Chroniqueur : Jean-Baptiste Marteau
Ce matin, Jean-Baptiste Marteau reçoit Jordan Bardella, président du Rassemblement National, dans les 4 vérités.
Ce matin, Jean-Baptiste Marteau reçoit Jordan Bardella, président du Rassemblement National, dans les 4 vérités.
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00:00 Bonjour Jordan Bardella. Bonjour.
00:04 Merci d'être avec nous dans les 4V.
00:06 Ça fera vendredi un an que Vladimir Poutine a lancé son offensive sur l'Ukraine.
00:09 Et un an, c'est vrai qu'on s'interroge aussi un peu sur la position de votre parti,
00:12 le Rassemblement National.
00:13 La semaine dernière, vous avez vous-même applaudi Volodymyr Zelensky
00:17 au premier rang au Parlement européen à Bruxelles.
00:19 Et ça a choqué certains de vos collègues eurodéputés RN.
00:22 Est-ce que vous êtes devenu pro-Ukrainien ?
00:24 Est-ce que votre position a évolué, Jordan Bardella ?
00:26 Nous adoptons et nous avons toujours adopté la position historique de la France
00:30 qui est celle d'être une voie d'équilibre en Europe et dans le concert des nations.
00:34 J'ai applaudi le président Zelensky de manière courtoise et républicaine
00:39 parce qu'il est un chef d'État d'un pays en guerre à 3 heures de vol de Paris.
00:43 Et c'est peut-être aussi une sensibilité qui est propre à ma génération.
00:47 Je veux dire, ma génération n'a pas connu la guerre froide.
00:49 Nous connaissons la guerre pour la première fois aux portes de l'Europe.
00:52 Et je crois que la notion de paix a un peu disparu des échanges là.
00:57 Et moi je souhaiterais qu'on puisse se rappeler que nous avons le devoir impérieux
01:02 d'empêcher et d'éviter que l'Europe ne se plonge dans un engrenage irrémédiable.
01:07 Question de génération peut-être, mais votre collègue Thierry Mariani au Parlement européen,
01:10 il n'a pas du tout le même avis.
01:10 Il disait hier sur France Info, on a intérêt à avoir de très bons rapports avec la Russie.
01:13 Cette guerre, ce n'est pas la nôtre.
01:15 Il dit aussi, ce sont les deux parties qui ont provoqué la guerre.
01:17 Vous partagez ces propos ?
01:19 Non, je ne partage pas ce propos.
01:21 Mais vous savez, le Rassemblement National n'est pas une secte.
01:24 Et nous avons différentes opinions.
01:26 Thierry Mariani a une affect, un lien historique avec la Russie.
01:30 Il a été président du Dialogue franco-russe qui avait été créé par Jacques Chirac en 2004
01:34 pour développer des liens aussi culturels, importants, économiques avec la Russie à l'époque.
01:39 Et il a été député des Français de l'étranger.
01:41 Donc il n'a peut-être pas le même regard.
01:43 Vous n'avez pas le même avis ?
01:44 Moi je pense que nous devons poser en réalité deux principes.
01:48 Le premier principe, c'est qu'il n'y aura pas,
01:50 et je partage en cela les propos du président de la République,
01:52 d'issues militaires à ce conflit.
01:55 Il faudra à un moment donné se mettre autour de la table
01:57 pour négocier, organiser la reconstruction de l'Ukraine
02:00 et négocier les conditions de la paix.
02:01 Et le deuxième principe qui est important de poser,
02:04 c'est qu'on ne peut pas négocier la paix
02:05 si l'Ukraine ne retrouve pas la maîtrise de son territoire
02:09 et si les troupes russes ne quittent pas l'Ukraine.
02:12 En cela, l'Ukraine doit évidemment l'emporter.
02:14 En ce sens, évidemment qu'elle doit l'emporter.
02:17 Et nous devons faire comprendre aujourd'hui à la Russie
02:18 qu'elle n'a plus en réalité rien à gagner dans cette guerre
02:22 tant le soutien occidental à l'Ukraine est important.
02:24 Donc quand Emmanuel Macron dit la défaite de la Russie,
02:26 je le souhaite, mais sans l'écraser pour autant,
02:28 cette position, disons équilibrée, vous la partagez ?
02:31 C'est-à-dire qu'il faut se résoudre au fait que l'Ukraine
02:35 n'écrasera pas la Russie et que la Russie n'écrasera pas l'Ukraine.
02:38 Je crois qu'aucune de ces deux solutions n'est souhaitable.
02:41 Mais nous avons condamné avec la plus grande fermeté
02:44 et dès le début du conflit d'ailleurs,
02:46 l'agression de l'Ukraine par la Russie.
02:49 Et on ne peut pas être patriote souverainiste en France
02:52 et ne pas défendre l'intégrité et la souveraineté d'un État,
02:55 encore une fois à trois heures de Paris,
02:56 qui est attaqué par un État qui a commis là une faute morale,
03:00 une faute lourde et très certainement des crimes de guerre.
03:02 Alors Jordan Bardella, est-ce que Marine Le Pen
03:05 s'est reposée à l'Assemblée nationale ces deux dernières semaines ?
03:07 Je vous dis ça parce que Manuel Bompard,
03:09 le coordinateur de la France insoumise qui était sur ce plateau lundi,
03:12 a dit, je cite, que Marine Le Pen dormait pendant 15 jours à l'Assemblée,
03:15 c'est-à-dire qu'elle a à peine déposé un amendement.
03:17 Oui mais la NUPES en réalité a créé le bazar dans l'Assemblée nationale
03:23 et a empêché, faisant là un cadeau très important au gouvernement,
03:26 le débat sur le fond de la réforme.
03:29 La NUPES considère l'Assemblée nationale comme un squad pour punk à chien,
03:33 comme une ZAD où on peut hurler, aboyer, insulter.
03:37 Imaginez ces gens-là au pouvoir.
03:39 Imaginez au pouvoir des gens comme la NUPES,
03:41 qui jouent au foot avec la tête d'un ministre
03:43 et qui s'en vendent sur les réseaux sociaux,
03:45 qui qualifient un ministre de la République d'assassin
03:48 et qui plus largement participe à une bordélisation du débat démocratique.
03:52 Jean-Luc Mélenchon a voté Macron pour la troisième fois.
03:56 Il a voté Macron en 2017 au second tour.
03:58 Il a voté Macron au second tour en 2022.
04:00 Et en permettant à Emmanuel Macron de laisser filer cette réforme des retraites,
04:04 en empêchant tout débat sur le fond,
04:06 et donc en acceptant aussi dans une forme de complicité
04:09 ce saccage social de la réforme à 64 ans,
04:12 eh bien il fait un cadeau en or au gouvernement.
04:14 Marine Le Pen et l'ensemble des députés,
04:16 pour vous répondre, du Rassemblement national,
04:17 ont fait un travail de fond.
04:18 Ils ont fait un travail crédible.
04:20 Ils ont fait un travail sur le fond de la réforme.
04:22 Et d'ailleurs, l'intégralité des sondages qui sont sortis depuis une semaine,
04:26 que ce soit le IFOP, le cluster 17, le sondage du JDD dimanche dernier,
04:30 pointent que le Rassemblement national est, aux yeux des Français,
04:33 le parti politique le plus crédible,
04:34 le bouclier social le plus efficace pour combattre cette réforme.
04:38 On est cohérents et surtout on est respectueux des gens qui nous ont élus.
04:41 C'est vrai que ça doit dénoter avec la nupèce
04:43 quand on regarde les débats de l'extérieur.
04:45 Alors et maintenant, Jordan Bardella,
04:46 faut-il mettre le pays à l'arrêt à partir du 7 mars,
04:48 comme le souhaitent les syndicats, comme ils l'ont redit hier ?
04:51 Est-ce que, par exemple, vous vous appelez à la grève au Rassemblement national ?
04:53 Nous, on a soutenu ces mobilisations populaires
04:55 et moi, je continue à soutenir ces manifestations.
04:57 Je pense que cette majorité de refus,
04:59 elle vit au travers du débat public,
05:01 elle vit au travers du Parlement et du rôle du Rassemblement national.
05:04 Elle vit aussi avec ses marches dans la rue.
05:05 J'y mets juste une prudence sur le blocage tout azimut du pays
05:08 parce que ce sont les Français qui vont être pénalisés en réalité,
05:11 peut-être plus que le gouvernement.
05:13 Donc mettre le pays à l'arrêt ou bloquer le 7 mars, ça c'est non ?
05:15 Quand on bloque l'intégralité des raffineries,
05:18 quand on empêche des Français qui ont de plus en plus de mal,
05:21 aujourd'hui par exemple, à régler le plein de carburant,
05:25 à se déplacer pour aller travailler parce que le carburant est trop important
05:28 et qu'en plus d'avoir la réforme à 64 ans,
05:30 les Français vont devoir faire des files interminables
05:32 devant les stations-services,
05:33 je pense que ce sont les Français qui ont la double peine.
05:35 Et quand on parle de blocage,
05:37 je ne peux m'empêcher de penser aux plus modestes
05:40 qui vont évidemment être pénalisés.
05:41 Donc il faut continuer de se mobiliser,
05:43 on a besoin de la mobilisation de tous et de l'énergie de chacun,
05:47 chacun doit être à son poste.
05:48 Et le Rassemblement national, notre mouvement qui a aujourd'hui
05:51 le premier groupe d'opposition à l'Assemblée,
05:52 va continuer de mener le combat lorsque ce texte reviendra
05:55 en deuxième lecture et en commission mixte paritaire le mois prochain.
05:58 Mais juste, vous pensez sérieusement que le gouvernement
05:59 peut encore renoncer à son projet
06:01 ou vous savez que de toute façon, c'est cuit, il le fera ?
06:03 Je pense que le vote de cette réforme des retraites n'est pas garanti.
06:07 Pour une raison très simple, c'est qu'Emmanuel Macron
06:09 n'a pas la majorité absolue.
06:11 Et j'en veux encore plus à la NUPES,
06:12 que pendant que la NUPES faisait de l'obstruction parlementaire,
06:16 le gouvernement sur le fond, encore une fois, de la réforme,
06:18 subissait revers sur revers,
06:20 avec notamment le rejet de l'index égnant.
06:22 Je dis aux Français, il faut s'opposer à cette réforme
06:24 parce que ce qu'il y a derrière la tête d'Emmanuel Macron,
06:27 c'est la baisse des pensions.
06:28 Il y a beaucoup de gens qui ont le corps usé,
06:30 qui font des métiers difficiles dans notre société,
06:31 qui ne pourront pas aller jusqu'à 64 ans,
06:33 qui seront contraints de partir plus tôt
06:35 et donc avec une décote.
06:36 Et c'est pour cette raison qu'il faut évidemment
06:39 se mobiliser contre cette réforme
06:40 et nous prendrons nos responsabilités à l'Assemblée nationale.
06:42 On en vient à l'un des prochains gros dossiers
06:44 pour le gouvernement ou le Parlement,
06:46 ce sera la loi immigration.
06:47 Ici même, hier, à votre place, Sacha Houllier,
06:49 qui représente un peu l'aile gauche de la majorité,
06:50 président de la Commission des lois,
06:52 qui disait non à une partie des orientations
06:54 proposées par Gérald Darmanin,
06:55 notamment sur ces fameux quotas d'immigrés.
06:58 Il y a une nouvelle crise en perspective
06:59 dans la majorité là-dessus ?
07:01 Je ne sais pas s'il y a une crise dans la majorité,
07:02 ça les regarde.
07:03 Moi, en tout cas, je ne voterai pas
07:05 et le Rassemblement national ne votera pas
07:07 un projet de loi qui vise à accélérer
07:10 la régularisation des clandestins.
07:12 Parce que si vous voulez, c'est toujours en même temps.
07:13 En même temps, on nous parle de quotas
07:15 pour maîtriser l'immigration
07:16 et de l'autre, on va accélérer et permettre
07:18 l'accélération, la simplification
07:20 de la régularisation des clandestins.
07:21 Mais des gens qui sont déjà là,
07:22 dont on a besoin pour certains métier
07:24 dans la restauration.
07:25 Mais qui sont présents de manière illégale sur le territoire.
07:26 C'est un signal sans nom qu'on envoie,
07:28 c'est un appel d'air important qu'on envoie,
07:30 alors même que nous avons 6 millions de chômeurs.
07:31 Je pense que la France est aujourd'hui
07:33 en train de se laisser déborder.
07:34 Emmanuel Macron a battu tous les records d'immigration
07:37 et je pense que ce qu'ont au fond du cœur
07:40 les Français, c'est qu'ils veulent rester eux-mêmes
07:42 dans ce XXIème siècle.
07:43 Ils veulent que la France reste la France.
07:44 Ils veulent conserver leur culture.
07:46 Ils veulent conserver leur langue.
07:47 Ils veulent conserver leur mode de vie
07:49 et continuer d'accueillir une immigration supplémentaire
07:51 chaque année, comme le fait Emmanuel Macron.
07:53 C'est faire fi de la démocratie
07:55 et de ce que veulent aujourd'hui
07:56 une majorité de Français.
07:57 Et là encore, le Rassemblement national
07:59 sera là pour porter la voix de cette majorité ordinaire.
08:00 - Vous avez vu sur cette question des quotas d'immigrés
08:03 décidés par le Parlement, votés chaque année.
08:04 C'est une vieille demande de la droite.
08:06 Ça, vous ne pourriez pas être favorable à cette mesure ?
08:08 - Mais je pense que, plus que les quotas,
08:10 c'est à l'État de fixer chaque année
08:13 le nombre de titres de séjour légaux
08:15 qu'ils ont accordés.
08:16 Mais comprenez qu'on a du mal à prendre au sérieux
08:19 Gérald Darmanin, quand il nous parle de quotas,
08:22 alors même que tous les chiffres de l'immigration
08:24 ont été pulvérisés, sans exception,
08:26 des régularisations, l'octroi de titres de séjour.
08:29 Il y a trois mesures essentiellement à prendre
08:30 pour reprendre le contrôle de l'immigration.
08:33 C'est de réserver les aides sociales aux familles françaises,
08:35 la priorité nationale.
08:36 C'est d'expulser les délinquants et criminels étrangers.
08:38 Et c'est de soumettre la politique d'immigration
08:40 à l'avis du peuple français par un référendum.
08:43 N'ayons pas peur du peuple français.
08:45 Et en tout cas, notre projet, c'est de permettre aux gens
08:47 de reprendre le contrôle et de leur redonner le pouvoir.
08:49 - Un grand quotidien britannique comme le Times qui écrit
08:52 "Marine Le Pen est favorite pour la prochaine élection présidentielle
08:55 pour devenir présidente".
08:56 C'est une prédiction ou un cadeau empoisonné
08:57 à quatre ans de l'élection pour vous ?
08:59 - C'est la confirmation du sérieux, du travail,
09:03 de la force de conviction aussi du Rassemblement national
09:05 et de Marine Le Pen.
09:06 Vous savez, on aime profondément la France.
09:08 On aime profondément les Français et on a envie de réparer notre pays.
09:11 Et aujourd'hui, beaucoup de Français se disent
09:14 que nous sommes aujourd'hui la seule alternance
09:17 à la politique qui est conduite.
09:18 Ce qu'on propose est radique.
09:20 Je pense que la question n'est pas
09:22 est-ce que le Rassemblement national va arriver au pouvoir,
09:24 mais quand est-ce que nous allons arriver au pouvoir ?
09:26 Et encore une fois, Marine Le Pen se bat depuis des années
09:29 pour protéger les Français,
09:31 pour porter la voix des Français les plus modestes,
09:33 de la France qui se lève tôt,
09:34 pour parler de leur sujet du quotidien, du pouvoir d'achat,
09:37 de l'identité, de la sécurité.
09:39 On incarne rien d'autre que des idées majoritaires dans le pays.
09:41 Et je pense que le moment populaire en France,
09:44 le moment du peuple va arriver.
09:47 Et j'espère que ce sera en 2027.
09:48 - Donc sa candidature en 2027, ce n'est plus un suspens.
09:51 Vous n'allez pas nous faire comme ça le faux suspens pendant des mois.
09:53 Elle sera candidate Marine Le Pen.
09:54 - Je ne parle pas à la place de Marine Le Pen.
09:56 Elle a dit qu'elle ferait connaître sa décision.
09:58 Pour moi, sa candidature relève de l'évidence.
10:01 Je pense qu'elle sera la mieux placée pour porter nos idées en 2027,
10:04 pour succéder Emmanuel Macron
10:05 et surtout pour engager le redressement du pays.
10:07 Je veux juste dire aux gens qui nous écoutent ce matin,
10:09 n'ayez pas peur, il n'y a aucune fatalité dans ce que vous vivez.
10:12 Les carburants à 2 euros, l'explosion de l'insécurité,
10:15 la perte de notre identité, c'est la conséquence de choix politiques.
10:18 Et moi, je viens vous dire qu'en changeant la politique,
10:20 qu'en faisant ce qui n'a jamais été fait depuis 40 ans,
10:23 on peut améliorer votre quotidien.
10:24 Merci Jordan Bernadotte d'avoir été l'invité des quatre V.
10:26 Bonne journée.
10:27 Merci messieurs.