Réforme des retraites, utilisation du 49.3, crise politique… Ce qu’il faut retenir de l’interview d’Emmanuel Macron lors du journal télévisé de 13h.
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00:00 Je pense que pour que les choses rentrent en place,
00:02 à la fois pour que, d'ici à la fin de l'année,
00:06 pour près de 2 millions de nos compatriotes,
00:08 1,8 million exactement,
00:10 ils puissent avoir leur pension qui commence à être augmentée,
00:12 environ 600 euros par an en moyenne pour ces 1,8 million,
00:16 pour qu'en effet, on commence à décaler l'âge légal
00:19 de 3 mois par an, progressivement,
00:21 et qu'on accélère l'augmentation du nombre de trimestres à travailler
00:25 jusqu'à 43 ans à horizon 2027,
00:28 eh bien, il faut que ça rentre en vigueur d'ici à la fin de l'année.
00:30 Mais maintenant, au moment où je vous parle,
00:33 il faut attendre la décision du Conseil.
00:35 Dans le moment que vivent nos démocraties,
00:37 quand des groupes utilisent l'extrême violence
00:41 pour agresser des élus de la République,
00:42 qu'ils soient parlementaires aujourd'hui ou maires,
00:45 malheureusement, chaque semaine,
00:47 quand ils utilisent la violence sans règles absolues,
00:52 parce qu'ils ne sont pas contents de quelque chose,
00:54 alors là, ça n'est plus la République.
00:56 Ce sont des propos qui clarifient.
00:58 Quand les Etats-Unis d'Amérique ont vécu ce qu'ils ont vécu,
01:00 au Capitole, quand le Brésil a vécu ce qu'il a vécu,
01:03 quand vous avez eu l'extrême violence en Allemagne,
01:05 aux Pays-Bas, ou parfois par le passé chez nous,
01:07 je vous le dis très nettement,
01:09 il faut dire qu'on respecte, on écoute,
01:11 on essaie d'avancer pour le pays,
01:13 et je vais y revenir parce que je veux qu'on parle
01:14 au fond de cette réforme,
01:16 mais on ne peut accepter ni les factions, ni les factions.
01:20 Est-ce que vous pensez que j'aurais pas pu faire
01:22 comme tant avant moi, mettre la poussière sous le tapis ?
01:24 Oui, peut-être.
01:27 Mais la réalité, et s'il y a une chose que je regrette,
01:30 c'est que nous n'avons pas réussi à partager la contrainte,
01:32 plus exactement la nécessité de faire cette réforme.
01:35 Au moment où moi, je suis rentré dans la vie active,
01:38 il y avait 10 millions de retraités.
01:39 Il y en a aujourd'hui 17 millions.
01:41 Dans les années 2030, il y en aura 20 millions.
01:44 Est-ce que vous pensez qu'on peut continuer
01:47 avec les mêmes règles ?
01:49 On rentre de plus en plus tard dans la vie professionnelle.
01:51 On vit, et c'est une chance, de plus en plus tard.
01:54 Nous avons un système par répartition
01:56 qui fait que c'est nous, les actifs, qui finançons
01:58 aujourd'hui les retraites.
02:00 On finance pas les nôtres.
02:02 Donc oui, il n'y a pas 36 solutions
02:04 si on veut que le régime soit équilibré.
02:06 Il ne l'est plus, notre système, aujourd'hui.
02:08 Nous devons le réformer.
02:10 Et donc, je le fais en responsabilité
02:12 par le sens de l'intérêt général.
02:14 Il y a une partie des oppositions
02:16 qui ont eu le sens des responsabilités.
02:17 Et je vous le dis ici aussi,
02:18 et il faut les respecter et les associer.
02:20 La majorité au Sénat n'est pas une majorité
02:23 qui soutient normalement ni le président de la République
02:25 ni celle de l'Assemblée.
02:26 Elle a enrichi ce texte, elle l'a modifié,
02:29 mais enfin, elle a adopté quelque chose qui va dans le même sens.
02:32 Plusieurs élus de l'opposition
02:35 venant de la droite républicaine
02:37 ont décidé de voter ce texte
02:38 et de ne pas voter la motion de censure.
02:40 Il faut les respecter, c'est les associer aussi.
02:42 Et il n'y a pas eu de proposition de compromis.
02:44 Donc le compromis, il a été fait par le gouvernement,
02:46 après ces concertations.
02:48 Il a été fait avec le Parlement, mais nous devons avancer.
02:52 Parce que c'est l'intérêt supérieur de la nation.
02:54 Et je vous le dis,
02:56 je vous le dis en responsabilité,
02:57 moi, je ne cherche pas à être réélu,
03:00 je ne le peux pas constitutionnellement,
03:02 mais entre les sondages et le court terme
03:05 et l'intérêt général du pays,
03:06 je choisis l'intérêt général du pays.
03:08 Et s'il faut derrière endosser l'impopularité aujourd'hui,
03:11 je l'endosserai. Il y a des blocages, il y a des violences.
03:13 Les violences, il faut les condamner.
03:14 Je ne dis ni les factions ni les factions dans la République.
03:17 Et il y a les blocages, et les blocages,
03:20 il faut pouvoir les lever quand ils empêchent l'activité normale.
03:23 Et c'est pourquoi, d'ailleurs, j'ai demandé au gouvernement
03:27 d'essayer au maximum de négocier
03:30 et ensuite de réquisitionner ce que nous avons pu faire
03:34 sur les ordures ménagères, par exemple,
03:37 dans certaines grandes villes,
03:38 ou sur les raffineries, à chaque fois qu'il faut le faire.
03:40 Ca a commencé et ce sera fait pour qu'il n'y ait pas de blocage.
03:43 Alors ces contestations, d'abord, je veux ici rappeler
03:45 qu'à chaque réforme des retraites, nous les avons,
03:47 et parfois en nombre bien supérieur.
03:49 Et dans quelle situation serions-nous
03:53 si en 1993, en 2003 ou en 2010,
03:56 pour ne citer que quelques-uns des exemples
03:57 des réformes précédentes, ou en 2013,
04:00 mes prédécesseurs s'étaient arrêtés devant ces contestations
04:02 en disant "Je ne fais pas la réforme."
04:04 On serait dans une situation encore plus critique.
04:07 Donc, c'est pour ça que je vous dis, il faut le faire.
04:10 Quand on a des grandes entreprises
04:11 qui font des revenus tellement exceptionnels,
04:14 qu'ils en arrivent à utiliser cet argent
04:15 pour racheter leurs propres actions,
04:17 là, je vais demander au gouvernement
04:19 de pouvoir travailler à une contribution exceptionnelle
04:23 pour que cet argent, quand il y a des profits exceptionnels,
04:27 d'entreprises qui sont prêtes à racheter leurs propres actions,
04:29 que leurs travailleurs puissent en profiter.
04:30 -Donc, c'est une taxe sur les super-profits ?
04:33 -Non, parce que cette taxation des super-profits,
04:35 nous l'avons déjà fait. C'est métier difficile.
04:37 Ils disent "À 60 ans, on a le dos cassé, on est épuisé."
04:40 C'est vrai.
04:41 Mais si on est honnête avec nous-mêmes,
04:44 c'est pas 62 ou 64 ans qui est le problème.
04:46 Le problème, il est à 55 ou 58 ans.
04:48 -Alors, on fait quoi ? -Et donc, le vrai sujet,
04:50 qui a commencé à être ouvert par le gouvernement
04:52 comme par les parlementaires dans ce texte,
04:54 c'est celui de l'usure professionnelle
04:56 et des fins de carrière.
04:57 Celui-ci, on doit très concrètement le prendre à bras-le-corps.
05:00 Parce que si on veut donner une réponse
05:04 à cette colère légitime et une réponse efficace,
05:06 moi, je souhaite,
05:07 il faut attendre quelques jours, quelques semaines,
05:09 mais qu'on réengage avec les partenaires sociaux
05:11 sur des sujets très concrets.
05:13 L'usure professionnelle, la reconversion de fins de carrière.
05:16 Il y a beaucoup de métiers où, au fond, passer 50 ans,
05:19 on doit reconvertir.
05:20 On doit travailler les carrières.
05:21 C'est pas une loi qui changera les carrières,
05:24 parce qu'on n'est pas une économie administrée.
05:26 Mais il faut remettre sur le terrain
05:29 le dialogue social
05:31 pour que les carrières permettent de mieux gagner sa vie.
05:33 Vous savez, on est l'un des pays
05:34 où le salaire minimum est le plus élevé en Europe.
05:37 Mais le salaire médian, c'est-à-dire le salaire
05:39 en dessous duquel il y a la moitié des gens,
05:40 au-dessus duquel il y a l'autre moitié des travailleurs,
05:43 c'est l'un des plus proches du salaire minimum en Europe.
05:45 Ce qui fait que les carrières sont écrasées dans notre pays.
05:48 Et c'est un peu désespérant pour beaucoup de nos compatriotes.
05:50 Alors, on a trouvé des réponses.
05:52 On a enlevé, comme vous le savez, des cotisations sociales
05:55 et les impôts sur des heures supplémentaires.
05:58 Mais il faut qu'on travaille les carrières dans notre pays
06:00 pour permettre de se dire, 45, 50, 55 ans,
06:04 je vais voir un progrès.
06:05 Soit je pourrais changer de secteur
06:07 et avoir un métier qui ne me casse plus le dos
06:09 et prendre en compte mes usures, soit, au moins,
06:10 je serai mieux payé et j'aurai des tâches
06:11 qui reconnaissent mieux les choses.
06:13 Elle a décidé, après avoir examiné,
06:16 avec l'ensemble des forces politiques,
06:18 de la majorité et ses ministres, pour cette réforme,
06:20 le fait que, pour qu'elle passe et ne laisse aucune incertitude,
06:24 elle a souhaité engager la responsabilité de son gouvernement.
06:26 C'est ça, ce qu'on appelle le 49-3, le fameux article.
06:29 C'est la centième fois qu'on le fait dans notre République.
06:32 C'est un geste très solennel.
06:34 Elle a pris ses responsabilités avec son gouvernement.
06:37 Et elle a dit au Parlement,
06:38 "Si vous avez une majorité alternative, qu'elle s'exprime."
06:42 Lundi, il a été montré qu'il n'y avait pas de majorité alternative.
06:45 -A 9 voix près ? -Oui.
06:47 Mais vous savez, nous sommes en République à une voix près.
06:49 Il faut avoir beaucoup d'estime et de respect
06:50 pour de nombreux parlementaires
06:52 qui sont venus en soutien de son texte.
06:56 Ils n'étaient pas la totalité d'un parti.
06:58 C'est pour ça que je dis que c'est dur de bâtir des coalitions.
07:00 Mais il y a des individualités politiques,
07:03 avec leurs convictions, qui sont prêtes à travailler
07:06 avec les forces de la majorité.
07:07 Et donc, je souhaite que la Première ministre
07:09 puisse bâtir, justement, cet élargissement de la majorité
07:13 dans les semaines à venir, et j'espère qu'elle y parvient.
07:15 [Musique]