«La France malade ! Imaginaire ?»

  • l’année dernière

Chaque lundi dans la matinale de Dimitri Pavlenko, Philippe Val livre son regard sur l'actualité.
Retrouvez "Philippe Val - Les signatures d'Europe 1" sur : http://www.europe1.fr/emissions/philippe-val-les-signatures-deurope-1
Transcript
00:00 Philippe Vall qu'on retrouve chaque lundi. Bonjour Philippe.
00:02 Bonjour à tous.
00:03 Alors dites-moi Philippe, le bazar dans le pays en ce moment, mais à qui la faute ?
00:06 C'est le poumon.
00:08 Le poumon ! Dans le malade imaginaire, Toinette, déguisé en médecin, l'affirme, c'est le poumon.
00:15 Quel que soit le malaise dont Argan se plaint, qu'il ait mal au pied, mal au ventre, qu'il ait envie d'une sieste après déjeuner, c'est le poumon.
00:23 Le poumon, vous dis-je, mais au côté hâtre français, l'opposition, les syndicats rejouent la comédie de Molière.
00:30 Ce n'est plus Marianne qui trône dans nos mairies, c'est Toinette.
00:34 La hausse du prix d'énergie, c'est le Macron.
00:36 Ce n'est pas plutôt l'invasion de l'Ukraine, pas du tout, c'est le Macron.
00:41 L'inflation, le Macron, vous dis-je.
00:43 Le déficit des caisses de retraite, c'est la démographie, non ?
00:45 Ignorant, c'est le Macron.
00:47 Les épidémies, les sauterelles, les puces, les morpillons, la sécheresse, c'est le Macron, le Macron, le Macron.
00:52 Il doit bien y avoir une raison pour que le président Macron cristallise autant d'agressivité.
00:56 Certes, on peut contester sa réforme, on peut aussi lui reprocher son manque de pédagogie,
01:01 on peut regretter que dans cette période où le tragique fait son retour,
01:05 il n'adopte pas une posture plus « churchilienne »
01:09 en faisant le pari de s'adresser à la part intelligente et courageuse du pays.
01:13 Mais de là à faire d'Emmanuel Macron l'alpha et l'oméga de tous nos mots réels ou imaginaires,
01:19 il y a un pas, un pas ridicule, que la foule d'étoilettes franchisse allègrement,
01:24 enivrée par le vent de la révolution.
01:27 - Ah le vent de la révolution, rien que ça ?
01:29 - Oui, parce que dans les minutes qui ont suivi le rejet de la motion de censure,
01:33 nous avons vu réapparaître tous les vieux fantômes du mythe révolutionnaire français.
01:38 Aux portes de l'Assemblée Nationale, sur la mal nommée place de la Concorde,
01:43 s'ébattaient les spectres de Robespierre, de Marat, de Fouché,
01:47 et comme d'habitude de l'accusateur public Fouquetinville,
01:50 toujours pas rassasié par les 2000 peines de mort qu'il a requises et obtenues.
01:54 Certes, lundi, on ne brûlait les ministres qu'en effigie,
01:58 mais l'intention y était encouragée par un Mélenchon en pleine forme et une Marine Le Pen à l'affût.
02:05 L'un déclarant « le moment est venu de passer à la censure populaire »,
02:10 l'autre approuvant « je ne contribuerai pas à éteindre le feu ».
02:13 - En quoi consiste le mythe révolutionnaire, Philippa ?
02:16 - Eh bien, à croire que l'épisode de la terreur était un processus nécessaire à l'émancipation du peuple.
02:23 Au point que, bien plus que 1789, c'est 1793, c'est-à-dire la terreur,
02:29 qui est devenue la référence et l'alibi de toutes les révolutions sanglantes qui ont suivi.
02:34 Or, c'est un mythe !
02:36 En ceci qu'elles ont toutes lamentablement échoué,
02:39 à commencer par la France qui a mis laborieusement un siècle pour se relever de la terreur,
02:44 la Russie l'a payée et le paye encore depuis 1917,
02:47 la Chine n'est toujours pas sortie de la dictature, la Corée du Nord n'est qu'un honteux goulag.
02:53 Quant à la si séduisante révolution cubaine,
02:56 elle continue à envoyer les journalistes et les homosexuels en prison
02:59 et elle n'a réussi que dans la salsa et le tourisme sexuel à l'usage des intellectuels marxistes du monde entier.
03:06 - Et pourquoi cet échec de la révolution, Philippa ?
03:09 - Tout simplement parce que la terreur occasionnelle instaurée pour prendre le pouvoir
03:15 se transforme toujours en terreur institutionnelle pour garder le pouvoir.
03:21 L'État, garant de la paix et de la liberté, est un monstre fragile
03:24 qui ne supporte que la réforme prudente, moins glorieuse certes,
03:29 mais beaucoup plus économe en souffrance et en vie humaine.
03:34 En faisant semblant de l'ignorer, nos parlementaires oublient pourquoi ils ont été élus.
03:40 - Justement, pourquoi ont-ils été élus ?
03:42 - Eh bien, pour discuter et voter des lois réformatrices
03:46 et non pour transformer l'Assemblée Nationale en Mélenchon Comédie Club.
03:51 Quand on en vient à s'étriper dans les deux sèvres pour des histoires de grosses bassines de flotte,
03:58 c'est qu'il faut respirer un bon coup et redescendre sur terre
04:02 parce que dans l'air saturé d'imbécilité, d'ordures en putréfaction, de poudre et de lacrymo,
04:07 on commence à étouffer et là, aucun doute possible, c'est le poumon !

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