Karima Mezienne, sœur d'une victime de règlement de comptes: "Marseille est devenue une zone de non-droit"

  • l’année dernière
A la suite d'un règlement de compte sur fond de trafic de drogue qui a fait 3 morts, la nuit dernière à Marseille, la sœur d'une victime de règlement de comptes témoigne sur BFMTV.
Transcript
00:00 Je constate que rien n'a changé. Mon frère a été assassiné en 2016.
00:03 En 2016, on avait indiqué que c'était un Everest de folie
00:06 qui s'était abattu sur Marseille,
00:08 parce que c'était l'une des années les plus meurtrières.
00:10 2022, on vient de battre le record de 2016.
00:13 Et aujourd'hui, on voit que les assassinats continuent de plus belle,
00:16 que c'est une situation qui est hors de contrôle, en réalité.
00:20 -Alors, pourquoi décidez-vous de vous rassembler cet après-midi
00:23 entre proches de victimes de règlements de compte ?
00:26 Comment pouvez-vous, voulez-vous faire bouger les choses ?
00:29 -Bah nous, en fait, on veut sensibiliser l'opinion publique,
00:33 on veut alerter sur la situation, sur cette dégradation,
00:36 sur le fait que nos pouvoirs publics, en fait,
00:39 ne maîtrisent pas du tout la situation,
00:41 que Marseille, c'est devenu une zone de non-droit,
00:43 quoi qu'on en dise, et qu'il est temps, maintenant, d'agir,
00:47 de donner de vrais moyens, de mettre une vraie politique d'action.
00:50 Et il me semble, à mon sens,
00:51 que tout ce qui est fait à l'heure actuelle n'est pas suffisant.
00:54 C'est juste jeter du sel dans la mer, en réalité,
00:58 puisque, de toute manière, notre ministre de la Justice,
01:01 Médérustine, notre ministre de l'Intérieur fait pareil,
01:05 et aucun des deux ne se concerte pour mettre un vrai plan d'action,
01:08 et qu'on se retrouve avec des dossiers où, nous,
01:12 dans le cadre de nos dossiers,
01:13 plusieurs familles ont subi des classements sans suite,
01:15 plusieurs assassinats ne sont toujours pas élucidés.
01:18 La police judiciaire nous dit qu'ils pourraient aboutir
01:20 à des élucidations, mais qu'ils ne peuvent pas le faire
01:22 parce qu'ils manquent de moyens,
01:24 qu'ils sont autorisés à travailler sur un dossier
01:27 durant trois mois et pas plus.
01:28 La résultante de tout cela, c'est que des assassins
01:32 restent impunis, restent en toute situation.
01:35 -Quelles sont les solutions ?
01:36 -De circuler et de continuer dans mes faits.
01:38 -Ce n'est qu'une question de moyens ou aussi de réponse pénale,
01:42 par exemple ?
01:43 -C'est les deux. Il faut des moyens,
01:47 parce qu'il faut que nos enquêteurs de la police judiciaire
01:49 aient les moyens d'élucider les assassinats.
01:51 Il faut travailler sur ce qu'on appelle
01:53 les faisceaux d'indices concordants
01:55 et monter des dossiers qui tiennent la route pour les assises.
01:58 Ensuite, il nous faut aussi que notre justice
02:01 rende des décisions, des condamnations fermes
02:05 et soit plus ferme sur ces assassinats.
02:07 Là, malheureusement, on réalise que ce n'est pas le cas.
02:11 Lorsque la justice abandonne et renonce à chercher
02:13 en procédant à des classements sans suite,
02:15 c'est des assassins qui sont impunis, tout simplement.
02:18 Face à ça, ça ne fait plus peur à personne.
02:21 On se dit qu'on peut, en France, de nos jours,
02:23 se tuer gratuitement et en toute impunité
02:26 sans risquer la prison.
02:27 C'est ça, aujourd'hui, la réalité de ces faits à Marseille.
02:30 C'est que je pense qu'il y a un sentiment de surpuissance
02:35 des narcotrafiquants et de ces personnes
02:38 qui viennent assassiner nos enfants.

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