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Dans la deuxième heure de son émission consacrée à la culture, Philippe Vandel reçoit chaque jour un invité.
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Transcription
00:00 - Ecoutez Culture Média jusqu'à 11h sur Europe, Philippe Vandel vous recevez, Florent Peyre.
00:04 - Bonjour Florent Peyre. - Bonjour.
00:06 - Vous êtes humoriste, auteur de one-man show, comédien, on vous a vu dans Redding,
00:09 Mission Pays-Bas, Marum, Ducobu 3, j'en oublie.
00:11 Votre spectacle, n'en finis pas de cartonner, c'est un one-man show qui était d'abord au théâtre Trévis,
00:16 puis à la Gaîté-Montparnasse et maintenant en tournée dans toute la France.
00:19 Ça s'appelle "Nature", c'est à la fois un one-man show et une pièce de théâtre, expliquez le principe.
00:24 - Oui tout à fait, c'est un concept un petit peu.
00:27 Non c'est un... oui oui, c'est à mi-chemin effectivement entre le one-man show et le seul en scène quoi.
00:34 Donc c'est... en fait je joue tous les personnages tout seul, d'une troupe de comédie musicale un soir de première.
00:41 Donc voilà.
00:42 - Pour être précis, une quinzaine d'humains, cinq animaux, dont quatre en voie d'extinction,
00:48 ça a une importance, et un objet. - Et un objecteur.
00:50 - Vous les avez choisis comment ? Les animaux ? - Oui.
00:53 - Ou les humains, comment vous avez fait ?
00:55 - Non, non, non, ben écoutez, à l'écriture, quand on a commencé à écrire avec mes co-auteurs Mathieu Burnell et Philippe Cavrivière,
01:02 je suis arrivé avec des idées, des personnages dont je ne savais pas ce qu'ils allaient raconter,
01:07 mais j'avais déjà des personnages, donc j'avais déjà leur voix, leur manière de bouger,
01:11 mais je ne savais pas exactement ce qu'on allait leur faire faire.
01:13 Et puis il y a aussi plein de personnages qui sont nés pendant l'écriture, notamment par exemple une mamie inuit.
01:18 Un Jean-Philippe est arrivé en me disant "vous savez, les inuits, ça c'est vrai,
01:21 les inuits ont un système de retraite très compliqué, puisqu'en fait ils vivent..."
01:26 - Les inuits, c'est ce qu'on appelait autrefois les esquimaux.
01:28 - C'est pas le même truc, mais je n'en sais rien.
01:31 Mais c'est deux ethnies différentes.
01:34 - Enfin les inuits, ils vivent au-delà du cercle polaire. - Tout à fait.
01:38 Ils vivent dans les igloos.
01:40 Et quand leurs anciens sont trop anciens, les hommes ne peuvent plus chasser,
01:43 et les femmes elles mâchent les peaux de bêtes pour en faire des...
01:46 enfin les ligaments et les tendons pour en faire des cordes.
01:48 Mais quand elles ne peuvent plus mâcher ou quand les hommes ne peuvent plus chasser,
01:51 ils les virent de la tribu et ils les laissent mourir comme ça sur un morceau d'iceberg.
01:54 C'est assez tendre. C'est pire que le 49-3.
01:57 Et donc de là, Philippe nous raconte ça et on cherche quelque chose,
02:01 et moi je commence à faire une mamie comme ça qui a un petit sauteur de langue
02:03 parce qu'il lui reste que dedans, et qu'elle peut encore m'assouiller, donc ne vous inquiétez pas.
02:07 Et de là, ça a été le moment le créatif le plus rigolo de toute l'écriture,
02:11 parce que là vraiment j'ai inventé le personnage devant eux,
02:13 eux ont continué à écrire pendant que j'ai improvisé,
02:15 on a écrit le sketch en une demi-heure, après on l'a retouché évidemment.
02:18 Donc les personnages ont été créés comme ça.
02:20 Des fois il y a des imitations de gens comme Catherine Barma par exemple,
02:23 que j'ai vu beaucoup et qui est la productrice du spectacle.
02:25 On va en parler de ce personnage de Catherine, la productrice du spectacle, pour de faux.
02:31 Il y a un teaser dans ce spectacle, vous savez quoi ?
02:33 On en profite, on va écouter le teaser.
02:35 Elle va bien se passer cette première, d'accord ?
02:38 Tiens, bien travaillé, ça fait des mois que t'y es dessus,
02:41 et elle est super ta comédie musicale, elle est color...
02:45 Salut, salut, moi je m'appelle Maxence,
02:48 si je t'arrête dans la rue, c'est parce qu'il y a urgence.
02:52 Ça va être une catastrophe, oh non, oh non, en plus c'est complet,
02:58 tout le monde va voir cette merde.
03:01 Oh, mais pourquoi il fait pas des sketchs et des impros comme avant, l'autre con ?
03:07 Ça va me florent ? Ça va être formidable, voilà.
03:13 La calotte glaciaire, on t'a bien niqué, niqué, niqué ta mère.
03:20 Mais c'est pas possible, pas un morceau blanc provençal,
03:23 climato-sceptique, supporter de l'ON qui chante du Jul, ça veut rien dire là.
03:26 Tu sais que chaque semaine, chaque semaine, tu incurves l'équivalent en plastique d'une carte bancaire.
03:32 Tu savais pas ça ?
03:33 Si moi ça me permet de chier une mastercard par semaine, wow.
03:36 Il faut nous mettre en prison, vous l'avez dit le...
03:39 Le chiffre sur la carte bancaire, il est authentique.
03:41 Vous l'avez fait parce que vous forcez le trait, vous forcez le trait tout le temps.
03:44 Florent Peyre, c'est même le principe de l'humour.
03:46 Oui, mais alors les informations...
03:48 Les infos sont exactes.
03:49 J'avais une volonté, c'était de glisser.
03:51 Je voulais pas faire une...
03:52 L'écologie n'est pas le sujet principal du spectacle.
03:55 Le sujet principal, c'est la vie de cette troupe qui est...
03:58 C'est la catastrophe en coulisses, c'est la catastrophe sur scène.
04:00 Il y a Florent au milieu qui est persuadé qu'il a écrit une comédie musicale écolo qui va sauver le monde.
04:05 Et c'est la catastrophe, donc c'est des personnages foireux.
04:08 Et durant l'histoire de la comédie musicale,
04:11 on va rencontrer un orse polaire qui a chopé l'accent marseillais parce qu'il fait 25 degrés sur la banquise,
04:16 une mamie inuite, Pepito, le majordome mexicain de Donald Trump.
04:20 Bon, ça c'est des personnages très en couleur, comme j'adore, très cartoonesques.
04:24 Mais je voulais aussi glisser de vraies infos écolo,
04:27 sans que ce soit moralisateur, sans que ce soit une conférence rigolote sur l'écologie.
04:31 Donc je redis ce chiffre, chaque semaine on ingurgite en plastique l'équivalent d'une carte bancaire.
04:35 Pas chaque année, chaque semaine.
04:37 Parce qu'il y a du plastique de partout, dans l'eau que vous buvez, dans l'air.
04:42 Une fois que le plastique est parti comme ça, qu'il va sécher, se coller sur un rocher, qu'il sèche au soleil,
04:48 et puis ensuite il part en micro-particules dans la mer, le poisson le mange, vous mangez le poisson, vous mangez le plastique.
04:52 Donc vous avez du plastique, même, je crois qu'ils en ont trouvé dans le sang, excusez-moi de vous donner des bonnes nouvelles.
04:56 Donc il y a du plastique partout.
04:58 Et donc, mis bout à bout, c'est pas moi qui ai fait l'expérience, j'ai jamais compris en bleuré, qu'on mange une carte bancaire par semaine.
05:04 Ça veut dire que chaque année, comme il y a 52 semaines, ça fait un petit bloc de plastoc quand même.
05:08 On marque une contre-pause pour se remettre de ses émotions.
05:10 Florent Paire est avec nous, ça s'appelle Nature Culture Média, continue sur Europe 1, à tout de suite.
05:14 Et sur Europe 1 dans Culture Média, on parle de Nature, le spectacle de Florent Paire.
05:18 Florent Paire qui est avec vous jusqu'à 11h sur Europe 1.
05:21 Qui joue dans ce spectacle, Anissa Florent Paire, qui joue 15 êtres humains, 5 animaux, dont 4 en voie de disparition.
05:27 L'ours blanc, il a pris l'accent du Sud.
05:30 L'ours blanc, il a pris l'accent du Sud parce qu'il fait 27° sur la banquise frère, passe-moi le monail !
05:35 On est bien là, on est là, la banquise c'est devenu Marseille au mois d'août,
05:39 chante du Jul, la carotte,
05:42 "Oh, pote qui passe sur ma banquise !"
05:46 Il est accompagné d'un pingouin, qui est visuel, donc je ne peux pas vous le faire, mais qui vend des beignets et des glaces.
05:52 En fait, la banquise est devenue la Côte d'Azur.
05:56 - Alors elle est visuelle et aussi sonore, parmi les personnages avec lesquels j'ai eu cette chance.
06:00 La productrice Catherine, toujours en panique, ultra speed, et en même temps extrêmement généreuse, on a reconnu Catherine Barma.
06:06 - Évidemment, c'était...
06:08 Souvent, moi, mes personnages, je les crée sur une imitation de quelqu'un que j'ai croisé.
06:13 - C'était quand vous étiez dans l'émission de Rucké, on ne nous demande qu'à en rire.
06:16 - On a tous, c'est-à-dire que dès qu'on croise Catherine Barma, on a envie de l'imiter.
06:19 Florence Faracy l'a fait magnifiquement, Nicole Ferroni le faisait souvent, et moi aussi.
06:23 Parce qu'elle est tellement... Elle est toujours comme ça, tapée par terre, "Florent, ne fais pas ça, c'est pas bien !"
06:29 - Donc dans mon spectacle, c'est la productrice qui veut produire un one-man-show.
06:34 - Je produisais ton one-man-show avant, mais parce que c'est avec toi à payer, c'était formidable.
06:38 Mais là, 30 intermittents à 300 euros par jour, x 50 représentations, 450 000 euros de salaire, Florence, c'est trop cher.
06:44 Je fais une crise cardiaque du portefeuille, tu comprends ?
06:47 - Elle fait tout ce qu'elle peut, elle essaie de foutre le feu au théâtre, elle essaie de...
06:50 Enfin, moi, elle me fait beaucoup rire, Catherine est venue voir.
06:54 C'est la preuve qu'évidemment, elle a beaucoup d'humour, parce qu'elle est quelqu'un d'intelligent,
06:59 et qu'elle a beaucoup d'autres réalisations.
07:00 Et en plus, elle s'appelle Catherine, dans le spectacle, j'ai rien changé.
07:03 - Et puis là, les mouvements, on sait que c'est elle. Les mouvements, le ton, c'est elle.
07:06 - Elle a adoré, elle est venue me voir dans l'âge, après en me disant...
07:09 Elle disait tout le temps "Non, ne montre qu'à rien, je n'ai pas compris, je ne comprends pas."
07:12 Elle ne comprenait pas les vannes.
07:14 Elle m'a dit "Je ne comprends pas, je ne vois pas qui c'est."
07:16 Preuve qu'elle avait tout compris.
07:18 Et j'étais heureux, mais même j'étais touché, parce que j'ai pu, pour la première fois de ma carrière,
07:23 la remercier sur scène et en public, parce que c'est quand même la première productrice
07:28 à avoir mis mon travail en lumière, et à nous tous.
07:31 - Vous saviez qu'elle était là, ou elle est venue à Cognito ?
07:33 - Bien sûr. - Vous l'avez faite applaudir ?
07:35 - Bien sûr. Oui, à la fin du spectacle, j'ai dit "C'est quand même grâce à Catherine Barma
07:38 que j'ai fait mes primes pas en télé."
07:40 Elle m'a dit "Ca va, ça va, oh là là, non mais c'est trop, arrête, Florence, c'est pas ça, c'est pas ça."
07:46 - Nature, vous dites avoir eu l'idée du spectacle, parce que l'idée du spectacle,
07:50 la première idée, c'est cette comédie musicale, mais le sous-texte, le background,
07:55 comme disent ceux qui ont fait Anglais Première Langue, c'est l'écologie, l'environnement.
08:00 - Comme vous. - Non, pas du tout.
08:01 Nature, vous dites, après avoir lu un livre de Yann Atthurst-Bertrand,
08:04 c'était la dromardèche vue du ciel ?
08:08 - Oui, il y a le Rhône et deux départements de chaque côté.
08:11 - Quel livre de Yann Atthurst-Bertrand ?
08:13 - Deux degrés de plus, quoi, deux degrés de trop.
08:16 C'est la première fois que j'ai pris conscience de l'interconnexion de tout le monde,
08:24 c'est-à-dire pourquoi "Manger du bœuf" participe à la déforestation en Amazonie,
08:29 ça paraît comme ça, je ne comprenais pas.
08:31 Avant de lire ce bouquin, j'ai compris que l'eau était la même depuis le début de l'histoire de la Terre aussi,
08:37 puis après j'ai lu d'autres bouquins, mais c'est celui-là qui m'a un peu...
08:40 comment dire... c'est l'électrochoc.
08:42 - Vous avez créé ce spectacle il y a combien de temps ? Trois ans ?
08:44 - Oui.
08:45 - Les choses ne se sont pas améliorées depuis, malheureusement, sur le terrain et l'environnement.
08:50 Vous-même, est-ce que vous avez changé vos comportements écolos ?
08:54 - Ah oui, oui, oui, puis ça commence à faire...
08:56 - Oh là, la tête qui fait !
08:57 - Non, non, non, mais franchement je ne pourrais pas...
09:00 - Par exemple, concrètement ?
09:02 - Je ne me déplace qu'à vélo,
09:04 je ne fais la tournée qu'en train, jamais en avion,
09:08 alors il faut vraiment qu'il y ait une grève, par exemple,
09:10 - Où que ce soit, à Tahiti.
09:12 - Voilà.
09:13 Je ne mange quasiment plus de viande, de produits laitiers, de protéines animales,
09:20 il n'y a plus d'emballage dans notre maison,
09:22 j'ai la note puisque ma femme et mon fils sont dans le même...
09:25 - Il a quel âge le fiston ?
09:26 - Il a 6 ans et demi, mais il comprend tout, c'est ça qui est aussi rassurant.
09:31 - Ah, il ne vous réclame pas la nourriture dont il voit les publicités à la télévision ?
09:34 - Pas du tout, parce qu'il sait que c'est du caca.
09:36 C'est-à-dire que j'ai le bonheur de voir mon fils au parc,
09:40 avec son cookie fait maison, qui n'est pas toujours réussi, disons-le.
09:43 - C'est vous qui faites les cookies !
09:47 - C'est ma femme ou moi, si on se lance dans un truc,
09:50 on va faire un truc sans œufs, sans gluten, sans lait,
09:52 bon ben en fait il mange une brique, de ce mec-là.
09:54 L'autre jour il nous a avoué quand même, il dit "tu sais, des fois à la récré,
09:58 on fait du troc avec les copains,
10:00 et c'est vrai que des fois, je file mon cookie maison contre un choco-bn".
10:04 Mais au-delà de ça, c'est vrai que des fois, il nous dit "bon, à la cantine,
10:09 en dessert, il y avait une pomme ou un yaourt, j'ai pas pris le yaourt
10:11 parce que ça faisait un emballage de trop, un poids en plastique de trop".
10:14 - Ah oui, donc c'est un truc très engagé, d'accord.
10:16 - Il comprend. - Ah, c'est chouette.
10:17 - Je trouve ça génial, en même temps, on se dit "bon, peut-être qu'on va baisser un tout petit peu
10:20 les radiateurs, parce que c'est très angoissant aussi,
10:23 au moment de se dire "là, c'est très culpabilisant,
10:25 là, j'ai fait un emballage, là, j'ai fait du satierie".
10:27 Donc, on lève un peu le pied, mais ce qui est rassurant,
10:31 c'est de voir qu'un enfant de 5-6 ans peut comprendre
10:33 et a conscience de voir que là, il y a un emballage,
10:35 qu'il vaut mieux manger un truc maison,
10:36 et voilà tout ce qu'on a changé dans notre vie.
10:38 - Florent Peyre avec nous, on continue de parler de culture,
10:40 on va parler de jeux vidéo, mais d'abord, on va parler de séries.
10:42 Culture Média continue sur Europe 1.