Michel Biero, vice-président de Lidl France, invité de "On n'arrête pas l'éco"

  • le mois dernier
Le budget est le maître-mot de cette première émission de la saison. Au programme : le pouvoir d'achat avec les prix de l'énergie et de l'alimentation qui nous attendent, et le budget de la nation, en pleine incertitude politique. Y-a-t-il urgence pour le projet de loi de finances 2025 ? Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/on-n-arrete-pas-l-eco/on-n-arrete-pas-l-eco-du-samedi-31-aout-2024-8846061

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00:00Et on continue à parler de l'inflation avec le vice-président de Lidl en France.
00:04Bonjour et bienvenue Michel Biraud.
00:06Bonjour.
00:07Cette semaine l'inflation est donc passée sous les 2%, première fois depuis 3 ans.
00:11Les prix de l'énergie, on vient de l'entendre, ralentissent.
00:14Est-ce que pour les caddies, l'alimentation, ça ralentit aussi ? Est-ce que ça se voit
00:18à la caisse ?
00:19Ça ralentit plus finalement que l'inflation parce que sur l'alimentaire on est à moins
00:231.
00:24Là où vous venez de dire que de façon globale on est passé en dessous de la barre des plus
00:292, donc on est à moins 1, chez Lidl on est à moins 4, moins 5, c'est-à-dire qu'on
00:33baisse plus vite les prix que la déflation qu'on est en train de voir dans le pays,
00:39sur l'alimentaire.
00:40Pour tous les produits, non ? Les produits frais, ça augmente ?
00:41Non, alors de façon générale, chez Lidl, on est à moins 4, moins 5, mais il y a des
00:46rayons, le chocolat par exemple, le cacao explose, nos tablettes de chocolat augmentent
00:51fortement.
00:52Mais sur les 2800 références que nous avons en magasin, nous sommes sur une déflation
00:56à moins 4, moins 5.
00:58Ceci étant, il faut rappeler qu'on est encore sur du plus 11 par rapport à il y a deux
01:03ans.
01:04Donc le consommateur lambda, dans le cas dit, il voit des baisses sur des produits spécifiques,
01:09mais de façon générale, il ne la voit pas forcément de façon très forte.
01:14Et alors là, vous nous avez parlé du chocolat qui explose, j'imagine qu'il y a des raisons
01:18géopolitiques de marché.
01:19Est-ce que pour vous, l'inflation, la bosse qu'on a connue, c'est fini ?
01:24Oui.
01:25Oui, c'est clair.
01:26Moi, je pense au blé, il y a eu des mauvaises récoltes, il y a eu de la pluie.
01:29Mais le blé, on est toujours basé sur un cours mondial.
01:32Il y a eu de très bonnes récoltes au Canada, qui est un peu le grenier du blé.
01:36Et c'est vrai qu'en France, la récolte est un peu plus compliquée, mais il ne va pas
01:40exploser.
01:41Donc pour moi, l'inflation, l'hyperinflation, elle est derrière nous.
01:45Ça, pour moi, c'est clair.
01:46Les prix vont continuer à baisser.
01:47Les négociations sur les marques nationales, même si je suis très peu concerné, elles
01:50arrivent.
01:51Les marques nationales, c'est Procter & Gamble, c'est Ferrero, et vous en avez, je précise
01:57pour les auditeurs, vous, vous en avez 10% dans les rayons, et 90%, c'est des marques
02:01de distributeurs.
02:02Ce sont nos marques qui sont négociées tout au long de l'année, en fonction de la saison.
02:07Le blé, pour en reparler, la farine, on la négocie au mois de septembre, octobre, parce
02:12que les récoltes de blé sont au mois d'été.
02:15Alors que les marques nationales, c'est un calendrier totalement différent.
02:18Et donc, vous nous dites, l'hyperinflation, elle est derrière nous, les prix sont en
02:23train de baisser, mais on ne reviendra pas au prix d'avant la bosse, d'avant 2019 ?
02:26Je ne pense pas, mais étant donné que les salaires ont quand même fortement augmenté
02:30ces deux, trois dernières années, donc non, on ne reviendra pas, pour moi, au niveau de
02:34prix qu'on a connu avant l'inflation.
02:36Mais en tout cas, mon travail de distributeur, c'est de faire baisser les prix, c'est de
02:41négocier avec les fournisseurs, et c'est de défendre au maximum le pouvoir d'achat
02:46des Français.
02:47Les Français, ils se sont adaptés, on a beaucoup fait de reportages, ils ont acheté
02:51moins.
02:52Est-ce que là, on a senti de la détente sur les prix ces derniers mois ? Est-ce qu'ils
02:55sont prêts à acheter plus, ou est-ce qu'ils sont toujours dans l'idée, non, on ne consomme
02:58pas là ?
02:59Je pense que le Français, aujourd'hui, avant tout, il veut remplir son assiette.
03:02Il a changé ses habitudes d'achat.
03:05C'est-à-dire qu'avant, il se faisait plaisir, je ne sais pas si vous savez, chez nous, le
03:09lundi, le jeudi, on a ces petits produits plaisir, le non-alimentaire, les sécateurs
03:14pour le jardinage, le bricolage, les visseuses, les dévisseuses, etc.
03:18Ça, c'est moins 30, moins 40 dans nos rayons.
03:21De vente ?
03:22De vente.
03:23Donc, ça veut dire qu'il y a une déconsommation forte sur l'achat plaisir, l'achat plaisir,
03:29il s'en passe.
03:30Il faut remplir l'assiette.
03:32Et quand je dis qu'il y a des habitudes ou des arbitrages qui sont faits, plutôt que
03:36d'acheter une entrecôte, on va acheter du steak haché.
03:38Plutôt que d'acheter du poisson frais, alors le poisson frais, c'est le pire rayon chez
03:42nous, en termes de déconsommation, on est sur du moins 15, sur l'alimentaire, on est
03:48sur du moins 15, moins 20, et il va acheter de la conserve de poisson.
03:51Donc, il y a des changements qui s'opèrent dans le magasin.
03:54Et ça, ça n'a pas bougé ?
03:55Pour l'instant, j'espère que ça va rebouger, qu'ils vont reprendre des bonnes entrecôtes
04:00de nos bons éleveurs français, mais c'est vrai qu'aujourd'hui, ils font des arbitrages
04:04et ils gèrent par rapport à leur portefeuille.
04:06Votre confrère de Super U disait, je crois, il y a quelques mois, il y a un prix psychologique
04:10qui s'est installé, au-dessus de 3 euros, plus personne n'achète.
04:13Vous êtes d'accord ?
04:14Alors, il y a toujours eu dans la distribution des prix psychologiques, mais c'est vrai
04:17que le fameux cap des 2,99, 3 euros, et je pense qu'il a tout à fait raison sur ce point-là.
04:22Michel Bièreau, le vice-président de Lidl, est-ce que ça veut dire que tout ce dont
04:26on parlait avant cette bosse de l'hyperinflation, de l'inflation, la montée en gamme, le bio,
04:32le local, les consommateurs, on fait une croix dessus ? C'est le prix ?
04:35Non, non, non, non, non, il ne faut pas dire ça, il ne faut surtout pas dire ça, on reste
04:38positif et optimiste, on vend, mais je suis réaliste, je continue à vendre du bio,
04:46j'en vends moins, mais j'en vends.
04:49Donc, il faut juste réadapter, il faut négocier, il faut continuer à faire baisser les prix,
04:54et le français revient.
04:55On a constaté ces 3 derniers mois une hausse de nos clients, du nombre de clients qui viennent
05:00dans nos magasins.
05:01On a constaté une hausse de nos unités vendues.
05:04Alors oui, le chiffre d'affaires n'est peut-être pas encore en rendez-vous, pourquoi ? Parce
05:07que j'ai baissé de 5-6% mes prix, donc le prix moyen article il a baissé, par contre
05:12les clients reviennent, donc ça repart.
05:15J'ai bon espoir pour la rentrée, et on va faire en sorte, on a plein de projets de prévus
05:20pour le prix, pour baisser les prix, le client va reconsommer.
05:23Tout le monde en tête, alors vous, vous êtes sur le segment de, on a dit la marque-distributeur,
05:28avant on appelait ça le discount, j'ai l'impression que tout le monde maintenant est sur ce segment,
05:31c'est-à-dire que même Leclerc qui était déjà, qui est le numéro 1 du marché en
05:35France, qui était déjà sur les prix bas, il s'est mis à faire des tout petits prix.
05:39Il y a Atacadao qui s'est installé, Action, qu'est-ce qu'on a d'autre ? Normal, enfin,
05:44on a beaucoup d'enseignes.
05:45Pour vous, sur ce segment, la concurrence est de plus en plus rude, c'est la guerre
05:48des prix.
05:49Finalement, je me dis, encore une fois pour rester positif, qu'on a le bon modèle.
05:53Parce que ça fait 35 ans qu'on est en France.
05:56Mais tout le monde le fait.
05:57Non, oui, mais il faut savoir qu'aujourd'hui c'est 70% de marques nationales encore, et
06:0230% de marques de distributeurs.
06:03Là où vous avez raison, c'est que les marques de distributeurs depuis deux ans explosent.
06:08Parce qu'il y a trois catégories.
06:11Il y a les marques premier prix, donc là on s'en fiche un peu de la qualité, c'est
06:14le prix, le prix, le prix.
06:15Il y a les marques de distributeurs, c'est le meilleur rapport qualité-prix.
06:18Et il y a les grandes marques qu'on connaît tous, Nutella, Coca-Cola, etc.
06:22Donc les premiers prix, c'est plus 30%.
06:24Les marques de distributeurs, en façon générale, c'est plus 20, plus 25.
06:28Donc oui, il y a un regain, il y a une volonté du consommateur d'aller sur ces produits-là.
06:34Pourquoi ? Parce qu'ils sont en moyenne 30-35% moins chers que les marques, et les clients
06:38ne s'y trompent pas.
06:39Mais c'est là que ça va se faire pour vous les distributeurs, en ce moment c'est
06:42la guerre des parts de marché !
06:43Oui, mais pour nous, pour nous Lidl, qui sommes un acteur essentiel des marques de
06:49distributeurs, 90% vous l'avez dit de marques de distributeurs, c'est génial ! C'est-à-dire
06:53que le client veut ces produits-là, et il a compris qu'ils n'ont rien à envier
06:58à une grande marque.
06:59Quand je vous vois dire que vous allez prendre les titres restaurant pour faire venir les
07:03clients chez vous, je me dis que la compétition doit être rude, vous ne l'aviez jamais
07:06fait en 35 ans ?
07:07Alors non, on ne l'a jamais fait, c'est vrai qu'à partir de la semaine prochaine
07:10on va accepter les titres restants, par carte uniquement, mais on ne l'a jamais fait
07:14parce que ça avait un coût important de traitement, parce qu'avant c'était du
07:18papier, ça coûtait très cher, et on ne l'a jamais fait parce que, voilà, vous
07:23avez raison, la concurrence est rude, la bataille est rude, et donc ces titres restants, le
07:28fait qu'on va les accepter, parce que ça nous privait d'une partie des clients qui
07:32allaient clairement chez les concurrents parce qu'on n'acceptait pas les titres,
07:35et ces clients-là vont venir parce qu'on les accepte, et parce qu'on a des super
07:39produits au bon rapport qualité-prix.
07:40Bon, Michel Biéreau, du côté des agriculteurs, on entend toujours de la colère, là la FNSE
07:46AstéAventière vient de demander que les négociations commerciales soient organisées
07:50différemment, que l'industriel négocie d'abord avec le producteur avant que l'industriel
07:55négocie avec le distributeur, vous en pensez quoi de cette idée ?
07:59Top.
08:00Il faut aller dans ce sens-là, ça fait des années que nous on se bat avec le monde
08:04agricole justement pour changer ce cours des négociations qui ne fait aujourd'hui aucun
08:08sens dans ce pays, c'est juste une aberration totale.
08:11Donc, oui, il faut changer le cours, alors on ne va peut-être pas rentrer dans les détails.
08:15Non, c'est technique.
08:16Voilà, c'est cette date butoir qui ne veut rien dire.
08:21Moi, ce que je demande au prochain gouvernement, qui pour l'instant n'est pas en place,
08:27c'est d'avoir une cohérence avec ce qui s'est fait au printemps, parce qu'il ne faut juste
08:33pas oublier qu'en début d'année, le monde agricole était dans les rues et a tout cassé,
08:38et à juste titre.
08:39Et la colère n'est pas retombée à ce jour, la colère n'est pas retombée parce qu'il
08:42n'y a rien qui a été fait.
08:43On leur a promis plein de choses, notamment sur les négociations, et donc ce que propose
08:48la FNSEA de dire, faisons déjà une première négo entre le monde agricole et les intermédiaires
08:53qui sont, c'est multinationales, je ne parle pas des PME, je parle des multinationales,
08:58et ensuite, une fois que le monde agricole a sa part, ils font leur travail, et après
09:03nous on négocie avec les industriels.
09:04Michel Bièreau, quand vous dites qu'il n'y a pas de gouvernement, c'est un problème
09:07pour vous aujourd'hui ?
09:08Alors, au quotidien, économiquement parlant, non, parce que les clients viennent quand
09:13même consommer, il faut manger tous les jours, trois fois par jour.
09:16Par contre, pour nous, oui, pour faire avancer ces sujets sur la modification des lois, sur
09:21Egalim 4, on a parlé pendant Egalim 4 pendant des mois.
09:24Egalim 4, oui, c'est la nouvelle loi.
09:26Aujourd'hui, c'est le néant, il y a des fantômes dans les ministères, ça ne répond
09:30plus.
09:31Donc oui, il faut, quel que soit le gouvernement, nous on parlera avec eux, parce qu'il faut
09:36qu'on continue à avancer pour le monde agricole.
09:38Michel Bièreau, le vice-président de Lidl en France, merci d'avoir accepté l'invitation
09:43d'Anne.
09:44Tant m'arrête pas l'écho.
09:45Merci beaucoup.

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