Vote des retraites : "Il va falloir cadrer financièrement lors de la commission mixte paritaire."

  • l’année dernière
Après l'adoption de la réforme des retraites au Sénat, Hervé Marseille, Président du groupe Union Centriste au Sénat, sénateur des Hauts-de-Seine a tenu à avertir les membres chargés de la réécriture du texte, sur la nécessité de "cadrer financièrement le texte lors de la commission mixte paritaire. Il y a deux impératifs : elle doit vérifier la pertinence budgétaire du texte et permette l'adoption du texte à l'Assemblée et au Sénat".

Pour suivre toute l'actualité politique et parlementaire, abonnez-vous à notre chaîne YouTube : https://www.youtube.com/user/publicsenat?sub_confirmation=1

Retrouvez l'émission intégrale de Bonjour Chez vous ! ici : https://www.publicsenat.fr/emission/bonjour-chez-vous

Abonnez-vous à notre newsletter : https://urlz.fr/iinC

Suivez-nous sur les réseaux sociaux

Facebook : https://www.facebook.com/publicsenat
Twitter : https://twitter.com/publicsenat
Instagram : https://instagram.com/publicsenat
LinkedIn : https://www.linkedin.com/company/2996809/
Transcript
00:00 – Bonjour Hervé Marseille, merci beaucoup d'être notre invité politique ce matin.
00:04 Sénateur de Haute Seine, président du groupe Union Centriste au Sénat
00:07 et président de l'UDI.
00:08 On est ensemble pendant 20 minutes pour une interview en partenariat
00:11 avec la presse régionale, représentée par Fabrice Vesser-Redon.
00:14 Bonjour Fabrice.
00:15 – Bonjour Hervé Marseille, bonjour.
00:17 – Des journaux du groupe ÉBRA, les journaux régionaux de l'Est de la France.
00:20 Fabrice, on va évidemment maintenant parler de la réforme de la retraite.
00:22 Le Sénat a donc approuvé le texte dans la nuit de samedi à dimanche.
00:27 Le gouvernement peut vous dire merci ?
00:29 – Non, c'est le parlementarisme et le bicamérisme qui sortent grandis de ce vote.
00:38 – Sur le fond et sur la forme, vous êtes satisfait de la manière
00:41 dont cette réforme est passée au Sénat ?
00:44 – Satisfait oui, parce qu'on a fait notre métier, on a accompli notre mission,
00:50 c'est-à-dire on a fait ce que doit faire un Parlement, une assemblée parlementaire,
00:55 on a été au bout du texte, maintenant ça paraît surprenant d'aller au bout d'un texte.
00:59 Mais je ne suis pas satisfait des conditions dans lesquelles ça s'est fait.
01:02 – C'est une vraie question.
01:04 – Pourquoi ? Parce qu'on est passé d'une gauche sénatoriale qui était républicaine,
01:11 qui était dans le dialogue, qui donnait un caractère singulier à ce qui se passait au Sénat,
01:17 à une gauche qui est devenue la version, le prolongement de la nupèce au Sénat d'ailleurs.
01:25 – C'est une gauche qui n'était pas républicaine, là,
01:26 pourquoi vous avez fait pendant les 10 jours ?
01:28 – Alain Poher disait "le Sénat ça ne doit pas être ni une barricade ni un miroir".
01:33 Je crois que la volonté de la gauche sénatoriale c'était de devenir une barricade,
01:38 d'empêcher, l'on dit clairement, le vote de ce texte.
01:43 C'est une mutation de la façon de travailler au Sénat.
01:47 – Ça veut dire qu'il y aura un avant et un après pour le Sénat ?
01:49 – Sûrement, sûrement.
01:50 – Qui voudra dire quoi pour la suite, pour les autres textes ?
01:52 – Ça dépendra du comportement à l'avenir de la gauche.
01:57 Regardez, quant à la dernière minute, c'est quand même symptomatique, un peu pusillanime,
02:03 la gauche, par la voix de M. Cannaire, demande qu'on vérifie le quorum.
02:10 Le quorum à minuit, ça a un caractère un peu pusillanime.
02:18 À la dernière minute, on se croirait dans une réunion de copropriétés
02:23 où il y a trois copropriétaires qui essaient de bloquer le vote de je ne sais quoi.
02:31 Enfin, on voit bien qu'il y a un état d'esprit qui a changé.
02:34 – La gauche a abîmé le Sénat, ton votre ?
02:37 – Elle a fait ce qu'elle croyait devoir faire, c'est-à-dire bloquer.
02:41 Or, le rôle d'un Parlement, ce n'est pas de bloquer.
02:44 On a eu, à l'Assemblée nationale puis au Sénat,
02:48 la minorité qui bloquait les institutions.
02:50 Comment on fait pour travailler en démocratie ?
02:54 Il y a des institutions.
02:57 Ce n'est pas de transmettre à la rue,
02:59 quelle que soit d'ailleurs la force de l'expression de la rue,
03:03 ou au tribunal, le Conseil constitutionnel est une juridiction, c'est la plus haute,
03:08 le soin de faire les choix politiques.
03:12 – Mais vous comparez avec ce qui s'est passé à l'Assemblée ?
03:14 Pour vous, c'est la même chose ?
03:15 – Non, ce n'est pas la même chose dans l'expression, c'est moins tonitruant.
03:19 Il n'y a pas eu les insultes, il n'y a pas eu, j'allais dire,
03:22 les comportements inappropriés qu'on a vus à l'Assemblée.
03:26 Mais il y a une mutation dans la façon de faire.
03:29 – Est-ce que la gauche allait employer les armes parlementaires à sa disposition,
03:32 comme la majorité a employé l'article 38,
03:34 comme le gouvernement a employé le vote bloqué ?
03:36 Pourquoi lui reprocher ce que tout le monde a fait finalement ?
03:39 – Non mais personne n'a reproché la façon dont ils ont travaillé
03:42 à partir des institutions.
03:44 D'ailleurs, eux, ils considèrent que c'est légitime
03:46 et quand nous, nous utilisons la Constitution, ils disent
03:48 "Ah non, non, mais ça, ça ne va pas du tout, ce n'est pas normal".
03:52 – On va revenir sur le vote.
03:54 Il y a 57 sénateurs dans le groupe Union centriste,
03:57 seuls 37 ont voté la réforme, 6 ont voté contre, 14 se sont abstenus.
04:01 C'est un problème ?
04:02 – Non, pas du tout.
04:03 Moi, j'ai un groupe où il y a liberté de vote.
04:07 À tout moment, les sénateurs du groupe votent en fonction
04:11 de leur conviction, de leur conscience.
04:14 Au moment des présidentielles, beaucoup d'entre eux ont voté
04:18 Emmanuel Macron dès le premier tour.
04:20 Bon voilà, ils ont leur liberté.
04:21 – Ça ne veut pas dire quelque chose quand même ?
04:22 Il y a 20 sénateurs qui n'ont pas adopté ce texte sur les 57.
04:27 – Parce que certains avaient des convictions par rapport
04:33 à ce qui se passait dans leur département ou par rapport au texte.
04:36 J'ai par exemple un sénateur qui n'a pas voté le texte
04:40 parce qu'il considérait qu'il n'allait pas assez loin.
04:43 Il y a toutes sortes de convictions qui s'expriment derrière.
04:46 – Il aurait fallu aller au-delà des 64 ?
04:48 – J'ai un certain nombre de sénateurs qui disent "mais enfin, tout ça pour ça".
04:52 Je veux dire, il y a déficit, on nous dit "il faut une réforme
04:54 pour résorber le déficit", bon, il fallait peut-être aller un petit peu plus loin
04:58 parce que finalement on s'aperçoit que cette réforme,
05:02 elle va encore être temporaire.
05:04 Elle est nécessaire mais temporaire.
05:05 – C'est aussi votre avis, il aurait fallu aller plus loin ?
05:08 – Non, je pense qu'au départ elle est un peu équilibrée,
05:10 maintenant on va voir ce que ça va donner en CMP.
05:13 – Est-ce qu'Emmanuel Macron n'a pas réussi durablement à diviser,
05:17 y compris dans votre camp ?
05:19 – Je crois que c'est la France qui a divisé,
05:21 regardez les résultats du vote de l'élection législative,
05:26 ce qui fait que l'Assemblée nationale est difficilement gouvernable.
05:31 Ce sont les Français qui sont de plus en plus divisés.
05:34 Après, comment on peut faire pour les rassembler ?
05:37 Ça c'est au Président de la République de prendre des initiatives.
05:40 – C'est justement pour ça que je cite Emmanuel Macron
05:42 qui est quand même l'homme de la recomposition politique,
05:44 en tout cas c'est ce qu'il souhaite.
05:46 – Oui mais l'Assemblée est ce qu'elle est,
05:48 et donc à l'Assemblée il faudrait faire des élections législatives à nouveau,
05:54 je ne suis pas totalement sûr que ce soit pertinent par les temps qui courent.
05:56 – Il ne faut pas, certains demandent une dissolution,
05:59 notamment l'extrême gauche, ce n'est pas votre cas ?
06:01 – Je redoute que si jamais il y avait des élections législatives,
06:06 le Rassemblement national en ferait ses choux gras.
06:09 – Donc non, on va revenir sur les fractures et sur la contestation,
06:13 mais pour rester sur le fond du texte,
06:15 est-ce que ce texte correspond à ce que vous vouliez ?
06:17 Est-ce qu'il y a des manques, est-ce qu'il y a des erreurs,
06:19 est-ce qu'il y a des choses que vous avez votées par compromis
06:22 mais que vous ne soutenez pas vraiment ?
06:24 – Il y a toujours des compromis,
06:26 on a passé des compromis entre nous au sein de la majorité sénatoriale
06:30 avec les Républicains, et puis ensuite on a imprimé notre marque dans le texte,
06:36 un texte qui est sénatorial,
06:38 puisque à la base la proposition du gouvernement était d'inspiration sénatoriale,
06:43 ça correspondait à ce qu'on appelle l'amendement savarique,
06:46 nous votions depuis plusieurs années,
06:48 donc ça allait dans le bon sens à nos yeux.
06:50 Et puis ensuite on a imprimé notre marque
06:52 puisque les choix que nous avons faits ont été votés dans le texte,
06:57 parce que je vous rappelle qu'à l'Assemblée nationale,
06:59 ils n'ont quasiment rien voté,
07:01 c'est nous qui avons voté l'ensemble des articles
07:03 et donc qui avons imprimé notre marque dans le texte.
07:06 – Donc vous dites que c'est le gouvernement qui s'est rallié à la droite et au centre ?
07:10 – Non, il y a eu des compromis avec tout le monde,
07:12 personne ne s'est rallié à quiconque,
07:15 on a travaillé simplement ensemble pour essayer d'aboutir au meilleur texte,
07:19 il y a toujours des frustrations,
07:21 il y a des choses qu'on aurait aimé voir davantage présentes dans le texte,
07:26 sur la situation des femmes, nous souhaitions aller plus loin…
07:32 – Que la surcote, ce n'est pas suffisant ?
07:33 – Oui, on pouvait penser à gagner un an par exemple pour le départ des femmes,
07:39 simplement il faut faire des choix parce que derrière ces choix,
07:42 il y a des budgets et qu'il faut tenir l'équilibre économique du dispositif,
07:46 encore une fois, s'il y a réforme, c'est parce qu'il y a déficit,
07:49 il faut aboutir à résorber ce déficit,
07:52 si on arrive avec un résultat financier extrêmement faible,
07:57 on n'aura pas, j'allais dire, réussi notre mission.
07:59 – Et il y a abouti ou est-ce qu'il n'y a pas suffisamment d'économie
08:01 dans cette réforme pour vous ?
08:03 – Il va falloir cadrer financièrement dans la CMP,
08:07 parce qu'il y a deux impératifs,
08:09 je crois que la commission mixte paritaire qui va se réunir mercredi,
08:13 elle doit vérifier la pertinence, si je puis dire, budgétaire du texte,
08:19 encore une fois, il faut qu'il résorbe à l'horizon 2030 le déficit
08:25 et en même temps, si je puis dire,
08:27 il faut qu'il permette l'adoption du texte à l'Assemblée et au Sénat.
08:32 – Vous êtes confiant sur cette commission mixte paritaire ?
08:35 – La commission mixte paritaire, je n'ai pas de doute puisque nous sommes majoritaires,
08:39 donc… – C'est sur l'après ?
08:41 Enfin, vous êtes majoritaire, mais Bruno Retailleau, il dit
08:44 "ce n'est pas gagné pour autant".
08:46 Quelles sont vos lignes rouges, vous ?
08:47 – Les lignes rouges, ça va être le point d'équilibre,
08:50 ça dépendra de ce que les uns ou les autres veulent mettre ou retirer.
08:54 Il y a des limites, il va falloir faire des additions, des plus, des moins,
08:59 savoir où on en est et le gouvernement va nous dire
09:02 "ça, ça coûte un peu cher, si vous voulez mettre ça, voilà, je t'échange".
09:07 On voit bien qu'il y a une pression sur la situation des seniors,
09:11 qui pourtant était une priorité au Sénat.
09:14 – Sur notamment le CDI senior, pour vous, ça c'est une ligne rouge
09:18 ou ça peut faire partie des choses qui seront mises dans la balance ?
09:21 – Moi, je n'aime pas parler de lignes rouges parce que tout dépend de ce qu'il y a à la place.
09:25 Je veux dire, on voit bien qu'il y a des demandes qui sont faites par l'Assemblée nationale,
09:33 qui va vouloir essayer d'instiller, si je puis dire, dans la CMP des propositions,
09:40 puisqu'ils n'ont pas eu l'occasion de les discuter.
09:44 Et quand le texte va venir, ils ne pourront pas toucher au texte,
09:47 puisque les conclusions d'une CMP, vous pouvez dire oui ou non,
09:51 mais vous ne pouvez pas faire d'amendement.
09:53 Donc il faut que ça soit préparé dans le texte de la commission mixte paritaire.
09:57 Ensuite, elle ira au Sénat, puis l'après-midi de jeudi à l'Assemblée nationale.
10:02 Et c'est là où on vérifiera s'il y a une majorité ou pas pour voter le texte.
10:07 Donc tout doit être prêt dans le menu, si je puis dire, que présentera la CMP.
10:12 – Mais notamment dans cette CMP, la question des carrières longues qui risque d'être discutée,
10:16 puisque là, il y a des divergences au sein même de la majorité de la droite et du centre,
10:21 entre l'Assemblée nationale et le Sénat.
10:22 Est-ce que ça, pour vous, ça peut faire partie des points de crispation ?
10:27 – Oui, bien sûr. On l'a vu déjà quand le texte était soumis à l'Assemblée nationale.
10:32 C'est un problème interne républicain. Il va falloir trouver…
10:36 – Trouté par horizon aussi, à l'Assemblée nationale.
10:38 – Oui, non mais clairement, le gouvernement, il a maintenant des heures difficiles devant lui
10:45 parce qu'il doit s'assurer de sa majorité.
10:49 Dans sa majorité relative, on sait très bien qu'un certain nombre de députés,
10:54 légitimement comme ailleurs, ont des états d'âme.
10:58 Parce qu'eux aussi, ils regardent par la fenêtre, voient leurs électeurs qui défilent,
11:01 et ils se demandent s'il est bien pertinent de voter le texte. C'est la vie.
11:06 Et puis ensuite…
11:08 – Vous pensez que le gouvernement ne fera pas le plein des voix au sein de la majorité
11:12 entre Renaissance, Le Modem et Horizon ?
11:13 Il va y avoir des défections ?
11:14 – Non, je pense qu'il en manquera peut-être.
11:16 Après, c'est le rôle du gouvernement d'essayer de les convaincre de voter.
11:21 Mais on sait très bien qu'il y a un certain nombre de députés,
11:24 je ne sais pas, ils peuvent être 3, 4, 8,
11:27 mais il y en a un certain nombre qui s'interrogent.
11:31 Certains l'ont dit publiquement.
11:33 Bon, après, il faut convaincre, j'allais dire, ceux qui peuvent apporter un appoint,
11:39 c'est-à-dire le groupe Républicain et certains membres du groupe Lyot,
11:44 d'apporter leur voix.
11:46 Bon, à quel prix ?
11:48 Mystère et boule de grume, ça va être la mission de la CMP.
11:53 – Mais qu'est-ce que vous dites aux députés Les Républicains
11:55 qui ne sont pas partis pour voter le texte ?
11:59 – Là encore, c'est en conscience.
12:01 Je veux dire, moi, je n'appartiens pas aux Républicains,
12:04 je n'ai pas de leçons à leur donner.
12:06 Mais je veux dire, à partir du moment où il y a une ligne politique
12:09 qu'on a partagée et qui consiste à dire,
12:11 il y a une nécessité à voter le texte,
12:15 bien sûr, il faut le discuter, il faut l'améliorer, il faut le négocier,
12:19 mais il serait de bon ton, j'allais dire, de le voter.
12:23 Mais je ne peux pas être…
12:25 – Mais on en revient à la question, est-ce que vous seriez prêts en CMP
12:28 à céder sur la question des carrières longues, puisque c'est ça le point de bloc ?
12:32 – Contre quoi ? C'est-à-dire, c'est toujours pareil,
12:34 si vous mettez de l'argent pour les carrières longues,
12:38 qui ne sont quand même pas l'alpha et l'oméga de la réforme,
12:41 ça coûte cher, et donc qu'est-ce qu'on prend comme argent ailleurs ?
12:45 Ou, si c'est sur les CDI senior, ça va être compliqué.
12:49 – Avec la participation d'Olivier Marlex pour la République à cette CMP,
12:54 le risque semble assez limité,
12:56 vu de votre fenêtre.
12:59 – Oui, oui, j'imagine qu'Olivier Marlex a tenu à être présent
13:04 pour pouvoir peser sur les débats et essayer de trouver les points d'équilibre.
13:09 Bon, on le saura dans les heures qui viennent.
13:11 – Sur le 49.3, Fabri.
13:13 – Sur le 49.3, oui.
13:14 Est-ce que pour vous, il n'y a pas un danger à utiliser 49.3, in fine ?
13:20 D'autant que ce matin, j'entendais votre ami centriste,
13:24 Charles de Courson, à l'Assemblée, qui ne dit pas non
13:27 à une hypothétique motion de censure transpartisane avec le RN.
13:35 – On voit tellement de choses par les temps qui courent.
13:38 Il faut 289 voix.
13:42 Bon, on ne les a pas pour l'instant, je ne vois pas une motion de censure.
13:47 On peut toujours faire des moulinets en disant "retenez-moi où on fait un malheur".
13:52 Bon, peut-être, toujours est-il qu'il faut 289 voix,
13:58 et pour l'instant, je ne les vois pas.
14:00 Ce qui est sûr, c'est que…
14:02 – Vous ne croyez pas à une alliance entre le RN, l'ANUP,
14:05 et une partie des Républicains et le complot dont vous parliez ?
14:08 – Ça ne peut pas arriver, ça, ça ne peut pas arriver.
14:12 – Il ne faut jamais dire jamais, surtout en politique.
14:14 Bon, mais je ne le vois pas aujourd'hui,
14:16 je ne le discerne pas dans les positions des uns et des autres.
14:22 Donc 49.3, c'est comme reste, c'est dans la Constitution.
14:27 Il y a eu un nombre invraisemblable de fois où 49.3 a été utilisé.
14:31 Bon, c'est une arme constitutionnelle,
14:34 à partir de là, c'est politiquement pas très heureux de l'utiliser,
14:39 mais si le gouvernement n'a pas d'autre choix,
14:42 je pense qu'il pourra l'utiliser.
14:45 Maintenant, il faut tout faire pour ne pas avoir à l'utiliser.
14:48 Parce que politiquement, effectivement,
14:50 c'est pas très heureux, j'allais dire, d'imposer cette réforme.
14:56 – Et socialement, est-ce que ça ne déclencherait pas,
14:58 ça ne radicaliserait pas le mouvement social ?
15:01 – Moi, j'observe que le mouvement social, il s'est exprimé,
15:05 je veux saluer le rôle, la responsabilité
15:09 dont on fait montre les syndicats, en particulier la CFDT.
15:13 Bon, derrière tout ça, on en a un peu parlé,
15:15 mais il y a la succession de M. Martinez à la CGT,
15:18 qui n'est pas pour rien dans tout ce qu'on a vécu ces dernières semaines,
15:24 dans les bagarres internes pour montrer ses muscles,
15:28 pour préparer la succession,
15:30 entre le syndicat des transports et de l'énergie,
15:33 et puis de l'autre côté, j'allais dire, le courant de M. Martinez.
15:37 Bon, je vois que le mouvement s'essouffle, malgré tout.
15:41 – Pour vous, il s'essouffle ?
15:42 – Oui, on l'a vu samedi.
15:45 – Pour vous, ce n'est pas temporaire, ces signes ?
15:46 – Je ne sais pas, ça, on verra mercredi.
15:48 Mais en tous les cas, on voit qu'il y a un certain essoufflement,
15:51 quand même, dans la revendication.
15:53 Et c'est la raison pour laquelle,
15:55 mais je l'avais déjà dit à votre micro,
15:56 je pense qu'il est important, derrière cette réforme,
16:00 d'avoir une conférence sociale,
16:02 parce qu'on a des textes un peu éparts,
16:05 réforme des retraites, indemnisation du chômage,
16:08 un texte travail au mois de mai,
16:10 des expérimentations par M. Attal sur la semaine de 4 jours,
16:14 la valeur partagée, etc.
16:18 – Vous demandez toujours cette grande conférence sociale ?
16:19 – Oui, oui, qui est, on parlait tout à l'heure de division.
16:22 – À quelle échéance ?
16:23 – Assez rapidement, il faut que le président de la République
16:25 prenne des initiatives, il le fait pour les institutions,
16:28 il pourrait le faire aussi au plan social.
16:31 La refondation dont on nous rebattait les oreilles,
16:34 on ne sait pas trop ce que c'est devenu,
16:35 il y a des réunions clandestines ici ou là,
16:37 on ne sait pas trop bien à quoi ça sert.
16:39 Il ferait mieux d'avoir une vraie discussion,
16:42 j'allais dire avec les syndicats, les représentants du patronat,
16:47 les élus territoriaux, pour la fonction publique,
16:50 pour dire, maintenant il y a une société post-Covid,
16:53 il faut réfléchir à tout ça, travaillons-y.
16:56 – Vous venez de saluer la responsabilité de Laurent Berger,
16:59 de la CFDT en particulier,
17:01 est-ce que vous pensez qu'il va sortir renforcé ou affaibli
17:05 de ses bras de fer avec le gouvernement ?
17:07 – Moi je pense qu'il est renforcé,
17:09 il est renforcé de toute façon, lui aussi il prépare sa succession.
17:15 Donc je pense qu'aujourd'hui à gauche,
17:19 c'est le seul leader social-démocrate.
17:22 – En tout cas, les manifestations s'essoufflent,
17:24 on l'a vu samedi, mais elles se poursuivent,
17:26 les coupures d'électricité, on a quelques cas dans nos régions,
17:29 les poubelles qui s'amoncèlent dans plusieurs rues de France,
17:31 dont celle de Paris,
17:33 quel message vous adressez à celles et ceux ce matin
17:35 qui maintiennent la pression sur le gouvernement,
17:37 qui ne veulent pas du changement de l'âge légal ?
17:40 – Le droit de grève est légitime, là où il ne l'est plus,
17:43 c'est quand la CGT s'approprie les moyens d'EDF
17:47 pour couper l'électricité à des parlementaires,
17:50 faire pression individuellement,
17:52 si on commence dans un pays à faire pression
17:55 sur ceux qui sont détenteurs d'un mandat parlementaire,
17:59 on va vers quelle société ?
18:01 C'est-à-dire que vous allez utiliser les informations que vous avez
18:03 à la Sécu, à l'EDF, à la SNCF, etc.
18:08 pour faire pression sur les gens.
18:11 Moi je veux saluer des collègues Olivier Sigoloti,
18:15 Laurent Duplon dans la Haute-Loire,
18:17 à qui on a coupé l'électricité individuellement en rompant,
18:21 j'allais dire frauduleusement, leur contrat.
18:24 On va où ?
18:26 – La CGT va trop loin.
18:27 – Ça va trop loin, ce n'est plus le droit de grève.
18:29 Que des gens refusent de, comment dire, enlever les poubelles,
18:35 ce n'est pas très heureux, mais bon, ils exercent un droit de grève.
18:37 Après c'est à la mairie de Paris de prendre ses responsabilités
18:40 et d'user du pouvoir de police du maire,
18:42 et de trouver des solutions.
18:44 Mais qu'on coupe l'électricité à tel ou tel, pour faire pression,
18:50 où on va, vous êtes journaliste,
18:51 vous parlez dans des micros tous les jours,
18:53 alors on va faire pression devant chez vous,
18:55 vous menacer, menacer votre famille pour dire
18:58 "si vous ne tenez pas cette ligne, vous allez voir ce que vous allez voir".
19:02 Et les enseignants vont faire pression sur je ne sais qui à l'école.
19:07 Voilà, on n'a pas le droit d'utiliser sa responsabilité
19:11 pour peser comme ça sur ceux qui doivent choisir.
19:14 – Vous pensez qu'il doit y avoir une réponse de leur part ?
19:16 – Je pense que…
19:17 – Même sur le plan judiciaire ?
19:18 – Oui, ils vont porter plainte.
19:20 – Vous les encouragez à porter plainte.
19:22 Est-ce que cette réforme des retraites et cette bataille sur la réforme des retraites
19:25 va avoir des conséquences sur les sénatorials à venir en septembre ?
19:28 – Écoutez, je ne sais pas, c'est loin septembre.
19:31 – C'est loin et en même temps c'est proche.
19:33 Vous redoutez-vous de perte des sénateurs ?
19:36 – Toujours, ce n'est pas une science exacte.
19:38 Je veux dire, d'abord, il y en a qui ne se représentent plus,
19:42 donc il y a des évolutions dans les départements.
19:45 Je ne crois pas qu'il y ait un mélange des gens…
19:49 Ça peut exister, personnellement, en réponse à votre question,
19:53 je ne crois pas, d'autant qu'encore une fois, c'est très loin septembre.
19:58 Souvenez-vous, il y a trois mois, ce qui se passait.
20:01 Je ne suis pas sûr que tout le monde s'en souvienne.
20:02 – Donc pour vous, ça ne jouera pas.
20:03 Vous serez candidat au renouvellement ?
20:07 – Vraisemblablement, vraisemblablement.
20:09 – Plutôt oui, c'est quand même dans pas très longtemps.
20:12 Et à la présidence du groupe, toujours ?
20:14 – D'abord, si j'étais…
20:16 1. Il faudrait que je sois candidat, 2. que je sois réélu,
20:18 3. que mes collègues acceptent de me renvier à ce rôle.
20:22 – L'envie est là, Hervé Marsquet. – L'envie est là, oui, c'est ça.
20:24 – Comment ? – L'envie est là.
20:26 – Pour l'instant, on a du travail, donc la question ne se pose pas,
20:30 on verra ça plus tard.
20:31 – Vous parliez de la réforme des institutions, on va terminer là-dessus.
20:34 Emmanuel Macron reçoit cet après-midi les associations d'élus,
20:37 pas l'Association des maires de France, puisque David Lyssenaert est absent.
20:41 Déjà, c'est un problème qu'il n'y ait pas à l'Association des maires de France.
20:43 L'Élysée a refusé que David Lyssenaert se fasse représenter.
20:47 [Bruit de coup de poing]
20:48 Tant pis pour lui.
20:49 – Oui, David Lyssenaert, il fait ce qu'il veut.
20:53 Je trouve bon, l'Élysée aurait pu accepter qu'il soit représenté.
20:57 Je pense que c'est un acte politique.
20:59 À l'évidence, il y a une forme de défiance, à dire "je ne viens pas".
21:03 Bon.
21:05 – Est-ce que, parce qu'on a des questions cet après-midi,
21:07 est-ce que vous êtes favorable à un redécoupage des régions, à nouveau ?
21:11 – Écoutez, je crois qu'on a déjà beaucoup jahuté le périmètre des régions.
21:18 M. Hollande a fait ça sur un coin de table.
21:21 À l'époque, je me souviens encore des titres,
21:23 on a gagné 50 milliards en redécoupant les régions.
21:27 Je pense que ça a coûté au moins 50 milliards.
21:29 – Donc on ne les a pas gagnés,
21:30 mais est-ce qu'il n'y a pas une opportunité à revoir éventuellement cette copie ?
21:34 – En tous les cas, ça se discute.
21:36 On voit bien que dans le Grand Est,
21:37 il y a un souci entre la région Alsace et puis le reste de la région.
21:43 On voit bien que l'Occitanie est une énorme région.
21:47 – Mais il faut redécouper,
21:48 car Carole Delga, la présidente de la région Occitanie
21:50 et présidente de la région France, elle ne veut pas de redécoupage.
21:52 – D'abord, il faut faire des études d'impact,
21:54 voir un peu, la Cour des comptes a commencé à travailler le sujet.
21:59 Il faut travailler à partir des études d'impact
22:01 pour vérifier ce qui était bon ou pas bon là-dedans.
22:04 Et puis avant de relancer des volontés de couper les périmètres,
22:11 il faut voir le dialogue,
22:12 parce qu'on ne change pas comme ça des régions du jour au lendemain.
22:17 – On suivra tout ça, on en reparlera avec vous.
22:19 Merci beaucoup Hervé Marseille d'avoir été notre invité.
22:22 Merci Fabrice.
22:23 Et on continue évidemment à parler de la réforme des retraites,
22:25 tout de suite dans le club.

Recommandée