7 MINUTES POUR COMPRENDRE - Inflation: une pause avant la tempête ?

  • l’année dernière
Le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a affirmé qu'il "n'y aura pas de mars rouge". Pourtant, des produits risquent d'être touchés par l'inflation dans les prochains mois après la fin des négociations commerciales qui se finissent le 1er mars. 

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Transcript
00:00 On en parle avec Pascale Hébel, vous êtes spécialiste de la consommation.
00:03 Fabrice Gerber est également avec nous.
00:05 Vous êtes le fondateur de l'Ancienne Tout Juste,
00:08 dont le premier magasin est sur le point d'ouvrir à Alès, dans le Gard.
00:11 Et Gaëtan Mélin, la chef du service politique de BFM TV.
00:14 Vous faites les courses tous les mois.
00:15 On va commencer par l'alimentaire.
00:17 Ce mois-ci, quelles sont les nouvelles ? Qu'est-ce qui augmente ?
00:20 Ce qui augmente ce mois-ci, ce sont les produits laitiers
00:24 avec une très très forte progression du lait.
00:26 Ce mois-ci, le litre de lait qui a bondi de 16,51%.
00:31 C'est tout à fait considérable.
00:33 Mais pourquoi ?
00:33 Pour avoir un ordre d'idée, en fait, on est passé de 1,09€ le litre à 1,27€.
00:39 Donc vous voyez, c'est considérable,
00:40 et bien tout simplement parce que les agriculteurs aujourd'hui
00:43 sont confrontés à une multitude d'augmentations de coûts,
00:47 les coûts énergétiques, les coûts de l'alimentation animale.
00:50 Et tout ceci est répercuté aujourd'hui sur les produits finis,
00:54 d'où les augmentations dont je vous ai parlé.
00:56 Augmentation également du prix du beurre, là aussi une hausse tout à fait notable,
01:00 +22,78% sur un mois.
01:03 Pour le reste, dans l'alimentaire toujours ?
01:05 Alors, c'est plutôt une bonne nouvelle,
01:07 on est plutôt sur une stabilité, voire une baisse sur certains produits
01:10 qui avaient fortement augmenté,
01:12 mais la tendance est très clairement à une stabilité sur les prix.
01:15 Bon, donc les carburants ?
01:17 Alors les carburants, là aussi, une bonne nouvelle par rapport au mois dernier,
01:20 puisque on constate aussi une baisse, et une baisse assez notable,
01:23 notamment sur le diesel, puisqu'on note un repli de 6,56% sur le prix du diesel,
01:31 et de près de 2% sur le 100 plombs 98 et le 100 plombs 95.
01:35 On commence à avoir un petit peu de recul sur l'évolution des prix,
01:38 depuis que vous faites ce panier, depuis presque un an,
01:41 depuis le mois de mai dernier, qu'est-ce que ça donne ?
01:43 Eh bien, on constate une très nette progression des prix,
01:45 dans l'alimentaire, avec une hausse de 16,9%,
01:49 mais aussi sur les produits d'hygiène, qui sont en hausse de 10,74%,
01:55 des produits d'hygiène qui, ce mois-ci, encore une fois,
01:57 les prix sont stables, voire plutôt en baisse, notamment sur le shampoing.
02:02 Alors la question qu'on se pose, c'est évidemment, est-ce que ça va durer ?
02:05 Écoutez ce que disait Bruno Le Maire, le ministre de l'Economie et des Finances,
02:07 avant-hier, sur BFMTV, avec Apolline de Malherbe.
02:10 Je maintiens que nous devrions sortir de l'inflation vers la mi-2023.
02:15 D'ici l'été prochain, je l'ai toujours indiqué,
02:18 l'inflation devrait commencer à baisser dans notre pays.
02:21 En attendant, parce qu'elle est belle,
02:22 les prix vont continuer d'augmenter, il faut s'attendre à ça.
02:25 Alors vraiment, on va avoir une hausse dans les prochains mois,
02:27 notamment parce qu'il y a la fin des négociations commerciales,
02:30 dont tout le monde parle, qui se finissent le 1er mars, à minuit.
02:34 Donc on sait qu'il va y avoir des répercussions de hausse
02:37 qui n'avaient pas forcément été répercutées avant,
02:39 c'est sans doute le cas pour le lait,
02:40 et c'est sans doute un petit début de hausse de l'inflation,
02:44 mais on s'attend en effet à ce que ça baisse,
02:47 mais par un effet de base après juin,
02:49 tout simplement parce que les fortes hausses sur l'alimentation
02:52 se sont faites plutôt en fin d'année.
02:54 Donc en fait, on compare pour l'instant,
02:56 par rapport à des mois qui étaient bas l'année dernière, en 2022,
02:59 mais à partir de septembre-octobre, on était déjà haut,
03:02 donc on aura un effet mécanique.
03:04 - Mais pour revenir sur les négociations qui sont en cours
03:06 et qui vont se terminer le 1er mars,
03:07 entre les distributeurs et les industriels,
03:09 ça bataille très très fort,
03:10 et il faut s'attendre à des hausses importantes sur certains produits.
03:13 Est-ce qu'on sait ça ? Est-ce qu'on a une évaluation de ça ?
03:15 - Alors en ce moment, non.
03:16 Les distributeurs ne viennent plus sur les plateaux,
03:18 ils sont en pleine finalisation,
03:20 puisqu'il ne reste plus qu'une semaine de négociations,
03:23 donc personne ne veut rien lâcher.
03:25 Et en effet, on est le pays du monde où on a ce système,
03:29 où on a une date butoir dans les autres pays,
03:31 on négocie toute l'année, les contrats se font acteur par acteur.
03:35 Donc c'est des tensions qui n'existent nulle part ailleurs,
03:38 et en effet, c'est tendu cette année parce qu'il y a cette inflation.
03:42 Donc en fait, le système actuel de répercussion des prix,
03:46 qui a été mis en place en 2009 avec la loi de modernisation économique,
03:49 n'est pas adapté finalement à ce contexte inflationniste
03:53 qui est très très très violent,
03:54 et qui en effet est vraiment dans le secteur de l'alimentation aujourd'hui,
03:58 et on sent que sur d'autres secteurs, ça a commencé à stagner.
04:00 - On sait sur quels produits les futures hausses vont peser ?
04:03 - Oui, sur l'alimentation animale,
04:06 où on sait d'ores et déjà que les prix vont fortement augmenter,
04:09 sur l'huile, sur les œufs, sur la viande,
04:13 la viande qui a fortement progressé ces derniers mois,
04:15 le poisson également, qui sont devenus aujourd'hui des denrées
04:19 que l'on laisse de côté pour certaines familles
04:21 qui n'ont tout simplement plus les moyens de se l'offrir.
04:24 - Bon, dans ce monde un peu sauvage,
04:25 il y a un homme qui s'appelle Fabrice Gerber qui lance une enseigne.
04:29 L'enseigne s'appelle "Tout juste",
04:30 le premier magasin est sur le point d'ouvrir à l'est dans le Gard,
04:33 et vous, dans cet univers ultra-concurrentiel,
04:36 vous garantissez à partir du 1er mars des prix beaucoup moins élevés
04:41 que chez la concurrence.
04:42 Moins élevés de combien d'ailleurs ?
04:46 - Aujourd'hui le pari que nous avons pris,
04:48 c'est que nous soyons entre 5 à 10% moins chers que la concurrence actuelle.
04:53 - Comment vous faites ?
04:56 - Aujourd'hui nous faisons les choses de façon très simple,
04:59 on est basé sur des fondamentaux.
05:01 Les fondamentaux aujourd'hui de la distribution,
05:03 sur la suppression des intermédiaires,
05:05 il faut aller récupérer le produit directement à la source,
05:09 on parlait du lait tout à l'heure,
05:10 le prix du lait, il y a un scope aujourd'hui qui est déterminé,
05:14 le prix du scope n'est pas 1,29€ pour le producteur,
05:16 donc supprimons les intermédiaires,
05:18 ne passons pas par des grands industriels,
05:20 et sans pas passer par les grands industriels,
05:23 nous aurons des prix plus compétitifs.
05:25 - Ça veut dire que vous vous adressez aux producteurs locaux,
05:28 en réduisant le nombre des intermédiaires ?
05:32 - Alors aujourd'hui il n'y a pas que des producteurs locaux,
05:34 il y a des grandes coopératives avec lesquelles vous pouvez travailler en direct,
05:37 sans être obligé de passer par des grands groupes.
05:40 - Est-ce que ça veut dire qu'on trouve moins de produits chez vous ?
05:45 - Alors aujourd'hui nous parlons plutôt en unités de besoins,
05:48 c'est-à-dire que nous avons aujourd'hui
05:51 essentiellement travaillé sur les unités de besoins,
05:54 c'est-à-dire les besoins de consommation de nos clients,
05:56 et au lieu d'avoir 5 ou 6 produits dans un assortiment du même produit,
06:01 exemple une confiture à la framboise,
06:03 on n'en aura qu'une seule qui elle devra être au meilleur prix et de qualité supérieure.
06:09 - Pascal, lorsqu'on écoute Fabrice Gerber, on se dit que c'est un modèle qui est intéressant,
06:12 parce que tout le monde paraît y gagner, le consommateur, le producteur.
06:17 - Oui tout à fait, c'est vraiment ce qu'on appelle l'arrivée d'un nouveau modèle low cost,
06:21 on en a par vague, les premières hypermarchés c'était des modèles low cost dans les années 60,
06:26 on a eu Aldi et Lidl qui sont arrivés dans les années 90,
06:29 ils arrivent toujours à un moment où il y a une crise économique,
06:32 ici on n'est pas dans une crise mais on est dans un cycle d'inflation très important,
06:36 et là ce qu'on voit c'est en effet que tout juste,
06:39 et un peu comme était Lidl et Aldi dans les années 90,
06:42 c'est qu'on met tout sur des palettes, on n'a aucun service et on réduit le nombre de références,
06:47 ça a bien été expliqué, sur un même produit on n'a qu'un seul,
06:50 et ça, ça permet de mieux gérer, d'avoir beaucoup moins d'intermédiaires,
06:54 de ne pas avoir ces négociations commerciales dont on parle, puisqu'on n'a qu'un fournisseur,
06:59 et c'est en effet ce qui fait réduire les coûts,
07:02 et qui permet de faire sans doute des baisses qui sont significatives de prix payés par le consommateur.
07:07 Fabrice Gerber, les consommateurs sont prêts à accepter la baisse du nombre de références dans les rayons ?
07:16 Aujourd'hui le consommateur est surtout prêt à acheter le produit au juste prix,
07:21 et je rebondis simplement que dans notre magasin il n'y aura rien sur palettes,
07:26 ce n'est pas parce que nous avons des prix qui sont bas qu'on se doit d'être low cost ou hard discount comme dans les années 80,
07:33 on a un magasin qui est plus que chaleureux, on a même fonctionnement qu'un supermarché,
07:37 par contre je pense qu'il serait bon de s'intéresser un jour aux coopérations commerciales,
07:42 et je cite un exemple, quand aujourd'hui on refuse à un fournisseur une augmentation de 5% de ses prix,
07:48 sachant qu'il a aujourd'hui des augmentations lui-même de matière ou d'énergie de 50%,
07:53 et on lui refuse 5% d'augmentation et que sur le même produit le distributeur augmente de 15%,
07:59 c'est là qu'est le vrai problème, le vrai problème vient de la coopération commerciale,
08:03 et le jour où on s'y intéressera je pense qu'on aura aussi certainement des solutions
08:08 pour combattre la problématique inflationniste et surtout sur l'alimentaire.
08:11 Merci beaucoup Fabrice Gerber, donc ouverture de votre premier magasin parce qu'il y en aura d'autres à Alès.
08:16 Merci beaucoup Pascal d'être venu ce matin sur le plateau de première édition.

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