Médiation sur la réforme des retraites : "Clairement non, on est pour le retrait", martèle Fabrice Coudour, de la CGT-FNME

  • l’année dernière
Fabrice Coudour, secrétaire fédéral de la CGT-FNME, la Fédération nationale des mines et de l'énergie estime qu'"il n'y a pas de sujets sur la médiation". La dixième journée de mobilisation contre la réforme des retraites a mobilisés 740 000 personnes en France selon l'Intérieur, 2 millions pour la CGT.
Transcript
00:00 Bonsoir à toutes et à tous. Quelle suite faut-il donner au mouvement après cette dixième journée d'action contre la réforme des retraites
00:07 qui a moins rassemblé aussi bien dans les cortèges que quand on regarde le taux de grévistes ?
00:12 Pour en parler ce soir je reçois le secrétaire fédéral de la CGT, MinEnergie, Fabrice Coudour. Bonsoir.
00:18 Alors il y avait cet après-midi deux fois moins de monde dans la manifestation parisienne que la semaine dernière selon les chiffres avancés par la CGT.
00:26 Taux de grévistes divisé par deux aussi au sein de la fonction publique par exemple. Est-ce qu'il est temps de passer à une autre forme de mobilisation ?
00:35 Non je crois pas puisque vous voyez on est à dix journées de mobilisation. Dans notre secteur par exemple on est à plus de vingt jours de grèves reconductibles dans nos centrales,
00:46 dans surtout les sites de travail. Nous il ne nous paraît pas anormal que les participations manifestations soient légèrement inférieures
00:53 puisqu'on a plus de 180 piquets de grève qui sont installés partout sur le territoire. Donc ça veut dire des salariés qui restent sur leur site de travail pour l'occuper
01:01 et donc ils ne sont pas dans les manifestations.
01:03 Les taux de grévistes au niveau national baissent ?
01:06 A peu près un sur deux dans l'énergie mais encore une fois c'est pareil quand vous êtes à vingt jours de grève, il y a une forte intelligence des travailleurs pour organiser la grève
01:16 et donc c'est aussi la même chose, il n'y a pas forcément les attendus en termes d'indicateurs, ce n'est pas ce qu'on regarde.
01:23 Ce qu'on voit nous c'est la solidarité sur le terrain, c'est la détermination, cette colère qui s'est transformée en rage suite aux différentes interventions du président
01:33 mais aussi le 49.3, le non-vote de la motion de censure. On n'est clairement pas sur les indicateurs du nombre, on voit aussi le renforcement des jeunes,
01:42 ça donne une image mais on voit que les jeunes rentrent aussi dans la bataille, ça ne donne pas un second souple, ça vient se rajouter, c'est un mouvement qui se complète.
01:50 Donc le mouvement pour vous il ne s'essouffle pas ?
01:52 Pour nous, en tout cas dans le secteur de l'énergie et même au global avec la venue des jeunes, c'est clairement la même détermination
02:00 et même je dirais on le voit un peu partout, cette colère, cette incompréhension qui s'est transformée vraiment en rage
02:05 dans le moyen de manifester cette incompréhension, cette inaction du président.
02:12 Donc vous n'avez pas l'impression que vous êtes moins en position de force pour réclamer une médiation ?
02:16 On a vu Laurent Berger ce matin formuler cette demande de médiation sous la lettre de l'intersyndical, il a dit parler au nom de l'intersyndical.
02:25 Vous ne pensez pas que le fait justement d'être moins nombreux dans les cortèges quand on regarde aussi le taux de grévistes fait que vous êtes moins en position de force pour réclamer ça ?
02:33 Clairement non, quand on a un mouvement de grève qui est installé depuis trois mois, on savait que dès le départ ça ne serait pas un 100 m, ça serait un marathon.
02:40 Là on est vraiment à un tournant.
02:43 Vous êtes au semi là ?
02:45 Je ne sais pas si on est au semi-marathon mais ce qu'on voit quand on voit par exemple les interventions du porte-parole du gouvernement aujourd'hui, un jour de manifestation.
02:52 Qui a dit non à la médiation.
02:55 Il n'y a pas de sujet pour nous sur la médiation, de toute manière dès le départ côté énergie c'était sans compromis, sans médiation, sans temps mort.
03:05 Vous n'êtes pas pour la médiation au sein de la fédération mine énergie ?
03:11 Clairement non, on est pour le retrait, c'est déjà un préambule à toute discussion.
03:15 Même si on voit, alors ça dépend pas de la fédération mine énergie, mais on voit que les éboueurs aujourd'hui, la CGT des éboueurs a dit qu'elle allait marquer une pause.
03:27 Pour vous c'est pas un signal aussi du fait que le mouvement s'essouffle ?
03:32 Non il n'y a pas de signal du tout parce qu'on voit, il y a quelque chose qui s'est révélé sur cette mobilisation qui est quand même historique, c'est l'intelligence des travailleuses et des travailleurs.
03:39 Et on voit que celles et ceux qui produisent les richesses savent construire les choses, savent construire la grève.
03:46 Et par exemple sur tout le cycle de traitement des déchets, les éboueurs peuvent rendre à un moment et d'autres dans le process industriel peuvent rentrer dans le mouvement.
03:56 Et on voit qu'on arrivera à bloquer malgré tout ou à occuper ou à perturber l'économie par d'autres personnes qui sont dans tout le process industriel.
04:06 Donc ça veut dire que même si les éboueurs aujourd'hui reprennent le travail, les déchets ne vont pas être incinérés ?
04:13 Pour nous en fait...
04:14 Parce que pour le coup les incinérateurs d'ici, Ivry et Saint-Ouen, dépendent de la Fédération Minénergie C'est ça ?
04:19 Bien sûr, c'est très symbolique.
04:20 Alors eux, pour le coup ils sont réquisitionnés c'est ça ?
04:22 Il y a eu toutes ces attaques de réquisition qui sont pour nous une attaque au droit de grève.
04:26 Il y a un peu cette stratégie de la peur et puis de la répression qui est menée par le gouvernement qui touche un peu aussi les salariés, c'est humain.
04:34 Par contre, on sait s'organiser mais on sait revenir.
04:37 Donc en fait, on ne sait pas pour combien de temps les éboueurs se retirent du mouvement, on ne sait pas si d'autres ne vont pas prendre le relais.
04:46 Et ce qu'on voit c'est une formidable solidarité surtout.
04:49 On voit les confédérations paysannes, on voit tous les jeunes qui viennent...
04:52 Et Fabrice Poudour, quand les poubelles s'amoncèlent dans Paris, vous risquez aussi d'avoir l'opinion publique qui se retourne contre vous.
04:59 Et cette opinion publique qui, sondage après sondage, reste favorable aux retraits, en tout cas qui est contre la réforme des retraites, c'est aussi une force pour vous.
05:08 Est-ce que vous n'avez pas peur qu'aujourd'hui cette opinion publique, elle se retourne, là, justement, des poubelles qui s'amoncèlent notamment dans Paris ?
05:15 Si on ne parle que de Paris.
05:16 Les poubelles, mais comme les mises en sobriété qu'on peut faire avec nos robins des bois, comme toutes les actions qu'on peut mener sur tout le territoire,
05:23 on voit que l'opinion publique est avec nous. On reçoit énormément de messages, même quand il y a des mises en sobriété, des coupures qui peuvent être opérées,
05:32 on voit qu'il y a des personnes qui préfèrent descendre avec nous dans la rue pour manifester, plutôt que de nous reprocher ces coupures.
05:39 Maintenant, c'était pas une fin en soi. Dès le départ, on avait annoncé, on a été très loyal envers le gouvernement, puisque dès le départ, on a annoncé la couleur.
05:47 On a dit qu'on était opposé et qu'on montrait crescendo.
05:50 Vous dites "on", c'est la CGT, c'est la Fédération Minénergie, c'est l'inverse syndical ?
05:55 Toutes les organisations syndicales, je crois, ont été loyales dans toute cette bataille qui s'est accumulée pendant deux mois et demi.
06:01 Du côté de la Fédération Minénergie, je parle pour la fédération que je représente, on a vraiment annoncé la couleur, on est monté crescendo, vraiment crescendo.
06:09 Et aujourd'hui, on n'a pas d'autre choix face à ce mépris, face à cette inaction du président qui est un peu dans son château, d'avoir des actions qui sont plus fortes.
06:18 Et donc, on peut compter... - Qui vont se renforcer.
06:20 - Qui vont se renforcer et qui sont déjà extrêmement fortes.
06:23 Il y a près de 20 000 mégawatts d'électricité qui sont abaissés chaque jour sur la production, ça occasionne des coûts économiques pour nos entreprises.
06:32 Il y a tout le réseau gaz qui est complètement pris par les grévistes et ça peut occasionner des pénuries, ça peut occasionner des choses fortes sur le gaz.
06:40 Il y a les terminaux méthaniers qui sont occupés.
06:43 Il y a effectivement le traitement des déchets.
06:45 Les travailleurs et les travailleuses reprennent le pouvoir du pays et ça c'est une belle chose.
06:49 - Et ça va donc se poursuivre selon vous.
06:51 Fabrice Coudour, merci beaucoup. Secrétaire fédérale de la CGT Min'Energie, invité Echo de France Info ce soir.
06:57 - Merci.
06:58 [Musique]

Recommandée