L'édition 2023 du Salon de l'agriculture s'ouvre ce samedi à la Porte de Versailles, à Paris. Il se tiendra jusqu'au 5 mars. Le président de la République est arrivé sur place peu avant 8h ce samedi, dans une ambiance parfois hostile.
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00:00 -Je suis le président Léopold Weber pour BFM TV.
00:02 Dites-moi, est-ce que c'est un salon particulier
00:04 pour vous, cette année ?
00:05 Contexte de réforme des retraites, évidemment.
00:07 Alors, ça attise évidemment les avis,
00:08 que ce soit positif ou négatif,
00:10 mais comment vous le ressentez,
00:11 que vous avez un salon dans ce contexte ?
00:12 Parfois, il y a de la colère qui s'exprime.
00:13 -Moi, j'ai pas trouvé de la colère chez nos compatriotes.
00:16 Non, mais je vous le dis très sincèrement.
00:18 Je vois...
00:19 Nous avons aujourd'hui de l'inquiétude.
00:23 Et c'est aussi ça qui s'exprime
00:24 dans les manifestations sur les retraites.
00:25 Quand on écoute les gens...
00:27 Vous savez, une dame qui est infirmière.
00:28 Quand, en fait, vous creusez,
00:30 c'est pas la retraite, le sujet,
00:31 c'est le travail et les conditions de travail.
00:33 Beaucoup de gens qui manifestent,
00:34 c'est la perspective de leur carrière,
00:36 c'est "Est-ce que mon travail me paye assez ou pas ?"
00:38 Beaucoup de gens m'ont interpellé en disant
00:39 "Moi, vous allez me faire travailler plus longtemps,
00:41 "mais vous demandez pas aux gens qui ne font rien aujourd'hui
00:43 "et qui sont payés de ne pas travailler plus longtemps."
00:46 Il y a un sentiment d'injustice,
00:47 il y a un sentiment qu'on demande trop à ceux qui travaillent,
00:49 il y a un sentiment que le travail ne paye pas assez,
00:51 il y a un sentiment que les carrières
00:53 ne permettent pas d'assez progresser dans la vie,
00:55 il y a un sentiment que les fins de carrière
00:56 ne sont pas réaménagées suffisamment.
00:58 Et je trouve que le continent qu'il y a
01:00 derrière cette réforme des retraites,
01:01 c'est, au fond, la grande question du travail.
01:03 Je l'ai ouverte il y a 5 ans, on n'a pas arrêté de faire des réformes,
01:05 on en a à continuer avec l'assurance-chômage,
01:07 et c'est aussi ça qu'on va lancer derrière.
01:09 C'est la question du travail dans notre société,
01:11 du sens qu'on lui donne,
01:12 de sa juste rémunération et de la carrière.
01:15 Et donc, c'est ça, pour moi, le coeur du débat.
01:17 Maintenant, je trouve que nous sommes dans une société
01:19 qui a cette inquiétude, qui a besoin d'avoir un cap,
01:22 parce que sinon, on voit des désespoirs contradictoires.
01:26 On ne va pas assez vite sur l'écologie,
01:27 on va tous mourir, et de l'autre côté,
01:28 on va trop vite et il faut changer trop mes règles.
01:30 Et nous cohabitons dans cette société.
01:32 Allez dans le monde rural, beaucoup de nos compatriotes
01:34 ont le sentiment qu'ils perdent tous leurs repères,
01:37 qu'on leur demande chaque jour de changer les règles
01:38 parce qu'on les empêche de prendre la voiture,
01:41 demain, on va leur dire qu'ils ne pourront plus aller
01:42 dans la grande ville parce qu'ils ont telle ou telle voiture.
01:44 C'est ça, et ça crée du stress.
01:46 Donc, on a des gens qui sont perdus, angoissés,
01:49 qui perdent leurs repères, qui ne comprennent pas le cap.
01:51 Et de l'autre côté, on a une jeunesse qui nous dit
01:52 que ça ne va pas assez vite, on va tous mourir,
01:54 si on ne l'interdit pas tout tout de suite.
01:56 Et donc, il faut bâtir un cap commun.
01:58 Il doit se faire sur le respect, la concorde,
02:00 et ça va être aussi à moi, dans les prochains mois,
02:02 de le donner, de le réaffirmer.
02:06 Et c'est plutôt ça que je sens.
02:07 Moi, je ne sens pas de colère.
02:09 Je sens une inquiétude,
02:11 une inquiétude sur où vont nos économies, nos démocraties
02:15 dans un monde où la guerre revient,
02:17 où on sent qu'on doit changer les règles tout le temps
02:19 et où on a beaucoup de messages anxiogènes.
02:21 Donc, il faut simplement bâtir un cap.
02:22 On ne va pas tout faire en un jour,
02:24 mais on a un chemin et on peut améliorer les choses concrètement.
02:28 Je le disais aussi aux agriculteurs ici.
02:30 Franchement, il y a 3 ans,
02:33 on était heureux d'avoir un tel salon.
02:34 Et on est en guerre.
02:35 Et malgré tout, les revenus étaient au rendez-vous.
02:38 Il y a des sujets dans telle ou telle filière.
02:40 Mais il y a beaucoup de ces filières et de ces agriculteurs,
02:43 quand vous êtes dans le blé, dans le colza
02:46 et même dans beaucoup de filières animales,
02:47 leurs revenus de l'année 2022
02:49 sont bien meilleurs que ceux de l'année 2019.
02:52 Donc, il y a des choses qui vont bien aussi, il faut le dire.