90 Minutes Info du 29/03/2023

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Les invités de Nelly Daynac débattent de l'actualité dans #90minutesInfo du lundi au vendredi

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00:00:00 Bonjour, bienvenue sur CNews.
00:00:02 Je suis ravie de vous retrouver pour une nouvelle édition de 90 minutes info.
00:00:04 Je vous présente mes invités et les thèmes que nous aborderons ensemble juste après.
00:00:08 Un rappel des titres, il est signé Adrien Spiteri aujourd'hui.
00:00:10 Le Conseil constitutionnel rendra ses décisions le 14 avril sur la réforme des retraits.
00:00:18 Une annonce faite ce mercredi dans un communiqué.
00:00:21 Deux décisions seront rendues, l'une sur la constitutionnalité du projet,
00:00:26 l'autre sur la recevabilité de la demande de référendum.
00:00:29 Lancée par la gauche.
00:00:31 Le procès de l'incendiaire de la cathédrale de Nantes s'est ouvert aujourd'hui.
00:00:36 Emmanuel Abayi Senga a reconnu avoir mis le feu au bâtiment en 2020.
00:00:41 Il a présenté ses excuses ce matin devant le tribunal judiciaire.
00:00:45 Décrit comme instable psychologiquement, il affirme, je cite, "ne pas être fou".
00:00:50 Et puis le directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique,
00:00:54 qui est à Zaporygia, zone occupée par la Russie,
00:00:58 Raphaël Grossi visite la centrale nucléaire.
00:01:01 Objectif, voir comment la situation évolue et discuter avec les ingénieurs.
00:01:06 Il dit également essayer d'élaborer un compromis entre Kiev et Moussou.
00:01:11 Et à la une de ce mercredi, nous parlerons de ces heures un peu plus maîtrisées à Paris.
00:01:15 Mais vous le verrez, il y a encore eu de la casse néanmoins.
00:01:17 Ces scènes devenues trop courantes ont encore émaillé les mobilisations
00:01:21 contre la réforme des retraites.
00:01:23 [Cris de la foule]
00:01:44 Nous parlerons aussi de ceux qui ont subi les affres des casseurs à répétition.
00:01:47 Les commerçants des parcours de manifestation sont atterrés et découragés.
00:01:51 Leur activité commence à en pâtir sérieusement.
00:01:54 On était enfermés à l'intérieur dans notre laboratoire en attendant que ça passe.
00:02:00 Alors par pitié, Monsieur le Président, pensez aux citoyens, pensez à la France,
00:02:05 pensez aux commerçants.
00:02:06 Le jusqueboutisme doit cesser.
00:02:09 Enfin, il sera question de cette gauche qui conspue.
00:02:11 La police depuis Sainte-Soline s'est devenue flagrante désormais.
00:02:14 Ce qui a inspiré cet anaphore à Gérald Darmanin hier dans l'hémicycle.
00:02:18 Que s'est-il passé à gauche pour qu'on confonde casseurs et policiers ?
00:02:22 Que s'est-il passé à gauche pour qu'on n'ait pas un mot dans une question d'actualité
00:02:26 pour penser à tous ces policiers et ces gendarmes qui sont blessés ?
00:02:29 - Mme Mélenchon, soyons très clairs. - Encore ?
00:02:31 Oui, enfin.
00:02:31 Vous écoutez, c'est devenu l'ennemi public numéro un, politique numéro un.
00:02:35 On peut prendre d'autres responsables de la France Insoumise.
00:02:36 Non, non, moi c'est pas ce que je veux, c'est tout ce que vous pensez.
00:02:38 C'est pas qu'ils ont jeté de l'huile sur le feu,
00:02:40 c'est qu'ils ont jeté des jerrycans d'essence sur un incendie, tout le temps.
00:02:44 Et pour débattre, aujourd'hui j'ai le grand plaisir d'accueillir à nouveau
00:02:46 Judith Vintraub, grand reporter au Figaro Magazine.
00:02:48 Bonjour, merci d'être là.
00:02:50 Jonathan Cixous, journaliste chez Causeur,
00:02:52 merci à vous également d'avoir fait le déplacement.
00:02:54 Ainsi que Benjamin Morel, spécialiste de droit constitutionnel,
00:02:59 maître de conférences, on le rappelle.
00:03:01 On va évidemment évoquer ces scènes devenues récurrentes.
00:03:03 Désormais, elles n'ont pas manqué à l'appel, hier encore,
00:03:05 lors de la dixième journée de mobilisation à l'appel de l'intersyndicale.
00:03:10 Les casseurs qui ont encore frappé à Paris et en région,
00:03:13 le cortège était arrivé pratiquement à bon port lorsque les radicaux
00:03:17 s'en sont pris aux forces de l'ordre près de la place de la Nation.
00:03:19 Le résumé de cette fin de journée.
00:03:22 Maureen Vidal, Corentin Briaud.
00:03:24 Jet de projectiles sur les policiers, poubelles incendiées.
00:03:32 La capitale était le théâtre de violents heurts entre éléments radicaux
00:03:36 et forces de l'ordre hier en fin d'après-midi.
00:03:38 En cette dixième journée de mobilisation contre la réforme des retraites,
00:03:42 quelques centaines de black blocks ont été recensés.
00:03:45 Mobiliers urbains détruits, magasins vandalisés
00:03:48 ou encore cette séquence de jets de mortiers sur les forces de l'ordre.
00:03:54 Détentions qui ont duré plusieurs heures et ont fait des blessés.
00:03:58 Au total, 78 interpellations ont été effectuées à Paris.
00:04:03 Des objets contondants destinés à viser la police ont été saisis.
00:04:07 Jonathan Cixous, je vais commencer avec vous.
00:04:11 Alors on avait prédit un scénario apocalyptique.
00:04:14 Pourquoi je dis ça ?
00:04:14 Parce que le dispositif de sécurité était quand même largement renforcé.
00:04:18 Il y a eu l'épisode de Sainte-Soline dans l'intervalle.
00:04:21 On le rappelle.
00:04:21 Au lendemain, on se dit finalement, c'était peut-être un petit peu moins grave
00:04:25 qu'anticipé et c'est tant mieux.
00:04:26 Mais quand même, avec ces images, on finit pas par banaliser un petit peu
00:04:30 le degré de violence rencontrée ?
00:04:31 Je ne crois pas, Nelly.
00:04:33 Ce qui est la banalisation, si vous voulez, elle est dans la récurrence malheureuse
00:04:38 de ces images, c'est-à-dire que c'est devenu quasiment une exception
00:04:41 qu'une grande manifestation ne se termine pas ainsi.
00:04:44 Et là, c'est dramatique ce à quoi on assiste parce qu'on voit vraiment
00:04:48 que ces personnes qui n'ont strictement rien à voir avec la réforme des retraites
00:04:51 ne veulent même pas, selon l'expression consacrée, casser du flic,
00:04:54 mais tuer du flic.
00:04:55 Quand vous tirez sur un être humain avec du mortier d'artifice,
00:05:00 quand vous jetez des pavés sur la tête d'un être humain,
00:05:03 ça ne fait pas que des petits bleus, si vous voyez ce que je veux dire.
00:05:06 Et ça, ces images, elles sont terribles.
00:05:09 Moi, si vous voulez, elles continuent de me choquer à titre personnel,
00:05:13 manif après manif.
00:05:14 Et ce qui est assez terrible aussi, c'est le fait que notre droit
00:05:18 nous désarme en quelque sorte.
00:05:20 On a entendu 78 interpellations à Paris.
00:05:22 On sait qu'on ne peut pas en droit condamner des personnes
00:05:26 puisqu'on n'a pas d'image, on n'a pas de preuves exactes, etc.
00:05:29 C'est quasiment dans la plupart des cas, parole contre parole.
00:05:32 La parole du policier agressé et la parole du manifestant,
00:05:35 une autre droite, sans preuve précise, permet de libérer ces...
00:05:40 Je n'ai pas d'autres mots, ces assassins en herbe.
00:05:42 Judith, on se dit quand même que si on ne fait rien,
00:05:45 quel que soit le motif de contestation,
00:05:47 il y aura toujours mobilisation après mobilisation.
00:05:50 Et encore une fois, dès qu'il y aura une manifestation,
00:05:53 ce genre d'éléments qui vont essayer de se greffer.
00:05:55 Il va falloir que presque on s'habitue à ce que ça intervienne dans le paysage,
00:05:59 puisque précisément, en l'absence de flagrance,
00:06:01 on n'a pas beaucoup de recours.
00:06:03 J'espère bien qu'on ne s'habituera pas,
00:06:05 même si une partie, hélas trop importante de la population,
00:06:11 considère que la violence peut être un moyen de se faire entendre,
00:06:16 dès lors que les autres n'ont pas fonctionné.
00:06:19 On s'aperçoit à travers les sondages que dans certains électorats,
00:06:24 je pense notamment à celui de la France Insoumise,
00:06:27 on comprend la violence.
00:06:30 Ça, c'est un premier point.
00:06:31 Deuxième point, il serait absolument urgent de relancer le projet
00:06:37 de la loi dite "Anti-Casseurs" que le Conseil constitutionnel
00:06:41 avait fait échouer en 2019 et qui permettait,
00:06:45 en amont des difficultés qui existent, que décrit Jonathan,
00:06:52 d'interdire de manif, mais pas par une décision judiciaire,
00:06:56 par une décision du préfet, des individus qui se sont déjà illustrés
00:07:00 par des comportements violents.
00:07:02 Le gouvernement avait promis de le faire après la décision
00:07:06 du Conseil constitutionnel, on attend toujours.
00:07:09 - Qu'est-ce qui s'est passé avec le Conseil constitutionnel ?
00:07:11 - Le problème, c'est qu'en effet, c'était un constitutionnel.
00:07:13 Quelqu'un qui n'a pas été condamné ne peut pas, a priori,
00:07:16 être interdit de manifester, sinon vous violez une liberté fondamentale
00:07:19 qui est celle de manifester.
00:07:20 Vous allez me dire "Oui, mais ce sont des individus dont on sait
00:07:22 qu'ils sont violents".
00:07:23 Oui, mais ils n'ont pas été condamnés.
00:07:24 - C'est la problématique autour des fichiers S,
00:07:26 où certains se sont élus d'orchestre.
00:07:28 - Le fichier S, il vous permet d'avoir un élément de renseignement,
00:07:30 mais en soi, il ne vaut pas condamnation.
00:07:32 - Pardon, Benjamin, c'est utilisé pour les hooligans.
00:07:36 - Mais c'est utilisé pour les hooligans.
00:07:37 - Et avec succès.
00:07:38 Et le Conseil constitutionnel n'a rien dit.
00:07:39 - Mais attention, aller voir un match n'est pas une liberté fondamentale.
00:07:42 Manifester, si.
00:07:44 Et donc, il y a un effet de proportionnalité, si vous voulez.
00:07:46 Et moi, je veux bien, je ne suis pas contre sur le fond,
00:07:49 mais je crois qu'il y a deux éléments.
00:07:50 Le premier élément, c'est que quand même, depuis grosso modo 2006,
00:07:55 les gouvernements n'ont jamais cédé, n'ont jamais négocié avec un mouvement social,
00:07:58 ils n'ont cédé qu'à la violence.
00:07:59 Donc à partir de là, on crée malgré tout un effet
00:08:02 qui est un effet aujourd'hui profondément délétère.
00:08:05 Il y a l'électoral AFI, mais il n'y a pas de "dans l'électoral AFI".
00:08:08 Il y a aujourd'hui très largement une partie des Français qui considèrent que
00:08:11 si ça permet de mener au but, pourquoi pas ?
00:08:13 Ça, c'est dangereux.
00:08:14 Mais ça, c'est la responsabilité des gouvernements successifs
00:08:17 qui n'ont pas enclenché le dialogue social
00:08:18 et ont cédé systématiquement à la moindre violence.
00:08:21 De l'autre côté, en effet, il faut revoir notre régime juridique.
00:08:24 Mais en l'occurrence, je dirais que l'interdiction préventive de manifester
00:08:28 n'est peut-être pas la bonne solution.
00:08:30 Il faut arriver à mieux incriminer.
00:08:31 Pour ça, il faut changer le droit.
00:08:33 Et on peut avoir éventuellement des incriminations qui soient plus larges.
00:08:36 Ça existait jadis dans le droit français.
00:08:38 Tellement vous faites partie d'un groupe de casseurs,
00:08:40 être incriminé à ce titre, c'est des choses qu'on a connues
00:08:42 et que donc on peut connaître à nouveau.
00:08:44 Mais en effet, il va falloir faire évoluer le droit.
00:08:47 Jonathan Cixous, pour rebondir sur ce que vous disiez,
00:08:49 lui, il met l'accent, Benjamin Morel, sur un point important,
00:08:52 c'est la liberté fondamentale de manifester.
00:08:54 Et ça, il y a des choses qui ne sont pas même inamovibles dans notre pays.
00:08:57 Ça, personne ne l'a remis en question, cette liberté fondamentale.
00:09:00 Écoutez les propos de Gérald Darmanin, il ne met absolument pas en question.
00:09:04 Même le président de la République, tout le monde reconnaît évidemment
00:09:07 ce droit fondamental et le défend.
00:09:09 Et justement, on défend les manifestants contre ces personnes
00:09:13 qui finalement, elles, s'opposent.
00:09:15 Parce que si on a perdu quelques centaines de milliers de manifestants
00:09:18 dans les rangs des cortèges l'autre jour,
00:09:21 c'est parce que beaucoup ont eu peur de se retrouver dans ces scènes de guerre.
00:09:26 Oui, et de la lassitude.
00:09:28 Et là où il y a plusieurs choses à ajouter,
00:09:31 alors il y a le volet juridique, comme Benjamin vient de le dire,
00:09:34 mais aussi il y a les instruments au sens propre du terme.
00:09:38 C'est-à-dire que c'est peut-être d'ailleurs un point positif des JO de Paris,
00:09:41 il y a la loi sécurité qui encadre les JO qui vient d'être passée,
00:09:44 et qui permet l'utilisation de drones.
00:09:47 C'est quand même incroyable que vous pouvez, en tant que policier-surveillant,
00:09:50 survoler la capitale en hélicoptère un jour de manif,
00:09:53 mais vous n'avez pas le droit en tant que policier,
00:09:55 de faire survoler un cortège avec un drone pour identifier,
00:09:58 pour pouvoir prendre des photos, etc.
00:10:00 Dans le cadre des JO, l'utilisation de drones va enfin pouvoir être effective.
00:10:04 Est-ce que ça pourrait commencer dès maintenant,
00:10:06 ou est-ce qu'il faut attendre 2024 ?
00:10:08 Ça, je ne le sais pas encore.
00:10:09 Et est-ce que ce sera circonscrit aux JO,
00:10:11 où ça pourra être étendu après, de manière pérenne ?
00:10:15 D'autres scènes, et encore plus impressionnantes,
00:10:17 vous allez le voir, vous allez le revivre,
00:10:19 ça se passe en région avec des éléments radicalisés
00:10:21 qui s'étaient donnés rendez-vous à Rennes, à Lyon, à Bordeaux,
00:10:25 encore plus nombreux finalement, en proportion que dans la capitale.
00:10:29 Retour en images, Mathilde Ibanez.
00:10:31 À Lyon, des commerces et des banques ont été saccagés.
00:10:36 La préfecture a décidé d'utiliser le canon à eau pour disperser la foule.
00:10:44 À Rennes, de nombreuses dégradations ont également été commises
00:10:48 dans le centre-ville, où une agence d'assurance a été totalement saccagée.
00:10:52 Les forces de l'ordre ont également fait usage d'un canon à eau.
00:10:58 À Nantes, des violences et des dégradations ont une fois encore été recensées.
00:11:04 Même scène à Bordeaux, entre jets de projectiles et dégradations,
00:11:08 les forces de l'ordre ont fait usage de gaz lacrymogènes.
00:11:11 À Nancy, les policiers et gendarmes ont également répliqué
00:11:15 avec des gaz lacrymogènes en direction des manifestants sur la place Stanislas,
00:11:20 la principale esplanade de la ville.
00:11:25 Les forces de l'ordre ont procédé à de nombreuses interpellations
00:11:28 dans plusieurs grandes villes.
00:11:30 Judith Vintrobourg a beaucoup parlé du modus operandi des Black Blocs,
00:11:36 de leur degré de sophistication, à la fois dans le matériel
00:11:40 et dans la préparation en amont des manifestations.
00:11:44 Comment on peut dire que, vu l'étendue que cela a pris en région,
00:11:47 l'international des casseurs a bien fonctionné,
00:11:51 elle est très bien organisée ?
00:11:53 Oui, d'ailleurs, on ne devrait plus parler de Black Blocs
00:11:56 parce qu'il y a des tas de populations qui s'agrègent
00:11:59 à ces mouvements quasi professionnels et violents,
00:12:03 et notamment des tas de groupes antifas
00:12:07 qui sont repérés de longue date par les services de renseignement
00:12:13 et le ministère de l'Intérieur.
00:12:15 Il y a eu un livre d'un Britannique, Marc Bray,
00:12:19 qui est paru en 2018,
00:12:22 qui retrace le passé, le présent et décide le futur
00:12:30 de la gauche radicale, de l'extrême-gauche,
00:12:34 et qui est aussi un manuel qui explique
00:12:37 quelles méthodes utiliser pour être efficace
00:12:41 en utilisant la violence dans les manifestations.
00:12:44 On est face, pour la première fois peut-être,
00:12:48 à une extrême-gauche coordonnée, organisée,
00:12:54 alors qu'en France, elle se caractérisait plutôt
00:12:57 par son éclatement et par la coexistence de groupuscules
00:13:00 qui ne se parlaient pas entre eux.
00:13:02 Et la police, face à cette nouvelle structuration,
00:13:07 semble assez démunie.
00:13:09 - Il y a une convergence des luttes de gauche sur le terrain
00:13:12 ou il y a aussi un effet d'opportunisme, comme elle le dit ?
00:13:15 - Il y a totalement un effet d'opportunisme.
00:13:17 Les syndicats ne sont absolument pas heureux de ce qui se passe,
00:13:20 de même que l'immense partie des parties de gauche.
00:13:23 On a affaire à une mouvance anarchiste
00:13:26 qui n'a pas grand-chose à voir avec la gauche classique
00:13:29 et encore une partie de l'anarchisme.
00:13:31 L'anarchisme, ce n'est pas que ça.
00:13:33 Je rejoins ce que disait Judith.
00:13:35 Qu'est-ce qui s'est passé en réalité ?
00:13:37 Il y a des années, on avait des petites chapelles
00:13:39 qui ne s'entendaient pas, etc.
00:13:41 Et puis a émergé Internet et les réseaux sociaux.
00:13:43 Et ça, ça change fondamentalement la donne.
00:13:45 Souvent, on fait la comparaison entre l'ultra-droite
00:13:48 et l'ultra-gauche.
00:13:50 L'ultra-droite est un peu stupide
00:13:52 parce qu'elle est très coordonnée,
00:13:54 elle fonctionne sur un mode pyramidal.
00:13:56 Et donc, pour les services de renseignement,
00:13:58 c'est du pain béni.
00:14:00 Il est extrêmement facile de trouver le groupuscule,
00:14:02 de le démanteler, de le surveiller.
00:14:04 Là, on a affaire à un agrégat d'individus.
00:14:06 Ils communiquent de manière extrêmement temporaire
00:14:08 via justement les réseaux, etc.
00:14:10 Il n'y a pas de structure, il n'y a pas de chef,
00:14:12 il n'y a pas de leader.
00:14:14 Et comme il n'y a pas de chef, comme il n'y a pas de structure,
00:14:16 comme il n'y a pas de leader,
00:14:18 ce faisant, à percevoir pour les services,
00:14:20 c'est plus compliqué.
00:14:22 Ça ne veut pas dire qu'on ne connaît pas les individus,
00:14:24 mais ça veut dire que prévoir, tracer, prévoir
00:14:26 et anticiper est plus compliqué.
00:14:28 D'où le fait que, par exemple,
00:14:30 le ministère de l'Intérieur s'est trompé
00:14:32 et nous a annoncé, comme vous l'évoquiez,
00:14:34 que si les images sont "effrayantes",
00:14:36 elles sont en deçà
00:14:38 de ce qu'avait prévu le ministère de l'Intérieur.
00:14:40 Ce qui montre bien que là-dessus, la prévisibilité est compliquée.
00:14:42 Jonathan, peut-être pour compléter le propos de Benjamin,
00:14:44 et puis après, on passera aussi à la mobilisation,
00:14:46 ce qu'elle peut tenir de la sorte.
00:14:48 Le rôle des réseaux sociaux, je crois,
00:14:50 est fondamental dans cette mue
00:14:52 et dans l'organisation ou la non-organisation.
00:14:54 Ça donne effectivement
00:14:56 l'occasion à des gens
00:14:58 qui n'auraient pas l'occasion d'échanger des informations,
00:15:00 d'en avoir des infos.
00:15:02 Je crois que le ministère de l'Intérieur
00:15:04 mobilise énormément de ses fonctionnaires également
00:15:06 pour tenter de casser
00:15:08 les cryptages des messageries
00:15:10 cryptées.
00:15:12 Il y a plusieurs agences spécialisées là-dedans,
00:15:14 dans ce domaine, et ça porte ses fruits.
00:15:16 C'est pour le trafic de drogue pas mal,
00:15:18 mais ça permet justement d'infiltrer
00:15:20 ce type de réseau de l'extrême-gauche aussi.
00:15:22 Parlons de la mobilisation.
00:15:24 C'est quand même plus tout à fait au même niveau.
00:15:26 On l'a vu, on a des tableaux comparatifs
00:15:28 entre la première manifestation,
00:15:30 qui se présente déjà au 19 janvier.
00:15:32 Ça a été un petit peu en dent de scie,
00:15:34 aussi à la faveur des décisions
00:15:36 gouvernementales. Vous le voyez, là, on a un petit tableau
00:15:38 qui vous résume le tout. Il y a eu un pic,
00:15:40 enfin deux pics, un premier le 7 mars
00:15:42 et puis le 23 mars, ça c'était quelques jours
00:15:44 après l'enclenchement
00:15:46 du 49.3. Et puis, il y a
00:15:48 un petit reflux. Alors, ce n'est pas forcément
00:15:50 encore l'usure sur laquelle
00:15:52 pariait l'exécutif
00:15:54 notamment, mais il y a quand même certains secteurs
00:15:56 d'ores et déjà qui ne marquent pas.
00:15:58 On parle de l'éducation, parce que je crois que le degré
00:16:00 de mobilisation était trois fois moins
00:16:02 important lors de la manifestation
00:16:04 d'hier par rapport à jeudi dernier.
00:16:06 On pourrait aussi citer le mouvement
00:16:08 des éboueurs de Paris, qui va prendre fin
00:16:10 mercredi. Est-ce qu'à votre sens,
00:16:12 Judith, par exemple, il y a déjà
00:16:14 des signes que
00:16:16 ça s'étiole pour des raisons d'ailleurs diverses, qui sont
00:16:18 peut-être aussi liées à l'aspect
00:16:20 salarial, à l'aspect pécunier, tout simplement.
00:16:22 C'est sympa de me poser la question à moi
00:16:24 parce que vraiment, les prévisions en matière sociale,
00:16:26 c'est ce qu'il y a de plus. - Non mais je veux dire, vous avez
00:16:28 le sentiment, vous avez le sentiment
00:16:30 quand même qu'il y a un petit tassement
00:16:32 et que ça pourrait perdurer comme ça ?
00:16:34 - Il y a effectivement des signes de tassement, il y a ceux
00:16:36 que vous avez cités, et puis moi
00:16:38 j'en vois un autre, et on en parlera
00:16:40 sans doute plus tard dans l'émission,
00:16:42 dans le fait que Laurent Berger
00:16:44 est accepté pour la CFDT de
00:16:46 rencontrer Elisabeth Borne, alors que
00:16:48 le reste de l'intersyndical
00:16:50 est, disons pour le moment, très
00:16:52 réservé. Et alors ça,
00:16:54 c'est un premier signe
00:16:56 - De dissension. - De dissension.
00:16:58 Je cherche le mot
00:17:00 le plus doux possible parce que
00:17:02 c'est pas encore des désaccords
00:17:04 ni des divergences de fonds, mais
00:17:06 le pouvoir attendait depuis longtemps
00:17:08 que Laurent Berger
00:17:10 se rappelle son ADN
00:17:14 réformiste et se
00:17:16 distingue nettement
00:17:18 de modes de fonctionnement qui,
00:17:20 quoi que vous en ayez dit tout à l'heure,
00:17:22 ne sont pas
00:17:24 non plus étrangers
00:17:26 au mouvement syndical.
00:17:28 Je pense à certaines branches de la
00:17:30 CGT notamment,
00:17:32 qui prennent la violence et qui la justifient
00:17:34 - Ça c'est autre chose. - Oui, oui.
00:17:36 - Mais je veux dire, elles ne participent pas à la structuration.
00:17:38 - Oui, oui, mais ça veut dire que
00:17:40 la violence n'est pas réservée aux antifas.
00:17:42 - Benjamin, la mobilisation
00:17:44 du 6 avril, ça c'est le prochain rendez-vous
00:17:46 que s'est fixé l'intersyndical, on imagine
00:17:48 qu'elle va au moins tenir sans trop se fissurer
00:17:50 jusque là. Soit c'est le
00:17:52 sursaut, si on s'en tient aux chiffres d'hier,
00:17:54 soit c'est l'alali, c'est-à-dire
00:17:56 que c'est un peu le début de la fin ?
00:17:58 - Ça dépend, c'est-à-dire que, alors,
00:18:00 déjà, je rejoins ce qui a été dit, il y a
00:18:02 aujourd'hui une fragilisation de l'intersyndical. Il y a un vote
00:18:04 qui est un peu passé inaperçu au vu de la période de tensions politiques.
00:18:06 - La CGT ? - Mais exactement.
00:18:08 Il y a aujourd'hui une vraie fragilisation
00:18:10 de Philippe Martinez au sein de la CGT
00:18:12 qui est sur le départ, mais qui avait déjà une succession
00:18:14 qui, très clairement aujourd'hui, risque de ne pas se passer
00:18:16 tout à fait comme il l'envisageait,
00:18:18 ce qui veut dire une forme de radicalisation
00:18:20 de la CGT, et donc un éloignement
00:18:22 de la stratégie commune avec la CFDT.
00:18:24 Après, la CFDT a un jeu intelligent.
00:18:26 Il s'agit de dire au gouvernement, "Bah écoutez,
00:18:28 chiche, vous voulez dialoguer ? D'accord, mais
00:18:30 attention, si Laurent Berger lâche sur les retraites,
00:18:32 il n'est pas suivi par sa base non plus.
00:18:34 Donc il n'a pas vraiment de marge de manœuvre sur les retraites.
00:18:36 Donc là, on est dans une forme de jeu de dupe
00:18:38 dont on ne voit pas exactement
00:18:40 comment quand même le gouvernement pourrait fondamentalement
00:18:42 en sortir vainqueur. Sur la mobilisation,
00:18:44 pour répondre à votre question, en effet,
00:18:46 s'il y a un retour
00:18:48 de mobilisation, c'est bien pour
00:18:50 les syndicats. Mais si ça continue à se tasser,
00:18:52 il faut voir qu'aujourd'hui, sur le temps
00:18:54 long, parce qu'à un moment, il n'y a plus de mobilisation
00:18:56 une fois que la loi est votée, donc le fait que ça continue
00:18:58 est déjà exceptionnel, eh bien, il va y avoir
00:19:00 d'autres modalités d'action qui vont
00:19:02 être lancées. On peut penser que le
00:19:04 Conseil Constitutionnel va valider le référendum
00:19:06 d'initiative partagée. Ça veut dire que
00:19:08 si c'est le cas, vous allez avoir
00:19:10 des militants NUC, des militants CGT,
00:19:12 des militants CFDT, des militants même
00:19:14 de certains partis de droite qui vont aller
00:19:16 à la collecte des signatures. Et
00:19:18 histoire de garder le sujet
00:19:20 aux retraites en haut de l'actualité pendant
00:19:22 les 9 mois de la collecte de signatures.
00:19:24 Donc on peut avoir une transformation des modalités
00:19:26 d'action qui mettra tout autant
00:19:28 le gouvernement dans la panade
00:19:30 parce qu'aujourd'hui, il n'a plus de majorité et que
00:19:32 si les syndicats disent "ah non, non, on ne discute pas
00:19:34 de travail avant la fin du RIP
00:19:36 et avant d'avoir fini de discuter retraite", eh bien,
00:19:38 il ne pourra pas non plus avancer. Donc, je crois
00:19:40 et je crains pour le gouvernement que ce ne soit pas
00:19:42 la fin des difficultés. Alors, ce que vous nous dites
00:19:44 en gros, c'est que le pays risque d'être grippé
00:19:46 complètement sur le plan
00:19:48 et institutionnel et législatif. Alors,
00:19:50 institutionnel et législatif, c'est déjà le cas. Il n'y a plus de majorité
00:19:52 aujourd'hui au Parlement. Mais pour les 9 mois qui viennent
00:19:54 en fait. C'est-à-dire qu'au-delà de l'avis du
00:19:56 Conseil constitutionnel, effectivement, on y reviendra
00:19:58 dans le détail parce que techniquement, il va
00:20:00 se tatuer sur deux aspects, comme
00:20:02 on le disait tout à l'heure dans le rappel des titres,
00:20:04 à la fois sur la constitutionnalité du texte
00:20:06 à proprement parler et puis sur le fameux
00:20:08 référendum. Mais ça pourrait quand même
00:20:10 donner lieu à une sorte de
00:20:12 paralysie de 9 mois. C'est ce que
00:20:14 vous prédisez en fait ? 9 mois minimum
00:20:16 parce que si vous voulez, on dit toujours le président
00:20:18 de la République est super puissant. Le président de la République a
00:20:20 très peu de pouvoir en droit, à part des pouvoirs
00:20:22 d'exception. Mais sinon, il a très peu de pouvoir.
00:20:24 Le vrai pouvoir lui vient d'une majorité parlementaire
00:20:26 pléthorique et disciplinée qui lui permet de tenir
00:20:28 le gouvernement. Aujourd'hui, cette majorité parlementaire
00:20:30 n'existe plus. Quand Emmanuel Macron
00:20:32 l'autre jour dit "Bah écoutez, on va moins légiférer",
00:20:34 il constate une forme d'impuissance.
00:20:36 Il dit grosso modo "Je n'ai pas
00:20:38 la capacité aujourd'hui de faire passer des lois".
00:20:40 Et Elisabeth Borne va essayer de négocier
00:20:42 loi par loi, mais d'entrée,
00:20:44 et probablement pour les 4 ans à venir, sauf
00:20:46 s'il y a quelque chose qui se transforme, mais je vois pas quoi,
00:20:48 il va être très très difficile
00:20:50 de faire passer des lois et de gouverner. D'autant plus que
00:20:52 Elisabeth Borne a quasiment renoncé
00:20:54 à l'usage du 49-3, hors texte
00:20:56 budgétaire. Elle s'est désarmée totalement.
00:20:58 Peut-être que je m'avance un petit peu et par d'où vous poser la question
00:21:00 comme ça ? On va peut-être un peu vite
00:21:02 en besoin, mais imaginons que le Conseil
00:21:04 constitutionnel ne donne pas
00:21:06 de satisfaction à l'organisation d'un référendum.
00:21:08 C'est possible ça ? C'est pas impossible,
00:21:10 mais il faut voir... Sur quoi il s'appuierait dans ce cas ?
00:21:12 Alors, aujourd'hui, il y a deux éléments.
00:21:14 C'est-à-dire que, normalement, votre référendum ne peut
00:21:16 pas porter sur une loi qui a été promulguée dans les 1 an.
00:21:18 Mais, la date que retient le Conseil constitutionnel
00:21:20 sur ADP, ça peut changer, mais à priori
00:21:22 il y a jurisprudence, c'est la date
00:21:24 de soumission du texte.
00:21:26 Or, le texte du référendum, il s'est y partagé.
00:21:28 Or, le texte a déjà été soumis.
00:21:30 Donc, ce faisant, étant donné qu'au jour de la
00:21:32 soumission, il n'y avait pas de promulgation de la loi,
00:21:34 ça ne devrait pas poser problème. Le deuxième élément,
00:21:36 c'est que votre référendum
00:21:38 d'initiative partagée, il porte sur une proposition
00:21:40 de loi. Et comme toute proposition de loi,
00:21:42 théoriquement, elle ne doit pas emporter
00:21:44 des coûts supplémentaires pour l'État. C'est ce qu'on appelle
00:21:46 l'article 40 de la Constitution. Et là, en effet,
00:21:48 si vous mettez la retraite à 62 ans,
00:21:50 on peut poser la question. Donc là, il pourrait
00:21:52 éventuellement y avoir une irrecevabilité,
00:21:54 mais très clairement, au vu de la situation,
00:21:56 ça serait politiquement extrêmement
00:21:58 compliqué pour le Conseil de
00:22:00 poser un ROLA,
00:22:02 un référendum d'initiative partagée, au vu du
00:22:04 contexte social.
00:22:06 Les sages, les neuf membres du Conseil constitutionnel,
00:22:08 ce sont un peu des juges de paix aujourd'hui, au fond.
00:22:10 Ils ne sont pas des nuls politiques
00:22:12 aussi. Ils le disent les journaux,
00:22:14 ils le regardent à la télé. Ils savent très bien qu'ils agissent dans un climat
00:22:16 social qui est quand même assez inédit et ils portent
00:22:18 une lourde responsabilité aussi, en tant que humains.
00:22:20 Vous avez raison de le souligner, mais encore une fois,
00:22:22 ils ne sont pas déconnectés du réel et donc, je pense
00:22:24 que pour ne pas attiser
00:22:26 quelques tensions que ce soit, ils vont aller,
00:22:28 effectivement,
00:22:30 valider ce référendum d'initiative
00:22:32 populaire. Ce qui est intéressant,
00:22:34 peut-être, je fais une supposition,
00:22:36 les syndicats, comme Benjamin
00:22:38 vient aussi de le rappeler,
00:22:40 connaissent un affaiblissement, du moins la CGT.
00:22:42 La CFDT est certes
00:22:44 le premier syndicat de France, mais ça ne représente pas
00:22:46 du tout la majorité des salariés français.
00:22:48 Là, ils connaissent un peu le grand soir
00:22:50 depuis un mois, mais...
00:22:52 Moins de 10% dans le privé, il faut rappeler.
00:22:54 Exactement, je cherchais le chiffre,
00:22:56 mais je ne sais pas exactement.
00:22:58 Donc là, ils ont une super visibilité,
00:23:00 parce qu'il y a des manifestations, etc.
00:23:02 Mais ils vont revenir, probablement, à ce qu'ils étaient
00:23:04 depuis les Gilets jaunes, c'est-à-dire pas grand-chose.
00:23:06 Or, la séquence qui va peut-être s'ouvrir
00:23:08 avec la validation du RIP,
00:23:10 c'est quoi ? C'est qu'il va falloir aller à la chasse aux voix.
00:23:12 Et ce ne sont pas les syndicats, avec leur
00:23:14 quelques pourcents de représentants, qui vont aller
00:23:16 à la chasse aux voix. Et on va peut-être rentrer de nouveau
00:23:18 dans une séquence politique, avec
00:23:20 des partis politiques et des militants politiques
00:23:22 qui vont s'exprimer, qui vont
00:23:24 à la télé, qui vont prendre la plume pour
00:23:26 signer des tribunes dans la presse, pour appeler
00:23:28 à voter pour ou contre
00:23:30 ce texte. Et là, ça pourrait être beaucoup plus intéressant.
00:23:32 Et ça marginaliserait de nouveau
00:23:34 les syndicats.
00:23:35 Oui, c'est le retour, la revanche du politique
00:23:37 sur l'intersyndical, qui avait à peu près
00:23:39 le lead, le leadership.
00:23:41 Par ça, 9 mois, c'est long.
00:23:42 Ah mais c'est très long, bien sûr.
00:23:43 Je ne vois pas de niveau
00:23:45 d'intensité de
00:23:47 l'hostilité politique maintenue
00:23:49 pendant 9 mois, même si c'est
00:23:51 le délai à partir.
00:23:52 Y compris chez l'ANUPS ?
00:23:54 Ils ont l'air remontés quand même.
00:23:56 Ils ont un degré d'énergie qui était
00:23:58 rarement observé.
00:23:59 Ils ont une énergie
00:24:01 inépuisable, mais
00:24:03 néanmoins, faire ça pendant
00:24:05 9 mois, en passionnant les gens
00:24:07 pendant 9 mois, ce serait un exploit.
00:24:09 Eh bien, on verra. Peut-être qu'on aura des surprises.
00:24:11 C'est vrai que la chose politique et législative
00:24:13 a quand même passionné les Français.
00:24:15 Alors c'est vrai qu'il s'agit d'un texte qui nous concerne tous
00:24:17 au Premier chef, mais néanmoins,
00:24:19 on a été surpris, nous aussi, journalistes,
00:24:21 par l'attrait que ça pouvait
00:24:23 représenter dans les discussions
00:24:25 du quotidien. On va s'interrompre quelques secondes
00:24:27 et puis on reviendra pour parler aussi de ces commerçants
00:24:29 dont je vous disais qu'ils pâtissent
00:24:31 sérieusement de cette
00:24:33 casse qu'ils subissent
00:24:35 semaine après semaine, presque jour après jour,
00:24:37 maintenant, au fil des mobilisations.
00:24:39 Ils commencent à être sérieusement remontés
00:24:41 et ils en appellent, eux aussi,
00:24:43 au président de la République. A tout à l'heure.
00:24:45 [Musique]
00:24:47 De retour pour la suite
00:24:49 de 90 minutes infos.
00:24:51 Il est déjà temps de retrouver
00:24:53 Michael Dorian pour le JT. Bonjour Michael.
00:24:55 Bonjour Néli, bonjour à tous.
00:24:57 Le roi Charles III et son épouse Camilia
00:24:59 sont en Allemagne.
00:25:01 Le monarque et son épouse ont atterri
00:25:03 à Berlin aux alentours de 14h. Ils s'entretiennent
00:25:05 actuellement avec le président allemand.
00:25:07 Il s'agit du premier déplacement
00:25:09 à l'étranger du nouveau souverain.
00:25:11 Une première visite d'État qui, pour rappel,
00:25:13 aurait dû avoir lieu la semaine dernière
00:25:15 à Paris. Dans l'actualité,
00:25:17 c'est le 14 avril
00:25:19 que le Conseil constitutionnel rendra
00:25:21 ses décisions sur la très controversée
00:25:23 réforme des retraites. L'une sur
00:25:25 la constitutionnalité du projet
00:25:27 de loi adopté au Parlement après un recours
00:25:29 au 49-3 et l'autre sur la recevabilité
00:25:31 de la demande de référendum
00:25:33 d'initiatives partagées lancées par la gauche
00:25:35 des députés de la NUPS, du RN.
00:25:37 Les sénateurs de gauche ont
00:25:39 chacun déposé des recours pour
00:25:41 contester cette réforme.
00:25:43 Et puis, bonne nouvelle pour les Parisiens.
00:25:45 Les poubelles devraient à nouveau
00:25:47 être ramassées dans les rues de la capitale.
00:25:49 Alors que près de 10 000 tonnes de déchets
00:25:51 étaient restées non ramassées ces
00:25:53 derniers jours, la CGT a annoncé qu'elle suspendait
00:25:55 la grève des éboueurs dès aujourd'hui.
00:25:57 Le syndicat précise avoir
00:25:59 besoin de rediscuter avec les agents
00:26:01 et espère pouvoir remobiliser.
00:26:03 Une décision qui n'a pourtant pas
00:26:05 empêché le blocage ce matin de l'incinérateur
00:26:07 d'ici les Moulinots au sud-ouest
00:26:09 de Paris.
00:26:11 Les marins pêcheurs ne décolèrent
00:26:13 pas. Plus d'une semaine après la décision
00:26:15 du Conseil d'État d'ordonner la
00:26:17 fermeture de zones de pêche dans l'Atlantique,
00:26:19 une dizaine de bateaux bloquent
00:26:21 aujourd'hui le port de Bayonne.
00:26:23 Une action qui intervient à la veille
00:26:25 des journées mortes prévues dans les ports français
00:26:27 par le Comité national des pêches qui exige
00:26:29 du gouvernement des réponses
00:26:31 dans un climat de tension jamais vu
00:26:33 depuis la crise du Brexit.
00:26:35 L'âge minimum pour conduire une trottinette
00:26:39 électrique, relevé de 12 à
00:26:41 14 ans, Clément Beaune a
00:26:43 présenté aujourd'hui son plan destiné
00:26:45 à réguler l'usage de ces
00:26:47 engins sur la voie publique. Le ministre des
00:26:49 Transports a également évoqué un autre
00:26:51 point de son rapport, la question
00:26:53 de l'écologie. Écoutez.
00:26:55 On met des exigences écologiques. Par exemple,
00:26:57 que la durée de vie des batteries soit d'au moins 5 ans.
00:26:59 Aujourd'hui c'est plutôt 3 ans. Qu'il y ait un recyclage
00:27:01 systématique, que ce recyclage ait lieu en France.
00:27:03 Qu'il y ait une filière aussi
00:27:05 propre, électrique, des flottes
00:27:07 d'opérateurs qui vont relever les trottinettes,
00:27:09 les remplacer, les saisir, etc.
00:27:11 Tout ça, c'est la première fois qu'on le formalise
00:27:13 dans des engagements, qu'on va
00:27:15 peut-être renforcer encore dans le temps, mais c'est extrêmement
00:27:17 important. Il faut regarder aussi que les trottinettes,
00:27:19 elles peuvent permettre, comme les vélos,
00:27:21 parfois d'abandonner sa voiture.
00:27:23 Et puis la consommation de cocaïne progresse
00:27:25 en France. Une hausse constatée
00:27:27 depuis une dizaine d'années par l'Agence
00:27:29 de Santé Publique. L'étude précise
00:27:31 que les jeunes et les hommes
00:27:33 sont les plus concernés. Corentin
00:27:35 Brilhaud.
00:27:37 Que ce soit sous forme de craquoux en poudre,
00:27:39 la consommation de cocaïne ne cesse
00:27:41 d'augmenter depuis une dizaine d'années.
00:27:43 C'est ce que révèlent des données inédites publiées
00:27:45 par Santé Publique France,
00:27:47 qui se basent sur les passages aux urgences.
00:27:49 Depuis 2010, cette drogue
00:27:51 s'est de plus en plus démocratisée
00:27:53 et touche des profils très divers, parmi eux,
00:27:55 les jeunes. Je pense que
00:27:57 l'augmentation de la
00:27:59 consommation de cocaïne est un vrai sujet,
00:28:01 particulièrement chez les jeunes
00:28:03 qui ont déjà tendance un petit peu à dépasser
00:28:05 les barrières, à se mettre en danger.
00:28:07 En 12 ans, plus de
00:28:09 23 300 passages aux urgences sont dus à la cocaïne.
00:28:11 Des consommateurs
00:28:13 qui sont à 75% des hommes
00:28:15 et dont l'âge moyen est de 32 ans.
00:28:17 Une augmentation de la consommation et des intoxications
00:28:19 qui s'expliquent par une hausse de la circulation
00:28:21 de formes plus concentrées de cocaïne.
00:28:23 Aucune région n'est épargnée.
00:28:25 C'est une substance qui altère
00:28:27 la conscience, qui altère le jugement,
00:28:29 qui donne un sentiment de
00:28:31 toute puissance et d'invulnérabilité.
00:28:33 Et pour notre jeunesse,
00:28:35 c'est vraiment un danger
00:28:37 assez sérieux.
00:28:39 Selon une étude du mutualiste Emevia,
00:28:41 en 2018, 2% des étudiants admettaient
00:28:43 avoir pris de la cocaïne.
00:28:45 En 2021, ils étaient 11%.
00:28:47 Voilà, c'est la fin de ce journal.
00:28:49 Bonne après-midi sur CNews. L'actualité continue
00:28:51 avec Nelly Denac et la suite
00:28:53 de 90 minutes Info.
00:28:55 Merci beaucoup, cher Michael. Et à demain pour
00:28:57 de nouvelles aventures. On va évidemment revenir à ce qui s'est
00:28:59 passé hier, lors de la dixième journée
00:29:01 de mobilisation contre la réforme des retraites,
00:29:03 avec un accent mis sur
00:29:05 ses riverains et ses commerçants
00:29:07 qui assistent un peu impuissants au carnage.
00:29:09 Ça a été le cas à Lyon,
00:29:11 hier, regardez, on y revient en image
00:29:13 avec Corentin Briau.
00:29:15 Pour les habitants de Lyon
00:29:17 au lendemain des manifestations,
00:29:19 ça commence à devenir une habitude.
00:29:21 On ne va pas forcément le compter, mais oui, effectivement, je vois les dégâts.
00:29:23 Euh...
00:29:25 Ah oui, oui, effectivement. Et puis la pancarte aussi.
00:29:27 À Lyon, comme dans plusieurs
00:29:29 grandes villes de France, il y a eu des débordements
00:29:31 et de la casse au lendemain des manifestations.
00:29:33 Entre les vitres brisées et les tags,
00:29:35 les riverains comprennent la contestation,
00:29:37 mais pas la violence.
00:29:39 Ça me désole, parce que je pense qu'il y a d'autres façons
00:29:41 que de taguer, de casser pour se faire entendre,
00:29:43 mais bon, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ?
00:29:45 C'est particulier, parce qu'on voit tous les
00:29:47 dégâts et...
00:29:49 Moi, je soutiens
00:29:51 le mouvement des manifestants.
00:29:53 C'est vrai qu'après, toute forme de violence,
00:29:55 honnêtement,
00:29:57 je suis dubitative par rapport à ça.
00:29:59 Avec 18 interpellations et 35 membres
00:30:01 des forces de l'ordre légèrement blessés,
00:30:03 l'atmosphère était électrique sur cette journée
00:30:05 de mobilisation. Résultat,
00:30:07 la boulangère du quartier a des craintes
00:30:09 à chaque manifestation. – Qu'ils arrivent à rentrer
00:30:11 et puis qu'ils fracassent la boutique,
00:30:13 c'est surtout ce qu'on craint.
00:30:15 On était enfermés à l'intérieur dans notre laboratoire,
00:30:17 en attendant
00:30:19 que ça passe. – Vous avez entendu
00:30:21 les bruits, les bruits de... – Oui, oui, les bruits,
00:30:23 les étincelles,
00:30:25 quand ils lancent les bombes à fumigène
00:30:27 et c'est vrai que ça devient très stressant.
00:30:29 – Lors de la prochaine journée de manifestation
00:30:31 le 6 avril, Lyon et ses habitants
00:30:33 espèrent que le mécontentement sera exprimé
00:30:35 d'une manière plus paisible,
00:30:37 avec moins de tensions et plus de raisons.
00:30:39 – Jonathan,
00:30:41 les victimes collatérales sont-elles,
00:30:43 nous n'aurions rien demandé à personne,
00:30:45 qui subissent, je disais, impuissante
00:30:47 à ce balai incessant, finalement, de la casse ?
00:30:49 – Il n'y a pas d'autre terme que l'impuissance.
00:30:51 On ne faut pas
00:30:53 pour autant se résigner.
00:30:55 On ne peut pas non plus mettre un policier devant
00:30:57 chaque vitrine de France.
00:30:59 On voit à Paris que les policiers et gendarmes
00:31:01 sont déjà chargés de sécuriser
00:31:03 de nombreux points,
00:31:05 des bâtiments, des sites officiels,
00:31:07 historiques et autres.
00:31:09 Pour les commerçants, c'est une situation
00:31:11 d'autant plus dramatique que les mouvements,
00:31:13 les manifs, il y en a une par semaine,
00:31:15 depuis un certain temps, quasiment.
00:31:17 Il y a des changements, je parle encore de la capitale,
00:31:19 je ne sais pas comment ça se passe dans d'autres villes
00:31:21 de France, où le parcours
00:31:23 est modifié, ce n'est jamais
00:31:25 tout le temps le même, on y revient
00:31:27 de temps en temps, mais ce n'est pas semaine après semaine
00:31:29 systématiquement le même
00:31:31 parcours. Il y a des parcours,
00:31:33 on le sait, plus faciles que d'autres
00:31:35 à sécuriser, mais sur chacun de tous
00:31:37 parcours, et il y a de toute façon
00:31:39 des commerçants. Donc,
00:31:41 il n'y a pas de recette magique,
00:31:43 ils sont obligés de baisser
00:31:45 leur rideau pour la plupart d'entre eux.
00:31:47 Ensuite, que faire ?
00:31:49 Ils vont demander des aides publiques ?
00:31:51 Encore une fois, c'est ça la question.
00:31:53 Le financement
00:31:55 de cette casse finalement, et qui va
00:31:57 payer sont toujours les mêmes.
00:31:58 On a vu que malgré les rideaux baissés,
00:32:00 malgré les panneaux de bois qui protègent
00:32:02 les vitrines, certains ont réussi,
00:32:04 notamment je pense aux images
00:32:06 qu'on a aperçues à Rennes,
00:32:08 à enlever ces panneaux de bois
00:32:10 de protection et à les casser.
00:32:12 Donc ils sont vraiment déterminés.
00:32:14 C'est l'occasion de souligner
00:32:16 aussi que les copers sans
00:32:18 faux parti, au-delà
00:32:20 des violences qu'ils subissent,
00:32:22 des gens qui ne manifestent pas
00:32:24 contre le régime de retraite.
00:32:26 Ils ont leur régime à eux pour lequel
00:32:28 ils cotisent cher d'ailleurs.
00:32:30 Et plus largement,
00:32:32 alors eux ce sont les libéraux,
00:32:34 mais dans le privé,
00:32:36 on continue à voir qu'il est
00:32:38 très sous-représenté dans la mobilisation.
00:32:40 Cette France-là ne manifeste pas.
00:32:42 Alors, je vous le disais, ça commence
00:32:44 à être un peu lourd pour la trésorerie des commerçants,
00:32:46 qui sont les plus exposés
00:32:48 en centre-ville, notamment je pense à Rennes,
00:32:50 on y reviendra, à Lyon,
00:32:52 où ça se passe toujours un petit peu aux abords
00:32:54 de Saks-Gambetta,
00:32:56 pour ceux qui connaissent, et de la Guillotière.
00:32:58 C'est plutôt dans le 7e arrondissement.
00:33:00 Écoutez ce qu'en disait le président
00:33:02 de la Confédération des commerçants.
00:33:04 Les choses vont mal.
00:33:06 Le chiffre d'affaires régresse
00:33:08 jusqu'à -30%,
00:33:10 selon les corporations.
00:33:12 Nous sommes très, très inquiets.
00:33:14 C'est vrai que
00:33:16 les manifestations qui se rajoutent
00:33:18 à l'inflation, à l'explosion
00:33:20 des coûts de l'énergie,
00:33:22 ça fait beaucoup.
00:33:24 Alors j'espère que nous serons très, très vigilants,
00:33:26 les organisations professionnelles,
00:33:28 pour justement veiller
00:33:30 à ce que l'État accompagne
00:33:32 cette situation pour nos commerçants.
00:33:34 Et je représente, moi,
00:33:36 les très petites entreprises du commerce,
00:33:38 450 000 entreprises
00:33:40 qui sont
00:33:42 dans un certain désarroi.
00:33:44 C'est intéressant ce qu'il dit, parce que quand il parle
00:33:46 de 30% de manque à gagner,
00:33:48 il y a certes ceux qui subissent la casse directement,
00:33:50 et ça coûte déjà assez cher de remettre en état
00:33:52 une boutique qui a été saccagée,
00:33:54 sans parler du traumatisme psychologique
00:33:56 pour les employés aussi, mais il y a aussi
00:33:58 le manque à gagner du fait que, tout simplement,
00:34:00 les gens ne fréquentent plus les boutiques,
00:34:02 de peur d'aller sur le
00:34:04 parcours ce jour-là.
00:34:06 Comme il le dit, il y a qui plus est un effet en chaîne.
00:34:08 Je rappelle les Gilets jaunes, il y a eu quand même le confinement,
00:34:10 et puis ensuite, vous avez cette situation-là,
00:34:12 en pleine période d'inflation et d'explosion
00:34:14 des prix de l'énergie. Donc vous avez des commerces
00:34:16 qui sont extrêmement fragilisés. Or, il faut bien
00:34:18 comprendre qu'il en va
00:34:20 certes de l'avis de ces commerçants, et c'est important,
00:34:22 mais il en va également de plusieurs autres choses, parce que
00:34:24 ces commerçants, c'est eux qui font vivre nos centres-villes.
00:34:26 Et si on veut avoir autre chose que
00:34:28 des grandes chaînes américaines qui peuplent nos centres-villes,
00:34:30 il va falloir, en effet, prendre soin d'eux.
00:34:32 De l'autre côté, on a une économie
00:34:34 en grande partie tertiarisée aujourd'hui,
00:34:36 qui repose pour beaucoup, justement, sur des emplois
00:34:38 commerciaux. Donc derrière, il y a une politique de l'emploi.
00:34:40 Il y a une réflexion à avoir sur
00:34:42 si jamais ces commerces ferment, que vont faire
00:34:44 leurs employés ? Donc, au lieu de
00:34:46 considérer que c'est uniquement
00:34:48 une affaire d'ordre public,
00:34:50 il faut également voir aujourd'hui ça
00:34:52 comme un vrai problème économique.
00:34:54 Eric Derry de Matten, vous penchez sur ces questions, elles sont pratiquement
00:34:56 au quotidien, que ce soit l'inflation
00:34:58 ou les aides, on va
00:35:00 en parler. Est-ce qu'on arrive à évaluer
00:35:02 le manque à gagner ?
00:35:04 On imagine qu'il est conséquent ?
00:35:06 Alors, en fait, c'est un manque à gagner le jour
00:35:08 de la manifestation, parce qu'après, il y a toujours un peu
00:35:10 un rattrapage. Donc hier, effectivement, c'était
00:35:12 -30°C à Paris, dans le quartier
00:35:14 concerné Bastille. Ça peut
00:35:16 effectivement après déborder dans d'autres quartiers
00:35:18 où on n'a pas envie d'aller se promener ce jour-là,
00:35:20 où les touristes ont peur d'aller
00:35:22 fréquenter les Champs-Élysées même, etc.
00:35:24 Donc oui, ça a un impact, mais c'est surtout
00:35:26 la province. Les chiffres qui viennent de tomber,
00:35:28 là, ça a été donné par Alliance
00:35:30 du Commerce, vous allez voir,
00:35:32 c'est vraiment très important. C'est
00:35:34 -60% de chiffre d'affaires pour l'ensemble
00:35:36 de la ville. Brest, -50%,
00:35:38 Nantes, -42%,
00:35:40 Lyon, -27%. Donc là, ce sont vraiment
00:35:42 des pertes énormes. Et la grande question,
00:35:44 c'est est-ce qu'on est remboursé
00:35:46 quand vous avez des pertes de chiffre d'affaires ?
00:35:48 Parce que ça se répète. Il y a des indemnisations ?
00:35:50 Il y a trois niveaux. Un, la vitrine
00:35:52 cassée, ça c'est sûr. Vous avez l'assurance
00:35:54 qui joue. Donc les commerçants, je viens
00:35:56 de les avoir au téléphone. J'ai eu Assurland
00:35:58 qui est un groupe d'experts sur les assurances.
00:36:00 Ils font des comparatifs. Oui, c'est remboursé.
00:36:02 Deuxième cas de figure,
00:36:04 lorsque vous avez casse,
00:36:06 ça veut dire qu'on ne peut plus rentrer dans le magasin.
00:36:08 Vous êtes obligé de fermer. Vous ne pouvez plus
00:36:10 exercer votre métier. Là, il y a
00:36:12 une assurance qui s'appelle perte d'exploitation
00:36:14 pour dommages directs, parce qu'il y a eu
00:36:16 des dommages sur votre magasin
00:36:18 et effectivement, vous aurez une compensation
00:36:20 mais qui ne sera jamais à 100%.
00:36:22 Et puis, il faut prendre cette fameuse assurance.
00:36:24 Certains commerçants n'ont pas les moyens
00:36:26 parce que d'abord, ils se disent bon, jusque-là, il n'y avait pas
00:36:28 trop de problèmes. Donc, ils se trouvent déjà devant
00:36:30 une faite accomplie et ils ont des pertes
00:36:32 au jour J. Il y aura une compensation
00:36:34 mais pas énorme à condition d'avoir
00:36:36 souscrit cette option. Troisième cas de figure,
00:36:38 là, c'est un peu le cas gilet jaune.
00:36:40 C'est un peu le cas d'hier
00:36:42 où vous avez toute une zone commerciale
00:36:44 qui est bloquée par des incendies, des feux
00:36:46 de poubelle et donc, tout simplement, on n'a pas accès
00:36:48 aux commerçants. Là, je résume, ça va être
00:36:50 très vite, aucune compensation, c'est de la perte
00:36:52 sèche. Ah bah dis donc ! Je voudrais juste
00:36:54 ajouter un point, si vous me le permettez Nelly.
00:36:56 C'est qu'il y a plusieurs magasins
00:36:58 qui ont été vandalisés avec des employés
00:37:00 à l'intérieur ces dernières semaines
00:37:02 et on voit bien, là aussi, le mépris
00:37:04 ne serait-ce que pour les employés
00:37:06 aussi, pour la vie humaine en général.
00:37:08 Il y a notamment eu, j'ai le souvenir
00:37:10 d'une agence immobilière, une petite
00:37:12 agence immobilière, je crois que c'était Avenue des Gobelins,
00:37:14 qui a été totalement saccagée avec
00:37:16 des employés. Il y avait deux femmes, je crois,
00:37:18 terrifiées à l'intérieur. Le manque
00:37:20 d'empathie, si vous voulez, qui accompagne ces
00:37:22 mouvements, fait partie
00:37:24 de ce qui est le plus effrayant, je trouve, parce que
00:37:26 ce manque d'empathie grandit aussi avec le
00:37:28 mouvement. Et une image très intéressante, je ne sais pas si
00:37:30 on peut l'apercevoir, Plampo, en
00:37:32 plasma derrière vous, quand vous voyez
00:37:34 un type arriver avec
00:37:36 une, ce n'est même pas une latte en bois,
00:37:38 là, c'est carrément une poutre
00:37:40 en bois, vu la force qui est projetée
00:37:42 à l'intérieur du magasin,
00:37:44 on imagine le dégât
00:37:46 qui peut être occasionné. Il y a un appareil photo très coûteux autour du cou.
00:37:48 En pareille. Ah oui, c'est vrai.
00:37:50 Bravo, alors vous avez l'œil très
00:37:52 affûté. Non mais c'est vrai que
00:37:54 ces commerçants, ils ont
00:37:56 souffert, Benjamin l'a rappelé,
00:37:58 assez justement, en juillet 2013, ça a commencé
00:38:00 il y a deux ans maintenant. Je veux dire,
00:38:02 c'est un peu la descente aux enfers
00:38:04 et on n'en voit jamais la fin. Ça n'arrête pas, plus
00:38:06 les prix de l'énergie,
00:38:08 l'explosion des prix de l'énergie. C'est la double peine.
00:38:10 L'explosion des prix des matières premières,
00:38:12 c'est la triple peine. Gilets jaunes,
00:38:14 ce mouvement, et énergie.
00:38:16 Il y avait aussi eu des troubles,
00:38:18 me semble-t-il, contre la
00:38:20 réforme de la SNCF.
00:38:22 Oui, c'est vrai. En guise de prélude.
00:38:24 Donc le blocage de l'eau.
00:38:26 C'est une séquence
00:38:28 qui n'en finit pas,
00:38:30 contre laquelle
00:38:32 je ne vois pas quelle autre solution peut avoir
00:38:34 le gouvernement pour des raisons de
00:38:36 sauvetage des entreprises, des centres-villes,
00:38:38 comme ça a été dit très justement,
00:38:40 ou sinon
00:38:42 on fait tout par e-commerce
00:38:44 avec
00:38:46 les sociétés dont je ne cite pas
00:38:48 le nom, mais qui font déjà des gros bénéfices
00:38:50 par ailleurs. Mais ça veut dire que ça va
00:38:52 encore aggraver le mois qu'il est en cours.
00:38:54 Ça pourrait évoluer quand même, ce que vous nous dites
00:38:56 là, Éric, parce que bon, il y a quelques semaines
00:38:58 le gouvernement nous a signifié qu'il n'y avait plus d'argent
00:39:00 dans les caisses, on avait déjà tellement sorti
00:39:02 le chéquier après la crise Covid.
00:39:04 Là, il pourrait y avoir quand même
00:39:06 des petites aides ponctuelles
00:39:08 qui seraient accordées ? Vous avez raison de poser
00:39:10 la question, parce qu'on a eu tout à l'heure dans l'émission
00:39:12 de Cléli Mathias, plein de commerçants
00:39:14 qui ont téléphoné. Il y avait une très
00:39:16 grande enseigne en franchise
00:39:18 qui s'exprimait et il disait non,
00:39:20 il n'y a vraiment aucune aide de l'État, ce n'est pas
00:39:22 prévu. La Chambre de Commerce, qui les a
00:39:24 reçus à Paris, ne sent plus.
00:39:26 Ils vivent sur leur trésorerie, il n'y a aucun
00:39:28 report de charges prévus et il n'y a pas
00:39:30 de baisse d'impôts ou de report d'impôts
00:39:32 pour l'instant. Ça, en tout cas, c'est ce qui est allé.
00:39:34 Aujourd'hui, le ministère de l'Économie n'a pas
00:39:36 dit qu'il allait pour l'instant aider.
00:39:38 Ça, ce n'est pas du tout prévu. Selon mes informations,
00:39:40 je n'ai pas du tout entendu dire que le ministère de l'Économie
00:39:42 allait aider les commerçants à ce stade, bien sûr.
00:39:44 Merci en tout cas pour
00:39:46 cette petite explication.
00:39:48 Je vous propose de revenir à ce qui s'est passé
00:39:50 à Sainte-Soline, après les scènes
00:39:52 de désolation, la décision.
00:39:54 Vous l'aurez compris, Gérald Darmanin
00:39:56 a annoncé l'engagement, en tout cas,
00:39:58 de la procédure de dissolution
00:40:00 de ce collectif, derrière la mobilisation initiale
00:40:02 en Marais-Poitvin.
00:40:04 Je vous propose d'y revenir, de revenir à la méthode
00:40:06 et à les, comment dire,
00:40:08 au modus operandi aussi des actions
00:40:10 militantes de soulèvement de la terre
00:40:12 avec Noémie Schultz.
00:40:14 Soulèvement de la terre,
00:40:16 ou SLT, est présenté
00:40:18 par le ministère de l'Intérieur comme un groupement
00:40:20 appartenant à la mouvance de l'ultra-gauche
00:40:22 et comme étant l'un des
00:40:24 organisateurs de la manifestation de Sainte-Soline
00:40:26 contre les mégabassines.
00:40:28 Dans une note communiquée à la presse
00:40:30 ce mardi, on peut lire que le groupement
00:40:32 a été créé en 2021 par
00:40:34 des membres issus de l'ex-ADE de
00:40:36 Notre-Dame-des-Landes et qu'il incite
00:40:38 et participe à la commission de sabotage
00:40:40 et dégradation matérielle.
00:40:42 C'est pourquoi Gérald Darmanin a
00:40:44 engagé ce mardi la dissolution
00:40:46 du groupement. "Je constate comme vous
00:40:48 l'extrême violence de certains groupuscules
00:40:50 dont les services de renseignement démontrent
00:40:52 qu'ils sont à la fois fichés par les services de renseignement
00:40:54 parfois depuis de très nombreuses années
00:40:56 et qu'ils sont responsables
00:40:58 de grandes violences et je pense notamment
00:41:00 évidemment au groupement de fait des soulèvements de la terre.
00:41:02 Plusieurs envahissements d'entreprises,
00:41:04 plusieurs exactions fortes
00:41:06 contre les forces de l'ordre, plusieurs
00:41:08 destructions de biens, plusieurs, des centaines
00:41:10 de gendarmes ou de policiers blessés,
00:41:12 plusieurs en effet
00:41:14 appels à l'insurrection.
00:41:16 J'ai donc décidé d'engager
00:41:18 la dissolution des soulèvements de la terre."
00:41:20 Une procédure
00:41:22 de contradictoire va donc être
00:41:24 envoyée aux responsables du groupement
00:41:26 qui pourra y répondre.
00:41:28 A l'issue, le gouvernement décidera
00:41:30 ou non de déposer un décret
00:41:32 de dissolution en Conseil des Ministres.
00:41:34 Amaury Buco nous a rejoint
00:41:36 du service de la justice. Amaury,
00:41:38 les polémiques s'enchaînent depuis samedi
00:41:40 chaque jour, il faut le dire.
00:41:42 Il y a maintenant cette idée émise par
00:41:44 des activistes dans les deux salles que le SAMU aurait été
00:41:46 entravé dans son travail,
00:41:48 retardé dans ses interventions,
00:41:50 ce que les intéressés
00:41:52 ont réfuté. Vous parlez de polémiques
00:41:54 mais on peut même parler en fait d'une espèce de bataille
00:41:56 médiatique en fait qui se joue entre d'une part
00:41:58 vous avez les organisateurs de la manifestation,
00:42:00 la Ligue des droits de l'homme qui était à leur côté
00:42:02 et certains médias de gauche
00:42:04 et en face vous avez les autorités
00:42:06 avec la préfecture, la gendarmerie mais aussi
00:42:08 le SAMU effectivement qui se livre cette guerre.
00:42:10 L'idée bien sûr derrière c'est de dire
00:42:12 qui est responsable de ce qui s'est passé à Saint-Saënline
00:42:14 est-ce que ce sont les manifestants ou est-ce que ce sont
00:42:16 les forces de l'ordre. Alors ça part d'où cette histoire ?
00:42:18 Ça part de tout simplement d'abord la Ligue des droits de l'homme
00:42:20 qui était
00:42:22 au moment de cette manifestation
00:42:24 sur place, aux côtés des manifestants
00:42:26 et qui dit avoir entendu, ils ont rédigé
00:42:28 un rapport le 26 mars, avoir
00:42:30 entendu dans des conversations téléphoniques
00:42:32 que les membres du SAMU
00:42:34 les secouristes disaient ne pas pouvoir intervenir
00:42:36 parce que les forces de l'ordre ne leur
00:42:38 donnaient pas la possibilité de le faire.
00:42:40 Donc ça c'est parti de là, par la suite
00:42:42 un de ces
00:42:44 enregistrements téléphoniques
00:42:46 a été diffusé par
00:42:48 Le Monde hier dans lequel
00:42:50 on peut lire effectivement
00:42:52 qu'un des secouristes dit "on ne peut pas intervenir,
00:42:54 on est désolé". Alors ils disent que
00:42:56 d'une part ce secouriste
00:42:58 dit que c'est d'abord la préfecture
00:43:00 qui ne lui autorise pas, les différentes
00:43:02 institutions et puis que c'est le commandement
00:43:04 sur place qui ne lui autorise pas à le faire
00:43:06 et en réponse, si vous voulez,
00:43:08 il y a d'une part le SAMU qui a immédiatement
00:43:10 communiqué ce week-end pour
00:43:12 justifier le fait que les
00:43:14 manifestants blessés n'aient pas été pris en charge,
00:43:16 vous allez le voir
00:43:18 sur ces réseaux sociaux, donc
00:43:20 on réagit, et puis la préfecture
00:43:22 qui a elle aussi
00:43:24 fait un rapport très détaillé
00:43:26 sur ce qui s'est passé et nous on a pu aussi s'entretenir
00:43:28 avec un des responsables du SAMU, en fait
00:43:30 voilà les différentes raisons qui
00:43:32 expliqueraient pourquoi les secours n'ont pas pu se rendre
00:43:34 alors la première raison c'est que d'abord
00:43:36 la préfecture elle pointe la responsabilité
00:43:38 des organisateurs, ce qui se passe c'est que avant
00:43:40 la manifestation, la préfecture a voulu
00:43:42 contacter les organisateurs pour dire "comment on fait
00:43:44 même si cette manifestation est interdite, il faut bien
00:43:46 qu'on s'organise pour que s'il y ait des blessés ça se
00:43:48 fasse bien". Les organisateurs n'ont pas
00:43:50 répondu à la préfecture, ça c'est le
00:43:52 premier point. Le deuxième point
00:43:54 c'est la difficulté de géo-localiser
00:43:56 les personnes blessées, on parle de champs
00:43:58 dans les champs il n'y a pas d'adresse précise, donc
00:44:00 quand vous avez un blessé vous ne pouvez pas dire "c'est
00:44:02 troisième radis ou quatrième poireau" pour que
00:44:04 la camionnette si vous voulez puisse se rendre
00:44:06 à un endroit précis. La troisième raison
00:44:08 c'est que les organisateurs, ça revient
00:44:10 à la première raison, mais
00:44:12 avaient créé une organisation médicale autonome
00:44:14 ces fameux médics qui sont à la fois médecins et militants
00:44:16 pour assister les manifestants
00:44:18 et donc ne sont pas passés par les canaux
00:44:20 de secours classiques, le SAMU etc.
00:44:22 Donc ils n'étaient pas informés en temps réel
00:44:24 des blessés et la quatrième raison
00:44:26 qui est en fait le coeur de ce sujet
00:44:28 c'est la sécurité, c'est-à-dire que
00:44:30 les
00:44:32 forces de l'ordre ont effectivement
00:44:34 expliqué au SAMU quand est-ce que eux
00:44:36 estimaient qu'ils pouvaient ou pas se rendre
00:44:38 sur le terrain, on parle quand même d'un théâtre
00:44:40 de guerre, on voit les images
00:44:42 c'est vraiment une bataille napoléonienne, vous avez
00:44:44 des colonnes de fumée, des flammes dans tous les
00:44:46 sens, un véhicule du SAMU
00:44:48 qui se rend là-dedans et qui se prend un cocktail
00:44:50 c'est extrêmement dangereux, il y a d'ailleurs des matières
00:44:52 inflammables dans les véhicules de secours
00:44:54 et donc c'est très dangereux, donc vous avez
00:44:56 effectivement les forces de l'ordre qui ont donné
00:44:58 des avis sur est-ce que c'était conseillé
00:45:00 ou pas d'y aller, mais vous avez quand même
00:45:02 d'ailleurs des véhicules de SAMU qui se sont rendus
00:45:04 c'est ce qu'explique la préfecture, sans escorte
00:45:06 parfois de forces de l'ordre, puisque les forces de l'ordre
00:45:08 étaient tellement près à partir qu'elles ne pouvaient même pas
00:45:10 escorter le SAMU
00:45:12 et alors trois autres choses intéressantes qu'on apprend
00:45:14 dans ce rapport de la préfecture, c'est d'abord qu'il y a eu des
00:45:16 fausses alertes, c'est-à-dire que
00:45:18 les secours ont été prévenus, par exemple qu'il y avait des blessés
00:45:20 dans une église, l'église de Saint-Saëline, mais en fait
00:45:22 ils se sont rendus, il n'y avait personne, ou qu'un manifestant
00:45:24 avait perdu son membre, mais en fait il était introuvable
00:45:26 ce manifestant, vous avez aussi un médecin
00:45:28 gendarme qui s'est rendu un peu au péril de sa vie
00:45:30 au milieu des manifestants
00:45:32 pour secourir un blessé grave et qui a été
00:45:34 pris à partie, et la dernière chose
00:45:36 ça c'est le rapport de la gendarmerie qui le dit
00:45:38 c'est qu'il y a quand même plus de gendarmes blessés
00:45:40 officiellement, en tout cas dans les chiffres officiels, plus de gendarmes
00:45:42 blessés que de manifestants.
00:45:44 C'est grave quand même, et puis il y a un degré d'intox
00:45:46 qui est fabuleux
00:45:48 si vraiment toutes les raisons
00:45:50 avancent et le site Samu
00:45:52 dément quand même, c'est que bon.
00:45:54 C'est ça qui rajoute de l'abomination
00:45:56 à l'intolérable
00:45:58 si vous voulez, de voir comment
00:46:00 des médias, des politiques
00:46:02 instrumentalisent et désinforment
00:46:04 en parlant
00:46:06 de choses qui n'ont pas eu lieu
00:46:08 c'est très grave, comme l'a très bien justement dit
00:46:10 Amaury, un camion
00:46:12 de Samu, c'est plein de bouteilles
00:46:14 d'oxygène, plein de matériaux
00:46:16 inflammables, quand vous voyez dans quel état
00:46:18 sont les camions de
00:46:20 la police, vous imaginez la bombe
00:46:22 ça aurait été une bombe
00:46:24 au sens propre du terme.
00:46:26 Donc le Samu
00:46:28 les autorités font très bien
00:46:30 d'expliquer rationnellement le protocole
00:46:32 de sécurité de ces services, c'est la moindre
00:46:34 des choses évidemment.
00:46:36 La réaction de Judith à ce que vous avez dit, puis après
00:46:38 on reviendra bien sûr à vos infos.
00:46:40 Politiquement, un drame
00:46:42 profiterait aux opposants
00:46:44 à la réforme des retraites.
00:46:46 Il faut bien se rappeler ça. Le pouvoir,
00:46:48 le gouvernement, l'exécutif n'ont pas intérêt
00:46:50 à ce qu'un drame se produise.
00:46:52 Première chose. Deuxième chose.
00:46:54 On a vu des secours
00:46:56 notamment des pompiers
00:46:58 se faire agresser
00:47:00 être les victimes
00:47:02 de tentatives
00:47:04 d'incendie, de jets de pierre,
00:47:06 de jets de bouteilles, dans plusieurs
00:47:08 manifs. Une voiture de médecin
00:47:10 rappelez-vous, a même
00:47:12 été cassée
00:47:14 dans l'une des manifs
00:47:16 contre le projet de réforme des retraites.
00:47:18 Un médecin n'a pas vocation à
00:47:20 risquer sa vie
00:47:22 pour sauver des gens.
00:47:24 Il faut qu'il soit en vie pour continuer à exercer sa profession.
00:47:26 Amaury, une précision ?
00:47:28 Justement, j'allais dire si les forces de l'ordre avaient
00:47:30 aussi, par exemple, dit
00:47:32 à des personnes du Samu "Allez-y,
00:47:34 vous pouvez porter secours" et que ces
00:47:36 secouristes avaient été blessés, ça aurait été aussi
00:47:38 la faute des forces de l'ordre. Donc il y a un peu un côté
00:47:40 si vous voulez, face "les
00:47:42 manifestants ont raison" et pile
00:47:44 comme on dit "les forces de l'ordre ont tort".
00:47:46 Quoi qu'il arrive, elles sont un peu perdantes dans cette affaire.
00:47:48 Qu'est-ce que ça vous inspire
00:47:50 Benjamin Morel ? Parce que là c'est quand même documenté.
00:47:52 C'est documenté et
00:47:54 je crois qu'en effet, on peut pas
00:47:56 d'un côté avoir une stratégie
00:47:58 qui est quasiment guerrière
00:48:00 de la part de ces manifestants-là, puis ensuite
00:48:02 se plaindre ensuite que le
00:48:04 Samu soit en incapacité d'intervenir.
00:48:06 Et moi ce qui me choque profondément, c'est l'instrumentalisation
00:48:08 politique. Là on a l'instrumentalisation
00:48:10 politique d'un service public
00:48:12 qui normalement est un service public
00:48:14 absolument consensuel avec des gens
00:48:16 qui justement risquent leur vie
00:48:18 parfois dans leur mission de soins.
00:48:20 Et le fait d'instrumentaliser ça, de retourner ça
00:48:22 à dessein politique, je trouve ça relativement
00:48:24 puant. Et puis juste un mot,
00:48:26 il y a des plaintes aussi qui ont été émises
00:48:28 de toutes parts, alors à la fois de la part des familles,
00:48:30 de ceux qui sont les plus gravement blessés
00:48:32 et puis du côté des forces de l'ordre.
00:48:34 Namou, vous pouvez nous le résumer ?
00:48:36 Oui, alors il y a plusieurs plaintes du côté des blessés,
00:48:38 la famille des manifestants blessés.
00:48:40 Il y a une plainte qui vise, disons,
00:48:42 ce qui est dénoncé comme étant des violences
00:48:44 policières, c'est-à-dire à la fois
00:48:46 les violences sur ce manifestant
00:48:48 et la non-assistance à personne d'endanger,
00:48:50 c'est-à-dire l'accusation selon laquelle
00:48:52 les secours ne seraient pas venus assez rapidement. Et une autre
00:48:54 plainte, alors là c'est intéressant, parce que
00:48:56 la presse,
00:48:58 certains journalistes ont été informés
00:49:00 d'informations sur ces manifestants
00:49:02 blessés qui montraient bien que c'était des éléments radicaux
00:49:04 et donc pour l'avocat de cette famille,
00:49:06 c'est une information qui n'aurait pas dû être dévoilée
00:49:08 alors que les journalistes,
00:49:10 j'allais dire, ont fait un peu leur travail pour savoir,
00:49:12 c'est normal, nous quand il y a un blessé, on essaie de savoir aussi son profil,
00:49:14 qui c'est, etc. Donc ça c'est les deux plaintes.
00:49:16 Et ce qu'il dit, l'avocat, c'est une intrusion de la vie privée ?
00:49:18 Oui, exactement, elle accuse
00:49:20 tous les ministères d'intérieur d'avoir fait fuiter cette information,
00:49:22 une sorte de diffamation, et ce sont des informations
00:49:24 confidentielles et donc
00:49:26 le... enfin,
00:49:28 voilà, c'est un peu l'accusation qui est faite.
00:49:30 Et bien on suivra, évidemment, avec attention ces plaintes.
00:49:32 Merci beaucoup Amaury Buco, on va s'interrompre quelques instants
00:49:34 et puis on reviendra pour parler du Conseil constitutionnel,
00:49:36 et oui, encore lui,
00:49:38 sur à la fois le référendum
00:49:40 et puis donc la constitutionnalité du texte.
00:49:42 On parlera aussi de la
00:49:44 rencontre prévue entre
00:49:46 Elisabeth Borne et les syndicats
00:49:48 la semaine prochaine pour voir si quelque chose
00:49:50 peut en sortir en l'état tout de suite.
00:49:56 On rentrera la dernière demi-heure de notre émission
00:49:58 juste après le rappel des titres. Adrien Spiteri à nouveau.
00:50:00 Elisabeth Borne dénonce
00:50:04 les violences dans les cortèges à Sainte-Sauline.
00:50:06 La mobilisation contre les
00:50:08 mégabassines a été marquée par des
00:50:10 affrontements avec les forces de l'ordre.
00:50:12 Devant le Sénat, la première ministre
00:50:14 reproche également à certains élus
00:50:16 de s'être rendus à une manifestation
00:50:18 interdite. Au total,
00:50:20 47 gendarmes ont été
00:50:22 blessés sur place.
00:50:24 Les bourses étudiantes vont être
00:50:26 revalorisées, 500 millions d'euros
00:50:28 supplémentaires vont être injectés.
00:50:30 Le but, permettre à 35 000
00:50:32 étudiants de devenir boursiers
00:50:34 dès la rentrée de septembre prochain.
00:50:36 Le montant des bourses pour tous
00:50:38 les échelons va augmenter de 37 euros
00:50:40 par mois. Et puis
00:50:42 c'est une première depuis le début de la guerre
00:50:44 en Ukraine. Vladimir Poutine
00:50:46 reconnaît que les sanctions infligées
00:50:48 à la Russie peuvent avoir des conséquences
00:50:50 négatives sur l'économie nationale.
00:50:52 Le chef du Kremlin se veut
00:50:54 toutefois rassurant. Il assure que
00:50:56 le chômage est à son niveau le plus
00:50:58 bas dans le pays.
00:51:00 Merci Adrien. Et pour ceux qui nous rejoignent,
00:51:02 je suis toujours en compagnie de Judith
00:51:04 Vintraub, Jonathan Cixous,
00:51:06 Benjamin Morel et Amaury Bucaud.
00:51:08 Sur ce plateau, on parlait juste avant
00:51:10 de s'interrompre de la dissolution,
00:51:12 de la procédure de dissolution
00:51:14 qui sera enclenchée contre
00:51:16 ce mouvement, soulèvement de la
00:51:18 terre. Judith Vintraub, ce n'est pas la
00:51:20 première fois qu'on procède ainsi.
00:51:22 Est-ce que là, en l'espèce, ça vous paraît justifié
00:51:24 cette décision du gouvernement ?
00:51:26 Oui, absolument. Ce mouvement
00:51:28 s'est rendu coupable, et on le sait
00:51:30 parce qu'il a revendiqué
00:51:32 de plusieurs actions de sabotage.
00:51:34 Eux appellent ça "désarmement" dans
00:51:36 leur jargon. Mais par exemple,
00:51:38 sabotage d'une cimenterie
00:51:40 près de Marseille. Ils ont vraiment
00:51:42 causé des dégâts extrêmement importants
00:51:44 empêchant
00:51:46 l'usine de tourner
00:51:48 pendant plusieurs jours.
00:51:50 Donc c'est de l'action violente,
00:51:52 c'est de l'atteinte à la propriété.
00:51:54 Tout ça est du ressort
00:51:56 de la justice. Maintenant,
00:51:58 il faut un dossier très étayé parce que
00:52:00 comme le disent en pavoisant sur
00:52:02 les réseaux les leaders
00:52:04 de ce mouvement, c'est un collectif.
00:52:06 Un collectif de plusieurs organisations
00:52:08 où vous avez, par exemple,
00:52:10 la Confédération Paysanne,
00:52:12 où vous avez, par exemple,
00:52:14 un mouvement qui s'appelle Alternatiba
00:52:16 qui s'est distingué
00:52:18 en faisant des ateliers
00:52:20 pour apprendre
00:52:22 aux gens
00:52:24 à résister.
00:52:26 Des ateliers
00:52:28 qui notamment à un moment
00:52:30 devaient être financés par
00:52:32 la mairie de Nantes.
00:52:34 Et c'est le préfet de police
00:52:36 qui a obtenu
00:52:38 en dernière extrémité
00:52:40 que la mairie de Nantes arrête de financer
00:52:42 ce mouvement. Alors, comme c'est un collectif,
00:52:44 c'est difficile à dissoudre.
00:52:46 D'ailleurs, le ministère de l'Intérieur
00:52:48 avait essayé avec d'autres collectifs,
00:52:50 par exemple, le GAL,
00:52:52 le groupement Antifa de Lyon
00:52:54 et des Environs, c'est le E de GAL,
00:52:56 et avait
00:52:58 échoué. Mais il faut dire
00:53:00 que
00:53:02 les soulèvements de la terre sont adossés
00:53:04 à une association de récolte de fonds,
00:53:06 une association de financement qui est
00:53:08 une association
00:53:10 en bonne et due forme qui s'appelle
00:53:12 l'Association pour la Défense de la Terre, c'est peut-être un moyen.
00:53:14 Benjamin Bral, comment ça se passe dans ces cas-là ?
00:53:16 Parce qu'il y a quand même,
00:53:18 avant de prononcer la dissolution,
00:53:20 dans le cours de mes recherches,
00:53:22 j'ai trouvé qu'il y avait quand même le principe du contradictoire.
00:53:24 C'est-à-dire que les associations en question
00:53:26 sont amenées quand même à s'exprimer, à se défendre,
00:53:28 et puis après, qui tranche finalement ?
00:53:30 Il peut y avoir
00:53:32 la décision du ministère de l'Intérieur,
00:53:34 mais elle peut évidemment être soumise à la justice administrative.
00:53:36 Et la justice administrative peut
00:53:38 considérer que ce n'est pas proportionné.
00:53:40 Parce qu'en effet, vous pouvez avoir des associations
00:53:42 qui franchissent la ligne de la légalité, par exemple sur la cimenterie,
00:53:44 mais est-ce que vraiment,
00:53:46 c'est un trouble absolu à l'ordre public
00:53:48 qui conduirait à une dissolution ?
00:53:50 Cette disposition-là, on l'a inventée pour quoi ?
00:53:52 On l'a inventée pour les ligues.
00:53:54 Les ligues d'extrême droite et les ligues d'extrême gauche,
00:53:56 que ce soit dans les années 1960
00:53:58 ou évidemment derrière le 4 février 1934,
00:54:00 c'est vraiment ça qui est visé.
00:54:02 Est-ce que vraiment on a affaire à ça ici ?
00:54:04 Ce n'est pas tout à fait évident.
00:54:06 Donc ce faisant, il peut y avoir un jeu,
00:54:08 est-ce vraiment proportionné ?
00:54:10 Et ensuite, la deuxième question qu'on pose toujours
00:54:12 sur ces dissolutions, est-ce que c'est utile ?
00:54:14 Et l'utilité en règle générale
00:54:16 est assez limitée, tout bêtement, parce que même
00:54:18 si théoriquement il y a une interdiction
00:54:20 de reformer derrière l'association,
00:54:22 on a affaire à des individus
00:54:24 qui sont coordonnés, qui se connaissent
00:54:26 et ça ne les empêche pas d'agir.
00:54:28 Donc c'est un petit peu l'hydra sans tête qui peut renaître
00:54:30 à chaque fois.
00:54:32 Une précision, Maurel ?
00:54:34 Oui, peut-être sur l'action de souverainement de la terre,
00:54:36 ce qui est aussi à noter, c'est que cette association
00:54:38 a déjà été visée par des plaintes et sa méthode,
00:54:40 son moyen d'action, c'est vraiment le harcèlement.
00:54:42 Je voudrais citer cet exemple
00:54:44 qui est nommé, c'est le 6 novembre
00:54:46 2022, vous avez cette association qui a appelé
00:54:48 à une action téléphonique massive
00:54:50 contre les sociétés engagées sur les
00:54:52 chantiers de Sainte-Sauline et vous avez eu
00:54:54 en deux jours 350 appels qui ont
00:54:56 perturbé l'activité des standards
00:54:58 de ces entreprises, qui ont donc porté plainte pour harcèlement.
00:55:00 Et c'est vraiment ça, le mode de fonctionnement,
00:55:02 c'est de dire voilà, on est nombreux
00:55:04 et on peut pourrir une action
00:55:06 qui est pourtant légale.
00:55:08 Oui, je voulais ajouter que depuis l'annonce de Gérald Darmanin,
00:55:10 il y a des politiques
00:55:12 qui ont pris fait et cause pour les
00:55:14 souverainements de la terre et il y a même une députée
00:55:16 et la France Insoumise, qui s'appelle
00:55:18 André Torreña,
00:55:20 qui est une prof de français à Saint-Étienne,
00:55:22 donc qui est député
00:55:24 du département,
00:55:26 qui a dit, il y a
00:55:28 un continuum, merci,
00:55:30 il y a un continuum entre la
00:55:32 dissolution du CCIF,
00:55:34 le collectif contre l'islamophobie en France,
00:55:36 et
00:55:38 la tentative
00:55:40 de dissolution annoncée par Gérald
00:55:42 Darmanin. Donc,
00:55:44 on voit très bien, c'est magnifique,
00:55:46 David Guiraud, qui est autre député
00:55:48 de la France Insoumise,
00:55:50 pense exactement la même chose.
00:55:52 Alors justement,
00:55:54 vous ne croyez pas si bien dire, vous m'avez
00:55:56 fait une transition parfaite vers ce bras
00:55:58 armé politique, puisque
00:56:00 il se trouve que maintenant, l'exécutif dit
00:56:02 au fond, ces manifestations et ces débordements
00:56:04 s'est alimenté, cautionné, par
00:56:06 une certaine gauche qui aurait perdu complètement
00:56:08 les pédales, c'est ce que disait Gérald Darmanin
00:56:10 hier, et aujourd'hui,
00:56:12 Elisabeth Borne a déploré,
00:56:14 elle, le fait que des élus
00:56:16 aillent sur ce genre de théâtre
00:56:18 d'opération, il faut l'appeler ainsi,
00:56:20 théâtre de guerre, avec leurs écharpes tricolores.
00:56:22 On l'écoute, la Première Ministre.
00:56:24 J'ai été profondément
00:56:26 choqué par le déchaînement
00:56:28 de violences ce samedi
00:56:30 à Sainte-Soline, contre les gendarmes,
00:56:32 contre l'ordre républicain.
00:56:34 J'ai été choqué
00:56:36 de voir des élus se rendre
00:56:38 en écharpe tricolore à une manifestation
00:56:40 interdite. J'ai été
00:56:42 choqué ces dernières semaines
00:56:44 d'entendre des élus
00:56:46 multiplier les propos incendiaires
00:56:48 et parfois même justifier les violences.
00:56:50 Renvoyer
00:56:52 dos à dos casseurs et forces de l'ordre,
00:56:54 c'est indigne de la part
00:56:56 d'élus de la République.
00:56:58 Même discours chez le ministre de l'Intérieur,
00:57:00 c'était aussi au Sénat.
00:57:02 Je vous propose d'écouter Gérald Darmanin.
00:57:04 Et je regrette que des parlementaires
00:57:06 revendiquent d'aller dans une manifestation
00:57:08 illégale. Je regrette que
00:57:10 des parlementaires puissent être
00:57:12 à côté de ceux qui jettent des cocktails Molotov
00:57:14 sur des gendarmes. Je regrette
00:57:16 que des parlementaires
00:57:18 puissent ne pas constater,
00:57:20 comme j'ai pu le constater, de voir des gendarmes
00:57:22 dont les pieds eux-mêmes ont été
00:57:24 attaqués par l'acide. Je regrette par ailleurs
00:57:26 que vous relayiez ici de nouveau
00:57:28 des fake news.
00:57:30 Non, monsieur le sénateur,
00:57:32 les secours n'ont pas été empêchés
00:57:34 par les forces de l'ordre.
00:57:36 Oui, mais écoutez le Samu, regardez le Samu
00:57:38 des Decev qui le dit lui-même.
00:57:40 Je sais que ça vous ferait plaisir de penser que les gendarmes
00:57:42 souhaitent la mort des gens, mais ce n'est pas le cas.
00:57:44 C'est le médecin du GIGN, monsieur
00:57:46 le sénateur, qui a fendu la foule
00:57:48 alors qu'il a été harcelé par manifestement
00:57:50 vos camarades d'un jour.
00:57:52 Jonathan, hier ce même
00:57:54 Gérald Darmanin nous disait "Où est passée
00:57:56 la gauche républicaine ?" Est-ce que Jean-Luc Mélenchon
00:57:58 et ses troupes ont complètement phagocyté le reste
00:58:00 de la gauche sur ces questions ?
00:58:01 Ça fait un moment.
00:58:03 C'est assez intéressant de voir que d'un côté
00:58:05 vous avez le RN
00:58:07 qui est dans une stratégie de dédiabolisation
00:58:09 et que de l'autre côté, Jean-Luc Mélenchon
00:58:11 diabolise la gauche.
00:58:13 Moi je me félicite à titre personnel
00:58:15 des propos qu'on entend depuis hier,
00:58:17 l'anaphore de Darmanin à l'Assemblée
00:58:19 et là au Sénat aujourd'hui.
00:58:21 Je les attendais,
00:58:23 ces sorties-là, ou même celles d'Elisabeth Worms.
00:58:25 Il y a un bout de temps,
00:58:27 ça fait, on a, je trouve,
00:58:29 trop tardé à intervenir
00:58:31 pour dénoncer les manœuvres de déstabilisation
00:58:33 antidémocratique, voire
00:58:35 anticonstitutionnelle parfois, des députés,
00:58:37 des élus de la France insoumise,
00:58:39 qui bénéficient d'une impunité
00:58:41 assez extraordinaire,
00:58:43 quand ils le manifestent avec leur écharpe tricolore
00:58:45 dont ils jouent énormément.
00:58:47 D'un côté,
00:58:49 cette impunité, et de l'autre, une bienveillance
00:58:51 médiatique à leur endroit
00:58:53 qui est plus que choquante.
00:58:55 Ces discours officiels sont les bienvenus,
00:58:57 mais on assiste
00:58:59 à des comportements
00:59:01 quasi insurrectionnels dans certains cas
00:59:03 qui sont au-delà
00:59:05 de l'indignité pour un élu de la République,
00:59:07 évidemment.
00:59:08 Benjamin, il est un peu surpris
00:59:10 du temps que ça a pris, au fond,
00:59:12 mais est-ce qu'il n'y a pas eu une montée en puissance,
00:59:13 un cap nouveau qui a été franchi, notamment,
00:59:15 je pense à ce tweet de Jean-Luc Mélenchon,
00:59:17 qui a été fait par la police du Sud ?
00:59:19 Oui, ce n'est pas nouveau.
00:59:21 Les positions très discutables de Jean-Luc Mélenchon
00:59:23 sur ces sujets, la police du Sud,
00:59:25 elles ne sont pas nouvelles.
00:59:27 La question, excusez-moi de retourner un petit peu le stigmate,
00:59:29 mais pourquoi tout d'un coup l'exécutif
00:59:31 crie sur Jean-Luc Mélenchon,
00:59:33 matin, midi et soir, par ministre et Premier ministre interposés ?
00:59:35 Parce qu'en réalité, ça permet de montrer
00:59:37 que le problème aujourd'hui,
00:59:39 ce n'est pas la réforme des retraites,
00:59:41 ce n'est pas l'enquistement du conflit,
00:59:43 ce serait la France insoumise.
00:59:45 Elle a clairement joué un jeu en la matière,
00:59:47 on en sera d'accord, qui est un jeu pas forcément extrêmement intelligent,
00:59:49 et même en partie dangereux,
00:59:51 lorsque justement elle nie les violences.
00:59:53 Néanmoins, aujourd'hui,
00:59:55 ce qui pose problème, c'est d'un côté les Black Blocs,
00:59:57 qui ne sont pas affiliés à la FI.
00:59:59 Très clairement, c'est deux courants très différents.
01:00:01 Ensuite, il peut y avoir un jeu ambigu,
01:00:03 mais ce ne sont pas du tout des mouvements qui sont politisés au sein de la FI.
01:00:05 Deuxièmement, un gouvernement
01:00:07 qui joue dans sa tour d'ivoire le pourrissement.
01:00:09 Et troisièmement, des syndicats qui,
01:00:11 entre les deux, essayent de mener une bataille sociale.
01:00:13 Donc, si vous voulez,
01:00:15 la stratégie du "je vais chercher un adversaire ailleurs et je le diabolise",
01:00:19 elle ne va fondamentalement pas très loin.
01:00:21 Elle montre que là-dessus,
01:00:23 l'exécutif n'est justement pas prêt à tendre la main.
01:00:25 - Allez, 10 secondes, nous allons conclure.
01:00:27 - Alors, pas affilié aux Black Blocs du tout, c'est faux.
01:00:29 Je l'ai dit tout à l'heure qu'il ne fallait pas réduire
01:00:31 le mouvement de casse et de violence.
01:00:33 - Alors la FI n'est pas affiliée aux Black Blocs.
01:00:35 - Je redis qu'il n'y a pas que les Black Blocs,
01:00:37 il y a le mouvement Antifa,
01:00:39 dont certains membres ont le droit
01:00:41 de leur carte de la France Insoumise.
01:00:43 - Mais il y a plus de convergence.
01:00:45 - Il y a une connivence.
01:00:47 - Oui, mais il n'y a pas d'organisation par la FI.
01:00:49 - C'est sûr qu'il n'y a pas un bureau Antifa à la France Insoumise.
01:00:51 À part le discours "ils ont raison, c'est la police qui a tort",
01:00:55 il n'y a aucun lien.
01:00:57 - Merci en tout cas pour cette première partie.
01:00:59 On s'interrompt quelques minutes
01:01:01 et puis on revient quand même pour parler de la suite des choses.
01:01:03 Est-ce qu'il y aura une ouverture sur le front social ?
01:01:05 En tout cas, Elisabeth Borne a voulu rencontrer l'intersyndical.
01:01:09 Laurent Berger a dit "allons-y, ça se passe la semaine prochaine, on en reparlera".
01:01:13 De retour avec vous pour la toute dernière partie de 90 minutes.
01:01:21 Info, discussion à défaut de médiation,
01:01:23 chacun l'appellera comme il le veut,
01:01:25 mais la rencontre aura bien lieu autour d'Elisabeth Borne la semaine prochaine.
01:01:29 Les enjeux de cette rencontre avec l'intersyndical,
01:01:31 résumé par Maureen Vidal.
01:01:33 En début de semaine prochaine,
01:01:35 la Première ministre va recevoir l'intersyndical à Matignon.
01:01:39 Une reprise du dialogue,
01:01:41 même si Elisabeth Borne n'a pas encore confirmé les sujets qui seront abordés.
01:01:45 De son côté, Laurent Berger, numéro 1 de la CFDT, a confirmé sa venue.
01:01:50 Les autres représentants syndicaux, quant à eux,
01:01:53 ne seront présents qu'à une seule condition.
01:01:55 - Si nous parlons bien retraite,
01:01:58 si nous parlons bien recul de l'âge légal de 62 à 64 ans
01:02:03 et que l'on retire cet âge légal
01:02:06 et que nous mettions en suspension cette réforme,
01:02:10 alors oui, l'UNSA pourra participer,
01:02:13 mais ça se décidera avec l'intersyndical.
01:02:16 Une nouvelle journée de mobilisation,
01:02:18 le 6 avril prochain, a d'ores et déjà été annoncée.
01:02:21 Les syndicats attendent désormais la décision du Conseil constitutionnel
01:02:25 d'ici trois semaines.
01:02:27 Reste à savoir s'ils appelleront toujours à la mobilisation
01:02:30 en cas de validation de la réforme.
01:02:33 - Alors, de fait, ça sera un petit peu moins de trois semaines,
01:02:36 puisqu'entre-temps, on a appris que ce serait le 14 avril,
01:02:38 donc grosso modo deux semaines et demie.
01:02:40 Je vous propose d'écouter, parce que c'est un peu l'homme central
01:02:42 dans cet intersyndical en ce moment, Laurent Berger.
01:02:46 - C'est enfin un rendez-vous qui n'a pas eu lieu depuis le 10 janvier,
01:02:51 depuis le début de la mobilisation sociale.
01:02:53 On n'a eu aucun rendez-vous avec un ministre,
01:02:56 le ministre de la Réconcurrence ou la Première ministre
01:02:58 du Sénat de la République, malgré notre demande.
01:03:01 C'est surtout, je crois, la réponse hier à la proposition
01:03:05 que nous avons formulée au nom de l'intersyndical
01:03:07 sur rentrer dans un espace de médiation.
01:03:11 La porte fermée aussitôt par le porte-parole du gouvernement.
01:03:15 Dès l'après-midi, il est arrivé un mail en disant
01:03:18 à l'ensemble des organisations syndicales,
01:03:20 on vous propose de vous voir soit lundi, soit mardi, soit mercredi.
01:03:22 - Jonathan, si je peux vous parler de quoi ?
01:03:24 Des choses qui fâchent ? De l'article 7 ?
01:03:26 Sur quoi va-t-on réellement évoluer ?
01:03:28 - Excellente question à laquelle je n'ai pas de réponse précise
01:03:31 parce que je pense que personne ne peut en avoir.
01:03:33 - Il n'y a pas d'ordre du jour qui est efficace.
01:03:35 - Vous voyez même que, déjà, c'est un point qui n'est pas négligeable.
01:03:38 Les syndicats hormis la CFDT conditionnent tous leur venue
01:03:42 au fait que si on se voit, c'est pour parler du sujet qui fâche,
01:03:45 à savoir les retraites et pas du changement d'heure.
01:03:47 Donc si vous voulez, là, il y a quand même un flou
01:03:50 qui est assez incroyable.
01:03:51 Ensuite, vu le climat de tension extrême,
01:03:54 il n'est pas en soi inutile que le Premier ministre reçoive les syndicats
01:03:58 parce que ce qui les a quand même crispés,
01:04:00 c'est qu'il y a quelques semaines, il demandait à être reçus.
01:04:02 Tout le monde leur a fermé la porte.
01:04:04 Donc de ce point de vue-là, c'est d'un strict point de vue politique.
01:04:08 Et on voit que ce gouvernement, c'est bien là où il pêche aussi,
01:04:11 il n'est absolument pas politique.
01:04:13 D'un point de vue politique, il n'est pas inutile de recevoir
01:04:15 des syndicats qui demandent à être reçus.
01:04:17 Déjà, c'est ça.
01:04:18 Mais ensuite, pour parler de quoi ?
01:04:19 Je vous rappelle qu'on en était hier à parler d'un médiateur.
01:04:22 Alors même que les partenaires sociaux sont en principe
01:04:24 les médiateurs par excellence entre les salariés et les politiques.
01:04:28 Donc si on est obligé de prendre un médiateur pour parler à un médiateur,
01:04:32 ça prouve l'état du dialogue qui pourrait avoir lieu.
01:04:36 - Oui, pardon, pardon.
01:04:37 - Non, non, j'allais dire qu'effectivement, on ne peut pas,
01:04:40 à l'avance, aujourd'hui, savoir ce qui pourrait être dit,
01:04:42 d'autant plus qu'effectivement, on ne sait même pas
01:04:44 quand pourrait avoir lieu cette réunion.
01:04:46 - Et puis, je me souviens qu'il y a quelques jours encore,
01:04:48 Elisabeth Borne disait "il n'est pas question de reparler de la réforme,
01:04:52 mais on pourrait avancer sur d'autres questions liées au travail".
01:04:57 Ce n'est pas pour ça qu'ils y vont, eux.
01:04:58 On est bien clair là-dessus.
01:04:59 - Non, non, et elle a eu, Elisabeth Borne, l'habileté
01:05:03 de ne pas reformuler l'invitation dans les mêmes termes.
01:05:07 Alors que, comme Laurent Berger se fait un malin plaisir de le souligner,
01:05:11 Olivier Véran, lui, a tout de suite mis les pléniers dans le plat,
01:05:16 comme souvent, en disant "non, non, il n'est pas question
01:05:19 de reparler de la réforme des retraites".
01:05:21 D'une certaine façon, Laurent Berger a besoin, lui aussi, d'une sortie.
01:05:26 On l'a dit tout à l'heure, des premiers craquellements
01:05:30 commencent à apparaître précisément sur cette question,
01:05:33 faut-il ou pas saisir la main tendue d'Elisabeth Borne.
01:05:36 Le reste de l'intersyndical n'a pas dit oui,
01:05:39 et vraisemblablement dira non.
01:05:42 Laurent Berger, rappelez-vous, il avait expliqué
01:05:45 qu'il n'y avait pas recours au 49.3, il n'appellerait plus à la mobilisation.
01:05:49 Il y a eu recours au 49.3.
01:05:51 De son point de vue à lui, du point de vue de la CFDT,
01:05:54 même la décision du Conseil constitutionnel représente une nouvelle échéance.
01:05:58 Si le Conseil constitutionnel ne trouve pas à redire à l'essentiel de la loi
01:06:04 ni aux modalités institutionnelles utilisées par le gouvernement
01:06:08 pour faire passer le texte, est-ce que Laurent Berger va dire
01:06:12 "C'est pas grave, on continue à manifester" ?
01:06:15 Vraisemblablement, non. Lui aussi, il a intérêt à renouer ce dialogue.
01:06:19 Au fond, à quoi ça sert tout ça ?
01:06:21 À part peut-être gagner du temps jusqu'à cette échéance du Conseil constitutionnel ?
01:06:25 Reprendre l'angle, ça arrange un peu tout le monde ?
01:06:27 Ça permet de gagner en tout cas une bataille symbolique,
01:06:29 parce qu'en effet, ils ne peuvent pas se mettre d'accord,
01:06:31 Laurent Berger ne peut pas, au regard de l'état de sa base,
01:06:34 céder sur l'âge pivot de l'autre côté, enfin sur l'âge de la retraite.
01:06:36 Il l'a tellement dit, surtout.
01:06:37 Exactement, et de toute façon, ça ne passerait pas encore une fois...
01:06:40 Il est tenu par le vote.
01:06:42 Il ne pourra pas rétropédaler.
01:06:44 Par ailleurs, du côté du gouvernement, ce serait acter une défaite en race campagne
01:06:49 que de considérer que l'âge de la retraite peut être remis sur le chantier.
01:06:53 Donc là, il y a une forme d'impossibilité de ne pas dialoguer,
01:06:58 parce qu'on est en situation de blocage,
01:07:00 mais également, les termes du dialogue ne peuvent pas être trouvés.
01:07:02 Donc, chacun joue sa partition.
01:07:04 Pour Laurent Berger, il s'agit de montrer qu'il est malgré tout dans une démarche constructive
01:07:08 et qu'avant d'aller peut-être plus loin,
01:07:10 parler du référendum d'initiative partagée, etc.,
01:07:13 la CFDT aura joué son rôle de médiateur.
01:07:16 Et de l'autre côté, pour le gouvernement,
01:07:18 il s'agit de montrer qu'il n'est pas isolé dans sa Tour d'Ivoire
01:07:21 en incapacité de rentrer en dialogue avec les syndicats.
01:07:24 Donc, chacun y gagne symboliquement quelque chose,
01:07:27 mais je ne suis pas sûr que ça permettra de sortir de la crise.
01:07:29 Et pour étayer ce que vous disiez tout à l'heure,
01:07:31 on va écouter Olivier Matheux, alors lui c'est un dur, de la CGT 13,
01:07:35 qui nous dit en substance "parler d'autre chose, ça ne servirait à rien,
01:07:39 et ce serait juste une perte de temps".
01:07:41 La question à mon avis, ce n'est pas de répondre ou pas à l'invitation,
01:07:45 c'est d'emblée de savoir de quoi on va pouvoir discuter.
01:07:50 Ça fait deux mois et demi comme bataille pour le retrait de la réforme.
01:07:54 Elisabeth Borne ressent l'intérêt à recevoir l'intersyndical pour parler de quoi ?
01:08:01 S'il n'y a pas de retrait de la réforme annoncée, non, il ne faut pas y aller.
01:08:05 Et si le retrait de la réforme est un sujet ou des sujets ouverts,
01:08:10 touchant à la retraite, à la répartition des richesses,
01:08:13 à l'augmentation du pouvoir d'achat des salaires et des pensions,
01:08:16 à ce moment-là on peut y aller en plaçant tout ça sous la surveillance des travailleurs et des travailleuses.
01:08:21 En deux mots, on se dirige vers un dialogue de sourds avec la cage de porte à l'arrivée.
01:08:25 C'est le stalinien là.
01:08:27 Oui, c'est ça.
01:08:28 Oui, il y a un langage de sourds, mais si vous voulez,
01:08:30 autant dire qu'on n'est pas d'accord, de vivre les yeux entre les yeux autour d'une table et pas dans la rue.
01:08:40 C'est une tradition française que de d'abord manifester et ensuite on parle.
01:08:45 Bien sûr que là, ça ne va pas servir à grand-chose vraisemblablement.
01:08:48 Le gouvernement cherche à gagner du temps sûrement, à noyer le poisson également,
01:08:54 mais on doit passer par cette étape-là.
01:08:57 C'est déjà, même s'il n'y a pas un résultat concret le jour même,
01:09:01 ça va être une amorce de décrispation et ça c'est fondamental aujourd'hui.
01:09:06 Le pays est sur un volcan.
01:09:09 Si on peut au moins, à défaut de faire les réformes nécessaires,
01:09:12 pouvoir parler et avoir ces syndicats en face comme interlocuteurs,
01:09:16 ce serait, on part de loin, déjà beaucoup.
01:09:19 Eh bien on verra ce qu'il en sera lundi, petit pas, pas par pas.
01:09:23 Exactement.
01:09:24 On avance, on apprend en marchant aussi.
01:09:26 Merci beaucoup à tous les trois de m'avoir rejoint cet après-midi.
01:09:29 J'ai eu grand plaisir à vous retrouver pour animer cette émission dans un instant, évidemment.
01:09:33 Je passe la main à Laurence Ferrari, le début de Punchline.
01:09:36 Excellente fin d'après-midi et début de soirée sur notre antenne.
01:09:38 Et à demain pour de nouvelles aventures.
01:09:40 ♪ ♪ ♪

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