L'invité du jour - Charles Berling

  • l’année dernière
Le comédien Charles Berling est l'invité de ce Télématin. Il vient présenter la pièce « Les parents terribles » qu'il joue au théâtre Hebertot à Paris aux côtés de Muriel Mayette-Holtz, Maria de Medeiros, Emile Berling et Lola Créton.

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Transcription
00:00 Ce matin nous sommes en compagnie du comédien Charles Berling. Bonjour Charles Berling.
00:04 Bonjour.
00:05 Merci d'être venu jusqu'à nous, jusqu'au plateau de Télématin. Alors acteur, metteur en scène, vous êtes également directeur de théâtre, réalisateur, scénariste, producteur, chanteur.
00:13 Caliste.
00:14 C'est quoi ce truc ? Vous avez combien de vies Charles Berling ?
00:17 C'est comme ça. Oui j'ai toujours été très poli-activité.
00:22 Politéiste, poli-activité.
00:24 Est-ce qu'il en manque une ? Est-ce qu'il y a une carrière que vous n'avez pas encore embrassée ?
00:28 Peintre.
00:29 Ah d'accord. Vous aimeriez ?
00:31 J'adorerais être peintre. Enfin je peins d'ailleurs mais j'aime beaucoup la peinture.
00:35 Et vous pensez vous pouvoir vous lancer dans une carrière ?
00:37 Non je m'en fous complètement. Non non une carrière non. Je fais ça en amateur, en tout.
00:42 Pas tout.
00:43 Pas tout éclairé. Pas le matin très éclairé on va dire sur certaines choses.
00:46 Bon ce matin c'est le comédien en tout cas qu'on reçoit dans Télématin puisque vous venez nous présenter cette pièce,
00:50 les Parents Terribles, pièce mythique de Jean Cocteau, adaptée, mise en scène par Christophe Perton.
00:55 Et vous allez la jouer demain parce que la première c'est donc demain à Paris au Théâtre Héberteau.
00:59 On la résume en 20 secondes, ça donne quoi ?
01:01 C'est une mère qui aime tellement son fils qu'elle va finir par l'étouffer.
01:05 Donc toute la famille est autour de ce fils de 22 ans qui espère, ça y est, partir dans la vie.
01:11 Il est amoureux et ça vire à la catastrophe.
01:13 À cela même elle ne l'aime pas du tout.
01:15 Et pour le papa c'est pas terrible non plus.
01:17 Non c'est ça aussi.
01:18 Et pas pour la tante non plus. Enfin c'est terrible pour personne.
01:21 C'est une pièce qui travaille sur la réalité de nos pulsions émotionnelles.
01:27 On connaît tout ça et tout le monde le vit.
01:30 Et en même temps qui va dans l'extrême de ça, qui arrive à le dépeindre de façon à la fois très drôle,
01:38 parce que forcément c'est drôle, c'est tragique mais c'est drôle.
01:42 Et en même temps qui va progressivement glisser dans le fantastique comme il aime bien faire Jean Cocteau.
01:49 Ça devient complètement fou. On va regarder quelques images d'ailleurs.
01:52 Il y a un fantôme de femme, une très jeune femme qui circule dans la maison. C'est faux !
01:59 Qu'est-ce que j'ai fait ?
02:01 Tu n'es pas rentrée hier soir ! Tu as découché !
02:04 C'est incroyable !
02:06 Papa, je te présente Madeleine.
02:10 C'est un homme trompé, c'est déjà récible.
02:12 Il a 6-7 ans et il a été trompé par son propre fils.
02:16 C'est l'explosion de rire.
02:18 Qui peut empêcher une mère d'être amoureuse fois le dessous ?
02:21 Une parfaite tragédie en forme de comédie.
02:25 Drame ou comédie, c'est un shadow.
02:27 Un garçon choyé, une mère jalouse, un père sous tension, une belle sœur un peu aigrie.
02:35 En fait c'est une famille ordinaire, non ?
02:37 Oui, tout à fait.
02:38 C'est tout à fait dysfonctionnel, non ?
02:40 Exactement. Qui prétend être normal ? Personne.
02:43 Justement, en parlant de famille, votre fils est dans la pièce.
02:46 Émile Berling joue à vos côtés.
02:48 Ce n'est pas la première fois d'ailleurs que vous jouez avec lui.
02:51 C'est pas la première fois qu'on joue ensemble.
02:54 C'était au cinéma avant.
02:56 Quand j'ai lu la pièce, il ne voulait jamais faire de théâtre.
03:02 Je lui ai envoyé la pièce, je lui ai dit "Lis ça, il faut que tu lises".
03:07 Il a lu, ça lui a fait un choc et il a compris pourquoi je lui ai en parlé.
03:11 C'est plus intimidant pour qui ? Pour vous ou pour lui ?
03:15 Les deux.
03:17 Pour le père, comme j'ai fait beaucoup de théâtre,
03:21 la question c'est comment introduire son enfant à cette joie.
03:26 Parce que c'est une joie.
03:28 Après on est récompensé dans les coulisses.
03:31 Quand on jouait, parce qu'on a déjà joué en province,
03:35 on voit les yeux illuminés et on se dit "En fait c'est génial le théâtre".
03:39 "Je te l'avais dit !"
03:41 Vous avez peur qu'il se rate ? Vous avez plus ce truc pour vous ou pour lui ?
03:45 Pour lui.
03:46 Vous voulez savoir ce qu'il en pense justement, Emile ?
03:49 Regarde, on lui a posé la question.
03:51 Salut papa, salut tout le monde sur Télématin, j'espère que vous allez bien.
03:55 Cette vidéo pour te dire que je n'ai jamais été aussi proche de toi que sur les planches.
04:01 Je nous souhaite une belle première. Merde.
04:05 Et à bientôt tout le monde.
04:07 Beau message.
04:09 Regardez, vous allez me faire pleurer le chat d'Alice Delvaba.
04:13 C'est émouvant.
04:15 Il a beau être adulte, c'est toujours son enfant.
04:19 Vous vous êtes retrouvé pour la première fois au théâtre.
04:22 Vous aviez joué avant dans un film "Comme un homme".
04:24 Est-ce que vous le coachez ?
04:26 Est-ce que vous vous permettez justement ?
04:28 Est-ce que c'est le père ou c'est que l'acteur ?
04:30 La bénédiction c'est que, par exemple dans ce film "Comme un homme", c'était Safi Nebou,
04:33 là c'est Christophe Perton.
04:35 Dans les deux cas, les deux metteurs en scène ont été absolument adorables
04:39 et ont tout de suite compris qu'il ne fallait absolument pas autoriser le père à se mettre
04:44 dans une relation de metteur en scène.
04:47 Vous n'avez pas fait comme votre personnage.
04:49 Ça aurait été une mise à "Journalisme".
04:51 Non, disons que j'écoute ces scènes, surtout celle-là.
04:54 Il y a une scène extraordinaire d'anthologie qui dure 20 minutes entre Muriel Mayette et Émile,
04:59 qui est donc la mère.
05:01 Le moment où le fils va dire à sa mère
05:03 "Maman, je suis tellement amoureux, c'est génial !"
05:05 et la mère fait "Aaaaaah !"
05:07 C'est l'enfer, très mal.
05:09 Et donc j'écoute la scène et quand j'écoute la scène,
05:13 quand il sort, je fais "Ouais" comme ça,
05:15 ou je lui dis "Mais non, mais là, pourquoi t'es mort ?"
05:17 Ah, quand même !
05:18 Les metteurs en scène ne vous remettent pas des caisses.
05:20 Non, mais parce que c'est une question aussi,
05:22 là c'est sa première fois au théâtre,
05:24 donc il y a quelque chose de la transmission peut-être,
05:28 ce que je n'ai pas fait avant.
05:30 C'est intéressant pour vous, parce que j'ai lu dans votre bio,
05:32 et j'étais très perplexe,
05:34 que c'était vous l'enfant terrible petit,
05:36 il paraît que vous ne teniez pas en place,
05:38 il y a une prof qui vous a ligoté, c'est quoi cette histoire ?
05:40 Oui, c'était à Tahiti,
05:42 quand j'étais à Tahiti, j'étais un peu...
05:44 Oui, je ne tenais pas trop en place,
05:46 et donc il y avait une prof qui n'avait rien trouvé de mieux
05:48 que de me ligoter à ma chaise pour que j'arrête de bouger.
05:51 Et ça n'a pas marché ?
05:53 Non, parce que de toute façon, à Tahiti,
05:55 en deux ans, j'ai dû faire sept écoles,
05:57 parce qu'on m'enlevait des écoles pour...
05:59 Et c'était quand même...
06:01 Par exemple, à un moment donné, j'avais tellement de...
06:03 Vous savez, à l'époque, on faisait des choses débiles,
06:05 enfin j'espère que ça ne se fait plus,
06:07 on faisait copier aux enfants, "je ne dois pas parler en classe",
06:09 "je ne dois pas"...
06:11 "Tu vas écrire ça pendant 200 fois",
06:13 donc bon, il n'y a rien de plus débile.
06:15 Et quand j'avais tellement de lignes à faire,
06:19 que même avec mes cinq frères et sœurs,
06:21 on n'y arrivait pas, parce que ça nous prenait trop de temps,
06:23 ma mère, elle me changeait d'école pour amnistier, en fait.
06:25 Ah génial, et ça se reproduisait ensuite,
06:27 dans l'autre école.
06:29 Oui, un peu, mais en même temps, Tahiti,
06:31 ça a été extraordinaire, j'ai appris la mer, la nature,
06:35 on était tout le temps à poil,
06:37 on allait se baigner après l'école, c'était extraordinaire.
06:39 Donc c'est une pièce de Cocteau,
06:41 que votre fils interprète,
06:43 le personnage joué par Jean Marais,
06:45 c'était quand même assez impressionnant.
06:47 Il a joué les deux, il a joué mon personnage,
06:49 il a d'abord commencé par Michel, le fils,
06:51 et ensuite il a joué Georges, le père.
06:53 Et alors écoutez, pour Jean Cocteau, justement,
06:55 Jean Marais, lui, il nous explique lesquels.
06:57 Dans ses mêmes parents terribles,
06:59 Jean Cocteau a dit qu'il y avait la race des enfants
07:04 et celle des grandes personnes.
07:06 Et il a dit par ailleurs,
07:08 qu'une certaine catégorie d'acteurs
07:11 était de la race des enfants.
07:14 Eh ben, moi je crois être de celle-là.
07:17 Et c'est sans doute pour ça que j'aime tant le verbe jouer.
07:21 Jouer au théâtre, jouer au cinéma.
07:26 C'est drôle, qu'est-ce que vous pensez de tout ça ?
07:28 Je pense qu'il dit quelque chose d'essentiel
07:31 qui est dans cette pièce, c'est-à-dire
07:33 qu'elle le dit à un moment donné,
07:35 en fait il y a des gens qui ne veulent pas devenir adultes,
07:40 qui veulent garder leur enfance.
07:42 Et il a totalement raison.
07:44 C'est une pièce extrêmement ludique,
07:48 très fine, mais qui parle de ça,
07:51 qui parle de notre rapport à la vie
07:53 et du fait qu'on ne doit pas oublier qu'on est des enfants.

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