Chroniqueur : Vincent Valinducq
C'est un médicament qui agite la toile sur la plateforme TikTok : l'Ozempic. En effet, l'Agence nationale de la sécurité du médicament et l4assurance Maladie ont tiré la sonnette d'alarme concernant le détournement de cet antidiabétique, détourné pour perdre du poids. Une tendance devenue virale mais qui n'est pas sans risque sur la santé. Les autorités françaises appellent à la vigilance renforcée. Le docteur Valinducq nous parle de ce traitement destiné aux patients atteints d'un diabète de type 2 qui préoccupe les instances sanitaires.
C'est un médicament qui agite la toile sur la plateforme TikTok : l'Ozempic. En effet, l'Agence nationale de la sécurité du médicament et l4assurance Maladie ont tiré la sonnette d'alarme concernant le détournement de cet antidiabétique, détourné pour perdre du poids. Une tendance devenue virale mais qui n'est pas sans risque sur la santé. Les autorités françaises appellent à la vigilance renforcée. Le docteur Valinducq nous parle de ce traitement destiné aux patients atteints d'un diabète de type 2 qui préoccupe les instances sanitaires.
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00:00 Je veux parler santé avec vous, docteur Valinduc.
00:02 Il y a quelques semaines, vous nous alertiez déjà sur l'utilisation d'un médicament
00:05 l'ozempic sur le réseau social TicNoc.
00:08 On en parle beaucoup.
00:09 Cette semaine, on continue d'en parler puisque les autorités françaises appellent à la
00:12 vigilance renforcée.
00:13 On va donc faire le point avec vous sur ce médicament et les risques.
00:16 D'abord, l'ozempic, de quoi s'agit-il ?
00:18 L'ozempic, c'est le nom commercial.
00:20 La molécule, c'est le C-maglutide.
00:22 Il a une seule, ce médicament, une seule indication.
00:25 C'est chez l'adulte atteint d'un diabète de type 2 dont on n'arrive pas vraiment à
00:28 contrôler le taux de sucre.
00:30 Je vous fais un rappel, je ne sais pas si vous avez loupé vos cours de bio à l'école.
00:32 Absolument, il faut s'en rappeler.
00:34 Tout à fait.
00:35 Le diabète de type 2, ce sont des patients qui vont avoir un taux de sucre trop important
00:38 au niveau du sang parce qu'en fait, il y a une mauvaise utilisation de leur insuline
00:41 qui est leur hormone qui normalement permet de réguler le taux de sucre.
00:44 Donc là, le C-maglutide, l'ozempic, permet d'aller se fixer sur certains récepteurs,
00:49 augmenter la sécrétion de l'insuline et donc réguler le taux de sucre.
00:52 On va effectivement peut-être aussi expliquer parce que si on en parle beaucoup, c'est
00:56 la capacité à faire maigrir.
00:58 En tout cas, c'est ce qu'on suppute.
01:00 En effet, au-delà de cette capacité à réguler le taux de sucre, on s'est rendu
01:04 compte qu'il diminue également la vidange gastrique, c'est-à-dire le fait de diminuer
01:08 le ralentissement de l'estomac qui se vide.
01:10 Donc, ça peut engendrer encore le phénomène de satiété, donc de diminuer l'appétit.
01:14 Résultat, ça peut engendrer une perte de poids.
01:16 C'est pour ça qu'on en parle beaucoup en ce moment.
01:18 Donc, si elle a des propriétés amégrissantes, est-ce que ça veut dire qu'à terme, cette
01:21 molécule, elle pourrait être utilisée comme médicament contre l'obésité dont on parle
01:25 aujourd'hui particulièrement ?
01:27 En réalité, ça existe déjà.
01:28 L'industrie qui produit ce médicament s'est rendue compte de ses propriétés et a décidé
01:32 d'utiliser le sémaglutine, mais avec des doses différentes, et a appelé un nouveau
01:36 médicament qu'on appelle le Vegovim.
01:38 Encore une fois, ce n'est pas l'Ozempix, c'est le Vegovim, c'est la même molécule,
01:40 mais des concentrations totalement différentes.
01:43 L'indication, vous le disiez, c'est dans l'obésité, avec une prise en charge globale,
01:47 avec un suivi médical très important.
01:49 Ça n'a pas d'indication dans les petits kilos superflus pour préparer l'été.
01:52 Non.
01:53 Donc ça, c'est vraiment important de le savoir.
01:55 Il faut savoir que ce médicament a été sorti aux États-Unis il y a déjà quelques
01:59 mois, et ça vient d'arriver en France en août de l'année dernière.
02:02 On a fait un médicament avec une autorisation d'accès précoce.
02:05 Vous savez, les accès précoce, c'est quand on se rend compte qu'il y a vraiment un intérêt
02:08 pour le patient, on le met un peu plus rapidement en place.
02:11 Résultat, le Vegovim, qui est le nom du médicament dans l'indication et dans l'obésité,
02:15 a un contrôle vraiment bien renforcé, une délivrance goutte à goutte, contrairement
02:19 à l'ozempic, dont on entend beaucoup parler en ce moment, dont la délivrance est sur
02:24 ordonnance plutôt normale.
02:26 Et résultat, les pharmaciens ont constaté qu'il y avait de plus en plus de demandes
02:30 d'ordonnances falsifiées pour avoir de l'ozempic, ou des patients qui ne sont pas diabétiques
02:35 et qui viennent pour avoir de l'ozempic.
02:37 C'est pour ça que vous le disiez, Jean-Baptiste, il y a une vigilance renforcée de la part
02:40 de l'Agence nationale de sécurité du médicament et de l'assurance maladie pour dire attention,
02:44 surveillance renforcée.
02:45 Oui, parce qu'il y a forcément des risques quand on utilise un médicament qui est pas
02:48 prévu pour cet effet à la base, qu'on détourne un petit peu.
02:51 On se souvient bien sûr du scandale du médiateur qui avait engendré plusieurs centaines de
02:55 morts.
02:56 Forcément, on peut comparer les affaires.
02:59 On y pense, mais en réalité, il faut savoir qu'effectivement, encore une fois, je le
03:02 répète, l'ozempic, la seule indication adulte type 2 non équilibrée.
03:06 Le risque, ce serait quoi ?
03:08 Le risque, en fait, si c'est un médicament qui permet de diminuer le taux de sucre dans
03:12 le sang, le risque, c'est l'hypoglycémie, d'accord ?
03:15 Ça, c'est qui peut avoir des conséquences dramatiques telles qu'un coma.
03:19 Voilà, c'est des choses comme ça.
03:20 On peut avoir aussi une inflammation du pancréas.
03:22 On parle de pancréas et des troubles également digestifs.
03:26 Donc, ça, c'est vraiment si vous venez à l'utiliser, si vous n'étiez pas malade,
03:29 avec en plus de manière un peu à la maison, sans contrôle.
03:32 Donc, on ne fait pas ça.
03:33 Autre chose, il y a des conséquences indirectes, c'est-à-dire que les patients qui ont réellement
03:37 besoin de ce médicament se retrouvent avec des stocks un peu perturbés.
03:42 Ce qu'on a pu voir en Australie, il y a des dernières, où il y a eu une totale rupture
03:45 de stock d'ozempique pour des patients qu'on avait réellement besoin.
03:48 Donc, on va rappeler en conclusion, méfiance à ces médicaments, déjà, qui sont vendus
03:53 comme médicaments miracles sur les réseaux sociaux.
03:55 Attention aussi, et on le répète, à l'automédication.
03:57 Oui, l'automédication, quoi qu'il en soit, on ne le fait pas.
04:00 Maintenant, les réseaux sociaux, c'est un véritable danger.
04:02 Malheureusement, ce sont généralement les plus jeunes qui ont accès.
04:05 L'ozempique a généré 500 millions de vues sur les réseaux sociaux, ce qui est juste énorme.
04:10 Et on voit bien qu'il y a un intérêt pour cette molécule.
04:12 Donc, là, encore une fois, prudence.
04:14 Et nous, on le voit aussi au cabinet, finalement, ce qui arrive sur les réseaux,
04:17 arrive dans nos cabinets de médecine.
04:19 C'est-à-dire que parfois, un patient va se dire, j'ai entendu parler de ce truc miracle,
04:23 de ce truc qui se fait rajeunir, de ce médicament qui fait maigrir.
04:26 Il vous demande une prescription ?
04:27 Il y a plusieurs choses.
04:28 Soit la demande est plutôt intelligente.
04:30 C'est un patient qui vient vous voir et qui vous dit, j'ai entendu parler de ce médicament.
04:32 Est-ce que je suis éligible ?
04:34 Et là, on rappelle que non.
04:36 Parfois, certains médicaments, par exemple, je pense aux antidépresseurs,
04:39 qu'on peut mettre dans la douleur, mais qu'on peut également mettre dans la dépression.
04:42 On peut avoir des indications différentes, mais celles-ci sont validées.
04:45 Ce qu'on appelle une autorisation de mise sur le marché.
04:47 Sinon, ça peut avoir réellement un risque pour le patient.
04:50 L'autre chose, parfois, totalement différente,
04:52 on a des petits filous, on les sent venir,
04:54 qui ne sont pas du tout des patients du cabinet.
04:57 Ils vous disent, je suis venu, j'ai oublié ma carte Vita,
04:59 je n'ai pas dansé l'ordonnance, je suis diabétique, prescrivez-moi de l'ozempique.
05:02 Donc là, petite méfiance, on se dit, il y a quand même quelque chose qui ne va pas.
05:05 Donc voilà, encore une fois, méfiance, je sais bien qu'on a tous envie de médicaments au miracle,
05:10 mais encore une fois, ça doit être fait sous contrôle médical, avec un suivi régulier.
05:14 Et sinon, il y a vraiment un danger pour votre santé, si vous faites un peu tout et n'importe quoi.
05:18 On demande toujours à son médecin.
05:20 Oui, voilà, consultez un professionnel de santé, on est là pour vous aider.
05:23 Si vraiment, il y a un médicament qui est validé avec une bonne indication, on y répondra.
05:27 Merci, Docteur, pour toutes ces explications.