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SportTranscription
00:00 Et on ouvre cette émission ce soir avec un hommage appuyé à un athlète américain
00:04 qui a révolutionné le saut en hauteur, Dick Fosbury.
00:08 C'était un dimanche à 76 ans et Jean-Claude Perrin est avec nous.
00:12 Bonsoir Jean-Claude !
00:14 Oui, bonsoir Céline, bonsoir à tous !
00:16 Coach Perrin, bien sûr incontournable ce soir.
00:19 Pour revenir évidemment sur la carrière de cet athlète incroyable,
00:23 son saut légendaire aux Jeux de Mexico en 68,
00:26 évidemment à tout jamais gravé dans la mémoire collective de tout,
00:29 les passionnés de sport et d'athlétisme.
00:32 Vous l'avez bien connu vous, Coach Perrin, Dick Fosbury.
00:35 Je l'ai rencontré, je l'ai vu sauter,
00:38 mais il faut voir le contexte dans lequel il était.
00:41 Racontez-nous !
00:42 À Mexico, en 68, ce sont les Jeux du siècle.
00:48 À partir de cette date, que ce soit pour le saut en hauteur
00:52 ou pour de nombreux records qui ont tenu une cinquantaine d'années,
00:56 rien ne sera plus jamais comme avant.
00:59 Ce sont des Jeux de la cloire et des larmes.
01:03 Ce sont des champions du siècle.
01:07 Un homme, Dick Fosbury, qui est décédé hier,
01:13 a révolutionné le saut en hauteur.
01:16 Et non seulement il a gagné avec 2.24 le concours aux Jeux,
01:21 mais également, et c'est rare, c'est rarissime,
01:26 son style porte son nom.
01:29 Il a ouvert les cours d'école, les préaux,
01:33 tout le monde, derrière son saut à la télé,
01:37 voulait sauter comme lui.
01:39 C'est un homme qui nous a beaucoup apporté.
01:41 - Quelle idée quand même, Jean-Claude Perrin,
01:43 quand on y pense, de sauter à l'envers.
01:45 À l'époque, on peut le dire, sa méthode surprend, dérange presque,
01:50 parce que tourner le dos finalement aux normes, aux consignes,
01:53 c'était quand même culotté, même si ce n'était pas le premier.
01:56 - Non, ce n'est pas le premier, on a déjà de nombreuses histoires
02:00 où on avait vu des gens qui s'essayaient
02:04 à partir du ciseau costal, on en a eu le dernier en date,
02:11 étant un Français, Pierre Lefden.
02:13 Mais on n'avait pas le matériel, les matériaux,
02:18 retomber sur le dos, même quand on envoyait certains
02:24 au cirque d'hiver à Paris, sur des matelas de paille,
02:30 le sable n'était pas confortable.
02:33 Donc tout cet ensemble-là a fait que,
02:37 Dick, lui, il a rassemblé tous ces éléments fondamentaux
02:43 du ciseau et du retournement intérieur,
02:46 et puis il a attaqué la barre de face,
02:51 avec un angle très fermé, avec une très grande vitesse de décollage,
02:56 avec un pied d'appel qui était très éloigné de la barre,
03:00 et il attaquait sur le dos, et au lieu d'enrouler la barre
03:07 autour de la poitrine, il l'enroulait autour du dos.
03:11 C'était une attraction fabuleuse.
03:14 Les gens étaient émerveillés dans le stade,
03:17 les gens riaient, ils avaient l'impression
03:21 qu'ils devaient mélanger l'athlétisme avec un show de cirque.
03:26 - C'était vraiment ça.
03:28 D'ailleurs ces Jeux de Mexico en 68 étaient absolument spectaculaires
03:33 et révolutionnaires, puisqu'on va le rappeler,
03:35 lors de ces mêmes Jeux, il y a eu un premier coureur,
03:38 un premier homme, qui est passé sous les 10 secondes au 100 mètres, Jean-Claude.
03:41 - Oui, non seulement on matchait,
03:45 le stade était pratiquement à 10 mètres près, à 2300 mètres,
03:51 l'atmosphère est favorable pour se déplacer vite,
03:56 et puis des chronos formidables.
03:59 - Bob Bimone !
04:00 - Pardon ?
04:01 - Il y a eu Bob Bimone aussi.
04:03 - Ah ben oui !
04:04 On a eu Bob Bimone qui a fait un saut avec un record et une élevation.
04:14 C'était un temps où on gagnait en général 1 cm dans les championnats par an,
04:20 on faisait 8,35, c'était grandissime pour les records,
04:25 et lui tout d'un coup il a mis au record du monde 50 cm.
04:29 Alors, Faussebury s'est placé, lui, dans ce temps-là,
04:35 le temps de la défiance, le temps d'une révolution.
04:43 Ce qui est formidable surtout, c'est l'appel qu'il a fait pour les entraîneurs,
04:50 pour le monde entier de l'athlétisme, il a beaucoup apporté.
04:54 Et surtout, les quelques fois que je l'ai rencontré, il parlait de son concours, bien sûr.
05:04 Jusqu'à 2m22, il a passé toutes les barres au premier essai, ça se fait pas comme ça.
05:11 Et la barre record pour gagner le titre, de 24 au 3ème,
05:17 c'était en plus d'un grand sauteur, 1m73, 1m93.
05:26 C'était un type qui était très fort mentalement.
05:32 Il était très fort mentalement, Céline. Je vais te dire pourquoi.
05:36 Parce que quand il était au début de sa carrière, qu'il faisait 1m80,
05:43 il tâtonnait, il passait sur le dos, il décollait, tout le monde rigolait de lui.
05:50 Jusqu'au jour où, on l'a vu, en 67, il a fait 5ème des championnats universitaires des États-Unis.
05:59 On s'est dit, c'est curieux, voilà un type, il faudrait quand même qu'on jette un coup d'œil.
06:06 Après, il a gagné les meetings en salle dans l'hiver, et puis il a gagné les sélections américaines.
06:15 Ça se fait pas comme ça. Et ma foi, il a fait son show, au début, dans l'inconnu.
06:26 Les gars regardaient les grandes vedettes, du 100, du 200, du 400,
06:31 mais personne ne prêtait attention à lui.
06:35 Et quand il a fait son premier essai, les gens se sont levés.
06:40 Ils ont agité les drapeaux et tout. C'était stupéfiant.
06:47 - Alors 20h14, on est sur Europe 1, bien sûr, Europe 1 Sport, jusqu'à 23h.
06:51 On suit ce soir ce match de Ligue des champions, 8ème de finale,
06:54 retour entre Manchester City et Leipzig, coup d'envoi à 21h.
06:57 En attendant, on est avec Jean-Claude Perrin, Coach Perrin, pour parler de la disparition d'une légende.
07:02 Dick Fosbury, champion olympique au saut en hauteur en 68 à Mexico, avec ce bond à 2m24.
07:09 Il a même tenté 2m29, il a échoué, mais vous avez raison Coach Perrin, quand vous dites qu'il a laissé une trace,
07:16 puisque comme on a la Panenka au football, la pirouette Billman ou l'accès au patinage,
07:22 désormais le Fosbury, voilà, c'est un délébile, cette trace est un délébile.
07:26 - Les noms que vous citez, je ne veux pas les mépriser, mais ça n'a rien à voir.
07:32 - C'est-à-dire ?
07:33 - Ça n'a rien à voir. Il a créé quelque chose d'universel.
07:36 Il a créé quelque chose d'universel qui se déplace à la vitesse de la lumière dans les écoles.
07:43 Tous les gamins voulaient faire du saut en tombant sur le dos.
07:47 C'était facilité par les matelas en mousse, mais l'évolution a été là.
07:55 Elle a été dans les performances et puis surtout dans le développement de ce sport.
08:03 Ça nous a fait un bien énorme.
08:05 On pensait que les filles auraient du mal à s'adapter.
08:11 Quand j'étais au racing, on rigolait quand les filles essayaient.
08:15 Et très rapidement, elles se sont parfaitement adaptées à ce mouvement.
08:19 Alors on disait, elles n'ont pas assez de vitesse au décollage, elles n'ont pas assez de puissance.
08:25 Oh, salope !
08:27 Grosse théorie des techniciens !
08:29 Ils n'en étaient rien, les filles ont été parfaites.
08:32 Et surtout, ce qui est rigolo, c'est que quand Dick Fosbury passe cette barre à 2m24 avec ce saut révolutionnaire sur le dos,
08:39 pour la première fois, alors que vous l'avez dit, au départ on était sur des sauts qu'on passait soit avec un ciseau ou en roulant ventral,
08:48 et bien les journalistes à l'époque ont dit, Dick Fosbury avec son Fosbury Flop,
08:53 c'est le sauteur en hauteur le plus feignant du monde, parce qu'il arrive sur le dos et il donnait cette impression de s'endormir.
08:59 C'était très imagé et très romantique.
09:01 On ne l'a jamais vu à l'entraînement, c'était un type qui sautait avec un seul pied des Aids 110,
09:10 qui font 1m9, c'est un type qui avait une détente verticale, qui s'entraînait beaucoup,
09:17 il s'entraînait beaucoup sur les escaliers, maintenant ça s'appelle des "steps", évidemment on ne peut pas utiliser le mot "escalier", c'est trop banal !
09:27 Il nous faut un mot d'essence américaine !
09:30 - Mais vous êtes vous aussi incontournable et spectaculaire, coach Perrin, pour nous parler de Dick Fosbury.
09:40 Merci beaucoup en tout cas, on était ravis de vous avoir ce soir.
09:44 - On n'oubliera pas Mexico, Mexico on n'oubliera pas Colette Besson.
09:51 - Bien sûr, bien sûr, à son apogée aussi, à 68.
09:55 Merci beaucoup Jean-Claude Perrin pour cet hommage à Dick Fosbury qui nous a donc quitté dimanche à l'âge de 76 ans.
10:02 Et on se retrouve très bientôt évidemment pour de nouvelles aventures,
10:05 puisqu'avec le printemps la saison d'Atlé va revenir pour illuminer nos week-ends.
10:09 A bientôt coach !