La panique des marchés financiers à la suite de la faillite d'une banque de la Silicon Valley

  • l’année dernière
La banque américaine, "Silicon Valley Bank", a fait faillite. Cette banque finançait les projets des start-ups high tech de la Silicon Valley. Depuis 2008 et la crise des subprimes, aucune banque n'a fait faillite aux États-Unis. Mais pourquoi est-ce que les marchés financiers s'inquiètent? Les explications du journaliste économie de BFM Business, Frédéric Bianchi. 

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00:00 - Salut Fred, avec toi cet après-midi, on parle de ce vent de panique actuellement sur les banques de la planète tout entière
00:06 parce que depuis quelques jours, les valeurs boursières chutent lourdement, les autorités des grandes économies
00:10 comme Bruno Le Maire en France un peu plus tôt dans cette journée, tentent de rassurer les marchés.
00:15 Tout est parti d'une banque pourtant inconnue du grand public.
00:18 - Non, SVB, vous connaissez, Silicon Valley, banque, eh bien vous ne connaissez pas, les Américains non plus ne connaissent pas
00:23 parce que c'est que la 16e banque du pays, c'est loin d'être mastodonte comme Bank of America ou Morgan Stanley, la 16e banque.
00:33 Et pourtant, ça fait mauvais genre, une banque qui fait faillite, on n'avait plus vu ça aux Etats-Unis depuis 2008,
00:39 évidemment 2008 c'est des très mauvais souvenirs.
00:41 - Et cette panique, elle a commencé sur les réseaux sociaux.
00:43 - Oui, c'est parti de là, on se dit qu'est-ce que ça aurait été 2008 si on avait eu les réseaux sociaux ?
00:47 C'est parti de là parce que Silicon Valley Bank, c'est la banque de la Silicon Valley, elle finance des startups,
00:52 les grandes entreprises de la tech, fatalement les clients de cette entreprise, eh bien ils sont sur les réseaux sociaux.
00:58 Quant à eux, mercredi, il y a la rumeur selon laquelle la banque devait se recapitaliser,
01:02 c'est-à-dire émettre des actions pour faire entrer un petit peu d'argent, eh bien la rumeur a enflé sur les réseaux sociaux,
01:08 Twitter, Slack, Signal, WhatsApp, partout les clients de la banque se sont dit "ça y est, c'est la catastrophe, tout s'effondre, on est de retour".
01:15 En 2008, qu'est-ce qu'ont fait les clients de la banque ? Ils se sont précipités pour retirer leur fonds, de peur qu'ils disparaissent.
01:20 Résultat, ce sont 42 milliards de dollars qui ont tenté d'être récupérés en une journée.
01:25 Alors 42 milliards de dollars, je vais vous rappeler ce que c'était en 2008.
01:28 En 2008, le record, c'était Washington Mutual Bank, c'était 16 milliards de dollars qui avaient été tentés d'être retirés en 10 jours.
01:35 Là, 42 milliards en une seule journée, vous voyez le niveau de la panique.
01:37 Et pourquoi ça a pris une telle ampleur ?
01:38 Alors parce que les réseaux sociaux sont, on l'a dit, une terrible caisse de résonance,
01:43 ensuite parce que c'est la première banque à connaître des difficultés depuis 2008, à faire faillite, on l'a dit,
01:50 et puis surtout parce que, mine de rien, mi-bout à bout, ce n'est pas la première banque depuis le début de l'année qui a des difficultés.
01:55 Au début de l'année, il y a une banque encore moins connue, Silver Gate Bank, qui spécialisait dans les crypto-monnaies, qui a fait faillite.
02:01 Depuis, une autre banque, Signature Bank, a été fermée par le régulateur.
02:06 Eh bien voilà, les investisseurs se disent « bon, ben, il y a trois banques, ça commence à sentir très mauvais ».
02:11 Donc, eh bien, on vend les actions et les actions chutent.
02:13 Sauf qu'en réalité, il n'y a pas vraiment de raison de paniquer.
02:16 On va essayer de rassurer tout le monde.
02:17 Non, a priori, on n'est pas à l'aube d'une nouvelle crise des subprimes.
02:20 Alors, qu'est-ce qui se passe, en fait ?
02:22 Eh bien, ces banques sont victimes, finalement, des banques centrales, de la hausse des taux d'intérêt.
02:25 Alors, pour faire simple, l'argent de leurs déposants, ils les ont placés dans des bons au trésor, dans des obligations.
02:32 Or, ces obligations et ces bons au trésor, ils les ont achetés il y a six mois, il y a un an, il y a deux ans.
02:36 Eh bien, quand ils rapportaient beaucoup.
02:38 Sauf que depuis, les taux d'intérêt ont augmenté.
02:40 Eh bien, fatalement, les bons du trésor achetés il y a un an, ils rapportent moins parce que le taux d'intérêt était plus faible.
02:45 C'est ce qu'on appelle une dépréciation d'actifs.
02:47 Il y en a tout le temps, en permanence.
02:49 Ça n'a strictement rien à voir en 2008, où c'était des actifs financiers compliqués, basés sur des subprimes,
02:56 ce qu'on appelle des prêts obligatoires, des prêts hypothécaires pourris, parce qu'ils étaient insolvables.
03:01 Autre différence avec 2008, on a retenu les leçons de 2008, c'est que les banques doivent avoir beaucoup plus de fonds propres.
03:07 C'est la loi qui les y autorise.
03:09 Globalement, en 2008, quand elles prêtaient 100, elles devaient avoir 8 dans les caisses.
03:12 Aujourd'hui, quand elles prêtent 100, elles ont généralement 15, 20 ou même davantage, donc moins de risques.
03:17 Ensuite, les États-Unis, à la différence de 2008, ils n'ont pas laissé faire.
03:20 Ils ont frappé fort.
03:21 Ils ont dit aux déposants « On va garantir votre argent, vous le récupérez, ne paniquez pas ».
03:28 Malgré tout, les marchés continuent à être nerveux.
03:30 On le voit aujourd'hui.
03:30 Toutes les valeurs bancaires chutent fortement, parce qu'on a vu un chiffre quand même.
03:34 Les banques européennes détiennent 3 000 milliards d'euros d'obligations sur les 27 500 milliards qu'elles détiennent,
03:40 c'est-à-dire 11 % de leur bilan.
03:42 S'il y a des dépréciations de l'actif, oui, il va y avoir des pertes.
03:44 Ce ne sera pas la crise de 2008, mais elles vont peut-être un petit peu devoir se serrer la ceinture.
03:48 Merci.

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