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Chaque jour, Bruno Donnet regarde la télévision, écoute la radio et scrute les journaux ainsi que les réseaux sociaux pour livrer ses télescopages.
Retrouvez "Télescopages, Bruno Donnet décrypte l'actualité vue par les médias" sur : http://www.europe1.fr/emissions/telescopages

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Transcription
00:00 Et vous écoutez Culture Média avec Philippe Bandel.
00:03 C'est l'heure des télescopages de Bruno Donnet.
00:05 Bonjour Bruno.
00:06 Bonjour Philippe.
00:07 Tous les jours Bruno, vous observez ici les soubresauts médiatiques et ce matin vous
00:10 avez choisi de revenir sur une séquence totalement inédite qui s'est déroulée hier soir en
00:14 pleine cérémonie des Molières.
00:16 Oui inédite Philippe, c'est le bon mot, mais surtout extrêmement théâtrale je vous
00:20 raconte.
00:21 Il était un peu plus de 23h, la remise des Molières ronronnait tranquillement sur Europe
00:24 1.
00:25 Lorsqu'arrivait un moment devenu récurrent dans ce type de cérémonie, l'intervention
00:29 de comédiens pas contents.
00:31 Bonsoir à tous et à toutes.
00:33 Voilà, la séquence avait été préparée avec l'accord du comité d'organisation
00:37 et deux comédiennes représentant la CGT sont donc montées sur scène pour exprimer
00:42 leurs inquiétudes en évoquant une immense figure de notre théâtre patrimonial.
00:46 Les acteurs ne sont pas des chiens, disait déjà Gérard Philippe, pour dénoncer la
00:52 précarité dans nos carrières et la faiblesse des droits sociaux.
00:56 Il fut d'abord question de la fragilité économique des professionnels du spectacle,
01:01 mais très vite, l'essentiel du discours porta sur la réforme des retraites voulues
01:05 par Emmanuel Macron.
01:06 Et pourtant, tout seul, dans sa bonne logique ultra-libérale, du haut de sa tour d'ivoire,
01:14 il a décidé de reporter l'âge de départ à la retraite à 64 ans.
01:20 Ça c'était hier sur France 3.
01:22 Exactement, à 23h05.
01:24 Alors je vous le disais Philippe, tout ça est extrêmement banal, c'est devenu un passage
01:27 obligé de ce type de cérémonie.
01:29 De même qu'une figure très classique, elle aussi, la fameuse apostrophe de la ministre.
01:33 Madame la ministre de la Culture, je ne sais pas si vous êtes encore là ?
01:37 Ah oui, elle est là.
01:39 Comme d'habitude donc, hier soir, Rima Abdoulmalak s'est faite alpaguer ad nominem.
01:43 Quand est-ce que vous allez décider de sortir de votre silence ?
01:46 Et le public a visiblement été tout à fait satisfait de l'avoir ainsi passée à la casserole.
01:51 Et vive les casserolades !
01:54 Bref, jusqu'ici tout était infiniment classique.
01:58 Mais ce qui le fut nettement moins arriva immédiatement après.
02:01 Au moment où la ministre de la Culture se leva de son siège, en plein milieu de la
02:04 salle, pour dire ceci.
02:05 Pardon, je sais que vous n'avez pas le temps, mais ça va.
02:10 Alors "ça va" dans la bouche de Rima Abdoulmalak, en fait, ça voulait plutôt dire "ça va
02:14 pas, stop, arrêtez de me taper dessus comme ça à bras raccourcis".
02:17 Et c'est à ce moment-là, Philippe, qu'il s'est passé quelque chose de totalement
02:20 inédit.
02:21 Comme n'a pas manqué de le rappeler la ministre de la Culture, dès le début de son intervention.
02:25 D'habitude le rôle du ministre c'est de rester assis à rien dire, mais là c'est
02:28 pas possible.
02:29 D'ordinaire, le ministre ne répond pas.
02:30 Il affiche un petit sourire crispé et il attend que la pluie de reproches s'arrête.
02:34 Mais hier, nouveauté, Rima Abdoulmalak s'est levée et elle a publiquement défendu son
02:38 action.
02:39 Vous avez un ministère qui a débloqué des aides massives pendant la crise pour vous
02:42 soutenir tous, pour soutenir tous les secteurs de la culture.
02:45 Voilà, alors la ministre a répondu sur les initiatives qu'elle menait jamais sur la
02:49 réforme des retraites.
02:50 Mais l'essentiel n'est pas là.
02:51 Car le moment le plus intéressant du point de vue médiatique s'est déroulé ici.
02:54 Et vive les casserolades !
02:56 Puis à la fin de l'intervention des représentants de la CGT.
03:01 Car tandis que la caméra filmait la salle en plan large, on a pu distinguer très clairement
03:05 un technicien qui se dirigeait d'ardard vers la ministre pour lui apporter un micro.
03:10 Ça n'était encore jamais arrivé.
03:12 Ce qui veut dire que comme l'intervention des syndicalistes, la réponse de Rima Abdoulmalak
03:17 avait été préparée.
03:18 Elle a même dû faire l'objet d'une âpre négociation et d'un accord entre l'organisation
03:22 des Molières et Rima Abdoulmalak qui a dû dire "Ok les gars, je veux bien me faire engueuler
03:26 par des intermittents, mais j'exige de pouvoir leur répondre".
03:29 On comprend mieux alors pourquoi à peine Gérard Philippe cité, la ministre a su trouver
03:34 des mots impeccablement calibrés.
03:36 "Cette phrase de Gérard Philippe qui a été dite, elle date de 1957.
03:41 Il n'y avait même pas de ministère de la Culture à l'époque."
03:43 Où l'on comprend Philippe que la politique c'est aussi du théâtre.
03:47 D'où l'importance pour les ministres d'y défendre plus que la République, la réplique.
03:51 Merci beaucoup Bruno Donnet.
03:54 Quelle analyse.
03:55 Merci encore.
03:56 A demain.

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