Impulsions révolutionnaires en Iran : «C'est aussi une histoire de vie ou de mort »

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Hirbod Dehghani-Azar, avocat, répond aux questions de Dimitri Pavlenko.
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Transcript
00:00 7h, 9h, Europe 1 Matin.
00:03 Il est 7h12 sur Europe 1. Dimitri Pavlenko, ce matin vous recevez l'avocat franco-iranien Hirbot Deghaniazar.
00:11 Bonjour maître, bienvenue sur Europe 1.
00:13 Bonjour.
00:13 Vous êtes Hirbot Deghaniazar, avocat au bord de Paris, ancien membre du Conseil de l'Ordre,
00:18 mais c'est vers l'Iran que vous pensez votre action, son tournée en ce moment.
00:21 Le pays est secoué depuis septembre dernier par une onde révolutionnaire
00:25 que le régime tente de mater par tous les moyens mais sans succès à ce stade.
00:30 Peut-être première question Hirbot Deghaniazar,
00:33 quelles sont les nouvelles chaudes que vous avez de ce qui se passe en Iran ces dernières heures ?
00:37 Bonjour et merci de me laisser ce temps de parole.
00:40 Alors les nouvelles sont chaudes justement.
00:42 Dans l'actualité, vous savez on est à quelques jours du nouvel an iranien, le Nowrouz,
00:47 qui se fête au premier jour du printemps.
00:49 Et traditionnellement, sept jours avant, le dernier mardi soir,
00:53 vous avez la fête du feu, d'où la chaleur.
00:56 Et pour la fête du feu, c'est un feu qui va purifier le corps.
01:00 On jette ce qu'on avait l'année dernière, on oublie ses problèmes, on se purifie.
01:06 C'est une fête zoroastrienne, donc pré-islamique, qui existe et qui est résiliente
01:12 parce qu'on a essayé à plusieurs reprises de l'annuler.
01:15 Et depuis trois jours, il y a des grèves,
01:18 il y a surtout beaucoup de personnes qui se retrouvent dans la rue le soir
01:22 à jeter leur voile, de femmes qui jettent leur voile dans le feu.
01:25 - La tradition et prétexte à...
01:28 - C'est un détournement du Chorchambesouri,
01:30 donc de ce dernier mercredi avant le nouvel an.
01:34 Détournement complet, vous avez des images de colonnes militaires
01:38 qui vont vers le Kurdistan et le Badchessan
01:40 parce qu'ils ont vraiment peur que ça s'embrase là-bas.
01:42 Et ces colonnes, y compris, prennent des pétards,
01:45 prennent des projectiles et ils continuent.
01:49 Donc il y a un vrai mouvement.
01:51 Ça fait déjà quelques semaines qu'il y avait des appels,
01:53 des tags spontanés par des messages dans les métros
01:56 de rassemblement, de personnes qui disaient
01:59 le Chorchambesouri va être le feu de la révolution.
02:04 - Alors c'est vrai qu'il y avait cet appel, ce souhait en Iran
02:08 qu'on continue à parler du pays, des événements,
02:11 de ce qui se passe là-bas, qu'on n'oublie pas les Iraniens.
02:14 Et alors le fait est que l'actualité est en ce qu'elle est,
02:18 une actualité chasse l'autre, on en parle moins,
02:20 et malgré tout, vous nous dites ce matin que les Iraniens
02:22 eux n'abandonnent pas, ils sont toujours dans
02:24 cette impulsion révolutionnaire.
02:26 - C'est aussi une histoire de vie de mort.
02:28 Quand vous connaissez les chiffres, vous savez que
02:30 si les gens se taisent, si on n'a pas l'information,
02:33 aujourd'hui l'arme absolue c'est le téléphone portable,
02:35 c'est les VPN qu'on peut fournir pour que les gens
02:38 nous donnent les informations.
02:40 Donc oui, on n'en parle peut-être pas assez dans la presse,
02:43 dans les médias, même si c'est pas vrai, vraiment,
02:45 je vous remercie d'être là, on nous entend beaucoup plus
02:47 lors des derniers événements, parce que c'est pas
02:49 la première fois, mais
02:51 il se passe des choses tous les jours,
02:54 mais par résilience, les choses ont changé de forme.
02:56 Il y a des mutilations, il y a vraiment des...
02:59 une répression très sanglante, très dure,
03:02 donc les gens se sont organisés différemment,
03:04 c'est peut-être moins visuel aussi,
03:06 c'est-à-dire que ça se passe dans le métro, les gens se regroupent,
03:08 ça se passe par des affiches, ça se passe par des messages,
03:11 ça se passe par des poèmes.
03:13 - Alors je vous ai présenté comme chasseur de molas,
03:16 "Maitre Botte dégagne Hazard", c'est peut-être un brin excessif,
03:18 mais enfin, on saisit l'image,
03:20 puisque vous travaillez pour le compte
03:22 de deux collectifs, "Iron Justice"
03:24 et "Azadie for Iron",
03:26 quel est votre but et surtout comment vous travaillez,
03:28 puisque c'est un travail de collecte de preuves,
03:30 finalement, que vous effectuez.
03:32 - Alors on travaille... il y a une genèse intéressante,
03:35 c'est-à-dire que dès que ces événements sont intervenus,
03:37 ce qu'on a appelé au début une révolte, après un mouvement révolutionnaire,
03:40 et maintenant, je vous remercie, vous parlez de révolution,
03:42 mais ça viendra historiquement après,
03:44 c'est-à-dire qu'une fois qu'on aura été jusqu'au bout,
03:46 on dirait que c'est une révolution.
03:48 Des juristes que nous sommes,
03:50 on s'est posé la question,
03:52 alors moi j'étais déjà dans un collectif "Azadie for Iron",
03:55 où nous écrivions, nous sensibilisions les gens,
03:57 en faisant des tribunes, d'ailleurs,
03:59 je vous parlerai d'une tribune à la fin,
04:01 si vous me laissez une seconde, des tribunes, des pétitions,
04:03 pour garder l'attention sur ce qui se passe,
04:05 et puis un autre collectif s'est aussi créé
04:07 à partir de regroupements d'avocats,
04:09 de juristes, traducteurs, communicants,
04:11 pour là, ne pas laisser dans l'oubli ce qui se passe.
04:15 Aujourd'hui, on travaille pour l'avenir,
04:17 on travaille pour le présent et l'avenir.
04:19 - Il faut dire que l'Iran c'est une vaste diaspora aussi.
04:21 - C'est ça, c'est le rassemblement,
04:23 alors ces deux collectifs,
04:25 ces deux collectifs par rapport à
04:27 un pléthore de collectifs,
04:29 une nuage, je sais pas,
04:31 il y a des collectifs partout maintenant,
04:33 qui commencent à travailler ensemble.
04:35 Nous travaillons nous, par exemple, beaucoup avec des collectifs canadiens, américains.
04:37 - Alors quel but poursuivez-vous justement, avec ces collectifs ?
04:39 - Il y a trois actions.
04:41 On inventorie les exactions,
04:43 on ramasse les preuves,
04:45 on crée des bases de données,
04:47 on recense, on devient des
04:49 récipiendaires d'informations
04:51 qu'on nous envoie d'Iran.
04:53 Deuxième action, on va qualifier juridiquement
04:55 ces inactions et ces exactions.
04:57 - C'est le même travail que l'on voit par exemple en Ukraine actuellement aussi ?
04:59 - Oui, oui, c'est le même travail, exactement,
05:01 c'est le même travail. On a un travail de traduction,
05:03 parce que beaucoup de choses passent sur les fils des réseaux sociaux
05:05 en langue personne,
05:07 on a un travail de traduction,
05:09 on doit aussi crédibiliser l'information,
05:11 parce qu'il y a aussi beaucoup de désinformation,
05:13 et on s'assure, parce qu'on a nos relais à l'intérieur,
05:15 on s'assure que ce qui est dit est réel.
05:17 Moi je travaille depuis un certain nombre d'années déjà,
05:19 en étant ancien membre du Conseil de l'Ordre
05:21 et membre du Conseil National des barreaux,
05:23 avec des confrères iraniens
05:25 qui essayent de se battre pour les libertés individuelles.
05:27 - Maître, vous êtes aussi très inquiet
05:29 pour l'un de vos confrères iraniens,
05:31 qui est avocat comme vous,
05:33 qui est avocat comme vous,
05:35 qui est avocat comme vous,
05:37 la situation de votre profession en Iran est extrêmement difficile,
05:39 la situation de votre profession en Iran est extrêmement difficile,
05:41 parlez-nous de lui, de cet ami qui est le vôtre,
05:43 parlez-nous de lui, de cet ami qui est le vôtre,
05:45 avec qui vous échangez ?
05:47 - Alors, non, lui on n'échange pas, ça fait depuis 5 ans qu'il est en prison,
05:49 et aujourd'hui, si je me permets
05:51 d'attirer votre attention sur ce cas,
05:53 c'est parce que sa vie ne tient plus qu'à un fil,
05:55 réellement.
05:57 - Comment s'appelle-t-il d'abord ?
05:59 - Alors il s'appelle Mohamed Najafi,
06:01 c'est un avocat militant pacifiste des droits de l'homme,
06:03 qui en ce moment se bat pour que les droits soient respectés en Iran,
06:05 parce qu'il y a des droits qui sont reconnus
06:07 dans la constitution, qui ne sont même pas respectés en Iran.
06:09 Et parmi ces droits,
06:11 il y a des droits pour les femmes.
06:13 Et Najafi est en Iran
06:15 depuis une quinzaine d'années, c'est un intermittent
06:17 de prison, il est en prison depuis une quinzaine d'années,
06:19 et là depuis 5 ans,
06:21 il est en prison du fait de 5
06:23 inculpations, très graves,
06:25 mais qui ne sont liées qu'à son
06:27 activité d'avocat.
06:29 Depuis le début de ce mouvement révolutionnaire,
06:31 il a été inculpé pour de nouveaux faits.
06:33 Aujourd'hui il est malade,
06:35 puisqu'il a eu
06:37 une crise cardiaque en prison,
06:39 il a du diabète, il a des problèmes de cœur,
06:41 il a des problèmes de rein,
06:43 il n'a plus de soins,
06:45 nous sommes aujourd'hui même au 43ème jour
06:47 d'une grève de la faim. Il a commencé
06:49 la grève de la faim le 1er février en disant,
06:51 parce qu'il s'attaquait à sa famille et à ses avocats.
06:53 Ils l'ont mis à l'isolement total,
06:55 et on n'a plus aucune nouvelle.
06:57 C'est-à-dire qu'on se retrouve dans une situation
06:59 où on sait que ce confrère est en danger
07:01 imminent, on lui refuse les soins.
07:03 Et c'est pour ça qu'à partir d'aujourd'hui on lance des
07:05 initiatives, et vraiment j'en profite
07:07 pour le faire ici, il y a une grande pétition
07:09 pour rappeler à sortir
07:11 ce confrère de prison, et lui donner
07:13 des soins. Il y a en même temps 50 journalistes
07:15 en prison. - C'est ce que j'allais vous dire, c'est un cas
07:17 particulier, mais il y en a tant d'autres. En tout cas merci
07:19 d'être venu nous voir ce matin sur "Europe 1 Airbods"
07:21 d'Egan Niazar. On lira dans "Elle" de cette
07:23 semaine un grand papier qui est consacré à vous,
07:25 à votre sœur, également à votre combat,
07:27 votre famille, votre action.
07:29 Papier absolument passionnant. Merci
07:31 d'être venu nous voir ce matin sur "Europe 1 Airbods"
07:33 d'Egan Niazar. Bonne journée à vous.

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