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Ivan Rioufol et Véronique Jacquier passent en revue l’actualité de la semaine dans #FaceARioufol

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00:00 A la une de face à Riofol, la France s'embrase et Emmanuel Macron ne parvient pas à circonscrire
00:06 l'incendie.
00:07 Pire, certains l'accusent de jouer les pompiers pyromanes avec cette réforme des retraites.
00:11 Le rôle du chef de l'Etat est pourtant de garantir la paix sociale, de maintenir l'unité
00:16 de la nation.
00:17 Emmanuel Macron peut-il tenir ? On en parle dans un instant.
00:20 Dans ce brasier, les forces de l'ordre jouent les pare-feu.
00:23 Sursollicitées, ils font face à des groupes radicaux de plus en plus nombreux, de plus
00:27 en plus violents.
00:28 Chacune de leurs interventions est filmée, commentée des policiers.
00:31 A bout de force, à bout de nerfs, c'est l'édito d'Ivan Rioufol.
00:34 Enfin, Ivan, vous recevez ce dimanche Ludovine de Larochère, chef de file depuis 10 ans
00:39 maintenant de La Manif pour tous, nouvelle présidente du syndicat de la famille.
00:43 Quelle place à la famille dans la société française ? Ses projets, ses ambitions, politiques
00:47 peut-être ? Vous lui poserez ses questions.
00:49 Voilà le programme de face à Riofol.
00:51 Face à Riofol, c'est parti.
00:53 Bonsoir cher Ivan.
00:54 Bonsoir cher Ivan.
00:55 C'est un plaisir de vous retrouver.
00:56 Véronique Jaquet, bonsoir.
00:57 Merci d'être avec nous.
00:59 Emmanuel Macron peut-il tenir ? C'est votre premier thème ce soir.
01:03 Il s'est exprimé mercredi lors d'un entretien télévisé, espérant jamber la contestation
01:08 sur sa réforme des retraites après la validation de sa politique par l'Assemblée lundi.
01:12 Alors, est-ce qu'il a gagné la partie ?
01:14 Écoutez, je pense que lui, dans son fort intérieur, pense en effet qu'il a gagné
01:19 la partie.
01:20 Mais je crois qu'il risque d'être victime politiquement de sa propre solitude.
01:24 Alors de son propre caractère qui, me semble-t-il, n'analyse pas exactement quel est le rapport
01:29 de force qu'il a voulu mener lorsqu'il s'est engagé dans un rapport de force,
01:32 sans voir que lui-même était affaibli.
01:34 Et puis, je crois que sa solitude est due également à sa position aujourd'hui, qui
01:37 devient celle héritée par la Ve République de son rôle présidentiel.
01:42 Alors, il me semble aujourd'hui, et là c'est un autre sujet que l'on abordera peut-être
01:44 un autre jour, que le rôle du président de la République doit être requestionné en
01:48 fonction de la personnalité de ceux qui prétendent à cette fonction-là.
01:53 Je trouve qu'aujourd'hui, ni lui, ni son entourage, ni ses prédécesseurs ne sont
01:58 à la hauteur, et c'est bien précisément pour ceci qu'il y a une crise en France aujourd'hui,
02:02 ne sont à la hauteur de ces grands desseins, des grands desseins de la France.
02:05 Je trouve qu'il y a beaucoup de petits hommes.
02:06 Et donc, en l'occurrence, là, on voit bien, alors si on se met un quart de seconde dans
02:11 sa tête, on voit bien qu'il essaye, en surexposant naturellement des violences insupportables,
02:18 de se montrer comme étant le garant du parti de l'ordre, et qu'il joue dans le fond à
02:23 cet apaisement en fonction de la crainte qu'il aurait à susciter de la part des
02:29 Français qui regardent tout ceci.
02:31 Mais j'ai l'impression qu'il n'a plus déjà les bonnes cartes en main, et qu'il
02:33 a déjà dû, en fonction de ces éléments qui l'entourent, il a déjà dû rendre les
02:41 armes.
02:42 Il a rendu les armes d'abord en annulant in extremis la visite du roi Charles III.
02:47 Il devait arriver en France dimanche.
02:50 Il a rendu les armes en renonçant d'aller à un match de foot vendredi, de peur de se
02:55 faire siffler par la foule.
02:58 Et on voit que la réforme des retraites est en train d'être une retraite des réformes,
03:02 puisqu'il va également renoncer à la réforme de la loi sur l'immigration, ou en tout
03:06 cas en la transcendant.
03:08 Donc, je crains que l'on en arrive à ce point ultime d'avoir à demander au peuple
03:17 de trancher.
03:18 Mais pour l'instant, ce que je vois et ce qui me sidère, c'est qu'il accumule depuis
03:20 maintenant le début de son premier quinquennat une série d'erreurs qui lui appartiennent.
03:26 C'est-à-dire, outre le fait qu'il ne représente pas sa fonction, je pense qu'il est victime
03:31 de son propre caractère.
03:32 Il est victime de sa morgue, tout d'abord, et sa morgue est éclatée après, effectivement,
03:38 le rejet de la motion de censure, le rejet à neuf mois, puisqu'il a fait dire, et il
03:42 a dit lui-même, qu'il y voyait une victoire.
03:44 Il a fait lire, en tout cas par Mme Borne, la Première Ministre, on a le droit d'employer
03:48 le mot "victoire", ce qui est quand même un manque de lucidité qui me paraît flagrant
03:53 vu l'état de tension de la société.
03:55 Lui-même a dit gagner un vote peut-être considéré comme une défaite, en oubliant
04:00 malgré tout que cette victoire apparente était une victoire à l'impérus.
04:04 Donc, c'est ce qui me fait dire que cette arrogance déverse à nouveau des bidons d'huile
04:08 de la part de cet homme-là, qui me paraît être en effet un président incendiaire.
04:12 Et puis, il y a également le déni qui est commun à Emmanuel Macron depuis le début,
04:17 c'est-à-dire que, j'en avais d'ailleurs parlé ici, on l'avait entendu huit mois
04:21 avant que les gilets jaunes ne déboulent sur les champs, et disait, on l'avait entendu
04:25 dire "je ne vois pas, je ne sens pas la colère française".
04:27 On l'avait entendu très récemment, et donc la colère française était arrivée,
04:32 évidemment.
04:33 On l'a entendu très récemment lors du Salon de l'agriculture, et on en avait parlé
04:37 à l'époque.
04:38 Il a repris cette même phrase en disant "je ne sens pas la colère", et j'avais mis en
04:41 alerte en disant que s'il ne sent pas la colère, c'est donc qu'elle va débouler,
04:44 et on la voit naturellement débouler, sauf que dans son entretien de mercredi, il a dit
04:49 à nouveau "si les français étaient totalement en colère, sans doute n'aurais-je pas été
04:52 élu il y a un an".
04:54 Donc, on voit bien qu'il est incapable de se confronter à la défiance qui s'est installée
05:00 au cœur de la société, et parce que ce n'est jamais de sa faute.
05:03 Et sa troisième faiblesse, c'est précisément cette stratégie de lévitement, c'est-à-dire
05:07 qu'à chaque fois que vous vous observerez, il rechigne à chaque fois à vouloir admettre
05:13 qu'il ait pu se tromper d'un point ou d'un autre, et là, sur la réforme des retraites,
05:17 il a accusé d'abord les français de ne pas l'avoir compris, qu'il n'y aurait pas eu,
05:20 soi-disant, suffisamment de pédagogie.
05:23 Il a accusé très directement, c'est quand même une maladresse, un signe, les syndicats
05:26 eux-mêmes de ne pas avoir fait, de ne pas avoir apporté des propositions de compromis,
05:34 et à tout ceci s'est ajoutée encore une réflexion, toujours dans son entretien télévisé,
05:38 qui m'a paru être une réflexion de classe totalement inappropriée, puisqu'il a dit,
05:43 s'adressant aux smicards, jamais les smicards n'ont vu autant leur pouvoir d'achat augmenter
05:48 depuis des décennies.
05:49 Donc, avec une sorte de morgue d'indifférence, précisément à la difficulté qu'ont aujourd'hui
05:56 les français de la classe moyenne, en tout cas, à boucler les fins de mois, en les appelant
06:00 des smicards et en faisant comprendre que dans le fond, ils pourraient se contenter
06:03 de ce qu'ils ont, on voit bien que l'état d'irritation de la société qui se manifeste
06:07 naturellement par des violences qui sont indignes, mais surtout par une mobilisation populaire
06:12 de plus en plus importante, risque de prendre de l'ampleur, et moi je pense que cette
06:16 journée de mardi risque de, pourrait ménager bien des surprises.
06:22 Et donc, on est dans cet enfermement-là.
06:25 Mais Emmanuel Macron n'a-t-il pas raison de rappeler que la foule n'a pas de légitimité
06:29 face au peuple qui s'exprime souverain à travers ses élus ?
06:32 Je cite le président Macron.
06:33 Oui, oui, oui, voilà.
06:34 Alors c'est un autre travers qui est celui de jouer avec la peur, et là c'est la peur
06:38 de la foule, la peur du populisme, la peur des extrémismes qui montent, etc.
06:43 Et là-dessus, il est très doué, il nous avait joué la peur du réchauffement climatique,
06:47 la peur du Covid.
06:48 Là, on est en plein, aujourd'hui, dans cette foule indigne qui viendrait prendre le Capitole
06:53 ou qui irait prendre le Parlement comme un Bratislava.
06:56 D'ailleurs, en laissant comprendre que ceux qui menaient le Capitole ou qui avaient pris
07:00 le Capitole d'assaut aux États-Unis ou Bratislava seraient également cette France d'extrême
07:04 droite, alors qu'on voit que c'est une France d'extrême gauche.
07:06 Donc, en plus, avec des mensonges sur la réalité de la situation.
07:10 La foule, en effet, la foule peut être dangereuse, on le sait.
07:13 Vous savez d'abord, c'est Victor Hugo qui dit "le peuple est en haut, la foule est en
07:15 bas".
07:16 Et ceux qui ont lu Gustave Le Bon savent que la foule peut être mimétique, peut être
07:21 violente, peut être naturellement lyncheuse, et tout ceci est vrai.
07:26 Mais la foule, telle qu'elle s'exprime, en tout cas dans les manifestations et telles
07:29 que je la comprends, c'est une foule qui réclame davantage de démocratie.
07:33 Cette foule-là est un syndrome, elle est le syndrome d'une crise profonde de la démocratie,
07:37 une crise de la démocratie représentative, c'est-à-dire que les Français ne se sentent
07:40 plus représentés, c'est une vieille affaire, par précisément ceux qui sont censés les
07:44 représenter.
07:45 Le 49-3 a rajouté une sorte de violence constitutionnelle dans la mesure où le Parlement a été sommé
07:51 de la bouclée, puisqu'il s'apprêtait, dans le fond, à rejeter une réforme.
07:55 Et donc, là-dessus, on peut parler de violence institutionnelle.
08:01 Et puis, il y a un autre sujet qui est moins abordé, mais qui, me semble-t-il, explique
08:05 également cette grande irritation de la société, c'est qu'au cœur même des syndicats, même
08:08 des syndicats progressistes, de la CFDT notamment, vous avez tout un discours qui consiste à
08:13 rejeter dans les marges ces Français qui se sont reconnus davantage dans le rassemblement
08:18 national.
08:19 J'entends le secrétaire général de la CFDT nous dire à chaque fois que c'est les
08:25 représentants du rassemblement national qui ne sont pas les bienvenus dans les manifestations
08:30 syndicales, alors que les représentants de la France Insoumise le sont.
08:33 On voit ce qu'ils ont fait très récemment pour cette affaire de Sainte-Soline.
08:38 Et donc, vous vous rendez compte qu'au cœur même des syndicats qui se réclament de la
08:43 démocratie, eux-mêmes rejettent une grande partie de la démocratie.
08:46 Donc, nous sommes dans une société totalement éruptive et qui ne voit pas d'autre débouché,
08:51 malheureusement, qu'à travers la rue.
08:52 Et donc, la rue en effet, et la foule en effet, porte aujourd'hui un message qui me semble
08:56 être un message qu'il faut entendre plutôt que de dire que cette foule serait une foule
09:01 agressive et qui mettrait à bas la République.
09:03 Non, il n'y a pas que des factieux et des factions dans cette foule-là.
09:06 Pour m'y être plongé, j'y ai retrouvé à peu près les mêmes profils que ceux qui
09:12 manifestaient lors des Gilets jaunes.
09:14 Et cette foule-là est profondément respectable.
09:16 Est-ce qu'il la comprend la foule Emmanuel Macron, Véronique Jaquet ?
09:20 Non, il ne la comprend pas.
09:21 Il a une solution pour sortir par le haut pourtant de cette crise, c'est d'avoir recours
09:25 au référendum.
09:26 Ça, ce serait pleinement démocratique, ce serait une façon de dire "je vous ai compris"
09:32 pour ne pas citer Charles de Gaulle.
09:34 Et puis les Français d'ailleurs comprendraient qu'on les interroge sur quelque chose qui
09:38 touche à leur vie quotidienne.
09:39 Souvenez-vous, en 2005, on les sollicitait pour un traité constitutionnel sur l'Europe.
09:43 Bon, ben là, la question serait simple, sauf qu'Emmanuel Macron sait très bien qu'il
09:47 connaît déjà la réponse, donc il n'en veut pas.
09:50 Il peut tenir et il peut, cela dit, montrer qu'il essaye de comprendre les Français.
09:56 Vous avez vu quand même qu'il a demandé à Elisabeth Borne de tendre la main au syndicat
10:02 puisque ce soir, elle dit qu'elle cherche l'apaisement et qu'elle veut travailler
10:07 avec les syndicats.
10:08 Donc là, on voit qu'on est en train de passer à autre chose, qu'on est en train
10:11 de basculer dans autre chose puisque le président de la République se dit qu'il ne peut pas
10:16 s'en sortir tout seul.
10:17 Alors cet homme est incroyablement seul quand même, quand on y réfléchit bien.
10:20 Et donc, comme par hasard, on veut élargir la majorité.
10:23 Donc, on va chercher au coup par coup des voix LR à droite à gauche et puis on confie
10:28 tout un programme à Elisabeth Borne.
10:30 Bon, cela dit, moi, je pense que ça va faire un flop d'une part parce que les quatre
10:36 ans qui viennent, c'est terminé.
10:37 Il n'est plus audible vis-à-vis des Français.
10:39 Il ne capitalisera plus sur sa parole.
10:42 On l'a vu.
10:43 Donc, effectivement, les martingales politiques, il va toutes les user une corde après l'autre.
10:48 Mais pour autant, il y a maintenant un désenchantement démocratique tel que l'a très bien expliqué
10:52 Yvan.
10:53 Même les syndicats ne jouent plus la partition des démocratiques.
10:57 Donc, on ne voit pas trop comment on va s'en sortir.
10:59 Et puis surtout, n'oublions pas en toile de fond les scènes apocalyptiques de ce
11:03 week-end à Sainte-Soline avec cette impunité laissée à l'ultra gauche quand on est
11:08 toujours en train de taper quand même sur la droite.
11:10 Les scènes de violence aussi que nous avons vues dans Paris avec cette ville qui se tiermondise
11:15 avec cette grève des poubelles.
11:16 On a vraiment l'impression quand même que ce début de deuxième quinquennat est vraiment
11:21 marqué par la chienlit.
11:22 Donc, nous, il ne comprend pas la foule.
11:24 On ne voit pas trop comment il va s'en sortir.
11:26 Je vous donne cette information qui est tombée il y a quelques instants.
11:29 La première ministre Elisabeth Borne dit ne plus vouloir recourir au 49-3 en dehors
11:33 des textes budgétaires, veut mettre l'apaisement avec les syndicats, recevra parti groupe d'opposition
11:39 la semaine du 3 avril.
11:41 Yvan Réofold, est-ce qu'il faut s'attendre, et la question est lourde de sens, à des
11:45 insurrections populaires ?
11:47 Écoutez, c'est naturellement le vœu, c'est la ligne politique qui est choisie en tout
11:52 cas par la NUPES puisqu'elle veut une censure populaire.
11:55 Moi, pour regarder, pour mettre plongé dans cette manifestation précédente à Paris,
12:03 je n'y ai pas vu une foule hargneuse.
12:05 J'ai vu certes naturellement les casseurs qui ouvraient la marche, il était à peu
12:10 près, je ne sais pas, 1000 ou 1500, mais j'ai vu ensuite une foule paisible.
12:14 Donc il ne faudrait pas malgré tout que l'on confonde les casseurs ou les scènes d'incendie
12:18 et ce grand mouvement populaire de protestation qui risque d'enfler et qui va bien au-delà,
12:25 qui porte un message qui va bien au-delà de ces scènes catastrophiques que l'on voit.
12:29 Et je pense que oui, en effet, certes ces gens-là sont des gens paisibles, mais ce sont des
12:33 gens qui pourraient à un moment donné se lasser et être contaminés, si je puis dire,
12:38 par cette violence, comme les gilets jaunes du départ avaient été à un moment donné
12:43 imprégnés par la violence qui avait été celle des antifas.
12:46 Et on avait vu à un moment donné ces scènes de gilets jaunes applaudissant les antifas
12:51 montés au front, si je puis dire.
12:52 Et donc on est dans cette situation de tension, aggravée en plus par d'autres maladresses
12:57 du président de la République et de sa première ministre, de dire à chaque fois "il n'y
13:01 a pas d'alternative".
13:02 Vous avez ce créneau qui revient tout le temps dans le discours présidentiel de dire,
13:06 mais encore une fois, depuis le départ, tout ça ce sont des fondamentaux du macronisme
13:10 de dire, lors de la crise du Covid par exemple, il n'y a pas d'alternative, c'est-à-dire
13:14 que tous ceux qui protestaient ou qui voulaient mettre des positions un peu divergentes étaient
13:17 priés de se taire.
13:19 Et là encore, il l'a redit, en se targant d'avoir gagné donc cette procédure de la
13:26 motion de ceinture, il n'y a pas d'alternative au prétexte qu'il considérerait que ceux
13:30 qui se réclameraient de la droite populiste seraient effectivement des incapables.
13:35 D'abord on n'en sait rien et lui s'est fait élire en disant "si ce n'est pas moi,
13:40 ce sera le chaos".
13:41 On voit bien qu'il s'est fait élire et que c'est le chaos.
13:43 Donc je pense que les Français voient tout cela et qu'en effet, si le gouvernement continue,
13:50 mais vous avez donné de la part de Mme Borne déjà une expression de son réalisme en
13:55 renonçant au 49-3, ce serait naturellement une étincelle supplémentaire, donc je pense
14:00 qu'on peut peut-être s'attendre à ce que le gouvernement maintenant fasse attention,
14:04 mais je suggère malgré tout de regarder au-delà de ce qui se passe à Paris.
14:07 Parce qu'aujourd'hui l'histoire ne se fait plus tellement à Paris, qui est un Paris
14:10 qui s'est gentrifié, qui s'est embourgeoisé, qui est un Paris qui est mené naturellement
14:14 par la Nupes, mais la Nupes c'est d'abord un parti de petits bourgeois dans le fond,
14:18 et j'invite davantage à regarder, en tout cas moi ce qui m'intéresse davantage, c'est
14:21 de voir quelle sont l'ampleur des manifestations dans les provinces.
14:23 Parce que c'est là, dans cette France décentralisée, dans cette France girondine, que s'écrit
14:28 l'histoire, que s'écrit l'histoire à travers une société civile qui s'écarte
14:31 de plus en plus des syndicats, et d'ailleurs peut-être que les syndicats risquent de perdre
14:35 la main, alors je ne sais pas si ce sera en bien ou en mal, mais j'invite davantage les
14:39 médias, plutôt que de se focaliser sur les feux de poubelle de Paris, à regarder exactement
14:43 ce qui se passe en province, et ce qui se passe en province est beaucoup plus calme
14:45 d'abord, sauf à Nantes ou à Rennes, mais enfin dans des grandes villes comme Marseille
14:49 ou de ceci, on n'a pas ces mouvements d'insurrection qui se traduisent simplement par des feux
14:54 de poubelle.
14:55 - Vous êtes très optimisé, pardon, pour l'instant, oui, je vois que vous êtes dubitatif.
14:59 - Parce qu'à Bordeaux, la mairie de Bordeaux par exemple, la porte a été brûlée.
15:02 - Vous êtes très impressionnable, oui d'accord, mais j'invite à ne pas tomber simplement
15:07 dans cette facilité de ne regarder que ce qui brûle.
15:10 Je pense que ce qui brûle pour l'instant, c'est une démocratie irritée, et que le
15:15 peuple est en train de porter un discours qui pourrait être un discours potentiellement
15:18 révolutionnaire, mais dans le bon sens du terme.
15:19 - Autre thématique, les forces de l'ordre.
15:22 Les forces de l'ordre peuvent-elles tenir le choc ?
15:24 Les forces de l'ordre qui sont sur-sollicitées comme jamais par le gouvernement, est-ce qu'aujourd'hui
15:29 elles sont à bout de force, à bout de nerfs, ces forces de l'ordre, et ça peut craquer
15:33 ou pas ?
15:34 - Moi, je pense que les forces de l'ordre sont à bout de nerfs, naturellement, en plus
15:38 avec ces stratégies d'éclatement des conflits où les forces de l'ordre se multiplient sur
15:43 tous les fronts, elles ne peuvent pas tenir, bien entendu.
15:45 Mais encore une fois, je pense que si effectivement ces forces de l'ordre sont fragilisées,
15:50 c'est parce que la République elle-même s'est fragilisée.
15:53 C'est-à-dire que moi j'en veux beaucoup, d'abord au discours commun qui a été de
15:57 dire que c'était l'extrême droite qui était le fauteur de troubles, en se masquant quels
16:02 étaient effectivement les graves dangers pour la démocratie qui était portée par l'extrême
16:07 gauche, l'ultra-gauche, appelez-la comme vous voulez, et qui porte effectivement un discours
16:11 d'insurrection pour faire tomber une démocratie.
16:13 Et ceci, personne n'a voulu le voir, et c'est ce qui éclate à nos yeux aujourd'hui.
16:18 Donc j'en veux beaucoup à ceci, et je pense, et je rappelle aussi que depuis 1789, malheureusement,
16:25 la violence politique paye.
16:26 C'est-à-dire que 1789, dont on fête le 14 juillet l'anniversaire à chaque fois, a été
16:33 une journée épouvantablement violente, où l'on a même coupé des têtes, on n'en est
16:36 pas là, Dieu merci, mais également la violence a été un fait politique qui a obligé, sur
16:44 la ZAD de près de Nantes, de Notre-Dame-des-Landes, qui a obligé le pouvoir à reculer alors
16:51 même que la population locale avait accepté par référendum ce projet d'aéroport à
16:56 Notre-Dame-des-Landes.
16:57 Je n'oublie pas que 17 milliards ont été déversés sur les gilets jaunes quand ils
17:01 ont décidé de passer à l'acte très violent aux alentours de l'Arc de Triomphe en décembre
17:07 2014, et donc on voit bien qu'aujourd'hui la violence est devenue malgré tout un argument
17:12 supplémentaire qui est, et l'histoire de la France et de ses révolutions est ainsi
17:17 faite également, que les révolutions ne se font aujourd'hui plus que par la violence.
17:21 Alors je ne sais pas si nous sommes encore en révolution ou pas, mais en tout cas je
17:24 pense que cette violence-là, naturellement indéfendable bien entendu, mais explicable
17:30 par cette faiblesse intrinsèque qu'a l'État effectivement de ne pas pouvoir argumenter
17:34 et à ne comprendre dans le fond que cette violence-là quand elle a comme ultime résonance
17:40 le fait de secouer un petit peu la léthargie des pouvoirs en place.
17:44 Trois jours après le saccage de l'Arc de Triomphe, Edouard Philippe qui dit "Aucune
17:47 taxe ne mérite de mettre l'unité de la nation en danger".
17:50 Vénéronique Jacquet, ces forces de l'ordre aujourd'hui, elles sont épuisées et attaquées
17:55 aussi par une partie de la classe politique.
17:56 On entend violence policière, on a entendu Jean-Luc Mélenchon ce soir dire "il faut
18:01 supprimer cette fameuse brave M et si on est en poste on supprime, mais surtout ils vont
18:06 se faire soigner", c'est ce qu'il a dit sur LCI notamment.
18:09 Ce qui me paraît très grave, notamment quand nous regardons les images de Sainte-Soline,
18:14 c'est qu'on n'a plus affaire à des manifestations, ce sont des champs de bataille.
18:17 On a quand même des gens de l'outre à gauche qui viennent avec un sac à dos avec
18:21 des armes dedans.
18:22 Donc on est en train de faire des gendarmes et des policiers de la chair à canon pour
18:26 des gens de l'outre à gauche.
18:28 Et ce qui me paraît extrêmement dangereux c'est que nous avons quand même des black
18:30 blocs qui viennent de l'étranger, qui passent la frontière comme ça alors qu'on sait
18:34 qu'il y a une véritable volonté de nuire sur le sol français.
18:37 Alors d'une part il y a quand même une forme de complaisance ou de faiblesse, et
18:40 d'autre part il faut quand même attaquer le mal à la racine.
18:43 Le mal à la racine pour ces gens qui viennent en voulant détruire la République de l'intérieur,
18:49 ce sont d'abord ce qu'on leur apprend pour certains dans les manuels scolaires,
18:53 à savoir que c'est la fin du monde, qu'il faut prôner la décroissance, qu'il faut
18:57 un autre système.
18:59 On met ça, cette pourriture-là dans la tête de ces enfants et ça donne ensuite ce que
19:03 ça donne à Sainte-Soline.
19:05 Et la deuxième chose qui me paraît aussi très importante, c'est des cours qui sont
19:08 donnés à l'université où l'on incite au recours à la violence en politique.
19:14 Ça s'enseigne aussi, il y a un théoricien suédois par exemple qui s'appelle Andreas
19:18 Malm qui a écrit un livre qui s'appelle "Comment saboter un pipeline".
19:21 On apprend ces techniques de sabotage et voilà ce qu'on met dans la tête de nos jeunes
19:27 dans certaines universités en France.
19:28 Il me semble quand même que le gouvernement pourrait faire quelque chose.
19:31 Une dernière question avant la publicité, Yvan voulait revenir sur les cités.
19:35 Est-ce qu'elles sont pour l'instant, et c'est un fait, absentes des manifestations ?
19:39 Pourrait-elle rejoindre cette mobilisation ?
19:41 Oui, ça c'est une constatation qui n'est pas souvent relevée et qu'en effet, jusqu'alors
19:46 nous avions vécu depuis les grandes émeutes urbaines de 2005 avec des cités qui étaient
19:53 en éruption.
19:54 On voit aujourd'hui que les cités sont plutôt calmes et que l'éruption vient précisément
19:58 de cette France profonde-là, de cette France des petits blancs.
20:00 Donc il y a une interrogation à avoir de savoir si les cités vont rejoindre ou non
20:06 ce mouvement.
20:07 On avait observé que lors des gilets jaunes, les voyous des cités les rejoignaient pour
20:13 saccager les commerces en fin de parcours.
20:15 Certains policiers me disent qu'ils observent le même phénomène aujourd'hui.
20:18 Mais le fait est que pour l'instant, les cités se tiennent à l'écart de cette contestation
20:23 sur les retraites comme si elles ne se sentaient pas concernées.
20:26 Moi, le scénario noir qui serait celui à craindre pour le pouvoir serait que les policiers
20:35 qui sont les premiers à manifester, il y a aussi quand même une sorte de schizophrénie
20:39 chez les policiers, ils sont très majoritairement contre les retraites.
20:41 Ils sont dans les manifestations et en même temps, ils les répriment par la force naturellement
20:45 de leur mission.
20:46 Et donc le scénario noir serait ce scénario qui a été observé la dernière fois dans
20:52 les manifestations.
20:53 Il a été vu que des pompiers en uniforme ont rejoint les manifestants et ont été
20:56 applaudis par eux, que certains policiers pourraient rejoindre également les manifestants
21:01 comme ils avaient rejoint les révolutionnaires en 1789.
21:04 Et là, naturellement, ce serait un bouleversement total.
21:06 Et j'observe que le secrétaire général du Parti communiste a lancé cet appel aux
21:11 policiers en leur disant de laisser tomber la matraque pour venir rejoindre les manifestants.
21:16 Je pose cette hypothèse qui semble peu probable.
21:19 Quand vous interrogez les policiers là-dessus, ils assurent qu'ils sont naturellement pris
21:22 par leur métier et leur mission de protéger la République et qu'ils n'iront pas à
21:26 revers de la République.
21:28 Mais en même temps, je pense qu'ils ont un cas de conscience aujourd'hui que certains
21:31 d'entre eux pourraient peut-être passer le pas.
21:33 La publicité.
21:34 On revient dans un instant.
21:36 Vous recevez dans un instant Ludovine de La Rochère.
21:39 Face à Réaufolles, la deuxième partie, toujours avec Yvan et Véronique.
21:45 Il nous a rejoint sur le plateau Ludovine de La Rochère.
21:47 Merci d'être avec nous Ludovine.
21:49 Les téléspectateurs vous connaissent bien sûr.
21:51 Vous êtes présidente depuis 2013 de la Manif pour tous et vous êtes la nouvelle présidente
21:55 depuis ce 24 mars du syndicat de la famille.
21:59 Alors pourquoi avoir invité Ludovine de La Rochère Yvan ?
22:02 Eh bien parce que vendredi soir donc, la Manif pour tous qui existait depuis plus de 10 ans
22:07 a disparu pour laisser place au syndicat de la famille.
22:12 Et la Manif pour tous, pour ceux qui l'avaient oublié, en 2013 et notamment sur l'impulsion
22:18 initiale de Frigide Barjot qui était très médiatique, avait fait descendre dans les
22:23 rues des milliers de personnes, deux ou trois fois de suite en 2013, dont une grande manifestation
22:28 le 24 mars 2013 dont vous fêtiez également le 10e anniversaire et avec une mobilisation
22:35 de la société civile que depuis n'a pas été renouvelée.
22:39 C'était une manifestation d'une société civile conservatrice certes, mais les progressistes
22:44 qui ont voulu mimer ensuite ces mobilisations-là n'ont pas réussi à arriver à la cheville.
22:48 Donc ma première question était une question un peu naïve, de savoir si cette société
22:54 conservatrice dans le fond existait toujours ou si vous prenez acte dans le fond d'un
22:59 manque de dynamisme aujourd'hui de cette Manif pour tous que vous avez enterrée sans
23:03 tambour ni trompette.
23:04 Alors en fait, au contraire, cette société civile qui veut défendre la famille, elle
23:12 y est toujours extrêmement attachée parce qu'elle envoie toute la nécessité, le
23:16 caractère irremplaçable et j'allais dire la société d'aujourd'hui dans laquelle
23:19 montent les problèmes de délinquance, de violence, dans laquelle la famille se défait,
23:24 l'engagement se défait, la natalité s'écroule.
23:26 Eh bien, ces centaines de milliers de personnes qui ont manifesté en 2013, mais aussi en
23:31 2015, en 2016, en 2019, encore en 2020, se rendent compte qu'il faut changer de paradigme
23:39 et peut-être se présenter autrement, agir différemment, c'est-à-dire sous la forme
23:43 d'un syndicat.
23:44 Mais on voit bien que la famille en France est très attaquée, très critiquée, très
23:51 exclue aussi, il n'y a même pas de ministère de la famille et donc il a paru absolument
23:55 impératif de poursuivre la défense de la famille que nous menons depuis dix ans, mais
24:01 d'une autre manière et en étant encore plus explicite sur cet objectif de défendre
24:06 la famille.
24:07 Vous renoncez aujourd'hui à ces grandes manifestations populaires de faire redescendre
24:11 dans la rue des Français pour défendre un idéal qui est celui de la famille ou celui
24:16 qui était contre le mariage pour tous, c'est-à-dire contre la loi Toubira.
24:22 C'est-à-dire que la manif pour tous, elle a toujours défendu, effectivement, en l'occurrence
24:26 le respect de la différence des sexes et donc de la complémentarité homme-femme pour
24:29 fonder une famille.
24:30 Donc la manif pour tous a défendu le mariage, mais aussi le respect des besoins et des droits
24:36 de l'enfant, la filiation père-mère-enfant, donc s'est opposée et continue à s'opposer
24:40 bien sûr à la PMA sans père et s'oppose à la gestation pour autrui.
24:43 Tout cela c'est un bloc idéologique, toutes ces revendications mariage de personnes de
24:48 même sexe, PMA sans père, GPA, ce sont des revendications idéologiques qui sont fondées
24:53 sur le gender, maintenant on dit plutôt le wokeisme, et qui nie la différence des sexes.
24:58 Or elle est fournatrice de la famille, sans elle la famille n'est pas.
25:03 Et nous ne renonçons pas, pour revenir à votre question, du tout à manifester.
25:07 Un syndicat, ça revendique, ça défend, ça propose, ça alerte, mais ça mobilise,
25:14 et notamment par des manifestations.
25:16 Il est fort possible, compte tenu des mesures qu'on peut craindre, des projets qu'on
25:22 peut craindre dans les temps qui viennent, que nous ayons à nouveau à manifester.
25:25 Mais nous avons aussi beaucoup à proposer, c'est-à-dire que les politiques, pour une
25:31 part, sont très critiques à l'égard de la famille, et ne cessent de proposer des
25:35 mesures qui en fait déstructurent la famille, alors que la personne et la société ont absolument
25:40 besoin de la famille.
25:42 Il n'y a pas de... l'éducation d'un enfant, qu'un enfant soit aimé, entouré, éduqué,
25:49 qu'il vive si possible, dans la mesure du possible bien sûr, avec ceux qui lui ont
25:53 donné la vie, et bien c'est quelque chose qui est absolument indispensable.
25:58 Qu'est-ce que vous combattez et qu'est-ce que vous demandez ?
26:00 Alors, et puis vous avez du côté de l'échiquier politique, un certain nombre de politiques
26:08 qui ne disent rien sur la famille, qui n'ont pas d'idée sur la famille, et qui n'ont
26:11 justement pas de proposition.
26:12 Et pour venir à nos propositions, c'est d'abord d'avoir une vision globale sur la
26:17 famille.
26:18 Ce que je veux dire par là, c'est que quand, par exemple, vous parliez de la loi Taubira,
26:22 la loi Taubira, elle était portée par le ministère de la Justice, alors qu'il s'agit
26:25 du mariage.
26:26 Vous avez les lois dites de bioéthique qui sont portées par le ministère de la Santé,
26:30 alors qu'on parle pour une large part de la procréation et de la filiation.
26:34 Et finalement, on travaille tous les sujets, on approche les sujets complètement au silo.
26:41 Alors il y a la politique familiale, alors il n'y a même plus de ministère de la famille.
26:45 Il faut savoir que 80% des Français vivent en famille, la France compte près de 19
26:50 millions de familles, il n'y a même plus de ministère de la famille.
26:53 Depuis 2017, c'est absolument invraisemblable.
26:56 Et encore une fois, la famille structure la société et en particulier parce qu'elle
27:01 éduque les enfants.
27:02 Et nous, nous proposons d'avoir une vision globale, nous défendons la famille, la paternité,
27:08 la maternité, les droits et les besoins de l'enfant, la solidarité intergénérationnelle.
27:12 Et nous souhaitons aussi faire valoir que de la natalité à la fin de vie, de l'éducation
27:19 à la santé, de l'emploi à la culture, eh bien on pense, on est le regard et une approche
27:27 qui prennent en compte la famille.
27:29 Aujourd'hui, les parents ont de plus en plus de mal à élever leurs enfants.
27:32 C'est, alors on parlait, on disait, je crois que c'était Malraux qui parlait des enfants,
27:39 ces grands aventuriers du XXIe siècle, les parents, les aventuriers du XXe siècle.
27:43 Aujourd'hui, c'est encore plus difficile.
27:45 Tout va à l'encontre de l'éducation des enfants.
27:47 Alors que la famille est de moins en moins soutenue, aidée, encouragée.
27:53 Les mesures de déconstruction n'ont fait que s'accélérer au fil du temps.
27:58 Et donc, il faut changer de paradigme, il faut changer de braquet parce que nous pensons
28:04 que si la société va mal, s'il y a une forme de dissociété, c'est parce que la
28:08 famille va mal.
28:09 Et ce constat, il est fait depuis déjà des dizaines d'années.
28:13 Par exemple, Évelyne Sulrault, qui est la fondatrice du planning, l'une des fondatrices
28:17 du planning familial, a publié en 2000 un livre qui s'appelait "La crise de la famille".
28:22 Ce n'était pas une conservatrice.
28:23 Elle constatait la réalité des familles qui ne se font plus, qui ne se font pas.
28:29 Le mariage s'écroule, par exemple, et aujourd'hui même la natalité.
28:33 Et en même temps, la famille est fragilisée.
28:36 Et il faut donc la soutenir et l'encourager.
28:39 Il faut agir pour anticiper ces difficultés.
28:41 Il y a urgence à mettre cette réflexion sur la famille au cœur de nos politiques
28:47 publiques, dans des aspects absolument fondamentaux.
28:50 Donc je l'évoquais, l'union, le couple qui s'unit pour fonder une famille, le mariage.
28:59 Il faut mettre en valeur le mariage.
29:01 C'est la forme d'union la plus stable, la plus protectrice pour l'enfant, qui a
29:04 besoin de stabilité.
29:05 Et puis donc la procréation, etc.
29:07 Mais au-delà, c'est la vie familiale qui doit être prise en compte.
29:11 On va reprendre en détail vos mesures.
29:12 Verning, Chacki.
29:13 Oui, les propositions, c'est une chose.
29:16 Faire bouger les lignes, c'en est une autre.
29:19 Comment faire, sans avoir de relais fort en politique, quels sont les leviers sur lesquels
29:23 vous pouvez vraiment agir et donc, à ce titre, être vraiment crédible ?
29:27 Alors, pour tout, vous pouvez dire.
29:29 Sinon, on va vous corneriser.
29:30 Vous allez subir le même sort que la manif pour tous.
29:32 Alors, en vérité, si vous voulez, depuis dix ans que nous agissons, alors nous sommes
29:38 très connus pour les manifs que nous avons faites, bien entendu, mais nous n'avons pas
29:41 cessé en permanence de rencontrer des élus locaux et nationaux, de rencontrer des institutionnels,
29:48 de faire des propositions, de communiquer, de former.
29:51 Et tout ce travail, contrairement à ce qu'on croit souvent, il a porté des fruits.
29:55 C'est-à-dire que, je vous prends l'exemple de la gestation pour autrui, aujourd'hui,
29:58 et depuis en fait dix ans, il n'est plus question de légaliser la gestation pour autrui.
30:02 Il y avait eu des propositions de loi de légalisation avant.
30:06 Aujourd'hui, il n'est plus question de la légaliser.
30:08 Alors, en revanche...
30:09 Attendez, attendez un peu.
30:10 Attendez, non, non, mais il y avait eu des propositions de loi déposées au Parlement.
30:13 Il n'y en a plus depuis dix ans, et il y a eu au contraire des propositions de loi pour
30:16 renforcer l'interdiction.
30:17 En revanche, il y a une bataille pied à pied sur la question des transcriptions des actes
30:22 de naissance des enfants des GPA, en prétendant, les progressistes ou les associations LGBT
30:28 prétendent, qui portent cette revendication de la GPA, prétendent que ces enfants n'ont
30:33 pas d'identité, ce qui est absolument faux.
30:35 Ils ont heureusement et évidemment un acte de naissance qui est reconnu par la France,
30:40 même s'il est établi à l'étranger.
30:41 Donc, il y a une bataille pied à pied parce que, en face de nous...
30:44 Et vous, vous demandez quoi ?
30:45 Et nous, on demande qu'on soit beaucoup plus ferme face à la pratique et au recours à
30:51 la GPA à l'étranger.
30:52 La France ne peut pas tolérer l'exploitation de femmes, la location de femmes et l'achat
30:57 d'enfants, ni sur son territoire, ni à l'étranger.
30:59 Et donc, nous, nous demandons notamment qu'on interdise aux Français aussi d'avoir recours
31:04 à la GPA à l'étranger.
31:05 Entre autres mesures.
31:06 Par ailleurs, la non-marchandisation des corps, elle doit être constitutionnalisée puisqu'aujourd'hui,
31:13 il y a une marchandisation qui se répond, non seulement des corps, mais aussi des produits
31:17 du corps humain et je pense au gamètre sexuel.
31:19 Est-ce qu'il y a une mesure phare qui pourrait résumer, dans le fond, pour que nos téléspectateurs
31:24 comprennent bien votre position, une mesure phare qui pourrait résumer votre position
31:28 sur la famille ?
31:29 Quelle serait l'urgence d'une mesure pour venir en aide à la famille ?
31:32 Alors je vais vous dire, l'urgence, ce serait d'abord d'avoir un ministère de la famille
31:36 qui ait des capacités transversales, c'est-à-dire qui puisse, comme c'est le cas de certains
31:40 ministères, travailler en transversale avec l'ensemble des autres ministères et que
31:44 nos projets politiques, d'une manière générale, soient décidés en tenant compte de leur
31:49 impact sur la vie familiale.
31:51 Ça, c'est absolument impératif, c'est extrêmement urgent.
31:54 Je vais vous prendre un autre exemple, la fin de vie.
31:56 Alors on parle, bien sûr, à propos de l'euthanasie et du suicide assisté, on parle des patients,
32:01 des malades, à juste titre, on parle des soignants, ce qui est tout à fait nécessaire
32:05 et légitime, mais quand, par le tour de la famille, la fin de vie, elle est accompagnée
32:09 par la famille, par les plus proches, et c'est eux qui sont les premiers concernés, en dehors
32:17 du patient, bien sûr, et qui vont vivre de telle ou telle manière, et parfois extrêmement
32:23 douloureusement, la manière dont la personne s'éteint, la manière dont elle part.
32:28 Et donc la question de l'euthanasie et du suicide assisté, la famille doit être aussi
32:32 au cœur de ceux qui sont consultés et de ceux qui sont pris en compte dans ce débat.
32:39 Ceci dit, pour prendre un exemple, je pense aussi qu'une mesure extrêmement importante
32:45 serait de respecter réellement les droits et les besoins de l'enfant.
32:51 Aujourd'hui, on en est loin, c'est-à-dire que l'intérêt supérieur de l'enfant
32:54 est instrumentalisé, on prétend à toutes sortes d'études, et en réalité, on ne
33:00 cesse d'aller contre les besoins les plus fondamentaux de l'enfant.
33:03 Je prends la PMA sans père, typiquement, on a déclaré que les pères c'était secondaire,
33:07 et schlock, et bien, légalisons la PMA pour les couples de femmes ou les femmes seules,
33:12 c'est absolument invraisemblable.
33:14 Mais on le fait dans bien des domaines.
33:16 Je prends la question de la pornographie, il faudrait l'accès à la pornographie
33:20 des mineurs, on devrait être beaucoup plus ferme et efficace, et quand on en a la volonté
33:25 politique, on peut dans ce domaine-là.
33:27 Et puis, aujourd'hui, on a un sujet très grave, qui est l'incitation, le prosélytisme,
33:33 je parlerais même de propagande, auprès des mineurs, pour leur dire "t'es peut-être
33:37 pas un garçon, t'es peut-être pas une fille, et il faut peut-être que tu t'autodétermines
33:42 pour être heureux, et éventuellement tu changes de sexe", avec des effets irréversibles.
33:47 C'est un scandale absolument incroyable sur le plan humain.
33:50 Là encore, c'est aux familles, et non pas à M. Blanquer, ex-ministre de l'Education
33:58 nationale, je pense à sa circulaire sur ce sujet-là, ce n'est pas à l'école, ni
34:02 à la CAF d'ailleurs, de traiter ce sujet, c'est aux familles.
34:05 Et il y a une défiance vis-à-vis des familles et vis-à-vis des parents de nos gouvernants.
34:09 Donc vous vous affrontez très directement, sans avoir à prononcer le mot, vous affrontez
34:14 cette idéologie du wokisme, c'est bien ceci.
34:16 Vous êtes la première, est-ce qu'on peut résumer votre position en disant que vous
34:19 êtes la première opposition officielle au wokisme, qui est donc cette idéologie qui
34:25 invite à choisir soi-même son sexe, et à choisir soi-même son genre.
34:29 Absolument, mais cela fait dix ans que la Manif pour tous dénonce l'idéologie du
34:32 genre.
34:33 En 2012, en fin 2012, nous disions dans les premières manifestations, on veut du sexe,
34:38 pas du genre.
34:39 On voyait déjà que le substrat de ce à quoi nous avons assisté ces dernières années
34:43 consistait à dire homme ou femme, ce n'est qu'une construction, ça n'a pas d'importance.
34:47 Donc on peut marier deux hommes ou deux femmes, ou un homme et une femme, ça revient au même,
34:50 et on peut avoir un enfant qui aura prétendument deux pères ou deux mères, ce qui est une
34:55 aberration anthropologique et qui ne tient pas compte de la réalité.
34:58 Et la suite, ce qui se déroule, c'est toujours le même raisonnement, c'est on n'est pas
35:04 homme ou femme, donc un enfant n'est pas forcément garçon ou fille, et c'est à
35:07 lui, suivant son ressenti subjectif à l'intérieur, de s'autodéterminer.
35:10 Mais on emmène les enfants, des ados, dans une illusion, dans une chimère, et donc malheureusement
35:17 ils paieront des dégâts, des conséquences dramatiques.
35:21 Et donc cette opposition au wokisme, qui attaque en particulier la différence homme-femme,
35:29 mais aussi la famille, elle est absolument nécessaire, parce qu'autrement, on voit
35:33 bien, pour revenir à la famille, à quel point elle se défait, à quel point elle
35:37 se déstructure, et à quel point nous avons un problème d'éducation, si l'éducation
35:42 nationale d'ailleurs ne peut plus enseigner, c'est notamment parce qu'elle voit arriver
35:46 dans les écoles, à l'école, des enfants, que les parents ne parviennent plus à éduquer.
35:51 Il y a un manque immense, et je n'entends pas les politiques en parler, je n'entends
35:57 pas les politiques s'en soucier, alors si, personnellement, dans des rendez-vous privés,
36:03 en entretien, ils comprennent tout à fait ce que je développe là, cela les intéresse,
36:10 mais au-delà de ça, il faut aussi développer une certaine culture de la famille, et des
36:14 propositions, et c'est ce que nous voulons absolument faire dans les temps qui viennent.
36:18 - Véronique Jacquet.
36:19 - Combien de divisions derrière vous, parce que vous avez beaucoup d'ambition, mais on
36:24 a du mal à comprendre avec qui vous allez travailler, et comment vous allez peser, surtout
36:30 dans le débat.
36:31 - Je vous remercie de cette question, d'abord nous appelons à se syndiquer, à devenir
36:34 membre du syndicat de la famille, comme, Yvan l'a rappelé tout à l'heure, les manifestations
36:40 de la Manif pour tous, donc de 2013, mais encore jusqu'en 2020, même si les médias
36:46 s'y sont moins intéressés, ce sont des manifestations immenses, et nous avons toujours
36:51 une partie de la population française qui est derrière nous, l'autre jour l'IFOP
36:55 a fait une étude qui disait que 25% des français défendent et sont en adéquation avec nos
37:02 idées, puis je vais vous dire, la famille elle est plébiscitée par les français,
37:06 toutes les enquêtes le montrent, les politiques pour des tas de raisons ne veulent pas en
37:10 parler, ne veulent pas s'y intéresser, ne sont pas à l'aise, ou alors au contraire,
37:13 veulent plus d'individualisme et donc vont contre la famille, mais la famille elle est
37:17 plébiscitée par les français.
37:18 - Est-ce qu'on pourrait imaginer une concordance des luttes, puisque cette expression est à
37:23 la mode, qui ferait se rassembler la manif pour tous et les gilets jaunes, les gilets
37:27 jaunes du premier épisode, les gilets jaunes de cette France plutôt conservatrice d'ailleurs,
37:33 et qui pourrait sur ce dénominateur commun être d'accord avec vous ?
37:35 - Partout où je vais, les gens viennent me voir en me remerciant pour ce que je fais,
37:40 alors ça ne veut pas dire qu'ils viennent manifester, mais ils voient très bien, ils
37:46 comprennent très bien à quel point on est dans une déconstruction qui est gravissime
37:50 et que nous payons très cher, et tous, sur un plan humain c'est très très grave, et
37:56 bien sûr en particulier les plus vulnérables.
37:57 Et les gilets jaunes, nous les avons longuement et souvent rencontrés, nous avions même
38:03 fait une enquête auprès des gilets jaunes, parce que nous étions très frappés de ce
38:07 qu'ils parlaient sans cesse, dans leurs inquiétudes, dans leurs préoccupations, dans leurs urgences,
38:11 de la fin du mois et pas de la fin du monde, comme ils disaient, ils parlaient sans cesse
38:15 de leurs parents, de leurs parents âgés, de leurs enfants, et c'était cela qui les
38:20 préoccupait, c'était le moteur qui les guidait pour dire "on ne peut plus y arriver, on ne
38:26 va pas y arriver", et c'était pour leurs proches, pour leurs familles, qu'ils s'en
38:30 souciaient, et cela est porté par chacun de nous.
38:31 - Avec pourtant des familles un peu déstructurées malgré tout, souvent dans ces...
38:33 - Avec en même temps des familles assez déstructurées, il faut dire qu'on nous a tellement, et on
38:37 pousse tellement à l'individualisme, on a tellement déconsidéré et dévalorisé le
38:43 fait de s'engager, qu'il y a moins d'engagement aujourd'hui, ce que je disais tout à l'heure,
38:48 il y a moins de mariages, et donc il y a moins de stabilité dans la société, et on sait
38:54 depuis des années que le taux de séparation des couples, qu'ils soient concubés, paxés
39:00 ou mariés, est extrêmement important.
39:02 Et donc le lien qui reste pour toujours et toute la vie, quoi qu'il arrive, et c'est
39:07 là où la famille est fabuleuse, même si elle a aussi ses difficultés, il ne faut
39:10 pas non plus l'idéaliser, elle est nécessaire, mais bien sûr elle a des difficultés aussi,
39:15 et c'est pour cela qu'il faut la soutenir, mais ce lien indéfectible, il est avec les
39:19 parents et avec les enfants, parce que quoi qu'il arrive, même s'il y a des moments
39:22 de difficultés et de brouilles, eh bien on reste l'enfant ou parent pour toujours.
39:31 Et c'est ce lien qui est tout à fait particulier, les liens familiaux sont tout à fait particuliers
39:38 et spécifiques, c'est différent de l'amitié, c'est différent des autres relations qu'on
39:42 peut avoir, et d'ailleurs j'ajoute que pendant le confinement, les Français sont
39:46 allés se confiner en famille, tous les Français ! Alors on entendait justement, on entendait
39:50 le gouvernement, la seule chose qu'il était capable de dire c'est "il est dangereux
39:54 pour les enfants d'être confinés en famille", mais c'était invraisemblable ! Oui, il y
39:58 a des familles qui ont des difficultés, et c'est pour ça qu'il faut l'encourager,
40:02 la soutenir, travailler à anticiper les dysfonctionnements qu'il peut y avoir et
40:07 qui sont dans ce cas-là justement humainement d'autant plus graves que c'est la famille,
40:11 et en même temps le gouvernement aurait pu souligner que les parents avaient assuré
40:16 tous les rôles auprès de leurs enfants, et sauf exception, avaient été tout à fait
40:20 remarquables et nécessaires.
40:23 Merci beaucoup Ludovine Delarochere, nouvelle présidente depuis vendredi du syndicat de
40:28 la famille, merci Yvan, merci beaucoup Véronique.

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