Réforme des retraites : "Les déclaration d'Emmanuel Macron ont alimenté la colère"

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Transcript
00:00 les cortèges vont s'élancer de Bastille.
00:03 C'est là que nous retrouvons notre invitée Sophie Vénétisset.
00:06 Bonjour, merci de répondre à France 24.
00:08 Vous êtes professeure de sciences éco et sociales,
00:10 secrétaire générale du syndicat SNES-FSU.
00:13 Comment s'annonce cette nouvelle journée de mobilisation ?
00:16 Est-ce que l'interview d'Emmanuel Macron a renforcé la contestation ?
00:19 C'est une mobilisation qui s'annonce très forte aujourd'hui.
00:24 On a déjà plus d'un professeur sur deux qui est en grève
00:26 dans les collèges et les lycées.
00:28 On a vu aussi ce matin que les manifestations
00:30 qui ont eu lieu dans certaines villes comme Nice, Toulon
00:33 ou encore en Normandie sont très fournies.
00:35 Parfois on a même battu des records de participation
00:38 depuis le début de la mobilisation au mois de janvier.
00:40 Et très clairement les déclarations d'Emmanuel Macron
00:42 ont alimenté la colère, ont nourri la colère
00:45 et ont quelque part relancé la mobilisation
00:47 tellement elles ont été mal vécues par nos collègues
00:49 avec une forme de mépris et de provocation
00:52 pour tout ce qu'on fait depuis le mois de janvier.
00:53 Donc oui, clairement aujourd'hui la mobilisation est très importante.
00:57 Vous dites qu'un professeur sur deux est en grève.
00:59 Le ministère parle de 19% de grévistes
01:01 dans les collèges et les lycées.
01:03 Presque 10 points de moins par rapport au 7 mars.
01:05 Il y a un décalage ?
01:06 Alors on sait que le ministère a des modalités de calcul
01:12 du nombre de grévistes qui sont très particulières.
01:14 Après nous ce qu'on voit c'est que depuis le mois de janvier
01:16 on a toujours eu des grèves qui étaient bien suivies.
01:18 On arrive quand même au bout de deux mois de mobilisation
01:21 et on a toujours près d'un professeur sur deux qui est en grève.
01:24 On a des collègues qui ont aussi été en grève
01:26 entre les journées de l'Interpro.
01:28 On a des collègues qui en sont à 15 journées de grève.
01:31 Et puis surtout ce qu'on constate c'est qu'à côté de ces journées de grève
01:34 on a de plus en plus de collègues qui s'inscrivent
01:36 dans les actions locales intersyndicales
01:39 comme des rassemblements, comme des opérations PH gratuits,
01:42 comme des distributions de tracts.
01:43 Et tout ça montre bien la très grande détermination
01:46 du monde de l'éducation nationale à obtenir le retrait de cette réforme.
01:49 D'autres actions coup de poing on l'a vu dans le sujet
01:51 notamment le blocage ce matin de plusieurs lycées,
01:55 notamment à Paris.
01:55 Est-ce que vous encouragez ce mode d'action ?
01:57 Est-ce que vous les déplorez ?
01:58 Le blocage il est du fait des lycéens.
02:03 Ce sont les organisations lycéennes qui l'organisent.
02:05 Nous on n'a pas notre mot à dire là-dessus.
02:08 Ce qui est certain c'est que nous on appelle au plus grand calme.
02:11 Il faut que les mobilisations se passent bien.
02:13 Mais il faut aussi voir à quel point Emmanuel Macron
02:16 a jeté de l'huile sur le feu.
02:18 À quel point il a provoqué les salariés, les actifs
02:22 qui aujourd'hui sont dans la rue.
02:23 Et finalement aujourd'hui ils portent l'entière responsabilité
02:26 de la dégradation de la situation.
02:29 On va parler d'Emmanuel Macron dans un instant
02:31 et de ce qu'il a dit hier.
02:32 Mais un mot encore de la jeunesse.
02:33 Est-ce que vous sentez qu'elle se mobilise contre cette réforme
02:35 ou est-ce que ça reste encore un peu en retrait ?
02:39 Est-ce que ça reste encore modeste ?
02:40 Jusqu'ici c'est vrai qu'on n'avait pas forcément vu
02:44 les lycéens dans les mobilisations.
02:47 Ça s'explique notamment parce qu'ils étaient en épreuve de baccalauréat
02:51 en début de semaine, épreuve qui faisait une très grosse pression
02:54 sur les épaules de nos élèves.
02:56 On a senti une forme de décompression depuis mardi soir
02:58 et la fin des épreuves.
03:00 Et c'est vrai qu'aujourd'hui finalement,
03:01 qu'il y ait un peu plus de lycéens mobilisés,
03:03 ça s'explique très certainement par le fait que cette pression
03:06 s'est un peu allégée.
03:08 Et peut-être que dans les prochains jours,
03:09 il y aura d'autres lycéens et d'autres lycées mobilisés.
03:12 Emmanuel Macron hier, lors de cette interview,
03:15 a placé l'école dans les trois priorités du moment,
03:18 en tout cas de l'avenir, avec la santé et l'écologie.
03:21 Comment est-ce que vous recevez ces nouvelles promesses présidentielles ?
03:26 Encore une fois, ce sont de grands discours,
03:28 de beaux discours peut-être, mais dans les faits, on en est loin.
03:31 Emmanuel Macron est le président de la République qui a supprimé
03:34 près de 8000 emplois de professeurs dans les collèges et les lycées
03:38 depuis 2018.
03:39 C'est absolument énorme.
03:40 Et alors même qu'on manque de moyens dans l'éducation nationale,
03:43 donc qu'il nous fasse de grands discours sur la priorité à l'éducation,
03:46 c'est bien, ça fait joli à l'antenne.
03:48 Mais dans les faits, on est quand même très loin de tout ça.
03:51 On sait aussi qu'au niveau de l'école et au niveau des enseignants,
03:53 il y a le dossier des salaires qui est très important.
03:56 On sait à quel point la revalorisation salariale
03:58 est attendue par nos collègues.
03:59 Et là aussi, sur ce dossier, les discussions sont au point mort.
04:02 On n'avance pas.
04:03 On en a même été, enfin, même toutes les organisations syndicales
04:06 il y a deux semaines ont quitté la table des discussions.
04:09 Et pour autant, le dossier n'avance pas non plus.
04:11 Donc, il peut y avoir tous les discours qu'il veut.
04:13 Tant qu'il n'y a pas d'effet concret d'écoute de ce qu'on dit
04:16 et de ce qu'on demande, le compte n'y est pas.
04:19 Pour revenir sur la réforme des retraites,
04:20 le président a dit qu'elle serait appliquée d'ici la fin de l'année.
04:24 Vous espérez toujours le retrait du texte ?
04:26 La mobilisation va se poursuivre ?
04:28 La mobilisation va se poursuivre pour obtenir le retrait de ce texte.
04:34 On voit bien à quel point le président de la République
04:36 est mis en minorité sur ce texte.
04:38 Il est mis en minorité à l'Assemblée nationale.
04:40 Il est mis en minorité dans la rue.
04:41 Il est mis en minorité dans les sondages.
04:43 Et on a vu par le passé des textes qui étaient mis en minorité,
04:46 qui avaient été promulgués et qui pour autant étaient défaits.
04:48 Je pense ici à ce qui s'est passé en 2006 sur le contrat 1er embauche,
04:52 que Dominique De Villepin et Jacques Chirac avaient fini par retirer.
04:55 Donc oui, on va continuer parce que cette réforme est profondément injuste,
04:57 brutale et injustifiée.
04:59 Et ça, il faut qu'Emmanuel Macron l'entende.
05:01 Merci beaucoup Sophie Vénétité, depuis la place de la Bastille.

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