Guerre en Ukraine : un an après, "on rentre dans une nouvelle phase du conflit"

  • l’année dernière

Visitez notre site :
http://www.france24.com

Rejoignez nous sur Facebook
https://www.facebook.com/FRANCE24

Suivez nous sur Twitter
https://twitter.com/France24_fr#

Category

🗞
News
Transcription
00:00 on continue quand même. Bonjour, merci d'être avec nous. Vous êtes géographe spécialiste de la Russie, vous êtes l'auteur de nombreux ouvrages et articles sur la Russie, le Caucase et les états post-soviétiques.
00:10 Vous êtes auteur de cet ouvrage à apparaître dans deux jours, ce sera le 23 février, "Russie, un vertige de puissance", aux éditions La Découverte. Merci d'être avec nous.
00:20 Amo peut-être déjà pour commenter cette intervention de Vladimir Poutine, on entendait notre correspondant à Moscou. À l'entente on a presque le sentiment finalement que le chef du Kremlin aujourd'hui inverse complètement les rôles.
00:32 C'est l'Occident qui a attaqué, à l'entendre, l'Ukraine. Victimes aujourd'hui, les Russes font tout leur possible pour défendre les intérêts ukrainiens.
00:44 Oui, ça c'est son discours traditionnel déjà, ça fait plusieurs années que Vladimir Poutine accuse l'Occident d'agression.
00:52 Et en particulier en février 2022, l'an dernier, donc voici un an, le discours russe c'est "nous répliquons à une agression potentielle de l'OTAN et de l'Occident par l'Ukraine".
01:09 Alors évidemment c'est une inversion totale. Là Vladimir Poutine a un peu précisé son propos en disant que cette agression selon lui aurait commencé dès 2014.
01:19 C'est-à-dire dès 2014, l'armée ukrainienne aidée par les forces occidentales a commencé à empiéter sur des régions que Vladimir Poutine, dans son discours historique complètement réinventé, attribue à la Russie.
01:36 Donc ça c'est quelque chose qu'on avait déjà entendu. Je dirais que, premièrement, ce discours de plus d'une heure cinquante était destiné à montrer à la population russe que le président va bien, il est en forme.
01:51 Il parle plus d'une heure cinquante sans boire un verre d'eau.
01:54 Certains annonçaient d'ailleurs qu'il allait peut-être prononcer un discours un peu plus concis, une quarantaine de minutes, c'est ce qu'on disait en coulisses.
02:02 Oui mais les rumeurs vont d'un train et la réalité de Vladimir Poutine c'est celle-là, celle d'un président en forme, un chef de guerre incontestablement.
02:11 C'est un discours de mobilisation. Alors peut-être que nous, nous allons retenir les deux annonces qu'il a faites, la suspension du Newstart d'une part, et la possibilité de faire de nouveaux essais nucléaires si les Américains commencent à en faire.
02:27 Mais en réalité, l'essentiel du discours, c'est un programme de développement d'une économie de guerre, une mobilisation sans précédent de la population russe, des entrepreneurs russes,
02:40 avec toute une série de mesures très détaillées dans tous les domaines, le domaine économique, le domaine des infrastructures, le domaine de l'éducation, le domaine des universités, le domaine de la santé.
02:52 C'est un programme essentiellement destiné à mobiliser la population russe d'une façon positive, en disant effectivement "nous avons résisté aux sanctions, nous résisterons aux sanctions, et toute la volonté de nous vaincre ne fonctionnera pas".
03:11 C'est ça l'essentiel du discours. Un discours aussi peut-être destiné à faire taire les critiques qu'on commence à entendre ici et là, à convaincre évidemment cette population.
03:21 Un an après le début de l'offensive, l'anniversaire ce sera donc vendredi, lui qui promettait une opération spéciale éclair, fulgurante, de trois jours, on est un an après, on en est toujours au même point.
03:33 On parle même d'enlisement aujourd'hui des forces russes.
03:36 C'est évident que le projet initial de renverser le gouvernement ukrainien de monsieur Zelensky et de prendre la capitale Kiev a échoué.
03:47 Il est clair que l'armée russe a échoué dans ses objectifs initiaux et elle a échoué ensuite grâce à la capacité de l'armée ukrainienne complètement reboostée par des alliés occidentaux et armée par ces alliés occidentaux.
04:06 Donc effectivement l'armée russe est en échec mais maintenant on est dans une autre phase, on est dans une autre guerre.
04:12 Je dirais qu'on rentre dans une nouvelle phase de ce conflit avec à la fois un pourrissement sur place, on ne sait pas de quoi demain sera fait.
04:23 Il n'a pas donné du tout de détails sur ses intentions et au fond il a peu détaillé la question militaire proprement dite.
04:30 Est-ce que vous êtes déçu à ce niveau là ? C'est vrai qu'il y a certains commentateurs qui disent qu'on s'attendait peut-être à une prise de parole un peu plus forte,
04:38 un discours un peu plus "va-t'en guerre" avec l'annonce d'une nouvelle mobilisation, l'annonce aussi de cette grande offensive qu'on prédit pour le printemps prochain.
04:49 Je crois qu'il faut se méfier des rumeurs.
04:52 Poutine nous a habitués aux surprises et il s'en est félicité à plusieurs reprises.
05:00 Vous voyez, moi je suis capable de prendre des décisions que personne n'attend.
05:04 En l'occurrence ce n'était pas le cas pour le 24 février parce que les États-Unis avaient annoncé à l'avance que Vladimir Poutine allait attaquer.
05:13 Mais il n'a pas du tout détaillé, c'est clair, ce n'était pas son intention, ce n'est pas maintenant qu'il va faire ça.
05:19 Ça ne veut pas dire qu'il n'y aura pas d'offensive russe, on n'en sait rien.
05:22 C'est compliqué parce que l'offensive russe impliquerait de masser des troupes.
05:27 D'abord la technologie américaine qui aide l'Ukraine de surveillance au sol minute par minute est telle que la moindre préparation d'une attaque russe sera prévue à l'avance.
05:42 C'est un jeu très compliqué et donc on est dans cette phase nouvelle qui aussi de plus en plus peut ressembler à une guerre frontale entre les deux superpuissances.
05:57 Ou en tout cas la superpuissance américaine et l'ancienne superpuissance affaiblie russe.
06:02 Et ça c'est quelque chose qui est d'une autre nature et qu'il faut se méfier de cette trajectoire qui au fond change l'échelle de la guerre,
06:13 change l'échelle des perceptions de cette guerre et on verra comment ça va se dérouler.
06:20 Il faudra voir la teneur du discours de Joe Biden ce soir depuis Varsovie, ce sera l'autre grande séquence du jour.
06:30 Le chef de l'OTAN, Jens Stoltenberg, vient à l'instant de commenter les déclarations de Vladimir Poutine.
06:35 Il se dit de plus en plus inquiet d'un possible soutien militaire de Pékin à Moscou.
06:41 Ce sont les américains qui accusent la Chine de vouloir armer, soutenir militairement les forces russes.
06:50 Est-ce que c'est une option possible pour vous ? Pékin a démenti hier. Est-ce que c'est de nature à inquiéter aussi ?
06:56 C'est sûr que c'est inquiétant. Pékin a démenti, ce qui ne veut pas dire que les Chinois n'aident pas les Russes d'autre façon,
07:05 parce qu'ils les aident en fournissant un certain nombre de matériels, pas forcément des armes, mais de la technologie,
07:11 qui peut éventuellement avoir des utilisations duales, c'est-à-dire être à la fois civils et militaires.
07:18 Et d'autre part, ils les aident en achetant du gaz, du pétrole, etc. Alors est-ce qu'ils vont les aider militairement ?
07:24 Les Chinois n'ont pas vraiment démenti. Ils ont dit que c'était absurde, que c'était pas…
07:30 Ils ont démenti en accusant les occidentaux de fournir beaucoup d'armes à l'Ukraine.
07:39 Ce qui est une façon de dire, à un moment donné, si les Chinois jugent que cette aide militaire occidentale à l'Ukraine
07:46 est disproportionnée ou en tout cas fournit des armes d'une autre nature, c'est-à-dire ce que les Ukrainiens demandent,
07:53 par exemple des avions de chasse, les Chinois pourraient alors considérer qu'ils sont libérés de leur parole
07:58 de ne pas fournir d'armes et qu'ils vont en fournir. Après, on verra quelles sont ces armes et en quelle quantité.
08:05 Merci beaucoup Jean-Radvani. Merci d'avoir été avec nous. Je rappelle le titre de votre ouvrage, "Apparaître dans nos jours",
08:10 aussi un vertige de puissance. Vous réagissiez à cette intervention de Vladimir Poutine, un discours sur l'état de la nation.

Recommandations