7 MINUTES POUR COMPRENDRE - Comment fonctionnent les unités de la Brav-M durant les manifestations

  • l’année dernière
Ces groupes de plusieurs motocycles avec un binôme par véhicule interviennent essentiellement dans le cadre de manifestations susceptibles de dégénérer ou dans le but de disperser des mouvements non déclarés.

Category

🗞
News
Transcript
00:00 Avec nous pour en parler le général Bertrand Cavalier. Bonjour, vous êtes ancien gendarme,
00:07 expert du maintien de l'ordre. Les équipes de BFM TV hier ont suivi des braves M et des
00:13 braves P, brigade de répression de l'action violente à pied et motorisée. Regardez le
00:17 reportage de Maxime Brandstetter avec Louis Sibyl, Régis Deconclois et Valentin Demey.
00:24 Début de soirée à Paris. La manifestation est terminée mais les individus enflamment
00:28 des poubelles, la brave a mépris pour si. On les dépasse, attention, nombreux objets
00:33 au sol, j'ai gaffe, putain arrête toi, arrête toi, pied à terre, vas-y poursuis-le, poursuis-le.
00:43 C'est bon. En quelques secondes seulement les fauteurs de troupes sont arrêtés. On
00:54 est typiquement dans le rôle de la brave. On a des individus qui commettent des dégradations,
00:59 qui mettent le feu aux poubelles, moi je dois les intercepter et les arrêter. Donc on les
01:04 dépasse, on met pied à terre et on les bloque. Un contrôle d'identité et des sacs et les
01:08 unités Me 1 et Me 2 repartent, d'autres feux de poubelles sont signalés. Me 2 à cheval,
01:13 on va essayer de trouver nos gens, à cheval. Oui plusieurs feux, plusieurs feux. Les policiers
01:23 de la brave M sont accompagnés des MIR, les moteurs d'intervention rapide des pompiers.
01:27 En plein milieu d'un nuage de fumée, la brave M demande des renforts pour les soldats du
01:34 feu. Les MIR n'auront pas les moyens pour éteindre tout ça. J'ai 4-5 feux, vu de l'escrapade,
01:40 ça vient de manifestants. Hier soir la brave M a permis d'éviter plusieurs départs d'incendie.
01:45 Nous avons évidemment interrogé cette unité sur les critiques qu'ils essuient depuis
01:49 plusieurs semaines. Le policier que nous avons suivi les comprend difficilement. Moi je trouve
01:53 que c'est injuste. Déjà parce que tant que la justice n'a pas fait son travail, on ne peut pas
01:58 jeter des accusations comme ça, ce n'est pas possible. La présomption d'innocence elle est
02:02 pour tout le monde. Et par rapport au travail que la brave Mike, que les brave Mike font au quotidien
02:07 et sur les engagements violents tels qu'on peut les avoir dans ce genre de manifestation, je
02:13 trouve que c'est injuste. Il y a la brave M mais aussi la brave tout court, celle qui n'est pas
02:18 motorisée. A Paris il est cette fois 17h30, la manifestation est en cours. Un black bloc s'est
02:23 formé et vise les forces de l'ordre. La commissaire Léa, 28 ans, dirige cette unité de la brave.
02:28 On a le bloc qui est constitué, c'est là d'où les jets de projectiles partent, c'est là où on a le
02:32 bloc. On va déjà avancer, on va faire jonction, vous les voyez, ils sont à vue là. Allez ça charge !
02:38 La commissaire dirige 108 policiers. Son objectif, diriger le black bloc vers un seul et même lieu,
02:43 la place de la nation. Allez, un groupe à droite ! Vous restez allié, vous restez fort. Là, je veux une ligne de section droite.
02:55 Quand je dis qu'on fait un assaut, on fait un assaut, bordel, ça avance, ça impacte. Les charges successives fonctionnent.
03:01 Vous suivez, vous pivotez, vous suivez avec. C'est parfait, on attire le bloc vers nous.
03:05 On attire le bloc sur nous, c'est parfait. Mais les policiers sont la cible de jets de projectiles,
03:12 ils décident de répliquer. Dans les rangs de l'unité, la tension monte d'un cran.
03:26 Ne dites pas des conneries. De toute manière, on va être impacté quoi qu'il arrive.
03:30 En fait, à un moment donné, on mange depuis tout à l'heure du projectile, donc on se repositionne en ligne et on fait un assaut.
03:35 Donc là, l'impact c'est là-bas, c'est ceux qui lancent les projectiles, ceux qui sont derrière.
03:39 Donc s'il faut impacter, c'est dans cette direction.
03:43 Finalement, après 30 minutes sous tension à manœuvrer dans les rues parisiennes,
03:47 La BRAV a redirigé et regroupé les manifestants les plus radicaux en un seul lieu, la place de la nation.
03:52 L'objectif est atteint, d'autres policiers vont prendre le relais.
03:55 Voilà, BRAV-P et BRAV-M, qui font l'objet effectivement de critiques,
04:00 puisqu'une pétition déposée à l'Assemblée nationale recense plus de 110 000 signatures
04:05 et demande leur dissolution. Deux manifestants ont porté plainte et l'IGPN, la police des polices, a été saisie.
04:11 Général Bertrand Cavallier, on a du mal tout d'abord à comprendre comment s'articule le travail des BRAV
04:16 par rapport au travail des CRS et des gendarmes mobiles que l'on voit communément dans les manifs.
04:21 Les BRAV, au départ, c'est un concept qui est utile, qui vise à pouvoir agir dans la profondeur sur ces petits groupes
04:26 qui, mais pas forcément dans les manifestations, mais en dehors, commettent des dégradations, cassent, etc.
04:34 D'ailleurs, c'est parfaitement démontré ce soir, hier soir, au travers de ce reportage.
04:39 Le problème, c'est qu'il y a eu une certaine inversion, c'est-à-dire qu'on les a utilisés de plus en plus en premier échelon
04:44 sur l'effort principal, au détriment des professionnels du maintien de l'ordre, que sont les gendarmes mobiles et les CRS.
04:50 – Vous dites que dans un premier temps, ils étaient en première ligne, les BRAV,
04:53 et que la philosophie a changé, qu'on les a placés derrière les gendarmes mobiles et les CRS.
04:58 – Au départ, ils étaient pour agir dans la profondeur, à l'extérieur, comme le démontre ce reportage.
05:04 Mais en fait, progressivement, et ça a d'ailleurs suscité au sein des gendarmes mobiles et des CRS un certain questionnement,
05:12 on les a utilisés en premier échelon pour agir au sein, dans les manifestations, contre les plagues blocques.
05:18 Il y a les professionnels, ceux qui sont formés pour cela et structurés,
05:22 c'est fondamentalement les deux composantes spécialisées que sont les gendarmes mobiles et les CRS.
05:27 – Donc vous voulez dire qu'au départ, ils ne sont peut-être pas formés pour ça, les fonctionnaires de la BRAV-M,
05:32 et c'est ce qui explique peut-être pourquoi ils ont été parfois épinglés,
05:37 on a remarqué qu'ils étaient nerveux, c'est ce que vous dites ?
05:42 – Alors, il y a eu des difficultés, il faut être objectif,
05:45 il ne s'agit pas de faire le procès de tous les fonctionnaires,
05:47 mais les dysfonctionnements qui ont eu lieu, notamment pendant la crise des Gilets jaunes,
05:51 et certains problèmes, certes marginaux en termes d'usage de la force,
05:56 ont concerné davantage ce type d'unités que les unités classiques, je dirais,
06:01 les gendarmes mobiles et CRS.
06:02 – Ils ont quel profil ces policiers ? Ils sont jeunes ?
06:06 – Ce sont généralement des jeunes, et puis vous avez également beaucoup de rotation
06:09 à l'intérieur de ces unités, alors que c'est beaucoup plus stabilisé au sein des escadrons,
06:14 c'est toujours même encadrement.
06:17 – Donc il y a un manque d'expérience, c'est ce que vous voulez dire ?
06:19 – Et cette expérience, pour les gendarmes et les CRS, elle ne s'admite pas à Paris,
06:22 si vous voulez, le rapport à l'autre, la gestion de manifestations,
06:27 c'est une culture qui se développe sur toute la France, voire outre-mer,
06:30 il n'y a pas simplement le prisme parisien, donc c'est important,
06:34 de toute façon le préfet Funès a engagé principalement ces nouveaux,
06:38 il y a un changement complet d'approche de l'APP, et je crois qu'il imprime sa marque.
06:42 Hier, ce sont principalement des gendarmes mobiles et des CRS
06:46 qui ont été engagés sur la manifestation, y compris pour les actions directes contre les Black Blocs.
06:52 – Maxime Branstetter, vous étiez aux côtés des Braves hier après-midi,
06:54 les Braves à pied, qu'est-ce qui vous a marqué ?
06:58 – Ce qui m'a marqué, c'est peut-être qu'on a vu dans ce reportage beaucoup d'actions,
07:04 on voit un moment de très forte tension, où ils se reçoivent des pluies de pavés,
07:07 ça forcément ça m'a marqué, parce qu'on se rend compte à quel point
07:11 recevoir d'énormes morceaux de béton, des morceaux de trottoirs,
07:15 c'est presque banal, je leur posais la question après,
07:18 ils me disaient "ah ça, vous savez, c'est à toutes les manifestations, c'est habituel".
07:21 Ce qui m'a marqué aussi, c'est qu'on ne s'en rend pas forcément compte dans ce reportage,
07:25 c'est qu'en fait c'est beaucoup, beaucoup d'attentes, la Brave.
07:28 L'unité avec laquelle on était, était censée intervenir en cas d'exaction ou pour interpeller.
07:33 Et donc en fait, pendant l'essentiel de la manifestation,
07:35 on était dans des rues parallèles, cachées carrément, discrètement,
07:39 pour éviter de provoquer les manifestants selon leurs propres termes,
07:44 et donc on avançait comme ça, on suivait le cortège sans se faire voir,
07:48 et on n'a intervenu que lorsqu'on a considéré que les exactions étaient assez fortes.
07:52 Pourquoi on intervient si tardivement ?
07:54 Eh bien tout simplement parce qu'ils veulent éviter de provoquer les manifestants,
07:58 parce que vous le savez, les Black Blocs veulent en fait surtout affronter les policiers.
08:02 – Bertrand Cavallier, comment dans le rush, dans la tension de la manifestation,
08:06 on dose la réponse, la fameuse réponse proportionnée dont parlait Gérald Darmanin ?
08:11 – D'abord il y a un cadre légal, c'est celui de la proportionnalité
08:16 et de l'absolue nécessité en matière d'usage de la force.
08:20 – Il faut avoir de l'expérience pour ça.
08:21 – Après vous avez le discernement, ce discernement il se construit au bout de plusieurs années,
08:26 tout cet encadrement, je parle notamment des gens à mobile, des CRS,
08:29 qui travaillent sur toute la France, c'est important de ne pas avoir qu'une culture parisienne,
08:32 dans son rapport à la manifestation, dans son rapport à la foule,
08:36 mais d'avoir également cette pondération,
08:39 mais également cette détermination pour agir en tant que besoin,
08:42 mais ça doit être la réponse juste.
08:44 Bon, intervenir et savoir discriminer aussi,
08:47 c'est vrai que vous avez les Black Blocs qui sont des ultra-violents,
08:50 là il y a un problème objectif d'individus, de groupes qui sont des adeptes de la violence
08:55 et qui vont à la confrontation systématique contre les forces de l'ordre et qui dégradent,
08:59 mais il y a également une majorité de gens qui viennent manifester pacifiquement,
09:04 donc il s'agit d'agir avec beaucoup de justesse
09:07 et surtout d'avoir le bon comportement et de discuter, il faut discuter.
09:13 Et quant au temps d'attente, le maintien de l'ordre, ce sont des heures d'attente,
09:16 ce sont des unités qui parfois ne sont pas engagées,
09:19 parce que la plupart des manifestations se déroulent calmement.
09:22 En tout cas, moi je retiens qu'il y a aujourd'hui un retour à l'engagement premier
09:26 qui est attendu depuis des années des professionnels que sont les gens à mobile et les CRS.
09:31 Et priorité donc à l'expérience.
09:33 Merci beaucoup, merci Maxime d'avoir été avec nous ce matin à l'Economie, Nicolas Doss.

Recommandée