Retraites : "Jusqu'où le gouvernement veut-il pousser le mouvement social ?", interroge Laurence Rossignol

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Réforme des retraites, pouvoir d'achat : la vice-présidente du Sénat, sénatrice PS de l’Oise et ancienne ministre de la famille, la socialiste Laurence Rossignol, est l'invitée de France Inter.
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00:00 Bonjour Laurence Rossignol, vous êtes la vice-présidente du Sénat,
00:03 sénatrice socialiste de l'Oise, ancienne ministre de la Famille.
00:06 On va parler des retraites...
00:08 De l'enfance et des droits des femmes.
00:09 Exactement, et on va décliner notamment tous ces aspects dans un instant.
00:12 C'est un week-end de grande collecte pour les restos du cœur.
00:15 22% de bénéficiaires en plus.
00:19 Le gouvernement vient de débloquer une dette de 60 millions d'euros.
00:23 Est-ce que tout le monde est à la hauteur des enjeux sur la précarité alimentaire ?
00:27 D'abord, parmi ces nouveaux bénéficiaires, beaucoup de jeunes de moins de 25 ans.
00:31 La moitié.
00:32 La moitié, voilà.
00:33 Ça me rappelle la proposition de loi qui a été examinée à l'Assemblée,
00:38 dans laquelle il y avait la proposition d'un euro pour les repas au restaurant universitaire,
00:43 et qui a été rejetée.
00:44 A posteriori, ça révèle quand même que cette proposition de loi était pertinente,
00:48 elle avait une raison d'être.
00:49 Donc présentée lors d'une liche parlementaire socialiste et rejetée par la majorité présidentielle.
00:54 Exactement.
00:55 Et cette proposition de loi permettait de répondre au moins à l'action des étudiants.
00:59 Puis il y a tous les autres, les jeunes précaires.
01:01 Alors, est-ce qu'on est à la hauteur ?
01:03 Le gouvernement, non, assurément.
01:05 Et il n'est pas à la hauteur depuis déjà 2017.
01:08 Il faut quand même avoir en tête un chiffre qui pour moi est important.
01:10 Depuis 2017, 500 milliards d'exonération fiscale.
01:14 500 milliards de perte de recettes fiscales pour notre pays.
01:18 Et ensuite, on a des associations caritatives qui ont moins de dons.
01:24 Et le gouvernement met 60 millions, mais je ne pense pas que ça suffise aujourd'hui.
01:28 Et il se tourne vers nous, les contribuables, les citoyens.
01:31 Et il y a une espèce de transfert de responsabilité qui vise à nous culpabiliser qui n'est pas normal.
01:37 Et ce qui n'est pas normal, c'est que les jeunes soient autant en difficulté,
01:40 que les familles soient aujourd'hui autant en difficulté,
01:43 et que le gouvernement ait asséché, par exemple par la suppression de l'impôt de solidarité sur la fortune,
01:48 les dons aux associations.
01:50 Donc il y a un effort à faire, mais que le gouvernement le fasse,
01:53 c'est un problème de redistribution des richesses d'abord.
01:54 Pour préciser le plan du gouvernement, mieux s'ébattiser, mieux manger pour tous,
02:01 l'idée c'est de récupérer des produits frais que n'arrivent pas à vendre les agriculteurs,
02:06 ou bien les produits bientôt périmés dans les grandes surfaces.
02:09 Mais pourquoi est-ce que cette idée qui dure depuis des décennies
02:13 n'est toujours pas mise en place de façon efficace ?
02:16 Parce que je crois que les grandes surfaces ne le veulent pas vraiment.
02:19 L'idée des grandes surfaces, ce n'est pas que les gens puissent récupérer
02:23 les produits qui ne sont pas vendus.
02:24 C'est une perte de vente pour les grandes surfaces.
02:27 Mais ce gouvernement, en parlant des grandes surfaces et de la grande distribution,
02:30 est quand même un gouvernement étonnant.
02:32 J'ai entendu cette semaine le ministre de l'économie qui disait
02:36 "je demande aux grands distributeurs de faire un petit effort".
02:40 Et systématiquement, ce gouvernement, quand il y a un problème de pouvoir d'achat,
02:44 s'adresse aux détenteurs du capital, aux patronats, aux employeurs,
02:50 en leur disant "faites un petit effort".
02:52 Ils nous ont fait le coup avec d'abord les banques.
02:55 Je me rappelle très bien Bruno Le Maire nous disant,
02:57 quand on discutait des frais bancaires et de l'alimentation,
02:59 en disant "on va demander aux banques, il n'y a pas besoin de légiférer,
03:01 on va demander aux banques de faire un effort".
03:03 Après, il y a eu la demande d'effort pour les industries énergéticiennes,
03:10 la demande d'effort aujourd'hui pour alimenter les banques alimentaires.
03:14 Cet effort-là, on a l'impression qu'un gouvernement qui a deux poids, deux mesures,
03:18 quand il s'adresse aux plus riches, il s'adresse à eux, il quémande.
03:23 Mais quand il s'adresse aux salariés, par exemple pour la retraite, il commande.
03:27 Pourquoi le gouvernement n'a pas dit aux salariés
03:29 "on a besoin que les gens travaillent un peu plus,
03:31 vous ne voudriez pas faire un petit effort en travaillant deux ans de plus".
03:33 Pourquoi il passe par la loi et la contrainte quand il s'agit des salariés
03:37 et par la demande polie et gentille quand il s'agit de redistribuer les richesses ?
03:41 - Juste une dernière question sur ça et puis on va passer en retraite.
03:45 Quand on voit l'inexorable hausse du prix du panier de course, plus 14% quand même.
03:51 La gauche au pouvoir, elle fait quoi ?
03:54 Si la gauche était au pouvoir, elle ferait quoi ?
03:55 C'est quoi les solutions ? C'est quoi les décisions ? C'est quoi les mesures à prendre ?
03:58 - La gauche au pouvoir, elle a proposé des solutions.
04:01 Déjà que le gouvernement a rejeté un blocage des prix
04:03 sur un certain nombre de données de première nécessité.
04:06 On a proposé aussi une augmentation du SMIC.
04:09 Parce que si les gens n'y arrivent pas, c'est aussi parce que les salaires ne suivent pas l'augmentation des prix.
04:15 Donc augmentation des salaires.
04:17 Alors dans des entreprises où les forces syndicales sont importantes,
04:21 structurées, les revendications salariales peuvent aboutir grâce à la négociation et la mobilisation.
04:27 Mais tous ceux qui sont dans des petites entreprises, ceux-là n'ont rien.
04:31 Donc il y a un problème global d'échelle mobile des salaires,
04:35 d'adaptation des salaires à l'inflation. - Et aux grandes surfaces, vous leur dites quoi ?
04:38 - Et aux grandes surfaces, de réduire leurs marges.
04:42 Mais réduire leurs marges, je fais une remarque quand même, réduire la marge des grandes surfaces,
04:45 ça suppose aussi payer correctement les agriculteurs.
04:49 Payer correctement les agriculteurs.
04:50 Parce que la réduction des marges, elle ne peut pas se faire sur le dos
04:54 de ceux qui produisent les denrées alimentaires et en particulier l'agriculture française.
04:57 - L'actualité, Laurence Rossignol, c'est aussi cette réforme des retraites,
05:01 désormais devant le Sénat, avec en perspective la journée de mobilisation de mardi prochain
05:07 et l'annonce de certains syndicats de vouloir tout bloquer.
05:11 Faut-il mettre la France à l'arrêt pour que le gouvernement amende son projet ?
05:17 - On pourrait peut-être poser la question autrement.
05:20 Jusqu'où le gouvernement veut-il pousser le mouvement social
05:24 pour enfin entendre ce qui se dit dans la rue,
05:27 ce qui se dit dans les enquêtes d'opinion,
05:29 ce qui se dit dans toutes les conversations autour de nous ?
05:32 Pourquoi le gouvernement n'accepte pas que son projet est un projet rejeté par une majorité de français ?
05:39 Pourquoi il essaye de passer en force ?
05:41 Et c'est lui quand même qui pousse le mouvement syndical à aller plus loin.
05:45 - Est-ce que vous êtes favorable à une France qui doit se bloquer désormais
05:49 pour affronter ce gouvernement qui, pour l'instant, ne veut pas changer de paradigme ?
05:55 - Vous savez, c'est un peu la lutte du pot de terre contre le pot de fer, cette affaire.
06:00 Le gouvernement dispose d'une armurerie conséquente pour passer en force.
06:05 Et les salariés, les citoyens disposent de quoi ?
06:09 Le pouvoir de manifester. Ils l'ont fait. Pacifiquement.
06:13 Le pouvoir de s'exprimer. Nous le faisons au Parlement.
06:16 Et ensuite, il y a dans notre Constitution un droit protégé qui est le droit de grève.
06:21 Le droit de grève, c'est une manière d'établir un rapport de force avec un gouvernement.
06:29 On ne peut pas reprocher aux salariés et aux syndicats d'utiliser une arme qui est dans la Constitution.
06:34 - Oui, mais le gouvernement dit le droit de grève.
06:36 La grève est un droit, mais pas le blocage. C'est ce que rétorque le gouvernement.
06:40 - Bah écoutez, c'est le gouvernement qui dit que c'est du blocage.
06:42 - Vous y croyez, ce blocage ou pas ?
06:44 - C'est le gouvernement qui dit que c'est du blocage.
06:45 - Vous y croyez ou pas ? Ça va tenir ou pas ? La France à l'arrêt, ça va tenir combien de temps ?
06:49 - Ah mais moi, je ne sais pas. On verra ça mardi.
06:52 Ce que je sais, c'est que la mobilisation est importante.
06:54 Que depuis un mois déjà, il y a des manifestations.
06:57 Que les Français sont déterminés.
06:59 - Ça a commencé à s'essouffler un peu.
07:00 - Écoutez, on le verra.
07:02 - Donc là, ça va prendre ou pas ?
07:03 - Je ne sais pas. Moi, je ne lis pas dans le mar de café.
07:06 Je pense qu'il y a toutes les bonnes raisons pour que le mouvement se poursuive.
07:11 Ce n'est pas est-ce que ça va prendre, c'est est-ce que ça va continuer sur une nouvelle forme.
07:15 Et je pense que l'unité syndicale, qui est exceptionnelle dans cette affaire, est très importante.
07:20 Donc, ce qui va beaucoup peser, c'est la capacité des syndicats à continuer d'être unis,
07:27 à mobiliser, à offrir des formes de lutte aussi,
07:29 qui sont respectueuses du fait que les gens perdent une journée de travail en une journée de grève.
07:35 C'est parfois coûteux, c'est souvent coûteux. Pour certains, c'est très difficile.
07:39 C'est tout cela qui est sur la table.
07:41 - Mais cette unité syndicale qui est importante, vous le dites,
07:43 une fois que l'article 7, ce fameux article 7 de ce texte de loi,
07:47 qui prévoit l'augmentation de l'âge, qui repousse l'âge des pages.
07:51 - Le passage à 64 ans.
07:52 - Voilà, de 62 à 64 ans. Merci Eric.
07:55 Est-ce que tous les syndicats continueront à se mobiliser,
07:57 une fois que cet article 7, au Sénat, sera voté ?
08:00 - Je le crois, parce que d'abord, l'article 7, ce n'est pas le vote de la loi.
08:04 - Mais il est important, celui-là, quand même.
08:06 - Il est très important. On le sait que la droite sénatoriale est main dans la main avec le gouvernement
08:12 pour faire travailler les gens deux ans de plus. Les gens le savent.
08:15 Est-ce qu'ils ont intégré... Moi, je voudrais dire quelque chose aux Français, à ceux qui nous écoutent.
08:20 Depuis le début, on a deux sondages parallèles qui sont, pour moi, étonnants.
08:24 D'un côté, 7 Français sur 10 ne veulent pas de la réforme.
08:27 Et d'un autre côté, une majorité de Français pensent que le gouvernement va finir
08:31 par faire adopter et imposer sa réforme.
08:34 J'ai envie de dire aux Français, ayez confiance en vous.
08:36 Dans le passé, il y a eu plusieurs fois des gouvernements qui ont reculé.
08:40 Au moment du contrat premier embauche, ils ont reculé après le vote de la loi au Parlement.
08:45 Donc, ayez confiance en vous-même, ayez confiance dans votre force collective,
08:49 ayez confiance dans votre détermination.
08:51 Hautons-nous de l'esprit que le gouvernement va forcément passer en force.
08:55 Parce que le coût démocratique, le coût social du passage en force, il sera très lourd à payer.
09:01 On me dit toujours, regardez 2009-2010, la réforme Sarkozy, malgré des manifestations, elle est passée.
09:06 Oui, mais Sarkozy l'a perdue après, en 2012.
09:09 Et c'est un effet retard de ce qui s'était passé en 2010 avec la réforme qui avait reporté
09:14 l'âge de la traite de 60 à 62 ans.
09:17 Alors, bien sûr, Emmanuel Macron ne sera plus candidat.
09:19 Il peut tout brûler derrière lui.
09:21 Mais pour autant, la force politique qui est avec lui, j'espère, pour eux, dans leur psychologie,
09:28 a probablement l'intention de lui survivre.
09:30 Et c'est une catastrophe démocratique, ce que le gouvernement est en train de faire actuellement.
09:34 On vous trouve très énergique là, ce matin.
09:36 On avait pourtant l'impression, en écoutant le chef du groupe PS au Sénat,
09:40 que c'était très feutré, en fait, ce qui se passait au Sénat.
09:42 Vous êtes conciliant ou pas, en fait, le groupe socialiste, face à la droite sénatoriale ?
09:47 Non, on n'est pas conciliant.
09:48 D'abord, on est trois groupes mobilisés.
09:51 Le groupe des écolos, le groupe communiste et le groupe socialiste.
09:54 On travaille ensemble.
09:55 On est vraiment unis.
09:58 Il y a un deal passé avec Gérard Larcher dont on en a parlé ou pas ?
10:00 Je ne sais pas quelle est cette histoire de deal.
10:02 Il n'y a pas de deal.
10:02 Parce que vous avez demandé à ce que l'article sur les 64 ans ne soit examiné qu'après la journée de mobilisation le mardi prochain.
10:08 Ça ne se demande pas une chose pareille.
10:10 Vous l'avez abordé avec Gérard Larcher en réunion.
10:13 On n'a pas caché quelle était notre stratégie.
10:15 Elle est double.
10:16 Premièrement, effectivement, que l'article 7 ne soit pas voté avant la manifestation du 7.
10:21 Deuxièmement, pourquoi ?
10:23 Pour donner au mouvement social la force de continuer, pour lui donner de l'énergie.
10:28 Bien entendu, nous, on a deux pieds.
10:31 Le mouvement social et la bataille parlementaire.
10:34 Et nous nous nourrissons mutuellement.
10:36 C'est ce que je disais tout à l'heure pour que l'unité syndicale tienne.
10:38 Parce que sinon, elle va faillir.
10:39 Et pour que la mobilisation tienne, pour que les gens continuent de suivre.
10:43 Donc, deal ou pas quand même ?
10:44 Pour avoir obtenu ça ?
10:46 Mais ça ne s'obtient pas, Madame Bécart.
10:49 Ça se gagne une chose pareille.
10:51 Et ça se gagne par un travail parlementaire, minute par minute.
10:55 C'est une affaire de temps.
10:57 Si on n'est pas présent pour défendre nos convictions, pour défendre nos amendements,
11:01 l'article 7 peut être voté demain matin.
11:03 Donc vous faites de l'obstruction aussi sous un autre nom ?
11:05 Écoutez, on est rentré dans ce débat, moi en tout cas, avec deux objectifs.
11:11 Un, que l'article 7 ne soit pas voté avant le 7.
11:13 Deux, que ce projet de loi ne soit pas adopté et jamais mis en œuvre.
11:17 Voilà, les Français n'en veulent pas, nous n'en voulons pas.
11:19 Et nous prendrons tous les moyens parlementaires pour le faire.
11:22 Vous savez, je le disais il y a un instant, l'arsenal dont dispose le gouvernement
11:25 et la majorité sénatoriale, pour contraindre et l'opposition et le pays est très important.
11:31 Nous, nous avons un tout petit, tout petit, petit sac à dos avec quelques armes dedans.
11:38 Nos armes, c'est notre pouvoir de parole, notre droit d'amendement qui est reconnu par la Constitu...
11:42 qui nous est donné par la Constitution.
11:45 Et notre capacité à défendre nos convictions dans le Sénat.
11:49 Nous ne lâcherons rien sur tout ce que nous avons.
11:51 Mais est-ce que vous avez envie d'aller jusqu'au bout du vote final, comme le souhaite Gérard Larcher LR, votre président ?
11:56 Gérard Larcher soutient la réforme.
11:57 Même le Sénat, c'est même dire que ça.
11:59 La majorité sénatoriale pense qu'elle est à l'origine de la réforme, que c'est leur réforme.
12:04 Donc vous préférez l'obstruction là, au Sénat aussi ?
12:05 Mais moi, je préfère que les Français continuent de partir en retraite à un âge légal de 62 ans.
12:12 Et nous ferons tout ce que nous pouvons pour empêcher que cette réforme soit adoptée et mise en œuvre.
12:17 Une dernière question sur les retraites.
12:18 La droite veut s'en prendre aussi à tous les régimes spéciaux.
12:23 On l'entend sur tous les tons sur cette question-là.
12:25 Y mettre fin donc cette fois-ci définitivement.
12:27 Pas de clause du grand-père, comme on dit généralement.
12:30 Est-ce que ça doit s'appliquer aussi aux sénateurs ?
12:32 Est-ce qu'il faut en profiter pour supprimer le régime autonome des retraites des sénateurs ?
12:37 Elle dit quoi la gauche sur ça ?
12:38 Alors la gauche, elle dit, puisque nous avons voté avec nos collègues...
12:42 Nous avons signé avec nos collègues des autres groupes de gauche une proposition de résolution.
12:47 C'est ça la technique parlementaire qu'il nous faut utiliser pour saisir le bureau du Sénat.
12:52 Puisque le bureau du Sénat est seul compétent pour discuter de notre régime de retraite.
12:57 Pour que le bureau du Sénat soit saisi du sujet de notre régime de retraite.
13:02 Mais Laurence Rossignol, elle dit quoi ? Elle dit qu'il faut y mettre un terme ?
13:04 Moi, j'ai signé cette résolution.
13:06 Et vous êtes prête à aller jusqu'au bout ?
13:07 Alors, il y a plusieurs sujets.
13:08 Est-ce qu'il faut mettre fin au régime autonome ?
13:10 Je ne sais pas s'il faut mettre fin au régime autonome.
13:12 Il y a un sujet derrière qui est celui de la séparation des pouvoirs.
13:16 Est-ce qu'il faut réformer le régime de retraite des sénateurs ?
13:18 Incontestablement.
13:19 Incontestablement.
13:21 On ne peut pas se contenter de l'aligner si éventuellement le reportage était passé de 62 à 64 ans.
13:28 Moi, je n'ai aucune pudeur sur ce sujet.
13:31 Et j'assume parfaitement que notre régime de retraite doit être aujourd'hui réformé.
13:37 En particulier dans les montants de retraite qu'il accorde.
13:40 Laurence Rossignol, vice-présidente du Sénat, sénatrice socialiste de l'Oise.
13:44 Parlons des socialistes.
13:46 Un mois après le Congrès qui a été douloureux à Marseille.
13:49 Comment se passe-t-il là ?
13:50 La cohabitation entre Olivier Faure et son rival malheureux Nicolas Amayer Rossignol,
13:55 désormais premier secrétaire délégué.
13:58 Oui, alors je ne suis peut-être pas la meilleure interlocutrice sur ce sujet-là,
14:01 parce que pour ma part, je me suis tenue un peu à distance.
14:04 Vous n'aviez pas choisi de camp.
14:05 Non, je n'ai pas choisi de camp.
14:06 Je me suis tenue à distance des affaires du Congrès.
14:09 Donc en tant que conservatrice, vous avez vu qu'ils étaient réconciliés ou pas ?
14:13 Ma façon d'être socialiste, c'est de porter une parole de gauche,
14:17 et qui est une parole qui nourrit le parti socialiste,
14:20 et qui fait du bien aux électeurs de gauche qui m'entendent.
14:24 C'est comme ça que moi je suis socialiste.
14:25 Je ne suis plus dans les affaires d'appareil.
14:27 Ce que je sais, c'est que ça m'a l'air quand même encore un petit peu compliqué.
14:31 Cette affaire, il y a un Conseil national qui aura lieu la semaine prochaine.
14:34 Alors c'est très embêtant pour les sénateurs,
14:35 parce qu'il a lieu en même temps que le débat sur les retraites.
14:38 Ce n'est franchement pas le meilleur moment.
14:40 J'espère quand même qu'il pourra aboutir à ce qui a été promis au Congrès,
14:45 et que les militants socialistes attendent tous, et moi aussi,
14:47 une véritable direction collégiale, respectueuse des engagements pris au Congrès.
14:52 Puisque si on fait simple, c'est 52-48, c'est quasiment 50-50.
14:56 Voilà, donc si le parti socialiste veut continuer d'être une force politique attractive,
15:00 ou le redevenir, exactement, il faut qu'il soit capable de le faire.
15:03 - Dans ce 50-50, on fait quoi de la NUP ?
15:06 Il faut faire toujours avec la NUP ?
15:08 Il faut la réinventer ? Il faut se désolidariser ? Il faut la supprimer ?
15:12 - Écoutez, la NUP, on ne la vit pas tous de la même façon.
15:15 - Il n'y en a pas au Sénat, déjà ?
15:16 - Déjà. À l'Assemblée nationale, la NUP, c'est l'accord électoral
15:20 qui a permis à tous les députés de gauche d'être élus.
15:23 Au Sénat, on a une autre tradition, c'est qu'on a été élus les uns et les autres
15:28 sur des listes communes d'union de la gauche, dans un certain nombre de cas,
15:31 parfois sur des listes différentes, et on a une habitude de travailler ensemble.
15:35 On se parle tout le temps avec nos collègues écolos et communistes,
15:39 on promeut des tas de choses ensemble.
15:40 Quand on a mené la bataille sur la constitutionalisation de l'IVG,
15:43 on l'a fait, trois groupes de gauche coalisées.
15:47 Donc on a une habitude d'union de la gauche.
15:49 Alors évidemment, on va nous dire "c'est la vieille gauche".
15:51 Ce qui compte, c'est d'être unis.
15:53 Voilà, c'est d'être unis et d'être respectueux
15:56 des identités de chacune des composantes de la gauche.
15:59 - Donc il faut nettoyer un peu cette nupe, c'est ça ?
16:02 Dans la manière dont elle fonctionne, là où elle doit fonctionner ?
16:04 - En fait, elle ne s'impose pas à tout le monde, déjà.
16:07 Et la nupe, aujourd'hui, c'est des forces politiques qui ont des différences.
16:12 Il faut que ces différences se manifestent, elles s'entendent.
16:15 Les affaires de l'Assemblée, on a bien vu,
16:16 moi je suis très fière du travail qu'ont fait les députés socialistes à l'Assemblée nationale,
16:20 du travail de Jérôme Gage, qui a permis de mettre à jour
16:23 toute une série de mensonges que le gouvernement avait profilés.
16:26 - De mensonges ou d'erreurs d'approximation ?
16:28 Sur les 1200 euros minimum pour 85% au départ du SMIC
16:32 pour 40 000 personnes, puis finalement entre 10 000, 15 000 et 20 000 ?
16:37 - Vous savez, quand on parle d'un gouvernement, je ne sais pas ce qu'est le pire.
16:41 C'est entre une erreur et un mensonge.
16:42 Si c'est une erreur, c'est de l'incompétence à un tel niveau que ça met en cause
16:45 leur capacité à gouverner ce pays.
16:47 Si c'est du mensonge, c'est de la fourberie, c'est pas bien non plus.
16:50 Je préfère encore penser qu'ils ont menti plutôt que de penser qu'ils sont incompétents.
16:54 - Laurence Rossignol, lors des prochaines sénatoriales dans l'Oise,
16:57 un autre socialiste semble convoiter votre poste, Alexandre Ouisy,
17:01 le patron des socialistes de l'Oise.
17:03 Est-ce que vous vous sentez menacé ?
17:05 Est-ce que vous devrez vous effacer devant une autre coalition de gauche ?
17:10 - Une autre coalition de gauche ?
17:11 D'abord, il n'y a pas de patron, moi je n'ai pas de patron.
17:12 On va dire les choses calmement, moi je suis socialiste, je n'ai pas de patron.
17:15 - C'est le secrétaire départemental du Parti Socialiste.
17:17 - Oui, c'est le Premier fédéral du Parti Socialiste, c'est un jeune garçon
17:19 qui est conseiller régional, qui est élu dans une communauté de communes,
17:23 dans le bassin créois, qui est très prometteur.
17:27 - Il sera tête de liste ou pas ?
17:29 - Je ne sais pas, on n'a pas encore discuté avec les militants.
17:32 - On est à six mois des élections.
17:33 - On est à six mois des élections.
17:34 Je considère pour ma part que cette histoire de renouvellement générationnel,
17:39 qui est le sujet semble-t-il pour lui, est quand même un peu troublante.
17:43 Quand il s'agit de remplacer une femme féministe qui mène des combats,
17:48 que je ne suis pas la seule à mener mais que je porte au Sénat avec mes collègues,
17:54 la protection des enfants, la protection des femmes, la politique familiale,
17:58 les personnes âgées, tous ces combats-là, je les mène.
18:01 Il n'y a pas beaucoup de concurrence au Parlement sur ces combats-là.
18:03 Je considère que ma voix est utile à la gauche, elle est utile au Parti Socialiste
18:08 et elle est utile à mon département.
18:10 Et le renouvellement qui consiste à remplacer une femme par un jeune homme,
18:13 je ne vois pas en quoi c'est un renouvellement,
18:15 c'est plutôt un retour aux vieilles méthodes qui consistaient à prendre la place des femmes pour y mettre des hommes.
18:21 On vous sent un peu fâchée quand même sur le dossier.
18:22 Non, je suis très sereine.
18:24 Qui ne se laissera pas faire dans l'Oise, vice-présidente du Sénat,
18:28 sénatrice socialiste de l'Oise.
18:30 Merci d'être venue en parler ce matin sur France Inter.

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