7 MINUTES POUR COMPRENDRE - Réforme des retraites: le moment de vérité

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Ce mercredi est la 8e journée de mobilisation nationale contre la réforme des retraites. Dans le même temps, 7 députés et 7 sénateurs se réunissent à partir de 9h en commission mixte paritaire, avec pour objectif de proposer un texte commun. 
Transcript
00:00 8h18, retour sur le plateau de première édition, le 7 minutes pour comprendre pourquoi cette journée c'est l'heure de vérité pour la réforme des retraites.
00:06 On en parle avec Bernard Sananès, le président de l'Institut Elabe et le nouveau sondage de ce matin.
00:15 Laurent Neumann continue de nous accompagner et nos reporters mobilisés sur le terrain sur les piquets de grève.
00:21 Ashley Chevalier est par exemple ce matin avec les éboueurs de Nantes parce qu'il n'y a pas qu'à Paris que les éboueurs font grève, il y a aussi
00:28 notamment à Nantes. Ashley Chevalier, vous êtes aux abords d'un dépôt des éboueurs de Nantes.
00:35 Quelle est l'ambiance ce matin au début de cette huitième journée de mobilisation contre la réforme ?
00:40 Ils disent qu'ils sont motivés et garantissent le blocage jusqu'à au moins
00:46 vendredi. Ça fait quand même deux mois que vous êtes mobilisés contre la réforme des retraites, vous avez le moral ce matin ?
00:52 Entièrement, on est hyper motivés. Tout Nantes Métropole est bloqué, ça prouve aussi notre détermination.
01:00 On a un peu le sentiment que ce qui se passe aujourd'hui, en cette fin de semaine, c'est un peu un barreau de donneurs.
01:05 Ce n'est pas mon impression. On est tous hyper motivés, mais nous on va continuer de toute manière, ça c'est sûr et certain, demain jusqu'à vendredi.
01:14 Même si la loi est votée demain ou qu'elle passe en 49.3, vous allez continuer ?
01:20 Encore plus si elle passe demain.
01:22 Mais financièrement vous tenez ? Vous tenez comment ?
01:25 On tient comment ? Nous on a été intelligents, on a fait des débrayages, donc on ne perd pas notre journée.
01:29 On peut encore allonger, il n'y a pas de problème pour nous.
01:32 J'ai le sentiment aussi que vous attendez de voir ce que font les autres. On me dit qu'on attend de voir ce que font les raffineries. Pourquoi ?
01:37 On s'attend tous un petit peu comme ça, de toute manière.
01:40 Mais nous je sais que notre motivation, on sait qu'on a une importance au niveau de la collecte, au niveau des trituis, tout ça.
01:47 Donc on sait qu'on peut taper fort. Il faut montrer à l'Etat qu'on peut répondre.
01:52 En attendant, ça fait plus d'une semaine maintenant que les ordures ne sont pas ramassées dans le centre-ville de Nantes.
01:56 La municipalité demande aux habitants de garder leurs ordures à l'intérieur s'ils le peuvent.
02:00 Cédric Fech, le reporter de première édition, accompagne lui depuis tôt ce matin une enseignante en grève, militante de la CGT, à Coulomiers, qui s'est en Seine-et-Marne.
02:09 Est-ce qu'elle croit encore, Cédric, en la possibilité de faire bouger les choses avant le vote ou le recours au 49.3 ?
02:16 - Voici en haut. - Ouais.
02:18 - Là, donc ça... - On va lui demander, là. Vous voyez, on a quitté son domicile. On est à l'union locale de la CGT à Coulomiers.
02:25 Atelier, sandwich. Vous faites des sandwiches pour combien de personnes, là ?
02:29 - Eh ben en fait, on fait des sandwiches pour les militants. Donc il y a un départ en quart de 60 personnes, plus des gens qui nous rejoignent sur Paris.
02:37 Donc voilà, à peu près une centaine de personnes.
02:39 - Vous sentez comment la mobilisation, là ? Parce que... Est-ce que vous sentez que ça s'essouffle, compte tenu du fait que la loi va certainement être votée ou passée au 49.3 ?
02:47 Vous sentez que les gens restent mobilisés ou c'est un peu difficile de les... ?
02:50 - Non, non, non, ça s'essouffle pas, en fait. Le problème, c'est que là, on est à la... - Vous dites ça pour de vrai ou... ?
02:54 - Non, mais on est à la 8e mobilisation. Donc forcément, il y a un peu... Voilà, il y a des problèmes de salaire, etc. Mais les gens sont toujours aussi motivés.
03:02 Et si ça passe en force ou à une courte majorité, je pense que ça va être très compliqué, après, parce que les gens vont vraiment être en colère.
03:11 - Mais ça sert encore à quelque chose de manifester. Vous pensez vraiment que vous pouvez empêcher la loi de passer ?
03:15 - Ah mais évidemment que ça sert de manifester. Et puis plus on sera dans la rue et plus on montrera notre force. C'est pas le tout de dire "Ah, c'est bien que les gens manifestent".
03:22 Il faut aussi que tout le monde manifeste, en fait. Il faut que toutes les personnes se sentent concernées par cette retraite.
03:26 - On se retrouve dans une heure, parce qu'il y a un car qui va arriver avec environ 60 personnes pour rejoindre la manif de Paris.
03:32 - Merci Cédric. C'est pas le tout de soutenir le mouvement. Il faut aller manifester.
03:38 "Ça dit tout", cette phrase de cette militante CGT, Bernard Sananès. Nouveau sondage Elabe BFM TV, très instructif ce matin sur le soutien à la mobilisation contre la réforme des retraites, qui ne faiblit pas.
03:49 - Oui, le process parlementaire avance, les manifs s'effilochent un peu, on l'a vu samedi et mercredi dernier. Mais l'approbation de la mobilisation, elle, vous avez raison, ne faiblit pas.
03:58 Elle progresse même pour assembler maintenant deux tiers des Français, 80% des ouvriers et des employés.
04:03 Et ce qui est frappant, c'est que ce chiffre n'a pas reculé depuis deux mois, il a même progressé en sept points.
04:08 J'ai ressorti les archives au moment de la dernière réforme, la réforme Philippe de 2019-2020. En trois mois, le chiffre d'approbation de la mobilisation avait reculé de 18 points.
04:17 - C'est étonnant ce chiffre, parce que le soutien progresse, mais en même temps, dans le fond et dans le ton des uns et des autres, on a l'impression quand même que ça se fatigue.
04:28 - Oui, alors ça se fatigue et ça se voit en termes de mobilisation, ça se voit en termes de taux de grévistes, notamment dans les bastions.
04:35 Mais on voit bien en même temps que la mobilisation, elle, continue absolument. On s'y attendait, très honnêtement.
04:42 On savait qu'au bout du bout de ce marathon social, à la fin, qui serait en grève ? Les transports, les éboueurs, les raffineries.
04:50 - Mais c'était vraiment le plan que les éboueurs se mettent en grève comme ça au bout de cette journée de mobilisation ?
04:54 - Oui, absolument, et c'est même une opération concertée, parce que ça ne vous a pas échappé. Les éboueurs sont en grève, mais les centres d'incinération aussi.
05:03 Ce ne sont pas des éboueurs, ce sont des électriciens gaziers, qui eux sont en lutte contre la réforme des régimes spéciaux.
05:10 Et ils se sont mis d'accord pour faire grève au même moment, avec les effets que l'on connaît.
05:14 D'ailleurs, la note du renseignement s'inquiète de ce que les syndicats appellent des "manifactions".
05:21 Des actions plus dures, plus radicales, peut-être même, disent-ils, contre des élus. On va voir ce qui va se passer aujourd'hui.
05:28 Mais on voit bien, et c'est une petite phrase qui revient dans la bouche de tous les leaders syndicaux, que doit-on faire pour être entendu ?
05:35 On a manifesté calmement, et maintenant, que faut-il faire pour être entendu ?
05:39 - La réforme sera non seulement votée, mais aussi, évidemment, appliquée.
05:49 - Oui, comme on vient de le dire, ce n'est pas un souhait, c'est un pronostic.
05:52 Les Français se disent qu'à la fin, l'exécutif a les moyens de gagner, qu'il a les outils parlementaires pour faire passer son texte.
05:58 Et par ailleurs, ils constatent que le pays n'est pas bloqué.
06:00 C'est incontestablement cette conviction que le texte sera voté, qui explique en grande partie, avec les difficultés financières liées à la grève,
06:07 que la mobilisation, qui est très élevée, mais qu'elle ne se soit pas transformée en raz-de-marée.
06:11 - 8 Français sur 10 se disent, par ailleurs, opposés à l'utilisation du 49-3 pour faire passer la réforme.
06:17 Adoption de la réforme sans vote ?
06:19 - Oui, alors, c'est toujours le cas quand on sonde sur le 49-3.
06:22 Mais là, on a des proportions très élevées.
06:24 8 Français sur 10, vous l'avez dit, et surtout, parce que ça, c'est une signification politique très importante,
06:28 plus d'un électeur d'Emmanuel Macron du premier tour, le socle électoral du président de la République,
06:33 un électeur sur 2, 56%, se dit opposé à l'utilisation du 49-3.
06:38 Alors, on est rejeté massif, d'abord parce que le texte des retraites est important, plus important qu'un autre texte,
06:44 et deuxièmement parce que, d'habitude, le 49-3 est utilisé pour mettre au pas des majorités récalcitrantes, vous vous souvenez des Fondeurs.
06:50 Là, le 49-3 serait utilisé pour cacher le fait qu'il n'y a pas de majorité absolue à l'Assemblée.
06:55 Donc, l'utilisation du 49-3 pourrait potentiellement redonner de l'oxygène à la mobilisation.
06:59 - Et perçue comme une provocation ?
07:01 - Ah oui, clairement, d'ailleurs, là aussi, tous les leaders syndicaux le disent, y compris les plus modérés, les plus réformistes,
07:08 je pense à Laurent Berger, si cette loi devait être adoptée par le 49-3, alors les mobilisations continueraient, ça ne fait aucun doute.
07:17 D'ailleurs, certains syndicats disent que même si la loi est votée sans 49-3, ils continueront.
07:22 Mais on voit bien que ce 49-3 pourrait mettre du carburant dans le moteur de la mobilisation.
07:26 - Laurent Berger qui est l'invité d'Apolline de Malherbe, dans 5 minutes, il y a le compteur BFM aussi.
07:30 On continue de compter les voix favorables à cette réforme des retraites et le compte n'y est pas.
07:34 Ce matin, 222 députés sont pour l'instant certains de voter la réforme.
07:39 - Oui, et selon les calculs du service politique de BFM TV, en gros, il y a une fourchette.
07:44 Hypothèse basse, 260 députés pour la voter, hypothèse haute, 285.
07:50 Il faut être très clair, à 285, ça passe, à 260, ça ne passe pas.
07:55 C'est quoi la différence entre les deux ?
07:57 C'est ceux qui, opposés à la réforme des retraites à l'Assemblée, vont ou voter contre ou s'abstenir.
08:03 C'est très facile à comprendre.
08:05 Plus il y a d'abstention, plus le niveau de la majorité absolue pour faire voter la loi s'abaisse.
08:11 Et plus il s'abaisse, plus le gouvernement a une chance de faire voter cette loi.
08:14 Et tout le débat aujourd'hui va être de convaincre DLR, non pas peut-être de voter pour la loi,
08:20 mais de ne pas voter contre, de s'abstenir pour faire baisser ce niveau de majorité.
08:25 Vote au 49-3 Bernard, pour 6 Français sur 10, la mobilisation doit se poursuivre.
08:30 Oui, alors on l'a vu, ce sera quand même difficile, parce que si le texte est adopté,
08:34 ça marque quelque chose dans l'opinion, y compris vers ceux qui sont les plus engagés dans la mobilisation.
08:38 Comment revenir sur un texte déjà voté ?
08:40 Mais on le voit, il y a l'idée que ça laissera des traces.
08:43 Et donc le nouveau combat sans doute des syndicats, on le voit également dans l'enquête,
08:46 ce sera la demande d'un référendum.
08:48 Les trois quarts des Français y seraient favorables.
08:51 49-3 plus demande d'un référendum, ça pourrait être la nouvelle forme de mobilisation,
08:55 qui sinon risquerait de s'affaiblir.
08:57 Et d'ailleurs, des élus de la NUPES ont pris cette idée au mot.
09:01 Ils s'apprêtent à déposer un référendum d'initiative partagée.
09:05 180 parlementaires, députés et sénateurs, pour demander au Conseil constitutionnel d'ouvrir cette procédure.
09:12 Et là, on ferait appel aux électeurs.
09:14 Il faudrait que 10% du corps électoral, donc environ 4 millions, 4 millions et demi d'électeurs,
09:19 signent pour ce référendum dans les 9 mois qui viennent.
09:23 Ça aurait un effet, c'est que ça permettrait de suspendre l'application de la loi
09:27 qui devait normalement entrer en vigueur le 1er septembre.
09:31 Merci à tous. Les 7 minutes sont écoulées.
09:34 Journée spéciale sur BFMTV pour suivre donc cet huitième acte de la mobilisation contre la réforme des retraites.
09:40 On suivra notamment les réquisitions des boueurs à Paris,
09:43 ordonnées hier soir par Gérald Darmanin à la mairie de Paris.

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