Deux visions de la Russie - En toute subjectivité

  • l’année dernière
Avec Guillaume Roquette, directeur de la rédaction du Figaro Magazine.

Retrouvez "En toute subjectivité" sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/en-toute-subjectivite

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00:00 7h21, en toute subjectivité, ce matin avec le directeur de la rédaction du Figaro magazine,
00:05 Guillaume Roquet, bonjour.
00:06 Bonjour Nicolas Demorand.
00:07 Vous revenez, Guillaume, sur la guerre en Ukraine et les divergences entre alliés occidentaux
00:12 sur la façon de considérer la Russie.
00:15 Deux déclarations quasi concomitantes illustrent la réalité de ce fossé.
00:19 En rentrant de la conférence de Munich consacrée à l'Ukraine ce week-end, Emmanuel Macron,
00:24 dans un entretien au Figaro et à France Inter, affirme, je cite, qu'il ne faut pas « écraser
00:29 la Russie » et considère que Vladimir Poutine est un moindre mâle par rapport à tous ceux
00:34 qui pourraient le remplacer.
00:35 « Toutes les options autres au sein du système actuel me paraissent pires », dit précisément
00:41 le président français.
00:42 Mais au même moment, à Munich, la vice-présidente américaine Kamala Harris dénonce pour la
00:49 première fois les crimes contre l'humanité commis par la Russie en Ukraine.
00:54 Il n'y a pas d'accusation plus grave en droit international, elle place le pays concerné
00:59 au banc des nations.
01:00 De toute évidence, le regard porté sur la Russie et son chef n'est pas le même.
01:05 D'un côté, les Américains, soutenus bien sûr par l'Ukraine mais aussi par des pays
01:09 de l'Est de l'Europe, la Pologne ou les Pays-Baltes, décrivent cette guerre comme
01:13 un conflit civilisationnel qui oppose le camp de la démocratie et celui du totalitarisme.
01:19 Un combat du bien contre le mal.
01:22 Alors qu'Emmanuel Macron, même s'il n'ignore rien les atrocités commises par les soldats
01:26 de Poutine, analyse les choses plus froidement.
01:29 Son objectif est de ramener l'armée russe derrière ses frontières tout en ménageant
01:34 Poutine.
01:35 Pour lui, pour Macron, l'affrontement est territorial avant d'être moral.
01:39 Et comment expliquez-vous, Guillaume, cette différence de vision ?
01:42 D'abord par la géographie.
01:44 La Russie est sur le continent européen, comme nous, et elle y restera.
01:48 Il est normal que la France se préoccupe davantage de ce qui se passe à Moscou que
01:52 les Etats-Unis qui sont bien à l'abri derrière un océan.
01:55 D'ailleurs, les Allemands, même s'ils sont plus discrets que nous, ne sont pas rassurés
02:00 non plus.
02:01 Et puis, contrairement à l'Amérique, qui en a vu d'autres, Emmanuel Macron s'inquiète
02:04 de voir que les deux tiers de l'humanité, à commencer par la Chine et l'Inde, mais
02:08 aussi le Brésil ou l'Afrique du Sud, refusent de s'engager à nos côtés auprès des
02:13 Ukrainiens, voire collaborent ouvertement avec la Russie.
02:17 Ces pays considèrent que cette guerre est une affaire entre occidentaux qui ne les
02:20 regardent pas.
02:21 Certains, tout en condamnant l'invasion de l'Ukraine par la Russie, voient même
02:26 dans l'aide américaine à Kiev, une nouvelle manifestation d'impérialisme.
02:30 Et même s'ils ont tort, on ne peut pas les ignorer.
02:34 Comme dit Hubert Védrine, diplomate expérimenté s'il en est, si nous faisons de cette guerre
02:39 une guerre de civilisation, elle ne s'arrêtera pas.
02:42 Nicolas Demorand : Guillaume Roquette, merci.

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