Après 10 ans passés derrière les barreaux, l'ex-braqueur David Desclos revient en prison pour son spectacle « Ecroué de rire ». Le stand-upper vient à la rencontre des détenus de France pour raconter avec humour son itinéraire d’ancien délinquant sans complaisance aucune pour son épais CV. L'occasion pour lui de faire de la prévention contre la récidive.
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00:00 Je m'appelle David Declos, je suis un ancien bandit, j'ai fait 10 ans de prison.
00:03 Et là on est à Toul, la prison de Toul, où je vais jouer mon spectacle devant les détenus.
00:07 Salut, salut !
00:07 Bonjour !
00:11 L'humour en prison c'est super délicat parce que voilà, ils sont quand même incarcérés.
00:15 Je leur parle vraiment comme s'ils étaient au Jamel Comedy Club.
00:18 Je les prends comme s'ils étaient dehors et j'essaye, je fais tout pour les emmener,
00:21 pour les faire s'évader.
00:23 Monsieur Phil en a ri, qu'on appelait Monsieur Phil dans l'arrêt.
00:25 Il me connaissait, j'arrive dans son bureau, il me voit, il me voit arriver, il me fait "Ah !"
00:29 Déclos ! L'évadé réapparu à l'audience !
00:33 Je viens d'un quartier qui s'appelle le quartier de la Pierrosée, à Caen dans le Calvados.
00:36 Mon papa avait été en prison, on n'avait rien, on est tombé dans la délinquance.
00:41 On pensait être bon cassas, alors qu'on savait pas qu'on pouvait faire mieux.
00:45 On a monté les échelons de la délinquance, vol à l'étalage, vol en filouterie.
00:48 Moi je me suis spécialisé dans la neutralisation des systèmes d'alarme.
00:51 Très vite je me suis attaqué aux banques, sans armes, sans violence,
00:53 jusqu'au dernier gros casse, le casse de trop,
00:56 où on s'est attaqué au siège social de la Société Générale à Caen dans le Calvados,
00:59 par les égouts, pendant 4 mois on a creusé un tunnel dans les égouts,
01:02 et je me retrouve en garde à vue, et je m'évade.
01:04 Évasion, cavale, 10 ans de prison en tout,
01:06 jusqu'à ce que je ne dois plus rien à mon ancien monde et plus rien à la justice,
01:11 et que je puisse faire ce que je fais aujourd'hui, c'est-à-dire mon métier d'artiste.
01:14 Moi je m'en fous, je veux juste aller en prison !
01:16 Et là vous savez pas ce que me dit Yain Yain ? J'ai failli éclater de rire.
01:19 Il va, pa pa pa pa pa pa pa ! Il fait même des petites voûtes, voûte voûte !
01:24 Prémices de mon spectacle, je les ai écrits dans les cellules,
01:27 au mitard même, au cachot, dans des salles de musculation, partout où j'allais.
01:30 Des fois j'étais avec mon cahier dans la prison, je voyais un truc qui...
01:34 Hop, je m'arrêtais, dans la coursive j'écrivais des petits bouts pour pouvoir m'en rappeler ensuite,
01:38 et le soir, beaucoup la nuit, tout ça,
01:40 et puis après, à force de le jouer, ça a donné écrouer de rire.
01:44 Parce que nous les bandits, les cambrioleurs, les voleurs,
01:46 on construit sur de la boue, oui de la boue !
01:49 Parce que même si on prend des belles sommes d'argent,
01:51 le matin quand les flics déboulent, à 4h du matin, 6h du matin,
01:55 éclatant la porte, effrayant femmes et enfants,
01:58 tout s'écroule comme un château de cartes !
02:00 C'est pas une vie !
02:01 Et plus je m'enfonçais dans cette cavale, et plus c'était ça !
02:04 Les détenus, ils se disent, si lui il l'a fait, on peut le faire,
02:07 on peut changer, si lui il a changé, nous aussi on peut changer.
02:09 Tout est possible.
02:10 C'est vraiment, pour apporter un message, tout est possible.
02:12 Après le spectacle, on fait un débat.
02:14 - Qu'est-ce que vous pensez du principe de la prévention de l'université ?
02:16 - Je pense que c'est un peu plus sérieusement la question d'un récidive.
02:19 Ça c'est important.
02:20 Ils vont forcément sortir, arriver un moment, ils sortiront,
02:22 et ça nous touche tous.
02:23 C'est très violent quand il y a de la récidive,
02:25 il peut y avoir de la récidive très très violente,
02:27 donc il faut s'en occuper.
02:28 Ce spectacle est dédié à toutes les victimes, sous toutes les formes qu'elles soient.
02:31 - Comment vous avez trouvé ce spectacle ?
02:37 - Extraordinaire.
02:38 Très, très émouvant.
02:40 Très émouvant.
02:41 Moi je suis passé par l'avion d'arrêt, forcément, donc...
02:44 On revit, on revit en fait ce qu'il raconte.
02:47 Ça me fait rire, ça me fait pleurer en même temps, vous voyez.
02:50 C'est très triste quoi, en fait.
02:51 L'humour, c'est fondamental,
02:54 et c'est le contraire de la folie.
02:57 - Franchement, ça m'a rappelé, quand il parlait de la maison d'arrêt,
03:00 ça m'a ramené en arrière avec les parloirs sauvages
03:03 à travers les barreaux et tout.
03:05 C'est tout à fait ça en fait, la prison.
03:07 - Il peut briser des murs intérieurs.
03:10 Donc dire, c'est possible, voilà, il y a autre chose.
03:13 Il y a autre chose à faire, supprimer quelques croyances limitantes.
03:17 Ce qu'en fin de compte la délinquance, bien souvent, c'est quoi ?
03:19 C'est des gens qui n'ont pas suffisamment confiance en eux
03:22 pour penser qu'ils peuvent y arriver de manière légale.
03:26 Alors ils trichent, en quelque sorte.
03:28 Mais si on a confiance en nous, pourquoi tricher ?
03:31 Sous-titrage ST' 501
03:33 [Musique]