Débat sur la fin de vie en France : "il faut faire évoluer la loi"

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Transcript
00:00 Notre invitée du jour, c'est vous Jonathan Denis. Bonjour, merci d'être avec nous.
00:03 Vous êtes président de l'association pour le droit de mourir dans la dignité.
00:07 Merci d'être là quelques heures après cette allocution du chef de l'État Emmanuel Macron qu'on vient d'entendre.
00:13 C'est lui qui avait les cartes en main.
00:16 Concrètement, il vient d'annoncer le recours à une nouvelle loi pour faire évoluer le dispositif en place,
00:21 déjà depuis 2016, qui permet, je le rappelle, une sédation profonde et continue jusqu'au décès.
00:26 Est-ce qu'on va dans le bon sens, selon vous, aujourd'hui ?
00:30 On va dans le bon sens parce que le président de la République dit qu'il va écouter cette convention citoyenne.
00:34 Il y a plusieurs pistes qui ont été données.
00:37 Et puis finalement, il va aussi dans le sens de ce qu'on dit avec l'ADMD depuis des années,
00:41 c'est-à-dire accès universel aux soins palliatifs et l'égalisation du nid d'alerte qui va mourir,
00:46 donc de l'euthanasie et du suicide assisté.
00:48 Je suis ravi de savoir qu'il y aura ce projet de loi, une co-construction de ce projet de loi,
00:53 d'ici la fin de l'été de cette année.
00:56 Jusqu'où ira cette nouvelle loi ? C'est la question qui est toujours posée et qui reste d'actualité.
01:02 Oui, ça reste d'actualité, évidemment.
01:04 Il y a 19 pistes dans ce qu'a proposé la convention citoyenne.
01:07 Maintenant, l'AIDA qui va mourir, elle a toujours été cadrée.
01:11 On n'a jamais dit que ça allait être une boîte de Pandore où tout serait permis.
01:15 L'ADMD a sa proposition de loi.
01:17 On l'a portée auprès des parlementaires et nous continuerons à le faire.
01:20 Et puis, il ne faut pas oublier qu'il y avait quand même un texte,
01:22 celui d'Olivier Falorni qui avait été voté majoritairement par l'Assemblée nationale
01:26 il y a deux ans dans le cadre d'une niche parlementaire.
01:28 Donc, après tout, les choses sont déjà sur la table pour travailler rapidement.
01:32 On a vu pendant ce week-end les conclusions de cette convention citoyenne.
01:38 Malgré tout, le chef de l'État, l'entourage du chef de l'État a bien rappelé
01:41 qu'il ne s'agissait pas de reprendre en substance ses conclusions.
01:48 Elle reprend quand même en substance ses conclusions.
01:49 On est tous d'accord sur le fait qu'il faille développer absolument
01:52 les soins palliatifs et l'infusion de la culture palliative.
01:55 Donc, il faut se donner des objectifs très clairs, pas à 10 ans,
01:58 mais se dire on a un point d'étape à 5 ans, combien de lits,
02:00 ou comment on forme pour qu'il y ait cette action universelle aux soins palliatifs.
02:04 Et puis, on a écouté l'aide active à mourir.
02:07 Les conventionnaires ne se sont pas mis d'accord sur un parcours précis.
02:10 Il y a ce champ des possibles qui doit être ouvert
02:13 et tout le monde doit travailler pour le définir.
02:15 Le suicide assisté, selon vous, on va y arriver en France ?
02:20 Je pense qu'on va y arriver, mais il ne faut pas que ce soit que le suicide assisté.
02:23 Il faut bien comprendre que si on va vers un modèle du seul suicide assisté,
02:26 on va exclure de la loi, de fait, les personnes qui ne pourraient pas pratiquer le geste.
02:31 Et on va créer une inégalité dans l'accès à la loi.
02:33 Donc, ce sont bien et le suicide assisté et l'euthanasie dans un cadre défini.
02:37 Mais je pense qu'effectivement, là, on doit y arriver et arrêter de fermer les yeux
02:41 sur ces Français qui partent à l'étranger ou sur ces Français
02:44 qui sont accompagnés clandestinement dans le cadre d'euthanasie en France.
02:48 Moi, ça a été le cas avec mon papa.
02:49 Et il faut pouvoir protéger les soignants et les soignées.
02:52 Ça reste malgré tout une vraie question qui fait débat au sein de la société française.
02:58 Il y a ce sondage de l'IFOP pour le JDD, on va voir ces chiffres,
03:02 qui montrent toute l'ambivalence des Français sur la question.
03:05 70% d'entre eux sont favorables à la proposition de la Convention citoyenne
03:09 de promouvoir une aide active à mourir.
03:11 Seulement 36% d'entre eux envisagent de recourir à l'euthanasie
03:16 s'ils étaient atteints d'une maladie douloureuse et incurable.
03:19 La question, excusez-moi, m'est très mal posée.
03:22 Effectivement, on le sait, 7, 8 à 9 Français sur 10 demandent qu'il y ait une loi
03:26 ouvrant ce champ des possibles.
03:28 Mais est-ce que, si vous me demandez à moi si je souhaite recourir à une euthanasie
03:31 dans le cas où j'ai une maladie incurable, mais je n'en sais rien,
03:34 évidemment, il n'y a pas de vérité, pas de certitude sur sa fin de vie ou sur celle des autres.
03:39 Donc, il y a cette ouverture du champ des possibles, mais on n'a jamais dit
03:41 que 9 Français sur 10 allaient recourir à une euthanasie
03:45 dans le cadre d'une maladie grave et incurable.
03:47 Donc, ce sondage montre bien que, oui, les Français sont en avance
03:50 sur les politiques depuis des années sur ce sujet.
03:53 Elle aurait dû être posée comment la question alors ?
03:55 Mais comment vous voulez, si je vous demande à vous, si vous souhaitez recourir
03:58 à un suicide assisté ou une euthanasie dans le cadre d'une maladie grave et incurable ?
04:01 Vous n'en savez rien aujourd'hui.
04:02 Et c'est bien toute cette étape de co-construction avec les soignants
04:06 qui doit être établie quand on arrive dans le cadre de la fin de vie.
04:09 Mais je ne suis pas un militant acharné du suicide assisté ou d'euthanasie,
04:13 je suis un vrai militant du libre choix.
04:15 Maintenant, pour moi-même, je n'en sais rien,
04:17 mais je veux que le champ des possibles soit ouvert.
04:19 Vous parlez des soignants, justement, ces soignants qui restent divisés,
04:23 eux aussi, sur cette question.
04:26 Il y a une partie de la population qui n'a pas d'avis ou alors qui est opposée.
04:32 Ça en dit long sur la substance des débats qui vont avoir lieu.
04:36 Emmanuel Macron a appelé les parlementaires à œuvrer en ce sens.
04:39 Ça risque d'être un débat agité, vous croyez ?
04:42 Non, moi je crois que ça peut être serein et apaisé,
04:44 comme tout le débat qui a eu lieu dans la Convention citoyenne.
04:47 Maintenant, il y a des soignants qui sont opposés,
04:48 comme il y a des citoyens qui sont opposés.
04:50 Ces soignants, il faut les écouter.
04:52 Je ne peux pas parler de liberté et demander aux soignants
04:55 d'accompagner dans le cadre d'une aide active à mourir.
04:57 Donc, il faut bien qu'il y ait évidemment une clause de conscience pour les soignants.
05:00 Maintenant, différentes études nous le montrent.
05:02 Il y a cette prise de conscience des soignants qu'il faut faire évoluer la loi,
05:05 qu'il faut aller plus loin que ce que propose actuellement le cadre de la loi de 2016.
05:10 Le chef de l'État a une certitude, il l'a affiché ce matin, réitéré.
05:14 Il souhaite un modèle français propre à notre pays.
05:18 C'est vrai qu'on ne cesse de rappeler ce qui se fait chez nos voisins européens.
05:23 On parle beaucoup des Pays-Bas, de la Belgique, du Luxembourg, de la Suisse.
05:27 Un modèle propre au nôtre, pour autant, ça serait intéressant,
05:31 intelligent de s'inspirer de ce qui fonctionne aussi à côté de nous, non ?
05:35 Je pense que si on fait un modèle français, et on fera un modèle français,
05:38 on a toujours fait un modèle français sur la fin de vie,
05:41 il faudra s'inspirer de ce qui a été fait à l'étranger.
05:43 Mais je sais qu'Olivier Véran, Cagnes, Firmin, Le Baudot
05:46 se sont rendus dans beaucoup de pays pour comprendre comment il y avait eu
05:49 cette légalisation d'aide active à mourir et cette articulation
05:52 avec l'accès universel aux soins palliatifs.
05:54 Donc, on peut s'inspirer de ce que font nos voisins européens.
05:56 Et puis, on réfléchira ensemble dans une co-construction
05:59 à comment adapter les choses dans notre pays.
06:01 Maintenant, peut-être que notre modèle français ressemblera beaucoup
06:04 à des modèles qui existent ailleurs,
06:07 mais il y a le temps de la discussion et de la construction à faire.
06:10 Voilà, d'ici la fin de l'été, c'est pas un peu ambitieux ça comme timing ?
06:15 Alors, c'est pas un vote de la loi d'ici la fin de l'été, c'est un projet de loi.
06:18 Il faut quand même poser des lignes.
06:21 Oui, mais les discussions ont déjà eu lieu.
06:23 Je vous le rappelais tout à l'heure, les députés ont déjà voté cette loi en 2021.
06:26 Ils n'ont pas pu aller au bout, mais ça a déjà eu lieu.
06:29 Donc, c'est très bien d'associer le Sénat et l'Assemblée nationale.
06:31 Je pense que ça peut avancer vite maintenant.
06:33 Moi, j'espère que le vote, proprement dit, de la loi aura lieu d'ici la fin de l'année, évidemment.
06:38 Et s'il y a vote de la loi, il faudra être très attentif à l'application de la loi
06:42 pour qu'il n'y ait pas, comme d'habitude, des voleurs de liberté
06:45 qui viennent totalement détruire ce qui a pu être construit.
06:47 Merci beaucoup, Jonathan Denis, d'avoir été à nos côtés à l'occasion
06:51 de cette question qui a été de nouveau posée à l'Élysée aujourd'hui.

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