Roland Cayrol (Cevipof), à propos d’Élisabeth Borne: "Tout le monde sait que ses jours sont comptés"

Roland Cayrol, politologue et directeur de recherche au Cevipof, était l’invitée de BFM Story ce vendredi soir sur BFMTV.

Transcript

00:00 Tout le monde sait que ces jours sont comptés, il faudra bien à un moment changer de gouvernement.

00:04 Moi je pense que ça peut encore durer quelques mois.

00:06 C'est un peu la guerre en dentelle, parce qu'au fond ils ont tous les deux leurs raisons.

00:10 Le président a raison de vouloir tenir le cap, et elle, elle a absolument raison.

00:16 Après la crise qui est en train de se dérouler, elle veut qu'on puisse tranquillement sauter au-delà de cette période,

00:24 attendre le Conseil constitutionnel, sortir de ce faux plat et rentrer dans la discussion sur la loi travail.

00:32 Pour ça il faut ramener les syndicats, et notamment les syndicats réformistes dans la conversation,

00:37 dans un pays qui est quand même le champion de l'absence de négociation sociale au sommet.

00:44 Si on regarde la France par rapport à tous nos voisins européens,

00:48 nous avons beaucoup de négociations avec des syndicats efficaces au niveau des entreprises,

00:52 au niveau des branches, mais pas au niveau national,

00:55 parce que le chef de l'État pense qu'à ce niveau-là, ils foutent le bordel,

00:59 ils sont là pour empêcher le changement.

01:02 Donc je pense qu'elle, Elisabeth Borne, elle est très consciente du fait qu'il va falloir,

01:07 après cette histoire des retraites, qui finira sans doute par être promulguée,

01:12 il faudra bien attaquer des négociations sociales réelles,

01:16 que pour ça il y a besoin d'apaisement, il y a besoin d'un peu de temps,

01:19 il y a besoin de renouer le contact.

01:21 Donc ils sont absolument chacun dans leur rôle.

01:24 Alors vous dites que ces jours ne sont pas comptés, puisque ça pourrait être encore elle.

01:28 Ça pourrait être encore elle d'ici les mois qui viennent.

01:30 Après cette guerre en dentelle, vous dites "guerre en dentelle", c'est surprenant comme expression.

01:33 Bah oui, parce que c'est pas de la vraie guerre.

01:36 Vous les médias, vous avez tendance à regarder en permanence ce qui va pas, pour essayer...

01:41 Non, non, pas du tout le genre.

01:43 Sauf vous !

01:45 Les autres, vous voulez dire...

01:47 Je pense pas qu'il y ait beaucoup plus que l'épaisseur d'une feuille de papier à la cigarette

01:51 sur l'analyse de l'un et de l'autre.