SAINTE-SOLINE - DARMANIN A MENTI AUX DEPUTES : LA PREUVE

  • l’année dernière
Théophile Kouamouo reçoit par le biais de la visio Vincent Verzat, journaliste, animateur de la chaine Youtube, “Partager c’est sympa”. Ensemble, ils évoquent les dernières déclarations de Gérald Darmanin sur les drones, les casseurs, et Sainte-Soline. Le ministre de l’Intérieur était auditionné par les députés de la commission des lois de l’Assemblée nationale. Et il a eu des propos pour le moins surprenants. Les voici. “Les gendarmes n’ont pas pu faire voler les drones (...) En revanche, les casseurs ont fait usage de ces drones. C’est donc une sorte de renversement de l’usage de l’outil médiatique et de surveillance. Les casseurs surveillaient les gendarmes par la loi ne pouvaient pas surveiller les casseurs”. Présent à Sainte-Soline, Vincent Verzat démonte les accusations mensongères du ministre de l’Intérieur et rétablit la vérité sur les fameux drones. “C’est une déformation des faits, une trumpisation de ce qui s’est passé (...) Des images de drones ont été utilisées à des fins journalistiques. Elles ont été utilisées par l’ensemble des grands médias”, explique Vincent Verzat. Ces images ont été utilisées a posteriori pour faire la lumière sur les détails des violences policières qui se sont abattues sur les manifestants antibassines.
Transcript
00:00 On place à l'entretien express avec Vincent Berza, journaliste, animateur de la chaîne YouTube Partager C'est Sympa.
00:05 Ensemble, on évoquera les dernières déclarations de Gérald Darmanin sur les drones, les casseurs et Saint-Sauline. C'est parti !
00:13 *Générique*
00:17 Bonjour Vincent, tu es journaliste, reporter, animateur de la chaîne YouTube Partager C'est Sympa et tu étais à Saint-Sauline.
00:23 Tu en es ressorti avec une vidéo qui a été vue par près d'un million de personnes, une vidéo dans laquelle on peut voir apparaître des images prises d'en haut par des drones.
00:33 Or, ce matin, à l'Assemblée Nationale, Gérald Darmanin a porté des accusations assez graves sur des drones utilisés à Saint-Sauline.
00:40 On regarde un extrait de son intervention.
00:42 Je le redis à M. le Président de la Commission des Lois, les gendarmes n'ont pas pu faire voler les drones.
00:47 En revanche, nous constatons que les "manifestants", les casseurs en l'occurrence, ont fait usage de ces drones.
00:54 C'est donc une sorte de renversement de l'usage de l'outil médiatique et de surveillance.
01:02 Les casseurs surveillaient les gendarmes, mais les gendarmes par la loi ne pouvaient pas surveiller les casseurs.
01:07 Alors Vincent, un faux ou un toxe ? La question est vite répondue comme dirait l'autre, mais quand même, je la pose.
01:15 Non, il s'agit d'une déformation totalement des faits, une trumpisation de ce qui s'est passé, c'est assez dingue.
01:25 C'est-à-dire que c'est effectivement évident, surtout aujourd'hui au moment où il s'exprime, que des images de drones ont été tournées à des fins journalistiques.
01:33 Ces images-là ont été utilisées par l'ensemble des grands médias, par Le Monde, c'était la une de Libération, c'est utilisé par Mediapart.
01:42 Ces images-là, réalisées par des personnes qui vendent leurs images à des fins pour les médias, ont permis de faire la lumière sur ce qui s'était réellement passé à Sainte-Sauline,
01:57 y compris du côté de comprendre les violences policières, d'où venaient les différentes attaques.
02:03 C'est ce qu'on peut très bien voir dans la vidéo Libération, qui montre que c'est grâce à ces images de drones qu'on a pu savoir quelle grenade a heurté Serge, le manifestant,
02:14 qui est toujours dans le coma entre la vie et la mort aujourd'hui.
02:17 Donc en gros, il s'agit d'une pure invention, il n'y avait pas des casseurs qui, dans une sorte de cellule d'une milice secrète, détenaient des images pour attaquer les policiers,
02:27 mais il y avait, comme dans d'autres manifestations, des images qui étaient tournées à des fins professionnelles, que vous avez tous utilisées.
02:36 Alors, comment peut-il le dire alors qu'il se doute bien qu'il sera démenti très rapidement ? C'est un mystère.
02:46 C'est vrai que ça pose question. Ce n'est pas la première fois que Gérald Darmanin a une dent contre les drones et a très mal vécu le camouflet de ne pas pouvoir les utiliser,
03:00 que la police ne puisse pas utiliser les drones. Il en parle, d'ailleurs, quand il s'adresse aux parlementaires, il dit "nous les policiers, ils n'ont pas le droit d'utiliser les drones,
03:10 mais alors les manifestants, ils peuvent". En fait, il y a cet enjeu de "moi, je veux mon jouet pour la police, et donc si je peux en remettre une petite couche en disant
03:21 "regardez, il y a un déséquilibre". Mais au-delà de ça, je pense que le message qu'il essaie de faire passer, c'est le caractère qui, selon lui, serait très organisé,
03:34 le fait qu'il y ait une milice, qu'il y ait ses drones, qu'il soit tacticien, qu'il prenne le pas sur la police, c'est ça en fait, c'est cette narration-là qu'il essaie de porter.
03:44 Et il utilise les drones parce que, moi je ne suis pas très surpris à vrai dire qu'il utilise les drones, parce qu'il y a une crainte générale au sein de la population des drones
03:53 et de la possibilité d'être filmé à n'importe quel moment à notre insu. Du coup, il sait que l'opinion publique sera plutôt d'accord avec lui sur ce cas-là.
04:04 – Oui, mais quelque part, est-ce qu'on peut s'attendre, quelles sont ses intentions politiques ? Est-ce qu'on peut s'attendre, disons, à de nouvelles propositions de loi
04:14 venant de la Macronie de la droite ou à de nouveaux projets de loi ? Est-ce qu'il y a, au-delà de la narration, un objectif politique ?
04:21 – Ça c'est dur à dire, moi je sais que l'objectif politique actuellement, il est affiché et il est très clair, c'est celui de faire disparaître l'ensemble des ZAD sur le territoire français.
04:34 C'est le fait de terroriser le mouvement écologique et surtout le mouvement écologique capable de mener des combats comme ceux qu'on a pu voir à Sainte-Sauline
04:46 pour la défense de l'eau, contre l'accaparement de l'eau. C'est cette écologie-là, son agenda c'est clairement de la réprimer, de la faire disparaître,
04:55 de la faire passer dans la clandestinité. C'est ça l'intention dans la dissolution du mouvement des sous-développements de la terre,
05:03 c'est réussir à créer un front, la mauvaise écologie et puis la bonne écologie, celle qui reste encore dans les clous et qui lui fait probablement beaucoup moins peur.
05:13 Il y a clairement ça et il y a aussi l'objectif de renforcer la police, renforcer les prérogatives de la police, entre autres en leur obtenant l'usage de drones dans ce genre de situation.
05:30 De drones de renseignement, parce que là on a affaire à des drones journalistiques, lui il veut des drones de renseignement et il fait passer des drones journalistiques
05:37 pour des drones de renseignement pour pouvoir subvertir et changer l'équilibre des forces. Mais quelque part tout cela rappelle un peu les débats autour de la loi sécurité globale
05:46 parce qu'en gros l'exécutif Macron voulait empêcher les journalistes de filmer, empêcher les citoyens de filmer les violences policières lors des manifs
05:57 et donner aux policiers le droit de filmer par drone ou par tout autre moyen. Est-ce que c'est justement le fait que les citoyens aient pu avoir entre les mains des instruments
06:08 qui permettent aujourd'hui de prouver la réalité et l'anticipation des violences policières qui finalement lui donnent le seum pour parler grossièrement ?
06:20 Oui bien sûr. Là très concrètement, ce dont il parle c'est les images de drones tournées à Sainte-Sauline et ce sont ces images-là qui vont pouvoir être utilisées d'ores et déjà
06:32 par les médias pour montrer ce qui s'est passé, mais ensuite potentiellement par la justice pour prouver les mauvaises méthodes de maintien de l'ordre à la française
06:43 telles que voulues par Gérald Darmanin. Donc il y a effectivement une notion de "c'est parce qu'on peut encore filmer dans ce pays et entre autres qu'on peut réussir à avoir
06:54 des images comme ça qui nous donnent vraiment un angle nouveau sur ce qui s'est passé que l'on arrive à faire la lumière sur des bavures policières, sur des débordements totaux".
07:06 Des agressions policières.
07:08 Des agressions policières, voilà, complètement. Ça continue de poser problème et ça continue du coup de rendre service à la vérité. Ces images-là sont brutes et leur analyse
07:22 permet vraiment de comprendre ce qui s'est passé et on sent qu'effectivement, semaine après semaine, mais c'est pas nouveau, Darmanin s'engage dans une voie de créer des contre-vérités à minima.
07:34 – Alors tu étais à Saint-Sauline, je suppose que ça t'a marqué comme ça a marqué beaucoup de reporters, de journalistes qui étaient sur le terrain.
07:42 C'était quoi la différence ? Qu'est-ce qui restera dans ton esprit sur cette journée durant laquelle une sorte de violence d'État impressionnante s'est à déferler ?
07:57 Quelles sont les images, quels sont les souvenirs qui restent les plus présents dans ton esprit et quelle est leur traduction, l'analyse politique que tu fais de ces souvenirs-là ?
08:11 – Alors je pense que le premier élément pour comprendre un peu d'où je parle, c'est que moi ça fait depuis 2014 que je filme des actions de désobéissance civile
08:19 qui impliquent une rencontre entre des militants et des forces de l'ordre venues protéger telle ou telle infrastructure.
08:27 Donc c'est pas du tout la découverte pour moi de ce genre d'action. Par contre il y a une différence qui est très très nette.
08:34 J'invite les auditeurs, les spectateurs à regarder ma vidéo qui s'appelle « Franchir les lignes » dans laquelle c'est un espèce de best-of,
08:42 en tout cas de moments forts de militants qui franchissent des lignes de police pour progresser sur des terrains, sur des chantiers, sur des sites polluants comme dans la mine de Hambart.
08:57 Et en regardant ces images, on voit très nettement la différence avec ce qui s'est passé à Sainte-Sauline.
09:02 C'est-à-dire que même dans la bouche de Darmanin, ça s'entend là encore aujourd'hui, pour lui, le contexte qu'il a créé, qu'il a préparé,
09:10 y compris dans les médias, dans ses prises de parole, c'était celui d'un affrontement avec la police.
09:16 Il a fait le choix de ça et il a demandé aux forces de l'ordre de jouer ce rôle-là.
09:22 Et donc c'est ça qui s'est passé, au sens où les cortèges étaient encore à 100 mètres de la manifestation,
09:29 que déjà pleuvaient les gaz lacrymogènes, déjà pleuvaient les grenades, et surtout, déjà on pouvait voir que le dispositif policier
09:39 avait totalement encerclé la méga-bassine et avait vraiment pour objectif d'empêcher que quiconque y pénètre
09:49 par tous les moyens qu'ils avaient à leur disposition, y compris les quads, y compris les tirs de LBD.
09:54 Ce qui n'est vraiment pas, en fait, une situation normale.
10:00 C'est-à-dire que la doctrine du maintien de l'ordre, ça doit normalement être un calcul fin entre quelle violence va employer la police,
10:12 pour quel résultat. Et là, le résultat que clairement poursuivaient les gendarmes à cet endroit-là, c'était d'empêcher quiconque
10:21 de passer par tous les moyens. Alors que, sur mes images, comme dans cette vidéo "Franchir les lignes",
10:26 on voit très bien que d'autres méthodes de maintien de l'ordre existent, entre autres le fait de n'employer ni grenades lacrymogènes,
10:35 ni grenades de désencerclement, ni les autres types de grenades qu'on a pu voir sur Sainte-Soline, mais des simples bonbonnes
10:42 de jets de poivre. C'est ce qu'utilisent les policiers allemands lors des actions de masse d'occupation des mines de charbon
10:50 qu'il y a en Allemagne. Les policiers allemands sont équipés de leur matraque et de leur bombe de gaz. Ils essayent de ralentir
10:59 et de canaliser les manifestants. Et lorsqu'ils n'y arrivent pas, lorsqu'il y a une détermination trop forte du côté des manifestants,
11:06 eh bien, ils les laissent passer. C'est-à-dire que le repli fait partie de la méthodologie du maintien de l'ordre.
11:14 Elle était hors de question à Sainte-Soline, alors que très concrètement, on voit très bien ce qu'ils ont défendu, c'est un gros tas de cailloux
11:21 avec un trou non équipé de bâches, avec pas d'eau dedans et rien qu'on aurait pu abîmer. J'en parle dans ma vidéo, je dis "ils ont peur de quoi ?
11:30 qu'on va le reboucher avec nos petites mains ?" Non. Donc en fait, il s'est joué à cet endroit-là pour Darmanin une question d'orgueil profondément.
11:39 Et c'était montrer que face à cet ultra-gauche qu'il déteste, qui le terrorise, eh bien, il allait casser du manifestant par tous les moyens.
11:49 Et tous les moyens ont de fait été employés là où une doctrine de maintien de l'ordre beaucoup plus logique aurait été de ralentir le front manifestant.
12:00 Et lorsque ce front arrive à plusieurs milliers de personnes devant la bassine, se retirer, quitte à les laisser, oh mon Dieu,
12:09 grimper sur ce tas de cailloux et dire que nous ne voulons pas de méga-bassines ni ici ni ailleurs.
12:16 [Générique]

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