LR manque d'une boussole programmatique - En toute subjectivité

  • l’année dernière
Avec Guillaume Roquette, directeur de la rédaction du Figaro Magazine.

Retrouvez "En toute subjectivité" sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/en-toute-subjectivite
Transcript
00:00 Il est 7h20, en toute subjectivité ce matin avec le directeur de la rédaction du Figaro Magazine.
00:06 Guillaume Roquet, bonjour.
00:07 Bonjour Nicolas.
00:08 19 députés Les Républicains sur 61 ont soutenu hier une motion de censure contre le gouvernement,
00:15 malgré les consignes des dirigeants du parti.
00:18 Alors comment expliquez-vous cette fronde ?
00:20 Et bien d'abord parce que chaque député est libre de faire ce qu'il veut.
00:23 Le droit de vote des membres du Parlement est personnel, c'est écrit dans la Constitution
00:28 à l'article 27.
00:30 Et près d'un tiers des députés LR ont donc usé de cette liberté pour rejeter une
00:35 réforme des retraites que leur parti réclamait pourtant depuis des années, quitte à voter
00:40 la même motion de censure que les amis de Jean-Luc Mélenchon.
00:43 Alors évidemment c'est incohérent, mais c'est surtout attristant parce que ce vote
00:48 est le signe d'un malaise profond.
00:50 Bien sûr il y a une part de calcul électoral chez les députés LR Fondeur.
00:54 Ils ont été élus contre des candidats macronistes en jurant à leurs électeurs qu'ils s'opposeraient
01:00 aux chefs de l'État.
01:01 S'ils veulent être réélus la prochaine fois, ils doivent tenir cette promesse.
01:05 Mais leur vote d'hier était avant tout un SOS, une fusée de détresse envoyée à
01:11 l'électorat populaire qui est opposé à la réforme des retraites.
01:15 Le message était clair, vous n'êtes pas obligé de voter pour le Rassemblement National.
01:20 Nous aussi on vous comprend.
01:22 Et ce message peut-il être entendu ?
01:24 Je crois qu'il est trop tard.
01:26 Les électeurs populaires, ceux en tout cas qui se méfient de l'Europe et des réformes
01:30 libérales, ceux qui voudraient qu'on protège nos frontières et notre identité, ceux qui
01:35 veulent qu'on arrête l'immigration, ceux-là ont abandonné LR depuis longtemps.
01:39 Et la droite réduite au centrisme ne pèse plus grand-chose face à un Emmanuel Macron
01:44 qui a débauché par dizaines des barons de l'ex-UMP ravis de revenir enfin dans le
01:50 camp du pouvoir.
01:51 Et pourtant, il n'y avait pas de fatalité à cette attrition idéologique et électorale.
01:56 Regardez ce qui se passe ailleurs.
01:57 Héritier de Margaret Thatcher, revivifiée par le Brexit, les conservateurs britanniques
02:02 gouvernent leur pays sans interruption depuis 2010.
02:06 Et aux Etats-Unis, Trump a réussi à ramener son camp au pouvoir en 2017, après les huit
02:12 années pourtant flamboyantes de la présidence Obama.
02:14 Et pourquoi Guillaume, la droite française n'a-t-elle donc pas réussi son comeback ?
02:18 Je pense qu'elle ne s'est jamais remise du tête-à-queue idéologique effectué par
02:23 Nicolas Sarkozy quand il était au pouvoir.
02:25 Comme l'écrit cruellement Éric Zemmour dans son dernier livre, Nicolas Sarkozy a
02:30 été élu avec Patrick Buisson et Henri Guaino, mais il a préféré gouverner avec Alain
02:35 Juppé et Alain Minc.
02:37 Entre le souverainisme conservateur et le libéralisme pro-européen, Sarkozy n'a
02:42 pas hésité.
02:43 Et il n'a d'ailleurs pas changé d'avis depuis, puisque ça fait des mois qu'il
02:46 aide pour une alliance en bonne et due forme entre les républicains et Emmanuel Macron.
02:51 Mais vu la bérésinade hier à l'Assemblée, il va falloir trouver autre chose pour sauver
02:56 la droite.
02:57 Guillaume, requête merci et à mardi prochain !

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