Ecoutez l'interview du ministre du Travail, de l'Emploi et de l'Insertion de France, Olivier Dussopt.
Regardez L'invité de RTL du 23 mars 2023 avec Amandine Bégot.
Regardez L'invité de RTL du 23 mars 2023 avec Amandine Bégot.
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00:02 RTL matin
00:06 RTL il est 7h44, excellente journée à vous tous qui nous écoutez. Amandine Bégaud vous recevez donc ce matin le ministre du travail
00:12 Olivier Dussopt. Nouvelle journée de grève et de manifestation.
00:15 Olivier Dussopt je le disais contre cette réforme des retraites. Première journée depuis le 49.3 et la rejet de la motion de censure.
00:21 Dès hier les syndicats ont eu des mots très durs après la prise de parole d'Emmanuel Macron sur RTL. Par exemple Philippe Martinez, le leader
00:27 de la CGT a parlé de foutage de gueule et il dénonce une interview lunaire qui, je le cite, va attiser la colère.
00:33 Vous lui répondez quoi ce matin ? D'abord que ce ne sont pas ni mes mots ni mon vocabulaire.
00:37 Je pense que le président de la république a eu raison de s'exprimer, que c'est une intervention utile qui intervient après que le texte ait
00:43 suivi la totalité du cheminement parlementaire et donc du débat démocratique.
00:47 Pendant plusieurs mois le président de la république
00:50 a laissé d'abord la concertation avec les organisations syndicales.
00:53 On le sait, pardonnez-moi, et on a peu de temps et c'est pour ça qu'on va pas refaire l'explication.
00:57 Non, je vous demande juste.
00:59 Vous me demandez ce que je pense de la réaction d'un leader syndical sur
01:02 l'expression du président de la république et je vous dis que cette expression intervient après quatre mois de concertation, deux mois de débat parlementaire,
01:08 une adoption du texte et une période pendant laquelle le président de la république a gardé une forme de réserve pour laisser justement
01:15 la concertation avec les partenaires sociaux et le débat avec les parlementaires
01:18 aller jusqu'au bout. Donc c'est important aussi qu'il puisse s'exprimer à l'issue de ce processus.
01:22 Sauf que là on arrive effectivement à l'issue de ce processus.
01:25 Sidère Emmanuel Macron a dit qu'il voulait renouer le dialogue.
01:28 Force est de constater, je citais les mots de Philippe Martinez, mais il n'est pas le seul.
01:32 François O'Mery, le patron du syndicat des 4, parle d'une provocation.
01:36 Laurent Berger accuse le président de denie et de mensonge.
01:38 La CFTC parlait d'un discours hors sol.
01:41 Franchement, on voit mal comment on renoue justement le dialogue.
01:44 Vous les avez eus, pardonnez-moi, les syndicats ces derniers jours au téléphone ?
01:48 Nous avons des contacts informels, soit directement, soit par mon équipe.
01:50 C'est-à-dire, vous vous parlez ou par SMS ?
01:53 Ça peut être les deux voies, mais quand c'est informel, ça reste discret,
01:57 ça permet de mieux comprendre les positions des uns et des autres.
02:00 Mais au-delà de cela...
02:01 Ils vous disent quoi de façon informelle ? On ne reviendra pas à la table ?
02:04 Je ne vais pas vous livrer les conversations lorsqu'elles sont discrètes,
02:07 ce n'est pas mon type, ce n'est pas mon style de fonctionnement.
02:10 Ce que je sais et ce que je crois moi, c'est qu'à l'issue d'un conflit comme celui-ci,
02:13 parce que c'est un conflit, à l'issue d'une mobilisation comme celle-ci,
02:16 il ne faut pas être dans le déni, il ne faut pas penser que l'on va effacer les choses.
02:20 Il y a un avant et il y a un après.
02:22 Et il y a un désaccord qui va persister sur la question de l'âge de départ à la retraite.
02:25 Par contre, il y a des sujets, et il y a des sujets nombreux,
02:27 qui permettent de renouer un dialogue.
02:29 Je ne crois pas du tout au fait que d'une journée à l'autre,
02:33 en un espace de 12 heures ou de 24 heures,
02:35 on passe d'une situation de conflit à une situation d'entente.
02:37 Les choses se font progressivement,
02:39 et doivent se faire progressivement autour de deux catégories de sujets, si je puis dire.
02:42 Des sujets qui sont à l'initiative du gouvernement.
02:44 Je dois dans les prochaines semaines présenter un projet de loi sur l'emploi,
02:47 sur le travail, avec des questions de formation, de conditions de travail,
02:50 le débouché des assises du travail.
02:52 Ce sont autant de sujets d'items qui nécessitent de la concertation.
02:55 Puis il y a des sujets qui sont à l'initiative,
02:57 ou le résultat du travail des partenaires sociaux.
02:59 Au mois de novembre, j'ai demandé aux partenaires sociaux, syndicats et patronats,
03:03 de négocier un accord sur le partage de la valeur.
03:05 Ils y sont arrivés alors que tout le monde disait que ça ne serait pas le cas.
03:07 Eux-mêmes ont ouvert il y a quelques semaines maintenant, quelques mois,
03:10 une négociation totalement autonome à leur initiative,
03:13 sur la gestion de la branche de la sécurité sociale consacrée aux accidents du travail.
03:16 et aux maladies professionnelles.
03:18 Ça doit aboutir, je l'espère en tout cas, mi-avril.
03:20 Ce sont autant de sujets, dans les deux cas,
03:22 qui sont à l'initiative des partenaires sociaux,
03:24 et autour desquels la discussion doit permettre de transposer dans la loi,
03:27 le plus fidèlement possible, leurs intentions et le fruit de leurs accords.
03:30 Et on va revenir sur ces sujets précisément dans un instant.
03:33 Avant cela, un mot quand même.
03:35 Vous dites qu'on n'est pas dans le déni.
03:37 Malgré tout, les syndicats disent avoir l'impression
03:39 que vous faites un peu comme s'il ne se passait rien dans la rue.
03:42 Je prends juste un exemple.
03:43 Avant-hier, au lendemain du rejet de la motion de censure,
03:45 Elisabeth Borne a dit qu'on a le droit d'employer le mot "victoire".
03:49 Quand on voit ces poubelles qui débordent,
03:52 plus de 10 000 tonnes sur les trottoirs parisiens,
03:54 ces manifestations, ça fait plus de 7 jours que ça dure,
03:56 et pas qu'à Paris, dans de très nombreuses villes en France,
03:59 les dépôts pétroliers bloqués, les stations d'essence à sec,
04:02 les perturbations aujourd'hui, pensez franchement pouvoir parler de victoire ?
04:06 Quand vous avez un texte qui est allé au bout de son cheminement,
04:08 qui a été adopté par le Sénat en première lecture,
04:10 qui a été adopté par le Sénat après la commission mixto-paritaire,
04:13 qui a été adopté par l'Assemblée nationale du fait du rejet des motions de censure,
04:16 qu'est-ce qu'elles disent ces motions de censure rejetées ?
04:18 Elles disent qu'il n'y a pas de majorité alternative,
04:20 que l'alliance de tous les contraires, du Front National à la France Insoumise,
04:23 ne fait pas une majorité pour proposer un contre-projet.
04:25 Mais c'est pas maladroit l'emploi de ce mot.
04:27 Ça veut dire que le texte est allé jusqu'au bout.
04:29 Mais ça c'est factuel et c'est vrai.
04:31 Ça veut dire qu'on minimise les incidents ? Pas du tout.
04:33 Ni les perturbations connues par les usagers,
04:35 ni la mobilisation syndicale organisée par les syndicats justement,
04:39 et on ne minimise pas non plus les actes de violence,
04:42 qui ne sont pas le fait des organisations syndicales,
04:44 mais de quelques casseurs et de quelques émeutiers,
04:46 qui dans les différentes villes que vous avez évoquées,
04:48 s'en prennent aussi au symbole de la République.
04:50 Quand on essaie de mettre le feu à des préfectures ou à des mairies,
04:53 ce sont aussi des actes très symboliques qu'il faut absolument condamner.
04:56 Plus que de victoire, vous n'auriez pas parlé d'État précis par exemple ?
04:59 Je crois que ça revient à peu près au même.
05:01 Emmanuel Macron, et on va venir à l'après justement,
05:03 a expliqué hier qu'il avait demandé à Elisabeth Borne
05:05 de bâtir un programme de réforme pour les prochains mois.
05:08 Première victime, c'est le projet de loi immigration
05:11 que vous deviez porter Olivier Dussopt avec Gérald Darmanin.
05:14 C'était d'ailleurs censé être un des grands textes de ce deuxième quinquennat.
05:18 Il va finalement être scindé en plusieurs textes.
05:20 Très concrètement, ça veut dire quoi ?
05:22 On oublie les titres de ces jours pour les métiers en tension ?
05:24 Ça veut dire qu'on n'oublie aucune des mesures que nous poursuivons.
05:26 Et d'ailleurs, dans le courrier que la Première Ministre a adressé au Président du Sénat,
05:30 pour lui indiquer qu'à sa demande, le Président du Sénat l'a demandé,
05:33 nous retirons le projet de loi tel qu'il est construit,
05:36 de l'ordre du jour du Sénat, c'est-à-dire que le Sénat ne l'examinera pas la semaine prochaine.
05:39 La Première Ministre a aussi dit l'importance que le gouvernement attache à chacune des mesures.
05:43 À la fois les mesures qu'on qualifie parfois de régaliennes,
05:45 plutôt portées par le ministre de l'Intérieur,
05:47 sur la mise en œuvre des décisions de justice,
05:49 sur des questions relatives à la sécurité...
05:51 À l'exclusion des étrangers d'élinquants...
05:53 Mais aussi...
05:54 Mais sur les titres de ces jours pour les métiers en tension, ça verra le jour ?
05:56 Et les mesures qui sont portées par le Ministère autour de l'intégration par le travail.
06:00 Il y a la question des métiers en tension,
06:02 mais il y a aussi le fait de pouvoir regarder pour les demandeurs d'asile qui viennent de pays
06:06 pour lesquels nous savons que la demande va aboutir,
06:08 la possibilité de travailler plus vite.
06:10 Il y a la possibilité d'améliorer la formation en français...
06:12 Ce sera avant l'été ça Olivier Dussopt ?
06:14 Je ne sais pas si ce sera avant l'été, parce que le calendrier n'est pas déterminé.
06:17 Mais ça fait partie des sujets que nous voulons porter,
06:19 soit directement par le gouvernement,
06:21 soit en nous appuyant sur des initiatives parlementaires et donc des propositions de loi.
06:25 Olivier Dussopt, il y a une phrase qui a choqué un certain nombre d'associations.
06:29 Hier Emmanuel Macron dit "il faut aider les bénéficiaires du RSA à revenir vers l'emploi et les responsabilités".
06:35 Il évoquait ces français qui travaillent et qui disent "on nous demande des efforts,
06:40 mais il y a des gens qui ne travaillent jamais et qui eux auront un minimum vieillesse".
06:43 Ça veut dire quoi ? Qu'il faut instaurer des contreparties en échange du versement du RSA ?
06:48 Cette phrase du Président de la République,
06:50 elle réplique l'écho de son engagement pris pendant la campagne présidentielle.
06:54 Quel est cet engagement et qu'est-ce qu'a rappelé le Président de la République hier ?
06:57 Nous sommes dans un pays qui est un pays qui protège.
07:00 Nous avons une chance, c'est que lorsqu'on n'a plus de revenus,
07:02 il existe le RSA qui vous permet d'avoir un minimum de revenus.
07:05 Ça ne rend personne riche, mais c'est un minimum de revenus.
07:07 C'est un droit qui est un droit complet, total, que nous garantissons.
07:11 Il y a une deuxième responsabilité qui relève de l'État, des collectivités locales,
07:14 de la collectivité publique dans son ensemble,
07:16 qui est de garantir partout sur le territoire de la formation, de l'accompagnement, de l'insertion.
07:21 Et puis enfin, lorsqu'il y a une offre de formation, lorsqu'il y a une offre d'insertion,
07:25 il y a une responsabilité de celui qui bénéficie de l'allocation,
07:28 qui est de participer à ces activités pour retourner vers l'emploi.
07:31 Moi, ce qui me choque, ce n'est pas ce projet, je le porte,
07:34 et je le porte dans les lois et les décrets que je vais mettre en œuvre.
07:37 Ce qui me choque, c'est que parfois, quand on entend une partie de l'opposition,
07:40 notamment du côté de la gauche, on a le sentiment qu'accorder quelques centaines d'euros...
07:45 C'est 600 euros, 598 euros le RSA aujourd'hui.
07:48 Qu'accorder 600 euros à quelqu'un ferait que la société serait quitte de son devoir de solidarité.
07:52 Je ne crois pas. Je pense que la société française est quitte de son devoir de solidarité
07:56 lorsqu'elle a à la fois accordé une allocation qui est un minimum de survie,
08:00 mais surtout, lorsqu'elle a mis tout en œuvre, par la formation et par l'insertion,
08:03 pour permettre le retour à l'emploi.
08:05 - Très bien, mais on avait parlé des 15 à 20 heures d'activité hebdomadaire.
08:09 - Pas de travail, de l'activité, de l'insertion et de la formation.
08:12 - C'est expérimenté dans 19... - Pas de travail gratuit, pas de bénévolat obligatoire,
08:16 mais de l'insertion et de l'emploi. - Et ceux qui refusent, ils n'auront pas leur RSA, c'est ça ou pas ?
08:20 - Vous savez, aujourd'hui, dans la loi telle qu'elle est faite,
08:23 un allocataire du RSA qui ne participe pas au programme d'accompagnement social,
08:27 au programme d'accompagnement professionnel, qui ne se place pas dans une posture,
08:31 un parcours de retour vers l'emploi, il l'est sanctionné, il peut être sanctionné,
08:35 il l'est régulièrement. - Mais dans ce que vous voulez faire ?
08:38 L'idée c'est quoi ? C'est donnant-donnant ?
08:40 - C'est d'une certaine manière droit et devoir, effectivement,
08:43 mais à condition que l'offre d'insertion, l'offre de formation, soit adaptée.
08:47 Nous avons souvent un exemple, mais quand on a face à nous une mère de famille
08:51 qui vit seule, une famille monoparentale, on ne propose pas une offre de formation
08:54 de 17 à 20 heures. Ou alors il faut prévoir le mode de garde qui va avec.
08:57 Donc il faut que ce soit adapté, mais avec un objectif, c'est le retour à l'emploi.
09:00 Parce que la vraie lutte contre la pauvreté, le vrai travail pour donner la dignité et l'autonomie,
09:05 ce n'est pas de donner 600 euros par mois, c'est de permettre le retour à l'emploi
09:08 et permettre à chacun de travailler. - Merci beaucoup Olivier Dussopt.
09:11 - Merci à vous.
09:12 Merci.
09:13 [SILENCE]