Dans un "hôpital volant", l'espoir de jours meilleurs pour des soldats blessés en Ukraine
Les grimaces trahissent une douleur contenue, les regards pensifs se perdent à travers les hublots... Dans ce Boeing 737, les passagers sortent de l'ordinaire: dans leur âme et dans leur chair, tous ont été touchés par la guerre en Ukraine. Une équipe de l’AFP a embarqué sur l'un de ces vols d'évacuation sanitaire réalisés par la Norvège dans le cadre d'une collaboration avec l'Union européenne. Après être passé par la Pologne et l'aéroport de Rzeszow, non loin de la frontière ukrainienne, pour embarquer des soldats blessés et des malades qui viennent de quitter le pays en guerre, l’avion devenu un "petit hôpital volant" passe par Amsterdam, Copenhague, Berlin, Cologne et Oslo pour les déposer dans différents établissements où ils recevront les soins dont ils ont besoin.
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00:00 L'opération est délicate et se répète ici chaque semaine depuis un an sur le tarmac
00:08 de l'aéroport de Chessou dans l'est de la Pologne.
00:11 Ces soldats blessés viennent de passer la frontière ukrainienne.
00:14 Ils vont bientôt s'envoler loin de la guerre.
00:17 Vladislav Sharhov, 24 ans, est l'un d'entre eux.
00:23 En septembre 2022, il est touché par un tir d'obus alors qu'il conduit un blindé.
00:29 Un éclat l'atteint directement à la nuque, il est depuis presque entièrement paralysé.
00:34 Sur chaque brancard, l'histoire est différente mais toujours brutale.
00:39 Ils ont plusieurs types de blessures, principalement des combinaisons de blessures qui viennent
00:46 d'explosions et d'impacts de balles.
00:48 Certains sont brûlés et ont des fractures multiples.
00:51 Chessou est un hub stratégique à quelques dizaines de kilomètres de l'Ukraine, zone
00:58 tampon où s'opèrent les échanges entre le pays en guerre et le reste du monde.
01:02 Alors qu'un C-5 Galaxy de l'US Air Force est déchargé juste à côté, Vladislav
01:08 et ses camarades sont installés dans un Boeing.
01:11 L'avion a été acheminé depuis Oslo en Norvège, dans le cadre d'un programme européen
01:16 d'évacuation sanitaire, initié en mars 2022.
01:22 Au cours de chaque mission, l'avion passe par la Pologne, puis s'arrête dans plusieurs
01:28 villes européennes.
01:29 Nikola Fedirko, 22 ans, a été blessé dans les tranchées de la région de Donetsk il
01:37 y a deux mois.
01:38 Sa compagne a pu avoir une place dans le vol pour rester à ses côtés.
01:41 C'est la première fois que je prends l'avion.
01:48 J'aurais aimé me rendre au Danemark dans des circonstances normales, en vacances par
01:52 exemple.
01:53 Pas pour aller à l'hôpital, à cause d'un traumatisme.
01:56 Face aux blessés allongés sur des brancards, sur l'autre rangée des sièges de l'avion,
02:06 des civils sont aussi du voyage.
02:08 Eux sont atteints de pathologies lourdes, certains de cancers.
02:12 L'avion civil a été reconfiguré pour accueillir tout type de malades, jusqu'au
02:18 cas les plus critiques.
02:19 Il y a un masque respiratoire au niveau du sol, une pompe à seringue, un moniteur, un
02:26 système d'aspiration et d'oxygène, tous les équipements nécessaires pour traiter
02:31 des patients en soins intensifs.
02:32 En clair, c'est un petit hôpital volant.
02:35 L'avion effectue en moyenne une rotation par semaine.
02:40 A bord, ce sont des pilotes et du personnel de la compagnie scandinave SAS qui assurent
02:46 le service.
02:47 Le capitaine, plutôt habitué aux vols commerciaux, mesure le caractère extraordinaire de la
02:53 mission.
02:54 Lorsque vous transportez des passagers en Méditerranée pour qu'ils prennent des bains
03:02 de soleil, c'est une activité normale et un peu, je ne dirais pas que c'est ennuyeux,
03:07 mais c'est très courant.
03:08 Cela donne une perspective beaucoup plus stimulante pour l'ensemble de l'opération et cela
03:14 nous rend un peu plus humbles pour accomplir cette mission.
03:16 Et en fait, je suis très fier de le faire.
03:19 Ils sont plus de 2000 à avoir bénéficié du programme depuis sa mise en place, la Norvège
03:29 étant le pays au monde qui organise le plus de vols d'évacuation de patients ukrainiens.
03:33 Une façon de soulager les hôpitaux du pays qui sont sous tension et régulièrement la
03:39 cible d'attaques russes.
03:40 Olexi, ingénieur de formation, a également été blessé au front.
03:46 Sa mère qui l'accompagne place beaucoup d'espoir dans ce voyage et pense déjà à
03:50 l'avenir.
03:51 Je crois fermement que mon fils va être en bonne santé, que nous allons rentrer dans
03:57 notre mère patrie l'Ukraine que nous aimons si fort.
03:59 Il sera en bonne santé et heureux.
04:02 Et je crois aussi que notre pays sera victorieux.
04:05 Vladislav, le jeune homme paralysé, veut quant à lui croire au miracle.
04:12 J'espère qu'une fois en Allemagne, ils me remettront rapidement sur pied et que je
04:19 pourrai vite retourner dans mon pays.
04:21 Pays bas, Danemark, Allemagne et Norvège.
04:29 En deux jours de rotation, ils sont près d'une trentaine à être débarqués dans
04:33 ces quatre pays.
04:34 La France, la Hongrie ou encore l'Espagne entre autres ont accueilli des patients au
04:40 cours de l'année passée.
04:41 Quel que soit l'aéroport, à l'atterrissage, c'est la même procédure, bien rodé.
04:48 C'est toujours un soulagement de voir partir les patients à l'aéroport et de voir ces
04:53 équipes qui les prennent en charge.
04:55 Pour nous tous, c'est dur d'avoir à les transporter et de les voir dans ces états
04:59 à longueur de temps.
05:00 Ça devient personnel.
05:02 Vladislav est débarqué à Berlin.
05:08 Nicolas et sa compagne Katerina descendent eux à Copenhague.
05:13 Pour Olexi et sa mère, c'est à l'hôpital d'Erasmus à Rotterdam que se termine le
05:21 voyage.
05:22 Plusieurs interventions et de longs mois de rééducation sont prévus ici pour lui.
05:33 Mise en place dans l'urgence au début de la guerre, l'opération a été conduite
05:38 52 fois depuis un an.
05:41 Oslo vient d'annoncer la poursuite du programme au moins jusqu'au mois d'août.
05:45 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]