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« Macron a promis 100 jours pour apaiser, nous lui promettons 100 jours d’actions et de colère ! L’heure est loin d’être à la résignation ». C’est ce qu’ ont déclaré dans un communiqué les syndicats de la Fédération nationale Mines Energie CGT au terme d’un " conseil général " qui a eu lieu vendredi dernier. La FNME CGT entend poursuivre sa “grevilla”, à savoir les perturbations énergétiques qui accompagnent l’exécutif lors de ses déplacements. La mobilisation contre la réforme des retraites semble prendre une autre forme et d’autres acteurs émergent : préférence pour les opérations coup de poing et blocages, les salariés des secteurs de l’énergie et de la collecte des déchets s’imposent dans le bras de fer des syndicats avec le gouvernement. La Fédération nationale CGT du spectacle se joint à la danse, la cérémonie des Molières a été l’occasion de dénoncer le passage en force de la réforme des retraites. “ Vivent les casserolades ! ", c’est ce qu'ont lancé les comédiens sur scène ce qui n'a pas manqué de faire réagir la Ministre de la Culture, Rima Abdul-Malak, présente dans la salle. Les coupures d'électricité c'est quelque part "les "casserolades " des syndicalistes de la FNME CGT . Pour signifier à Emmanuel Macron son opposition à la réforme des retraites, les syndicalistes procèdent à ce qu'ils nomment des "mises en sobriété énergétique " des différents lieux de visite officielle du chef de l'Etat. C’était le cas dans l’usine de charpente en Alsace ou encore dans le collège à Ganges, dans l’Hérault. Et comme toujours, quand le pouvoir est contrarié, il tente de criminaliser la contestation. Les membres du gouvernement et le directeur d'une clinique héraultaise accusent la FNME CGT d'avoir coupé l'électricité de l'établissement de santé qui a promis de déposer plainte pour "mise en danger de la vie d'autrui". La CGT évacue toute responsabilité. Denis Gravouil, Secrétaire général Fédération nationale CGT du spectacle et Fabrice Coudour, secrétaire fédéral de la CGT-FNME sont nos invités ce soir. Fabrice Coudour est revenu plus longuement sur cet épisode et nous livre sa version des faits. Il nous en dit également un peu plus sur la journée nationale de colère dans l’énergie prévue le 3 mai.

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Transcription
00:00 Je trouve que d'avoir coupé l'énergie d'une clinique à 11h30 précisément,
00:05 alors qu'il y avait 5 patients dans les blocs opératoires sur table en train d'être opérés,
00:10 cet acte-là est totalement inacceptable et je ne peux l'accepter
00:14 parce que c'est mettre nos concitoyens, les gangeois, en danger.
00:19 On ne peut pas criminaliser l'action des grévistes pour une autre raison
00:24 et surtout mettre en parallèle 13 secondes,
00:27 on voit bien que ce n'est pas notre cible à nous énergéticiens
00:29 puisque la coupure de la clinique 13 secondes
00:34 et de l'autre côté plus d'une heure, une heure et demie dans le collège de Gange,
00:38 c'est bien que notre cible c'était bien le collège de Gange et certainement pas la clinique.
00:41 Macron a promis 100 jours pour apaiser, nous lui promettons 100 jours d'action et de colère.
00:53 L'heure est loin d'être à la résignation,
00:55 c'est ce qu'ont déclaré dans un communiqué les syndicats de la Fédération Nationale Mine-Énergie CGT
01:01 au terme d'un conseil général qui a eu lieu vendredi dernier.
01:05 L'organisation syndicale entend poursuivre sa grévia,
01:08 à savoir les perturbations énergétiques qui accompagnent l'exécutif lors de ses déplacements.
01:13 La mobilisation contre la réforme des retraites semble prendre une autre forme
01:17 et d'autres acteurs émergent, préférence pour les opérations coup de poing et blocage.
01:21 Les salariés des secteurs de l'énergie et de la collecte des déchets
01:24 s'imposent dans le bras de fer des syndicats avec le gouvernement.
01:28 La Fédération Nationale CGT du spectacle se joint à la danse.
01:32 La cérémonie des Molières a été l'occasion de dénoncer le passage en force de la réforme des retraites.
01:37 Atteindre de quoi vivre à la retraite est un combat pour beaucoup d'entre nous,
01:41 même pour celles et ceux qui ont connu la célébrité.
01:46 Alors que dire des anonymes ?
01:48 Que dire des intérimaires ?
01:50 Que dire des privés d'emploi ?
01:53 Nous le savons, les jeunes sont précaires de plus en plus longtemps.
02:00 Et encore plus violemment touchés par les réformes de l'assurance chômage.
02:04 Et pourtant, tout seul, dans sa bonne logique ultra-libérale,
02:10 du haut de sa tour d'ivoire, il a décidé de reporter l'âge de départ à la retraite à 64 ans.
02:18 Enfin, 64 ans...
02:20 Oui.
02:22 On est là !
02:24 Merci !
02:26 Bravo !
02:28 Aujourd'hui, il y a un ministère de la Culture qui défend haut et fort l'exception culturelle française dans le monde,
02:33 qui défend le régime de l'intermittence, qui est une fierté pour notre pays.
02:37 Vous avez un ministère qui a débloqué des aides massives pendant la crise pour vous soutenir tous,
02:41 pour soutenir tous les secteurs de la culture.
02:45 Vous avez une ministre à la tête de ce ministère qui a obtenu le budget historique le plus haut,
02:50 +7% par rapport à l'année dernière.
02:52 Inflation, facture d'énergie, j'ai débloqué des aides exceptionnelles,
02:55 vous le savez, certains syndicats sont là pour venir en aide aux structures les plus fragiles.
03:00 Et donc j'ai le plaisir d'accueillir ce soir Denis Gravouille, secrétaire général Fédération Nationale CGT,
03:05 bonsoir, et Fabrice Coudour, secrétaire fédéral de la société FNME.
03:10 C'est difficile. Bonsoir !
03:12 Alors je me tourne d'abord vers vous Denis Gravouille, on vient de voir deux artistes membres de la CGT,
03:18 Touffan Manouchéry et Lucie Astier, dénoncer les conditions des intermittents
03:23 et le passage en forme de la réforme en direct de la cérémonie des Molières.
03:28 Est-ce que vous pouvez nous raconter un peu les coulisses de cette action, de cette opération ?
03:34 Alors on a souvent l'habitude dans des périodes de lutte,
03:36 notamment quand on se bat pour le régime des intermittents du spectacle,
03:39 d'aller sur nos lieux de travail.
03:42 C'est que des professionnels, des gens du spectacle vivants, mais ça peut être les Césars ou autres.
03:46 Alors ce n'est pas facile parce que quand même, évidemment, le directeur des Molières,
03:49 c'est un pur macroniste du monté, il révèle être ministre de la Culture.
03:52 Bon, on lui a un petit peu forcé la main parce qu'il y avait eu une manif devant,
03:56 il y avait eu une casserolade aussi, on ne voit pas ce qui se passait à l'extérieur,
03:59 mais une très très belle casserolade que la police avait essayé de maintenir à distance,
04:03 mais qui s'est passée juste devant.
04:04 Et puis du coup ça m'a été interpellé, les collègues qui rentraient, les invités.
04:07 Bon, évidemment, on avait négocié la prise de parole,
04:11 par contre on n'avait pas négocié ce qu'on allait dire.
04:13 Donc quand le cabinet de la ministre a su qu'on la mettait directement en cause
04:18 et que ce ne serait pas une intervention à l'eau de rose,
04:20 et vraiment on peut encore remercier Toufan, c'est le prénom précis,
04:24 qui a été eu dans un des spectacles nommés d'ailleurs sur l'Iran,
04:27 et Lucie d'avoir accepté de faire l'intervention, c'était évidemment un peu musclé.
04:32 On met en cause Macron, on met en cause la ministre,
04:34 alors juste pour donner l'info, elle, elle est passée en travers des gouttes,
04:37 il y a quelques ministres qu'on avait beaucoup vus,
04:39 puis elle n'a absolument rien dit.
04:41 Le 12 janvier on l'avait rencontrée pour lui dire "mais comment ça va se passer ?",
04:44 parce qu'il y a des gens précaires qui vont être très très violemment touchés
04:47 par la réforme des retraites, le 12 janvier.
04:49 Jusqu'à présent on n'a eu aucune réponse aux interventions, aux questions orales ou écrites,
04:54 donc là c'était l'occasion de lui dire "expliquez-vous dans la profession".
04:57 Et d'ailleurs dans un de ses interventions, elle répond complètement à côté de la plaque,
05:00 elle répond en ne parlant pas des retraites, en parlant de l'argent que l'État a débloqué et autres,
05:06 et il n'y aurait beaucoup à dire sur la réalité de cet argent,
05:09 pour sauver le spectacle soi-disant, alors qu'il n'a pas été considéré comme essentiel pendant le Covid,
05:13 mais sur les retraites, elle n'a rien dit du tout,
05:15 et donc c'est bien ça qu'on voulait dénoncer, et on va continuer à le faire.
05:19 Donc très déçue, plutôt déçue de la réponse de la ministre de la Culture.
05:22 Je ne peux pas être déçue, parce que je ne m'attendais pas à grand-chose,
05:24 c'est comme si on allait dire qu'on est déçus de l'intervention de Macron quand il passait à la télé.
05:29 C'est juste l'expression d'un gouvernement qui est hors sol,
05:34 quel que soit le poste auquel il est,
05:37 et qui continue à dérouler son truc comme s'il ne se passait rien dans le pays,
05:40 et on a vu dans toutes les images qu'au contraire, ça ne se termine pas,
05:43 qu'évidemment il y a différentes phases à la lutte,
05:45 mais dans le spectacle, on essaie d'apporter notre contribution avec différentes actions, dont celle-ci.
05:50 – Elle aurait pu nous dire "je vous ai compris, je vous ai entendu, mais..."
05:54 Non, non, elle y est allée, je ne comprends pas votre colère.
05:58 D'ailleurs, c'est peut-être l'occasion, Denis Gravoux,
06:00 de nous rappeler comment cette réforme des retraites a impacté
06:03 le régime des intermittents du spectacle.
06:06 – Alors lui-même non, mais disons qu'il y a des réformes d'assurance-chômage en même temps
06:10 qui ont eu lieu déjà jusqu'à présent.
06:12 Pour l'instant, le régime des intermittents n'a pas été touché,
06:14 parce que justement, on a plutôt un rapport de force,
06:16 on a une certaine mobilisation dans ce domaine-là,
06:18 mais je m'occupe aussi de l'assurance-chômage au niveau de la CGT dans son ensemble,
06:21 et il y a eu des casses depuis qu'Abdel Macron est arrivé particulièrement,
06:25 et qui s'apprêtent à se continuer.
06:27 Il y aura une troisième lame au rasoir certainement en fin d'année,
06:30 donc il faut aussi se mobiliser là-dessus.
06:32 Et c'était la répétition générale pour les retraites.
06:34 C'est la répétition de tous les syndicats contre,
06:37 un gouvernement qui passe en force, une baisse de droits,
06:41 un chantage comme quoi ça va améliorer la situation et que ça la dégrade.
06:45 Pour le genre du spectacle, la réalité c'est comme pour les intérimaires,
06:48 c'est pour ça qu'on avait mis ça dans le discours,
06:50 c'est que non seulement c'est dur pour beaucoup de monde,
06:54 mais c'est encore plus dur la réforme des retraites
06:56 pour ceux qui ont connu des périodes de précarité,
06:58 alors particulièrement ceux qui la connaissent toute leur vie.
07:00 Quand on est intermittent, on change de patron toutes les semaines,
07:03 on a des contrats courts, donc forcément les périodes de chômage
07:06 pèsent lourds et pèsent lourds dans le calcul de la retraite.
07:11 Et puis évidemment quand il y a des petits salaires,
07:14 il y a quelques stars qui sont très bien payés,
07:16 mais dans le spectacle, les quelques stars ne sont qu'une minorité.
07:19 – Et pourquoi c'est important de politiser ce genre d'événement
07:22 qui intéresse les classes bourgeoises ?
07:24 Pourquoi il y a des intermittents qui prenaient la parole sur scène
07:26 où le public répondait "ce n'est pas le lieu ici" ?
07:28 – Il y en a eu plusieurs, il y a des images qui ont circulé,
07:32 par exemple à l'Orchestre de Lyon, il y a eu une prise de parole
07:35 d'un délégué syndical qui n'était même pas polémique,
07:38 c'était une prise de parole avant le concert et autres,
07:40 qui se fait insulter par les bourgeois lyonnais,
07:42 qui lui disent "joue, joue, ta gueule", qui l'insultent littéralement.
07:46 On a fait des prises de parole sauvages au Châtelet ou autres,
07:51 à différents endroits et en gros on a gagné à l'applaudimètre.
07:54 Mais il y a quelques endroits où la violence de classe s'exprime comme ça.
07:58 On nous parle de violence mais la violence elle est policière,
08:01 elle est au service d'un gouvernement qui est complètement minoritaire,
08:04 elle est au service d'une classe sociale qui se croit tout permis,
08:07 y compris en insultant des artistes qui font une prise de parole syndicale
08:10 avant un concert.
08:12 – D'ailleurs à ce sujet, Lisa, l'an dernier tu étais sur le terrain
08:15 pour couvrir une action de #MeTooThéâtre lors de la cérémonie des Molières de 2022
08:19 des militantes, féministes, comédiennes et réalisatrices
08:22 avaient manifesté pour dénoncer les violences sexuelles,
08:24 l'omerta dans le milieu de la culture.
08:26 Alors ça a du sens pour toi la politisation de ce type d'événement ?
08:30 – C'est ça, en fait c'est toujours aller chercher les bourgeois là où ils sont.
08:35 C'est pas les bourgeois individuellement, c'est vraiment la classe bourgeoise
08:39 dans le sens à replacer l'échiquier politique parce que
08:42 dans tout ce que je vois dans les prises de parole du pouvoir
08:46 d'Emmanuel Macron ou de ses ministres c'est très souvent "oui, oui faites vos grèves comme ça,
08:50 c'est bien vous êtes exprimés mais on va le faire quand même".
08:52 Et en fait du coup aujourd'hui la lutte, elle est depuis toujours comme ça
08:55 mais elle s'impose à des gens qui ne luttaient pas comme ça avant,
08:58 c'est-à-dire d'aller les chercher comme Emmanuel Macron demandait "venez me chercher".
09:02 Donc d'aller les chercher et c'est pour ça que les grèves par exemple des énergéticiens
09:06 ou les grèves des éboueurs les dérangent autant parce qu'après ils le font passer
09:10 comme une prise d'otages, des usagers etc.
09:12 Mais c'est pour ça que ça les dérange autant parce que là ça vient les toucher.
09:14 Quand ils voient des poubelles dans leur beau quartier
09:17 ou quand ils voient des coupures d'électricité dans leur permanence
09:20 dans laquelle ils ne vivent pas, c'est là où la politisation
09:24 d'aller politiser, d'aller chercher, d'aller ramener les combats chez eux,
09:29 c'est ça qui est très intéressant dans ce genre de manière de lutter je trouve.
09:33 Alors du coup là j'ai une question pour vous deux,
09:36 pourquoi c'est important que d'autres secteurs prennent aussi le relais
09:39 dans cette mobilisation qui est traditionnellement portée par les secteurs
09:42 de l'énergie et des transports ?
09:45 Je crois que depuis le début de toute manière la mobilisation qui s'est montée,
09:49 dès janvier elle s'est montée sur un mouvement assez large d'intérêt général
09:54 où tout le monde a cherché à prendre sa place dans le mouvement
09:57 pour faire entendre la colère et cette opposition à la réforme des retraites.
10:02 Dans l'énergie on a pris notre part, on a dit qu'on serait un outil au service de la lutte.
10:06 On a très vite compris que pour bloquer l'économie, pour se faire entendre,
10:10 il fallait que tous les secteurs s'engagent dans cette bataille.
10:14 Sauf qu'effectivement la grève, la mobilisation, elle est facile pour personne,
10:20 faire la grève ça coûte, donc selon les secteurs il n'y a pas la même mobilisation,
10:27 pas la même démonstration et surtout tout n'est pas aussi visible.
10:30 Même dans l'énergie, selon le secteur d'activité dans lequel on est,
10:34 il n'y a pas la même visibilité médiatique en tout cas,
10:37 ou le même moyen de toucher l'exécutif, le président, on le voit là encore récemment,
10:42 je pense qu'on y reviendra, mais ce n'est pas la même chose que quand on est un technicien de terrain
10:48 et quand on est un agent dans les bureaux où on se dit "ma grève, à quoi elle sert ? Comment on se fait entendre ?"
10:57 Pour autant c'est bien toutes les travailleuses et tous les travailleurs du pays
11:02 qui contribuent à la production de richesses, sans toutes ces travailleuses, sans tous ces travailleurs,
11:07 il n'y aurait pas de richesses, donc en fait il faut bien se dire que le meilleur moyen qu'on a entre les mains, c'est la grève.
11:13 Si notre grève, elle n'impacte pas l'économie, c'est quelque part,
11:19 il faut se poser des questions sur le sens du travail, c'est un autre débat qui est amené,
11:24 mais il y a un vrai enjeu que tout le monde rentre dans ce mouvement de grève.
11:29 Je crois que les travailleuses et les travailleurs du pays ont aussi compris au travers de ces quelques mois
11:34 que tous rassemblés, tous en grève, il y a moyen de faire bouger des choses.
11:39 Après on ne démarre pas tous en même temps, c'est la coordination qui est complexe,
11:43 mais il y a un moyen de faire plier le gouvernement, c'est sûr.
11:46 – Et c'est peut-être plus compliqué pour les intermittents du spectacle de se mettre en grève pour les raisons que vous avez évoquées.
11:51 – Oui, chacun doit analyser les difficultés, mais à l'inverse, même si c'est très difficile,
11:57 et puis il y a des gens qui se disent "ça sert à quoi d'arrêter les spectacles,
12:00 on nous les a arrêtés pendant le Covid et on nous a dit qu'on n'était pas essentiels".
12:03 Donc ça c'est aussi des éléments qu'il faut prendre en compte,
12:06 mais par contre il y a des effets de visibilité, s'adresser au public en dehors des jours de grève,
12:11 à chaque fois qu'on a pu le faire, et qu'on s'est fait applaudir,
12:14 et qu'on a gagné à l'applaudi-mètre la plupart du temps, ça a aussi porté la lutte.
12:18 Et puis on le fait surtout pour montrer que, comme l'a dit Fabrice,
12:22 on essaie de cantonner, le gouvernement essaie de cantonner cette lutte,
12:26 à dire "bah c'est une grève des privilégiés, des régimes spéciaux, de l'énergie ou autre".
12:31 Dans le spectacle vous avez deux régimes spéciaux, l'Opéra de Paris et la Comédie-Française,
12:36 on n'y touche pas, comme ça, ça évite d'avoir les spectacles avec les ballerines devant l'Opéra,
12:41 comme en 2019-2020.
12:42 Mais on a trouvé d'autres moyens de rendre le spectacle visible,
12:46 et notamment à travers des événements comme les Molières, mais on en a fait quelques autres,
12:49 on a fait des monuments avec les copains de la Société Culture, l'Arc de Triomphe,
12:53 le Musée de Dorcet, encore vendredi dernier.
12:55 Chacun apporte sa part dans un monde où, par ailleurs,
12:59 la question des médias, des réseaux sociaux est très importante.
13:02 Et juste pour faire une petite incise, puisque l'année dernière il y avait les MeToo Molières,
13:05 mais c'est une affaire qui n'est pas terminée.
13:07 Par ailleurs, on a un dossier sur un film sélectionné à Cannes,
13:11 dans lequel la production a voulu éteindre des agressions sexuelles sur une jeune femme mineure en plus.
13:17 Donc ça, par ailleurs, c'est un sujet dont on entendra encore parler
13:21 jusqu'à ce qu'on ait gagné cette lutte pour l'égalité et la lutte contre les violences.
13:26 – Il y a quand même un truc important aussi, c'est que,
13:29 au travers de cette lutte depuis maintenant plus de trois mois,
13:32 il y a une solidarité, un élan de solidarité qui est aussi énorme,
13:36 que ce soit financier, mais aussi par la présence.
13:40 C'est clair, quand on voit arriver sur les piquets de grève
13:43 qui sont installés dans certains secteurs, je dis n'importe quoi,
13:46 mais des militants de la Confédération paysanne qui arrivent avec des légumes,
13:51 avec des vivres, quand on voit les élans, les caisses de solidarité qui gonflent de jour en jour,
13:58 c'est aussi des gens, des personnes, des citoyens qui ne peuvent peut-être pas forcément faire grève,
14:04 mais qui contribuent à la lutte par ces élans de solidarité.
14:07 Et la solidarité humaine, elle a autant de valeur que la solidarité financière.
14:11 Nous, on le voit aussi comme ça.
14:13 Donc il n'y a pas que les indicateurs, parce que le gouvernement nous cloisonne là-dedans,
14:18 les indicateurs, est-ce qu'il y a plus ou moins de manifestants,
14:21 est-ce qu'il y a plus ou moins de grèves.
14:23 En fait, il faut avoir une vision très générale et se rendre compte que la colère,
14:26 elle est là, elle reste, quoi qu'il advienne.
14:28 Pour continuer sur cet élan de solidarité, tu avais d'ailleurs réalisé un joli reportage.
14:35 Avec André, un collègue journaliste ici.
14:40 Oui, on avait réalisé un reportage justement ce fameux jour à Versailles.
14:46 Les cheminots avaient fait une ASG, une Assemblée Générale,
14:49 avec des cheminots d'un peu partout dans la région et la Confédération Paysanne.
14:52 Et pas que, le MoDef aussi, une assoc' aussi paysanne, était montée à Versailles,
14:58 pour déjà le symbole des paysans qui montent à Versailles,
15:01 puis pour déposer des paniers paysans, pour soutenir la grève dans le sens où on a envie de vous nourrir.
15:06 Notre outil de lutte, c'est ce qu'on produit, c'est ce qu'on fait,
15:10 et donc on veut vous apporter des légumes et des fruits de bonne qualité.
15:13 Ça avait ému vraiment tout le monde, parce qu'il y avait vraiment cette union des forces.
15:17 Et je voulais réagir à ce que vous disiez, c'est vrai qu'il y a différents modes d'action,
15:22 d'autres qui font plus la une des médias ou pas, mais en tout cas, j'ai l'impression que tout ça fonctionne,
15:26 parce que dans la prise de conscience des gens, ce qui compte, ce n'est pas le nombre en manifestation,
15:33 c'est vraiment la prise de conscience, et on voit qu'avec toutes ces casseroles-là, etc.,
15:36 que la mobilisation, elle ne faiblit pas, et surtout l'opposition à la réforme des retraites, elle ne faiblit pas.
15:41 Et même si la réforme, elle est passée, il y a quelque chose qui est...
15:45 Enfin, même si elle peut être retirée si le combat continue, mais que la réforme soit promulguée ou pas,
15:49 il y a une vraie victoire dans ce combat-là, c'est qu'il y a une vraie prise de conscience
15:53 sur comment est fabriquée notre économie dans le pays.
15:56 Ça fait de plus en plus de temps que j'entends parler de problèmes de partage de richesses,
16:00 de problèmes d'inégalité, et donc la victoire dans tout ça, c'est que ça a vraiment mis ces questions-là en avant,
16:05 qu'on n'en parlait pas vraiment avant, par exemple les 80 milliards de dividendes, etc.,
16:10 c'est des choses dont même les personnes qui n'étaient pas trop cultivées sur ces sujets-là
16:14 permettent de plus en plus maîtriser ce sujet.
16:18 Et surtout, ce qui est mis en avant, c'est regarder la vraie force en France, c'est la force des travailleurs.
16:23 Et donc du coup, les travailleurs sont en train de plus en plus...
16:26 ou qui sont en train de travailler ou pas, mais même les travailleurs qui n'exercent pas en ce moment
16:31 parce que chômage, etc., ils sont en train de se rendre compte de leur propre force.
16:35 Et il y avait pendant des années une forme de résilience, une forme de "de toute façon, tout passera, j'en ai marre,
16:40 moi je veux juste mon salaire", il y a une forme de "regardez ce qu'on est capable de faire".
16:44 Et c'est ça aussi, c'est pour ça que ça prêtait à sourire les casserolettes,
16:47 parce qu'en fait c'est des beaux moments humains de gens qui se disent "regardez, on a le pouvoir de faire des choses".
16:52 J'ai l'impression que c'est une des fois où n'importe qui, même au fin fond du pot de Charente,
16:56 se dit "je suis capable de faire quelque chose dans ce pays au niveau de la lutte".
16:59 Et c'est ça qui est beau aussi dans cette réappropriation de la politique.
17:03 D'ailleurs, les comédiennes sur scène ont lancé "Vive les casserolades",
17:07 on a l'impression vraiment que c'est un peu un moyen, un slogan pour mobiliser.
17:12 Fabrice, vous y participez à votre manière avec vos collègues à travers les perturbations énergétiques.
17:19 C'est vos casserolades à vous.
17:20 C'est ça. Alors, souvent, médiatiquement, on parle des coupures.
17:25 Nous, on aime bien parler de mise en sobriété,
17:28 puisqu'il ne faut pas oublier que le gouvernement, en novembre, a publié des grands plans de délestage au niveau français
17:36 pour l'équilibre énergétique, en rendant légale la mise en sobriété dans ces grands plans de délestage.
17:44 Et puis là, en quelques mois, en novembre, c'était légal. En avril, c'est criminel.
17:49 Alors nous, on surfe un petit peu sur la vague.
17:51 C'est un moyen de s'exprimer, de faire entendre cette colère, puisqu'ils ne veulent pas nous entendre, le gouvernement.
17:57 Et surtout, ce qui est bon de se dire, c'est qu'encore tout à l'heure, quand vous passiez le ministre Dussopt,
18:04 c'est que par leur médiocrité, c'est nos meilleurs VRP, que ce soit Macron, que ce soit Dussopt,
18:11 tous les uns après les autres, quand ils prennent la parole, c'est très provoquant.
18:15 Quand il parle de dizaines de personnes qui seraient soi-disant mobilisées sur chacune de ces rencontres,
18:20 rien que sur vos images, on se rend compte que c'est des centaines et des centaines de personnes.
18:26 Alors nous, la mise en sobriété, c'est vraiment être des porte-voix de cette colère, trouver des espaces de parole.
18:34 Alors évidemment, on a ciblé les déplacements de l'exécutif, du président.
18:38 – L'usine, donc en Alsace, ou encore dans le collège à Gange, dans les Roses.
18:42 Les périmètres sont de plus en plus larges, parce que forcément, maintenant,
18:45 Macron se déplace avec son groupe électrogène, bientôt avec ses bus de sympathisants et termitants du spectacle,
18:50 pour faire la foule qui se combrasse.
18:53 – Mais c'est quoi la symbolique de ces mises en sobriété ?
18:56 – C'est clairement, alors il y a une grosse symbolique, c'est qu'on a un slogan chez nous,
19:01 c'est "Emmanuel Macron, si tu continues, il va faire tout noir chez toi".
19:05 Ça a été repris par notre secrétaire générale confédérale, Sophie Binet.
19:11 Donc quand on a scandé ces mots-là, qui sont revenus dans pas mal de nos piquets de grève et de nos mobilisations,
19:18 ça a un aspect symbolique dans le sens où, si tu continues avec cette réforme,
19:25 il fera tout noir chez toi, mais c'est pas tout noir chez toi, chez lui dans l'Elysée.
19:28 On sait très bien qu'il y a tous les moyens techniques pour faire qu'il n'y ait pas de coupure,
19:33 parce que lui, il n'est pas dans la précarité énergétique, comme les plus de 13 millions de personnes en France.
19:38 Il n'y a pas de problématique autour de ça. Par contre, le perturber, le rendre un petit peu énervé,
19:46 on va dire nerveux par rapport à tous ces déplacements, et pas que lui, de tout l'exécutif…
19:49 – De le faire peur ?
19:51 – Pour nous, c'est pas de la menace ou c'est pas faire peur, c'est clairement des promesses,
19:57 pour dire la colère, elle est toujours là et on va l'exprimer.
20:00 Donc une manière de l'exprimer, c'est agir sur notre outil de travail.
20:03 Les électriciens, les gaziers, ils maîtrisent leur outil de travail.
20:06 Ce que tu disais tout à l'heure, c'est vraiment le cas, c'est qu'il y a une intelligence chez les travailleuses
20:10 et les travailleurs du pays qui est énorme de comment on maîtrise nos outils de travail.
20:14 Là, dans l'énergie, on maîtrise nos outils de travail, et donc on appuie là où ça fait mal pour se faire entendre.
20:21 – Maintenant qu'Emmanuel Macron a trouvé la parade avec son groupe électrogène, comment vous allez faire ?
20:27 – J'ai envie de dire, c'est là où tous les secteurs prennent du sens.
20:32 Il va forcément venir en train, en avion, il va se déplacer, il va dans des restaurants.
20:37 Les travailleuses et les travailleurs du pays sont présents partout.
20:41 – On l'attend au spectacle, si jamais on repère qu'il va à un spectacle, on l'attend aussi.
20:44 – Vous l'attendez aussi ?
20:45 – Il y a une bonne coordination avec les camarades et les copains du spectacle.
20:49 – Vous allez vous parler d'ailleurs d'actions concertées, peut-être coordonnées entre les deux secteurs.
20:53 – Il y en a déjà eu plein, il y en a d'autres qui auront lieu, on réfléchit.
20:58 Par exemple, il y a des festivals, si on a dit que les ministres ou le président n'étaient pas le bienvenu,
21:02 on va réfléchir, on va rentrer dans la période des festivals d'été, par exemple.
21:06 – Vous avez certainement entendu le pouvoir, l'exécutif, défendre ce discours, les grèves, oui, les blocages, non.
21:13 Qu'est-ce que vous leur répondez ?
21:15 – Les blocages et les actions, ça se décide par les gens sur le terrain.
21:20 Et parfois, il y a des blocages qui sont décidés parce qu'il y a des blocus,
21:23 on l'a vu avec les Éboueurs, par exemple, qui ont appelé à la solidarité pendant la grève.
21:27 Donc c'est ça qui est intéressant, c'est comme vous l'avez dit,
21:30 les salariés se sont appropriés leurs outils de travail et peuvent montrer que sans eux,
21:35 ils ne fonctionnent pas et donc effectivement, il peut y avoir des blocages.
21:39 Moi, j'ai plutôt tendance à ne pas être favorable à un blocage complètement de l'extérieur,
21:45 mais un blocage en appui à des gens qui sont en grève, par exemple, ça, ça a beaucoup de sens.
21:48 Parce qu'il faut faire respecter le droit de grève qui est mis en cause,
21:51 de même que le droit de manifester est mis en cause,
21:53 le droit de liberté d'expression est mis en cause, le fichage est partout,
21:56 la répression est très forte, particulièrement sur les copains de l'énergie.
22:00 Donc il faut faire respecter nos droits et en face, ils se servent de toutes les armes jusqu'à la limite.
22:06 Quand on voit la mise en cause, par exemple, de la Ligue des droits de l'homme,
22:09 il n'y a que Pétain qui a osé le faire.
22:11 Oui, effectivement, il y a toujours cette stratégie du gouvernement de criminaliser la contestation.
22:17 Je vous propose d'ailleurs d'écouter les arguments de ce gouvernement
22:21 et du directeur de la clinique de Gange qui vous impute la responsabilité
22:25 de la coupure de courant qui a frappé l'établissement.
22:27 Une coupure à la clinique, et là j'ai fait le lien, si vous voulez.
22:31 Et je trouve que d'avoir coupé l'énergie d'une clinique à 11h30 précisément,
22:37 alors qu'il y avait 5 patients dans les blocs opératoires, sur table, en train d'être opérés,
22:42 service d'urgence qui fonctionnait avec des patients, bien sûr qu'il existait des soins,
22:46 et le scanner, et le scanner.
22:48 Donc cet acte-là est totalement inacceptable et je ne peux l'accepter
22:53 parce que c'est mettre nos concitoyens, les gangeois, en danger.
22:58 On est là pour soigner, on n'est pas là pour manifester.
23:01 On peut manifester, on peut avoir des opinions qui sont différentes de celles du gouvernement,
23:07 ça s'appelle la démocratie, mais mettre en danger la vie des gens,
23:10 mettre en danger la sécurité des gens, c'est inadmissible et c'est répréhensible.
23:16 Et ce n'est pas moi qui trancherai, ça sera le juge.
23:19 Alors la CGT évacue toute responsabilité. Fabrice, est-ce que vous pouvez revenir sur cet épisode ?
23:25 Alors déjà, eux, ils nous proportent des actes un peu criminels.
23:33 Nous, ce qu'on trouve assez fou, c'est même honteux ces propos,
23:36 parce que c'est des chiens de garde du gouvernement qui s'expriment
23:40 pour aller allumer des contrefeux par rapport à l'action qu'on a menée.
23:43 Il faut quand même se dire que le fonctionnement du réseau électrique ou de gaz,
23:49 ce n'est pas une science exacte. Avec un fonctionnement continu,
23:52 des coupures peuvent en arriver n'importe quand, à n'importe quel endroit.
23:55 Les centres de santé comme ça, les bâtiments publics de santé ou même privés,
23:59 doivent avoir leur matériel de sauvegarde, les groupes électrogènes.
24:04 Moi, je serais assez effaré à la place du directeur d'afficher partout
24:09 que ça a mis 13 secondes à démarrer tout son matériel de sauvegarde,
24:14 alors qu'effectivement, peut-être, il y avait des patients qui étaient sur la table d'opération.
24:20 On est en train de mélanger deux débats. Le service public, la santé,
24:25 il faut avoir de l'investissement à l'intérieur pour pouvoir avoir un système
24:30 de sécurité électrique qui soit de haut niveau.
24:32 Mais on ne peut pas criminaliser l'action des grévistes pour une autre raison
24:37 et surtout mettre en parallèle 13 secondes. On voit bien que ce n'est pas notre cible,
24:41 à nous énergéticiens, puisque la coupure de la clinique, 13 secondes,
24:47 et c'est sauvegardé. Il n'y a pas eu de coupure en réel.
24:50 Tout a été sauvegardé techniquement. Et de l'autre côté, plus d'une heure,
24:54 une heure et demie dans le collège de Gange, c'est bien que notre cible,
24:58 c'était bien le collège de Gange et certainement pas la clinique.
25:00 Depuis le début, on se bat pour l'intérêt général. On l'a démontré, montré depuis le début.
25:05 On est loyal. On a affiché les choses dès le 19 janvier. On est coordonné.
25:09 On prend des décisions collectives, comme disait Denis.
25:12 Maintenant, la colère, elle a ses limites. Et quand on n'est pas entendu,
25:16 parce que la médiocrité, la provocation, c'est eux. Le blocage, c'est eux.
25:20 Tout ce déni de démocratie sociale, c'est eux, ce n'est pas nous.
25:24 Nous, on a affiché la couleur vraiment dès le début. Donc maintenant,
25:27 on est en train de mettre en œuvre ce qu'on a annoncé depuis le début,
25:30 c'est-à-dire qu'on ne lâcherait rien jusqu'au retrait.
25:32 Donc ces actes techniques, on les assume, effectivement, mais ça ne sera jamais...
25:37 Nos cibles ne seront jamais les citoyens, l'opinion publique, qui aujourd'hui
25:41 est complètement du même côté de la barricade que nous.
25:44 – Il y a encore moins des patients. – Il y a encore moins des patients.
25:46 Mais c'est vraiment allumer des contrefeux, je dirais presque maladroits ou malhonnêtes,
25:51 que de dire "c'est scandaleux, les énergéticiens s'attaquent à un bâtiment de santé".
25:57 Mais dans la même phrase, il faut se dire, c'est anormal qu'un bâtiment de santé
26:03 ne soit pas sauvegardé. Et je dirais même plus loin, c'est que quand le gouvernement,
26:08 en novembre, nous parlait de plan de délestage, il n'y avait pas de question
26:12 sur les 13 millions de personnes en plein hiver qui sont en précarité énergétique,
26:16 qui ont des problématiques de chauffage CESE, il n'y avait pas de réponse
26:20 à la question des médicalisés à domicile, ou ces coupures vraiment grand-angle,
26:26 ces délestages grand-angle de près de 2 heures pour certaines coupures,
26:30 là ça posait problème à personne. Puis aujourd'hui qu'on est dans la contestation,
26:33 on voit tout de suite les chiens de garde qui sortent du bois pour dire
26:36 "c'est inadmissible, c'est des criminels". – Est-ce que c'est grave ?
26:39 – Voilà, c'est ça. – Alors il y a un autre événement
26:42 qui commence à prendre vraiment beaucoup d'ampleur, ça a presque même été qualifié
26:46 d'acte terroriste, vous auriez voulu faire sauter la préfecture des Bouches du Rhône,
26:51 est-ce que vous pouvez nous raconter ? – Je crois que c'est du même acabit,
26:55 c'est qu'on essaye de monter en épingle la moindre information,
27:00 l'événement le plus minime, pour nous mettre en porte-info pour dire derrière
27:06 "regardez le mouvement baisse, il se radicalise, c'est des fous".
27:10 – "Voici les ennemis d'Argadon". – "C'est eux qui sont contre la démocratie,
27:14 c'est pas démocratique cette action". Mais en fait, qui a provoqué tout ça ?
27:18 C'est bien le gouvernement aujourd'hui, comme je l'ai dit, et je le redis,
27:20 la colère elle a ses limites, et au bout d'un moment, c'est normal
27:23 que les travailleuses, les travailleurs reprennent en main leurs outils de travail,
27:29 mais tout champ professionnel confondu, et même les jeunes d'ailleurs,
27:33 c'est même pas l'outil de travail, c'est reprendre en main leur avenir,
27:36 pour contester et pour montrer que ces 100 jours d'apaisement, c'est un mensonge,
27:43 c'est ces 100 jours de colère qui seront maintenus jusqu'au bout, tout simplement.
27:48 – Donc dans le cadre de cette affaire, la préfecture des Bouches du Rhône,
27:50 très syndicaliste interpellée quand même, puis relâchée 24 heures après,
27:53 tous en poursuite, sauf pour un refus d'obtempérer.
27:56 Est-ce que vous avez des nouvelles de vos camarades ?
27:58 – Dans notre secteur, c'est des dizaines de camarades qui sont à chaque fois incriminés,
28:02 des plaintes contries, on a plus de 300 plaintes qui ont été déposées
28:08 dans le secteur de l'énergie, par les distributeurs, c'est beaucoup de camarades
28:12 qui sont criminalisés dans le cadre de l'action syndicale, mais encore une fois,
28:16 c'est cette politique aussi du ministre Darmanin de vouloir museler la colère,
28:22 aujourd'hui on a envie de lui dire "ça marche pas", parce que criminaliser un endroit
28:28 en recommencera un autre, en fait l'énergie elle est partout,
28:31 les travailleurs ils sont partout, donc on agira partout,
28:34 et c'est de toute manière pas juste d'agir contre nous,
28:37 alors que c'est une expression, on est quand même dans le pays des libertés,
28:40 et là on nous reprocherait justement de nous exprimer avec les moyens
28:44 qui nous sont offerts.
28:46 – Alors des coupures d'électricité lors du festival de Cannes,
28:49 c'est là que ça devient intéressant pour les actions coordonnées,
28:52 le Grand Prix de Monaco, Roland-Garros sont également prévus,
28:56 vous allez y travailler ensemble, Denis et Fabrice ?
28:59 – On ne va pas dire ce qu'on va faire dans le détail, mais on travaille ensemble,
29:03 et puis de toute façon il y a différents moyens de s'exprimer,
29:05 il y a les mises en sobriété énergétiques, surtout qu'il y a du boulot à Cannes
29:10 en matière de transition écologique, donc on va voir,
29:14 mais de toute façon on va aussi trouver le moyen de s'en servir
29:18 pour faire parler ce mouvement,
29:20 parce que c'est aussi un des plus gros événements mondiaux,
29:23 je crois que c'est le deuxième après l'Olympique,
29:25 donc on va voir comment on s'exprime,
29:27 et puis on va prendre un témoin, un certain nombre de gens,
29:30 puisque le festival a décidé par exemple de sélectionner à nouveau Cannes Loge,
29:33 et bien Cannes Loge on l'a déjà rencontré en février à Saint-Denis,
29:36 il soutient la lutte, on va lui demander un petit coup de main.
29:39 - Il faut quand même voir que sur des retentissements comme le festival de Cannes,
29:44 on parle de notre mouvement, là on en parle déjà,
29:48 nous c'est un moyen de prendre un espace de parole,
29:50 et s'il faut faire on fera, et on saura se coordonner dans la CGT,
29:54 c'est ce qu'on fait de mieux,
29:56 mais c'est aussi se rendre compte que le président de la République,
30:00 c'est aussi la risée internationale quand même,
30:03 ce retentissement à l'international c'est quand même fort,
30:06 là sur des moments médiatiques comme le festival de Cannes c'est énorme,
30:12 encore une fois nous le réaffirmes, on n'est pas contre la culture,
30:15 pas contre le sport, pas contre les loisirs,
30:17 c'est un moyen d'expression et de dire la colère est toujours là.
30:22 - On a parlé du festival de Cannes, il y a aussi les JO,
30:25 vous avez certainement vu cette promesse, pas de retrait, pas de JO,
30:29 est-ce que les JO sont un levier d'action aussi pour vous ?
30:36 - Les JO c'est encore très loin, ça commence en juillet 2024,
30:40 donc pour l'instant c'est dans un an et plus d'un an.
30:43 - Ça se prépare, il y a pas mal de syndicats qui communiquent.
30:46 - Pour l'instant il y a déjà eu des actions, notamment en Seine-Saint-Denis,
30:48 puisque ça se passe essentiellement ici, sur les chantiers,
30:51 il y a eu différentes actions à différents endroits,
30:54 mais c'est sûr que le gros de l'événement sera dans un an,
30:57 donc on ne sait pas très bien où on en sera,
30:59 et puis comme l'a dit Fabrice, nous on n'est pas là pour empêcher
31:03 tous les événements, mais par contre pour s'exprimer,
31:06 donc d'ici un an il y aura de l'eau qui aura coulé sous les ponts,
31:09 mais par contre c'est sûr que cette colère n'est pas prête à s'arrêter
31:12 et qu'il va falloir trouver des moyens de s'exprimer dans la durée,
31:15 et ça c'est sûr que d'abord il y a les 100 jours.
31:19 - Voilà, j'allais y venir, il y a une échéance beaucoup plus proche,
31:22 les 100 jours, et notamment le 3 mai, vous avez promis d'en faire
31:26 une journée nationale de colère dans l'énergie,
31:29 est-ce qu'on peut en savoir plus ?
31:31 - Alors c'est toujours complexe d'annoncer à l'avance,
31:34 mais disons que depuis le début de cette mobilisation,
31:38 on a su montrer qu'on était capable de tout faire dans l'énergie,
31:42 de la mise en sobriété jusqu'aux baisses de production,
31:45 je tiens quand même à souligner qu'on a aussi eu de grosses initiatives
31:49 qui sont toujours en cours de nos robins des bois de l'énergie,
31:52 avec beaucoup de gratuité pour les bâtiments publics,
31:55 pour tous les plus précaires, qui étaient coupés malgré la trévivernale,
31:58 on n'a pas entendu un mot du gouvernement là-dessus,
32:01 sur les coupures des usagers malgré la trévivernale,
32:05 mais bon c'est un autre sujet.
32:07 - Ils ont même durci les lois sur le logement,
32:10 contre les impayés de loyer, ça se rajoute quoi.
32:13 - Complètement, mais du coup, pour nous, cette journée du 3 mai,
32:18 c'est de montrer 1) que la colère est toujours présente dans l'énergie,
32:22 et 2) qu'on est capable de tout faire en même temps.
32:25 Donc sur cette journée-là, c'est une journée coordonnée dans notre secteur,
32:29 mais j'espère qu'il y en aura d'autres,
32:31 et qu'après un 1er mai historique, comme on l'attend tous,
32:34 il y aura une suite à ce 1er mai,
32:37 et le 3 mai, c'est une grande journée de colère pour montrer qu'on est toujours là,
32:40 et qu'on est capable d'agir partout, sur l'électricité, le gaz,
32:46 l'énergie atomique et les mines.
32:48 - Oui, vous avez même indiqué dans votre communiqué
32:50 que vous promettez d'être imaginatifs.
32:52 - C'est exactement ça, mais en fait, ce qui est chouette dans ce mouvement,
32:56 c'est que même on n'a pas besoin d'être imaginatifs,
33:00 parce que nos bases, les grévistes sur le terrain,
33:03 c'est eux qui sont arrivés avec le plus d'imagination.
33:06 Et puis vous savez, quand ça fait 3 mois qu'on est en lutte,
33:09 qu'on passe du temps sur les piquets de grève,
33:11 il y a encore des piquets de grève qui sont bientôt à 50 jours de blocage de sites,
33:15 eh bien on a le temps de discuter, on a le temps de se coordonner,
33:18 on a le temps de recréer les entreprises historiques
33:21 en discutant entre les distributeurs d'aujourd'hui et les producteurs d'aujourd'hui,
33:26 alors qu'avant on était une seule et même entreprise qui s'appelait EDF-GDF
33:30 et qui avait toutes ses vertus.
33:32 Le fait de pouvoir discuter ensemble comme ça,
33:34 on imagine des plans d'action, on imagine des décisions collectives
33:37 qui pourraient être mises en œuvre et qui peuvent être très fortes.
33:40 Donc le gouvernement peut sortir la baguette sans arrêt
33:44 en voulant nous taper sur les doigts.
33:46 Il faudrait mieux chercher des bougies,
33:48 parce qu'on a largement de quoi faire sur le secteur de l'énergie pour se faire entendre.
33:52 - Vous maintenez le suspens sur la journée du 3,
33:55 donc la journée de colère et également celle du 1er mai.
33:59 Lisa, j'imagine que tu as l'habitude de couvrir ces mobilisations,
34:03 il y en a eu énormément, 12 je crois.
34:05 Le 1er mai tu seras dans la rue pour nous.
34:08 Tu peux peut-être nous restituer un petit peu le sentiment
34:13 de tous ces manifestants et manifestantes que tu as croisés,
34:16 même au cours de ces nombreux reportages.
34:18 Le 1er mai, ça annonce vraiment être une journée historique.
34:21 - En fait, oui, ça fait des mois que, pas que moi,
34:24 tous les journalistes ici, on se balade entre guillemets
34:27 de piqué en piqué et de manifestation en manifestation.
34:31 Le 1er mai, ça va vraiment, je pense,
34:33 en fait le 1er mai c'est la fête des travailleurs déjà,
34:35 donc qu'ils soient en activité ou pas, c'est pas le problème.
34:38 Du coup, ça va être un moyen pour tout le monde de se rassembler,
34:40 même pour ceux qui ne peuvent pas faire grève,
34:42 je pense énormément aux soignants,
34:43 même s'il y a énormément de soignants
34:44 qui vont travailler le 1er mai,
34:45 pour eux il n'y a pas de fériés, etc.
34:47 Donc c'est un peu ça l'énergie, j'ai l'impression,
34:49 c'est de tous se retrouver.
34:50 J'entends parler beaucoup de gens,
34:52 que ce soit national ou pas, de monter à Paris
34:55 pour faire ce 1er mai.
34:56 Ce qui est intéressant, je pense qu'il ne faut pas...
34:59 Les gens qui disent "oui, mais c'est juste une marche", etc.
35:01 Je pense que, comme on disait, c'est la diversité
35:05 des modes d'action qui est intéressante à regarder là-dedans.
35:08 Et ce que je trouvais intéressant tout à l'heure,
35:11 c'était que vous visiez des événements
35:13 comme le Festival de Cannes, Roland-Garros.
35:15 Et moi je trouve ces actions très intéressantes
35:18 parce que ce n'est pas n'importe quel événement,
35:20 ce n'est pas notre tante ou notre soeur
35:23 qui va au Festival de Cannes ou à Roland-Garros,
35:25 c'est aussi viser les activités bourgeoises,
35:27 et c'est ça qui est très intéressant,
35:28 c'est d'aller, encore une fois, chercher les gens
35:30 qui essayent de ne pas regarder le peuple,
35:32 aller les chercher et dire "vous n'avez pas le choix
35:34 que de regarder le peuple".
35:35 Donc voilà, et pour le 1er mai, oui, l'ambiance est...
35:37 Il y a beaucoup de... Malgré tout, il y a beaucoup de colère,
35:39 j'ai l'impression, mais il y a aussi beaucoup
35:41 d'envie de festivité et d'envie de retrouvailles,
35:44 comme on disait, d'une humanité qui veut se retrouver.
35:48 Donc ça va être ça le 1er mai.
35:50 Après, évidemment, le 1er mai, malgré tout,
35:52 il y a des craintes, parce qu'il y a une grosse peur
35:55 de la répression.
35:56 On a connu d'autres 1ers mai qui étaient extrêmement violents,
35:59 évidemment l'époque des Gilets jaunes, etc.
36:02 La première réforme des retraites,
36:03 enfin la première sous Macron.
36:04 Donc une grosse crainte aussi sur le dispositif policier.
36:08 Personnellement, je reviens de la manifestation bassine,
36:11 donc je sais à quel point c'est possible
36:13 de mettre un gros dispositif policier en place
36:15 pour qu'il y ait des violences.
36:17 Et une diversité d'actions qui va s'exprimer,
36:22 que ce soit dans les cortèges de tête,
36:24 que ce soit au fond avec le barbecue ou la CGT,
36:28 ça va être une représentation de la colère dans le pays
36:33 qui ne sera pas écoutée par le gouvernement,
36:36 on le sait déjà.
36:37 Mais qui va continuer.
36:39 En fait, c'est un rapport de force qui s'installe de plus en plus.
36:42 Et quand on voit BFM qui est obligée de dire
36:44 "tout le monde soutient la réforme des retraites",
36:47 c'est qu'il y a une petite victoire qui est en train d'avancer.
36:50 Alors messieurs, ça sera ma dernière question.
36:53 On vous a invité à nous attendre pour le second plateau.
36:55 Qu'est-ce que vous attendez du premier mai ?
36:57 Est-ce que ça représente un tournant pour vous
37:00 dans cette mobilisation qui dure quand même depuis 3 mois ?
37:02 J'espère que ça sera une étape avant la victoire.
37:06 La bourgation de cette loi, la non-application, peu importe.
37:10 Une réaction du gouvernement.
37:12 Je crois que c'est bien de se dire aussi que le 1er mai,
37:16 il risque d'être aussi riche notamment sur les manifestations parisiennes,
37:19 mais pas que, puisqu'il y a beaucoup de délégations étrangères
37:22 qui vont être présentes, je crois plus d'une soixantaine,
37:25 dans les cortèges.
37:27 Je crois que cette crainte pour les citoyens
37:31 qui voudraient y participer, de la violence,
37:35 de la présence policière et autres,
37:37 il faut aussi dédramatiser ça et se dire que c'est aussi
37:41 une bonne ambiance, les mobilisations.
37:44 On ne gagne pas qu'avec des cortèges et de la musique,
37:48 mais c'est aussi un moyen de se rassembler.
37:50 Plus on sera nombreux, moins il y aura de la dérive,
37:53 puisque c'est vraiment la masse qui sait pourquoi elle est là.
37:58 Et je crois que symboliquement, j'espère que ça sera vraiment
38:02 l'apogée inverse de la médiocrité du président en place,
38:09 parce que c'est vraiment une espèce d'aboutissement.
38:13 J'espère que ce sera vraiment une page qui se tourne,
38:16 mais dans le bon sens, pour dire "c'est bon, c'est fini,
38:18 on arrête, pour la fête des travailleurs, on arrête".
38:20 – Très vite, c'est la 1re fois qu'il y a un 1er mai unitaire,
38:23 depuis très longtemps, avec tous les syndicats.
38:26 Depuis le début, le gouvernement a essayé de dire
38:28 "l'intersyndical va exploser",
38:31 on est le 1er mai, elle n'a toujours pas explosé,
38:33 et je ne pense pas qu'elle explose, genre le 3 mai.
38:35 Évidemment, il y a des positionnements différents,
38:38 mais il y a des liens qui ont été créés, y compris des militants de base
38:41 qui se rendent compte de ce que c'est que la lutte,
38:43 et ça, je pense que ça peut durer encore longtemps,
38:45 il faut qu'ils s'inquiètent en face.
38:47 – D'ailleurs, avant le 1er mai, il y a la date du 28 avril, jeudi,
38:50 ça sera exactement à la paix de la CGT, une nouvelle journée de mobilisation.
38:55 Merci beaucoup, Denis Gravouille, secrétaire général,
38:58 Fédération nationale CGT du spectacle,
39:01 et Fabrice Coutour, secrétaire fédéral de la CGT FNME.
39:05 Et merci à toi, Lisa.
39:07 – Sous-titrage : Le Crayon d'oreille -
39:12 [Sous-titrage : Le Crayon d'oreille]
39:18 [SILENCE]

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