L'Hebdo de l'Éco : Dominique Restino (Chambre de Commerce et d’Industrie)

  • l’année dernière
Eric de Riedmatten reçoit chaque week-end un invité dans #LHebdoDeLEco pour approfondir un sujet économique.

Transcript
00:00 Les entreprises, premières victimes des tensions sociales actuellement, mais pourtant les patrons ont encore le moral.
00:05 On en parle avec Dominique Restino, le président de la Chambre de commerce et d'industrie de Paris-Île-de-France.
00:10 Merci d'être avec nous. Le moral des patrons est solide alors ?
00:14 Le moral des patrons est solide, c'est vrai. Vous me parlez de défaillance d'entreprise.
00:18 C'est effectivement une augmentation des ouvertures de procédure de 49 %, donc c'est assez important.
00:25 Pour le plan national, en Île-de-France, c'est 35 %. Il y a assez souvent une différence.
00:29 Donc il y a une hausse quand même des défaillances ?
00:30 Il y a une hausse des ouvertures de procédure et il y a une hausse des liquidations judiciaires également de 30 %.
00:36 On était à 5 300, on est à 7 000 là en Île-de-France pour 2022. Les raisons, vous les connaissez.
00:41 Et malgré cela, je vous coupe parce que le moral reste bon selon OpinionWay, les patrons sont solides.
00:45 Selon le baromètre mensuel d'OpinionWay pour CCI France, effectivement il y a un indice où 69 % des entreprises,
00:55 il y a cette volonté de vouloir continuer, persévérer cette volonté.
01:00 Et je dirais même que les chefs d'entreprise à 63 % concernant leur entreprise, leur propre entreprise,
01:08 ont des bonnes perspectives pour les 12 mois à venir, sont assez confiants.
01:11 Donc il y a cet indice de confiance qui est assez important.
01:14 Mais nous savons que pour être entrepreneur, il faut être optimiste. C'est ce que nous faisons.
01:18 Vous n'avez pas envie de dire stop, maintenant ça suffit avec toutes ces grèves.
01:21 Vous êtes chef d'entreprise, il faut le rappeler. Les retraites, ça vous concerne aussi.
01:25 Bien sûr que ça concerne tout le monde. Bien sûr qu'on a envie que tout ça s'arrête.
01:30 Bien sûr on a envie que ça se développe. Bien sûr on a envie que les choses aillent bien.
01:35 Après il y a la réalité de la vie, vous savez les chefs d'entreprise, c'est une dose d'optimisme en permanence.
01:40 Parce qu'il faut aller en combat, c'est pas simple d'être chef d'entreprise.
01:43 Oui, le PCU n'y fera plus, alors c'est dramatique.
01:45 Voilà, voilà.
01:45 Simplement, vous, vous en pensez quoi de cette réforme des retraites ?
01:48 Il faut y aller en tant que chef d'entreprise, je vous pose la question.
01:50 Moi je pense simplement en tant que chef d'entreprise, je pense simplement que nous avons un, comment dirais-je,
01:56 nous avons un système qui nous permet de protection assez exceptionnelle dans notre pays
02:01 et qu'il faut tout faire pour le préserver. Voilà ce que je pense.
02:03 Oui d'accord. Alors les commerces malgré tout, eux ils ferment. Ils ont beau être positifs les patrons,
02:08 il y a quand même de plus en plus de commerces qui ferment, qui disparaissent.
02:11 Je ne vais pas citer la liste de toutes les enseignes en difficulté,
02:14 mais vous leur dites quoi à ces entreprises qui ferment ?
02:17 On les aide, on les accompagne. Oui c'est compliqué pour le commerce.
02:20 C'est compliqué pour le commerce de proximité également.
02:24 C'est compliqué vu, je viens de vous le dire, ce qu'on vient de traverser depuis ces dernières années
02:30 entre les crises des gilets jaunes, entre les grandes grèves, entre le Covid,
02:36 entre le télétravail où dans les centres d'affaires, les commerçants, il y a moins de monde.
02:40 Les restrictions de circulation, on n'en parle pas beaucoup, mais c'est quand même pas très...
02:42 Il y a ça également. Donc oui, effectivement, c'est extrêmement difficile pour eux.
02:47 D'ailleurs, la conséquence, c'est qu'il y a un taux de vacances des points de vente
02:52 qui était en 2018 de 11,5% et qui est de 12,6% en 2022.
03:01 - Tout ça dans la région Île-de-France ? - En région Île-de-France.
03:03 Donc là, c'est un chiffre important, 12% de commerces fermés aujourd'hui.
03:06 Alors, il était en 2018 de 11,5%, le taux de vacances.
03:10 - Donc ça augmente. - On mesure en permanence de 1,1%.
03:13 Donc oui, c'est significatif et oui, c'est important.
03:15 Ça représente à peu près 22 000 points de vente qui ne sont pas exploités.
03:19 - Alors, je voudrais vous poser une question.
03:20 Est-ce que beaucoup de patrons, enfin, beaucoup de petits commerçants,
03:23 ou un patron, donc, profitent souvent de leurs biens, leurs fonds de commerce, leur mur,
03:27 un peu comme une retraite par capitalisation ?
03:29 Pour eux, c'est un bien, un capital.
03:31 Mais qu'est-ce qu'ils vont en faire si ça fait faillite ? C'est ça, le problème.
03:33 - Si ça fait faillite, ils n'en font rien du tout. Ils en ont des dettes.
03:36 - Donc ils ont tout perdu. - Donc il faut absolument les accompagner.
03:38 Vous me posez la question, vous me posez la question tout à l'heure.
03:41 Oui, c'est des moments qui sont difficiles.
03:42 En ce moment, c'est difficile pour eux également
03:44 parce qu'ils sont obligés parfois de fermer le rideau.
03:46 Il faut continuer à les soutenir, à les aider parce que ça n'est pas simple pour eux.
03:51 C'est tout le travail que nous faisons, notamment à la Chambre de commerce de Paris-le-France
03:55 et dans toutes les chambres de commerce de France, également, c'est de les accompagner.
03:58 - Vous leur donnez de l'argent pour les aider ?
03:59 - Non, on ne leur donne pas d'argent. Nous, on n'a pas d'argent à donner.
04:01 On est là pour les accompagner.
04:02 Le gouvernement nous a missionnés parce que nous sommes le premier réseau
04:05 d'accompagnement des entreprises, de proximité des entreprises, des TPE, des commerçants également.
04:10 Et à travers, notamment, on parlait du commerce et du e-commerce,
04:15 on accompagne ces chaises d'entreprise, ces commerçants dans la transformation digitale.
04:20 On les aide pour qu'ils se digitalisent parce qu'il y a également ce choc de l'e-commerce qui est là.
04:25 - Il faut plus roncer par les marchands.
04:27 - Ce qu'il faut voir également, c'est que de plus en plus, le e-commerce...
04:29 - Mais la transmission, c'est comment cette transmission ?
04:31 - Alors, attendez, sur le e-commerce, le e-commerce commence à ouvrir des points de vente.
04:34 D'un côté, les e-commerce commencent à ouvrir des points de vente.
04:39 Et nous, on est là et on accompagne les commerces traditionnels.
04:42 Pour les accompagner dans cette transformation digitale,
04:44 c'est la mission que nous a confiée, une fois de plus, le gouvernement.
04:47 Parce que nous connaissons ces commerçants, on travaille sur ces territoires.
04:50 Et donc, il faut absolument qu'ils puissent également s'ouvrir à la digitalisation.
04:55 Je pense quand même que dans les temps qui vont venir, dans les temps qui vont se développer,
04:59 les uns et les autres auront à gagner chacun des uns des autres.
05:02 Je pense que le digital, c'est le physique et le digital.
05:06 Et c'est là où nous les accompagnons avec, notamment, tout notre service,
05:09 les Digiteurs en Île-de-France, avec de la sensibilisation,
05:12 avec des formations, de l'accompagnement sur cette transformation digitale.
05:16 Parce qu'elle aide également, il faut vivre avec son temps, c'est comme ça,
05:19 et qu'elle aide ces commerçants également à faire de la vente, de l'avantage en ligne.
05:24 - Alors, mais j'ai une dernière question.
05:25 Alors, ceux qui fonctionnent bien, ils veulent transmettre leur commerce à leurs enfants,
05:29 comment ça se passe ? Ou même, le revendre, comment ça fonctionne aujourd'hui ?
05:32 - Là, vous me parlez de la transmission reprise d'entreprise,
05:35 qui est un enjeu fondamental dans notre pays.
05:38 Je pense que nous avons gagné,
05:40 la bataille de l'entrepreneuriat dans notre pays, elle est gagnée.
05:42 Il faut l'entretenir, bien évidemment.
05:44 Il y a un enjeu qui est fondamental, c'est la reprise transmission,
05:47 la croissance externe également sur les entreprises.
05:49 Pourquoi ? Parce que, si je prends le cas de l'Île-de-France,
05:52 nous avons environ 100 000 emplois qui sont menacés chaque année
05:57 de faute de repreneurs sur les activités de reprise d'activité.
06:01 - Donc, des commerces qui meurent.
06:02 - Alors, des commerces, des TPE, des PME également.
06:05 Il n'y a pas que les commerces, là,
06:06 même si les commerces sont des entreprises en même temps.
06:09 C'est 100 000. Vous imaginez, le chiffre que je vous donne,
06:13 c'est sur le chiffre en Île-de-France, c'est 100 000.
06:16 L'Île-de-France représente 24 % de l'emploi en France.
06:21 C'est 30 % du PIB français, l'Île-de-France.
06:24 30 %, c'est 24 %.
06:25 Vous imaginez l'importance de la transmission.
06:29 La perte économique, bien sûr.
06:32 - Le potentiel de commerce, de business.
06:35 - Mais la perte des savoir-faire.
06:36 Et puis, les commerces, les entreprises, les TPE,
06:40 c'est aussi du lien social. C'est fondamental.
06:44 - Donc, résister, tenir le coup et puis bien transmettre sur l'entreprise.
06:46 - Et c'est là où nous accompagnons, effectivement,
06:48 les entreprises dans cette transmission.
06:49 - Merci beaucoup, Dominique Restinaud,
06:51 président de la Chambre de commerce et d'industrie de Paris-Île-de-France.
06:53 Restez avec nous.
06:55 (Générique)
06:59 [SILENCE]

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