Retraites : "Je veux que l’on retourne aux urnes, je demande un référendum ou une dissolution"

  • l’année dernière
Comme tentative de sortie de crise pour l'exécutif, Luc Carvounas, maire PS d'Alfortville et président de l'UNCCAS déclare : "Je veux que l’on retourne aux urnes, je demande l’un ou l’autre : référendum ou dissolution. (...) Elisabeth Borne est en sursis, son élargissement de majorité se finira par un départ".

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Transcript
00:00 Notre invité politique ce matin c'est Luc Carvounas. Bonjour.
00:02 – Bonjour. – Merci beaucoup d'être avec nous.
00:04 Vous êtes maire d'Alfortville, porte-parole du Parti Socialiste
00:07 et président de l'Incas.
00:08 C'est l'association qui représente les centres communaux d'action sociale.
00:11 On va en parler évidemment dans cette interview.
00:14 Mais d'abord on commence par la réforme des retraites.
00:16 Luc Carvounas, 9e journée de mobilisation hier à l'appel des syndicats
00:19 et pour la première fois dans une journée de mobilisation syndicale des violences.
00:22 Violences en marge des cortèges dans plusieurs villes.
00:25 Est-ce que la contestation est en train d'échapper aux syndicats ?
00:28 – Déjà il faut condamner toutes ces violences.
00:30 J'ai vu hier que vous, notamment à la porte de l'hôtel de ville de Bordeaux brûlée,
00:36 une mairie c'est le premier guichet républicain.
00:38 Donc j'apporte tout mon soutien à tous ces maires,
00:40 la maire de Paris, la maire de Nantes, le maire de Bordeaux
00:43 qui ont vu ces exactions arriver.
00:46 Après le discours du président de la République
00:49 n'a pas été très apaisant dans son interview de 13 heures.
00:54 – Il a envenimé la situation pour vous ?
00:56 – Il ne comprend pas les Français.
00:58 Il ne comprend pas les Français et sa rhétorique de dire
01:01 "mais j'ai été élu pour faire cette réforme".
01:04 Déjà il ment, parce qu'il sait très bien lui qui a été si avide de sondage
01:09 que pendant sa propre compagne,
01:12 Harris Interactive a fait un sondage sur les items qu'il proposait
01:16 et le seul qui ressortait comme négatif aux yeux de l'opinion publique
01:19 c'était les retraites.
01:20 Donc il sait pertinemment qu'il y avait un front du refus sur ces retraites
01:24 et aujourd'hui on est passé d'une crise sociale
01:27 à désormais une crise politique majeure et institutionnelle.
01:31 Le seul moyen quand on est président de la République
01:33 de se sortir d'une crise institutionnelle,
01:35 c'est soit de dire "petit solution"
01:38 et on retourne vers le peuple pour voir ce qu'il souhaite
01:43 comme majorité à l'Assemblée Nationale,
01:45 soit c'est de dire "référendum,
01:48 est-ce que vous êtes pour ce projet que je vous ai présenté ?"
01:51 puisqu'il est si sûr de lui.
01:53 Or, il a donné une fin de non-recevoir
01:56 et d'ailleurs il n'a pas été extrêmement élégant
02:00 de manière républicaine vis-à-vis de Gérard Larcher, le président du Sénat
02:03 puisqu'il invite à déjeuner le mardi
02:06 mais il laisse fuiter la veille au soir avec les parlementaires
02:09 ce qu'il comptait faire de manière institutionnelle.
02:12 Voyez c'est ça le mode de faire d'Emmanuel Macron,
02:14 c'est toujours laisser entendre qu'il écoute
02:17 mais en fait il dirige seul et ça commence à se voir,
02:21 ça se voit dans son gouvernement où c'est un peu
02:24 "sauf qui peut, sauf qui veut".
02:26 – Mais vous demandez un remaniement,
02:28 vous demandez une départ d'Elisabeth Borne.
02:30 – Moi je demande que le président de la République
02:32 comprenne l'instant dans lequel nous sommes.
02:35 – Et ça passe par un remaniement, une dissolution pour vous ?
02:38 – Le remaniement appartient au président de la République,
02:40 moi je veux que l'on retourne aux urnes,
02:44 je souhaite que le peuple ait à nouveau…
02:46 – Une dissolution ou un référendum ?
02:47 Le référendum, vous savez que la gauche le demande
02:49 mais est-ce que vous demandez une dissolution ?
02:50 – Moi je demande l'un ou l'autre, référendum ou dissolution
02:54 mais ça ne peut pas durer comme ça, ça ne peut pas durer comme ça.
02:57 Et je pense qu'il est grand temps qu'Elisabeth Borne,
03:01 qui est en sursis si on a bien compris,
03:03 parce que son élargissement de majorité se finira par des cartons
03:07 et elle partira malheureusement parce que c'est impossible.
03:10 Et donc ils sont au pied d'un mur,
03:13 alors soit ils comprennent ce que disent nos compatriotes,
03:19 soit on va continuer comme cela et je ne vois pas où est le bout du tunnel.
03:23 – Et on a vu, je le disais, ces violences,
03:25 vous en avez parlé, vous les avez condamnées,
03:27 est-ce que malgré tout vous encouragez à poursuivre la mobilisation ?
03:31 Les syndicats ont annoncé une nouvelle journée de mobilisation mardi,
03:33 est-ce que pour vous il faut continuer avec ces journées de mobilisation ?
03:35 – Alors moi je suis un responsable politique,
03:37 il y a une intersyndicale qui organise le mouvement social,
03:41 le parti socialiste accompagne ce mouvement social,
03:44 il y a une nouvelle journée mardi prochain qui est annoncée,
03:48 et bien nous serons à nouveau dans cette dixième journée
03:50 aux côtés des syndicats et aux côtés des Français qui manifestent.
03:55 – Vous ne redoutez pas ce qui pourra se passer dans ces journées ?
03:57 On a l'impression que la violence monte d'un cran,
04:00 est-ce que ça vous inquiète ?
04:01 – Moi j'appelle à la responsabilité du Président et du gouvernement,
04:04 si on veut que les choses se calment,
04:06 il faut qu'encore une fois ils redonnent la main au peuple.
04:10 – Fabien Roussel, il appelle les Français à bloquer l'outil de travail,
04:13 est-ce que c'est aussi un appel que vous lancez ?
04:15 – Non, je dis à nos compatriotes, à mes consciences,
04:20 qu'ils doivent choisir ce qu'ils veulent faire,
04:22 on ne peut pas, quand on est un responsable politique,
04:25 envoyer des injonctions pour dire à nos concitoyens ce qu'ils doivent faire,
04:28 chacun est responsable.
04:30 – Il y a des grèves, des blocages, des risques de pénurie de kérosène
04:33 en Ile-de-France, il y a eu des réquisitions cette nuit
04:35 à la raffinerie de Gonfreville,
04:37 est-ce que pour vous ces réquisitions sont justifiées ?
04:41 – C'est en tous les cas le choix du gouvernement, je pense que…
04:44 – C'est un choix que vous comprenez ?
04:45 – Non, c'est un choix qui durcit encore un peu plus le ton,
04:48 et je pense qu'il faut dans ce temps présent arrêter d'être brutal.
04:54 Tout ce que l'on voit depuis plusieurs semaines maintenant,
04:57 et plusieurs mois, c'est de la brutalité institutionnelle,
05:01 brutalité vis-à-vis des corps intermédiaires et des syndicats,
05:05 et désormais brutalité contre nos concitoyens,
05:07 donc moi je pense qu'il faut que tout ça s'arrête encore une fois.
05:09 – On voit il y a une radicalisation de ce mouvement,
05:12 est-ce que ce mouvement est en train de changer de visage selon vous ?
05:16 – C'est évident qu'il est en train de prendre encore plus d'importance,
05:20 on l'a vu hier, c'est une des plus grosses mobilisations
05:24 qu'on ait eue en 9 jours.
05:26 Qu'il y ait malheureusement des débordements
05:29 en marge des manifestations, ça a toujours existé,
05:33 il faut que maintenant la préfecture de police de Paris,
05:35 lorsqu'elle va définir le cortège de mardi prochain,
05:39 que l'on prenne les enseignements d'hier au soir,
05:42 et que le cortège soit bien balisé en termes de mobilier urbain,
05:46 de poubelle, etc. de ne pas laisser de prise à ces quelques-uns
05:51 qui voudraient justement…
05:52 – Gérald Darmanin accuse l'extrême gauche ?
05:55 – L'extrême gauche.
05:56 – De violence ?
05:57 – Je ne sais pas ce qu'est l'extrême gauche dans le propos de M. Darmanin,
06:01 dans ces cas-là, si on jette des anathèmes,
06:03 moi je vais parler d'une politique de droite extrême, donc au regard…
06:07 – C'est de la part de Gérald Darmanin ?
06:08 – Je ne sais pas, je me mets dans le même comportement que lui,
06:12 il ne suffit pas de stigmatiser les uns et les autres,
06:15 nous sommes des responsables politiques,
06:17 ce sont des partis politiques de gouvernement,
06:19 donc demander à M. Darmanin ce qu'est l'extrême gauche chez lui,
06:23 comme moi je lui demande ce qu'est, au regard de ce qui se passe,
06:26 la droite extrême désormais.
06:28 – Ça veut dire quoi ?
06:28 C'est-à-dire qu'il y a un problème de maintien de l'ordre,
06:32 il y a un problème dans la politique de Gérald Darmanin ?
06:33 Qu'est-ce que vous voulez dire par « droite extrême » ?
06:35 – Je pense que les instructions qui sont données par le ministère de l'Intérieur
06:39 sont des instructions d'extrême grande fermeté,
06:42 on a l'impression de revenir au temps de Charles Pascua,
06:44 voilà mon sentiment.
06:45 – Donc trop ?
06:47 – Dans tous les cas il faut mesurer.
06:48 – Vous lui demandez de changer de politique ?
06:50 – Je lui demande de faire attention à nos concitoyens qui défilent
06:53 dans les instructions qui sont données à nos policiers,
06:55 que je soutiens, parce que nos policiers sont aux ordres de leur hiérarchie.
06:58 – Mais vous pensez qu'il y a des instructions
06:59 qui sont données contre les citoyens qui manifestent ?
07:01 – Je pense qu'il y a des instructions qui sont données à nos policiers
07:04 pour être extrêmement fermes, voire trop fermes.
07:07 – Il y a des violences aussi envers les élus,
07:09 envers les maires, envers les parlementaires.
07:11 – Je pense que j'en sais quelque chose.
07:12 – Vous en avez été…
07:13 – Ah bien sûr, au moment où je vous parle,
07:16 une personne est incarcérée dans un asile,
07:19 reconnue comme telle, et qui me menaçait de mort.
07:23 – Vous appelez à ce que ces violences soient plus sévèrement condamnées ?
07:26 – Moi j'appelle juste qu'on applique la loi, voilà.
07:29 Moi vous savez, je suis un maire,
07:32 lorsqu'il y a à mon encontre des propos qui sont homophobes,
07:36 normalement c'est un délit, l'éparquet classe,
07:39 je me porte partie civile pour faire appliquer la loi
07:41 et faire condamner la personne.
07:43 Il y a un problème de moyens dans la justice,
07:44 donc il ne suffit pas de donner encore plus d'outils législatifs
07:48 pour durcir le ton, et je crois qu'il y a tous les éléments pour le faire,
07:51 mais là aussi, l'éparquet, les procureurs, la justice en général,
07:56 manque de moyens sévères pour faire appliquer la loi
07:58 et protéger nos concitoyens,
08:01 et les élus sont des concitoyens comme les autres,
08:03 avec ceux-là de différents, qui sont en première ligne.
08:06 – Et c'est ce que vous disent les maires, avec qui évidemment…
08:09 – Bien sûr, bien sûr, que ce soit l'association des maires d'Île-de-France,
08:12 nous avions fait un livre blanc sur toutes les problématiques contre les élus,
08:16 l'association des maires d'Ile-de-France,
08:18 toutes les associations d'élus, c'est un sujet,
08:21 mais c'est aussi le symbole d'une forme de délitement
08:25 et de perte de repère de notre société,
08:27 on attaque les journalistes, on attaque les médecins,
08:30 on attaque les pompiers quand ils vont éteindre des feux de poubelle,
08:34 on attaque tous les repères et les symboles de la République
08:37 et je pense que notre société a besoin, encore une fois, d'apaisement,
08:40 et j'en reviens à mon début de propos,
08:42 il faut que le président de la République rassemble les Français,
08:45 il a été élu pour cela.
08:47 – Mais vous pensez vraiment qu'Emmanuel Macron va retirer son texte ?
08:50 Vous l'avez entendu, encore mercredi,
08:52 il insiste sur la nécessité de faire cette réforme des retraites,
08:55 "ça ne me fait pas plaisir mais elle est nécessaire", il a dit.
08:57 Vous pensez vraiment qu'il va le retirer ?
09:00 – Je crois qu'il ne la retirera pas, non.
09:02 Je pense que maintenant la balle est dans le camp du Conseil constitutionnel.
09:06 – Ça veut dire que pour vous le combat politique au PS est perdu ?
09:10 – Non, on va continuer le combat politique à l'occasion des prochaines échéances,
09:13 qu'elles soient d'abord sénatoriales puis européennes.
09:16 Sur cette réforme, on n'a même pas eu le temps de dire ce qu'on voulait dire au Parlement
09:20 puisqu'on s'est arrêté à l'article 2 sur 20 articles.
09:22 – À l'Assemblée nationale.
09:24 – Voilà, le Conseil constitutionnel,
09:28 sur une mesure, un mini 49.3 en accélérant les débats.
09:31 Donc tout a été fait pour que finalement on bride la parole politique.
09:37 Donc désormais, je m'imagine que les sages du Conseil constitutionnel
09:41 vont regarder ça sur le droit.
09:43 – Mais vous comprenez, le gouvernement dit "c'est la faute de la gauche",
09:45 c'est la faute de la France insoumise, si on n'est pas allé jusqu'au bout du débat.
09:47 Ils ont tout fait pour empêcher le débat à l'Assemblée nationale,
09:50 ce n'est pas votre avis ?
09:50 – C'est marrant de dire "ils ont tout fait pour empêcher le débat"
09:52 quand déjà la règle du jeu c'est d'imposer 50 heures de débat
09:55 à l'Assemblée nationale, donc un débat très contraint.
09:58 Quand on voit que cette maison qu'est le Sénat,
10:00 que j'ai toujours considéré comme la maison la plus sérieuse des deux chambres,
10:03 ayant été sénateur et député, je peux un peu comparer,
10:06 et je le redis ici à votre antenne,
10:08 parce que le Sénat montre depuis maintenant le début de son quinquennat
10:11 tout son rôle et toute son importance.
10:13 Même dans cette belle maison où généralement les débats
10:16 sont des débats politiques de fond,
10:18 le gouvernement a appuyé sur le champignon pour l'empêcher.
10:20 – 175 heures de débat dit Emmanuel Macron.
10:23 – On voit bien qu'il y a un malaise sur ce texte.
10:26 Quand on va toucher à la vie des gens
10:28 et que le Président et son gouvernement disent "circulez, il n'y a rien à voir",
10:33 je comprends qu'il y ait un malaise chez les syndicats et dans la rue.
10:37 – C'est une crise, vous le dites, qui va au-delà de la réforme des retraites
10:41 et on l'entend dans la rue, la colère maintenant va au-delà
10:43 de la simple contestation de cette réforme.
10:47 Emmanuel Macron, il veut mettre la question du travail sur la table.
10:51 Est-ce que pour vous c'est une bonne chose ?
10:52 Qu'est-ce que vous attendez de cette loi travail qui doit arriver d'ici l'été ?
10:55 – Déjà, je me demande dans quel contexte il va pouvoir discuter
11:00 avec les syndicats au regard de ce qui se passe aujourd'hui.
11:03 Donc il faut de la confiance pour parler de la loi travail.
11:07 – Elle est ronchée la confiance entre les syndicats ?
11:09 – Je ne parle pas pour les syndicats,
11:10 mais de ce que j'écoute des uns et des autres, de Laurent Berger ou de M. Martinez,
11:15 je n'ai pas l'insentiment qu'on se fait confiance actuellement.
11:19 Mais la loi travail doit poser les conditions de la rémunération des salaires,
11:26 de l'augmentation des salaires, d'arrêter cette politique depuis 6 ans.
11:30 Il y a un problème, je sors un chèque énergie, je sors un chèque alimentaire,
11:34 je sors un chèque, un chèque, un chèque, un chèque,
11:36 et finalement tout ça c'est du sous-poudrage.
11:39 Si on veut que les choses aillent bien dans ce pays,
11:42 il faut qu'une bonne fois pour toutes,
11:43 il y ait un vrai volontarisme d'augmentation des salaires
11:47 et pas seulement se glosser comme l'a fait le président de la République aux 13 heures,
11:51 en disant "jamais les smicards", bonjour le terme très péjoratif,
11:55 "n'ont été autant augmentés".
11:57 Voilà, vous voyez la conception qu'a le président de ses concitoyens.
12:01 – Et dans cette interview, il a également évoqué, il a également parlé du RSA,
12:05 il va aller chercher les bénéficiaires du RSA,
12:08 les aider à revenir vers l'emploi, les responsabiliser,
12:10 car certains, dit-il, ne travaillent plus parfois depuis des années ou des dizaines d'années.
12:14 – Il les a même un petit peu traités de feignants,
12:17 en disant "c'est normal qu'ils n'aient pas envie de travailler
12:19 parce qu'avec la Covid ils se sont habitués à ne plus travailler".
12:21 Non mais franchement, franchement, c'est le ton d'un président de la République.
12:24 Aujourd'hui le RSA, vous le savez, il y a 10 départements
12:28 qui se sont portés volontaires de toutes couleurs politiques.
12:30 Ils sont volontaires, c'est le temps d'une expérimentation.
12:33 Généralement quand on donne une expérimentation,
12:35 c'est qu'on se donne le temps du recul, de regarder quels sont les résultats
12:41 et de voir si on généralise ou pas.
12:43 Or, je vous parle d'une expérimentation dans 10 départements
12:46 et quand on écoute le président de la République,
12:47 on est déjà dans la généralisation.
12:49 Donc c'est toujours la même méthode, c'est "je fais ce que je veux en fait".
12:53 Et stigmatiser les personnes qui ont des minimas sociaux
12:59 par rapport à la problématique du plein emploi
13:02 alors qu'ils sont les plus éloignés de l'emploi,
13:04 il y a quelque chose qui ne colle pas.
13:06 Et le par-empouvre aujourd'hui aussi des politiques gouvernementales,
13:09 c'est l'accompagnement social.
13:11 Il ne suffit pas de dire "droit et devoir".
13:13 Et encore, moi ça me gêne politiquement, voire ça me choque,
13:17 que de dire que le RSA qui est un minima social
13:19 doit être adossé à du travail, à des heures de travail.
13:22 C'est un minima social, voilà.
13:24 Mais on attendra ce que donne le résultat de l'expérimentation.
13:28 – Justement, vous présidez l'Incas Union Nationale
13:31 des Centres Communaux d'Action Sociale.
13:34 Vous tenez votre congrès la semaine prochaine.
13:35 – Oui, à Bourges, chez mon ami Yann Galuf.
13:37 – Quel peut être le rôle de l'Incas dans cette sortie de crise sociale ?
13:43 – Nous sommes en plein dedans.
13:45 Les centres communaux d'action sociale, depuis ces dernières années,
13:48 la crise sanitaire avec la Covid,
13:50 la crise climatique avec les canicules successives l'été dernier,
13:54 ce sont les CCS qui met en place le plan Canicule.
13:57 La crise humanitaire, ce sont les CCS qui ont organisé l'accueil
13:59 dans les territoires des Ukrainiens.
14:01 Désormais, la crise énergétique, ce sont les CCS qui,
14:04 avec les bailleurs sociaux, mettent en place des boucliers sociaux
14:06 pour que les familles ne trébuchent pas sur la question du paiement de leur loyer.
14:11 Et donc, quand je dis au gouvernement, lorsque je les entends nous dire,
14:15 sur les champs des politiques de solidarité,
14:17 on a trois acteurs, les villes, les CCS et les départements.
14:21 Je dis au gouvernement, vous n'avez rien compris,
14:23 parce que les CCS, ce sont les villes.
14:26 Ce ne sont pas des établissements publics à part, composés de techniciens.
14:29 Le président du CCS, c'est le maire.
14:31 Et donc, les CCS sont le bras armé de nos politiques publiques.
14:36 Et nous sommes au cœur de tout cela.
14:38 Et dans le baromètre social que je rendrai public mardi matin,
14:43 un Français sur cinq déclare avoir franchi la porte d'un CCS.
14:47 Aujourd'hui, nous avons des publics nouveaux, des retraités, des actifs,
14:51 des jeunes qui nous demandent de l'aide, de l'aide alimentaire notamment.
14:55 Et au regard de nos moyens financiers, parce que nos budgets sont contraints,
15:00 les CCS vivent des dotations que les collectivités leur versent
15:04 à l'occasion du vote du budget.
15:06 Moi-même, cette année, je vais augmenter de 10% le budget de mon CCS,
15:10 2,6 millions d'euros.
15:11 Ça vous donne le niveau d'investissement.
15:14 – Quel message vous allez faire passer au gouvernement lors de votre conférence ?
15:17 – J'ai plusieurs messages à faire passer au gouvernement.
15:20 Déjà, ce gouvernement ne prépare pas la société du bien-vivir.
15:23 En 2040, vous et moi, nous aurons un pays où un Français sur deux
15:28 aura plus de 65 ans.
15:30 Que fait-on pour préparer cette société ?
15:32 Avec la question de l'autonomie.
15:35 – Je me demandais une grande loi d'épendance,
15:37 elle a été promise par Emmanuel Macron lors du précédent cabinet.
15:40 – Elle n'a pas eu lieu, c'est pour ça que l'UNCAS avait versé
15:44 au congrès des maires en 2021 un livre blanc avec des propositions,
15:47 notamment sur la revalorisation des 26 000 aides à domicile du public
15:51 qui avaient oublié du Ségur.
15:52 Nous avons rencontré le 25 janvier dernier à l'occasion de nos voeux,
15:55 nous avions fait préalablement une réunion avec le bureau de l'UNCAS,
15:58 Jean-Christophe Combe, le ministre des Solidarités.
16:01 Malheureusement, au regard de l'échange que nous avons eu,
16:04 il n'y aura pas de grande loi encore du grand âge et de l'autonomie.
16:07 Donc l'UNCAS va travailler à faire des propositions
16:10 parce qu'il faut que l'on avance.
16:12 Il faut aussi que l'on avance sur un sujet qui m'est extrêmement cher,
16:16 ce sont les Outre-mer.
16:17 J'ai fait des Outre-mer une priorité et quand je reviens de Guadeloupe
16:20 et que je vois que l'illettrisme est une des premières priorités des élus
16:27 parce que les élèves en Guadeloupe, par exemple,
16:29 perdent chaque année 20% de leur temps scolaire à cause des sargasses,
16:33 des cyclones, il n'y a pas d'eau potable dans les écoles.
16:35 Qu'est-ce qu'on fait pour ces territoires, ces départements français ?
16:39 Voilà, donc l'UNCAS, nous sommes la plus vieille association de maires
16:44 après l'Association des maires de France
16:46 et nous sommes là pour apporter des propositions politiques
16:49 et je crois qu'il y en aura pas mal à Bourges pendant trois jours.
16:52 – Et c'est ce message que vous ferez passer la semaine prochaine.
16:54 On parle du Parti Socialiste, pour terminer.
16:56 Il y a des législatives dimanche en Ariège, législatives partielles
17:00 mais qui ont une résonance nationale parce que la gauche divise votre parti.
17:04 Olivier Faure soutient la candidate La France Insoumise, NUP,
17:09 qui est la députée sortante.
17:10 Nicolas Maillol-Rossignol, lui, soutient la dissidente socialiste.
17:15 Ça veut dire que le Congrès de Marseille n'a pas résorbé les fractures au sein du PS ?
17:19 – En tous les cas, moi je regrette que l'accord de Marseille ne soit pas respecté
17:24 et le Conseil national, à la majorité, investit Mme Thorin pour être la candidate de la NUP.
17:33 Moi je regrette le comportement de mes amis de l'Ariège et de l'Occitanie.
17:38 C'est leur choix politique, je le respecte,
17:40 mais je dis à tous ceux qui sont contre la NUP, à François Hollande, à Bernard Cazeneuve,
17:46 à Carole Delga, à Hélène Geoffroy, à Stéphane Lefol,
17:50 tous ont été au gouvernement et aux plus hautes fonctions de l'État,
17:54 qu'ils se trompent de chemin politique.
17:55 La NUP, c'est l'union de toute la gauche.
17:58 La NUP a donné une espérance, et je l'ai vue dans ma ville à Alfortville,
18:02 au moment où nous avons fait ce choix et où l'effort et le courage de se mettre autour de la table
18:06 pour dire "construisons une coalition des causes communes", c'est ça la NUP.
18:11 Et quand j'entends une autre petite musique, je leur dis "très bien".
18:14 Et donc aux prochaines échéances, puisque vous êtes contre l'union de la gauche,
18:18 vous partez avec qui ?
18:18 – Alors eux, ils disent pas qu'ils sont contre l'union de la gauche,
18:20 ils disent qu'ils sont contre cette union
18:22 parce que le Parti Socialiste s'efface derrière la France Insoumise.
18:25 – Vous savez, il ne faut pas refaire l'histoire de ce qui s'est passé en juin dernier.
18:29 En juin dernier, normalement, nous avions fait des échanges
18:32 avec le Parti Communiste et les écologistes pour faire des alliances législatives.
18:36 Jean-Luc Mélenchon fait 22% à la présidentielle.
18:40 Nous, nous connaissons les résultats que nous avons faits.
18:42 Et nos partenaires traditionnels nous ont dit, avec une tape sur l'épaule,
18:46 "vous êtes gentils les amis, mais nous on va d'abord aller voir la France Insoumise".
18:49 Et c'est ça qu'il y a d'extrêmement incohérent, c'est qu'on ne rappelle pas cela.
18:57 Et on était dans un corner, les socialistes.
19:00 On voulait quoi ? Qu'il y ait un ou deux députés ?
19:03 La présidente de région d'Occitanie a amené des candidatures
19:07 pensant qu'elles étaient les meilleures.
19:09 Elles ont toutes été balayées en juin dernier
19:10 par d'autres candidats qui étaient ceux de la NUPES.
19:14 Donc on a vu à l'épreuve des urnes ce résultat.
19:18 Donc moi, cet entêtement, on verra ce qui se passe dimanche prochain.
19:24 Mais j'en appelle à la responsabilité là aussi de mes camarades
19:27 et de se mettre autour d'une table avec nous
19:30 et de construire un programme de gauche comme en son temps François Mitterrand.
19:34 Vous savez, quand vous reprenez les livres d'histoire,
19:37 franchement, entre François Mitterrand et Georges Marchais,
19:39 c'était autrement plus dur que ce à quoi on assiste aujourd'hui.
19:43 – Pour le moment, ils se mettent autour d'une table, mais sans vous.
19:45 Selon le journal du dimanche, il y a eu un dîner cette semaine
19:47 entre François Hollande, Bernard Cazeneuve et Nicolas Maillard-Rossignol,
19:51 qui est Premier secrétaire délégué.
19:52 Qu'en pensez-vous ?
19:53 – J'espère qu'ils ont eu de joyeuses agapes.
19:55 Voilà, donc je les laisse encore une fois dans leur choix politique.
19:59 – Mais est-ce que Nicolas Maillard-Rossignol,
20:00 il peut rester Premier secrétaire délégué dans ces conditions ?
20:04 – C'est à lui de nous le dire.
20:05 Aujourd'hui, aucun de ses amis de son courant
20:09 n'est dans la direction nationale.
20:12 Un pied dedans, un pied dehors, ça me fait penser un peu du "et" en même temps.
20:16 On a bien vu que ça ne fonctionne pas.
20:17 Donc, qui a deux maisons perd la raison.
20:20 Donc Nicolas devra faire des choix.
20:22 – Donc est-ce que, clairement, vous lui dites, il faut quitter,
20:24 il faut qu'il quitte ce parti socialiste ?
20:26 – Vous ne m'entendrez jamais avoir des injonctions vis-à-vis de camarades.
20:28 Moi, je connais Nicolas.
20:29 – Mais à ce moment-là, il ne faut pas clarifier la ligne.
20:31 – Mais c'est pas vrai.
20:31 – Parce que là, vous n'êtes pas dans un parti socialiste
20:33 où vous voulez à tout prix rester ensemble,
20:34 sauf que vous n'arrivez plus à cohabiter.
20:36 – C'est pas vrai, c'est pas vrai.
20:38 On cohabite ensemble, on va le démontrer au sénatorial,
20:41 on fait un fait PAC ensemble.
20:42 Après, on n'est pas d'accord sur la ligne politique.
20:47 – Mais c'est pas rien.
20:48 – Oui, mais elle a été tranchée.
20:50 Elle a été tranchée.
20:51 On ne peut pas refaire le match quand il a été tranché
20:54 dans le cadre d'un congrès.
20:55 Un congrès, c'est quoi ?
20:57 C'est définir une ligne stratégique politique.
20:59 Elle a été définie, c'est celle d'Olivier Faure.
21:02 – Bon, alors, est-ce qu'il faut aller jusqu'au bout de la démarche ?
21:04 Au Républicain, Éric Ciotti a démis Aurélien Pradié de son poste de numéro 2
21:08 parce qu'il ne suivait pas sa ligne.
21:09 Est-ce qu'Olivier Faure doit démettre Nicolas Maillard-Rossignol
21:12 parce qu'il ne suit pas sa ligne ?
21:13 – Ça ne vous aura pas échappé que Éric Ciotti n'est pas le modèle politique
21:17 d'Olivier Faure et on n'a pas tout à fait les mêmes pratiques.
21:20 – Mais il faut clarifier.
21:22 – Il faut de l'apaisement là aussi.
21:23 Je sais que notre premier secrétaire fait le job et nous autour de lui aussi.
21:28 Voilà, il y a La Riège, ce sera un épiphénomène.
21:31 Moi, je pense que la candidate de la NUPES sera première au premier tour.
21:36 Elle avait quand même 4 700 voix d'avance sur la candidate
21:39 des copains socialistes de La Riège en juin dernier.
21:43 Donc je ne comprends même pas pourquoi ils remettent une pièce dans la machine
21:46 pour démontrer que leur stratégie est encore une fois mauvaise
21:48 parce que je pense que c'est ça la démonstration
21:50 qui aura lieu dans les urnes dimanche prochain.
21:52 – Et on suivra bien sûr tout ça.
21:53 Merci Luc Carbonelle.
21:54 – Merci.
21:55 – Merci d'avoir été notre invité ce matin.

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