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00:00 L'invité ECHO, Isabelle Raymond.
00:06 Bonsoir à toutes et à tous, l'invité ECHO ce soir est le président du groupe MGEN,
00:11 Mathias Savignac, bonsoir.
00:12 Bonsoir.
00:13 L'actualité du jour, c'est l'arrivée du projet de loi de financement de la sécurité sociale à l'Assemblée.
00:18 Le gouvernement avait initialement prévu d'y inscrire le doublement des franchises médicales,
00:23 sur les boîtes de médicaments, des consultations également.
00:26 Il y a finalement renoncé, est-ce que c'est une bonne nouvelle pour la Mutuelle que vous dirigez ?
00:31 Alors c'est une bonne nouvelle pour les citoyens et les assurés sociaux,
00:35 parce que pour la Mutuelle ça ne change absolument rien.
00:38 Dès lors qu'on est dans le cas des franchises médicales ou des participations forfaitaires,
00:42 on est sur du reste à charge pour le citoyen,
00:46 et ce reste à charge ne peut pas être pris en charge et remboursé par les complémentaires santé.
00:52 Donc c'est plutôt une bonne nouvelle pour le reste à charge des citoyens.
00:55 Alors en revanche l'exécutif n'a pas renoncé à moins rembourser les soins dentaires à 60% au lieu de 70 précédemment.
01:03 Un demi milliard d'euros repose désormais sur votre épaule,
01:07 forcément vous allez devoir répercuter cette charge financière sur les tarifs.
01:11 Alors une Mutuelle, comme son nom l'indique, ne peut pas se capitaliser.
01:15 D'ailleurs il n'a que pour seule ressource les cotisations de ses adhérents.
01:19 Et donc effectivement dès lors qu'il y a un transfert de charges de l'assurance maladie obligatoire
01:23 vers l'assurance maladie complémentaire, les Mutuelles en l'occurrence,
01:26 eh bien on va réfléchir à voir de quelle manière on répercute sur les cotisations de nos adhérents
01:30 cette prise en charge supplémentaire parce que, à la différence de la sécurité sociale,
01:35 nous n'avons pas la capacité à générer du déficit.
01:37 Et donc vous allez forcément devoir augmenter les tarifs l'année prochaine.
01:43 Alors ça fait partie des réflexions que le conseil d'administration de MGEN a en ce moment,
01:49 mais comme toutes les complémentaires santé finalement.
01:52 Mais justement il y a des chiffres qui circulent,
01:54 certains craignent des augmentations de tarifs jusqu'à 10%. Est-ce que ce sera de cet ordre là ?
01:58 Non, MGEN ne sera pas dans ces dimensions là. On est en train d'affiner nos résultats.
02:02 Et c'est vrai qu'il faut attendre aussi la fin des travaux sur le PLFSS
02:07 pour savoir exactement la nature et les montants des transferts de charges
02:10 de l'assurance maladie vers les Mutuelles.
02:12 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, Mathias Sabiniak, vous n'avez pas une totale visibilité
02:15 sur les montants qui vont être transférés de la Sécu vers les Mutuelles demain ?
02:19 Vous voyez si par exemple le PLFSS 2024 était adopté par 49.3
02:25 après le rejet en commission et que ce 49.3 comporte des transferts supplémentaires
02:31 qui n'étaient pas attendus ou dont on n'avait pas connaissance.
02:34 C'est possible, vous en avez en tête ?
02:35 Il peut y avoir des amendements, il peut y avoir plein de choses.
02:37 Non, je n'ai rien en tête de particulier, mais c'est se dire que tant que les choses ne sont pas actées,
02:41 on peut toujours avoir des prises en charge supplémentaires, rarement à la baisse,
02:45 mais supplémentaires dont il faudra qu'on voit de quelle manière on les prend en charge.
02:49 Donc vous restez vigilant et donc vous confirmez une augmentation de tarifs,
02:53 on ne sait pas encore de quel ordre l'an prochain.
02:55 Mathias Sabiniak, avec 17 autres organisations de la société civile, des syndicats, des ONG,
03:01 vous formez, dites-vous, un pacte progressiste et vous prenez position dans le débat sur la fin de vie.
03:07 Le gouvernement devrait présenter un projet de loi d'ici la fin de l'année 2023.
03:11 On verra quelle sera la direction prise, suicide assisté ou euthanasie. Où va votre préférence ?
03:17 La préférence du pacte progressiste, MGEN aux côtés de la DMD, l'Association pour le droit à mourir dans la dignité.
03:23 Nous avons travaillé finalement à un plaidoyer commun qui vise à la fois à demander à ce que le suicide assisté
03:31 fasse partie des réponses de la victime au rire, aux côtés de l'euthanasie,
03:34 mais pas le choix entre l'une ou l'autre des solutions, parce qu'on voit, et toutes les études ont montré,
03:39 que l'évaluation de la loi de 2005, Claes Leonetti, ne permettait pas de répondre à toutes les situations.
03:47 Et donc on est en faveur, bien évidemment, d'une aide active à mourir qui prenne en compte à la fois l'euthanasie et le suicide assisté.
03:52 Et pourquoi est-ce qu'il faut qu'il y ait les deux ?
03:54 Parce que, encore une fois, prenons des situations, le suicide assisté, c'est-à-dire que soi-même,
04:00 on est amené à s'injecter le produit qui mettra fin à ces jours, le produit létal.
04:07 Et que dans le cas de personnes qui n'ont pas la capacité physique ou morale de choisir pour eux-mêmes et pas eux-mêmes,
04:14 on ne peut pas laisser des souffrances perdurer, dès lors qu'on n'est pas en capacité, soi-même,
04:18 de prendre la décision ou de la faire matériellement exister.
04:22 Et donc c'est pour ça que la question de l'euthanasie se pose aux côtés de celle du suicide assisté.
04:26 Donc vous pensez qu'il faut qu'il y ait les deux possibilités,
04:30 parce que sinon ça créerait une différence de traitement entre les patients.
04:33 Absolument.
04:34 Est-ce que vous pensez que les Français sont prêts ?
04:36 Alors les Français sont prêts.
04:38 MGM a depuis deux ans engagé une réflexion collective auprès de son tissu militant,
04:44 de son tissu salarié et de ses adhérents.
04:47 Et on voit que, les chiffres varient selon qui mesurent,
04:50 mais plus de 92% de la population française est en faveur d'une évolution de la loi,
04:56 parce que la loi actuelle ne permet pas de répondre à toutes les situations.
04:59 Il ne faut pas imaginer qu'une nouvelle loi répondra à toutes les situations,
05:02 mais si déjà ça permet d'empêcher des souffrances supplémentaires
05:07 à des personnes qui ne souhaitent pas les vivre,
05:11 je trouve que c'est une avancée sociale importante.
05:13 Et quel sera votre rôle, à vous, dans ce nouveau modèle à la française ?
05:17 Alors bien évidemment qu'on porte une parole, mais que la parole s'accompagne d'actes.
05:22 Pour mémoire, le groupe MGM est engagé sur ces sujets-là depuis fort longtemps.
05:26 En 1994, le groupe MGM ouvrait sa première unité de soins palliatifs,
05:31 qui permet de prendre en charge et de soulager la douleur pour les personnes en fin de vie.
05:35 Et donc on continuera, et on milite aujourd'hui aux côtés de la DMD,
05:39 pour la généralisation des soins palliatifs et un accès général pour l'ensemble de la population
05:43 à cette solution ô combien importante.
05:45 On plaide aussi pour qu'il y ait une égalité de droit de tous les citoyens et de toutes les citoyennes face à la mort.
05:51 Et donc on plaide, on milite aussi pour une généralisation de l'aide active à mourir,
05:55 suicide assisté et euthanasie.
05:57 Et on verra de quelle manière, après, lorsque la loi sera passée, et gageons qu'elle passe,
06:02 de quelle manière les complémentaires santé pourront accompagner chacune et chacun dans son parcours.
06:07 Aujourd'hui, mettons qu'on n'a pas les contours de la loi, les modalités, les principes,
06:11 il est difficile de se projeter sur les modalités d'accompagnement.
06:15 Ce pourquoi on plaide aussi, c'est qu'on s'intéresse beaucoup aujourd'hui,
06:19 et c'est légitime et c'est normal, aux souffrances des personnes qui sont dans ces situations de fin de vie.
06:25 Je pense qu'il faudra aussi s'intéresser aux personnes qui restent,
06:28 c'est-à-dire l'accompagnement des familles qui ont perdu un proche,
06:32 l'accompagnement aux deuils, parce que ce sont des situations très particulières,
06:35 il faudra aussi prévoir ces accompagnements-là.
06:37 Mais ce que vous dites aujourd'hui, Mathias Chavignac, c'est que la société est prête
06:41 pour avoir ce débat de façon sereine, avancée, afin d'avoir un modèle à la française.
06:47 Qui ne soit ni le modèle suisse, ni le modèle belge, mais une sorte des deux en même temps.
06:51 Je le pense. D'ailleurs, la Convention citoyenne, ses 185 citoyens,
06:56 qui n'étaient pas experts du sujet, ont réalisé un formidable exercice de démocratie,
07:01 qui, au cours de plusieurs semaines et par des travaux accompagnés et collectifs,
07:05 ont permis de faire émerger une solution qui reprend les points que j'évoquais avec vous.
07:09 Un égal accès de toutes et tous aux solutions, développement des soins palliatifs,
07:13 et accès à l'aide active à mourir, avec à la fois le suicide assisté et l'euthanasie.
07:18 Et donc, on voit qu'il est important aussi qu'il y ait une réappropriation de ces sujets-là par les citoyens,
07:24 et se dire qu'on ne peut pas laisser ces sujets, qui relèvent à la fois de l'éthique, de l'humanisme, de l'accompagnement,
07:29 aux seuls médecins et aux seuls spécialistes. Nous sommes, vous et moi, spécialistes de notre existence.
07:34 Et il faut pouvoir avoir voix aux chalbitres. C'est la raison pour laquelle on s'est organisé.
07:38 Parce qu'on estime que si la population française est aujourd'hui prête à cette évolution de la loi,
07:43 celles et ceux qui sont contre sont aujourd'hui organisés pour porter d'une seule voix, finalement, leur parole à nos positions.
07:50 Et on a décidé d'organiser notre voix au sein de ce pacte progressiste.
07:53 Merci beaucoup. De quoi nourrir le débat. Effectivement, Mathias Savignac, président du groupe MGUN.
08:00 Invité, Côte-France Info.
08:02 [Musique]