L’ancien Premier ministre Édouard Philippe était l’invité de “Tout le monde veut savoir”, après s’être déclaré candidat à l’élection présidentielle de 2027.
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00:00Bonsoir Edouard Philippe.
00:02Merci beaucoup d'être avec nous ce soir dans Tout le monde veut savoir et d'avoir choisi BFM TV pour votre
00:08interview de rentrée, la première depuis votre déclaration de candidature à l'élection présidentielle, c'était dans les colonnes
00:13du point, avec il faut le dire un timing qui a un peu surpris, c'est un euphémisme, on y reviendra
00:19tout à l'heure, mais d'abord nous sommes ici en direct de Reims, à quelques mètres de la cathédrale, parce que votre parti
00:26Horizon y organise sa rentrée et le premier ministre Michel Barnier est venu
00:31aujourd'hui vous rencontrer, rencontrer les parlementaires, il faut dire que les images étaient
00:35chaleureuses, je vais vous citer à sa nomination, vous avez réagi en disant je cite c'est un bon choix et je ferai tout pour l'aider
00:43la droite Barnier, c'est la droite Philippe, il n'y a pas une feuille de papier à cigarette entre vous ? Il y a de l'estime et de la
00:49confiance
00:50Je connais Michel Barnier depuis de nombreuses années
00:53et je pense que dans la situation politique assez compliquée et assez inédite que nous vivons, et assez périlleuse
00:59le choix de Michel Barnier par le président de la république est un très bon choix
01:03c'est un bon choix parce que Michel Barnier c'est un homme
01:08expérimenté
01:09méthodique
01:11droit, qui sait ce que c'est que la discussion et le compromis, qui sait être ferme aussi
01:18qui rassure nos partenaires européens
01:20ce qui à mon avis a du sens
01:22et donc je pense que
01:25encore une fois dans cette situation inédite, il est probablement le mieux placé pour
01:30essayer d'avancer, de faire avancer le pays. Mais vous avez des mots très positifs à son égard mais je répète ma question
01:34votre droite, vous êtes un homme de droite, vous le répétez régulièrement
01:38est-ce que c'est la même droite que celle de Michel Barnier ? Disons que c'est une droite qui a fait des choix parfois différents
01:43et qui a toujours conservé des liens d'estime et qui, sur l'essentiel
01:48sur la nécessité de stabiliser la situation politique du pays, sur la nécessité de faire attention
01:54à des sujets qui nous tiennent à coeur. Il est plus conservateur que vous Michel Barnier ?
01:59Il est peut-être plus conservateur que moi mais nous nous estimons
02:03et je pense que vous savez je crois que dans le moment que nous vivons
02:08ça n'aurait aucun sens d'essayer
02:11de travailler
02:12exclusivement avec des gens avec lesquels vous seriez d'accord surtout tout le temps, ça n'a pas de sens. On doit donc travailler
02:18et moi je redis mon estime à Michel Barnier et ma volonté
02:21de l'aider autant que je peux à stabiliser cette situation politique et à avancer.
02:25Et alors l'aider, s'il réussit, si au fond à quelques exceptions près vous pensez la même chose
02:31il va vous faire de l'ombre ? C'est quoi votre valeur ajoutée ? On en parlera tout à l'heure de votre
02:36candidature à l'élection présidentielle de 2027 mais
02:38quelqu'un qui arrive à Matignon en portant au fond à peu près les mêmes idées que vous, ça peut rapidement devenir un rival ?
02:43Si d'abord s'il réussit ce sera bon pour la France et bon pour le pays, ça c'est sûr. Permettez-moi de penser que c'est pas
02:49totalement secondaire
02:51et je pense même que c'est assez essentiel donc encore une fois je ferai le maximum pour l'aider
02:56c'est ce que j'ai compris aujourd'hui avec les journées parlementaires d'Horizon, à l'Assemblée Nationale et au Sénat
03:02les députés et les sénateurs d'Horizon ont envie de faire en sorte que ce grand rassemblement qui va de la droite conservatrice
03:09jusqu'à Renaissance, ce socle sur lequel Michel Barnier essaie de s'appuyer pour gouverner, qui fait 235 députés,
03:18soit le plus solide possible. Oui mais c'est intéressant ce que vous dites, votre groupe c'est une trentaine, un peu plus de 30 députés
03:23les images de la journée, de votre accueil de Michel Barnier, elles détonaient par rapport à ce qu'on a pu entendre notamment hier
03:29la façon dont les députés Renaissance ont reçu Michel Barnier. Je vais vous citer ce que disait l'ancien premier ministre
03:34Gabriel Attal, on a le droit de dire que notre soutien ne doit pas être tenu pour acquis, on n'est pas prêt à brader nos valeurs.
03:42Certains disent même qu'ils sont prêts à censurer le nouveau premier ministre. Est-ce que vous, vous avez des lignes rouges quand on vous écoute ?
03:47On a le sentiment au fond que c'est quasiment un soutien acquis pour Michel Barnier.
03:53Moi je pense que, encore une fois, dans la situation dans laquelle nous sommes,
03:57je vais vous dire, je vais même commencer un peu plus loin.
03:59En juin 2022, le lendemain du deuxième tour de l'élection législative,
04:05alors que Renaissance, Le Modem et Horizons avaient une majorité relative d'environ 260-250 députés.
04:13Vous aviez appelé à une coalition avec la droite ?
04:15Ici même, à Paris et sur BFMTV, j'avais dit que nous devions essayer de construire une coalition avec les LR pour pouvoir stabiliser la situation politique.
04:25Ça ne s'est pas fait. Je crois que du côté de la majorité, il n'y en avait pas réellement envie.
04:31Et je crois que du côté de LR, il n'y en avait pas non plus envie.
04:33Aujourd'hui, nous sommes dans une situation où si nous créons cette coalition,
04:37nous ne serons pas à 265, nous serons à 235 députés. Et elle est absolument indispensable.
04:41Et donc, je fais tout pour être cohérent avec ce que j'ai dit en 2022 et en 2024.
04:47Mais est-ce que vous avez des lignes rouges ?
04:49Tout le monde aujourd'hui parle de lignes rouges. On en parlera sur la question de l'immigration, sur la question des impôts.
04:53Quand on veut commencer à travailler avec d'autres, quand on veut faire naître cette confiance qui est indispensable pour gouverner ensemble,
04:59on peut s'envoyer à la figure des lignes rouges. On peut aussi dire, nous sommes prêts à discuter.
05:04Nous savons ce que nous souhaitons. Nous l'avons d'ailleurs exprimé.
05:07Laurent Marcangeli, le président du groupe Horizon à l'Assemblée nationale, député de Corse, a envoyé une lettre à ses homologues, président de groupe, pour leur dire...
05:15Il y a eu beaucoup de lettres envoyées cet été, pas beaucoup de réponses et sans doute pas beaucoup qui les ont lues.
05:19À quoi nous tenons chez Horizon ? D'abord à ne pas défaire ce que nous avons contribué à faire entre 2017 et 2020.
05:27En 2017, 2018, nous avons fait une réforme du marché du travail. Nous avons fait une réforme de l'apprentissage.
05:33Parfois d'ailleurs critiquée par les oppositions et parfois même par les députés, les républicains.
05:40Et donc ne pas remettre en cause Edouard Pradip, alors même que les Français ont envoyé un message aux législatives qui sanctionnait le pouvoir en place.
05:47Si vous m'y autorisez, je voudrais juste terminer mon propos. Donc je vais terminer mon propos.
05:51Nous avons donc fait un certain nombre de choses auxquelles nous sommes attachés.
05:55Faire en sorte de pouvoir, par des baisses d'impôts, favoriser l'implantation d'entreprises en France, le redéploiement industriel.
06:04Toutes ces choses qui ont fonctionné, le chômage a baissé, des usines sont créées, ça c'est des éléments qui nous paraissent très positifs.
06:10Nous ne voulons pas les remettre en cause.
06:11Mais ça a été sanctionné par les Français à l'occasion des élections ?
06:13Un certain nombre de choses ont été fonctionnées, mais permettez-moi d'être à la fois fier d'avoir réformé le marché du travail,
06:19d'avoir, avec les membres du gouvernement et de la majorité de l'époque, réformé l'apprentissage,
06:23et fait passer l'apprentissage d'un peu moins de 500 000 personnes à aujourd'hui près d'un million.
06:27Ces réformes, elles sont bonnes. Nous ne voulons pas les défaire.
06:29Nous ne voulons pas non plus que nous rentrions dans une espèce de course à défaire ce qui a été fait, et de mon point de vue, pour un certain nombre de mesures, bien fait.
06:41Mais Michel Barnier dit qu'il faudra des changements et des ruptures.
06:44Il a parlé de changements et de ruptures. On verra dans quel domaine, si c'est dans le style, dans la façon de gouverner, ou sur le fond.
06:52Je ne dis pas qu'il n'y a rien à changer, il y a toujours des choses à améliorer.
06:55Quoi par exemple ?
06:56Je crois avoir entendu le Premier ministre dire qu'il souhaitait améliorer la réforme des retraites.
07:01Ça vous y êtes prêt ?
07:03S'il ne défait pas ce que je crois essentiel, c'est-à-dire les éléments qui permettent un meilleur équilibre financier,
07:10s'il veut améliorer telle ou telle disposition sur la situation de telle ou telle catégorie de groupes,
07:16ayant par exemple des métiers particulièrement pénibles ou des carrières particulièrement longues.
07:20On peut toucher à la réforme des retraites, mais à condition que le squelette principal ne bouge pas.
07:24C'est un peu paradoxal quand même.
07:26Typiquement, la philosophie générale, et notamment le souci d'équilibrer les finances publiques,
07:32de ne pas faire peser de façon déraisonnable le poids de notre train de vie sur nos enfants et nos petits-enfants,
07:38ça, nous y sommes extrêmement attachés.
07:40Mais je crois d'ailleurs que Michel Barnier l'est aussi.
07:42En tout cas, nous lui disons que nous sommes extrêmement attachés à ça,
07:44et nous discuterons dans le cours des semaines qui viennent des mesures qui peuvent incarner cette politique et ses convictions.
07:52Sur les premiers pas de Michel Barnier, voilà la phrase qu'il a prononcée,
07:54« le Président va présider et le gouvernement va gouverner ».
07:58Visiblement, Michel Barnier pense avoir le champ libre.
08:01Quand vous étiez vous à Matignon, vous l'avez raconté dans votre livre,
08:04le Président s'occupait à peu près de tout.
08:07Il va falloir qu'il se mette en retrait Emmanuel Macron, qu'il accepte que la donne a changé.
08:13J'ai cru comprendre que l'Elysée et Matignon avaient pris acte de ce que la donne avait changé.
08:19Oui, il y a ce qu'on dit et la façon dont on se comporte.
08:23Vous connaissez le tempérament du Président de la République, vous êtes payé pour le savoir si j'ose dire,
08:26que ce n'est pas toujours facile pour lui de laisser le champ à son Premier ministre.
08:29Les institutions de la Ve République fonctionneront toujours mieux lorsque le Président présidera et que le gouvernement gouvernera.
08:35C'est ma conviction, elle est fondée sur la lecture des textes constitutionnels et l'expérience que j'ai pu en avoir.
08:41Il faut qu'ils prennent du recul.
08:43Vous savez, pour un Président présider, ce n'est pas partir très loin.
08:47C'est redoutablement difficile comme fonction et ça demande énormément de vision pour le pays.
08:55Présider sous la Ve République, ce n'est pas inaugurer les chrysanthèmes, mais ce n'est pas gouverner.
09:01Il faut que le Président préside, que le gouvernement gouverne.
09:04Michel Barnier a parfaitement raison de souligner cette nécessité et je le soutiens totalement dans cette lecture.
09:09Un mot sur le gouvernement.
09:11Michel Barnier a dit aujourd'hui, à l'occasion d'une question qui lui était posée, que le gouvernement serait connu la semaine prochaine.
09:16À quoi il doit ressembler ce gouvernement ?
09:18Il y a une interrogation chez les Français, parce qu'on voit bien certains ministres actuels, des missionnaires, qui font acte de candidature.
09:24Et là, ceux qui nous regardent se disent, mais au fond, on a voté et on va se retrouver avec une équipe ministérielle qui ressemblerait à celle que l'on a déjà.
09:32Est-ce que ça, c'est possible ?
09:33Écoutez, Jean-Manuel, je ne vais pas commenter un gouvernement qui n'est pas constitué.
09:36Non, mais vous pourriez dire comme membre de la majorité, membre important, de dire voilà à quoi le gouvernement doit ressembler.
09:42Voilà ce que vous aurez à voir au gouvernement.
09:44Vous aurez remarqué que chez Horizon, personne n'a procédé de la sorte.
09:47Et que donc, nous attendons, nous avons commencé la discussion avec Michel Barnier, et j'attends de voir comment il veut organiser l'architecture de son gouvernement.
09:55Mais ça vous choquerait que le ministre actuel reste au gouvernement ?
10:00Rien ne me choque. Encore une fois, c'est lui qui a parlé de rupture et de changement.
10:04On va voir, il y a d'excellents ministres dans le gouvernement actuel.
10:07Et s'ils considèrent que ces ministres peuvent continuer à porter, et qu'ils leur proposent de rester ministre, et qu'ils le souhaitent, je n'y verrai aucun inconvénient.
10:15Mais je ne crois pas qu'on formule la demande pour devenir ministre, ni sur les ondes, ni dans les journaux.
10:24Voilà, ce n'est en tout cas pas ma façon de faire.
10:26Et je vous dis ça, moi je ne suis pas concerné, ça ne m'intéresse pas, mais du tout.
10:30Vous ne vous le retrouverez pas, mais il y aura des ministres Horizon ?
10:33On verra ce que dit.
10:34Michel Barnier a considéré, à juste titre, que nous étions dans la logique de l'accompagner et de l'aider.
10:40Bon, donc il proposera peut-être, sans doute, il avait l'air de le dire, à des députés, ou à des sénateurs, ou peut-être à des maires Horizon de rentrer au gouvernement.
10:48Et on verra le moment venu s'il l'accepte, et dans quelles conditions.
10:51Après la dissolution, vous aviez eu des mots forts, vous aviez dit au fond Emmanuel Macron il a tué la majorité présidentielle.
10:57Est-ce que vous appartenez encore au camp présidentiel ?
11:01J'ai été le premier ministre d'Emmanuel Macron de 2017 à 2020.
11:06Je n'ai pas l'intention de m'en excuser, ni de l'oublier.
11:09J'ai fait un certain nombre de choses, certaines dont je suis fier, d'autres que j'aurais pu mieux faire.
11:14C'est la vie, quand on fait des choses, on se rend compte a posteriori qu'on aurait pu mieux faire, toujours.
11:19Et on apprend.
11:21L'essentiel c'est aussi d'une certaine façon d'apprendre, et parfois même de corriger.
11:24Mais je ne vais pas m'excuser d'avoir souhaité, avec le président de la République en 2017, transformer le pays.
11:32Je m'arrête là-dessus parce que c'est intéressant.
11:34Vous avez incarné en 2017 cette volonté de dépasser les clivages, un jeune président élu sur cette promesse de révolution.
11:42Et là, il y a un empêchement, une forme d'empêchement, il y a aussi une sanction dans les urnes.
11:47Est-ce que vous ne dites pas qu'il y a une forme de gâchis de ce qui a été fait, de ce que vous avez contribué à construire ?
11:53La majorité de 2017 n'a pas tout réussi, c'est évident, d'ailleurs les français l'ont vu.
11:59J'observe néanmoins, monsieur Duhamel, et ça ne vous aura pas échappé, qu'en 2022, au moment de l'élection présidentielle,
12:05les français, librement, ont fait le choix de réélire Emmanuel Macron.
12:09C'est quand même un fait électoral, un fait politique, qui n'est pas totalement insignifiant, si vous voyez ce que je veux dire.
12:15Mais vous ne répondez pas quand je vous demande si vous êtes dans le camp présidentiel.
12:17Donc je confirme que de 2017 à 2020, j'ai été Premier ministre.
12:21J'ai œuvré pour la réélection d'Emmanuel Macron en 2022, je l'ai dit clairement.
12:25Est-ce que ça veut dire que je suis d'accord avec Emmanuel Macron sur tout ? Non.
12:29Et donc quand je ne suis pas d'accord avec lui, je le lui dis. Je le lui dis directement, je le lui dis clairement.
12:36Il vous écoute ?
12:37Pas toujours. Plus exactement, je crois qu'il m'écoute, mais que parfois il prend des décisions qui ne correspondent pas à ce que je lui dis.
12:44Et c'est son droit le plus strict. Ce n'est pas parce que je le lui dis que j'ai raison.
12:48Mais je lui dis toujours ce que je pense en pensant à l'intérêt du pays.
12:52Mais c'est difficile de dire que vous êtes dans le camp présidentiel ?
12:55Je suis aujourd'hui à la tête d'un parti qui, avec Renaissance, avec le Modem, avec LR, va essayer de stabiliser la situation politique.
13:09Et nous allons...
13:10Donc c'est difficile de le dire ?
13:11Ben non, je ne sais pas... Pardon, excusez-moi, je ne comprends pas très bien ce que vous voulez me faire dire.
13:17J'ai l'impression que vous voulez me faire dire quelque chose. J'ai l'impression que vous cherchez à provoquer une petite phrase.
13:22Non, je ne crois pas. C'est une question que se posent les Français. Ils ont vu vos mots.
13:25Je ne sais pas ce que vous voulez dire quand vous parlez du camp présidentiel.
13:27Emmanuel Macron a tué la majorité présidentielle.
13:29C'est un fait. En prononçant la dissolution. C'est-à-dire en disant que cette assemblée qui existait, dans laquelle il y avait une majorité présidentielle, à laquelle je faisais partie,
13:38je sais, je décide, dit-il, qu'elle cesse d'exister. À partir du moment où elle cesse d'exister.
13:45Ça veut dire qu'on repart à zéro. Les candidats à Horizon se sont présentés sous leurs couleurs. Ils sont revenus à l'Assemblée nationale un peu plus nombreux qu'ils n'étaient avant la dissolution.
13:55Ce qui m'a fait plaisir, parce que ça veut dire aussi que le discours que nous tenons, il est entendu. Tant mieux.
14:00Bon, je ne renie rien de ce que j'ai fait, mais je n'ai aucune intention de renoncer à la liberté intellectuelle et politique que j'ai acquise, que les députés Horizon ont acquise et à laquelle ils tiennent.
14:13On continuera d'en parler. Un mot sur les conditions de la nomination de Michel Barnier. S'il a été choisi, alors même qu'on évoquait Bernard Cazeneuve, Xavier Bertrand, c'est parce que le Rassemblement national s'est engagé à ne pas le censurer tout de suite.
14:25C'est-à-dire que, pour ceux qui nous regardent, la gauche a dit qu'il le censurerait. Marine Le Pen dit, en l'état, on attend de voir.
14:33Ça veut dire, Edouard Philippe, qu'on est passé d'une situation, d'un front républicain début juillet, à un gouvernement qui ne tient que par la bienveillance de Marine Le Pen.
14:41Est-ce que ça, ce n'est pas un problème ?
14:43Eh bien, je conteste assez vigoureusement l'interprétation que vous venez de faire.
14:50C'est les faits, Edouard Philippe.
14:51Non, et je voudrais vous présenter une version des faits.
14:53Allez-y.
14:55Il y a 577 députés à l'Assemblée nationale. Pour avoir une majorité absolue, il faut en avoir 289 ou plus. Pour qu'une motion de censure soit adoptée, il faut que 289 députés ou plus l'adoptent.
15:08Aucun des trois groupes politiques, dont aucun des majoritaires de façon absolue, ne peut, à lui seul, démettre le gouvernement.
15:17Le Nouveau Front Populaire, tout seul, ne peut pas voter une motion de censure contre le gouvernement.
15:21Le Rassemblement National et ses alliés, tout seul, ne peuvent pas démettre le gouvernement de M.Bardin.
15:27Vous avez raison, Edouard Philippe.
15:28Et donc, attendez, je termine M.Duhamel.
15:30Pour le démettre, pour le censurer, il faudra que le Nouveau Front Populaire et le Rassemblement National se mettent d'accord.
15:40Pourquoi est-ce que vous dites qu'il serait plus à la merci du Rassemblement National que du Nouveau Front Populaire ?
15:46Il appartiendra aux forces politiques de prendre leurs responsabilités.
15:49Parce que le fait est, Edouard Philippe, que par exemple, par rapport à Xavier Bertrand, Michel Barnier avait cet avantage de ne pas être censuré tout de suite par Marine Le Pen.
15:56Ça veut donc dire, je le répète, que c'est bien Marine Le Pen et ses députés Rassemblement National qui, au fond, tiennent dans leurs mains le destin de ce gouvernement.
16:04C'est l'ensemble de l'Assemblée Nationale qui tient le gouvernement dans sa main.
16:07Autant le Nouveau Front Populaire que le Rassemblement National.
16:10Si le Nouveau Front Populaire d'un côté et le Rassemblement National de l'autre décident de voter ensemble,
16:15s'accordent pour faire tomber ce bloc central qui est majoritaire, oui, le gouvernement tombera.
16:19Donc quand il y a des échanges entre l'Elysée et l'entourage de Marine Le Pen pour savoir s'il valide ou non le profit de Michel Barnier,
16:24ça ne vous choque pas qu'on soit passé, encore une fois, d'un front républicain visant à faire barrage au Rassemblement National
16:30à cette façon d'aller sonder le Rassemblement National pour voir comment il se positionne par rapport à la nomination de Michel Barnier ?
16:37D'abord, je ne sais pas s'il y a des échanges.
16:39Ensuite, s'il y en a eu, je ne crois pas qu'il soit inconsidéré pour le Président de la République de consulter les forces politiques de ce pays quand il nomme son Premier ministre.
16:50Et enfin, je vous le redis, l'idée que le Rassemblement National tiendrait à lui seul le gouvernement dans sa main
16:58me paraît fondée sur l'incroyable récit, et je dirais même le mythe, consistant à penser que le Nouveau Front Populaire serait totalement exempt dans cette affaire.
17:08Si le Nouveau Front Populaire veut voter avec le Rassemblement National...
17:11Ce n'est pas exempt, c'est que pour le coup, le Nouveau Front Populaire dit de toute façon qu'on censura toute autre personne que Lucie Castex.
17:15Si le Nouveau Front Populaire veut voter la censure avec le Rassemblement National, le gouvernement tombera.
17:21Il appartiendra à chacun de prendre ses responsabilités au Nouveau Front Populaire comme au Rassemblement National.
17:25Il faudra faire des concessions au Rassemblement National pour obtenir qu'il ne fasse pas tomber le gouvernement ?
17:29Je crois qu'il faudra faire en sorte que le gouvernement puisse répondre à des défis.
17:33Parce que depuis le début, on les traite sous l'angle très politique, et je dirais politicien.
17:39Il faudra que le gouvernement convainque le Parlement et les Français qu'il prend les mesures nécessaires à l'intérêt du pays.
17:47Et ça peut passer par un dialogue avec les élus du Rassemblement National.
17:51La vérité, c'est que la situation du pays est extrêmement délicate.
17:54J'entends bien qu'on passe beaucoup de temps sur le choix du Premier ministre, sur la dynamique politique...
18:00Et on va parler dans un instant du budget, de l'immigration...
18:02La vérité, c'est que nous sommes dans une situation qui est assez périlleuse, et je ne voudrais pas qu'on l'oublie,
18:06périlleuse sur le plan démocratique, périlleuse sur le plan budgétaire,
18:09périlleuse dans des domaines qui sont extrêmement importants pour les Français,
18:12la sécurité, le logement, l'éducation, l'environnement, et on en parle moins.
18:16Vous diriez qu'on est proche d'une crise de régime, ou pas ?
18:20Je ne dirais pas qu'on est près d'une crise de régime,
18:23mais je dirais assez volontiers que la situation dans laquelle nous nous trouvons est à la fois inédite et périlleuse.
18:28Et que, dans ces moments-là, il faut se concentrer sur ce qui est essentiel,
18:32et il ne faut quand même pas oublier l'intérêt du pays. Je le pense très sincèrement.
18:35Edouard Philippe, je voudrais qu'on parle d'une des premières épreuves auxquelles Michel Barnier va devoir faire face, le budget.
18:40Je vous ai lu, attentivement, vous parlez d'un risque d'accident majeur.
18:44L'un de vos prédécesseurs, assez lointain désormais, François Fillon, une fois nommé à Matignon,
18:48avait dit « je suis à la tête d'un État en faillite ». Est-ce qu'on en est là ?
18:51Non. Mais François Fillon n'avait pas complètement tort d'alerter l'attention des Français sur ce sujet.
18:57Je crois que le terme qu'il avait choisi de faillite était mal venu, je pense, parce que, justement, on n'était pas en faillite.
19:04Ce qui est vrai, c'est que nous vivons à crédit, très largement à crédit.
19:08Non seulement nous empruntons pour investir, ce qui peut parfaitement se comprendre,
19:11toutes les collectivités territoriales investissent en s'endettant,
19:14mais nous empruntons pour nos besoins de fonctionnement, pour notre train de vie.
19:21Et nous empruntons de plus en plus.
19:23Et nous n'arrivons pas à maîtriser la progression de cet endettement.
19:27Et le problème, quand on s'endette beaucoup, c'est que tout ça ne peut durer que lorsqu'aussi longtemps que nos prêteurs ont confiance en nous,
19:37savent que nous serons capables de rembourser, savent que nous prenons les mesures qui nous permettront de rembourser.
19:41Et le problème, je sais bien qu'en France, lorsqu'on dit ça, on vous dit « mais vous exagérez, la dette, ça se rembourse pas ».
19:47Le problème, c'est que si un jour, nos prêteurs ont un doute sur notre stabilité politique,
19:53sur notre capacité à prendre les mesures nécessaires pour aujourd'hui et demain rembourser nos emprunts,
19:58alors nous aurons un accident, un accident évident.
20:01Mais la faute à qui, Edouard Philippe ?
20:03Puisqu'on a eu les chiffres, on voit, le gouvernement a laissé le déficit déraper,
20:07il est à 5,6% de ce qu'on produit chaque année, alors qu'il devait être à 5,1%.
20:12Est-ce que vous considérez que le gouvernement n'a pas assez œuvré pour assainir les finances publiques ?
20:16Au fond, ce n'est pas un sujet de prédilection du Président de la République.
20:20Ce qui est vrai, c'est que les derniers mois ont montré un budget qui dérapait.
20:27C'est un fait, soit parce que les recettes avaient été sous-estimées, soit parce que les dépenses ont augmenté trop vite.
20:33De fait, dans les derniers mois, le déficit et donc la dette ont dérapé.
20:41Mais, quand on parle du sujet du budget, tout le monde devrait s'astreindre à une très grande humilité.
20:48Et je m'y astreins bien volontiers.
20:50Bruno Le Maire disait « j'ai sauvé l'économie française ».
20:53Parce que depuis 1974, j'avais 3 ans.
20:56Vous ne réagissez pas volontairement à cette phrase ?
20:59Parce que je suis en train de parler de quelque chose qui me paraît plus essentiel encore que ce que disent les uns et les autres en la matière.
21:06Depuis 1974, nous n'équilibrons plus notre budget.
21:09L'État n'équilibre plus son budget.
21:11C'était vrai par des gouvernements de droite, ça a été vrai par des gouvernements de gauche.
21:15Et donc, nous avons laissé dériver une situation.
21:17Et ça n'est pas grave au début.
21:19Ça ne nous a pas interdit de financer des investissements et de vivre, et parfois de vivre mieux.
21:24Ça ne nous a pas toujours permis de vivre mieux d'ailleurs.
21:27Beaucoup de Français qui n'ont pas le sentiment que l'explosion des dépenses publiques et l'explosion de la dette se sont traduites par des bénéfices pour eux.
21:33Mais nous arrivons, me semble-t-il, à un moment de très grande fragilité.
21:37Et cette grande fragilité, liée au niveau de la dette, est renforcée par l'instabilité politique qui résulte de cette élection législative.
21:43Et par les tensions qui peuvent intervenir parce que nos partenaires ne nous verraient pas prendre les mesures qu'ils attendent en matière de sérieux.
21:56Vous dites grande instabilité, est-ce que vous craignez, pour ceux qui nous regardent dire des choses concrètes,
22:00est-ce que vous craignez, par exemple, que le budget ne puisse pas être voté,
22:03et que derrière il y ait un scénario avec des taux d'intérêt qui explosent, des attaques sur les marchés financiers ?
22:09Ce scénario n'est pas impossible.
22:11Ce scénario n'est pas impossible.
22:13Je ne le souhaite pas.
22:16Une bonne partie des positions politiques que je prends aujourd'hui a pour objet, justement, de permettre au gouvernement d'éviter cette crise.
22:25Mais je crois qu'il faut que chacun ait conscience que ce scénario n'est pas impossible.
22:29Et donc il faut le prendre au sérieux.
22:31Vous savez, ce n'est pas Édouard Philippe qui dit ça à Reims dans une interview à BFM TV.
22:35Le président de la Cour des comptes attire l'attention sur ce sujet.
22:40Budget le plus délicat de la Ve République, dit-il.
22:43Budget redoutable, oui. Redoutable à construire.
22:47Sur cette question des choix que le gouvernement et les parlementaires vont devoir faire, il y a la question de la fiscalité.
22:53Michel Barnier a dit « je ne suis pas fermé à ce qu'il y ait davantage de justice fiscale ».
22:58Est-ce que vous seriez prêt à ce qu'il y ait effectivement des augmentations d'impôts ciblées, soit sur les plus riches, soit sur les plus grandes entreprises ?
23:07Est-ce que ça fait partie des outils qui pourraient être utilisés ?
23:10Vous êtes fascinant.
23:12Michel Barnier dit qu'il faut faire attention à la justice fiscale.
23:15Et vous déduisez que ça se traduit nécessairement par la hausse d'impôts ?
23:19Écoutez, je ne sais pas comment on peut comprendre justice fiscale si ce n'est de faire contribuer davantage ceux qui le peuvent.
23:25C'est du moins comme cela que ça a été interprété.
23:27Ou faire contribuer moins des gens qui sont plus modestes.
23:30Et on est en situation de baisser les impôts ? Vous venez de nous dire que la situation était terrible. Je ne suis pas certain que ce soit très cohérent dans ce cas-là.
23:35Mais si, parce que comme souvent, comme souvent à droite, comme souvent à gauche, vous considérez que la variable d'ajustement c'est toujours les recettes supplémentaires.
23:44Donc il ne faut aucun impôt supplémentaire ?
23:46Je vous dis que les baisses d'impôts qui ont été réalisées depuis 2017 ont eu pour mérite de permettre des investissements bien supérieurs dans notre pays,
23:56de la création de richesses, de la création d'emplois.
23:59Et je pense que nous devrions songer sérieusement à ne pas envoyer des signaux différents.
24:05Que l'équilibre budgétaire soit important, j'en conviens, je viens de vous le dire, on peut travailler à plus de justice fiscale.
24:13La justice fiscale, la justice sociale sont des objectifs parfaitement nobles et essentiels à mes yeux.
24:19Mais de grâce, n'imaginons pas que plus de justice, ce soit nécessairement plus d'impôts.
24:25Immédiatement, on peut réorienter un certain nombre d'impôts de façon à ce qu'il y ait plus de justice.
24:29Et on peut se poser la question de l'efficacité de la dépense publique, qui objectivement n'est pas satisfaisante dans notre pays.
24:35Et on peut se demander comment est-ce qu'on transforme l'épargne entière de l'action publique pour baisser la dépense publique.
24:40Ne commençons pas systématiquement en se disant il y a un problème budgétaire, vite augmentons les impôts.
24:45Donc vous n'êtes pas favorable à ce que les impôts soient augmentés.
24:48Dans un pays qui part ailleurs, et vous le savez parfaitement, et la France le sait parfaitement,
24:52est un pays qui a le taux de prélèvement obligatoire le plus important, peut-être l'un des deux plus importants de l'Union Européenne.
25:00Avant de parler de votre candidature, un dernier mot sur le sujet de l'immigration.
25:04Une loi a été votée, elle est rentrée en vigueur, c'était en janvier.
25:08Michel Barnier semble continuer à vouloir traiter ce sujet, il a parlé de frontières passoires.
25:12Est-ce que vous considérez qu'il faut une nouvelle loi, qu'il faut de nouveau agir sur le front de l'immigration ?
25:18Des lois sur l'immigration, il y en a eu tellement depuis que je m'intéresse aux affaires publiques,
25:23que s'il s'agissait d'une loi supplémentaire pour régler tous les problèmes, ça se saurait.
25:28Est-ce que la loi actuelle, celle qui a été votée, a purgé le sujet ?
25:31Bon, elle a amélioré les choses, mais elle n'a pas purgé le sujet.
25:34J'ai eu l'occasion de dire qu'il fallait prendre cette question au sérieux.
25:37Vraiment au sérieux.
25:38J'ai eu l'occasion de faire des propositions.
25:40J'en ai fait une, qui a peut-être surpris certains, que je reformule ce soir,
25:45qui consiste à considérer que nous devrions, me semble-t-il, dénoncer la convention qui lie la France à l'Algérie,
25:52convention qui a été signée en 1968.
25:54Et qui, pour ceux qui nous regardent, permet de donner des visas plus facilement, facilite les flux migratoires entre la France et l'Algérie.
25:59C'est différente de celle qui prévale aujourd'hui.
26:02Je suis convaincu qu'il y a là quelque chose qui permettrait d'améliorer la situation.
26:06Je ne suis donc pas du tout opposé à ce qui est, au contraire, extrêmement décidé,
26:11à ce qui est plus de fermeté, ou plus exactement, plus d'efficacité et plus de contrôle.
26:17Nous ne pouvons pas, aucun grand pays ne peut accepter que les questions migratoires
26:23soient des questions sur lesquelles il ne décide pas.
26:26C'est-à-dire des questions qui s'imposent à lui.
26:28Or, aujourd'hui, nous ne décidons pas, nous n'avons pas les instruments qui permettent de décider,
26:33effectivement, de ce que nous voulons.
26:35Du nombre de personnes qui viennent de l'étranger que nous voulons admettre sur le territoire,
26:39ou dont nous voulons qu'elles restent.
26:41– Et vous disiez en début d'interview, Édouard Philippe, que…
26:43– Que nous voulons raccompagner chez elles, parce que nous considérons qu'elles doivent partir.
26:46– Que vous aviez assez peu de différence avec Michel Barnier.
26:48Rappelons ses propos en 2021, il disait, quand il était candidat à la primaire de droite,
26:51il faut qu'il y ait un moratoire sur l'immigration.
26:53C'est-à-dire que pendant 3 à 5 ans, il n'y ait plus de flux.
26:56– Je ne crois pas que cette idée… Pardon.
27:00Je suis certain qu'aujourd'hui, avec les instruments que nous avons,
27:03cette idée est totalement infaisable.
27:05Donc on peut savoir, on peut se demander si c'est bien ou si ce n'est pas bien,
27:07ça n'est pas faisable aujourd'hui.
27:09Et je ne crois pas que ce soit sain.
27:11Nous avons besoin d'étudiants étrangers.
27:13On ne va pas interdire aux étudiants étrangers de venir étudier en France.
27:16Nous avons besoin de travailleurs qui viennent de l'étranger.
27:19Mais nous avons besoin de décider qui vient.
27:22Ce n'est pas un gros mot, ce n'est pas quelque chose de scandaleux.
27:25Nous avons besoin de décider qui vient et qui ne peut pas venir.
27:28– Et vous assumez de dire qu'il faut moins d'immigration ?
27:30– Oui, parce que je pense qu'il vaut mieux la contrôler,
27:32et que donc nous en aurons moins si nous la contrôlons mieux.
27:34– Deux questions rapides sur ce sujet.
27:35Un ministère de l'immigration, ça sert à quelque chose ?
27:39– D'abord, je ne sais pas si c'est l'ambition du Premier ministre.
27:44Je ne sais pas quelle architecture gouvernementale il voudra nommer.
27:49Permettez-moi de vous faire part de mon expérience.
27:51Lorsqu'on crée un nouveau ministère, et qu'on se dit,
27:55ça traduit une orientation, une finalité, une ambition politique,
27:59on passe souvent plus de temps à recomposer l'organisation de ce nouveau ministère,
28:05à déterminer la façon dont les process doivent être mis en cause,
28:09que de temps consacré à régler le problème.
28:12Je suis donc partisan d'adopter des solutions qui sont efficaces,
28:16plus que des solutions qui sont symboliques.
28:18– Dernière question sur l'aide médicale d'État,
28:21qui est la possibilité de couvrir les frais de santé
28:23pour les étrangers en situation irrégulière.
28:25À droite, dans le parti de Michel Barnier, on continue à vouloir la restreindre.
28:29Est-ce que c'est une bonne idée ?
28:31– On peut sans doute discuter de savoir si elle est toujours
28:35exactement adaptée aux besoins.
28:37Mais je vais vous dire très exactement ce que j'en pense.
28:39Autant je suis partisan d'une très grande fermeté sur l'accès sur le territoire,
28:43autant je suis très partisan des dispositions qui ont été décidées
28:46au niveau européen pour faire en sorte que l'on puisse instruire
28:48les demandes d'asile à l'extérieur du territoire européen.
28:51Ça me paraît absolument essentiel et je pense qu'il faut les appliquer fermement.
28:54Autant l'idée de supprimer l'aide médicale d'État,
28:56supprimée, est une très mauvaise idée.
28:58– Et de la transformer en aide médicale d'urgence ?
29:01– Franchement, je vous ai dit, on devrait chercher l'efficacité
29:04plutôt que les symboles.
29:06Si vous appelez l'aide médicale d'État l'aide médicale d'urgence,
29:08franchement vous avez un symbole, ça ne change pas grand-chose.
29:11L'idée de dire qu'on va cesser dans une ligne du budget de l'État,
29:14de prévoir le financement des soins qui sont apportés à des étrangers,
29:18même en situation irrégulière, qui sont malades,
29:21traduirait forcément par le fait que de toute façon,
29:23comme ils seraient soignés dans les hôpitaux,
29:25ce serait du déficit budgétaire pour les hôpitaux.
29:28C'est donc une espèce de fausse fermeté.
29:32Vous voyez, une forme de fermeté symbolique,
29:35mais qui ne se traduit par rien qui ne soit efficace.
29:38Et ça a même des inconvénients,
29:40parce que quand il s'agit de maladies infectieuses,
29:42on préfère que les gens se soignent.
29:44Donc vérifier chaque année que le panier de soins
29:48accessibles à l'aide médicale d'État est bien utilisé,
29:51pas de problème, je l'ai fait quand j'étais Premier ministre,
29:53et j'ai même réduit un peu ce panier, pas de problème.
29:55Mais l'idée de se dire, pour avoir l'air martial,
29:58pour avoir l'air ferme, qu'on supprime l'aide médicale d'État,
30:01me semble une mauvaise idée.
30:03Je préfère qu'on s'attaque à des sujets
30:05qui sont efficaces plutôt qu'à des symboles.
30:07Edouard Philippe, je voudrais maintenant qu'on parle de votre
30:09déclaration de candidature à l'élection présidentielle,
30:11c'était donc la semaine dernière, en pleine crise politique,
30:13le Premier ministre Michel Barnier n'était pas encore désigné.
30:16Ouvrez les guillemets, en politique,
30:18les fautes de temps sont plus graves qu'en grammaire,
30:20voilà ce qu'a aimablement dit François Bayrou,
30:22le patron du Modem, à votre sujet.
30:24C'était vraiment le bon moment, en pleine crise politique,
30:26de déclarer sa candidature à l'élection présidentielle ?
30:30Écoutez, j'ai répondu clairement à une question qui était claire.
30:34J'aurais parfaitement pu, comme beaucoup le font,
30:37tourner autour du pot.
30:39Ce que vous faisiez avant ?
30:40Avant, je disais que je me préparais.
30:42Il y a un moment où il faut dire qu'on se prépare,
30:45et on se prépare pourquoi ? On se prépare pour être candidat.
30:47Et j'ai dit que je serai candidat à la prochaine élection présidentielle.
30:50Je ne suis pas pressé, mais je suis déterminé.
30:53Et parfois, et surtout à des moments où ça part un peu dans tous les sens,
30:57où les gens ne savent pas très bien dire les choses clairement,
31:00ça a de la valeur, et donc je l'ai dit clairement.
31:02Quand vous le faites, quand vous le dites à ce moment-là,
31:05vous savez très bien que cela va percuter la façon
31:09dont Emmanuel Macron est en train d'essayer de trouver un Premier ministre,
31:12est en train aussi de faire face à ses difficultés face à ce qui apparaît,
31:16vous l'avez dit vous-même, à une crise institutionnelle.
31:18Est-ce que ce n'est pas de la déloyauté à son égard ?
31:20Non, pas du tout. Pas du tout. Pas du tout.
31:23Je sais bien qu'en France, on est fasciné par l'instant,
31:28fasciné par le présent, par le commentaire de la posture du présent.
31:32Je le sais.
31:33C'est comme ça que notre débat public fonctionne, et je le déplore.
31:36Moi, je m'intéresse au présent.
31:38J'essaie, avec la force politique que je préside,
31:41avec les députés horizon, les sénateurs horizon, de stabiliser la situation,
31:44d'aider à la constitution d'un gouvernement stable
31:46qui va pouvoir permettre de régler les affaires de la France,
31:49mais je me préoccupe aussi de la suite.
31:51La vérité, c'est que la dernière élection législative,
31:53elle n'a pas permis ce débat essentiel sur où est-ce qu'on emmène la France.
31:56Vous reconnaissez que vous ne lui facilitez pas la tâche en faisant cette...
31:59Je ne crois pas que je le gêne non plus.
32:02Et puis, je vais vous dire, il y a un moment...
32:04Non, je ne crois pas non plus.
32:05Il y a un moment où il faut dire les choses clairement.
32:07Il faut essayer de dire clairement que, le moment venu,
32:09je serai candidat à l'élection de la présidence de la République.
32:12Voilà.
32:13La veille de l'apparition de votre entretien,
32:15vous avez vu le président de la République.
32:16Il vous a reçu pendant deux heures, je crois.
32:18Et vous ne lui avez pas dit que vous serez candidat.
32:20Pourquoi ?
32:21Il faut bien qu'il y ait un avantage à ne jamais raconter
32:23ses conversations avec le président de la République.
32:26C'est étonnant, non, de ne pas lui dire ?
32:28Voilà.
32:29J'ai dit clairement les choses.
32:31Mais pas à lui, directement.
32:32Il le sait maintenant.
32:33Oui, ça c'est sûr, en lisant les colonnes du Point.
32:35Qu'est-ce que ça dit de vos relations ?
32:36Au fond, on ne va pas ici répercuter ce qui se dit
32:39dans les gazettes, dans les journaux.
32:40Mais on parle de relations plus que glaciales.
32:44Certains disent détestations.
32:46Non, je ne crois pas du tout que ça corresponde à la réalité.
32:48Je ne crois pas du tout.
32:49Et puis, je vais vous dire, je ne vais pas commenter les commentaires.
32:52C'est très bien.
32:53Ça fait vendre, les commentaires.
32:55Ça fait jaser.
32:57Mais honnêtement, qu'est-ce qu'on en a à faire des commentaires ?
33:00Moi, je sais que, quand je parle au président de la République,
33:02je lui dis les choses telles que je les vois,
33:04telles que je les sens,
33:05et telles que je pense qu'elles sont bonnes pour la France.
33:07Et il en fait, vous savez quoi, monsieur Duhamel ?
33:09Il en fait ce qu'il veut.
33:10Parfois, il m'écoute et il me suit.
33:12Parfois, il m'écoute et il ne me suit pas.
33:14Grand bien lui fasse.
33:15Je ne lui demande pas d'être systématiquement d'accord avec moi.
33:19Je m'impose de lui dire quand je ne suis pas d'accord avec lui.
33:22Je le fais, en général, en tête à tête.
33:26Et vous m'avez très peu vu commenter
33:29des petites décisions du président de la République.
33:31Quand il y a une décision qui me paraît contestable
33:34pour l'avenir du pays, je le dis.
33:36Je le dis clairement.
33:37Je le dis sans aucune déloyauté.
33:38J'ai dit que je pensais que la dissolution n'était pas une bonne décision.
33:42Je le dis sans déloyauté.
33:43Si pour vous, la loyauté, c'est de dire c'est très bien
33:46alors qu'on pense que c'est un problème,
33:47ce n'est pas ma définition de la loyauté.
33:49Si on fait des parallèles,
33:51votre entourage a beaucoup cité Georges Pompidou en 1969
33:54qui dit qu'il se présentera à la prochaine présidentielle
33:58alors même que le septennat du général de Gaulle va jusqu'en 1972.
34:02Résultat, le référendum, le balai, il démissionne.
34:06Et Georges Pompidou est candidat en 1969.
34:08Ce n'est pas la déclaration de Georges Pompidou
34:10qui fait que le référendum est perdu.
34:12Non, mais je n'ai pas vécu l'époque.
34:14Mais ça avait été perçu à l'époque
34:16comme une façon de le pousser dehors.
34:19On peut aussi se demander si,
34:20en déclarant de cette manière-là votre candidature,
34:22vous ne faites pas à Emmanuel Macron
34:24ce que lui-même a fait à François Hollande.
34:25Non, je ne crois pas.
34:28Et encore une fois, j'ai exprimé,
34:31je voudrais que vous le compreniez bien,
34:33j'ai exprimé une détermination, pas une impatience.
34:37Je ne suis pas impatient, mais je suis déterminé.
34:40Et parfois, c'est bon de le dire.
34:42Dans les colonnes du Point, vous dites,
34:45sur votre programme, projet à venir,
34:47ce que je proposerai sera massif.
34:50Mais vous ne précisez pas,
34:52qu'est-ce que vous entendez par massif ?
34:53Est-ce qu'au fond, c'est du Thatcher,
34:55du sang, de la sueur et des larmes ?
34:57Est-ce que c'est une révolution,
34:59comme le promettait Emmanuel Macron,
35:01le candidat Macron en 2016-2017 ?
35:03Qu'est-ce que ça veut dire massif ?
35:04C'est une façon de faire peur aux Français ?
35:06Pas du tout, pas du tout.
35:08Ce ne sera ni du Thatcher, ni du Macron.
35:10Je pense que ce sera du Philippe.
35:12Parce que je ne cherche pas à imiter qui que ce soit.
35:15Autant je cherche systématiquement à apprendre,
35:18parce que je pense que c'est indispensable d'apprendre,
35:20autant je ne cherche pas à imiter qui que ce soit.
35:22Ni à l'étranger, ni en France.
35:24Reconnaissez monsieur Duhamel,
35:26que vous êtes, je vous l'ai déjà dit,
35:28et je le redis, d'une certaine façon assez fascinant.
35:30Puisque, à la question précédente,
35:34vous m'avez expliqué que le timing était surprenant,
35:37et que c'était une opération d'estabilisation.
35:40Et maintenant vous me demandez, quel est le programme ?
35:42Le programme viendra, le moment venu.
35:44Mais qu'est-ce que ça veut dire massif ?
35:46Massif, ça veut dire que sur un certain nombre de sujets,
35:48pas sur tout, nous ne changerons pas le pays.
35:51Nous ne le rendrons pas,
35:53ni plus puissant, ni plus prospère,
35:55ni plus juste, ni plus libre,
35:57par des petits ajustements.
35:59Il faut donc choisir un certain nombre de domaines
36:01où il y a besoin de transformations profondes.
36:05Et ces transformations,
36:07il faudra les présenter aux Français avant l'élection.
36:09Le débat présidentiel de 2022,
36:12c'est un fait,
36:14me paraît avoir été un peu trop limité
36:18sur les options possibles
36:20et sur l'ampleur des programmes.
36:22Le débat de 2024,
36:24au moment des élections législatives,
36:26a été quasiment, de ce point de vue,
36:28me semble-t-il, absent.
36:30Et donc, lors de la prochaine élection présidentielle,
36:33le pays devra trancher ces questions.
36:35Je n'ai aucun doute sur le fait
36:37qu'au Rassemblement National, on proposera des choses.
36:39Je n'ai aucun doute sur le fait
36:41que chez M. Mélenchon, on proposera des choses.
36:43Eh bien moi, je proposerai aux Français
36:45un certain nombre de transformations,
36:47dont je pense qu'elles seront massives,
36:49parce qu'il faudra, effectivement,
36:51apporter ces réponses,
36:53et qu'elles sont attendues.
36:55Et ensuite, et c'est ça qui est beau dans une France,
36:57les Français choisiront.
36:59Un point précis.
37:01Et ce sera vrai en matière d'éducation,
37:03en matière de politique du logement,
37:05en matière de sécurité, en matière de défense.
37:07Dans tous ces domaines,
37:09il faudra des transformations massives.
37:11Mais ça veut dire qu'il faudra, au fond,
37:13une forme de rupture ?
37:15On est toujours dans la rupture.
37:17Je vais vous dire,
37:19si on veut changer les choses,
37:21il faut vouloir être dans la rupture.
37:23Après, il y a des choses qui sont permanentes,
37:25parce que la France, on la transforme,
37:27on ne la change pas complètement.
37:29Moi, je suis convaincu
37:31et très inquiet
37:33de l'idée
37:35que, au fond,
37:37la France s'abandonne,
37:39et que de petits renoncements
37:41en petits conforts,
37:43elle cesse d'avoir pour ambition
37:45d'être ce pays
37:47qui doit, à mes yeux, être puissant,
37:49prospère, juste et libre.
37:51Et je suis,
37:53vraiment, je vous le dis très sincèrement,
37:55inquiet de ça.
37:57Et donc, je crois qu'on ne s'en sortira pas
37:59par des petits ajustements,
38:01on ne s'en sortira pas par une mesure
38:03qui, sans doute, fera du bien,
38:05mais qui ne sera pas à la hauteur des enjeux.
38:07Je pense qu'en matière d'éducation,
38:09il faudra transformer massivement, si j'ose dire,
38:11très profondément, le système.
38:13Je pense que si on veut, effectivement, être
38:15deux mains à la hauteur des enjeux
38:17en matière de sécurité et de menaces
38:19qui pèsent sur notre pays, alors il faudra
38:21se poser des questions, et des questions fondamentales
38:23et délicates, sur la politique de défense.
38:25Un exemple très concret, sur les retraites.
38:27Vous dites, il faudra travailler plus longtemps.
38:29Est-ce que, vous redites,
38:31j'assumerais de dire que
38:33l'âge légal doit être
38:3565, 66,
38:37voire 67 ans, comme vous l'aviez dit,
38:39c'était dans les colonnes de challenge.
38:41Si nous voulons conserver le système par répartition,
38:43auquel les Français sont légitimement attachés,
38:45la démographie, qui est la nôtre,
38:47nous conduira, nécessairement,
38:49pour équilibrer le système, à travailler plus longtemps.
38:51Vous pouvez dire que c'est
38:53une obsession chez moi, je me permets de souligner
38:55que la gauche espagnole,
38:57qui est très à gauche, et la droite italienne,
38:59qui est très à droite, disent la même chose.
39:01Parce qu'elles ont des démographies
39:03qui sont comparables. Parce qu'elles savent que
39:05si nous voulons préserver les pensions des retraités,
39:07alors il va falloir travailler un peu
39:09plus longtemps. C'est un fait démographique.
39:11On peut aussi vouloir totalement changer le système,
39:13pourquoi pas ? Mais si on
39:15veut conserver la répartition, notre démographie
39:17nous impose...
39:19Et ne n'ayons pas ici des pudeurs de gazelle. Travailler plus longtemps,
39:21il faut dire les choses concrètement.
39:23La réforme faite par
39:25Elisabeth Borne a conduit à passer l'âge
39:27légal de départ à la retraite à 64 ans.
39:29Ce qui a mis des millions de Français dans la rue.
39:31Est-ce que vous assumez de dire qu'il faudra continuer
39:33à reculer l'âge légal
39:35de départ à la retraite ? La question est au fond assez simple.
39:37Permettez-moi de dire que vous entendre
39:39dire que
39:41j'aurai des pudeurs de gazelle sur ce sujet
39:43alors que je suis un des Français,
39:45un des responsables politiques qui,
39:47sachant parfaitement que ce sujet est impopulaire,
39:49terriblement impopulaire,
39:51dit depuis longtemps
39:53qu'il faut arrêter de se cacher derrière son petit doigt
39:55et travailler plus longtemps. Donc reculer l'âge légal.
39:57Mais c'est ce qui s'est fait
39:59dans tous les pays européens,
40:01Monsieur Duhamel. Dans tous les pays européens. Je vous ai cité
40:03l'Italie et l'Espagne qui sont à 67 ans.
40:05Je ne vous dis pas que j'ai envie.
40:07Je vous dis que c'est ce qui se fait, c'est la vérité.
40:09On ne va pas commencer à regarder
40:11la vérité en face. En Espagne,
40:13en Italie, l'âge légal de départ
40:15a été poussé. Et donc, si on veut
40:17conserver ce système par répartition, il faut
40:19accepter cette idée. Est-ce qu'on doit
40:21pouvoir réfléchir à des transformations
40:23du système de retraite ? Je crois.
40:25Pour le sauver.
40:27Mais au moment de la campagne,
40:29qui n'est pas aujourd'hui,
40:31j'aurai l'occasion
40:33de faire des propositions. Et là encore,
40:35je proposerai des choses qui ne seront pas
40:37des petits ajustements qui
40:39permettront d'envisager la suite avec
40:41beaucoup de pérennité,
40:43beaucoup de visibilité.
40:45Une question encore sur cette déclaration de candidature.
40:47Il y a eu une réponse qui a beaucoup
40:49été commentée. L'hebdomadaire
40:51Le Point vous dit, est-ce que vous êtes prêts, même en cas
40:53de présidentiel anticipé ? C'est-à-dire si Emmanuel
40:55Macron ne pouvait pas aller au terme
40:57de son second quinquennat, et vous répondez
40:59je vous le confirme.
41:01Certes, dans les colonnes de Paris-Normandie,
41:03vous avez dit je ne veux pas qu'il y ait de déstabilisation
41:05des institutions. Mais le fait est, quand on vous lit,
41:07ça affaiblit le président. On a presque
41:09l'impression que vous souhaitez
41:11sa démission et qu'il y ait une présidentielle anticipée.
41:13Pas du tout. J'ai un respect
41:15ancien fini répété
41:17pour les institutions.
41:19Je pense que le pays
41:21a besoin de stabilité. Je vous en ai parlé plusieurs fois
41:23ce soir.
41:25Il serait terrible
41:27qu'un élu
41:29parlé français
41:31ne puisse pas aller au terme de son mandat.
41:33Je ne suis absolument
41:35pas dans ce
41:37type de logique,
41:39dans ce type de calcul.
41:41Vous vous préparez à toutes les éventualités.
41:43Je pense que ce serait terrible
41:45pour les institutions. Et les institutions,
41:47il faut les respecter parce que c'est ce qui nous permet
41:49de tenir.
41:51Quand on est un responsable
41:53politique,
41:55l'expérience que j'ai désormais me laisse
41:57convaincu qu'il faut
41:59se préparer à tout.
42:01Même à ce qu'on ne souhaite pas.
42:03Et donc vous êtes prêts
42:05si cette hypothèse
42:07se présente.
42:09Une dernière question sur votre candidature
42:11puis j'ai une question à vous poser sur
42:13celles et ceux que vous pourriez affronter
42:15en 2027. Il peut se passer beaucoup de choses
42:17en trois ans. On a connu des personnalités
42:19qui disaient oui oui je serai candidat
42:21et qui au fond voyaient leur ambition
42:23ensuite dépérir
42:25à cause des circonstances.
42:27Vous nous dites, quoi qu'il arrive,
42:29je serai candidat, je suis déterminé
42:31et je me présenterai
42:33face aux français à l'élection,
42:35à la prochaine élection présidentielle.
42:37Je vous ai dit ma détermination,
42:39n'en doutez pas.
42:41Edouard Philippe, en 2027
42:43il y a ceux qui sont déjà quasiment candidats,
42:45Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon.
42:47Vous vous préparez à affronter qui ?
42:49C'est qui votre principal adversaire ?
42:51Je me prépare à proposer quelque chose aux français.
42:55Bien sûr qu'il y aura des adversaires.
42:57C'est pas simplement la nature des choses.
42:59C'est indispensable pour le débat public.
43:01Moi je suis profondément un démocrate
43:03et je pense qu'un bon débat public c'est un débat
43:05qui offre des options. Si tout le monde dit la même chose,
43:07ça n'a aucun intérêt. Donc il faut qu'il y ait des options,
43:09il faut que les français choisissent. Il faut qu'ils disent
43:11cette vision, cette proposition,
43:13ce caractère, cette équipe,
43:15voilà ce que je veux. Mais le pire péril
43:17entre Marine Le Pen
43:19et Jean-Luc Mélenchon ? Je n'ai aucun doute
43:21qu'il y aura du monde, je n'ai aucun doute
43:23que d'autres se présenteront, d'autres
43:25se prépareront, qu'ils auront
43:27des choses intéressantes à dire aux français.
43:29Ça ne m'arrêtera pas.
43:31Et ce qui m'intéresse, c'est le débat
43:33et le dialogue que j'aurai avec les français.
43:35J'évoquais Marine Le Pen, Edouard Philippe.
43:37Après des révélations de nos confrères de Libération,
43:39vous aviez dit, assumé,
43:41le fait d'avoir partagé un dîner
43:43avec elle, avec Marine Le Pen.
43:45Est-ce que si c'était à refaire, vous le referiez ?
43:47Et est-ce que vous vous laissez la possibilité
43:49de dîner de nouveau avec elle
43:51pendant la prochaine élection présidentielle ?
43:53J'ai dîné une fois avec Mme Le Pen.
43:57Ça m'a permis
43:59de comprendre
44:01un certain nombre de choses, de me faire un avis
44:03sur un certain nombre de sujets.
44:05Je le garderai pour moi.
44:07Je n'ai pas vocation à passer ma vie à dîner
44:09avec Mme Le Pen, vous voyez ?
44:11Et vous pourriez redîner avec elle ?
44:13Je ne comprends pas
44:15là encore, M. Duhamel.
44:17Pour le coup, ce n'est pas du tout vous que je mets en cause.
44:19Il y a une liste
44:21de gens avec lesquels je n'ai pas le droit de parler ?
44:23Non, mais il y a, Édouard Philippe,
44:25cette impression, au fond, qu'on peut avoir les Français,
44:27de se dire que c'est du théâtre.
44:29Vous passez la journée sur les plateaux de télévision,
44:31dans l'hémicycle, à vous dire des choses très rudes,
44:33et derrière, vous vous retrouvez à dîner.
44:35Comme si au fond, tout ça était mis de côté.
44:37Vous ne comprenez pas
44:39qu'on peut être en désaccord
44:41profond avec quelqu'un.
44:43En désaccord profond avec l'analyse
44:45que l'on fait de la situation du pays.
44:47En désaccord profond avec ce que l'on propose
44:49pour l'avenir du pays.
44:51Et néanmoins, parce que l'autre
44:53en face est un citoyen français, parce que
44:55l'autre en face est un élu du peuple français,
44:57avoir suffisamment de respect
44:59pour se parler ? Il y a quelque chose
45:01qui vous choque ? Mais attendez, c'est la vie
45:03de millions de Français.
45:05Si on commence dans une démocratie à se dire
45:07qu'on ne doit même pas parler
45:09avec des gens avec lesquels on n'est pas d'accord,
45:11mais où on va ?
45:13J'assume parfaitement de pouvoir discuter
45:15calmement avec des gens avec lesquels
45:17je suis en profond désaccord. Et permettez-moi
45:19de penser que quand je dis qu'il faut battre
45:21le Rassemblement National, et je l'ai dit,
45:23je l'ai dit de façon systématique,
45:25je l'ai même pratiqué,
45:27bon, ça compte
45:29au moins autant, et c'est
45:31au moins aussi essentiel.
45:33Mais arrêtons de penser,
45:35dans ce pays, qu'il y aurait des gens avec lesquels
45:37des élus de la République,
45:39des parlementaires, avec lesquels
45:41on ne pourrait pas parler. On peut être
45:43en désaccord profond,
45:45manifeste, assumé,
45:47et parler aux gens.
45:49Un peu de civilité ne nuit pas, me semble-t-il.
45:51Et je vois le débat public, aujourd'hui.
45:53Je vois la violence,
45:55la violence du débat public.
45:57Et la banalisation que certains dénoncent
45:59de certaines idées,
46:01certains partis. Pas simplement
46:03l'opposition des idées.
46:05Les anathèmes, les injures
46:07que chacun s'envoie à la figure,
46:09sur le thème « vous n'êtes pas légitime,
46:11vous avez été élu par les français comme moi, mais vous n'êtes pas légitime ».
46:13Ça, c'est la fin
46:15de la démocratie.
46:17Si on laisse prospérer ça,
46:19c'est la fin de la démocratie. J'en veux pas.
46:21Je suis un démocrate.
46:23Je me bats pour une démocratie vivante.
46:25Je me bats pour une France prospère, pour une France
46:27puissante. Et j'assume parfaitement,
46:29parce que je sais ce que je pense, parce que je sais
46:31où je suis, de parler à des gens avec qui
46:33je ne suis pas d'accord. Voilà.
46:35Un mot rapidement sur votre candidature. Dans ce qu'on appelle le bloc central,
46:37d'autres ont des ambitions.
46:39Gabriel Attal, François Bayrou.
46:41Le sondage du jour est là pour BFMTV.
46:43Vous êtes toujours le favori pour 34% des français,
46:45pour prendre la suite d'Emmanuel Macron,
46:47la candidature. Mais Gabriel Attal vous suit de près à 29%.
46:49Pourquoi ce serait
46:51vous et pas eux ?
46:53Est-ce qu'il faudra à un moment donné
46:55qu'il y ait une façon de choisir pour que vous
46:57ne perdiez pas des chances en vous présentant tous
46:59sur la ligne de départ ?
47:01Il est sain dans une démocratie,
47:03il va falloir s'y habituer,
47:05que des responsables politiques,
47:07des hommes et des femmes, et des ambitions,
47:09expriment ce qu'ils veulent,
47:11et laissent la possibilité aux français de choisir
47:13ce qu'ils souhaitent. Voilà.
47:15Moi je dis, plus il y aura
47:17d'acteurs dans le débat public,
47:19plus ils seront bons, plus ça obligera
47:21au débat public d'être excellent,
47:23et à chacun des acteurs d'être meilleur.
47:25Un tout dernier mot Edouard Philippe.
47:27Vous allez encore dire
47:29que je suis facile, c'est ça ?
47:31On sort des Jeux Olympiques.
47:33Imaginez un type,
47:35un athlète, qui viendrait vous voir en disant
47:37« moi je veux gagner, mais surtout ce que j'aimerais bien,
47:39c'est que les gars ne soient pas bons ».
47:41Personne ne se dit ça aux Jeux Olympiques.
47:43On essaie simplement d'être meilleur.
47:45Un tout dernier mot sur votre apparence.
47:47Vous aviez été très transparent,
47:49c'était d'ailleurs dans une interview sur BFM TV,
47:51sur votre alopécie,
47:53le blanchiment de votre barbe,
47:55de vos cheveux qui étaient tombés,
47:57et vous aviez aussi répondu
47:59sur l'éventuel impact sur vos ambitions,
48:01la façon dont les français vous perçoivent.
48:03Je ne travaille pas ce que les français voient,
48:05ils voient que vos cheveux ont repoussé.
48:07Est-ce que vous le percevez ?
48:09Est-ce que vous vous dites au fond
48:11ce qui m'est arrivé ?
48:13Est-ce que c'est toujours un handicap ?
48:15Ou est-ce que les français
48:17ont accepté ce changement physique ?
48:23Monsieur Duhamel,
48:25vous parlez de changement physique.
48:27On parle de quelques cheveux
48:29qui sont en train de repousser.
48:31Je me réjouis beaucoup, je ne m'attendais pas
48:33à 53 ans à avoir mes cheveux repoussés.
48:35Les médecins m'avaient dit que c'était possible.
48:37Ils repoussent. Je m'en réjouis.
48:39C'est quand même pas un grand sujet.
48:41Et je pense qu'on s'en fout.
48:43Vous en aviez parlé à l'occasion
48:45de plusieurs interviews, et il y avait cette interrogation
48:47sur le fait de savoir quel impact cela aurait
48:49dans la façon dont les français vous percevaient.
48:51Vous aviez dit vous-même,
48:53une émission sur France 2, bien sûr que le physique
48:55a de l'importance en politique, mais pas que.
48:57C'est donc bien que la question n'est pas totalement anodine.
48:59Je ne dis pas qu'elle est anodine,
49:01mais qu'est-ce que vous voulez que je vous réponde ?
49:03Ma barbe est tombée, mes cheveux sont tombés,
49:05mes cheveux repoussent, ma barbe reste relativement
49:07absente.
49:09Très bien, ou pas très bien.
49:11Il y a des gens qui vivent des trucs tellement plus graves
49:13en termes de transformation physique,
49:15tellement plus définitifs, qu'on ne va pas
49:17passer trop longtemps là-dessus,
49:19et qu'on va même d'ailleurs passer à autre chose.
49:21Merci beaucoup pour passer à autre chose.
49:23Et clore cet entretien, je crois qu'on a pu parler
49:25des sujets de fond, de vos ambitions.
49:27Je retiens le mot « rupture »
49:29que vous avez utilisé, et sur
49:31des propositions massives, c'était le mot
49:33que vous utilisiez. Merci beaucoup
49:35Edouard Philippe d'avoir été l'invité, tout le monde veut savoir,
49:37ici à Reims.