La parole aux Français Week-End du 11/03/2023

  • l’année dernière
L'actualité vue par les témoins du quotidien dans #LaParoleAuxFrancaisWE

Category

🗞
News
Transcript
00:00:00 Bonjour, je suis ravie de vous retrouver pour 7h30 d'émission dans laquelle, vous le savez,
00:00:06 nous donnons la parole aux Français.
00:00:08 Ils sont encore une fois dans la rue aujourd'hui, car c'est une nouvelle journée de mobilisation
00:00:12 contre le projet de réforme du système de retraite par le gouvernement.
00:00:16 Nous serons toutes les missions en direct du cortège parisien avec nos différentes équipes
00:00:20 qui tendront donc leur micro à ces femmes, ces hommes actifs, pas encore en activité
00:00:25 ou peut-être déjà retraités.
00:00:27 Et avec nous aujourd'hui pour commenter cette actualité, l'ancien ministre Pierre Lelouch.
00:00:31 Bonjour Baba.
00:00:32 Bonjour, bienvenue sur le plateau et le fondateur du GIGN.
00:00:35 Bonjour Christian.
00:00:36 Bonjour Baba.
00:00:37 Couteau, bienvenue à vous également.
00:00:39 C'est donc un septième rendez-vous que se sont donnés aujourd'hui les opposants à la réforme des retraites.
00:00:45 Le cortège parisien doit s'élancer d'ici quelques minutes de la place de la République
00:00:50 en direction de celle de la Nation.
00:00:53 Une nouvelle journée de mobilisation avant une semaine décisive politiquement.
00:00:57 Au cours de laquelle le gouvernement espère bien voir cette réforme définitivement adoptée.
00:01:02 On parlera de ce volet politique pendant l'émission.
00:01:05 En attendant, ces Français restent donc mobilisés pour exprimer leur refus de voir le système changer.
00:01:11 On va prendre la direction de la tête du cortège, retrouvé notre reporter Clémence Barbier.
00:01:16 Bonjour Clémence.
00:01:18 On voit sur les images d'Antoine Durand qui vous accompagne que le cortège ne s'est pas encore élancé.
00:01:24 Comment est l'ambiance en cette septième journée de mobilisation ?
00:01:28 Effectivement Barbara, le cortège ne s'est pas encore élancé.
00:01:34 Il devrait l'être d'ici quelques minutes.
00:01:36 Pour l'instant c'est plutôt bon enfant.
00:01:38 Nous avons croisé des retraités, des actifs.
00:01:41 Il y a également des syndicats, quelques familles.
00:01:43 Et l'objectif de cette septième journée, ce n'est pas de signe d'essoufflement
00:01:47 puisque la démonstration de force est cruciale avant cette semaine
00:01:52 où le gouvernement espère faire voter la réforme de sources policières.
00:01:56 On attend 800 000 à 1 million de manifestants en France, près de 100 000 à Paris.
00:02:02 Et vous le voyez, le cortège commence à se grossir au fur et à mesure
00:02:05 et d'ici quelques minutes il devrait se diriger vers Place de la Nation.
00:02:09 Merci beaucoup Clémence Barbier. Merci également à Antoine Durand qui vous accompagne.
00:02:13 On vous retrouvera évidemment dès que vous serez aux côtés de manifestants
00:02:16 qui veulent bien partager avec nous leur opinion,
00:02:19 et qui vont nous dire pourquoi ils se mobilisent une nouvelle fois.
00:02:22 C'est ce qu'on va faire tout de suite en rejoignant une autre de nos équipes,
00:02:24 Thibaut Marcheteau avec Olivier Gangloff.
00:02:27 Thibaut Marcheteau a trouvé pour nous François, 67 ans, qui est retraité de l'informatique.
00:02:32 Bonjour monsieur, merci d'être en direct avec nous.
00:02:35 C'est la deuxième fois que vous manifestez cette année.
00:02:38 Quelle est votre détermination, votre état d'esprit justement aujourd'hui ?
00:02:42 Disons que je suis déçu par cette réforme.
00:02:47 Je pense que j'ai la chance d'être retraité, dans mon cas d'avoir pu prendre la retraite à 62 ans.
00:02:52 Mais je pense à toutes les générations à venir,
00:02:55 que ce soit mes enfants ou tous ceux qui ont le même âge et mes petits-enfants.
00:02:58 Et je me dis que les priorités seraient peut-être plutôt de trouver un emploi pour tous d'abord.
00:03:05 Et seulement quand le gouvernement aura trouvé un emploi pour tous,
00:03:10 ça prendra du temps, c'est complexe, j'en suis conscient.
00:03:13 Après, on pourra envisager de parler d'augmenter le temps de travail, la durée de travail dans une vie.
00:03:21 Je pense qu'il faut donc globalement mieux répartir le travail dans toute une vie.
00:03:26 Et ce n'est pas seulement en augmentant l'âge de la retraite de 62 à 64 ans,
00:03:33 voire davantage pour ceux qui ont une carrière pleine.
00:03:36 De quelle répartition parlez-vous ?
00:03:38 On parle dans cette réforme d'allonger la durée du travail de deux ans, principalement.
00:03:43 Ce que je veux dire, c'est qu'au cours d'une vie, quand un jeune arrive sur le marché du travail,
00:03:50 on lui annonce aujourd'hui qu'il devrait travailler jusqu'à 62 ans.
00:03:53 On n'est même pas certain de pouvoir lui fournir un travail jusqu'à 62 ans.
00:03:58 Il serait important que tout le monde ait un travail d'abord.
00:04:01 Et quand tout le monde aura un travail, on pourra réfléchir éventuellement à se dire
00:04:05 que du fait que l'espérance de vie augmente, on augmente dans ce cas-là l'âge auquel on part à la retraite.
00:04:13 Mais aujourd'hui, cela me semble beaucoup trop tôt.
00:04:16 Pour moi, la priorité, c'est déjà qu'on donne un emploi à tout le monde,
00:04:20 et un emploi dans de bonnes conditions.
00:04:22 C'est ça qui me détermine à manifester aujourd'hui.
00:04:27 Je n'arrive pas à comprendre cet acharnement, à vouloir augmenter l'âge de départ à la retraite,
00:04:36 alors que nous avons quand même un nombre considérable de chômeurs aujourd'hui en France.
00:04:41 Justement, j'allais venir au volet politique.
00:04:43 Vous venez de qualifier vous-même d'acharnement l'attitude du gouvernement.
00:04:47 On a entendu Laurent Berger parler d'un déni du mouvement social.
00:04:51 Quel regard portez-vous sur l'action de ce gouvernement qui réitère,
00:04:55 on l'a vu par la dernière action d'Emmanuel Macron dans cette lettre adressée à l'intersyndicale,
00:05:00 sa détermination à avancer, quelle que soit la colère exprimée par les Français dans la rue ?
00:05:05 C'est un peu dommage déjà de refuser de recevoir les syndicats au plus haut niveau.
00:05:14 Je sais bien qu'on doit distinguer le pouvoir du président et le pouvoir du gouvernement.
00:05:18 Mais à un moment, je pense qu'il est quand même de la dignité de tous
00:05:24 que le président reçoive les syndicats.
00:05:28 La semaine prochaine, ça me semblerait le bon moment,
00:05:31 plutôt que de dégainer un 49-3 en toute urgence,
00:05:34 avec toutes les rancœurs que pourra laisser la loi si elle est passée dans ces conditions.
00:05:40 Vous manifestez, et avec vous, de nombreux Français qui s'opposent à cette réforme.
00:05:45 On le sait depuis le début de ce mouvement que pourtant,
00:05:48 une grande majorité de Français sont convaincus que cette réforme va être adoptée
00:05:52 et que finalement, cette action menée dans la rue n'aura pas un grand impact.
00:05:56 Est-ce que c'est votre opinion ?
00:05:58 Je pense qu'il est important que tous les Français manifestent.
00:06:04 Peut-être que cela fera réfléchir un certain nombre de députés.
00:06:08 Est-ce que tous les députés de la majorité actuelle, en l'enfort intérieur,
00:06:13 sont convaincus du bien fondé de cette réforme ?
00:06:17 Cela reste à déterminer. J'ai quand même entendu récemment que les députés de la majorité
00:06:23 seraient exclus s'ils ne sauraient que s'abstenir de la réforme des retraites.
00:06:30 C'est quand même un signe de crispation au niveau du gouvernement, je pense.
00:06:35 Une dernière question. Vous nous l'avez dit, vous êtes vous-même retraité,
00:06:40 mais vous vous battez pour les plus jeunes générations.
00:06:42 Étiez-vous déjà dans la rue en 1995, François ?
00:06:46 En 1995, non, je n'y étais pas, c'est vrai. J'étais relativement pris,
00:06:55 mais j'y ai été pour la loi de la retraite à l'époque de la réforme des retraites Sarkozy.
00:07:06 En 1995, ce n'étaient pas vraiment les retraites, c'était en 1993, surtout,
00:07:15 qu'il y avait eu les lois Baladur qui avaient porté de 37 ans et demi à 40 ans l'âge de départ à la retraite.
00:07:22 En 1995, j'ai plus le souvenir que c'était une remise en cause du statut de la Sécurité sociale,
00:07:28 qui était envisagé par le gouvernement Juppé.
00:07:31 Tout à fait. Le combat continue en l'occurrence, à vous entendre.
00:07:34 Merci beaucoup, François, d'avoir partagé votre opinion sur notre antenne.
00:07:39 Pierre Lelouch, on a parlé aussi récemment d'un essoufflement du mouvement,
00:07:42 visiblement dans la rue, certains restent motivés à revenir une septième fois.
00:07:45 Alors François disait pour seulement deux fois, mais une septième fois.
00:07:49 Vous voyez ce mouvement changer de forme ou pas ?
00:07:52 J'en doute. J'en doute parce qu'il y a une très forte hostilité à la réforme
00:07:59 dans une forte majorité de Français. Donc je pense que le mouvement va continuer.
00:08:05 Je pense aussi qu'une certaine maladresse continue d'être faite,
00:08:11 qui renforce l'exaspération de beaucoup de gens.
00:08:14 Lesquelles ? Quelle maladresse ?
00:08:16 Par exemple, le recours au vote bloqué au Sénat. À quoi ça sert ?
00:08:21 Sachant que le débat devait s'achever dimanche de toute façon au Sénat.
00:08:26 Le vote bloqué, dans le pire des cas, il pouvait être mis à la dernière minute,
00:08:30 en laissant les sénateurs de l'opposition s'exprimer jusqu'à dimanche.
00:08:34 À quoi ça sert d'annoncer hier matin le vote bloqué,
00:08:38 alors même qu'on est à la veille d'une manifestation ? Sauf à aiguillonner...
00:08:43 À exprimer une détermination justement radicale ?
00:08:46 Oui, tout le monde a compris que le gouvernement n'a pas envie de céder,
00:08:49 qu'il veut continuer la procédure parlementaire jusqu'à la CMP,
00:08:53 puis au vote de l'Assemblée nationale.
00:08:56 Mais est-ce qu'il fallait annoncer cela hier matin ?
00:08:59 Je vous avoue de ne pas avoir très bien compris pourquoi,
00:09:02 sauf à aiguillonner encore plus les oppositions.
00:09:06 Idem pour l'attitude du président de la République
00:09:09 sur la demande d'être reçue par les syndicats.
00:09:12 Bon, alors je sais bien qu'il y a une séparation des pouvoirs
00:09:15 et que l'affaire est entre les mains du gouvernement et du Parlement en ce moment,
00:09:19 donc ce n'est pas au président de la République d'intervenir au moment de la procédure parlementaire,
00:09:25 mais il y avait une affaire aussi de courtoisie, presque d'empathie.
00:09:30 Il y a un mouvement populaire relayé par les syndicats.
00:09:34 Dans sa lettre, le président de la République félicite même les syndicats
00:09:40 de ce que tout cela se déroule pacifiquement et sans violence.
00:09:44 Il me semble que la courtoisie aurait voulu que le président reçoive les syndicats,
00:09:51 mesures de courtoisie et de dialogue en les écoutant,
00:09:55 en leur disant que de toute façon tout cela est ce que les syndicats savent,
00:09:59 que tout cela est entre les mains de l'Assemblée et du Sénat et qu'on verra après.
00:10:04 Mais ce geste d'empathie et de dialogue, je crois, aurait été bienvenu pour éviter que les choses s'en…
00:10:11 Justement, puisque vous en parlez, on va montrer juste deux extraits de cette lettre
00:10:14 que Emmanuel Macron a écrite à l'intersyndicale qui demandait être reçue en urgence.
00:10:20 Alors on voit deux extraits, maintenant on parlera d'un autre aspect un peu plus tard.
00:10:23 Emmanuel Macron dit "Je ne sous-estime pas le mécontentement dont vous faites le porte-parole,
00:10:28 comme des angoisses exprimées par de nombreux Français inquiets de ne jamais avoir de retraite.
00:10:34 Depuis mon élection, dit Emmanuel Macron, j'ai toujours montré mon attachement au dialogue avec les Français,
00:10:38 tout comme avec les organisations syndicales et professionnelles."
00:10:43 Il ajoute que le gouvernement est, selon lui, comme il l'a toujours été, à votre écoute,
00:10:48 pour avancer par le dialogue, trouver des solutions innovantes,
00:10:51 sans transiger sur la nécessité de restaurer un équilibre durable de notre régime de retraite.
00:10:56 Vous parlez de maladresse, Pierre Lejoux, c'est vrai qu'on entend dans les cortèges
00:10:59 que c'est une attitude qui déplaît par sa radicalité.
00:11:03 Il est d'autant plus Barbara que la réforme, c'est lui qui l'a voulu.
00:11:07 Il l'a inscrite dans son programme de campagne, c'était la réforme phare du nouveau quinquennat.
00:11:16 Et donc à ce compte-là, il est difficile d'expliquer que ce n'est pas lui qui doit les recevoir.
00:11:22 Il est en charge du dossier depuis le début, et il me semble que c'était normal de les recevoir,
00:11:28 encore une fois, en leur expliquant qu'ils le savent, que tout ça est en ce moment entre les mains du Parlement.
00:11:35 Alors, avant d'entendre Christophe Proutot, à qui je vais demander de patienter encore un petit peu,
00:11:39 on va reprendre la direction du cortège, parce qu'on veut donner la parole à ces Français.
00:11:42 On est actuellement avec Hélène, en direct des rues de Paris, Hélène, 44 ans, qui travaille dans le marketing.
00:11:49 Hélène, c'est la première fois que vous manifestez contre la réforme des retraites.
00:11:54 Qu'est-ce qui vous a déterminé à aller dans la rue aujourd'hui et pas avant ?
00:11:59 Ah, non, Hélène ne nous entend pas. Bon, ben alors, très bien, je passe la parole à Christian Proutot et on rejoindra Hélène.
00:12:06 Dans un instant, est-ce que cette attitude du gouvernement, Christian Proutot, vous semble vous déplacer ? Mal comprise en tout cas.
00:12:15 Moi, je trouve que de toute façon, quelle que soit la demande des syndicats, c'est un peu tard pour avoir ce type de discussion.
00:12:22 C'était avant. À partir du moment où le projet était connu depuis un certain temps,
00:12:28 on n'a pas beaucoup vu les syndicats anticiper sur une échéance qu'ils connaissaient.
00:12:33 Donc, je comprends plutôt, moi, que pour eux, c'est une posture. Ils existent comme ils n'ont jamais existé.
00:12:40 Ça ne veut pas dire qu'ils ne sont plus nombreux, mais au moins, ils ont une place qu'ils n'avaient pas eue depuis un moment, les syndicats,
00:12:47 et qu'entre nous, soit dit, c'est du pain béni pour eux.
00:12:50 Et si vous rajoutez le fait que la question qui était posée, ou du moins la demande qui était effectuée auprès du président de la République,
00:12:58 il savait d'avance qu'il n'y avait aucune chance qu'il soit reçu dans la mesure où le texte était en cours de traitement aux deux assemblées.
00:13:09 C'est plus l'utilisation de la réponse qu'ils connaissaient que de l'utilité même d'une rencontre.
00:13:18 Alors, si c'est juste pour avoir de l'empathie ou quelque chose comme ça, à mon avis, ça n'a pas de sens.
00:13:24 Un gouvernement, il a pour gouverner un président de la République. Il a donné une fiche de route à un Premier ministre.
00:13:30 Le Premier ministre l'applique. En plus, tout ce texte, cette problématique, tout le monde la connaît depuis des années.
00:13:37 Alors, soit c'est indispensable, soit ça ne l'est pas.
00:13:41 On va retrouver Hélène dans le cortège, Pierre Lelouch. Excusez-moi, on va lui donner la parole en premier.
00:13:46 Hélène, donc, 44 ans, qui travaille dans le secteur du marketing. Hélène, merci d'être en direct avec nous.
00:13:52 On espère que vous nous entendez. Voilà, je vous vois également.
00:13:55 Donc, c'est la première fois que vous manifestez contre cette réforme. Qu'est-ce qui vous a décidé à venir dans la rue aujourd'hui ?
00:14:03 Oui, tout à fait. Aujourd'hui, je pense que le président n'entend pas, en fait, la plupart des Français.
00:14:10 Hier, il a fermé la porte à tout discours avec les syndicats. Alors, je pense qu'aujourd'hui, il est le temps de faire bloc
00:14:16 et de montrer que ce n'est pas possible, qu'on n'est pas d'accord et que ça ne peut pas passer, en fait.
00:14:20 Il en fait une affaire personnelle. On a compris que ça allait être compliqué. Mais maintenant, il faut dire stop.
00:14:26 Il a menti. Il continuera à mentir. Les gens ne peuvent pas travailler jusqu'à 64 ans et encore moins dans ces conditions-là.
00:14:35 On fait la réforme à l'envers. Ça n'est pas possible. Il y a un vrai problème avec l'emploi des seniors.
00:14:40 Donc, on ne peut pas... Si on accepte maintenant, c'est fichu pour tout le monde.
00:14:44 On l'a dit, la retraite pour vous, c'est pas tout de suite. Encore une petite vingtaine d'années.
00:14:50 Est-ce que ça veut dire que vous ne vous battez pas pour vous, mais pour les seniors dont vous venez de nous parler ?
00:14:54 Ou il y a aussi des choses qui vous déplaisent dans cette réforme concernant votre propre position dans ce système ?
00:15:00 Je me bats pour tout le monde déjà. En effet, pour les personnes... Alors, moi, je travaille dans un bureau.
00:15:07 Je dirais que je suis quand même privilégiée. Je pense qu'il y a certaines personnes qui ne pourront pas aller jusque-là.
00:15:14 Je pense notamment à mon mari qui travaille dans la restauration. Mais je me bats un petit peu pour tout le monde.
00:15:20 Moi aussi, j'ai envie de profiter de ma vie pour les seniors, pour tout le monde.
00:15:26 Je pense que c'est un sujet de société et on ne peut pas penser qu'à sa petite personne de façon égoïste.
00:15:33 De l'autre côté, on parle plutôt de se battre collectivement pour faire perdurer un système.
00:15:39 On parle donc de deux ans d'activité en plus. Si on résume à l'échelle d'une vie, on pourrait se dire aussi que ce n'est pas grand-chose.
00:15:45 Pourquoi ce n'est pas concevable, selon vous ?
00:15:49 Deux ans, 64 ans, c'est quand même énorme. Ce n'est pas concevable quand on voit le taux d'emploi des seniors, notamment au jour d'aujourd'hui.
00:15:56 Vous voyez bien que le MEDEF n'est pas d'accord avec cette réforme, lui non plus.
00:16:00 Alors, je ne suis pas du tout du côté du MEDEF, bien entendu. Mais les gens n'arrivent pas à retrouver un emploi.
00:16:07 À partir de 50 ans, c'est compliqué quand on est à la porte. Alors, comment faire ? Comment faire ?
00:16:12 Et je pense sincèrement que 64 ans, c'est quand même assez tard au jour d'aujourd'hui. 62 ans, c'était largement suffisant.
00:16:20 En plus, il y a un problème avec l'emploi des femmes, les carrières qui ne sont pas pleines.
00:16:27 Il n'y a même pas une histoire d'années de cotisation. C'est le grand flou, cette réforme.
00:16:34 On sait qu'elle ne sera pas à l'équilibre, même au jour d'aujourd'hui, si elle est votée. C'est honteux.
00:16:41 Quand on voit que les sénateurs votent pour ce genre de retraite, alors qu'eux-mêmes ont des avantages et ne veulent pas supprimer leur régime spéciaux, on ne peut pas comprendre ça.
00:16:50 Hélène, vous avez évoqué la situation des femmes qui, dès le début de ce mouvement, a été soulignée.
00:16:56 Certains disent que les femmes sont les grandes perdantes aussi de ce qui est prévu.
00:17:00 Est-ce que vous avez fait la simulation vous concernant, justement, avec ce système de retraite par rapport à la prise en compte ou d'interruption de carrière ou de salaire moins haut que les hommes ?
00:17:10 Non, j'ai préféré ne pas la faire. Comme vous dites, je n'ai encore pas l'âge. Je pense que je ne peux pas me projeter.
00:17:17 J'ai un emploi, j'aime ce que je fais, je ne me vois pas arrêter de travailler. Donc non, je n'ai pas fait la simulation personnellement, pour moi, personnellement.
00:17:25 En revanche, je connais des personnes qui seraient vraiment très embêtées et qui devraient aller jusqu'à 67 ans. C'est compliqué.
00:17:33 Merci beaucoup, Hélène, d'avoir partagé votre point de vue sur notre antenne. Pierre Lelouch, je vous ai vu tiquer et souligner, justement, ce que vous disiez tout à l'heure,
00:17:43 les maladresses du gouvernement qui s'entendent dans les Français.
00:17:47 J'ai tiqué sur ce que disait Christian Couteau, que j'aime bien.
00:17:49 Les contradictions, même.
00:17:51 J'ai été le collaborateur, le député, l'élève de Jacques Chirac. Il y avait cette empathie. Il y a un moment où, quand on fait la politique, il faut aimer les gens.
00:18:04 Il faut essayer de les comprendre, il faut essayer de les aimer. Pas moi qu'on va expliquer qu'il y a une séparation des pouvoirs, que le texte était devant le Parlement,
00:18:11 et que c'est vrai que le président a lancé l'idée. Après, c'est entre les mains du Parlement. Sauf qu'il y a une situation politique.
00:18:18 Il y a 110% des Français qui sont contre. Il y a un problème. En plus, on voit bien.
00:18:22 Ce qui est intéressant dans les deux personnes qui ont été interrogées dans cette émission, c'est qu'on voit quoi ?
00:18:28 On voit que ce sont des gens calmes, informés, qui connaissent les différents problèmes du dossier,
00:18:35 les carrières longues, les femmes, l'âge, l'emploi des seniors. Ils ne sont pas particulièrement débiles.
00:18:43 Ils sont parfaitement au courant. Ils font preuve d'une grande maturité. Et qu'est-ce qu'ils attendent ? Du respect et de l'empathie.
00:18:52 Qu'est-ce que ça a coûté au président de recevoir les syndicats ? En leur expliquant que c'est devant le Parlement, mais il les écoute.
00:18:59 Il envoie ce message d'empathie aux Français. C'est hyper important. Quand on fait de la politique, il faut aimer les gens.
00:19:07 Il faut que ça sente, qu'il y ait des tripes. Par exemple, pour laquelle Chirac l'a aimé bien après sa mort, c'est qu'il avait ça.
00:19:15 Il avait plein de défauts. C'est quelque chose. Mais il avait aussi cette qualité-là. Et ça, ça me paraît indispensable.
00:19:22 Deuxièmement, je crois que sur beaucoup de points, les argumentaires de Gaulle... Que la réforme soit indispensable, c'est évident.
00:19:29 Il suffit de regarder la carte de l'Europe. De toute façon, il y a un moment où il faut s'inscrire dans quelque chose qui est le schéma démographique de notre pays.
00:19:42 C'est-à-dire le manque d'enfants, le manque d'actifs par rapport aux retraités, un pour un.
00:19:47 La démographie, c'est un sujet qui a longtemps été ignoré dans ce débat et qui est arrivé tardivement, mais qui sort maintenant.
00:19:53 C'est un des problèmes de ce texte. Vous ne pouvez pas vous occuper des vieux sans vous occuper des jeunes.
00:20:00 Moi, je ne comprends pas qu'on fasse un pas sur quelque chose d'aussi fondamental quand on fait un problème de retraite,
00:20:07 qui était encore une fois l'un des grands projets du candidat président.
00:20:11 Et qui aurait dû se prévoir 20-30 années en avance.
00:20:13 Donc, il y a beaucoup de choses qui manquent dans cette affaire, qui n'ont pas été expliquées.
00:20:17 Et quand elles ont été expliquées, se retournent contre les explicateurs.
00:20:21 Par exemple, les 1200 euros, les carrières des femmes, les carrières longues, etc.
00:20:27 Donc, il y a un vrai problème de pédagogie qui a été raté.
00:20:30 Donc, il ne faut pas s'étonner si derrière, bien que, je répète, il y a une réalité en Europe,
00:20:36 qui est le vieillissement de la population et le rallongement du temps de travail un peu partout.
00:20:41 Mais il y a des moyens d'arriver au même résultat autrement.
00:20:44 Il y avait moyen de travailler sur les délai de comptisation, d'injecter un peu de capitalisation,
00:20:50 un peu plus de liberté dans le système de répartition.
00:20:53 On aurait pu trouver un consensus en étant un peu intelligent, en prenant le temps.
00:20:57 Là, on a quelque chose qui est très techno, dont on voit bien les trous ici et là.
00:21:03 Et puis, vous avez quand même, encore une fois, un peuple français qui n'est pas complètement ignare.
00:21:08 Et vous voyez ses réactions, elles sont quand même pleines de bon sens.
00:21:12 Il reste moins d'une minute à Christian Poton avant qu'on ne parle plus.
00:21:15 Je connais bien Pierre, donc je le laisse développer son argumentaire,
00:21:20 qui me fait quand même sourire parce que sa famille politique,
00:21:23 elle a été arc-boutée autour de ce problème de la retraite,
00:21:28 pour des raisons que l'on connaît et qu'il a rappelées depuis des années.
00:21:32 Et qu'on finisse par se poser la question d'arriver enfin à une solution, je pense que c'est la logique.
00:21:39 Je suis d'accord avec lui également sur le fait que ça a peut-être été mal préparé,
00:21:44 un peu malfoutraillé et qu'ils ont découvert les problèmes au fur et à mesure qu'on leur posait.
00:21:50 Mais entre-temps, il y a eu des correctifs d'apporté.
00:21:52 On continue d'en discuter, on retournera surtout dans le cortège.
00:21:56 Juste après la publicité, nous serons en direct avec une jeune étudiante de 19 ans,
00:22:00 très mobilisée depuis le début. A tout de suite.
00:22:03 La politique, c'est un art.
00:22:06 La parole aux Français, c'est celle que vous entendez depuis le cortège parisien,
00:22:11 en cette 7e journée de mobilisation contre la réforme du système de retraite du gouvernement.
00:22:16 On va retrouver tout de suite justement dans le cortège qui s'élance à peine.
00:22:21 Anne, bonjour à vous. Vous êtes étudiante, vous avez 19 ans, vous étudiez le droit à Assas.
00:22:29 Vous êtes en deuxième année.
00:22:30 Première question, Anne, j'ai envie de vous demander justement,
00:22:32 si jeune, pas encore active et déjà déterminée, et on me dit pour la 6e fois dans la rue,
00:22:39 la retraite pourtant pour vous, si on a calculé, c'est dans 45 ans.
00:22:43 D'ici là, le système aura peut-être changé.
00:22:45 Pourquoi êtes-vous si inquiète et si mobilisée ?
00:22:48 Parce que tout d'abord, c'est une réforme qui est injuste pour de nombreux Français.
00:22:54 Et oui, je ne suis pas concernée moi maintenant, tout de suite,
00:22:57 mais dans le futur, je serai concernée et mes parents seront concernés.
00:23:01 Et genre, toute la France sera concernée.
00:23:03 Et donc, c'est hyper important que cette réforme ne passe pas,
00:23:07 parce qu'elle est juste profondément inégalitaire pour ceux qui ont commencé à travailler le plus tôt,
00:23:11 pour les plus précaires et pour les femmes.
00:23:13 Et ce n'est pas possible.
00:23:14 Qu'est-ce qui ne vous plaît pas précisément dans cette réforme, dans ce que le gouvernement veut changer ?
00:23:23 Tout d'abord, les femmes qui travaillent déjà plus souvent, elles vont devoir travailler...
00:23:28 Enfin, les femmes travaillent déjà beaucoup plus.
00:23:32 Il y a déjà des inégalités hommes-femmes en France qui sont énormes.
00:23:35 Et on demande aux femmes de travailler quatre mois plus que les hommes.
00:23:38 Pourquoi ça pèse plus sur les femmes que les hommes ?
00:23:40 Ce n'est juste pas normal.
00:23:42 Et voilà.
00:23:43 Vous dites que vous ne vous battez pas pour vous.
00:23:47 Néanmoins, vous pourriez être concernée.
00:23:49 Qu'est-ce que vous proposeriez d'autre si vous ne voulez pas qu'on travaille deux ans de plus ?
00:23:54 Est-ce que vous avez des solutions à proposer, peut-être, des alternatives ?
00:23:58 Tout simplement, taxer les riches, ce sont eux qui ont le plus...
00:24:05 Il y a de l'argent, il y a un déficit qui est présent, mais qui n'est pas énorme,
00:24:09 et qui peut être comblé par de l'argent qui se trouve ailleurs qu'en faisant travailler ceux qui travaillent déjà.
00:24:17 Et donc, en imposant un impôt sur les plus riches, par exemple.
00:24:23 Quand vous dites "taxer les riches", on comprend, on entend ce discours d'aller chercher l'argent auprès de ceux qui en auraient beaucoup plus que tout le monde.
00:24:31 Ce sont aussi ces "riches-là" qui permettent de donner du travail à de nombreux Français.
00:24:36 Et d'avoir un travail.
00:24:38 Oui.
00:24:40 Oui, sans doute, mais...
00:24:43 Ça, c'est un travail qui peut également contribuer pour la retraite de nombreux Français.
00:24:49 Pour moi, ce ne sont pas des choses qui sont incompatibles.
00:24:52 Vous êtes mobilisée aujourd'hui pour la sixième fois.
00:24:56 Quel regard vous portez sur ce mouvement ? Vous l'avez senti évoluer ?
00:25:01 Est-ce que vous trouvez qu'il s'essouffle, comme disent certains ?
00:25:04 C'est un mouvement de masse. On voit bien que 80% des Français sont contre.
00:25:11 Il ne peut pas être mobilisé, il y en a qui travaillent, qui n'ont pas le temps de venir à la manifestation.
00:25:16 Oui, il y a peut-être de temps en temps moins de gens, mais on est toujours là.
00:25:20 Et si on est là pour la septième mobilisation, c'est énorme.
00:25:24 C'est vraiment historique.
00:25:26 À un moment, il faut écouter la rue et le peuple qui dit que la réforme n'est pas possible.
00:25:31 Est-ce que ça veut dire que vous êtes prête à aller encore plus loin ?
00:25:35 On sait que politiquement, ça pourrait se conclure dans la semaine.
00:25:39 Est-ce que votre détermination en serait entachée ?
00:25:43 Ou est-ce que vous êtes prête à faire des blocages ou à poursuivre cette mobilisation sous une autre forme ?
00:25:47 Peut-être que les blocages sont une solution.
00:25:53 Si c'est la seule façon que Macron recule, s'il bloquer le pays est la solution.
00:25:58 Il faudra aller jusqu'au blocage. C'est le projet.
00:26:02 On voit bien que ça a commencé. Il faut continuer et aller de plus en plus.
00:26:06 Il y a des facs qui sont mobilisés, il y a des facs qui bloquent.
00:26:09 C'est hyper important de montrer que les jeunes sont là et sont prêts à bloquer,
00:26:13 à ne pas aller en cours pour dire que cette réforme est inégalitaire.
00:26:17 Si l'amélioration ne suffit pas, il faudra continuer à bloquer.
00:26:21 C'est la seule façon de bloquer l'économie qui fera reculer la réforme.
00:26:25 Et pourtant, bloquer les facs, ne pas aller en cours, ça viendra directement vous impacter, vous, et votre avenir à vous, Anne.
00:26:35 Oui, évidemment, mais la réforme, ça impacte mon avenir, la France.
00:26:41 C'est une nécessité, c'est un mal pour un bien, on va dire.
00:26:47 Très bien. Merci beaucoup en tout cas d'avoir partagé votre opinion sur nos trentaines.
00:26:53 C'est vrai que c'est toujours fascinant de voir cette jeunesse, pas encore active comme cette jeune femme,
00:26:59 se mobiliser pour une retraite qui, là concernant, est très très loin.
00:27:03 Et sans bien connaître aussi encore le monde du travail.
00:27:07 Oui, mais heureusement. Je suis un vieux gaucho, j'ai commencé vieux gaucho avec un papa gaulliste,
00:27:15 donc je suis allé chez gaullistes après, mais enfin...
00:27:17 Est-ce que ce n'est pas incongru finalement de voir cette jeunesse se mobiliser, prête à ne pas aller en cours,
00:27:21 pour un système qu'elle ne connaît pas encore ?
00:27:23 Si quand on est jeune, on ne pose pas de questions sur la société, alors ça ne sert à rien.
00:27:27 Moi, je trouve ça plutôt sympa que les jeunes se posent des questions.
00:27:31 Il y a un débat dans la société, tout le monde n'est pas nécessairement au fait de tous les détails.
00:27:36 Et puis c'est dans 45 ans pour les gens qui ont...
00:27:39 Oui, pour cette jeune femme.
00:27:40 Bon, moi je te l'ai dit, il y a des apprentis, il y a des jeunes ouvriers qui ont déjà commencé à 18, 19 ans.
00:27:45 Tout le monde n'est pas appelé à devenir avocat à la fac de droit de Paris.
00:27:49 Donc il y a aussi des gens qui ont commencé tôt, et puis de toute façon, ils font partie d'une société.
00:27:55 Alors c'est peut-être maladroit, peut-être qu'il y a un peu d'instrumentalisation,
00:27:59 mais si un jeune participe à un débat aussi important que ça dans la société,
00:28:04 encore une fois, s'il avait été mieux préparé, si on avait mis la famille, la démographie, les enfants,
00:28:10 au milieu de tout ce grand débat, ça aurait peut-être été mieux
00:28:13 plutôt que de voir des choses qui vont un peu dans tous les sens.
00:28:16 Monsieur Proutaud, c'est vrai qu'une jeunesse mobilisée, évidemment c'est normal,
00:28:19 si on ne l'est pas à 20 ans, on ne le sera sans doute jamais.
00:28:22 Néanmoins, il y a une vraie méconnaissance de ce qu'est le monde du travail,
00:28:26 l'activité et encore plus le système de retraite.
00:28:29 On est d'accord, mais ça n'empêche pas d'avoir un avis.
00:28:32 Donc je pense que la jeunesse, si elle n'est pas révolutionnaire à son âge,
00:28:37 elle ne le sera jamais, parce qu'après, il y a les emprunts, il y a la famille,
00:28:41 il y a les enfants, il y a tout, et c'est la course en avant, parce qu'il faut continuer à travailler.
00:28:46 Donc c'est plutôt sain, sauf que malheureusement, j'ai la...
00:28:50 Malheureusement, j'en sais rien, vu ce que je pense de cette réforme,
00:28:53 je ne devrais pas employer ces termes, mais malgré tout,
00:28:56 je n'ai pas le sentiment que la jeunesse soit mobilisée autour de cette réforme.
00:29:00 Ce n'est pas elle qui risque d'ébranler l'échéance qui va vraisemblablement
00:29:07 conduire à ce que le texte passe.
00:29:09 Non, je crois qu'une jeunesse qui se pose des questions
00:29:12 et qui participe à la réflexion de l'évolution de notre société,
00:29:17 c'est essentiel, puisque c'est elle notre avenir.
00:29:21 Mais, je redis ce que j'utilisais tout à l'heure,
00:29:24 je n'ai pas le sentiment qu'elle soit autant mobilisée que ça,
00:29:27 puisque j'ai même entendu qu'à l'Assemblée, un député avait fait des propositions
00:29:31 un peu, pour le moins surprenantes, de visite de l'Assemblée nationale
00:29:36 pour ceux qui auraient gagné le concours de la meilleure manifestation ou blocage,
00:29:44 puisque le terme était celui-là.
00:29:46 Et également, résumer le problème à des blocages,
00:29:52 on a vu ce que ça a pu donner à Charles de Villemézières,
00:29:54 quand des types arrêtent sans prévenir un endroit où il peut y avoir une IRM
00:30:00 qui fonctionne et où le système qui met le groupe électrogène en route,
00:30:06 donc l'onduleur, avec la charge de puissance qui y a, ne démarre pas,
00:30:11 et en même temps, ça grille une IRM.
00:30:13 Donc, il y a des problèmes de responsabilité.
00:30:15 Le blocage, oui, mais si c'est pour fiche, comme on l'a entendu dire,
00:30:19 la société, l'économie en l'air, ce n'est pas forcément la solution.
00:30:23 Alors justement, on rappelle que ce mot "blocage",
00:30:25 il est de plus en plus utilisé par les syndicats.
00:30:28 Il faut mobiliser, y compris par le blocage.
00:30:30 C'est ce qu'a rappelé le secrétaire général de Force Ouvrière.
00:30:33 Mais la France n'a pas été réellement à l'arrêt.
00:30:35 On le sait, c'était le souhait des syndicats.
00:30:37 Certains secteurs se retournent au ralenti.
00:30:39 Les transports, les déchets, la production énergétique sont particulièrement touchés.
00:30:44 Mais jusqu'ici, c'est tout.
00:30:46 On va faire un tour d'horizon avec Thomas Bonnet.
00:30:49 - Une drôle d'odeur dans l'air, à quelques pas de la Dame de Fer.
00:30:56 Les poubelles envahissent certaines rues parisiennes.
00:30:58 Il faut parfois se frayer un chemin entre les ordures.
00:31:01 Des milliers de tonnes de déchets jonchent le sol de la capitale depuis plusieurs jours.
00:31:06 Conséquence directe de la grève des services de traitement des ordures.
00:31:10 - Alors, comment dire ?
00:31:11 Terrible, ça sent pas bon, c'est pas beau, il y a des rats.
00:31:15 - Blocage aussi dans de nombreuses raffineries en France.
00:31:18 Le mouvement se durcit chez Total Énergie.
00:31:21 Pour le moment, pas ou très peu de pénuries dans les stations-service.
00:31:25 La CGT qui se targue de coupures d'électricité ciblait autre symbole du durcissement du mouvement.
00:31:31 Des coupures qui peuvent avoir de sérieuses conséquences.
00:31:34 Cette semaine, c'est une clinique de Charleville-Mézières qui a été touchée.
00:31:37 Un IRM est ainsi tombé en panne, impactant au moins 150 patients.
00:31:41 Il faudra une dizaine de jours pour réparer l'appareil.
00:31:44 Un incident qui aurait pu mal finir.
00:31:47 - Il aurait pu avoir des conséquences néfastes pour les patients qui étaient en train de passer les examens.
00:31:53 Y compris en IRM où il y avait une jeune fille de 13 ans qui était en IRM.
00:31:57 Et tout s'est arrêté brutalement avec toutes les conséquences que ça aurait pu entraîner.
00:32:03 - Côté transport, la situation reste toujours très perturbée à la SNCF ce week-end.
00:32:07 Amélioration en revanche pour les lignes du métro parisien.
00:32:10 Situation toujours aussi compliquée pour ce qui concerne le secteur aérien.
00:32:14 20% des vols prévus ce week-end ont dû être annulés.
00:32:17 Preuve que si la France n'est pas vraiment à l'arrêt, la mobilisation se fait tout de même ressentir.
00:32:22 Et impacte le quotidien des Français.
00:32:25 - On reprend, les services de propreté, certains personnels médicaux, SNCF, l'aérien.
00:32:29 Pour parler des poubelles dans les rues de Paris, je sais Pierre Lelouch que vous êtes le premier à dire
00:32:33 que c'est un état qui se dégrade même quand il n'y a pas de grève.
00:32:37 - Même quand il n'y a pas de grève.
00:32:38 - Ça ne vous étonne pas finalement la mobilisation des éboueurs ?
00:32:40 Ça a quelque chose à voir avec cette question ?
00:32:42 - Je pense que ça se prépare en amont.
00:32:44 Là encore, c'est une affaire d'anticipation.
00:32:46 On ne peut pas laisser plusieurs milliers de tonnes d'étritus dans les rues de Paris.
00:32:51 Non seulement parce qu'il y a plein de touristes en ce moment dans Paris, comme tout le temps d'ailleurs.
00:32:55 Mais surtout, il y a un problème de santé publique.
00:32:58 Faire tout un cinéma sur la pollution, les trottinettes et le reste,
00:33:02 et puis laisser une situation comme ça perdurer.
00:33:05 D'autant qu'il y a quelques arrondissements où le traitement est fait par des sociétés privées.
00:33:09 D'autre part, c'est un cafarnaum la pauvreté.
00:33:12 - On a vu certains maires, notamment celui du 15e arrondissement,
00:33:14 prendre les devants et s'organiser pour que les commerçants sortent de la poubelle et sortent de ces places.
00:33:20 - Mais bien sûr, c'est juste extrêmement mal réglé et mal géré par Mme Hidalgo.
00:33:24 Mais je crois que c'est un élément supplémentaire dans la nullité de cette dame et le ras-le-bol des Parisiens qui n'en peuvent plus.
00:33:33 Il faut voir ce qu'ils me disent toute la journée.
00:33:35 Mais je veux revenir quand même sur cette histoire de retraite et bien en mesurer les enjeux.
00:33:41 On fait une réforme des retraites parce que le système est déficitaire.
00:33:46 Et on connaît le déficit de l'ordre de 15 milliards par an.
00:33:50 Ce n'est pas rien 15 milliards par an.
00:33:52 Après, il y a des façons de gérer le déficit.
00:33:55 La jeune fille disait "taxer les riches".
00:33:58 Les vrais riches, malheureusement, ça fait longtemps qu'ils ne payent plus un impôt en France.
00:34:04 Les classes moyennes sont submergées d'impôts, les entreprises aussi.
00:34:08 Donc, il faut trouver des économies.
00:34:10 Probablement rallonger la durée de travail, moduler le temps de cotisation,
00:34:15 réinjecter quelque chose au niveau de la capitalisation,
00:34:18 c'est-à-dire de la responsabilisation de chacun comme le font plein de pays au monde.
00:34:22 Nous, on est mariés avec ce système depuis 1945 à cause de la libération, des conditions de libération.
00:34:28 Très bien, mais si on veut le conserver à l'état brut,
00:34:31 il faut savoir que c'est de plus en plus compliqué quand vous avez un actif pour un retraité.
00:34:37 En 1945, quand il a été inventé le système, il y avait quatre travailleurs pour un retraité.
00:34:42 Un autre monde.
00:34:44 Mais revenons à ces 15 milliards.
00:34:46 Hier, il a été annoncé des relèvements éventuels des taux d'intérêt.
00:34:52 Aujourd'hui, la dette de la France, je me réfère au rapport de la Cour des comptes hier et sur l'endettement de la France.
00:35:00 Aujourd'hui, il faut savoir que l'endettement de la France est tellement important,
00:35:04 sous 112% de la richesse nationale cette année,
00:35:08 que comme nous vivons à crédit avec des déficits annuels à -5%,
00:35:14 comme si nous tous, là, on était commencé l'année avec un déficit de -5%,
00:35:18 il n'y a pas beaucoup de banques qui vous suivent.
00:35:20 Pourquoi elles nous suivent ? Parce qu'on paye des intérêts très élevés.
00:35:22 Combien on paye d'intérêts en France ? Autour de 50 milliards.
00:35:25 50 milliards, c'est plus que le budget de la défense nationale.
00:35:28 Si les taux d'intérêt augmentent d'un demi-point, c'est 30 milliards de plus.
00:35:33 30 milliards, c'est deux fois les économies attendues de cette réforme de retraite.
00:35:37 Donc, il y a un problème de bonne gestion de notre pays.
00:35:40 Un pays mieux géré doit emprunter moins, rembourser moins,
00:35:44 et du coup, vous ouvrez des marges de manœuvre dans des histoires aussi lourdes que la retraite.
00:35:48 Parce qu'aller économiser 15 milliards, et encore, comme on a fait des cadeaux au cours du chemin,
00:35:55 en fait, on annonce déjà que ce sera beaucoup moins que ça.
00:35:58 Mais attention, il faut regarder les choses dans la globalité.
00:36:02 Alors, en retournant les cortèges pour voir si Jean-Christophe,
00:36:05 qui a entendu votre explication, partage ce point de vue.
00:36:09 Merci Jean-Christophe d'être en direct avec nous.
00:36:11 Vous avez 57 ans, vous êtes compositeur de musique.
00:36:14 Quatrième mobilisation pour vous en ce qui concerne ce système de réforme des retraites.
00:36:20 Expliquez-nous les raisons qui vous ont conduit à descendre de nouveau dans la rue aujourd'hui.
00:36:24 C'est des raisons assez simples de solidarité avec l'ensemble des salariés qu'on essaye de diviser en permanence.
00:36:31 Il y a tout un discours sur les régimes de retraite spéciaux,
00:36:35 sur des professions qui auraient soi-disant des avantages.
00:36:37 C'est des conquises, enfin, c'est des choses qui ont été conquises par la lutte sociale depuis des dizaines d'années.
00:36:42 Moi, je suis simplement citoyen, je suis artiste.
00:36:44 Je ne suis pas concerné au premier chef par des retraites encadrées,
00:36:48 puisque je ne suis pas un salarié lambda.
00:36:49 Mon statut, c'est intermittent du spectacle et ma composition, mon métier, c'est la composition, c'est la musique.
00:36:55 Mais je me sens solidaire avec l'ensemble des personnes.
00:36:58 Et puis, je suis père de famille, donc je pense aussi à mes enfants.
00:37:02 On a un tel détricotage de l'état social que cette réforme des retraites me paraît vraiment un butoir, si vous voulez.
00:37:09 Et donc, je me sens obligé de venir manifester.
00:37:14 Et pourtant, nombreux sont ceux autour de vous, je dis ça parce que je n'ai pas encore entendu votre point de vue,
00:37:19 à vous, qui disent que le chef de l'État ne semble pas entendre cette contestation sociale.
00:37:25 C'est ça que vous êtes venu lui dire aujourd'hui ?
00:37:26 Il faut entendre la rue et il faut qu'on puisse discuter et trouver une autre façon d'équilibrer ce système de retraite ?
00:37:33 Oui, je suis tout à fait d'accord avec ce que vous dites.
00:37:37 Je pense qu'il y a un faux légalisme de la part du gouvernement.
00:37:39 On a été élu, on a un mandat, donc on peut faire ce qu'on veut sur le plan social.
00:37:44 C'est tout à fait faux.
00:37:45 La démocratie, ce n'est pas simplement les élections une fois tous les cinq ou six ans.
00:37:49 C'est aussi les négociations avec les syndicats.
00:37:51 C'est le fait d'écouter le peuple, tout simplement,
00:37:54 parce que je crois que là, Emmanuel Macron, c'est le peuple qui est en train de lui parler directement.
00:37:58 Et je pense qu'il faut absolument qu'il entende ça.
00:38:00 J'en suis convaincu, lui et son gouvernement.
00:38:02 Il y a un déni de dialogue social, d'écoute, d'humanité aussi.
00:38:07 C'est tout ça qui me semble vraiment problématique.
00:38:09 Et à travers cette lettre qu'il adresse à l'intersyndical,
00:38:12 il réaffirme cette détermination en disant qu'il ne les recevra pas en urgence,
00:38:16 comme si, effectivement, pour lui, ça allait se conclure dans la semaine, finalement.
00:38:22 Oui, moi, ça me scandalise.
00:38:24 Je crois que ça renforce aussi la détermination de certains citoyens comme moi et de beaucoup d'autres.
00:38:29 C'est cette surdité, cette espèce de dureté,
00:38:31 cette volonté de montrer qu'on est fort, mais qui est une espèce de virilité mal placée.
00:38:36 Ça fait un peu penser à Margaret Thatcher.
00:38:38 C'est un peu cette mythologie, si vous voulez, droit dans ses bottes, etc.
00:38:41 C'est quelque chose que je trouve lamentable, en fait, dans une démocratie évoluée.
00:38:44 C'est une fausse attitude, je trouve.
00:38:47 Comment vous voyez la suite du mouvement, là où, justement,
00:38:50 certains disent que ça pourrait se conclure rapidement ?
00:38:53 Est-ce que vous êtes prêts, vous, à continuer à vous mobiliser ?
00:38:57 Moi, bien sûr, je suivrai les manifestations, je suivrai de près l'évolution des choses.
00:39:04 Comme tout citoyen très informé, moi, je ne fais pas partie d'un syndicat,
00:39:08 mais les syndicats, pour moi, représentent au-delà de leurs adhérents, si vous voulez.
00:39:12 Donc, quand j'entends des mots d'ordre lancés par une intersyndicale, oui, ça me concerne.
00:39:16 Donc, oui, je reviendrai en manifestation.
00:39:18 Il y aura aussi peut-être des actions de blocage à faire dans les théâtres,
00:39:21 dans les lieux d'art, les lieux d'art plastique, les lieux de musique.
00:39:26 Et il ne faut pas hésiter à faire d'autres actions, à mon avis, si c'est nécessaire.
00:39:29 Vous n'avez pas peur d'être mal vu ?
00:39:31 Vous n'avez pas peur de déçuiller les reproches de Français qui diraient,
00:39:35 comme on l'entend dans les transports, "on est encore victime",
00:39:38 alors qu'il y aurait sans doute d'autres moyens, peut-être, de protester ?
00:39:43 Non, je n'ai pas peur du tout. Je pense que dans une démocratie, c'est normal de ne pas être d'accord sur tout.
00:39:47 Si des citoyens ne sont pas d'accord avec ça, ce n'est pas grave, en soi.
00:39:51 Il faut pouvoir en discuter.
00:39:53 Après, je me sens quand même faire partie de...
00:39:55 Enfin, tout autour de moi, les gens sont quand même très remontés contre cette réforme,
00:39:58 quelle que soit, je dirais, leur couleur politique.
00:40:01 Donc, non, non, je n'ai pas du tout peur de défendre ces opinions.
00:40:03 Je les assume très bien. Je ne suis pas le seul.
00:40:05 Merci beaucoup, Jean-Christophe, d'avoir partagé votre sentiment sur notre antenne.
00:40:11 Christian, je voudrais revenir sur l'attitude du chef de l'État décriée par ces manifestants,
00:40:15 et qui plus est, par le passé, Emmanuel Macron a été souvent accusé, déjà,
00:40:20 de ne pas entendre les Français, d'exprimer un pouvoir trop radical.
00:40:24 Il avait dit qu'il serait plus à l'écoute.
00:40:27 Visiblement, ce n'est pas le message que reçoivent ces manifestants, aujourd'hui.
00:40:30 Je crois qu'il considère, on en a parlé tout à l'heure,
00:40:34 à la place qu'il occupe, en tant que chef de l'État,
00:40:38 vu le niveau où on en est au sujet de ce texte,
00:40:44 eh bien, il y a un schéma législatif qui est en place,
00:40:48 dans lequel, tant que c'était avant qu'il aurait fallu qu'ils soient interpellés,
00:40:54 mais pas dans le schéma législatif, où d'ailleurs, on se demande ce qu'ils pourraient dire.
00:40:59 Parce que, si c'est simplement de dire, écoutez, je vais vous recevoir,
00:41:04 mais pour vous dire qu'il n'y a rien à dire, ça n'a pas beaucoup de sens.
00:41:08 Et simplement pour dire, je vous comprends, on n'a peut-être pas étudié comme il faudrait,
00:41:12 mais on est en train de modifier les choses pour approcher une étude,
00:41:18 un texte qui soit en particulier pour les femmes,
00:41:22 et également pour les gens qui ont des emplois difficiles et fatigants.
00:41:30 Oui, mais c'est dire quoi ? Ce n'est pas lui qui va le changer.
00:41:34 Le texte est en place, il a évolué.
00:41:37 La discussion qui aurait dû avoir lieu, ce n'est pas fait par un blocage politique délibéré,
00:41:43 le blocage parlementaire dont on a vu jusqu'où la bêtise peut conduire dans ce qui était proposé,
00:41:52 ou au lieu du 2, on met le 3, s'agissant d'une date, etc.
00:41:56 simplement pour faire durer et faire en sorte que les textes à traiter s'alourdissent.
00:42:05 Non, je pense que pour une fois, il y a toujours eu un avis sur le Sénat
00:42:10 qui était plutôt sur celui qu'avait De Gaulle à une certaine époque,
00:42:15 et qui l'a conduit où on sait.
00:42:18 Le Sénat a joué son rôle, et c'est paradoxalement lui, le Sénat,
00:42:23 qui va sûrement faire que ce texte risque de...
00:42:26 - Vous voulez dire la droite sénatoriale ?
00:42:29 Moi je trouve ça assez drôle quand même, ce débat affronté, renversé,
00:42:33 entre un ancien Mitterrandien qui est maintenant...
00:42:36 - Je ne suis pas Mitterrandien, moi j'étais au fonctionnaire, ne te méprends pas !
00:42:39 - Oui, enfin... - Tu ne peux pas me dire ça !
00:42:41 - En l'occurrence, ce n'est pas pas de vous il n'y est personnelle plus !
00:42:44 - Mais non, mais c'est pas grave, c'est bon, j'étais au fonctionnaire...
00:42:47 - Ce n'est pas une maladie d'être de gauche, il y a quand même une histoire de gauche !
00:42:50 - Ce n'est pas le propos !
00:42:51 - C'est plutôt venu de la mouvance chiraquienne, etc.
00:42:56 On se retrouve à confront, à renverser aujourd'hui, dans ce débat, tout simplement,
00:43:00 parce que je pense vraiment qu'il y avait d'abord d'autres solutions pour mener une meilleure réforme,
00:43:05 puis deuxièmement, dans l'exécution, c'est juste lamentable !
00:43:09 C'est à ce point, transformer ça en une affaire de...
00:43:15 - Une affaire personnelle, nous disait tout à l'heure le Manifestant.
00:43:18 - Bien sûr, mais enfin, il ne se rappelle pas d'où il sort...
00:43:20 - Comme si c'était un combat de coq, maintenant, entre un président de la République et son peuple.
00:43:23 - Vous ne vous souvenez pas de la haine pendant les gilets jaunes ?
00:43:26 - Si, on s'en souvient, c'est pour ça.
00:43:27 - Personnelle !
00:43:28 - Oui, et lui-même avait confié avoir évolué après ça.
00:43:30 - Quand on transporte ça derrière soi, on fait attention quand même, il me semble,
00:43:34 de ne pas focusser, de concentrer la grogne, la haine, contre le sommet du pouvoir exécutif.
00:43:44 Alors, ce n'est pas en disant "non, non, je ne vais pas recevoir",
00:43:47 parce que c'est devant le Parlement que ça améliore les choses.
00:43:50 Les gens le visent comme une sorte d'humiliation.
00:43:52 Pourquoi faire ce genre d'erreur ?
00:43:54 Quand une fois, un peu d'empathie, ça ne fait pas de mal.
00:43:57 "Je vous aime, on va y arriver."
00:43:59 - Est-ce que ce n'est pas non plus une situation très ambigüe aujourd'hui
00:44:01 où quoi qu'il se passe, on peut lui reprocher à son chef de l'État ?
00:44:04 C'est-à-dire, s'il retient ça, la réforme, il se casse les dents, comme tant d'autres avant lui.
00:44:07 S'il l'applique, il passe en force et...
00:44:10 - Et quoi, Barbara ?
00:44:12 - Je parle des critiques qu'on entend et il passe pour un absolutiste.
00:44:15 - Supposer que tout se passe exactement comme les technos ont dit qu'il allait se passer,
00:44:19 c'est-à-dire qu'on va trouver les quelques voix qui manquent.
00:44:22 Le Sénat va voter. LR au Sénat, ils sont en bloc avec le gouvernement.
00:44:28 Mais à l'Assemblée, c'est une autre histoire,
00:44:30 parce que les députés, il faut qu'ils aillent expliquer aux gens qui sont dans la rue
00:44:33 pourquoi ils ont voté ce texte, surtout venant d'un gouvernement
00:44:36 qui a essayé de les fusiller depuis six ans quand même.
00:44:39 La poutre qui travaille, "on va casser la gueule aux LR, on va les vider".
00:44:44 Et après, il faut leur servir de béquille à la dernière minute.
00:44:48 Je sais qu'il y a un certain nombre d'anciens de mes collègues qui se posent la question.
00:44:52 Mais supposons que tout ça soit réglé. Là, je termine.
00:44:56 Supposons qu'ils aillent voir. Et après, il se passe quoi ?
00:44:59 Le pays va accepter ça ? Il n'y aura pas d'effet individuel ?
00:45:03 - Les Français, comme on a entendu, semblent immobilisés à continuer la discussion.
00:45:06 - Dans un conseil, on ne réforme pas.
00:45:07 - On se quitte quelques minutes et puis on retournera dans les cortèges.
00:45:10 - On ira aussi également au Sénat justement retrouver Elodie Huchard
00:45:13 puisque les discussions continuent sur ce projet auprès d'entre les sénateurs.
00:45:18 A tout de suite.
00:45:19 De retour dans la parole aux Français avec Pierre Lelouch et Christian Proutot en plateau.
00:45:29 Nous sommes surtout en direct des cortèges du cortège parisien.
00:45:33 Nous donnons la parole à ces manifestants, pour la plupart mobilisés,
00:45:37 pas pour la première fois d'ailleurs contre le projet de réforme des retraites d'Emmanuel Macron.
00:45:42 On va faire un petit détour par le Sénat puisque face à la colère justement
00:45:46 que le gouvernement dit entendre, ce gouvernement confirme toutefois sa détermination.
00:45:50 On rappelle que le ministre du Travail Olivier Dussopt a dégainé hier l'arme constitutionnelle
00:45:55 du vote unique au Sénat, ce qui veut dire que les sénateurs ont jusqu'à demain soir,
00:45:59 minuit pour se prononcer. Ensuite, il y aura une commission mixte paritaire
00:46:03 réunissant députés et sénateurs qui devraient se tenir mercredi avec un vote définitif dans la foulée.
00:46:08 Ce qui fait dire à ceux qui sont pour cette réforme que ça pourrait se conclure politiquement cette semaine.
00:46:13 On va aller faire le point au Sénat, retrouver notre journaliste politique Elodie Huchard.
00:46:17 Bonjour Elodie, vous êtes dans un très beau décor et derrière ces murs,
00:46:21 les sénateurs discutent à leur tour de ce projet. Comment ça se passe ce samedi ?
00:46:29 Ecoutez Barbara, ça se passe toujours très calmement, assez fidèle au Sénat j'allais dire.
00:46:33 Alors on voit quand même qu'un certain nombre d'amendements ne sont pas soutenus.
00:46:36 Le rythme est un peu plus rapide qu'hier. Il reste encore environ 640 amendements pour aller au bout du texte.
00:46:43 Vous le savez, malgré le vote unique, la gauche a décidé de défendre ces amendements.
00:46:47 Ils ont droit à leur deux minutes de parole par amendement.
00:46:50 Alors c'est une discussion purement symbolique, ils ne les défendent pas en vue d'un quelconque vote.
00:46:54 Ce qu'on nous dit aussi dans les couloirs du Sénat, c'est que petit à petit,
00:46:57 notamment certains écologistes ou groupes de gauche vont commencer à ne plus défendre des amendements pour aller plus rapidement.
00:47:02 Et puis il y a une grande question, parce que la clé finalement c'est Bruno Rotaio qui l'a entre ses mains.
00:47:07 Il voulait un amendement sur la clause du grand-père.
00:47:09 S'il supprime cet amendement à lui seul, il fait tomber toute la suite de la discussion.
00:47:13 Et donc plus de 300 amendements. On se demande si le vote aura bien lieu demain soir ou dès ce soir très tard dans la nuit.
00:47:19 Chacun finalement se regarde un petit peu en chien de faïence comme on dit,
00:47:22 pour guetter la stratégie des autres groupes et pour s'adapter.
00:47:25 Alors on sait aussi qu'il n'est pas sûr que le gouvernement parvienne à trouver une majorité de députés pour approuver le texte.
00:47:32 Ce qui fait ressurgir, Elodie, la perspective d'un 49-3.
00:47:36 Oui parce que autant la majorité ici au Sénat, elle ne fait aucun doute,
00:47:42 autant c'est très compliqué à l'Assemblée Nationale.
00:47:44 Vous l'avez vu d'ailleurs pendant les débats, une partie de la droite, notamment avec Aurélien Pradié, sont très opposés à la réforme.
00:47:49 Ils ne veulent pas en entendre parler et pourtant le gouvernement a évidemment besoin de ses voix de droite.
00:47:54 Alors quand on interroge encore hier le ministre du Travail, Olivier Dussopt,
00:47:57 il tient les mêmes éléments de langage que sa première ministre.
00:48:00 On n'envisage pas le 49-3, on doit trouver une majorité, oui,
00:48:03 mais en réalité on voit bien qu'un certain nombre de voix risque à manquer.
00:48:07 Vous le rappeliez, la prochaine étape c'est mercredi la commission mixte paritaire
00:48:11 et puis jeudi le vote à 9h ici au Sénat et à 15h à l'Assemblée Nationale. Vote ou 49-3.
00:48:17 Merci beaucoup Elodie.
00:48:19 Merci beaucoup, chère, merci également à Laurent Scellarié qui permet la réalisation de ce direct.
00:48:24 On retourne dans les rues de Paris, on retrouve une manifestante, c'est Véronique.
00:48:29 Bonjour Véronique, merci d'être avec nous.
00:48:32 Vous avez 48 ans, vous enseignez le métier d'infirmière, profession, on le sait,
00:48:37 mobilisée depuis un certain temps contre différentes mesures du gouvernement.
00:48:41 On me dit que vous manifestez en famille aujourd'hui.
00:48:44 Qu'est-ce qui a décidé cette participation familiale au cortège ?
00:48:47 Ecoutez, cette participation familiale a été décidé par mon mari et moi-même,
00:48:54 parce que nous sommes tous les deux soignants, et très mobilisés par rapport à cette réforme,
00:48:59 dont nous ne voulons absolument pas.
00:49:01 Et nous avons aussi fait le choix d'emmener un de nos enfants qui a 12 ans aujourd'hui,
00:49:05 donc c'est notre dernière fille, parce que ça nous paraît important aussi
00:49:09 qu'elle comprenne pourquoi ses parents sont mobilisés, et puis c'est aussi pour elle en fait.
00:49:14 Alors justement, comment vous lui expliquez ?
00:49:17 Comment les parents que vous êtes sont mobilisés ? Pour quelle raison ?
00:49:20 On est mobilisés parce que nous on estime que cette réforme, elle est très injuste en fait.
00:49:27 Elle est très injuste pour tous les Français.
00:49:29 Alors nous on est soignants, ce sont des métiers, comme vous le savez,
00:49:34 dont on a beaucoup parlé ces derniers mois, du coup par rapport au Covid,
00:49:39 mais on est toujours mobilisés, on est toujours sur le devant de la scène,
00:49:44 et c'est extrêmement important.
00:49:45 Et nous on lui explique en fait que travailler c'est normal,
00:49:48 il faut travailler, on travaille pour nous, d'accord, mais on travaille aussi pour la société,
00:49:52 mais qu'à un moment, on ne peut pas tout nous demander,
00:49:55 on ne peut pas demander au petit peuple de toujours en faire plus.
00:49:58 Et c'est pour ça que nous sommes là aujourd'hui, ok ?
00:50:01 Parce que être à la retraite c'est important,
00:50:03 et tout le monde a le droit d'avoir une retraite dans les meilleures conditions possibles.
00:50:07 Et pas à 64 ans, parce que bientôt, je pense que si ça continue,
00:50:10 ça sera 65 ou 66 à un moment, donc là on dit stop.
00:50:14 Voilà, tout simplement, ce qu'on lui explique.
00:50:17 Et est-ce que vous êtes confiante dans le fait que ce message soit entendu par le chef de l'État ?
00:50:22 Parce que jusqu'ici, de nombreux autres manifestants disent que ce chef d'État reste sourd,
00:50:28 à la colère du peuple. Jusqu'où êtes-vous prête à aller ?
00:50:32 Oui, mais complètement.
00:50:34 Écoutez, nous on est prêts à revenir dans la rue de manière incessante,
00:50:39 pendant des semaines, pendant des mois.
00:50:41 Je ne sais pas ce qu'on a d'autre comme combat,
00:50:44 mais c'est faire entendre notre voix et être tout le temps présent.
00:50:48 Et donc, ça serait bien qu'on soit de plus en plus nombreux au fil des semaines,
00:50:51 en semaine, le week-end.
00:50:53 Du coup, nous on vient le week-end parce qu'en semaine c'est parfois plus compliqué.
00:50:56 Ok, ça nous permet aussi d'être là et de venir en famille.
00:51:00 Donc les gens qui ne peuvent pas se déplacer la semaine, qui viennent aussi le week-end,
00:51:04 quand il y a des manifestations, c'est important.
00:51:06 Faites comme nous, venez en famille, ramenez vos enfants et expliquez-leur.
00:51:10 C'est important, pour qu'eux aussi deviennent des militants.
00:51:13 Parce que ça s'apprend aussi à cet âge-là.
00:51:15 Voilà, depuis le plus jeune âge.
00:51:17 Voilà pourquoi on est là et on est prêts à aller.
00:51:19 Véronique, dans ces cas-là, certains vous accusent de faire de la récupération politique
00:51:23 et d'entraîner des enfants qui, malgré leur jeune âge,
00:51:25 on avait des étudiants aussi tout à l'heure, qui ne sont pas encore actifs,
00:51:27 prennent fait des causes pour un mouvement sans en connaître tout à fait bien les contours.
00:51:31 Oui, oui.
00:51:33 Écoutez, nous on leur explique les choses.
00:51:36 Nous on leur explique les choses à nos enfants.
00:51:38 Je pense qu'on n'est pas les seuls, il y a de nombreuses familles.
00:51:40 Nous sommes en capacité d'expliquer les choses à nos enfants.
00:51:43 On a des enfants qui sont en âge de comprendre, nous maintenant, parce qu'elles sont adolescentes.
00:51:48 Du coup, de la récupération politique, non, moi j'y crois pas.
00:51:52 Moi je pense que ce dont on a peur, c'est certainement qu'on forme de nouveaux militants
00:51:56 et que la lutte en fait ne s'arrête pas et qu'elle soit reprise du coup de génération en génération.
00:52:01 Moi je crois que c'est surtout ça qui fait peur en fait.
00:52:03 Voilà, et c'est pas du tout une récupération politique.
00:52:06 Alors pour vous Véronique, pour simplifier, le bon âge pour partir à la retraite, c'est lequel ?
00:52:11 Ah ben, de toute façon, quoi qu'il en soit, ça ne doit pas excéder 60 ans. Voilà.
00:52:19 Très bien.
00:52:20 Eh ben merci beaucoup d'avoir partagé votre point de vue en famille sur l'entraînement de ces news.
00:52:27 60 ans, c'est ce que vous proposez Jean-Luc Mélenchon il n'y a pas si longtemps.
00:52:31 Et François Mitterrand, c'est vrai. Remontons encore un petit peu plus tard.
00:52:34 Quoi qu'il en soit, ça ne doit pas excéder 60 ans.
00:52:36 C'est le seul point sur lequel je ne suis pas en accord avec Véronique.
00:52:40 Je crois qu'il faut laisser aux gens le choix de décider.
00:52:42 Et puis tous les métiers ne sont pas les mêmes.
00:52:44 Moi j'ai des amis, je pense à une certaine Christine dans une petite ville de province.
00:52:49 Qui est infirmière. Je sais dans le détail ce que c'est que le métier d'infirmière.
00:52:55 C'est extrêmement dur physiquement.
00:52:57 Et qu'on dise j'arrive à 60 ans ou 55-60 ans très fatigué dans l'entretien des patients.
00:53:05 Ça peut se concevoir, ça peut se comprendre.
00:53:07 Donc il y a certains métiers où il faut prévoir des temps de départ beaucoup plus tôt.
00:53:13 On ne peut pas unifier le système identique pour chacun.
00:53:16 L'idée de mettre une espèce de drapeau rouge sur un signal d'alarme sur une date qui devient une date totem.
00:53:27 Et sur laquelle tout le monde se mobilise.
00:53:29 A mon avis c'est une erreur.
00:53:30 Il faut mettre dans le système le plus de flexibilité possible.
00:53:34 Parce que tous les métiers ne sont pas égaux.
00:53:37 Vous et moi on peut tenir jusqu'à 65-70 ans.
00:53:41 La preuve c'est que moi je suis heureux de continuer à travailler.
00:53:45 J'ai largement passé l'âge de la retraite.
00:53:48 D'autres métiers très durs.
00:53:51 Vous êtes égouttier par exemple.
00:53:53 Égouttier c'est super dur.
00:53:55 - Carle Lelouch, excusez-moi de vous interrompre.
00:53:56 - Camionneur, routier, infirmière.
00:53:58 - Parce qu'on voit sur les images qu'il y a quelques incidents.
00:54:00 Les CRS qui se regroupent dans les rues de Paris alors que le cortège s'était lancé il y a à peu près une heure.
00:54:05 On va retrouver Thibault Marcheteau avec Olivier Gangloff près de ses troupes mobilisées.
00:54:10 Que se passe-t-il Thibault autour de vous ?
00:54:14 - Et bien Barbara vous le voyez sur les images d'Olivier Gangloff.
00:54:18 Quelques premières tensions pour ce cortège.
00:54:21 Plusieurs mortiers sont envoyés sur les policiers.
00:54:27 Plusieurs projectiles également.
00:54:28 On va se reculer gentiment.
00:54:29 Qui ont été envoyés sur les façades.
00:54:31 Quelques tirs de mortiers sur les façades.
00:54:34 Au début de ce cortège, à l'avant du cortège précisément.
00:54:37 On est au croisement du boulevard de Marchette et la rue du Chemin Vert.
00:54:41 Ces premiers débordements pour cette manifestation.
00:54:44 Cette septième manifestation contre l'article.
00:54:46 - Avec aussi une liaison technique endommagée.
00:54:51 Faites attention à vous évidemment.
00:54:54 On continue de suivre ce qui se passe dans les rues de Paris.
00:54:57 Qui vient un petit peu contredire ce qu'Emmanuel Macron avait aussi mentionné dans cette lettre adressée à l'intersyndicale.
00:55:02 Il avait salué le fait que jusqu'ici les syndicats avaient réussi à organiser aussi des manifestations qui se passaient plutôt bien.
00:55:10 Malheureusement, on le sait de week-end en week-end depuis plusieurs années.
00:55:13 Que chaque manifestation peut dégénérer.
00:55:15 Christian Potho par rapport à tout ce qu'on se dit.
00:55:18 - C'est malheureusement le problème des rassemblements.
00:55:23 Ce sont les gens dont on sait qu'ils ne viennent que pour casser.
00:55:26 Et qui nuisent à la cause en plus.
00:55:30 On est d'accord ou pas d'accord avec la raison de la manifestation.
00:55:36 Mais c'est un droit.
00:55:37 Mais quand des gens viennent uniquement pour troubler leur public.
00:55:41 Et c'est l'occasion eux de se livrer à leur exercice favori qui est de taper et de casser.
00:55:48 Malheureusement, on le sait avec la répétition de ce genre de manifestation.
00:55:54 On retrouvera de plus en plus de ces gens qui sont en parallèle de la manifestation.
00:56:00 Qui n'ont rien à voir avec la manifestation.
00:56:02 Et qui vont donner une image qui même si on le sait jusqu'à présent.
00:56:08 Les services d'ordre des syndicats ont plutôt bien fonctionné.
00:56:12 Ce dont on s'était rendu compte d'ailleurs à l'époque des gilets jaunes.
00:56:16 Où n'ayant pas d'encadrement syndicaliste.
00:56:20 Et donc pas de sécurité en périphérie de la manifestation.
00:56:25 Seul l'affrontement pouvait se faire.
00:56:29 On est donc face à ce genre de situation.
00:56:32 Mais qui à mon avis va quand même, je l'espère, être contenue.
00:56:38 C'est vrai qu'on l'a vu lors des dernières manifestations.
00:56:41 A chaque fois on a malheureusement droit à ces quelques excités.
00:56:46 Alors là malheureusement la liaison est impossible en ce moment avec nos reporters.
00:56:50 On sait par notre service police justice qu'il s'agit d'une intervention des forces de l'ordre.
00:56:54 Pour empêcher des dégradations par certains éléments perturbateurs sur un magasin de motos.
00:57:01 On parle aussi d'un mouvement qui se poursuit.
00:57:03 Alors là on sait bien, on parle d'éléments très spécifiques.
00:57:06 Il ne s'agit pas de manifestants qui viennent eux semer le trou.
00:57:09 Néanmoins on sent que la tension grandissant de week-end en week-end.
00:57:12 Forcément tout ça échauffe un peu les esprits Pierre Lelouch.
00:57:15 Oui c'est pas bon. C'est pas bon pour le dialogue social.
00:57:18 C'est pas bon pour ceux qui sont contre cette réforme.
00:57:22 Ça sert objectivement à ceux qui veulent aller devant, faire voter le texte quoi qu'il arrive.
00:57:28 Et puis qui vont expliquer que c'est lâché en lit qui est dans la rue.
00:57:32 Donc les casseurs desservent, comme le disait justement Christian, ils desservent la cause qui est défendue.
00:57:39 Ils servent objectivement à un processus qui doit arriver le plus rapidement possible.
00:57:44 Le problème c'est que en même temps s'il n'y a pas de dialogue et si la réforme est votée au forceps.
00:57:50 Ça risque de laisser dans l'opinion et dans le pays un goût de colère et de ressentiment.
00:57:59 Je dis c'est comme vous savez quand vous avez un feu de forêt que vous éteignez le feu de forêt.
00:58:06 Si jamais ça rentre dans la tour vous avez un feu qui peut couver ensuite pendant des semaines et des mois.
00:58:11 C'est pas bon pour la situation sociale du pays que de passer une réforme aussi importante contre l'avis d'une majorité des français.
00:58:19 Parce qu'après pour prendre d'autres mesures en caractère économique et social c'est extrêmement compliqué.
00:58:24 Alors je sais bien que monsieur Macron est pressé de passer à autre chose, à l'immigration et puis surtout à la réforme institutionnelle.
00:58:32 Mais enfin si le terreau social français déjà fortement impacté par l'inflation, la difficulté de la vie etc.
00:58:39 reste sur cette espèce de mauvais goût, de mauvaise bataille qui n'y aura pas.
00:58:45 Les gens ont le sentiment de ne pas avoir été écoutés parce que c'est quand même ça le sujet.
00:58:50 Alors justement on va écouter les gens qui sont mobilisés aujourd'hui. On continue de les écouter.
00:58:55 On est à présent avec Marc. Bonjour Marc. Merci d'être en direct sur CNews.
00:59:01 Vous êtes déjà retraité. On me dit que vous êtes parti quand vous aviez 58 ans.
00:59:06 Vous en avez 71 aujourd'hui. Ça veut dire que vous faites partie des cas qu'on ne retrouvera peut-être pas
00:59:12 dans le cadre de cette réforme des retraites. Pour qui êtes-vous mobilisé vous aujourd'hui ?
00:59:17 Écoutez moi j'ai commencé à travailler quand j'avais 14 ans. Je suis parti quand j'avais 58 ans.
00:59:27 Donc j'étais bien content de partir en retraite. Ça m'a permis de libérer le poste pour quelqu'un d'autre qui avait besoin de travailler.
00:59:34 Et puis vous savez un retraité il est actif. On s'occupe des petits-enfants, d'associations etc.
00:59:41 Donc on ne manque pas. En plus je pense qu'on fait un peu tourner la société puisqu'on peut partir en vacances.
00:59:50 On fait marcher le tourisme. On s'occupe des enfants. Ça aide les parents d'avoir des gardes etc.
00:59:59 Donc on est utile. Et partir à 62 ans. Moi-même j'ai fait une carrière. J'ai commencé à 14 ans.
01:00:08 J'avais même trop cotisé. C'est pour ça que je suis parti. Parce que si j'étais resté plus longtemps, j'aurais gagné 50 euros de plus par mois.
01:00:16 Bon c'était pas intéressant. J'ai autant profité de mon temps qu'était libre.
01:00:22 Les retraités sont des actifs comme les autres finalement. C'est ce que vous nous dites à travers vos paroles.
01:00:28 Qu'est-ce qui ne va pas dans ce que Emmanuel Macron veut mettre en place selon vous ?
01:00:31 C'est inacceptable de demander de travailler deux ans de plus ?
01:00:36 Ce qui ne va pas déjà, il y a plein de gens qui ont travaillé durement, qui sont obligés de prendre deux ans de plus.
01:00:48 Et ça, ce n'est pas tout à fait normal, sachant qu'ils ont cotisé toute leur vie.
01:00:53 Profiter de la vie quand on est en retraite, c'est important. On n'est pas sur terre que pour...
01:01:00 Il faut travailler naturellement pour participer à la société. Mais on a aussi le droit de voyager, de faire des loisirs.
01:01:08 Ce qu'on n'a pas forcément fait quand on était en activité, où on avait des enfants, où on avait moins de moyens.
01:01:13 Alors ça ne veut pas dire qu'il y a plus de moyens, que les retraités sont très bien payés.
01:01:17 Mais ils participent à leur niveau, à la vie de la société.
01:01:21 Est-ce que c'est un sujet qui vous a mobilisé par le passé également, cette réforme des retraites ?
01:01:25 Parce qu'on l'a dit, de nombreux gouvernements ont tenté de faire changer les choses ces dernières décennies.
01:01:30 Oui, mais vous savez, eux-mêmes ne donnent pas forcément l'exemple, ceux qui veulent changer les choses.
01:01:40 Moi, je me rappelle que M.Juppé, quand il... sa réforme, il voulait la mettre en place.
01:01:45 Il était le premier, puisqu'il avait l'âge de la retraite aussi, une trottinette de fonctionnaire.
01:01:50 Il n'a pas dit... Enfin, il l'a surtout touché, et puis il a eu peut-être d'autres fonctions par la suite.
01:01:56 Je ne veux pas dire qu'il a arrêté de travailler, mais bon, ce n'est pas le même niveau que celui qui travaille dans une aciérie, dans le bâtiment, etc.
01:02:07 On ne peut pas comparer. Donc oui, le travail, c'est utile.
01:02:12 Il faut travailler dans la vie, mais aussi, il faut penser à ses enfants, sa femme, etc.
01:02:23 Ça veut dire, on le disait déjà tout à l'heure en plateau, on ne peut pas uniformiser un système qui serait identique pour chacun,
01:02:28 puisque, comme vous le dites, on commence à travailler à des âges différents, on fait des travaux, des professions plus ou moins pénibles.
01:02:35 Quel serait le système idéal, selon vous ? Est-ce qu'il y a un âge selon lequel on devrait tous partir à la retraite ?
01:02:41 Est-ce qu'il y a des pensions, aussi, un montant de pension à modifier, selon vous ?
01:02:46 Je ne vous entends pas bien, là.
01:02:51 La retraite idéale, selon vous, c'est quel âge et quel montant de pension de retraite ?
01:02:59 Déjà, 62 ans, je pense que ce n'est pas mal, c'est beaucoup.
01:03:05 On s'est battu, dans les années 80, pour avoir la retraite à 60 ans, on recule.
01:03:12 Ce n'est pas qu'une question d'argent. L'argent, on peut la trouver pour financer.
01:03:17 Moi, je ne vais pas ressasser ce que disent beaucoup.
01:03:20 Il y a des endroits où il y a de l'argent, on ferait bien de l'investir là.
01:03:24 Et puis, encore une fois, les retraités sont utiles à la société, pour ce qu'ils font à leur niveau.
01:03:31 Ils rapportent même de l'argent, ils cotisent, etc.
01:03:35 Et puis, ça permet aussi, puisqu'il y a ce qu'on appelle les seniors,
01:03:41 qui sont dans une période d'âge où on essaye de se séparer d'eux.
01:03:46 Il y a des choses, il y a le contraire, parfois, qui s'exprime,
01:03:53 alors que ces gens-là, ils aspirent, comme je l'ai dit tout à l'heure,
01:03:58 à profiter de la vie qui leur reste, parce que, vous savez, il y a la maladie,
01:04:06 il y a la pollution, ça dépend où on habite, etc.
01:04:11 Tout ça, ça contribue à la santé des gens.
01:04:13 Et on voit bien autour de nous que, même si on parle de vie qui se rallonge,
01:04:18 on voit bien quand même qu'on est tous touchés par les cancers,
01:04:23 l'EU sémi, les produits chimiques, ce que vous voulez.
01:04:27 Donc, si les gens peuvent profiter, c'est bien, c'est bien, c'est humain.
01:04:32 – Merci beaucoup, Marc, d'avoir partagé votre point de vue avec nous.
01:04:35 – De rien.
01:04:36 – On souhaite de continuer de profiter de votre retraite.
01:04:40 Il y a tous les âges dans cette école.
01:04:42 – On va continuer à manifester.
01:04:44 – On va continuer à manifester, nous dit Marc en outil.
01:04:46 C'est vrai qu'on fait le spectre de la vie de ceux qui ne sont pas encore actifs
01:04:50 à ceux qui sont déjà retraités depuis quelques années.
01:04:52 Ça concerne tout le monde.
01:04:53 – Non mais, ce monsieur, il est dans un schéma qui est parfait,
01:04:59 parce que ce qu'il dit frappe au coin du bon sens.
01:05:02 Il a cotisé, mais il a fait ses cotisations.
01:05:05 Il a expliqué lui-même que s'il continuait à cotiser, ça ne changerait rien pour lui,
01:05:10 donc il a préféré profiter de sa retraite.
01:05:12 Donc il a construit sa retraite, il a fait les années qu'il fallait
01:05:16 et il dit quelque chose qui est important aussi,
01:05:19 c'est que les retraités participent également à l'économie
01:05:22 et ça on le sait d'une certaine manière.
01:05:25 La vraie problématique, elle est, est-ce qu'on va sortir un texte
01:05:29 qui prendra en compte les trois éléments qui me semblent les plus importants,
01:05:33 selon moi, au niveau de la retraite, c'est la pénibilité,
01:05:37 c'est le problème des retraites des femmes qui, avec l'allongement,
01:05:40 créent une différence à laquelle, semble-t-il, ils n'ont pas pris assez attention
01:05:48 et c'est, en particulier également financièrement,
01:05:52 comment on fera pour mettre en place ces mesures pour qu'il y ait,
01:05:57 comme le soulignait Pierre, alors que c'est une usine à gaz,
01:06:01 les retraites, il y a presque autant de cas que de situations professionnelles,
01:06:07 comment on fait avec une société qui, effectivement, va arriver à peu près
01:06:11 à l'équivalent de retraités pour l'équivalent d'actifs.
01:06:14 Et ça c'est un problème qu'on ne peut pas contourner.
01:06:17 – Mais vous voyez l'exemple qu'on vient de voir, ce monsieur,
01:06:20 il est plein de bon sens, mais qu'est-ce qu'il dit ?
01:06:23 Il dit "moi j'ai fait mes 44 ans, je me suis parti à 58 ans,
01:06:27 sauf que j'ai commencé à 14, donc j'ai fait mes 44 ans de cotise",
01:06:32 c'est ce que je dis moi.
01:06:34 On faisait une réforme sur les années de cotisation,
01:06:38 il n'y avait pas le chiffon rouge de la date butoir de sortie,
01:06:42 et puis on mettait un peu de liberté, suivant le cas de figure, la pénibilité,
01:06:48 il faut gérer la question des femmes, des maternités,
01:06:51 des carrières hachées des femmes, voilà, avec un peu de bon sens et de dialogue.
01:06:56 – Vous vous seriez mal pris quand c'est possible ?
01:06:58 – Il n'y a pas de raison que des gens comme ça soient dans une manifestation.
01:07:01 J'ai parlé dans les manifs à Paris, j'ai parlé aux gens,
01:07:04 j'ai même trouvé des électeurs à moi quand j'étais encore député,
01:07:08 deux droites, il y avait des gens de droite dans la manifestation,
01:07:11 donc ça prouve bien qu'il y a un problème de connexion avec le monde réel.
01:07:15 Il faudrait que les gens, la bande à McKinsey, atterrissent, ce serait pas mal.
01:07:20 – On va terminer la parole aux Français Week-end,
01:07:24 assuvie de Lionel Rousseau avec ses invités,
01:07:27 qui continue de commenter ce qu'on entend dans les cortèges,
01:07:31 je vous le rappelle, en cette 7e journée de mobilisation.
01:07:33 Et pour faire la transition, on va revenir sur la déclaration faite par Philippe Martinez,
01:07:38 c'était tout à l'heure à la mi-journée,
01:07:40 l'intersyndical s'est prononcé, est arrivé devant les micros de télévision et de radio.
01:07:44 Avant que le cortège s'élange, on vous propose d'écouter ce qu'a dit Philippe Martinez
01:07:48 à propos de cette mobilisation.
01:07:50 Il revient également sur la méthode du gouvernement,
01:07:53 critiquée et par la classe politique et par les manifestants,
01:07:56 comme vous avez pu l'entendre, on écoute Philippe Martinez.
01:07:59 – Je ne sais pas ce qui va se passer au Sénat,
01:08:02 et je ne sais pas ce qui va se passer la semaine prochaine.
01:08:04 De ce que je comprends, pour l'instant, la majorité,
01:08:08 elle est plus que fébrile et le vote de la loi n'est pas garanti dans une procédure normale.
01:08:14 – Vous dites souvent qu'il y a de la colère,
01:08:16 si la réforme ne passe, est-ce que vous serez encore capable de la canaliser ?
01:08:19 – C'est ce qu'on a écrit dans notre lettre au président de la République.
01:08:24 "Attention, risque d'explosion", je ne sais plus le terme exact,
01:08:29 mais c'est à peu près ça.
01:08:31 Ce n'est pas nous qui jouons avec le feu, c'est le président de la République.
01:08:34 – Est-ce que vous craignez une résignation, comme résignation,
01:08:37 si la réforme passe ?
01:08:38 – Vous me posez la question.

Recommandée