En déplacement dans les Hautes-Alpes ce jeudi où il doit présenter son très attendu «plan eau», Emmanuel Macron a été accueilli par quelque 200 manifestants hostiles à la réforme des retraites. La contestation en cours dans le pays ne «veut pas dire que tout doit s'arrêter», a répondu le président de la République.
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00:00 Pour vous, le débat est clos ou c'est quelque chose dont vous souhaitez encore parler avec eux peut-être ?
00:05 Non, il y a une manifestation je crois de 200 personnes environ ici, ce qui est normal,
00:09 parce qu'on sait qu'il y a une contestation et qu'il y a une opposition.
00:11 C'est d'ailleurs pour ça aussi que la Première Ministre recevra l'intersyndicale la semaine prochaine.
00:15 Donc il y a des mobilisations qui sont là, qui sont dans un cadre prévu par notre démocratie.
00:21 Il y a un dialogue qui se poursuit.
00:23 Il y a aussi des échéances, on le sait, pour que le chemin démocratique de ce texte aille jusqu'à son terme.
00:29 Moi je suis là aujourd'hui pour avancer sur un sujet qui est essentiel
00:33 et qui fait aussi la vie de beaucoup de nos communes et de nos compatriotes sur tout le territoire.
00:38 Je suis très heureux de retrouver ce beau département qui est celui de l'eau et du rapport à la sécheresse.
00:45 On a tous vécu l'été dernier une situation qui était absolument terrible.
00:49 J'avais parlé moi-même de la fin de l'abondance en revenant de cet été.
00:53 On a eu des communes à un niveau inédit et surtout dans une répartition à travers tout le territoire
00:59 qui ont été confrontées à ce problème de l'eau.
01:01 Et donc il y a eu un très gros travail fait par les élus, le gouvernement, les experts.
01:06 Et là on vient le parachever, si je puis dire, en annonçant cette stratégie
01:10 qui va nous permettre de préparer l'été prochain et surtout les années à venir.
01:13 Il y a un immense travail.
01:14 Monsieur le Président, est-ce que ce déplacement sur le thème de l'eau,
01:17 c'est un moyen pour vous d'essayer de passer à autre chose alors qu'il y a une crise politique dans le pays ?
01:20 Non, il y a une contestation sociale qui existe sur une réforme.
01:24 Mais ça ne veut pas dire que tout doit s'arrêter.
01:26 Et c'est normal, on continue à travailler.
01:28 Parce qu'il se trouve qu'il y a toujours des problèmes d'inflation.
01:31 On doit continuer à réduire le chômage dans notre pays.
01:34 On doit répondre aux problèmes de sécheresse.
01:36 On doit préparer la saison à venir.
01:38 On doit faire face aux sujets alimentaires.
01:40 On a la géopolitique qui continue donc c'est normal.
01:43 Je fais mon travail.
01:44 Ce n'est pas une crise politique selon vous, ce qu'on traverse en ce moment dans le pays ?
01:48 Ecoutez, j'ai le sentiment qu'il y a eu un moment de clarification politique
01:51 qui a donné lieu à un vote à l'Assemblée nationale.
01:53 Après qu'il y ait des commentaires, c'est une chose.
01:56 Mais ça a été clarifié au moment du vote sur la motion de censure.
02:00 Maintenant, il y a un texte qui est devant le Conseil constitutionnel.
02:04 Il doit l'examiner avec la sagesse qui va avec cette institution et le calme qui sied à ces débats.
02:10 Mais est-ce que vous entendez les manifestants qui riennent ?
02:12 Bien sûr, il y a 200 manifestants.
02:14 Mais est-ce que ça veut pour autant dire que la République doit s'arrêter
02:16 et qu'on doit dire qu'on doit attendre de revenir sur les sujets de sécheresse dans un mois ?
02:20 La réponse est non.
02:21 On doit continuer de travailler avec beaucoup de respect, de calme.
02:24 J'ai donné un mandat à la Première ministre, c'est ce qu'elle fait.
02:26 Elle est en train de travailler avec les groupes politiques, avec tout le monde.
02:30 Mais il est normal qu'on continue de travailler avec les élus, avec les habitants
02:34 sur des sujets aussi essentiels que l'eau.
02:36 Mais pour être très clair, la question des 64 ans, vous ne reviendrez pas dessus
02:39 sauf si le Conseil constitutionnel a décidé de censurer le texte.
02:43 Mais je ne vais pas redire la même chose tous les quatre jours, sinon on bégaye.
02:48 La question des 64 ans vous empêche d'aller à la rencontre des Français directement ?
02:52 Non, elle ne m'empêche pas d'aller à la rencontre des Français, ni d'aller sur le territoire.
02:56 Et je l'ai eu l'occasion de le dire, il y a eu des scènes d'une violence inacceptable ces dernières semaines.
03:03 Celle-ci, je la condamne avec la plus grande fermeté.
03:06 Il y a une instrumentalisation politique qui a parfois poussé ou légitimé cette violence,
03:10 qui a refusé de la condamner, et je veux ici redire tout mon soutien à l'égard des élus,
03:14 qu'ils soient parlementaires, maires, élus de la République, qui ont parfois été agressés
03:18 en raison des positions qu'ils avaient tenues.
03:20 C'est incompatible avec une démocratie, et redire mon soutien à nos forces de l'ordre.
03:24 Mais à côté de ça, que les forces syndicales s'expriment dans un contexte où il y a une réforme,
03:29 de manière organisée, parfois sonore, mais enfin respectueuse, c'est normal, c'est la démocratie.
03:36 Et c'est prévu par notre Constitution, et je dois dire que nos syndicats ont tenu des manifestations,
03:41 des mobilisations qui se sont faites, pour eux, le calme et le respect.
03:47 - Monsieur le Président, lors de votre interview télévisée, quelques jours après le 49.3,
03:51 vous avez fait preuve d'une fermeté qui, on l'a entendu dans les manifestations,
03:55 a poussé beaucoup de gens à se mobiliser.
03:57 On a vu d'ailleurs le lendemain un regain de mobilisation dans la rue.
04:00 Est-ce que vous faites d'une certaine manière un amende honorable aujourd'hui ?
04:04 Vous dites "j'ai eu un ton peut-être trop ferme qui a pu crisper des gens".
04:07 - Je ne suis pas le commentateur de moi-même. C'est votre travail, ce n'est pas le mien.
04:11 Donc sincèrement, on doit avancer.
04:15 Notre pays, d'abord, a des forces extraordinaires.
04:17 On parlait de la vitalité économique de nos stations de montagne, des bons résultats qu'on peut avoir.
04:23 Il y a des choses qui vont bien dans le pays, il faut aussi savoir le dire, le regarder en face.
04:27 On est un des pays qui résiste le mieux face au choc de l'inflation.
04:30 On a une économie qui continue d'être forte, qui doit continuer de se réindustrialiser.
04:34 On est en train de tous se retrousser les manches pour notre école, notre santé.
04:39 On fait la transition écologique. Donc on a des chantiers immenses.
04:43 Donc quand je dois parler, je parle, je m'exprime, j'essaie de répondre aux questions des journalistes.
04:47 Mais après, je ne vais pas, huit jours après, commenter ce que je dis.
04:50 - Est-ce que vous pouvez peut-être un mot sur ce qui s'est passé à Saint-Sauline ?
04:52 Parce qu'il y a eu des blessés aussi bien du côté des manifestants que des forces de l'ordre.
04:56 Vous avez sûrement observé cela.
04:58 Il y a eu une polémique sur l'accès des ambulances.
05:00 - Je crois qu'elle a été levée par le SAMU lui-même, cette polémique.
05:04 Non, je vais vous dire.
05:06 Il s'agit justement d'un projet qui correspond aux critères que nous évoquions tout à l'heure.
05:11 On en a besoin pour justement avancer sur les questions d'eau.
05:15 Il faut le faire avec des concertations.
05:17 Elles ont eu lieu avec beaucoup de respect pour les parties prenantes.
05:21 Et c'est aussi pour ça que je remercie tous nos élus de mener ce travail.
05:25 Il y a eu des contestations, c'est une chose. Rien ne peut justifier la violence.
05:28 Il y a des gens qui venaient contester et qui étaient là en famille,
05:32 qui d'ailleurs, à Melle, le lendemain, ont tenu un moment plus festif
05:35 qui n'a donné lieu à aucun débordement.
05:38 Mais vous avez des milliers de gens qui étaient simplement venus pour faire la guerre.
05:43 C'est inacceptable.
05:45 Et donc je réaffirme mon soutien aux élus et aux forces de l'ordre.
05:49 Et nos forces de l'ordre, avec beaucoup de courage, ont avancé.
05:52 Et ça montre bien qu'il y a chez certains une forme d'habitude de la violence qui s'installe.
05:56 Il faut la combattre avec beaucoup de fermeté.
05:59 Et je demande à toutes les forces politiques républicaines
06:02 d'être parfaitement claires sur ce sujet.
06:05 Il n'y a rien qui justifie la violence dans une société démocrate.
06:08 Comment apaiser cette situation ?
06:10 En appelant chacun déjà à la responsabilité, vous savez.
06:13 C'est une bonne chose, parce que quand on est élu de la République,
06:15 on a une responsabilité de s'opposer à des projets.
06:18 Dans ces cas-là, on va essayer de convaincre les électeurs
06:20 de s'y opposer, mais on ne justifie pas.
06:22 Parce qu'à ce moment-là, si on se met à dire quelque chose
06:25 qui me déplaît légitime, une violence, on aura tous des violences légitimes.
06:28 Et ça redevient l'état de nature.
06:30 Ce n'est pas ça une démocratie, encore moins une République.
06:33 Pourquoi vous n'avez pas fait de déplacement en région pendant ces deux mois ?
06:36 J'essaie de faire des déplacements au maximum.
06:39 J'ai eu aussi beaucoup de contraintes internationales.
06:41 Dès la semaine prochaine, je serai à nouveau en Chine, puis aux Pays-Bas.
06:44 Donc j'alterne la vie nationale et la vie internationale.
06:49 Et les déplacements ces dernières semaines, aussi,
06:52 ont été contraintes d'une part par mon agenda international,
06:55 et d'autre part, à la fois des déplacements en Afrique ou en Europe,
06:59 et d'autre part par le fait qu'il y avait aussi un calendrier législatif.
07:03 Mais je suis là devant vous aujourd'hui.
07:05 Merci, merci.
07:06 Juste comment faire pour que la distribution de l'eau reste équitable
07:09 au niveau du lac de Serpenson ?
07:11 Alors, d'abord, je salue ici le modèle,
07:14 qui est un modèle de concertation permanente,
07:16 et qui permet justement, entre les élus, avec les associations,
07:19 de beaucoup pacifier les choses.
07:21 Et c'est un modèle historique, avec une infrastructure
07:25 qui est elle aussi historique dans cette zone.
07:28 Et je veux saluer vraiment le travail qui a été fait ces dernières années,
07:30 celui qui est en train d'être fait, on en parlait avec le maire,
07:33 le président du Conseil régional, du Conseil départemental
07:35 et les parlementaires, qui me rend très confiant sur l'avenir.
07:40 Et c'est aussi pour ça que, dans le plan que le ministre a préparé,
07:44 qu'on va présenter dans ses grands axes et qu'il développera ensuite,
07:47 il y a un geste de confiance à l'égard des territoires.
07:50 C'est que c'est au plus près du terrain qu'on peut gérer,
07:53 justement, la répartition des usages.
07:55 Et les règles dépendent de l'existant,
07:58 de la culture de coopération ou pas,
08:00 de la manière dont tout ça s'est structuré.
08:02 Et donc, nous aimons l'égalité, nous devons avoir des grands plans
08:06 nationaux, parce qu'il y a énormément d'investissements à faire,
08:09 mais on doit accepter la différenciation
08:11 et la flexibilité locale.
08:13 Merci beaucoup.
08:15 Merci.
08:17 [Musique]
08:21 [SILENCE]