• l’année dernière
Invité de l'Heure des Pros sur CNEWS, Nicolas Baverez s'est exprimé sur l'évolution de la France. Selon l'historien et essayiste, «cela fait maintenant des décennies que notre pays est sur la pente».

Category

🗞
News
Transcription
00:00 Derrière la question de Gérard Leclerc, il y a une immense question, c'est que finalement,
00:06 ça fait maintenant des décennies que notre pays est sur la pente.
00:10 Donc, on a dit la production diminue, les gains de productivité sont maintenant négatifs,
00:15 le chômage reste élevé.
00:17 Pourquoi vous dites le chômage reste élevé ?
00:19 Parce que dans la plupart des pays développés, il est à 3%, donc on est quand même à 7,2%.
00:25 Donc quand Emmanuel Macron dit "j'ai gagné le chômage"...
00:28 C'est le seul pays développé où le dernier excès non budgétaire est de 1973
00:31 et la dernière fois que le chômage était à 7%, c'était en 1977.
00:35 Ça ne veut pas dire que les autres n'ont pas eu de problème,
00:37 mais partout, on est revenu au plein emploi et à un équilibre à un moment donné ou l'autre.
00:41 Et donc, la question qui est posée, et effectivement, les problèmes ne datent pas d'Emmanuel Macron,
00:46 mais ils se sont incroyablement accélérés avec notamment la dette Covid et tout le reste.
00:51 Qu'était une erreur ? Le "quoi qu'il en coûte" était une erreur ?
00:54 L'expression même du "quoi qu'il en coûte" est une faute.
00:58 Donc qu'est-ce qu'il fallait faire ?
00:59 Fallait peut-être ne pas confiner ou au contraire, il fallait soutenir mais de manière ciblée.
01:05 Par exemple, pourquoi est-ce qu'on a interdit aux bâtiments,
01:08 aux travaux publics de fonctionner alors que c'est une aberration ?
01:12 En Allemagne, ça a continué.
01:13 Rien qu'avec ça, ça faisait une différence de plusieurs points de PIB.
01:16 Donc il y a eu une espèce d'embardée.
01:18 Quand on regarde la manière dont l'argent a été utilisé,
01:21 même chose sur la relance, même chose encore.
01:23 Aujourd'hui, surtout l'idée d'avoir mis dans la tête de tout le monde
01:28 que l'argent public était gratuit et illimité, c'est une folie.
01:31 C'est une évidence qui a fait 40 ans qu'on le...
01:34 Oui, mais donc on a eu effectivement, et effectivement on peut très bien dire,
01:38 moi j'ai écrit "La France qui tombe" en 2003,
01:41 donc on peut dire que ça fait 20 ans que j'écris pour rien.
01:47 Mais derrière ça, si vous voulez, les choses sont en train d'arriver à terme
01:52 parce que les marchés ou les partenaires,
01:55 ils regardent les choses de manière globale.
01:56 Donc un pays qui n'a plus de croissance et qui n'a plus de capacité à produire,
02:00 qui a un chômage élevé, qui a par ailleurs maintenant une société
02:03 qui est divisée et qui craque, et un système politique
02:06 qui n'est plus capable de faire de réformes,
02:08 là, quand vous avez une dette de 3 000 milliards d'euros là-dessus,
02:12 un jour ou l'autre, vous allez...
02:15 Vous êtes programmé pour aller à un choc financier important.
02:20 Et en l'espace d'un an, les taux, puisque l'argent n'est plus gratuit,
02:24 ont dépassé de 0 à 3 %, ça veut dire que le service de la dette,
02:28 c'est 52 milliards, c'est maintenant le deuxième budget de l'État,
02:32 que la hausse des taux va continuer.
02:33 Et donc, si vous voulez, ce qui est très triste,
02:37 c'est que pourquoi est-ce qu'on a un certain nombre à avoir écrit,
02:40 effectivement, sur ces problèmes, mais pas du tout pour désespérer les gens
02:45 ou pour se battre sa coupe ou être désespéré sur le pays ?
02:49 C'était pour appeler à la réforme et à traiter les problèmes.
02:52 Non seulement on ne l'a pas fait, mais aujourd'hui, on voit avec ce qui se passe
02:54 que la classe politique française est incapable de régler le problème.
02:58 Et donc, ça, ça veut dire qu'on va aller se fracasser sur deux choses.
03:02 Sur le plan économique et financier, la dette,
03:05 et sur le plan politique, ce sera, tôt ou tard,
03:08 l'arrivée de l'extrême droite au pouvoir.
03:09 Et donc, voilà le schéma qu'il y a derrière ça.
03:15 [Musique]

Recommandations