Trouver un exutoire dans la photographie

  • l’année dernière
Lyne nous raconte son parcours et les épreuves qu'elle a dû affronter pour devenir la photographe accomplie qu'elle est aujourd'hui.
Née à Nice et ayant grandi dans le Vaucluse près d'Avignon, elle a toujours été attirée par l'art et a exploré différentes formes d'art.

C'est finalement la photographie qui lui a donné la possibilité de s'exprimer et de trouver sa voie.
Lyne nous parle également de l'importance et du soutien de sa mère et de ses amis dans sa carrière de photographe, ainsi que de la façon dont elle gère les critiques et les personnes qui n'étaient pas derrière elle.

Suivez son histoire pour en savoir comment elle a finalement réalisé ses rêves de devenir une photographe accomplie.

Retrouvez-la sur Instagram : https://www.instagram.com/itsmadebychloe/?hl=fr
Transcript
00:00 L'émergence de ma micro-entreprise, elle s'est faite à la suite d'une dépression.
00:02 Tu viens de mettre 20 000 balles dans une école et en fait tu veux même pas bosser dans ce secteur.
00:06 Je sortais de l'école, je m'étais rendu compte que je trouvais pas ma place du tout sur les plateaux,
00:10 que j'étais pas heureuse, que je ne voulais pas faire ça et j'ai prouvé une culpabilité monstre.
00:14 Et j'ai besoin de toucher le fond du sait pour prendre l'élan de remonter
00:17 et de me dire "tu seras pas heureuse non plus en étant vendeuse et tu peux pas t'enfoncer dans cette zone de confort".
00:22 Donc je suis née à Nice et puis j'ai bougé du côté d'Avignon quand j'avais 4-5 ans, quand mes parents se sont séparés.
00:27 Ça a été un gros shift dans ma vie qui est arrivé finalement très tôt
00:31 mais vraiment aujourd'hui ça m'a amenée aussi à considérer les choses autrement
00:35 parce que ce qui pourrait être à la base vu comme un trauma, quelque chose de super dur à vivre,
00:40 j'ai voulu en faire une force.
00:41 La rupture a été très violente, mon père a été violent avec ma mère etc.
00:45 J'ai vu des choses, je pense qu'en fait on devrait pas voir.
00:47 Quand j'étais petite je savais jamais quand j'allais le voir
00:50 et du coup chaque retour de week-end je pleurais pendant 3 jours.
00:54 Cette façon de pleurer que j'avais c'était aussi une manière de dire
00:57 "je sais qu'en fait chaque fois que je le vois je m'en éloigne un peu plus".
01:01 Quand j'avais envie juste de lui parler il me disait "chut".
01:04 Il y avait des télés partout dans cette baraque, c'était mon angoisse quoi.
01:07 Le peu de fois où j'ai voulu lui montrer les choses qu'on pouvait produire en école
01:11 et même quand je lui montrais mes photos c'était "chut, je regarde la télé".
01:15 C'est trop bizarre parce que tu me fais la misère au quotidien en disant que je viens pas assez,
01:19 que je ne t'appelle pas mais quand je suis là tu ne m'accordes aucune importance.
01:22 Au début ça m'a fait de la peine et puis après je me suis dit
01:25 maintenant même les événements difficiles ils ont leur place dans ma vie et je les accueille
01:29 parce que c'est pas quand tout va bien aussi que tu peux faire le point sur ta vie,
01:33 mettre en place de nouvelles choses.
01:35 C'est sûr que si mon père avait été présent dans mon quotidien etc.
01:39 je pense que je n'aurais pas développé ça comme je l'ai développé.
01:43 Et aujourd'hui mais mille merci d'avoir vécu comme j'ai vécu
01:47 avec ma mère puis avec mon beau-père sans mon père surtout.
01:50 Vraiment, genre merci.
01:53 Parce que si mon père était resté je n'aurais jamais eu l'adolescence que j'ai eue,
01:57 la liberté de penser, de vivre, d'essayer, d'être moi en fait.
02:01 C'est quelqu'un qui a beaucoup voulu resserrer ses vis et tout
02:05 pour faire de moi ce qu'il voulait que je sois et ça n'a jamais fonctionné.
02:08 J'ai quand même vécu très longtemps seule avec ma mère.
02:10 Ma mère c'est tout pour moi quoi.
02:12 Donc je lui disais "bah tiens je vais dans un hangar abandonné faire des photos,
02:15 tu sais où je suis, elle savait où ça se trouvait,
02:18 j'avais de la batterie, un téléphone chargé et c'est tout quoi."
02:21 Et je pense qu'à l'époque mon père c'était "tu vas où, avec qui, pourquoi, tu vas faire quoi ?"
02:26 Non je suis pas d'accord.
02:27 On dit souvent que les artistes pour bien créer ils sont torturés.
02:31 C'est vrai que peut-être que les difficultés que j'ai eues dans ma vie
02:33 elles ont été pour moi une matière à créer
02:36 parce que j'avais peut-être besoin d'exorciser un peu des choses.
02:39 Donc j'ai testé un max de médiums comme on dit sur le plan créatif.
02:43 Quand j'étais gosse j'ai fait de la peinture, j'ai fait du métier à tisser,
02:46 j'ai fait de la poterie, j'ai fait des expériences scientifiques,
02:49 j'ai fait de la photo.
02:50 Très jeune en fait elle m'a acheté mes premiers appareils photo jetables quand j'avais 5 ans.
02:53 C'était un moyen de restituer un peu mon quotidien,
02:57 ce que je voyais, comment j'aimais montrer les choses.
03:00 Donc je me sentais ultra chanceuse de recevoir un jetable de temps en temps.
03:04 Je le regardais, je me disais "bon t'as 36 poses."
03:08 J'ai eu l'occasion et l'opportunité de tester plein de moyens d'expression sur le plan créatif
03:13 et en fait la photo c'est le seul truc qui est resté.
03:15 Aujourd'hui je ne dessine plus, je ne fais plus de poterie, je ne fais plus de bijoux,
03:18 je ne peins plus, je ne fais plus tous ces trucs là.
03:21 Mais par contre la photo c'est vraiment resté dans mon adolescence à mort.
03:25 Et ça s'est vraiment développé à cette période là parce que je me souviens
03:28 j'étais tombée sur un site qui s'appelle "les ventes du diable",
03:31 je ne sais même pas si ça existe encore.
03:32 Il y avait un tout petit peu d'argent de côté et je m'étais offert mon premier réflexe du coup en 2011.
03:36 Je veux dire en plus j'ai eu la chance de commencer la photo à une époque
03:40 où t'avais pas les réseaux sociaux, donc pas cette obligation de résultat.
03:43 Donc je faisais ça en fait en mode je fais des photos
03:46 puis en fait si personne ne les voit, personne ne les voit.
03:48 Mais moi je les ai faites et moi je les ai.
03:50 Mais j'ai eu aussi des amis au lycée qui me disaient
03:52 "Tu sais Lynn, pour faire de la photo il faut avoir du talent".
03:55 Et moi j'étais en mode...
03:57 C'est une délicate façon de me dire que je n'ai pas de talent, je sais pas, fin...
04:01 A l'époque je trouve qu'au lycée c'est un peu vache, t'es en pleine construction,
04:03 tu sais pas trop qui t'es, on te demande à 17-18 ans de choisir le métier que tu vas faire,
04:07 mais fin... impossible !
04:09 Mais pour beaucoup d'entre nous il y a eu des réorientations,
04:12 il y a eu des mauvaises orientations aussi,
04:14 ce qui a été mon cas, mais encore une fois, merci la vie,
04:17 parce que c'est de passer par là qu'a rendu ma prise de conscience vachement plus forte,
04:21 en mode "Mais non, mais en fait, je suis pas heureuse là,
04:24 j'ai envie de faire de la photo, ben je vais faire de la photo".

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