L'édito de Paul Sugy : «Retraites : à qui profite la stratégie du chaos ?»

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Dans son édito du 20/03/2023, Paul Sugy revient sur la stratégie du chaos lors de la réforme des retraites. 
Transcript
00:00 Oui Romain, ça fait rager parce que c'est devenu d'abord d'une banalité triste,
00:02 au point qu'on a presque des remords à l'idée d'en parler.
00:05 Depuis 4 jours, c'est bien simple,
00:06 tous les soirs, la tranquillité publique est violée,
00:09 l'autorité de l'État bafouée.
00:11 Et même on maquille parfois le scandale sous des euphémismes.
00:13 Alors vous savez, ce sont des manifestations illégales,
00:15 mais on préfère parler de rassemblements spontanés plutôt que de manifestations sauvages.
00:19 Si les gens s'en prennent aux forces de l'ordre, ce sont des tensions plutôt que des émeutes.
00:22 Ou même s'ils brûlent les poubelles, ce sont des débordements, jamais du saccage.
00:25 Et le pire, Romain, c'est que la réforme des retraites n'y est pour rien.
00:28 Pour rien du tout, ce qu'ils veulent c'est le chaos, ce sont des gens qui sont profondément nihilistes.
00:31 Hier, Jean-Luc Mélenchon a pris sa grosse voix sur LCI pour dire
00:34 "Si vous, on ne veut pas de violence, il faut la démocratie".
00:37 Mais quel est le rapport ? Pardon M. Mélenchon.
00:39 Mais c'était les mêmes, ceux qui jouent à Bagdad en ce moment dans les rues de Paris,
00:43 c'était les mêmes qui se moquaient de la démocratie comme ils se moquent des retraites.
00:46 Ils étaient là pour la marche de la NUPS contre la vie chère,
00:48 ils étaient là chaque 1er mai, qu'ils parlaient de 49.3 un 1er mai.
00:52 Et c'était aussi ceux qui mettaient le bazar pendant les manifs contre la loi de sécurité globale.
00:55 Est-ce qu'il y a eu un passage en force du gouvernement à cette époque ? Je ne crois pas.
00:58 Vous pensez que ce désordre profite à la gauche, Paul ?
01:01 En fait, non, je n'y crois pas une seule seconde.
01:03 Et c'est ça qui est lunaire dans la stratégie de Jean-Luc Mélenchon,
01:05 c'est que quand il a l'insolence et même le culot de vous expliquer que les manifs se passent dans le camp,
01:09 ce qui est une façon quand même d'encourager aussi ce qui se passe,
01:12 et bien il ne se rend pas compte que ce qui a fait le succès au législatif de l'Union des Gauches,
01:16 enfin succès relatif, Mélenchon n'est pas non plus à Matignon,
01:18 et bien c'est qu'il y a eu une forme de convergence entre l'inquiétude sociale et l'inquiétude écologique.
01:23 Alors le problème, c'est qu'en bordélisant l'Assemblée nationale et maintenant en bordélisant même la rue,
01:27 en encourageant un mot couvert, et bien M. Mélenchon et ses amis dilapident le crédit politique
01:32 qui leur a été confié à un moment et je ne crois pas qu'ils sortent grandis de cette séquence.
01:35 À qui ça profite alors ?
01:36 Et bien en fait à personne ou à pas grand monde.
01:39 La politique toute entière va ressortir abîmée de la séquence qu'on est en train de vivre, ça c'est sûr.
01:43 Ça ne profite à personne ou peut-être seulement à ceux qui vous expliquent depuis quelques années maintenant
01:48 qu'Emmanuel Macron n'a pas su restaurer l'autorité de l'État, et il s'est pourtant engagé.
01:52 En 2021, dans les colonnes de mon journal dans le Figaro, il donnait une interview,
01:55 il n'était pas encore candidat à sa réélection, mais enfin c'était déjà dans l'air,
01:59 il donnait une interview dans laquelle il déclarait ceci,
02:01 "Tous les Français ont le droit de prétendre à une vie de calme où qu'ils habitent,
02:05 je me bats pour le droit à la vie paisible."
02:08 Emmanuel Macron 2021, elle est où la vie paisible ?
02:11 Aujourd'hui, alors on a essayé la méthode Lallemand, maintenant on a la méthode Nunez.
02:14 On pensait que ça marcherait mieux.
02:15 Tu parles, on peut traverser Paris en caissant les vitrines ou en enflammant des barricades sans être inquiété.
02:20 Combien sont-ils ? On ne sait même pas.
02:21 On nous annonce que jeudi soir, il y a eu 292 interpellations à Paris.
02:25 Très bien.
02:26 Bon, le lendemain, 283 ressortent sans avoir été poursuivis pour quoi que ce soit.
02:30 C'est qu'on n'a pas attrapé les bons ?
02:32 Dans ce cas-là, où est-ce qu'ils sont ?
02:33 Où sont ceux qui ont saccagé la ville ?
02:35 Ou alors c'est qu'on ne sait pas les inculper ? Là, c'est un autre problème.
02:37 Aujourd'hui, même un radar peut dire si vous conduisez avec votre ceinture ou pas,
02:40 mais on ne sait pas prouver qu'un manifestant est celui qui s'en est pris aux forces de l'ordre.
02:44 Défendre le droit à la vie paisible, c'est mettre une fois pour toutes tous ces gens hors de nuire.
02:48 [Musique]
02:52 [SILENCE]

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