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Chaque jour, Bruno Donnet regarde la télévision, écoute la radio et scrute les journaux ainsi que les réseaux sociaux pour livrer ses téléscopages. Ce vendredi, il s'intéresse à la communication politique de l'exécutif qui a été mise à rude épreuve cette semaine.

Retrouvez "Télescopages, Bruno Donnet décrypte l'actualité vue par les médias" sur : http://www.europe1.fr/emissions/telescopages

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Transcription
00:00 D'abord c'est l'heure des télescopages de Bruno Ney. Bonjour Bruno.
00:02 - Bonjour Philippe.
00:02 - Juste avant qu'on entend votre chronique, je voulais donner, parce qu'elles viennent de tomber, les audiences du 20h de TF1 hier.
00:07 C'était la première ministre Elisabeth Borne qui était l'invité.
00:10 Grosse audience, 6,1 millions 27,6% de part d'audience.
00:15 C'est la meilleure audience de l'année. L'année n'a commencé qu'en janvier et c'est la deuxième meilleure audience de la saison depuis septembre.
00:22 Donc c'est considérable. Bruno, ici tous les matins vous décortiquez la machine médiatique, la mécanique médiatique.
00:28 Et vous avez choisi de revenir sur la très difficile semaine du gouvernement en termes de communication.
00:33 - Oui, semaine horribilisante Philippe pour la communication politique de l'exécutif qui, sur toutes les antennes, aura craqué de la coque au pont, je vous raconte.
00:41 Alors reprenons le calendrier. Lundi, tous les ministres étaient sortis dans les matinales pour répéter le même message.
00:47 - Nous ne voulons pas de 49.3.
00:49 - Olivier Véran l'a dit sur France 2, l'autre Olivier Dussopt l'a assuré sur CNews.
00:53 - Nous ne voulons pas du 49.3.
00:55 - Tandis que Gabriel Attal était sur France Inter pour dire, devinez quoi ?
00:58 - On ne veut pas utiliser le 49.3.
01:00 - Voilà. Lundi, c'était promis, il n'y aurait donc pas de 49.3. Pourquoi ?
01:04 Et bien parce qu'Olivier Dussopt en était absolument certain.
01:07 - Nous sommes convaincus qu'il y a une majorité sur cet axe.
01:09 - Du coup, mardi, l'axe de communication était donc celui de la majorité existante.
01:14 Et Elisabeth Borne l'a d'ailleurs martelé à l'Assemblée nationale.
01:18 - Dans cette assemblée, une majorité existe qui croit au travail, y compris au travail des seniors.
01:24 Et si je vous dis martelé, c'est parce que la première ministre a choisi d'avoir recours à une interminable anaphore
01:30 dans laquelle elle a répété pas moins de 12 fois le même message.
01:34 - Une majorité existe ! Une majorité existe ! Une majorité existe !
01:39 Bref, en début de semaine, le gouvernement en était convaincu, une majorité existait bel et bien.
01:45 Voilà pourquoi il soutenait mordicus qu'il n'y aurait pas de 49.3.
01:49 Et puis, finalement, hier après-midi, à 15h15, Elisabeth Borne est venue dire ceci à la tribune de l'Assemblée nationale.
01:56 - Sur le fondement de l'article 49 alinéa 3 de la Constitution, j'engage la responsabilité de mon gouvernement.
02:05 Aïe ! Car la journée d'hier aura été, en termes de communication politique, une journée épouvantable pour le gouvernement.
02:11 D'abord, les images auront été totalement délétères.
02:15 Car à l'impossibilité de voter à l'Assemblée, s'est ajouté le non-respect de la grève.
02:19 France 2 a montré une séquence édifiant dans laquelle la police est venue déloger des éboueurs qui bloquaient leur dépôt.
02:26 - Ce matin, ils ont été évacués de force.
02:30 - Oh Dieu !
02:31 - Ils nous ont cassés et ça, c'était pas la peine. On n'est pas violents.
02:35 La grève cassée a ivri sur scène qui a précédé une autre image très violente elle aussi, aperçue cette fois sur TF1.
02:41 Celle de la manifestation réprimée Place de la Concorde, la Concorde qui n'aura jamais aussi mal porté son nom.
02:47 - Vous allez le voir sur ces images, il y a quelques minutes, les forces de l'ordre ont procédé à l'évacuation avec des canons à eau de la Place de la Concorde
02:54 où s'étaient rassemblés environ 6000 manifestants.
02:57 Voilà, pas le droit de manifester, interdiction de faire grève et impossibilité de voter.
03:01 Que restait-il alors comme moyen d'exprimer son opposition ? Mystère et boule de poubelle en feu.
03:07 Alors tout ça, c'était donc les images mais la bande son ne fut guère plus appétissante.
03:12 *Musique*
03:21 Huée à l'Assemblée Nationale, la voix couverte par une marseillaise tonitruante, entonnée dans l'hémicycle,
03:27 Elisabeth Borne est ensuite allée s'expliquer hier soir aux 20 heures de TF1.
03:31 - Vous savez, j'ai été très choquée.
03:33 Mais là, surprise, la première ministre a lâché une petite phrase au sujet de la bronca qui a accompagné son intervention
03:38 que j'ai trouvé extrêmement symptomatique.
03:41 - Je pense que ça ne s'entendait pas forcément dans les micros.
03:45 Elle a imaginé qu'on avait pu ne pas entendre l'énorme brouhaha qui est monté des bancs de l'opposition.
03:50 *Bruits de brouhaha*
03:54 Voilà pourquoi, dans une séquence hautement allégorique, la première ministre a cru pouvoir, en parlant fort,
04:00 couvrir les manifestations et les huées de l'opposition.
04:03 - On ne peut pas faire de pari sur l'avenir de nos retraites. Cette réforme est nécessaire.
04:08 Eh oui, paradoxe absolu, la première ministre d'un gouvernement qui est resté totalement sourd
04:13 à l'hostilité que sa réforme suscite dans notre pays, croit que des téléspectateurs peuvent ne pas entendre
04:18 les hurlements et les chants de l'opposition. C'est pas banal.
04:22 Et qu'il suffit alors de parler fort et de répéter toujours les mêmes éléments pour être enfin comprise.
04:27 - L'enjeu, c'est d'assurer l'avenir de notre système de retraite.
04:32 Gilles Boulot a eu beau lui souffler que ce n'était peut-être pas exactement la meilleure façon de s'adresser aux Français.
04:38 - Vous leur avez déjà dit et nous ne vous avons pas écouté ou entendu ou comprise.
04:42 Rien à faire. Hier, Elisabeth Borne a choisi de communiquer façon Alain Juppé, droite dans ses bottes.
04:48 Elle a donc expliqué qu'elle continuerait coûte que coûte à faire son travail.
04:51 - Et moi, ce qui m'anime tous les jours, c'est d'apporter des réponses, des solutions pour les Français.
04:57 C'est la seule chose qui me préoccupe.
04:59 Et elle employait la même formule à deux reprises.
05:01 - On doit construire en continuant à chercher des compromis. C'est la seule chose qui me préoccupe.
05:06 Alors voilà, en termes médiatiques, la communication du nouveau monde politique est au botte à botte avec celle de l'ancien.
05:13 Il faut dire que le parti majoritaire s'appelle En Marche.
05:16 Un élément, Philippe, qui aurait peut-être dû nous mettre la puce à l'orteil.
05:20 Merci beaucoup Bruno Donnet, à lundi, bon week-end !

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