la Commission spéciale sur le Covid-19.
00:34 Et vous êtes l'une des premières à avoir attiré l'attention sur cette affaire
00:38 qui relève de pratiques commerciales pour le moins opaques, on va dire tout de suite,
00:43 au plus haut niveau de l'Union européenne.
00:44 C'est ça qui est important, au plus haut niveau de l'Union européenne.
00:47 Ce n'est pas une ou deux personnes comme ça, c'est le plus haut niveau qui est concerné.
00:50 On reviendra tout à l'heure sur l'actualité de cette affaire parce qu'il y a une actualité de cette affaire.
00:55 Mais avant, est-ce que vous pourriez nous réexpliquer un peu la base de cette affaire de SMS secret
01:01 entre la présidente de la Commission européenne et Pfizer pour l'achat, rappelons-le,
01:06 si les chiffres sont exacts, de 1,8 milliard de doses de vaccins contre le Covid.
01:11 C'est le plus gros marché de vaccins qui est passé à l'Union européenne.
01:14 Oui, autour de 35 milliards d'euros.
01:15 Donc c'est un des plus gros marchés.
01:16 C'est ça. Donc ce n'est pas une petite affaire dont on parle là.
01:19 C'est une très grosse affaire.
01:21 Mais il faut revenir un peu avant.
01:25 La crise du Covid, si vous voulez, le Covid 2019, fin 2019 en Chine,
01:33 l'OMS le déclare pandémie en janvier.
01:37 Et là, c'est le branle-ban de combat.
01:39 On n'a pas de vaccins, on n'a pas de traitement.
01:41 Donc on fait au plus vite.
01:44 Donc la décision de la Commission européenne, d'abord, c'est de dire on va faire des achats groupés.
01:49 Parce que si on ne fait pas d'achats groupés, chaque pays va vouloir négocier avec les labos
01:54 et les pays pauvres n'auront pas accès aux vaccins.
01:56 Donc ça part d'une bonne intention.
01:59 Là-dessus, il y a six contrats qui sont faits, avec donc six labos différents.
02:03 Après, il y en a trois autres.
02:05 Mais c'est Pfizer, c'est Sanofi, c'est Curevac.
02:11 Et on leur donne déjà de l'argent pour qu'ils mettent au point des vaccins.
02:15 Sachant qu'on pensait que ça prendrait plus d'un an pour mettre des vaccins.
02:20 Donc cet argent a été donné sur un budget qui a été voté par le Parlement.
02:25 Mais lorsqu'ils ont passé les contrats, de suite plusieurs parlementaires, dont moi,
02:30 ont dit "mais on veut avoir accès aux contrats, on veut savoir c'est quoi les conditions du contrat".
02:35 Pourquoi ? Parce qu'il y a déjà le prix du vaccin.
02:37 Est-ce qu'il y a un brevet ou pas de brevet ?
02:40 Est-ce qu'ils ont les capacités de fabriquer ce vaccin ?
02:44 Est-ce qu'il y a une responsabilité en cas d'effet secondaire qui prend le risque ?
02:49 Et qui va les déviser ?
02:52 Et là-dessus on nous répond "non".
02:54 C'est secret commercial, on vous le donnera à la fin des contrats.
03:00 On ne nous les a jamais donnés.
03:02 Et il a fallu d'ailleurs, pour clôturer cet épisode,
03:05 que cinq députés verts attaquent la Cour justice européenne pour avoir accès aux contrats.
03:09 – C'est ça, on en reparlera tout à l'heure, effectivement.
03:11 – Et puis au mois de mai 2021, il y a eu trois autres contrats,
03:18 dont un avec Pfizer et un des plus gros contrats.
03:21 Parce que, pour tout vous dire,
03:23 comme Pfizer faisait avec BioNTech des vaccins à ARN messager,
03:29 c'était ceux qui marchaient le mieux.
03:31 Donc tous les vaccins maintenant qui sont disponibles, c'est les vaccins à Pfizer.
03:35 – Et à l'époque c'était déjà plus de la moitié des vaccins
03:39 qui étaient achetés par l'Union européenne.
03:40 – Tout à fait, parce que les premiers contrats avec Pfizer,
03:44 c'était 200 millions de doses, plus 100 millions optionnels,
03:47 et encore un contrat de 200…
03:49 Et là c'est le troisième contrat.
03:51 Et là, on apprend par les États-Unis que des SMS ont passé
03:56 entre notre président de la Commission européenne
03:58 et M. Burlack, le directeur de Pfizer.
04:01 On leur dit "mais attendez là, il y avait un comité de pilotage,
04:06 un comité d'experts qui a décidé 1,8 milliard de doses".
04:10 Vous voyez, parce que déjà il y avait plus de 600 millions de doses
04:13 qui avaient été déjà vendues.
04:14 Pourquoi 1,8 milliard ?
04:16 Et ça a été quoi la négociation du prix ?
04:19 Et est-ce que par exemple il y a l'obligation pour les États membres d'acheter ?
04:24 Parce qu'au fur et à mesure que les choses passaient,
04:27 on s'est aperçu que Pfizer avait mis une clause en disant
04:31 "bon c'est 1,8 milliard, on les sépare en deux, 900 millions, 900 millions,
04:34 900 millions obligatoires pour acheter et 900 millions optionnels".
04:39 Mais dans les 900 millions où les États membres
04:41 avaient l'obligation de les acheter jusqu'en 2023.
04:45 Même si la situation d'urgence n'avait plus lieu.
04:48 Et on se trouve exactement dans cette situation à l'heure actuelle.
04:52 Vous voyez, à l'heure actuelle, on sait qu'il y a des négociations secrètes avec Pfizer
04:56 parce que tous les États membres ne veulent plus acheter les doses,
04:59 il n'y a plus de demande.
05:01 Donc ils disent "mais on ne va pas dépenser des milliards d'euros
05:04 pour acheter des doses qui vont être stockées et qui vont être périmées
05:07 dans les six mois ou l'un an".
05:10 Donc on a demandé l'accès à ces SMS.
05:12 La commission nous a dit…
05:13 – Ça a duré longtemps, rappelons que c'est des…
05:15 il y a eu une série de SMS et pas deux SMS.
05:17 – Ça date d'avril 2020.
05:19 Donc on demande, la commission dit non.
05:24 La médiatrice est saisie.
05:26 Et la médiatrice dit "mais enfin c'est des SMS,
05:28 c'est la même chose que des mails".
05:31 Vous voyez, c'est des documents officiels, vous devez les donner.
05:34 Et après la commission dit "on ne les trouve plus".
05:37 Alors moi je suis intervenue en pleinière pour dire "attendez, c'est quoi ça ?"
05:41 À n'importe quel voleur criminel, on retrouve les SMS par les opérateurs.
05:47 Ils sont en mémoire, donc qu'est-ce que c'est cette histoire
05:49 qu'on ne peut pas les retrouver ?
05:50 Et pourquoi ça nous pose question ?
05:52 Parce que, vous voyez, au tout début de la pandémie,
05:54 ils avaient mis en place tout un protocole, vous voyez,
05:56 ce comité de pilotage où il y avait des représentants des États membres,
06:00 ces experts qui évaluaient, vous voyez, un peu les différents types de vaccins.
06:03 Mais là, c'est carrément notre présidente qui a passé un contrat.
06:07 – Les choses se passent ailleurs en réalité.
06:09 – Les choses se passent ailleurs.
06:10 Et ça, c'est outrepassé, si vous voulez, les traités européens.
06:14 Et c'est ce que dit la médiatrice.
06:15 Elle dit là, il y a une maladministration.
06:18 Et même, elle dit récemment, il y a une obstruction de la commission européenne.
06:21 Vous voyez, c'est grave obstruction.
06:24 Là-dessus, la Cour des comptes européennes s'en mêle, mène l'enquête.
06:30 Elle demande tous les contrats.
06:32 Elle obtient tous les contrats, sauf le troisième, le plus important,
06:36 où elle dit "mais ils sont où les contrats de pré-négociation ?
06:39 Où sont ces réunions d'experts et ces réunions du comité de pilotage ?"
06:45 Donc, la Direction générale de la santé leur donne tout,
06:48 sauf qu'on n'a pas accès à ces contrats.
06:50 Et ça confirme bien que, vous voyez,
06:52 il y a eu des relations directes entre la présidente et M. Burla.
06:56 Après, on a créé la commission Covid et on a dit à M. Burla,
07:01 le directeur de Pfizer, "vous venez vous expliquer".
07:04 Il devait venir.
07:05 Au dernier moment, il envoie sa directrice commerciale qui dit
07:10 "je ne peux pas répondre à la question".
07:12 On le réinvite une nouvelle fois, il dit "je ne viens pas".
07:15 Et pourtant, il va à Davos.
07:16 Vous voyez, il a du temps pour aller à Davos,
07:18 mais pas pour les députés européens.
07:19 Donc, on a décidé de bloquer l'entrée du Parlement européen aux gens de Pfizer.
07:25 Ils n'auront plus leur badge.
07:27 Et puis, on a demandé l'audition de notre présidente de la Commission européenne,
07:33 que Mme Ursula von der Leyen vienne s'expliquer sur ces SMS.
07:36 Parce que là-dessus, il y a eu le "catergate", corruption de certains députés.
07:41 C'est ça, on va y revenir tout à l'heure.
07:43 Mais effectivement, ce n'est pas la seule affaire.
07:45 C'est surtout une affaire de haut niveau.
07:46 C'est ce qu'on disait tout à l'heure, ça ne concerne pas deux, trois députés
07:50 qui auraient eu des comportements pas très clairs.
07:54 Ça concerne quand même la présidente de la Commission européenne
07:57 dans ses rapports avec une énorme boîte sur une énorme affaire
08:00 qui est une histoire de santé mondiale.
08:03 Des tas de choses se sont jouées à ce moment-là.
08:05 – C'est des milliards et surtout qu'il y a deux jours,
08:08 c'est carrément le journal New York Times…
08:10 – On en revient à l'actu de ce dont on parlait tout à l'heure.
08:13 – Voilà, le journal américain qui, voyant qu'en Europe ça ne bougeait pas…
08:17 – Parce que c'est eux qui avaient lancé l'affaire, on est d'accord.
08:19 – Exactement.
08:20 Eh bien, ils disent "on saisit la Cour de justice européenne".
08:23 – Le New York Times.
08:24 – Moi, je voulais faire une intervention aux députés pour leur dire "attendez là,
08:28 vous imaginez, notre rôle de député européen c'est de contrôler l'exécutif.
08:34 On n'a pas accès aux documents,
08:35 on est obligés de saisir la Cour de justice européenne".
08:38 Et qui maintenant nous fait des leçons de transparence,
08:41 c'est les Américains qui nous attaquent.
08:44 Parce qu'on n'a pas accès.
08:46 Donc ça veut dire que la Commission européenne ne joue pas le jeu,
08:49 mais que les députés européens, ils doivent tout faire
08:52 pour faire en sorte à ce qu'on puisse avoir le contrôle de l'exécutif.
08:54 – Il y a quand même quelque chose d'incroyable dans le fait que ce soit
08:57 un journal américain qui porte l'affaire devant la justice.
09:04 – Et non l'accès aux documents.
09:05 – Voilà, pour non l'accès aux documents à l'intérieur de l'Union européenne,
09:08 des institutions européennes, et quelle institution ?
09:10 La Commission européenne.
09:12 Alors qu'on peut imaginer qu'il y a quand même un tas de recours possibles,
09:16 et vous en avez cité un certain nombre, qui n'ont rien donné.
09:19 – On a utilisé tous les recours, la médiatrice, la Cour…
09:21 Vous voyez, quand j'ai auditionné la Cour des comptes européenne,
09:24 je lui ai dit "Cherné, mais si vous, vous êtes la plus haute institution,
09:27 vous pouvez pas obtenir les documents, alors qui peut le faire ?"
09:31 – C'est ça. – Qui peut le faire ?
09:32 – D'autant que c'est une nouveauté, d'habitude,
09:34 on donne les documents à la Cour européenne, c'est obligatoire.
09:39 – C'est l'instant suprême, donc ça veut dire qu'il n'y a plus le respect du traité européen.
09:44 Donc c'est très grave cette affaire,
09:46 et moi en tant que députée, je ne veux pas être complice de ça.
09:48 Donc j'interpelle mes collègues en disant,
09:51 mais il faut qu'elle vienne être auditionnée,
09:54 donc elle ne nous a toujours pas dit oui,
09:55 voyez la commission Covid, et puis il faut que la commission divulgue ses documents,
10:02 parce qu'elle est en porte à faux,
10:04 c'est pas normal qu'elle fasse de la rétention d'informations,
10:07 c'est pas eux qui gouvernent,
10:09 c'est les parlementaires qui doivent contrôler la commission.
10:13 Et là ils font comme si…
10:14 – Il s'agit de l'argent public européen, enfin…
10:16 – Comment voulez-vous que des citoyens européens,
10:18 qui voient la corruption de certains députés…
10:21 Alors je dis bien de certains,
10:22 parce qu'il ne faut pas vous imaginer que tout le monde est corrompu.
10:24 C'est certains députés qui avaient des liens avec des Etats tiers.
10:27 – On parle de Qatar-Guelph là, par exemple.
10:29 – Mais peut-être avec…
10:31 on va trouver des choses avec le Maroc, avec la Serbie, enfin…
10:35 – Oui puisque l'enquête se poursuit, sérieusement en Belgique.
10:38 – Tout à fait, et ça se fait par l'extérieur.
10:42 C'est un procureur belge qui investigue au niveau des députés européens.
10:46 Maintenant, nous on dit, la commission fait pareil.
10:49 La commission ne sort pas les informations, donc nous on ne peut pas les contrôler.
10:54 Donc il y a quelque chose qui ne va pas quand même.
10:56 – Que peuvent cacher ces SMS du coup ?
10:58 Parce que cette résistance paraît incroyable.
11:02 – Moi je pense que la présidente, d'abord elle a outrepassé ses droits.
11:07 Elle ne se rend pas compte.
11:09 D'abord elle méprise aussi le Parlement européen.
11:11 Et puis elle a des connaissances,
11:15 parce que vous voyez, il y a quand même des choses troubles dans son emportement.
11:18 Elle connaissait certainement Pfizer, enfin M. Burla.
11:22 Son mari n'est pas clair non plus, parce qu'il y a des conflits d'intérêts
11:25 et même des délits d'initié.
11:28 Dans la mesure où son mari, M. Eco von der Leyen,
11:31 a un laboratoire aux États-Unis qui s'appelle Organisis.
11:35 Et il a créé des filières et des filiales, que ce soit aux Pays-Bas,
11:40 que ce soit en Belgique, que ce soit en Allemagne, en Grèce et en Italie.
11:46 Et certaines de ces filiales utilisent des fonds européens.
11:51 Non mais vous expliquez ça, on est où là ?
11:54 Nous on a interpellé la commission en disant mais,
11:56 il y a un conflit d'intérêts là, il y a même un délit d'initié.
12:00 Son mari qui utilise des fonds de relance européens,
12:03 alors qu'on a vu que ces filiales c'était des boîtes postales.
12:06 Donc déjà ça c'est pas clair.
12:08 On a une présidente qui passe directement des négo en court-circuitant tous les experts,
12:14 parce que maintenant, regardez la situation, ce sont les États membres.
12:19 Pfizer dit, il y a 500 millions de doses que vous devez acheter.
12:23 L'Italie, elle doit acheter 120 millions de doses, la France 100 millions de doses.
12:27 Il n'y a plus de besoin de doses.
12:29 On va donner des milliards à Pfizer, qui sont devenus tous milliardaires.
12:35 Tout ça parce que les contrats étaient mal passés avec la commission.
12:39 Donc elle a une responsabilité dans la corruption.
12:43 Vous voyez, vis-à-vis des laboratoires, elle n'avait pas à négocier autant de doses.
12:48 Donc on me donne les experts qui lui ont dit "il faut acheter autant de doses".
12:52 Alors au début, parce que c'est les Polonais qui nous ont mis l'alerte,
12:57 ils nous ont dit, il y a à peu près six mois, "on ne veut plus acheter des doses".
13:01 Parce qu'on nous pousse à acheter des doses,
13:03 mais nous l'argent on préfère le donner aux Ukrainiens qui arrivent dans notre pays.
13:08 Et la commission paniquait, fait une réunion à Varsovie,
13:12 et elle dit "bon, Pfizer a accepté de prolonger les délais".
13:17 Mais prolonger les délais, mais pas de ne pas acheter les doses.
13:21 Et même, Pfizer menace d'attaquer en justice la commission européenne.
13:25 Ce qui signifie qu'il y a des accords quelque part qui ont été signés.
13:28 Exactement.
13:29 Dont on veut bien connaître le contenu.
13:31 Eh bien nous, on demande des comptes.
13:32 C'est ça.
13:33 Mais quel moyen justement vous disposez pour faire ça ?
13:36 Parce que là on vient de passer en vue un certain nombre de démarches
13:39 qui ont déjà été faites, y compris là maintenant des démarches devant la justice.
13:42 Ce n'est pas tout à fait la première fois, on en a parlé tout à l'heure.
13:45 Qu'est-ce que vous pouvez faire maintenant ?
13:46 On a l'impression d'être dans ces institutions européennes,
13:50 le pot de fer contre le pot de terre,
13:53 et incapable d'avoir des informations qui relèvent de la simple démocratie publique.
13:59 Mais il n'y a plus de démocratie là.
14:01 Il n'y a plus de démocratie.
14:02 On a des institutions européennes, bon très bien, moi je les défends.
14:06 Parce que je défends les valeurs liées à l'Europe.
14:08 Mais il y a un dysfonctionnement.
14:10 Parce que la Commission a pris le pouvoir,
14:12 et la présidente de la Commission européenne,
14:14 elle n'est pas digne d'être présidente d'une commission,
14:16 parce qu'elle n'outre pas ses droits.
14:18 Donc quelles sont les voies possibles ?
14:20 Il y a la voie de la justice.
14:22 Parce que là il y a quand même deux choses.
14:24 Moi en tant que députée, on a saisi la Cour de justice européenne
14:28 pour avoir accès à la transparence des contrats, qu'on n'a toujours pas eu.
14:31 – Ça n'a pas marché.
14:31 – Là, il y a le New York Times qui a saisi aussi la Cour de justice européenne,
14:36 là c'est pour connaître ce qu'il y a dans les SMS.
14:38 – Le contenu.
14:39 – Et il y a le procureur européen.
14:42 Puisque le procureur européen a été saisi,
14:44 vous savez que c'est une nouvelle instance pour regarder les problèmes de corruption
14:49 vis-à-vis du budget de l'Europe, et il mène une investigation.
14:53 Ça c'est la voie juridique.
14:55 Et puis, moi j'essaie de développer une voie, je dirais, de député européen,
15:02 en disant "réveillez-vous".
15:04 Vous êtes en train de vous faire avoir sur cette suprématie de la Commission.
15:10 La Commission elle obéit aussi à des règles, il y a un traité européen.
15:14 On doit avoir accès à ces documents si on veut contrôler l'exécutif.
15:18 Eh bien, bougez-vous !
15:19 Donc en ce moment, il y a deux voies possibles.
15:22 – Et précisément, comment y réagissent les députés, ceux avec qui vous en parlez ?
15:25 Est-ce qu'ils prennent cette affaire au sérieux ou est-ce qu'on dit "bon voilà, c'est une petite histoire" ?
15:30 – Écoutez, ils prennent cette affaire au sérieux si ça devient politique.
15:33 – Oui, c'est ça.
15:34 – Parce qu'il faut quand même revenir à cette pandémie.
15:37 Vous savez, moi j'étais assez critique sur la gestion de cette pandémie
15:41 à cause justement de ce manque de transparence.
15:43 Mais pour beaucoup de députés, leur ligne politique c'est de dire
15:48 "il ne faut pas trop attaquer la Commission, on est sortis de cette pandémie
15:53 grâce aux achats groupés, tatati tatata, et grâce enfin…
15:56 – Peu importe ce qui s'est passé en dessous.
15:58 – … à ce que les labos ont trouvé un vaccin, ils sont là-dessus.
16:03 Et moi je leur dis "très bien ça".
16:05 Sauf que nous, on nous a mis à l'écart.
16:08 On a utilisé ce qu'on appelle une situation d'urgence
16:11 pour que ça ne soit que la Commission et les États membres.
16:14 Parce que les États membres sont complices de ça.
16:16 Alors maintenant ils râlent parce qu'ils ne veulent plus acheter des doses
16:19 dont ils n'ont plus besoin puisque ça a très mal été négocié par la Commission.
16:23 Mais eux, il fallait qu'ils mettent l'unet, ils y étaient dans les comités de pilotage.
16:27 Donc on est dans une situation je trouve très inconfortable
16:32 et on pourrait retrouver la confiance des citoyens européens
16:37 à partir du moment où il y a une volonté des députés européens
16:41 d'exiger de la Commission qu'ils lâchent les contraintes.
16:44 – C'est ce que vous disiez tout à l'heure.
16:45 Alors il y a cette affaire bien entendu, il y en a d'autres.
16:49 Alors pas de même nature d'accord, mais enfin il y en a quand même d'autres.
16:52 Il y a des histoires aussi de corruption ou de passage public-privé
16:57 qui sont sans arrêt dénoncés par beaucoup d'entre vous etc.
17:00 C'est une image qui est donnée du fonctionnement de l'Union européenne
17:05 qui est loin d'être claire dans une période qui est quand même importante
17:09 puisque bientôt il va falloir réélire tout ce petit monde.
17:12 Est-ce que ce n'est pas une image effectivement,
17:14 enfin quels sont les effets secondaires j'allais dire d'une histoire comme celle-ci ?
17:19 – Écoutez, c'est vraiment une affaire politique ça.
17:23 Soit on continue à fonctionner comme ça et si on continue à fonctionner comme ça,
17:27 on voit qu'il y a des corruptions au niveau des députés,
17:30 pourtant il y a des règles, mais s'il n'y a pas un organe de contrôle,
17:34 c'est comme le gendarme ça, s'il n'y a pas des gendarmes avec des contraventions,
17:38 les gens roulent de plus en plus vite etc.
17:41 et ne respectent pas le code de la route.
17:43 Là c'est pareil, on avait des comités d'éthique mais qui étaient constitués de députés.
17:49 Et en plus si ces députés avaient vu par rapport à une investigation
17:54 qu'il y avait un fonctionnement qui n'allait pas,
17:59 il faut qu'ils demandent à la présidence du Parlement.
18:02 Et là tout est bloqué.
18:05 Pareil à la commission, à la commission j'ai regardé,
18:08 il y avait 360 demandes de portes tournantes,
18:12 c'est-à-dire des gens de la commission qui voulaient aller dans le privé.
18:15 Et sur ces 360 portes tournantes, il n'y en a que 3 qui ont été interdites,
18:21 tous les autres sont allés dans le privé.
18:23 Donc c'est des gens qui ont des carnets d'adresse énormes,
18:26 - Pantouflage - et qui vont dans le privé pour donner les relations etc.
18:31 Mais ce n'est pas normal du tout ça.
18:33 Donc hier il y a eu un débat ici,
18:35 pour dire qu'il faut qu'on crée un comité indépendant,
18:39 transparent et interinstitutionnel,
18:42 que ça touche aussi bien le Parlement, la commission, le conseil, les agences.
18:47 Vous voyez qu'ils chapeautent tout ça, qu'ils soient indépendants,
18:51 qu'ils aient des moyens d'investigation et aussi des moyens de sanction.
18:56 Et moi j'ai rajouté à ce que tous les dossiers soient publics,
18:59 parce que si ça reste, comme à l'heure actuelle,
19:03 dans une opacité où on n'a pas accès aux documents,
19:06 - Manque de transparence, totale.
19:08 - Donc on peut, il faut utiliser vraiment ce scandale
19:12 pour doter l'Europe d'instruments de contrôle.
19:15 Pour l'instant ils sont inefficaces puisque ça fait un stress test.
19:19 - Bien sûr.
19:21 - Ce scandale du Quartergate, on monte cette opération,
19:26 on définit bien le code d'éthique,
19:29 et puis la transparence de tous les documents avec des moyens financiers.
19:33 - On a vu, vous le disiez tout à l'heure, on a vu dans l'affaire du Qatargate,
19:35 donc on rappelle cette affaire de corruption,
19:38 de quelques députés européens pour l'instant qui ont reçu de l'argent
19:42 pour soutenir la candidature du Qatar au vote sur le Mont-Gal.
19:50 On a vu qu'il y avait effectivement une réaction tout de suite du Parlement européen,
19:55 de la présidente du Parlement européen pour dire on va mettre en place des mesures
19:58 pour éviter que ça se reproduise, etc.
20:00 On voit bien aussi qu'il n'y a pas une appétence extraordinaire du Parlement
20:03 pour dire bien sûr, tout de suite, immédiatement, on vote ça.
20:06 On sent qu'il y a des réticences aussi.
20:07 - Ah, il y a des réticences.
20:08 Par exemple, Madame Metsola, qui est présidente du Parlement,
20:11 elle a dit on a 14 propositions.
20:14 Ces propositions ont été discutées, elles ont été améliorées,
20:18 mais elles touchent vraiment les anciens députés,
20:21 elles touchent la transparence sur les gens que vous rencontrez quand vous faites un rapport.
20:26 Mais par exemple, elle dénonce pas qu'un député ici,
20:31 eh bien il peut avoir un deuxième job où il touche mais 10 fois plus
20:36 que ses anonymités en tant que député.
20:38 - Ce qui est déjà pas mal.
20:39 - Et surtout, c'est que s'il fait un rapport,
20:41 on regarde pas s'il n'a pas un conflit d'intérêts avec son deuxième job.
20:45 Non mais attendez, on est où ?
20:47 En France, vous savez que ça a été aussi une guerre là-dessus.
20:50 Il y avait plein de députés qui avaient des comités de conseil
20:54 et ils étaient jugés partis, il y a des conflits d'intérêts.
20:57 Eh bien tout ça, il faut vraiment le mettre à plat
21:01 et puis il faut quand même qu'il y ait un organisme qui contrôle ça.
21:04 - Il y a urgence parce qu'encore une fois, les élections européennes, c'est bientôt.
21:08 Or ces histoires de corruption ou de manque de transparence, ça circule.
21:12 - Soit on sort par le haut, c'est-à-dire qu'on est conscient
21:16 qu'il y a un dysfonctionnement et que les choses sont pas suffisamment claires,
21:21 qu'on met ce comité d'éthique transparent et surtout indépendant
21:27 et rapidement d'ici fin 2024, avant la prochaine législature,
21:33 et là on va redonner confiance aux citoyens européens si on fait rien.
21:37 Parce qu'il y a plein de groupes, ils veulent surtout pas rendre des comptes.
21:40 Et pourquoi ils veulent pas rendre des comptes ?
21:42 Les Verts ont toujours été un parti vraiment qui essayait de pousser chaque fois.
21:47 Ça fait plus de deux ans que tout est prêt, que cet organisme…
21:51 Vous voyez, on a discuté, mais qui refuse ? C'est la Commission aussi.
21:55 Vous voyez, c'est pour ça que Ursula von der Leyen, moi franchement je lui en veux,
21:59 parce qu'elle joue pas la transparence.
22:02 Et les institutions européennes sont attaquées de toutes parts.
22:05 Donc franchement, moi je les défends parce que c'est vraiment une échelle
22:09 sur laquelle on peut donner des messages,
22:14 on peut avoir une politique pour le plus grand nombre,
22:17 on peut éliminer la pauvreté, vous voyez, si on a une volonté politique,
22:20 et surtout répondre aux défis planétaires.
22:23 Et là, on s'aperçoit qu'à plus haut niveau,
22:27 c'est des affaires politiques au niveau des partis
22:30 et qu'ils sont en train de détruire, vous voyez,
22:33 une gouvernance comme ça, c'est l'autodestruction de l'Europe.
22:36 Et moi je dis, si on veut maintenir notre Europe,
22:40 il faut qu'on se bagarre sur ces outils de contrôle.
22:43 Donc on en est tous responsables.
22:45 Les députés sont responsables du dysfonctionnement de la Commission.
22:49 Parce que s'il y a une motion de censure, on dit, c'est une motion de censure,
22:54 vous avez outrepassé vos droits, les traités ne sont pas respectés,
22:58 vous voyez, il y a la médiatrice, il y a la Cour des comptes européennes
23:00 qui le dit, etc. Et on laisse faire.
23:03 Le laisser faire à l'heure actuelle est très dangereux.
23:07 C'est pour ça que je me rebelle, je leur dis, mais on ne peut pas accepter ça.
23:11 Ça va remettre en question votre discours sur l'inpornémie.
23:14 Eh bien, ce n'est pas grave.
23:15 Là, il y a un enjeu plus fort, c'est recrédibiliser l'Europe.
23:20 – Merci beaucoup, Michèle Rivasi.
23:21 On continuera bien sûr à suivre cette affaire,
23:23 parce que c'est loin d'être terminé, ça même rebondit cette semaine.
23:26 – Tout à fait.
23:26 – Avec vous, on verra ça.
23:28 Merci à vous de nous avoir suivis et à bientôt, au revoir.
23:31 [Générique]

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