• l’année dernière
Le président de la République, Emmanuel Macron, a pris la parole devant les Français ce lundi à 20h. Il a dressé une feuille de route au gouvernement et a affirmé "ne pas être sourd à la colère" des Français. 

Category

📺
TV
Transcription
00:00 [Musique]
00:07 – Française, Français, mes chers compatriotes,
00:11 comme vous le savez, ce vendredi 14 avril,
00:13 le Conseil constitutionnel a validé, pour l'essentiel,
00:17 la loi sur nos retraites et je l'ai donc logiquement promulguée.
00:21 Les évolutions prévues par cette loi
00:23 entreront en vigueur progressivement à partir de cet automne.
00:27 Adoptées conformément à ce que prévoit notre Constitution,
00:30 ces changements étaient nécessaires pour garantir la retraite de chacun
00:35 et pour produire plus de richesses pour notre nation.
00:38 Car en effet, alors que le nombre de retraités augmente,
00:42 que notre espérance de vie s'allonge,
00:44 la réponse ne pouvait pas être de baisser les pensions,
00:47 elle ne pouvait pas être non plus
00:49 d'augmenter les cotisations de ceux qui travaillent.
00:52 Elle ne pouvait pas être, comme je l'ai beaucoup entendu,
00:55 de ne rien faire, car c'était alors laisser les déficits s'accumuler
00:59 et notre dette augmenter pour les générations futures.
01:02 Ces changements étaient donc nécessaires
01:05 et constituent un effort, c'est vrai.
01:08 Mais il est accompagné de mesures de justice,
01:11 d'amélioration concrète pour ceux qui ont eu des carrières longues,
01:14 exercé des métiers les plus durs
01:17 ou qui perçoivent des petites retraites.
01:20 Travaillez tous progressivement un peu plus,
01:23 comme l'ont d'ailleurs fait tous nos voisins européens.
01:25 C'est aussi produire plus de richesses
01:27 pour notre pays tout entier.
01:29 Et c'est ce qui nous permet d'être plus forts,
01:31 d'investir pour notre quotidien et pour notre avenir.
01:34 Et nous en avons besoin.
01:37 Pour autant, cette réforme est-elle acceptée ?
01:42 A l'évidence, non.
01:44 Et malgré les mois de concertation,
01:46 un consensus n'a pas pu être trouvé.
01:49 Et je le regrette.
01:51 Nous devons en tirer tous les enseignements.
01:55 J'ai entendu dans les manifestations
01:57 une opposition à la réforme des retraites,
02:00 mais aussi une volonté de retrouver du sens dans son travail,
02:03 d'en améliorer les conditions,
02:05 d'avoir des carrières qui permettent de progresser dans la vie.
02:08 Plus généralement, c'est une colère qui s'est exprimée.
02:12 Colère face à un travail qui, pour trop de Français,
02:15 ne permet plus de bien vivre,
02:17 face à des prix qui montent,
02:18 qu'il s'agisse du plein, des courses, de la cantine.
02:21 Car malgré une mobilisation de l'État inédite en Europe,
02:24 l'augmentation des prix pèse sur nos vies quotidiennes.
02:28 Cette colère, c'est aussi une colère parce que certains ont le sentiment
02:33 de faire leur part, mais sans être récompensés de leurs efforts,
02:37 ni en aide, ni en service public efficace.
02:41 C'est toute cette colère que de très nombreux Français ont exprimée
02:45 en manifestant, et pour l'immense majorité,
02:48 dans le calme et le respect de nos institutions.
02:51 Personne, et surtout pas moi, ne peut rester sourd
02:55 à cette revendication de justice sociale et de rénovation
02:58 de notre vie démocratique, en particulier exprimée par notre jeunesse.
03:03 La réponse ne peut être ni dans l'immobilisme, ni dans l'extrémisme.
03:10 Face à ces colères, à ce sentiment de déclassement, d'abandon,
03:15 nous devons agir ensemble, au-delà des clivages,
03:18 comme j'ai toujours cherché à le faire, au service d'un cap clair,
03:22 celui de notre indépendance et de la justice.
03:26 Oui, notre indépendance d'abord pour la France et pour l'Europe.
03:30 Nous sommes un peuple qui entend maîtriser et choisir son destin.
03:34 Nous ne voulons pas dépendre de qui que ce soit,
03:36 ni des forces de la spéculation, ni des puissances étrangères,
03:40 ni d'autres volontés que la nôtre.
03:42 Et nous avons raison.
03:44 Mais l'indépendance ne se décrète pas.
03:46 Elle se bâtit par des ambitions, des efforts, au niveau national et européen,
03:52 sur le plan du savoir, de la recherche, de l'attractivité,
03:55 de la technologie, de l'industrie, de la défense.
03:59 Et elle se finance aussi collectivement par le travail.
04:03 Cette indépendance française et européenne est justement celle
04:06 qui nous permettra d'obtenir plus de justice,
04:09 que chacun récolte davantage de tous ses efforts,
04:12 que les inégalités de départ soient mieux corrigées,
04:14 que les vies soient moins empêchées,
04:16 que les plus démunis soient davantage aidés.
04:19 C'est là le grand projet que je porte devant vous et avec vous.
04:24 Reconstruire et retrouver l'élan de notre nation.
04:28 Ne rien céder aux divisions et au contraire,
04:31 tenir ce cap pour notre indépendance au service de cette idée de la justice,
04:36 si française, et ouvrir ou reprendre pour cela trois grands chantiers.
04:42 D'abord le chantier du travail.
04:45 Face au chômage, nous avons des résultats inédits et indiscutables.
04:48 C'est le fruit des transformations de ces dernières années
04:51 et de nos efforts à tous.
04:54 Oui, nous avons créé en six ans 1 700 000 emplois pour notre pays.
05:02 Après le succès de l'apprentissage pour nos jeunes,
05:04 je veux désormais engager la réforme du lycée professionnel
05:08 pour que le plus grand nombre de nos adolescents et de nos jeunes
05:11 accèdent soit à des formations vraiment qualifiantes, soit à l'emploi.
05:15 Nous redoublerons aussi d'efforts pour ramener vers le travail
05:19 le plus de bénéficiaires du revenu de solidarité active,
05:23 en les accompagnant mieux de manière très concrète dans leur vie.
05:28 Le travail doit aussi mieux payer.
05:31 En six ans, nous avons décidé des hausses conséquentes
05:33 du salaire minimum ou de la prime d'activité.
05:35 Mais face à la situation que je viens de décrire,
05:38 aux colères que je viens de rappeler,
05:40 nous devons agir de manière encore plus vigoureuse.
05:44 C'est pourquoi j'ai proposé de recevoir les organisations patronales
05:47 et syndicales dès demain matin, pour celles qui y sont prêtes.
05:51 Et la porte sera toujours ouverte.
05:54 Et cela afin d'ouvrir, sans aucune limite, sans aucun tabou,
05:59 une série de négociations sur des sujets essentiels.
06:02 Améliorer les revenus des salariés, faire progresser les carrières,
06:08 mieux partager la richesse, améliorer les conditions de travail,
06:12 trouver des solutions à l'usure professionnelle,
06:15 accroître l'emploi des seniors et aider aux reconversions.
06:20 Ce nouveau pacte de la vie au travail sera construit
06:24 dans les semaines et les mois qui viennent,
06:27 par le dialogue social et les accords très concrets,
06:30 au niveau national mais aussi au plus près du terrain,
06:34 que les organisations syndicales et patronales seront trouvées.
06:39 Plus largement, c'est par la réindustrialisation
06:42 que nous retrouverons notre force
06:44 et que nous créerons des emplois mieux payés.
06:47 Là aussi, nous avons des résultats tangibles, inédits.
06:52 En France, dans des vallées et des cantons,
06:55 des usines ouvrent à nouveau, 200 depuis deux ans.
06:59 Là où notre pays s'était habitué à la désindustrialisation,
07:04 nous recréons de l'emploi industriel
07:06 et nous sommes devenus le pays le plus attractif en Europe
07:09 pour les investissements.
07:11 Notre nouvelle économie, plus verte,
07:13 respectueuse de nos terres et de nos paysages,
07:16 n'est pas un rêve mais une réalité
07:19 qui nous permet de créer des emplois
07:20 et de tenir nos engagements pour le climat.
07:23 Grâce à la planification écologique
07:25 qui sera dévoilée d'ici l'été,
07:27 nous irons vers un nouveau modèle productif et écologique
07:32 dans l'agriculture, le bâtiment, l'économie circulaire,
07:35 les transports, l'énergie et les technologies.
07:39 Un cadre aussi avec lequel nous serons mieux parés
07:43 face aux événements climatiques, comme la sécheresse estivale.
07:48 Le deuxième chantier est celui de la justice
07:50 et de l'ordre républicain et démocratique.
07:54 L'état de droit est notre socle.
07:56 Et il n'y a pas de liberté sans loi,
07:59 ni sans sanctions envers ceux qui transgressent le droit des autres.
08:03 Dans ce but, nous continuerons à recruter
08:05 plus de 10 000 magistrats et agents,
08:08 continuerons d'améliorer le fonctionnement de notre justice
08:12 et nous sommes en train de créer 200 brigades de gendarmerie
08:15 dans nos campagnes.
08:17 Lutter contre toutes les formes de délinquance,
08:20 contre toutes les fraudes, qu'elles soient sociales ou fiscales,
08:22 sera aussi au cœur de l'action du gouvernement,
08:25 avec des annonces fortes dès le début du mois de mai.
08:29 Nous renforcerons aussi le contrôle de l'immigration illégale,
08:33 tout en intégrant mieux ceux qui rejoignent notre pays.
08:39 Rénover l'ordre républicain et démocratique signifie également
08:42 que nous devons lutter contre le sentiment persistant
08:45 que voter ne serait plus décidé.
08:48 Je proposais à cet égard, en lien avec la présidente
08:52 de l'Assemblée nationale, le président du Sénat,
08:54 le président du Conseil économique, social et environnemental,
08:57 des grandes pistes pour que le fonctionnement
08:59 de nos institutions gagne en efficacité,
09:02 mais aussi en participation citoyenne,
09:05 comme nous venons d'ailleurs de le faire
09:07 avec la Convention citoyenne sur la fin de vie.
09:11 Le troisième chantier enfin est celui du progrès.
09:16 Progrès pour mieux vivre.
09:19 Je veux que chacun d'entre vous retrouve la certitude
09:21 que nos enfants pourront bâtir une vie meilleure.
09:25 Et ce sont nos services publics qui devront porter cette espérance,
09:28 de la petite enfance au grand âge.
09:31 Dès lors, l'éducation nationale doit renouer avec l'ambition
09:34 d'être l'une des meilleures d'Europe.
09:36 Dès la rentrée, notre école va changer à vue d'œil.
09:39 Pour les enseignants qui seront mieux rémunérés,
09:41 pour les élèves qui seront davantage accompagnés
09:43 en français et en mathématiques pour leurs devoirs
09:46 et pratiqueront plus de sport à l'école.
09:48 Pour les parents qui verront le remplacement systématique
09:51 des enseignants absents.
09:53 Notre système de santé sera aussi profondément rebâti.
09:57 Depuis six ans, 11 millions de Françaises et de Français
10:01 ont pu bénéficier du reste à charge zéro pour leurs lunettes,
10:04 leurs appareils auditifs ou leurs prothèses dentaires.
10:07 Nous avons mis fin au numerus clausus
10:09 et nous avons massivement investi dans notre hôpital.
10:12 Mais il faut des résultats concrets à court terme.
10:15 D'ici la fin de cette année, 600 000 patients atteints
10:18 de maladies chroniques qui n'ont pas de médecin traitant
10:21 en disposeront.
10:23 Et d'ici la fin de l'année prochaine,
10:26 nous devrons avoir désengorgé tous nos services d'urgence.
10:31 Et pour les quelques 10 millions d'entre vous
10:33 qui vivez dans les quartiers les plus défavorisés,
10:36 dans les zones rurales les plus en difficulté,
10:39 dans nos territoires d'outre-mer,
10:41 nous trouverons là encore des solutions concrètes
10:45 pour améliorer la vie quotidienne.
10:48 Mes chers compatriotes,
10:50 ensemble nous avons fait face à l'épidémie,
10:52 à de nombreuses crises depuis six ans,
10:54 à tant de périls.
10:56 À chaque fois, j'ai cherché à libérer les énergies,
10:59 à protéger les plus faibles, à tenir l'unité du pays,
11:04 avec le seul intérêt de la nation comme guide.
11:08 C'est le même esprit de responsabilité qui doit nous animer.
11:12 Au moment où nous avons à relever sans attendre
11:14 les défis du changement climatique, du vieillissement,
11:17 des désordres géopolitiques, des révolutions technologiques
11:20 comme l'intelligence artificielle ou les algorithmes.
11:25 Je me rappelle, il y a quatre ans, presque jour pour jour,
11:30 je m'exprimais sous cette forme devant vous.
11:32 Notre-Dame de Paris venait de brûler.
11:35 Et je vous disais, dès le lendemain,
11:37 que nous rebâtirions en cinq ans.
11:41 Que n'avais-je alors entendu ?
11:43 Et tous les commentateurs nous ont dit "impossible".
11:48 Pourquoi ce cap ?
11:49 "Intenable".
11:50 Eh bien, nous allons le faire.
11:53 Nous allons le faire parce qu'une décision a été prise,
11:55 mais surtout parce qu'il y a eu la volonté de chaque jour
11:59 et la mobilisation de tous.
12:01 Parce qu'il y a eu des milliers de femmes et d'hommes
12:03 partout à travers le pays pour oeuvrer ensemble et rebâtir.
12:08 Eh bien, il doit en être de même pour les grands chantiers de la nation.
12:13 Et c'est pourquoi je sollicite toutes les forces d'action
12:15 et de bonne volonté, nos maires, nos élus, nos forces politiques,
12:19 nos syndicats, tous ensemble.
12:21 Je compte mieux les associer en relançant dès le mois de mai
12:24 des coalitions et alliances nouvelles sur les bases solides
12:27 du Conseil national de la refondation,
12:30 au plus près du terrain.
12:32 Et chacun d'entre vous avait un rôle à jouer.
12:35 Il nous faut moins de lois, moins de bureaucratie,
12:38 plus de liberté d'action, d'expérimentation,
12:41 de pouvoir d'initiative à l'échelle de nos vies.
12:45 Oui, c'est cet élan national auquel je crois.
12:49 Et ces trois chantiers prioritaires constituent la feuille de route
12:53 du gouvernement que la Première ministre détaillera
12:57 dès la semaine prochaine.
12:59 Ces trois chantiers doivent nous rassembler,
13:02 rassembler les principaux responsables de la nation,
13:06 et je m'y impliquerai.
13:08 Et le 14 juillet prochain doit nous permettre de faire un premier bilan.
13:12 Nous avons devant nous 100 jours d'apaisement, d'unité,
13:19 d'ambition et d'action au service de la France.
13:22 C'est notre devoir.
13:24 Et je vous fais confiance, je nous fais confiance pour y arriver.
13:29 Vive la République et vive la France.
13:33 (Musique)

Recommandations