Gabrielle Cluzel : «Il ne respecte pas sa fonction»
Directrice de la rédaction de Boulevard Voltaire, Gabrielle Cluzel s'exprime à propos du geste d’Éric Dupond-Moretti : «Il ne respecte pas sa fonction».
Transcript
00:00 Oui, la formule est excellente.
00:01 Oui.
00:01 Le coup d'état permanent, maintenant il y a le bras d'honneur permanent.
00:04 J'aurais aimé qu'on le mette en santé.
00:06 Non, vous avez raison, on pourrait trouver un autre titre de bouquin,
00:09 c'est "un garde des Sceaux ne devrait pas faire ça".
00:11 Voyez, le problème, c'est qu'on pourrait l'appliquer à beaucoup de monde aujourd'hui.
00:14 Ce n'est pas le bras d'honneur, c'est le bras du déshonneur,
00:15 quoi qu'en disent ses collègues.
00:18 Moi, je suis très frappée parce qu'on nous avait présenté cet homme comme un tribun,
00:21 c'était le bossuet des prétoires.
00:24 Voyez, mais ce n'est pas agitator, c'est agitator.
00:26 Parce que quand vous faites un bras d'honneur, c'est que vous n'avez plus d'argument.
00:29 Vous savez très bien que c'est le geste grossier,
00:31 des gens un peu frustres qui n'ont pas de mots pour s'exprimer.
00:34 Or, a priori, le garde des Sceaux n'était pas réputé tel.
00:38 Par ailleurs, ça prouve qu'il fait peu de cas de sa fonction.
00:41 Alors comment vous voulez ? Il ne respecte pas sa fonction.
00:43 Normalement, la fonction, c'est quelque chose qui vous dépasse.
00:45 Et même si vous avez envie de faire un bras d'honneur, vous ne le faites pas.
00:48 Même un petit bras d'honneur, il a été petit bras, comme on dit,
00:51 mais c'était trois petits bras d'honneur de trop.
00:53 Et ça montre qu'il n'a pas de respect pour sa fonction.
00:55 Donc c'est difficile de demander aux Français d'en avoir de leur côté.
00:59 C'est évidemment un manque d'exemplarité, absolument pas tant.
01:02 Alors à une époque où on veut relever l'éducation nationale,
01:05 c'est quand même compliqué, c'est un peu schizophrène
01:08 de se rendre coupable de tel geste.
01:10 Et puis c'est vrai, Yvan Rioufol a raison de rappeler que ce bras d'honneur,
01:14 il est un peu autorisé par une attitude générale d'Emmanuel Macron.
01:18 Pardon, mais quand on le voit à Kinshasa s'amuser, faire la fête,
01:21 pendant que dans le même temps, il y a des manifestations
01:26 de gens qui s'inquiètent légitimement,
01:28 qui ont peur de ne pas nourrir leurs enfants,
01:30 tout simplement de ne pas réussir à le faire,
01:32 eh bien il y a un minimum de décence
01:34 qui n'est pas perçue comme telle par le gouvernement.
01:38 Alors c'est aussi un bras d'honneur à l'endroit du pouvoir législatif,
01:42 puisque c'est un ministre qui fait un bras d'honneur au pouvoir législatif.
01:45 Et ça rappelle aussi Olivier Véran, au temps de la crise du Covid,
01:48 qui avait parlé très violemment aux députés.
01:52 Donc de fait, cette expression est une trouvaille et elle restera.
01:58 D'ailleurs, je remarque que faire une Dupond-Moretti,
02:00 ça commence à passer dans les mœurs, c'est comme la botte de jarnac.
02:02 Hier, quelqu'un m'a dit "oh j'ai envie de lui faire une Dupond-Moretti".
02:06 Vous voyez, c'est embêtant, bras d'honneur, ça devient synonyme de Dupond-Moretti.
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